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Robin
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Borgès lecteur de Lovecraft,  "There are more things" Empty Borgès lecteur de Lovecraft, "There are more things"

par Robin Mer 24 Sep 2014 - 9:01
"There are more things." (A la memoria de Howard P. Lovecraft), Le Livre de sable, Folio/Gallimard, p. 110-131

"Le destin qui, dit-on, est impénétrable, ne me laissa pas en paix que je n'aie perpétré un conte posthume de Lovecraft, écrivain que j'ai toujours considéré comme un pasticheur involontaire d'Edgar Alan Poe. J'ai fini par céder ; mon lamentable fruit s'intitule There are more things." (J.L. Borges)

Le narrateur, un étudiant en philosophie, apprend la mort de son oncle qui vivait dans les faubourgs de Buenos Aires. Sa maison est vendue à un mystérieux étranger, un certain Max Preetorius, qui a disparu.

Poussé par la curiosité, le jeune homme décide d'aller visiter la maison. Dans les jours qui précèdent, il rêve d'une gravure de Piranèse représentant un amphithéâtre labyrinthique retenant un minotaure «qui semble dormir et rêver». Dans la maison, il découvre des meubles aux formes monstrueuses...

Le titre est emprunté à la pièce de Shakespeare ‘’Hamlet’’ où, dans la scène 5 de l’acte I, Hamlet déclare à Horatio à propos du spectre : "There are more things on heaven and earth / Than dreamt in your philosophy" ("Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, que dans toute ta philosophie.")

La nouvelle est dédiée à H.P. Lovecraft, une allusion étant d’ailleurs faite au mythe de Chtulhu. Dans son "Épilogue", Borges se montre très critique avec son confrère américain, qu’il qualifie de "pasticheur involontaire d’Edgar Allan Poe", et avec sa propre nouvelle, qu’il traite de "lamentable fruit"… L’hommage n'est pourtant pas si mal réussi et doublement savoureux pour l’amateur de littérature fantastique.

Borges évite la description du "monstre" en terminant l’histoire au moment où le narrateur va lui faire face. Il a tenté de donner ce sentiment de l’ "alien" si complet que les facultés humaines ne peuvent l’exprimer, qui est bien dans la manière de Lovecraft.

Je viens de relire cette courte nouvelle d'une dizaine de pages, qui a été surtout critiquée à cause du préambule, jugé inutilement long, avant que Borges ne se décide à entrer dans le vif du sujet, la visite de la "maison de l'alien" par le narrateur.

Cette critique ne me paraît pas pertinente. Le véritable problème ne réside pas, à mon avis, dans le préambule qui pose un cadre "réaliste" indispensable à l'émergence de la dimension surnaturelle de la nouvelle, cette "intersection" du réel et du surnaturel étant la définition même du fantastique.

Non, le problème ne réside pas dans le début, mais dans la fin, et, plus particulièrement dans le "point de vue narratif" :

"Me senti un intruso en el caos. Afuera habia cesado la lluvia. Miré el reloj y vi con asombro que eran casi las dos. Dejé la luz prendida y acometi cautelosamente el desceso. Bajar pour donde habia subido no era imposible. Bajar antes que el habitante volviera. Conjeturé que lo habia cerrado las dos puertas porque no sabia hacerlo.

(je prie les hispanisants de bien vouloir me pardonner l'absence d'accents diacritiques, je n'en dispose pas sur mon clavier)

Mis pies tocaban el penultimo tramo de la escalera cuando senti que algo ascendia por la rampa, opresivo y lento y plural. La curiosidad pudo mas que el miedo y no cerré los ojos.

"Je me sentis un intrus dans le chaos. Au-dehors la pluie avait cessé. Je regardai ma montre et vis avec stupéfaction qu'il était près de deux heures. Je laissai la lumière allumée et j'entrepris prudemment de redescendre. Rien ne m'empêchait de descendre par où j'étais monté. Il me fallait le faire avant que l'hôte ne revînt. Je présumai qu'il n'avait pas fermé les deux portes parce qu'il ne savait pas le faire.

