- Reine MargotDemi-dieu
Recrutement, frais de déplacement, heures supplémentaires… Les gels et reports successifs de crédits ont provoqué des séries de restrictions, aux conséquences délétères sur la continuité des missions de l’école, notamment en matière d’emploi.
Pour l’éducation nationale, l’année 2024 est un paradoxe budgétaire. En avoisinant les 63 milliards d’euros, les fonds alloués au plus gros ministère de l’Etat n’auront jamais été aussi élevés. Pourtant, tous les acteurs témoignent d’une année scandée par des restrictions budgétaires, dont les effets ont parfois entravé la capacité des personnels à accomplir leur mission de service public.
« L’éducation nationale a semblé être à l’euro près », résume Sophie Vénétitay, du SNES-FSU. Cette situation tient à un contexte budgétaire tendu pour les finances de l’Etat, dont le déficit a dérapé à plus de 6 % du PIB. Outre les injonctions à maîtriser la dépense publique, dont l’éducation nationale constitue le premier poste, cette conjoncture budgétaire a conduit le ministère de l’économie à décider, au mois de février 2024, un plan d’économies de 10 milliards d’euros, dont 683 millions pour le budget de la Rue de Grenelle. [...]
Au mois de mai 2024, la décision de certains rectorats de réduire les heures supplémentaires des collèges et des lycées a fait office de première alerte quant aux conséquences du carcan budgétaire. Le ministère de l’éducation nationale a finalement ordonné leur restitution, avant de les « rationaliser » pour la rentrée de septembre. Alors que deux enveloppes cohabitaient depuis septembre 2023 pour des missions similaires, l’une consacrée aux heures supplémentaires ponctuelles et l’autre au nouveau dispositif du « pacte enseignant », le ministère a dégagé des économies en réduisant les premières quand le second pouvait être mobilisé.
« Là où nous avions auparavant des budgets sur lesquels nous pouvions compter de septembre à juin, on constate désormais un ajustement des enveloppes en cours d’année, observe Christelle Kauffman, du SNPDEN-UNSA, premier syndicat des personnels de direction. On n’est plus certain de disposer durablement de cet argent qui nous permet de déployer notre offre pédagogique, et ce manque de certitude pèse sur notre pilotage. »
Le coup de rabot a également affecté les crédits de fonctionnement, et notamment les frais de déplacement, amputés dans de nombreuses académies. Une situation préjudiciable pour tous les personnels dont les missions impliquent une mobilité fréquente, des psychologues de l’éducation nationale aux inspecteurs en passant par les enseignants spécialisés ou les remplaçants. Ces agents ont été contraints d’avancer des frais ou de ne plus se déplacer, au risque de rompre la continuité du service public.« Plusieurs collègues ont été informés en septembre que leurs remboursements, attendus depuis avril 2024 pour certains, reprendraient avec le budget 2025 », rapporte M. Janvier : « Par ces décisions, les inspecteurs sont empêchés, dans les faits, de se déplacer sur le terrain et de faire leur métier. »[...]
Dans les académies de Lyon et d’Aix-Marseille, décision a été prise, début décembre 2024, de ne pas reconduire des contrats d’enseignants non titulaires dont les postes n’étaient plus couverts – après que la presse s’en est fait l’écho, le ministère a autorisé le renouvellement des contrats. A la mi-novembre, dans un e-mail dont Le Monde a obtenu copie, le rectorat de Reims a aussi annoncé aux personnels d’encadrement que, « en raison de fortes contraintes budgétaires, (…) il a été décidé de suspendre tout recrutement [pour le second degré] » et qu’il « ne pourra plus être satisfait aux demandes de suppléance et de remplacement de personnels (…) autrement qu’avec les moyens permanents de l’académie ».
« Il est impossible de savoir combien, mais des remplacements d’enseignants n’ont pas été assurés à la fin de l’année sur le territoire, faute d’avoir les moyens de recruter », assure M. Janvier. C’est également le cas pour les personnels administratifs dont les remplacements, selon l’A&I UNSA, ne sont plus systématiquement assurés dans 12 académies sur 31. « Ce sont des manques plus invisibles que les enseignants, mais dans un ministère déjà sous-administré, ils pèsent sur le bon fonctionnement des rectorats et des établissements scolaires et donc, in fine, sur le service public », déplore Virginie Brun, secrétaire nationale de l’A&I UNSA.
Parmi les personnels, les conséquences des contraintes budgétaires, en dépit de crédits en hausse de 26 % depuis 2017, interrogent les choix politiques et alimentent le sentiment de traverser une crise aiguë. « Ajoutées à la crise d’attractivité et aux manques du quotidien, ces restrictions qui empêchent d’assurer correctement le service public d’éducation nous donnent l’impression que tout s’effondre autour de nous », estime Mme Vénétitay. L’inquiétude et les attentes se portent désormais sur 2025, dont le budget reste encore à construire.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/07/comment-l-etau-budgetaire-a-pese-sur-l-education-nationale-en-2024_6485550_3224.html
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Pontorson50Fidèle du forum
C'est une scie qui convainc même certains collègues, et, je crois, un faux espoir, qu'imaginer que les dépenses sont dues aux vilains ronds de cuirs, les fameux administratifs, qui parasiteraient nos valeureux professeurs, soignants, policiers et autres militaires. Il semble en effet que les administratifs soient eux aussi parfois manquants. Par exemple, plus on a de gens remplaçants ou à complément de service, plus il faut d'agents pour gérer les frais de déplacement. Une plus grande mobilité des personnes pour dépenser induit en fait une augmentation d'effectifs ailleurs pour que le travail de prise en charge de la paie des mobiles soit fait. Un effet à mon sens fréquent et mal anticipé par les chasseurs d'économies...
