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Aurore
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par Aurore Mar 8 Nov 2011 - 23:04
JLB a écrit:je précise que je ne prends pas part à ce débat "républicain" / "pédago" qui me semble surtout masquer l'essentiel des problèmes auxquels nous sommes confrontés
Attention aux droits d'auteur(s) ! Very Happy La tarte à la crème est un plat succulent ! lise bonnafous - Hommage à lise Bonnafous au Conseil Supérieur de l'Education - Page 3 26713
Trop facile de noyer le poisson et de refuser de prendre parti (par peur de devoir assumer ?)
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par JLB Mar 8 Nov 2011 - 23:12
Absolument pas, je prends parti et j'assume : je trouve ce débat insensé (au sens propre) aussi bien dans ma pratique quotidienne que dans ma réflexion sur mon métier. Et je pense qu'il nous fait perdre une énergie folle à nous diviser en perdant de vue l'essentiel. Mais il faudrait ouvrir un autre fil, là c'est vraiment HS. Embarassed
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par Aurore Mar 8 Nov 2011 - 23:16
JLB a écrit:Absolument pas, je prends parti et j'assume : je trouve ce débat insensé (au sens propre) aussi bien dans ma pratique quotidienne que dans ma réflexion sur mon métier. Et je pense qu'il nous fait perdre une énergie folle à nous diviser en perdant de vue l'essentiel. Mais il faudrait ouvrir un autre fil, là c'est vraiment HS. Embarassed

Je ne crois pas que ce soit HS, bien au contraire. La mort de LB pose la question fondamentale de la conception du métier et de sa finalité.
Et là-dessus, effectivement, il y a à mon sens des clivages irréconciliables.
Finrod
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par Finrod Mar 8 Nov 2011 - 23:16
Et je pense qu'il nous fait perdre une énergie folle à nous diviser en perdant de vue l'essentiel

N'hésite pas à le créer, ton fil. Car justement le débat auquel tu ne veux pas prendre part porte, en fait, sur la manière dont nous définissons notre "essentiel"...
(et il y a des propositions concrètes des deux côtés, mais il faut aller les chercher dans les textes des syndicats, parfois loin)
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par loup des steppes Mar 8 Nov 2011 - 23:38
Une vieille neotit a écrit:De retour du CSE (pas encore chez moi...), voici le texte de ma déclaration de ce matin, qui portait uniquement sur le décès de Lise. Merci à Abraxas d'avoir relayé l'information...