Mes pieds touchaient l'avant-dernier barreau de l'échelle quand j'entendis que montait par la rampe quelque chose de pesant, de lent et de multiple. La curiosité l'emporta sur la peur et je ne fermai pas les yeux.

L'amphisbène, reptile fabuleux que Borges mentionne dans son Livre des êtres imaginaires, ainsi que le mobilier adapté à son anatomie, sont parfaitement à leur place dans un roman fantastique, mais la fin pose problème.

De deux choses l'une : ou bien le narrateur est tué par la créature (dont une phrase laisse entendre qu'elle ne fait pas de quartiers : "El lechero dio une manana con el ovejero muerto en la acera, decapitado y mutilado. En el invierno talaron las araucarias. Nadie volvio a ver a Preetorius, que, segun parece, no tardo a dejar el pais." ("Le laitier avait trouvé un beau matin le berger allemand mort sur le trottoir, décapité et mutilé. Au cours de l'hiver, on avait coupé les araucarias. Personne n'avait revu Preetorius qui, semble-t-il, n'avait pas tardé à quitter le pays.")

... Et dans ce cas comment peut-il raconter l'histoire à la première personne ? Ou bien la créature l'épargne (ce qui paraît fort peu vraisemblable), et dans ce cas pourquoi ne raconte-t-il pas l'histoire jusqu'au bout ?

La question lancinante et qui restera pour moi éternellement sans réponse est de savoir ce qu'il s'est, ou ce qu'il ne s'est pas passé, pour que le lecteur puisse prendre connaissance du témoignage interrompu à la première personne de la rencontre d'un humain et d'un "alien".

Un inspecteur condescendant (pléonasme) qui me trouvait sans doute un peu trop enthousiaste, m'expliquait quand j'étais en exercice (il faut les écouter religieusement car ils sont "supposés savoir" et n'aiment pas qu'on les contredise) que les personnages de romans ou de nouvelles n'étaient que des "créatures de papier".

Pierre Bayard a montré l'étroitesse de ce point de vue. Les personnages de fiction (Hamlet, Raskolnikov, Julien Sorel, Emma Bovary, Sherlock Holmes...) ont une vie propre et sont aussi "réels", sinon plus,  que les "vrais gens" comme disent plaisamment les enfants.

Les "grandes personnes" auxquelles j'ai parlé de mon problème m'ont répondu en haussant les épaules "qu'il ne faut pas chercher de la logique dans une histoire fantastique"... Autant dire à un mathématicien que l'expression racine carrée de -1 n'a pas de sens.

Un récit fantastique est "in-vrai-semblable" par définition, mais doit être cohérent par rapport au "pacte de lecture" conclu entre le narrateur et le lecteur. Par exemple, Monsieur Dutilleul, le "Passe-muraille" de Marcel Aymé est capable de traverser les murs, mais non de se transformer en chat...

Et si le narrateur de "There are more things" a été tué par l'alien, il ne peut pas raconter les instants qui ont précédé sa mort.

Je fais partie de ceux qui prennent la littérature au sérieux (surtout celle de Borges) et je préfère continuer à me casser la tête que de penser que Borges a commis, volontairement (mais alors pourquoi ?) ou non, une "erreur de logique".

André Durand explique à juste titre que Borges ne décrit pas l'alien parce qu'il faut faire sentir au lecteur qu'une telle description dépasse les capacités humaines, ce qui est bien dans l'esprit de Lovecraft ("ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire."), mais ce silence sur l'alien n'explique pas le "statut météorique du texte" qui est le véritable mystère de cette nouvelle.

... A moins, évidemment, qu'il ne s'agisse tout simplement du récit d'un cauchemar.

Une autre interprétation possible serait que l'amphisbème est la métaphore de tout ce que l'on ne doit pas chercher à savoir : les  sources d'inspiration de Lovecraft, tout comme ses créations, sont relatives à l'horreur cosmique, à l'idée selon laquelle l'homme ne peut pas comprendre la vie et que l'univers lui est profondément étranger. Ceux qui raisonnent véritablement, comme ses protagonistes, mettent toujours en péril leur santé mentale.