La croyance collective qu'on peut faire des économies en débureaucratisant (il y aurait les bons fonctionnaires et les inutiles) est une façon de refuser de voir qu'il y a réellement un appauvrissement de l'État sous le double effet des intérêts de la dette et d'une croissance réelle nulle par habitant. Et ce en dépit de l'énorme désindexation des traitements, car le vieillissement des fonctionnaires exerce une pression salariale à la hausse malgré cela.
La croyance collective qu'on peut faire des économies en débureaucratisant (il y aurait les bons fonctionnaires et les inutiles) est une façon de refuser de voir qu'il y a réellement un appauvrissement de l'État sous le double effet des intérêts de la dette et d'une croissance réelle nulle par habitant. Et ce en dépit de l'énorme désindexation des traitements, car le vieillissement des fonctionnaires exerce une pression salariale à la hausse malgré cela.
- Pourquoi 3,14159Expert
Pontorson50 a écrit:C'est une scie qui convainc même certains collègues, et, je crois, un faux espoir, qu'imaginer que les dépenses sont dues aux vilains ronds de cuirs, les fameux administratifs, qui parasiteraient nos valeureux professeurs, soignants, policiers et autres militaires. Il semble en effet que les administratifs soient eux aussi parfois manquants. Par exemple, plus on a de gens remplaçants ou à complément de service, plus il faut d'agents pour gérer les frais de déplacement. Une plus grande mobilité des personnes pour dépenser induit en fait une augmentation d'effectifs ailleurs pour que le travail de prise en charge de la paie des mobiles soit fait. Un effet à mon sens fréquent et mal anticipé par les chasseurs d'économies...
La croyance collective qu'on peut faire des économies en débureaucratisant (il y aurait les bons fonctionnaires et les inutiles) est une façon de refuser de voir qu'il y a réellement un appauvrissement de l'État sous le double effet des intérêts de la dette et d'une croissance réelle nulle par habitant. Et ce en dépit de l'énorme désindexation des traitements, car le vieillissement des fonctionnaires exerce une pression salariale à la hausse malgré cela.
Tout à fait, je suis volontaire pour l'alléger, il suffit de me pensionner
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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
- sandGuide spirituel
Pareil ! A mon âge, mes parents et beaux-parents étaient à la retraite depuis quelques années, je suis jalouse.
- CzarNiveau 9
Pourquoi 3,14159 a écrit:Pontorson50 a écrit:C'est une scie qui convainc même certains collègues, et, je crois, un faux espoir, qu'imaginer que les dépenses sont dues aux vilains ronds de cuirs, les fameux administratifs, qui parasiteraient nos valeureux professeurs, soignants, policiers et autres militaires. Il semble en effet que les administratifs soient eux aussi parfois manquants. Par exemple, plus on a de gens remplaçants ou à complément de service, plus il faut d'agents pour gérer les frais de déplacement. Une plus grande mobilité des personnes pour dépenser induit en fait une augmentation d'effectifs ailleurs pour que le travail de prise en charge de la paie des mobiles soit fait. Un effet à mon sens fréquent et mal anticipé par les chasseurs d'économies...
La croyance collective qu'on peut faire des économies en débureaucratisant (il y aurait les bons fonctionnaires et les inutiles) est une façon de refuser de voir qu'il y a réellement un appauvrissement de l'État sous le double effet des intérêts de la dette et d'une croissance réelle nulle par habitant. Et ce en dépit de l'énorme désindexation des traitements, car le vieillissement des fonctionnaires exerce une pression salariale à la hausse malgré cela.
Tout à fait, je suis volontaire pour l'alléger, il suffit de me pensionner
En fait, pas vraiment si tu es dans le public.
Le projet de loi de finance 2025 ne prévoit en réalité pas 63 milliards d'Euros pour l’Éducation nationale mais 87.1 milliards. La différence sert entre autre à payer une partie des retraites.
https://www.education.gouv.fr/projet-de-loi-de-finances-2025-415562
https://www.ifrap.org/retraite/14-milliards-de-surcotisations-de-retraites-pour-les-enseignants-du-public
- Désintox sur l'Education nationale
- 13 novembre 2014 : la ministre de l'Education nationale annonce officiellement les conclusions des groupes de travail sur la redéfinition des métiers de l'Education.
- Arrêté du 5 mai 2017 relatif à la mise en œuvre du rendez-vous de carrière des personnels enseignants, d'éducation et de psychologues du ministère chargé de l'éducation nationale
- Bilan social du ministère 2012-2013 : le point sur les ressources humaines, effectifs, carrières et conditions de travail des personnels d'enseignement scolaire.
- [Libération] Education : pourquoi nous appelons à voter François Hollande (Un groupe de hauts fonctionnaires de l'Education nationale décrit les raisons de son choix pour l'élection présidentielle.)
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