Municipales : A Paris, le PCF refuse de s'allier au Parti de Gauche et s'allie au Parti Socialiste.

Par 670 voix contre 500, le PCF refuse de s'allier au Parti de Gauche et fait alliance avec le PS pour les municipales de Paris :

Communiqué de presse d'Anne Hidalgo, samedi 19 octobre 2013

Je me félicite du choix des militantes et militants communistes qui viennent, par leur vote, de prolonger et d’amplifier la dynamique de rassemblement et d’action de l’union de la gauche à Paris.

Depuis 13 ans, nous avons ensemble profondément changé Paris en y ramenant la probité, la qualité de vie et la justice sociale, en développant les services publics pour tous les Parisiens, en construisant 70.000 logements sociaux, en favorisant les familles dans toutes leurs diversités. Aujourd’hui, les communistes ont fait le choix de préparer ensemble de nouvelles conquêtes sociales pour une ville bienveillante et dynamique.

Ensemble, nous nous engageons avec ambition à continuer à développer le logement pour tous, à lutter contre la vie chère et pour le pouvoir d’achat, à défendre l’accès à la santé, à faire grandir les services publics notamment pour la petite enfance ou la propreté. Mais par-delà ces engagements communs, c’est une ville solidaire et humaine que nous construirons ensemble, une ville qui porte les valeurs de Paris au plus haut, en France et dans le monde.

A Paris, la gauche est maintenant rassemblée et mobilisée pour mener campagne, l'emporter en mars 2014 et aussi porter un message d’espoir à tous les Parisiens : oui, nous allons continuer à transformer notre Paris, à en faire une ville où il fait bon vivre, travailler, créer ou s'épanouir. C’est pour moi une immense joie et une très grande fierté. C’est un formidable message qui est adressé à toute la gauche parisienne.
Publié le Samedi 19 Octobre 2013 à 22h17

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La situation est compliquée aussi à Dieppe :

Il n'y a pas qu'à Paris que le Front de gauche est mis à rude épreuve. A Dieppe (Seine-Maritime) aussi, les relations entre le Parti communiste et le Parti de gauche ne sont pas au beau fixe. A la tête d'une liste PCF-PS-Verts, le communiste Sébastien Jumel avait repris à la droite, en 2008, cette terre ouvrière perdue en 2001 par le PCF après trente ans de règne.
Depuis, la situation à gauche a bien changé et 2014 s'annonce compliquée pour l'édile communiste. Non seulement il pourrait devoir affronter les socialistes au premier tour des municipales mais aussi une liste codirigée par... le PG et EELV. Les deux partis ont officialisé, début octobre, leur volonté de travailler ensemble pour les municipales. Une alliance qui ne serait pas une première – ce sera aussi le cas dans d'autres villes, comme Rennes – mais qui serait pour le moins surprenante car dirigée contre un maire PCF.

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Pffffff.... ah c'est sûr, la Révolution est en marche !  

Le Parti de Gauche fera donc une liste opposée à celle du PCF et du PS :

Le PCF Paris a décidé à 57 % de voter pour des listes communes avec le PS.

Avec le Parti de Gauche, je regrette cette décision.

A l’heure où la colère monte dans le pays contre la politique antisociale de ce gouvernement, à l’heure où la majorité des députés PS votent pour la retraite à 66 ans, à l’heure où la jeunesse se mobilise pour demander la démission de Manuel Valls, cette décision est une erreur politique, contraire à la cohérence du Front de Gauche. Sans doute que le poids mis dans ce choix du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a été trop lourd pour permettre aux partisans communistes d’une liste FDG de l’emporter. Je pense surtout à eux dont j’imagine ce soir la tristesse et je leur adresse un message de fraternité.

Quoiqu’il arrive, malgré cette décision, il y aura une liste Front de Gauche à Paris. Des listes regroupant la très grande majorité des forces qui continuent la stratégie du Front de Gauche seront en effet présentes au premier tour des élections municipales à Paris. Elles sont ouvertes à toutes celles et ceux qui refusent les politiques d’austérité au plan local comme au plan national. Ensemble, nous serons la belle surprise de ces élections et l’adversaire le plus coriace de la droite et l’extrême droite.

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PCF vs FDG ! WTF !

PCF vs PdG
Le FdG, c'est l'alliance des deux.

John a écrit:PCF vs PdG
Le FdG, c'est l'alliance des deux.