Les pages interrompues de There are more things seraient donc restées sur la table de travail de l'étudiant en philosophie trop curieux (qui symbolise lui-même l'humanité tout entière), avant qu'il ne sombre dans la folie.

Mais à force de chercher à tout prix de la logique dans tout cela,  je crois entendre Borges me murmurer à l'oreille : "There are more things on heaven and earth / Than dreamt in your philosophy."

... Ou encore : "Mi cuento es un anzuelo para coger pescados como tu." ("Ma nouvelle est un hameçon pour attraper des poissons dans ton genre.")

Howard Phillips Lovecraft, né le 20 août 1890 et mort le 15 mars 1937, est un écrivain américain connu pour ses récits d'horreur, fantastiques et de science-fiction.

Ses sources d'inspiration, tout comme ses créations, sont relatives à l'horreur cosmique, à l'idée selon laquelle l'homme ne peut pas comprendre la vie et que l'univers lui est profondément étranger. Ceux qui raisonnent véritablement, comme ses protagonistes, mettent toujours en péril leur santé mentale.

Il voulait montrer essentiellement que le cosmos n’est pas anthropocentrique, que l’homme, forme de vie insignifiante parmi d’autres, est loin de tenir une place privilégiée dans la hiérarchie infinie des formes de vie. Ses travaux sont profondément pessimistes et cyniques et remettent en question le Siècle des Lumières, le romantisme ainsi que l'humanisme chrétien. Les héros de Lovecraft éprouvent en général des sentiments qui sont à l'opposé de la gnose et du mysticisme au moment où, involontairement, ils ont un aperçu de l'horreur de la réalité.

Bien que le lectorat de Lovecraft fût limité de son vivant, sa réputation évolue au fil des décennies et il est à présent considéré comme l'un des écrivains d'horreur les plus influents du XXème iècle ; avec Edgar Allan Poe, il a « une influence considérable sur les générations suivantes d'écrivains d'horreur ».

Stephen King a dit de lui qu'il était « le plus grand artisan du récit classique d'horreur du vingtième siècle ».

Dans ses écrits, Lovecraft met en scène de jeunes hommes solitaires confrontés à la manifestation de ces choses indicibles : image, peinture, monstre, musique... Dans l’œuvre de Lovecraft, il existe d’autres « plans », d’autres lois physiques auquel l’être humain ne peut être confronté sans devenir fou. C’est ainsi que dans ses nouvelles, le héros devient fou et/ou meurt (assassinat ou suicide). L’accès à la connaissance est synonyme de démence pour l’humain dont le cerveau étriqué ne peut supporter ce nouveau savoir et cette remise en cause du monde dans lequel il vit. H.P. Lovecraft résume cette pensée dans l’Appel de Cthulhu :

« Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance, environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il ne  nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme. »
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par Jacq Mer 24 Sep 2014 - 13:58
Robin a écrit:[justify] "There are more things." (A la memoria de Howard P. Lovecraft), Le Livre de sable, Folio/Gallimard, p. 110-131

"Le destin qui, dit-on, est impénétrable, ne me laissa pas en paix que je n'aie perpétré un conte posthume de Lovecraft, écrivain que j'ai toujours considéré comme un pasticheur involontaire d'Edgar Alan Poe. J'ai fini par céder ; mon lamentable fruit s'intitule There are more things." (J.L. Borges)

[...]


