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User5899
Demi-dieu

Commentaire en deux heures en 1ère ? - Page 2 Empty Re: Commentaire en deux heures en 1ère ?

par User5899 Jeu 6 Oct 2011 - 23:44
Hannibal a écrit:
Cripure a écrit:C'est-à-dire que le terme d'"axe" brouille considérablement l'écoute. On parlerait des deux ou trois arguments principaux de la conclusion-thèse, ça aurait au moins le mérite de conserver le vocabulaire basique de l'argumentation, tout en soulignant la nécessité, pour ces parties, de se compléter, et non d'être seulement juxtaposées.

Je crois malheureusement que ces axes, parties ou arguments -comme vous voudrez - qui sont donnés d'avance brouillent moins l'écoute qu'ils ne la rendent possible.
Je veux dire par là qu'ils servent peut-être moins dans les faits à l'interprétation qu'à la compréhension pure et simple du sens littéral. 😢

Oh, sur ce point, je suis parfaitement d'accord et, pour tout dire, je me rappelle un temps où des indications de pistes étaient fournies aux candidats de toutes les séries (alors même qu'il n'y avait ni corpus ni questions), ce qui ne me choquait pas en pratique (même si c'est gênant dans la perspective d'une interprétation). Ce que je déplore, c'est l'utilisation du mot "axe". Je ne sais pas d'où il sort, celui-ci, mais il me paraît bien dommageable.
NLM76
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Grand Maître

Commentaire en deux heures en 1ère ? - Page 2 Empty Re: Commentaire en deux heures en 1ère ?

par NLM76 Ven 7 Oct 2011 - 0:29
doctor who a écrit:
J'ai du mal à demander des plans. Pour moi, la rédaction apporte toujours quelque chose aux arguments «secs» qu'on trouve dans le plan. Et je me demande s'il ne faut pas aussi les habituer à écrire un peu sur le fil du rasoir.
Je comprends ton point de vue. Mais depuis quelques années, je deviens de plus en plus accroc aux plans. Je fais quasi systématiquement dresser le plan des textes étudiés, d'une part. D'autre part je suis de plus en plus convaincu de l'intérêt de ces plans rédigés à rendre. Peut-être est-ce une réminiscence de l'année que j'ai passée à Sciences-Po : chaque semaine, nous devions rédiger un plan détaillé, en histoire, en droit et en économie, pour, si ma mémoire ne me joue pas trop de tours, le rendre ou présenter un exposé oral. C'était sacrément formateur. Pourquoi, donc, aimé-je ces plans à rendre ?

1. A cause, justement, de la question de l'élocution. Inuentio, dispositio, elocutio. Si nos élèves écrivent dans un français navrant et abscons, tant au plan de l'orthographe que de la ponctuation et de la syntaxe, c'est parce qu'ils écrivent au fil de la plume, parce que, lorsqu'ils écrivent, ils sont encore en train de chercher les idées, aussi bien pour les rédactions au collège que pour un commentaire au lycée. On m'a dit, au début de ma carrière : «Laissez-les faire des fautes dans leurs brouillons, sinon vous briderez leur imagination et leur réflexion, en les poussant vers la surcharge cognitive» C'est ce que j'ai fait. Je me suis ensuite échiné pour inventer des échafaudages divers afin qu'ils corrigeassent ce premier jet truffé de fautes. En vain. Puis j'ai appris, avec Compayré et consorts, cette évidence pédagogique : un enseignant n'a pas à être sadique en encourageant les élèves à faire des fautes. Dans «Allez-y faites des fautes, ce n'est pas grave, vous vous corrigerez après», il y a «Faites des fautes», et il y a aussi, de fait «Je vous corrigerai!». Les fautes, cela ne se corrige pas ; les fautes, cela s'évite. Mieux vaut prévenir que guérir, surtout en ce domaine : Magna consuetudinis uis est.
Donc, considérant que c'était nocif pour la santé de mes élèves, j'ai arrêté de leur demandé de faire des fautes ; je leur dis «Quand vous écrivez, vous écrivez sans faute, sans AUCUNE faute. En aucune circonstance. Vous relâchez votre écriture, vous raccourcissez les mots, en n'écrivant pas les voyelles, avec des signes cabalistiques variés, mais un -t à la 1re personne du singulier, JAMAIS. Les fautes, c'est comme l'alcool ou les cigarettes, on ne peut pas arrêter progressivement.
Reste que cette histoire de surcharge cognitive, ce n'est pas complètement idiot : chercher les idées, la formulation et l'orthographe en même temps, c'est trop difficile, sans une longue et solide formation antérieure. C'est pourquoi j'en suis revenu à Cicéron, à qui il arrive bien souvent de ne pas être complètement imbécile : on cherche d'abord les idées, dans une analyse linéaire du texte (inventio), on les ordonnance dans un plan très détaillé (dispositio), on en construit la formulation dans sa tête, proposition par proposition (syntaxe et vocabulaire), proposition qu'on rédige ensuite soigneusement, en réfléchissant à l'orthographe, ce qui fait une elocutio en deux étapes.
Sans le patch du plan détaillé, 0888 777 555 fautes-info-service est tout à fait inefficace.
Je fais faire des plans détaillés en deux heures, sans quoi ils n'en font pas, et les devoirs sont toujours truffés de fautes en tous genres et ne sont presque jamais véritablement lisibles, parce que jamais rédigés. Quand ils ont compris qu'il faut d'abord chercher les idées, ensuite construire un plan, puis rédiger, ils se rendent compte que 4 heures, c'est TRES court, quand la plupart des élèves se barrent au bout de deux heures et demie.

2. Mais je le répète, un plan détaillé comporte des parties rédigées : les titres de parties et de sous-parties, qui ne saurait se limiter à de vagues indications thématiques, l'introduction et la conclusion. En outre, pour chaque paragraphe de chaque sous-partie, il me faut un exemple précis, une flèche et l'effet produit : le plan détaillé à rendre peut les pousser à arrêter leur autre addiction : la paraphrase.
Il est vrai qu'alors le commentaire n'est pas encore fait, que la rédaction apportera sans aucun doute des modifications, une véritable élaboration de la réflexion, que l'essentiel l'explication qui explique comment ce mot produit cet effet, reste à faire ; mais cette rédaction, cette élocution sera rendue possible par la présence de ce plan détaillé. Ce n'est pas suffisant, de savoir faire un plan détaillé. Mais c'est nécessaire.

3. D'autre part, ce plan détaillé me paraît très utile parce que c'est ce qu'ils doivent faire le jour du bac à l'oral, et ce qu'ils ne savent pas faire, dans 9 cas sur 10, parce qu'on ne les y a pratiquement jamais entraînés.
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