HouLALA, comme c'est pas ma tasse de thé, je ne suis pas spécialiste des différents courants, chapelles et obédiences.  

Donc PCF vs PdG ! GO ! Fight ! :vvv: 

Triste mais prévisible.

Je note qu'on a coutume, ici et ailleurs, de traiter Mélenchon d'opportuniste

Pierre Laurent veut rester sénateur...

Cripure  (j'espère que la monnaie de sa pièce sera rendue au PCF en temps utile).

Cripure a écrit:Je note qu'on a coutume, ici et ailleurs, de traiter Mélenchon d'opportuniste

 
Il est droit dans ses bottes, contrairement à ce qu'on a pu entendre.
Je trouve très bien que le PG refuse de s'allier au PS et, du coup, au PC. La ligne est plus claire comme cela.

INTERVIEW - Le Journal du Dimanche - Bertrand Gréco - Dimanche 20 octobre 2013
Brossat : "Avec le PS, c’est une union libre"

Le président communiste du groupe Front de gauche au conseil de Paris analyse le vote des militants parisiens en faveur d’une union avec les socialistes (56%).

Ian Brossat, 33 ans, normalien et agrégé de lettres, est le président communiste du groupe Front de gauche au conseil de Paris, qui rassemble huit élus du PCF et deux du Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon. Les mélenchonistes plaident pour des listes autonomes aux municipales de mars 2014 ; la direction du PCF a dit sa préférence pour une alliance avec le PS dès le premier tour dans la capitale. Les 4.000 militants communistes de Paris - 2.000 à jour de cotisation - ont tranché hier soir, après trois jours de vote. Ian Brossat réagit en exclusivité pour le JDD.

Les militants communistes parisiens ont voté pour une alliance avec le PS dès le premier tour. Comment expliquez-vous ce résultat?
Nous avons commencé par élaborer un projet avec 75 propositions pour faire de Paris une ville moins chère. Ensuite, nous avons discuté avec nos partenaires. Anne Hidalgo a pris en compte un grand nombre de nos propositions. C'est ce qui a conduit une majorité de communistes à choisir, après un débat animé, l’union avec le PS au premier tour. Il faut aussi tenir compte du message envoyé par ceux qui ont opté pour l'autonomie, et ont voulu dire leur colère sur les politiques d'austérité et leurs conséquences.

«30% de logements sociaux à l'horizon 2030.»

Est-ce la mort du Front de gauche?
Non. Comme président de groupe, je continuerai à travailler avec les élus du Parti de Gauche (PG). Nous allons poursuivre nos combats communs, jusqu’en mars 2014 et au-delà. D’ailleurs, nous nous présenterons ensemble aux élections européennes. A plus long terme, je suis convaincu qu’on a besoin du Front de gauche pour construire une alternative dans ce pays. Le Front de gauche a de beaux jours devant lui.

Jean-Luc Mélenchon voulait faire de Paris le "cratère du Front de gauche, là où il doit se donner à voir". Le voilà totalement désavoué…
Paris n’est pas la France. Dans de très nombreuses villes, à Marseille, au Mans, Lille ou Grenoble, les communistes ont fait le choix de listes du Front de gauche. Il sera rassemblé dans la majorité des communes de France. A Paris, nous avons un accord avec Anne Hidalgo qui nous permettra demain de mettre en œuvre les mesures pour lesquelles nous nous battons depuis des années. Le Front de gauche réclame 30% de logements sociaux à Paris : Anne Hidalgo s’est engagée à le faire, avec nous, dans la prochaine mandature. Quand on fait de la politique, ce n’est pas pour se faire plaisir mais pour mettre en œuvre concrètement nos idées.

Pourtant, Jean-Luc Mélenchon a déploré dimanche dernier "l’exemple désastreux" donné à Paris. Il qualifie l’accord PCF-PS d’"aberration". Que lui répondez-vous?
Il faut éviter les propos définitifs qui mettent en danger l’avenir du Front de gauche, et ne pas insulter l’avenir. En ce qui me concerne, je suis très attaché à l’unité du Front de gauche : ne comptez pas sur moi pour attaquer Danièle Simonnet ou Alexis Corbière [les deux conseillers de Paris mélenchonistes], que je suis allé chercher quand ils étaient encore au PS au début de cette mandature. Nous avons tous été élus ensemble, en 2008, sur une liste d’union avec le PS. Cela ne nous a pas empêché d’être libre dans nos paroles et nos actes. N’exagérons pas artificiellement nos divergences, car nous nous retrouverons tous ensemble au second tour. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il serait indigne de s’allier avec le PS au premier tour et acceptable au second tour. Il y a une contradiction, non?