Je connais un peu la vie de Lovecraft, sans avoir lu de bio sur lui.
Je ne vois pas Lovecraft comme un "pasticheur involontaire" mais plutôt comme une évolution de la littérature fantastique du XIXe qui utilise des codes de celle-ci tout en apportant du nouveau, en franchissant une étape vers l'horreur et de l'extraordinaire. On pourrait retrouver chez lui du gothique, du fantastique purgé de toute influence romantique, du E.Poe, un style littéraire issu du XIXe mais aussi caractéristique d'auteurs qui utilisent le vocabulaire sinistre de la décadence-horreur. Cette vision sans espoir je la retrouve chez des auteurs comme son contemporain R.Howard, ou même chez Céline pour certains aspects. Je ne pense pas à un pasticheur mais à quelqu'un de fortement influencé par la littérature du XIXe, dont Poe, qui poursuit et renouvelle le genre en proposant un fantastique "crédible" et pas "in-vrai-semblable" mais "inconcevable". C'est une négation même de l'humanisme, l'humanité n'étant rien et l'Homme encore moins. Lovecraft s'ajoute à Poe et à d'autres auteurs, je ne pense pas qu'il pastiche Poe "involontairement". Son style me rappelle le XIXe, mais avec une lourdeur, des codes répétés (et imitables) qui correspondent bien à la période de l'entre-deux-guerre chez les auteurs réactionnaires et sans illusion.

Et, s'il n'est sans doute pas le seul, il fait passer le doute du fantastique, l'incroyable au rang du certain mais de l'inconcevable.

Surtout, en terme de littérature fantastique, c'est le seul qui a réussi à me faire PEUR !
Jacq
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par Jacq Mer 24 Sep 2014 - 14:24
Sur le statut incertain du narrateur, celui de Lovecraft est assez clair me semble-t-il. Je n'ai pas le souvenir de m'être demandé comment le narrateur pouvait transmettre son récit, il me semble qu'à chaque fois justement nous savons ou avons l'impression qu'il écrit, qu'il y a une trace, que celle-ci est retrouvée ensuite.

LE MOLOSSE :
Incipit : "Dans mes oreilles agonisantes résonne encore sans cesse et toujours s'agite un cauchemar composé de bruits giratoires, de claquements animaux et d'un lointain et distant aboiement qui pourrait être celui de quelque gigantesque molosse. Ce n'est pas un rêve - ce n'est même pas, j'en ai peur, la folie - car trop de choses me sont arrivées [...] Saint-Jean n'est plus qu'un cadavre broyé ; moi seul sait pourquoi".
Chute (fin ?) : "Maintenant que l'aboiement de ce monstre mort et squelettique grandit sans cesse, maintenant que le souffle furtif de ces diaboliques ailes palmées se rapproche, j'ira chercher dans la balle d'un revolver l'oubli, mon seul refuge loin de ce qui est l'indicible et l'innommable".

Dans beaucoup de nouvelles nous avons ce type d'incipit et de chutes, dans d'autres non, mais la plupart du temps nous pouvons l'imaginer puisque le narrateur arrive à survivre pour conter son aventure. Dans "L'Indicible" par exemple, il n'y a pas, mais le lecteur suppose qu'il y a.  Dans "Je suis d'ailleurs" c'est un peu différent puisque le narrateur.... (on ne sait jamais, pour ceux qui n'ont pas lu la nouvelle).  Souvent Lovecraft insère dans ses nouvelles des récits épistolèraires, des journaux (intimes ou périodiques pour ce qui n'est vêcu), des récits rapportés ensuite par le narrateur.

Sur Borges je ne sais pas, je découvre.
Il faudrait que je lise la nouvelle.

Une nouvelle (page publicitaire) d'un jeune auteur : "Celui qui hante ces murs" de Frédéric Czilinder.  Le titre et la forme du récit m'ont fait penser fortement à Lovecraft, la fin aussi (je ne peux pas raconter ici).  En plus c'est un joueur de JDR ayant joué à l'AdC. Donc, la boucle est bouclée. Pourtant lorsque j'ai rencontré l'auteur (français, habitant vers Cavaillon) et que je lui ai fait part des remarques ci-dessus, il a semblé surpris des parallèles que je faisais, me disant même qu'il n'avait pas du tout pensé en écrivant le livre (nouvelle, c'est assez court) à Lovecraft, moins que pour d'autres de ses écrits.  La fin est à voir pour en discuter plus.