CSE DU 4 NOVEMBRE 2011 – DECLARATION LIMINAIRE DU SNALC-CSEN
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Directeur,
Ma déclaration ne s’adressera pas ce jour uniquement à l’Institution que vous représentez, mais à l’ensemble des représentants de la communauté éducative réunis dans l’enceinte de ce CSE : représentants des personnels, des parents d’élèves, des collectivités locales et des associations complémentaires de l’Education nationale ; organisations lycéennes et étudiantes.
Au-delà du ronron habituel de nos travaux et de nos joutes verbales traditionnelles, il est des faits qui, par leur caractère à la fois exceptionnel et significatif, méritent une attention particulière et une interrogation collective.
Le 14 octobre dernier, Lise Bonnafous, professeur de mathématiques au lycée Jean Moulin de Béziers, décédait des suites de ses brûlures après s’être immolée par le feu dans la cour de son établissement. Lise aurait pu être ma collègue, ou la vôtre. L’enseignante de vos enfants. Votre professeur.
Il y a dix mois, le même acte, perpétué par un jeune vendeur de fruits de Sidi Bouzid, enflammait la Tunisie et amorçait les printemps arabes. Mais aucune révolution n’a suivi le geste à la fois désespéré et pleinement assumé de Lise Bonnafous. Je ne parlerai pas de la réaction désespérément prévisible de l’Institution scolaire présentant Lise Bonnafous comme un professeur en difficulté professionnelle et personnelle. Les professeurs ne le savent que trop bien : pour l’Institution, ils sont toujours seuls responsables des problèmes qu’ils rencontrent. Je ne parlerai pas non plus de la curée lancée par certains médias, déversant sur la place publique rumeurs infondées et fausses informations sur les raisons intimes de son geste. J’essaierai enfin d’oublier ces parents d’élèves interrogés au journal de 20 heures qui se sont offusqués du spectacle offert à leurs enfants, les mêmes peut-être qui soutenaient leur progéniture face à ce professeur jugé trop « exigeant » : cachez ce malaise enseignant que la société ne saurait voir ! Je préfère aussi penser que les rumeurs faisant état de lycéens filmant la scène ou chantant « allumer le feu » ne sont que légendes urbaines. Nous serions sinon en droit de nous demander quel genre de monstres nous produisons, au sein d’une Ecole qui se gargarise pourtant de respect et de citoyenneté.
On ne se suicide pas sur son lieu de travail sans avoir de vraies raisons professionnelles de le faire. Fille de l’Education nationale, Lise Bonnafous défendait une école républicaine de la transmission. Une école où les savoirs seraient au centre, afin d’assurer la promotion de tous. Une école où le professeur pourrait enseigner sans avoir à débattre de ses choix pédagogiques avec des adolescents tout juste sortis de l’enfance. Ce n’est pas le SNALC qui le dit. Ce sont les propos simples et dignes de son père, tenus au lendemain de son décès. J’aurais personnellement préféré ne jamais les entendre. Aucune cause – même pas celle des élèves – ne mérite que l’on mette fin à ses jours. Le cas de Lise n’est pourtant pas isolé – malheureusement. Autant, voire plus de suicides dans l’Education nationale qu’à France Telecom. Les mêmes causes produiraient-elles les mêmes effets ? Introduction de méthodes « managériales », suppressions massives de postes, politique des résultats sans souci de la qualité réelle du service assuré aux usagers, standardisation des procédures à suivre au détriment de l’autonomie et de la qualification des personnels : autant d’évolutions subies par cette entreprise privatisée qui ressemblent étrangement à celles que l’on nous impose aujourd’hui. Avec les mêmes conséquences.
Lise n’était pas « dépressive » - comme l’ont écrit trop rapidement quelques médias mal intentionnés. Lise voulait simplement enseigner. Mais peut-on encore enseigner, dans une société qui ne sait plus vraiment ce qu’elle attend de ses professeurs, et une école qui n’a plus les moyens d’aller où que ce soit ? Dégradation constante des conditions matérielles de travail ; Dénaturation de la mission de transmission des savoirs au profit d’une multitude d’activités prétextes ; Attentes paradoxales des familles ; Complicité ou indifférence des autorités hiérarchiques face au travail de sape de l'autorité des professeurs : toutes causes de la souffrance de trop nombreux professeurs ; toutes raisons qui font fuir les candidats à l'enseignement ; tous éléments qui, cumulés, peuvent conduire à des actes désespérés qui, s'ils restent individuels, expriment l'immense malaise de toute une profession.
Trois semaines après le drame, la vie a repris son cours au lycée Jean Moulin. Comme dans tous les établissements de France. The show must go on. Combien faudra-t-il de Lise Bonnafous pour faire enfin réveiller la communauté éducative, à défaut d’interpeler la société française ? L’indifférence, le repli sur soi, la crainte de la « récupération » ont tué Lise une seconde fois. Parce que nous, enseignants, ne sommes même plus capables de nous indigner, nous sommes nos premiers ennemis.
Le SNALC ne demandera pas la mise en place d’une énième commission sur les conditions de travail : il ne sait que trop bien ce qu’il advint du Grand débat sur l’Ecole ou des Etats généraux de la sécurité. Mais au-delà des clivages idéologiques ou partisans, le SNALC invite ce jour les membres du CSE réunis à observer une minute de silence à la mémoire de Lise Bonnafous.
Pour le SNALC-CSEN
Claire MAZERON

Merci Vieille Neotit pour ce beau texte, merci de l'avoir lu en assemblée, d'avoir obtenu cette minute de silence qui fut souvent tronquée dans les établissements.

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par loup des steppes Mar 8 Nov 2011 - 23:40
Aurore a écrit:
Une vieille neotit a écrit:Comme je l'ai dit, nous sommes nos premiers ennemis. Les mêmes qui ont fait - sincèrement je crois - la minute de silence pour Lise nageaient quelques minutes plus tard en plein délire pédagogiste. En effet, lors de la discussion sur les progressions des programes de primaire (le texte était présenté lors de ce CSE), j'ai entendu les pires horreurs jamais entendues dans cette enceinte (et pourtant...) : Snuipp et SE-UNSA main dans la main expliquant que des programmes qui voulaient faire "apprendre" étaient rétrogrades, que fixer des objectifs par année c'était remettre en cause les bienfaits de la politique des cycles, qu'au lieu de faire de la géographie "traditionnelle" il fallait faire de la géographie culturelle et sociale (en primaire...)...

Bref, ils n'ont rien compris, et ne comprendront jamais rien, et la mort de Lise n'aura servi à rien. Et comme la plupart de nos collègues ignorent ce que racontent dans ce genre d'instance que ceux qu'ils élisent, c'est plié! Pas besoin du Ministère en effet pour saper la profession, on se saborde très bien tout seuls...

Lu, vu en vrai, et approuvé ! lise bonnafous - Hommage à lise Bonnafous au Conseil Supérieur de l'Education - Page 3 415693

Oui la communauté éducative se tire elle-même dans les pattes, via des silences assourdissants quand il faudrait hurler, des soumissions et des résignations coupables...

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