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par Parménide Mer 24 Sep 2014 - 16:40
J'adore Borges et Lovecraft.

Le jugement de Borges sur Lovecraft me semble vraiment sévère. Car Lovecraft s'est largement émancipé d'Edgar Poe.

J'ai lu There are more things il y a plusieurs années. Borges a voulu peut etre battre Lovecraft sur son propre terrain, et je trouve le résultat assez mitigé. Un bon texte certes, mais sans doute le moins borgésien de tous les textes de Borges. Nous sommes très loin des miroirs, des bibliothèques, des tigres...

Ce texte n'a pas la puissance  de La couleur tombée du ciel ou de l'affaire Charles Dexter Ward. Ce sont deux auteurs qui peuvent être comparés mais qui ont un génie très différent.

Pour le maitre de Providence le monde est horreur

Pour le maitre de Buenos Aires le monde est énigme

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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)

"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)

"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)

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par Lenore Mer 24 Sep 2014 - 18:44
Le fil est très intéressant, et si je suis familière de Borgès, je ne connais pas Lovecraft dans le texte.  Aussi, quel titre de ce dernier me conseilleriez-vous ? Désolée pour mon post qui intervient comme un cheveu sur la soupe dans vos analyses mais je me disais que c'était le bon fil pour demander ce conseil de lecture. Merci par avance !


Dernière édition par Lenore le Mer 24 Sep 2014 - 18:57, édité 1 fois (Raison : Faute)

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par Parménide Mer 24 Sep 2014 - 18:52
Lenore a écrit:Le fil est très intéressant, et si je suis familière de Borgès, je ne connaît pas Lovecraft dans le texte.  Aussi, quel titre de ce dernier me conseilleriez-vous ? Désolée pour mon post qui intervient comme un cheveu sur la soupe dans vos analyses mais je me disais que c'était le bon fil pour demander ce conseil de lecture. Merci par avance !

De Lovecraft, le court roman (ou longue nouvelle, c'est selon) l'Affaire Charles Dexter Ward est certainement l'un des textes les plus terrifiants  qui aient jamais été écrits, même s'il n'est peut été pas le plus représentatif de l'auteur. Après il y a le fameux La couleur tombée du ciel, déjà plus lovecraftien au sens où l'épouvante acquiert à une dimension cosmique, ou encore les nouvelles du célèbre recueil Dagon


Bref, il faut tout lire   Very Happy

  http://www.franceculture.fr/emission-fictions-droles-de-drames-la-couleur-tombee-du-ciel-2013-01-19


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par Jacq Mer 24 Sep 2014 - 18:54
Toutes, mais :

POur les plus longues (et peut être pour commencer):
- Montagnes Hallucinées
- Cauchemar d'Innsmouth

- L'affaire Charles Dexter Ward
- La couleur tombée du ciel
- L'appel de Cthulhu
- Herbert West réanimateur
- L'abomination de Dunwhich
- Par de-là  le mur du sommeil
- Dans l'abîme du temps.



Pour des nouvelles "courtes" :
L'indicible, le Molosse, Je suis d'ailleurs....

J'ai les vieilles éditions Denoel (quatre volumes) plus Dagon de J'ai lu (vieille édition), donc en cinq volumes (poche) on avait presque tout. Maintenant, outre les trois volumes de la collection Bouquin, tout est édité nouvelle par nouvelle (une belle escroquerie, tout bénef pour les éditeurs).
Si tu veux acheter pour voir je te conseille les "nouvelles longues".


Dernière édition par Jacq le Mer 24 Sep 2014 - 19:05, édité 2 fois
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par Lenore Mer 24 Sep 2014 - 18:59
Merci Jacq et Parménide pour vos conseils !

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par Jacq Mer 24 Sep 2014 - 19:02
Parménide a écrit:
Lenore a écrit:Le fil est très intéressant, et si je suis familière de Borgès, je ne connaît pas Lovecraft dans le texte.  Aussi, quel titre de ce dernier me conseilleriez-vous ? Désolée pour mon post qui intervient comme un cheveu sur la soupe dans vos analyses mais je me disais que c'était le bon fil pour demander ce conseil de lecture. Merci par avance !

De Lovecraft, le court roman (ou longue nouvelle, c'est selon) l'Affaire Charles Dexter Ward est certainement l'un des textes les plus terrifiants  qui aient jamais été écrits, même s'il n'est peut été pas le plus représentatif de l'auteur. Après il y a le fameux La couleur tombée du ciel, déjà plus lovecraftien au sens où l'épouvante acquiert à une dimension cosmique, ou encore les nouvelles du célèbre recueil Dagon


Bref, il faut tout lire   Very Happy

  http://www.franceculture.fr/emission-fictions-droles-de-drames-la-couleur-tombee-du-ciel-2013-01-19

Oui, mais, souvenir....
J'ai découvert Lovecraft en 4e ou 3e par un ami qui faisait une présentation orale d'une fiche de lecture sur l'Affaire Charles Dexter Ward (hein, des fois ça sert  Very Happy  Very Happy  Very Happy ). J'avais été intrigué et impressionné, et je lui avais demandé de m'en passer un.
Il m'avait donc prêté  le Recueil "Par-delà le mur du Sommeil" (toujours chez Denoël), commençant par ladite nouvelle puis par "Les rats dans les murs". A la deuxième nouvelle j'avais abandonné. La structure n'est pas celle d'un récit habituel, pour le petit "moi" de l'époque.
L'année suivant j'avais demandé de nouveau (ou acheté je ne sais pas) "Je suis d'ailleurs" (toujours Denoël), et là c'était parti ! J'ai ensuite tout lu ! Mais, pour mon âge, il fallait découvrir un type de récit que je ne connaissais alors pas.

EDIT : et c'est Lovecraft qui m'a ensuite mené vers Poe :lol:  ! Comme quoi !
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par Robin Jeu 25 Sep 2014 - 11:13
Parménide a écrit:J'adore Borges et Lovecraft.

Le jugement de Borges sur Lovecraft me semble vraiment sévère. Car Lovecraft s'est largement émancipé d'Edgar Poe.

J'ai lu There are more things il y a plusieurs années. Borges a voulu peut etre battre Lovecraft sur son propre terrain, et je trouve le résultat assez mitigé. Un bon texte certes, mais sans doute le moins borgésien de tous les textes de Borges. Nous sommes très loin des miroirs, des bibliothèques, des tigres...

Ce texte n'a pas la puissance  de La couleur tombée du ciel ou de l'affaire Charles Dexter Ward. Ce sont deux auteurs qui peuvent être comparés mais qui ont un génie très différent.

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Je suis d'accord avec vous. Le jugement de Borgès sur Lovecraft est injuste, de parti pris car Borgès n'aime manifestement pas Lovecraft (l'a-t-il même lu, ce qui s'appelle "lire" ?). Lovecraft n'est pas un simple imitateur d'Edgar Poe, ou s'il l'est, il ajoute quelque chose de bien à lui : cette "horreur cosmique" que l'on ne trouve ni chez Poe, ni chez Borgès. Ce qui fout la trouille chez Lovecraft, c'est le fond métaphysique de ses histoires, la rupture totale avec l'humanisme : et si l'univers n'était pas fait "pour l'homme ?", et s'il avait été crée par un "Dieu fou", et si la "raison' n'était qu'un misérable "bricolage" ? L'hypothèse du non-sens absolu que (le pourtant chrétien) Blaise Pascal exprimait en ces termes : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie." Vous avez raison de dire qu'il n'y a ni mystère, ni énigme chez Lovecraft, mais l'horreur à l'état pur. BRRRRRRR affraid


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par Parménide Jeu 25 Sep 2014 - 17:31
Le rodeur devant le seuil, (ressemble beaucoup à l'affaire Charles D. Ward) écrit en collaboration avec August Derleth, est aussi très bon ...

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"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)

"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)

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