«Paris n’est pas la France. A Marseille, Lille ou Grenoble, les communistes ont fait le choix de listes du Front de gauche.»

Sur quelles bases une réconciliation avec le PG est-elle possible au second tour?
Le PG dit lui-même qu’il est favorable à une fusion de listes au second tour pour battre la droite.

Qu’avez-vous obtenu d’Anne Hidalgo dans le cadre de l’accord PCF-PS?
C’est d’abord un accord sur le projet. Anne Hidalgo a accepté d’infléchir très sérieusement son programme. Sur le logement, nous avons obtenu l’engagement de 30% de logements sociaux à horizon 2030, soit 7.500 par an, mieux répartis. La Ville continuera à avoir une politique de préemption très forte, y compris dans les arrondissements bourgeois de l’ouest et du centre, quitte à y mettre le prix. Elle développera aussi le logement social dans le diffus, c’est-à-dire qu’elle achètera non seulement des immeubles mais aussi des appartements, ce qui permettra de mêler logements sociaux et privés. Nous nous battrons également contre la spéculation immobilière qui fait des ravages à Paris. Nous nous sommes mis d’accord avec  Anne Hidalgo pour augmenter la taxe sur les logements vacants et pour mettre en place une taxe sur les résidences secondaires à Paris ; il y en a 80.000, qui ne sont parfois utilisées qu’une semaine par an.

Un autre point important arraché au PS?
La santé est une préoccupation majeure des Parisiens. Nous nous sommes entendus pour refuser toute restructuration de l’hôpital public, qui conduit à une diminution de l’offre de soin.

Qu’avez-vous négocié pour le pouvoir d’achat?
Pour nous, la question majeure est de baisser le coût de la vie à Paris. Dans la lignée de la remunicipalisation de l’eau, nous avons obtenu que les premiers mètres cube d’eau nécessaires à la vie soient gratuits. On donnera un "chèque eau" aux familles, sous conditions de ressources, pour rembourser une partie de leurs factures d’eau. Nous voulons aussi briser le quasi-monopole du groupe Casino à Paris _qui a racheté Monoprix, Franprix, Leader Price_ parce que l’alimentation à Paris est plus chère que dans toutes les autres grandes villes du monde. On peut le faire en installant, dans chaque quartier de Paris, des halles alimentaires, qui mettront en relation directe nos producteurs d’Ile-de-France et les consommateurs parisiens. Cela permettra d’avoir accès à des produits de bonne qualité à bas prix.

«Je ne pratique ni la danse du ventre ni la danse du scalp.»

En termes de place sur les listes, que vous a promis Anne Hidalgo?
Les termes de l’accord sont publics. Il prévoit 13 conseillers de Paris PCF (contre 8 aujourd’hui), ainsi que 32 conseillers d’arrondissement, en cas de victoire de la gauche dans les arrondissements qu’elle détient déjà. Si le 15e ou le 17e basculent, on reverra ces chiffres à la hausse. Par ailleurs, toute discussion sur les postes d’adjoint au maire est prématurée. Mais j’insiste : c’est une union libre, les communistes gardent leur liberté d’action. Rien ni personne ne m’a empêché de m’opposer à la privatisation de la collecte des déchets, par exemple ou à la mise en œuvre des nouveaux rythmes scolaires en cette rentrée.

Vos détracteurs du Parti de Gauche vous reprochent d’avoir marchandé des places, et même d’avoir fait la danse du ventre…
Je ne pratique ni la danse du ventre ni la danse du scalp. Mon obsession n’est pas de tuer les socialistes, mais de mettre en œuvre concrètement les propositions du Front de gauche. Je veux agir et être utile.

Pourquoi Anne Hidalgo tenait-elle tant à rassembler la gauche au premier tour? Se sent-elle en danger face à NKM?
La victoire de gauche à Paris n’est pas acquise. La clé, c’est la mobilisation de notre électorat. Le PS parisien a compris qu’il fallait un rassemblement et des marqueurs de gauche. C’est parce qu’il a infléchi sérieusement son projet que l’union est possible.

Voyez-vous une différence nette entre le PS national et le PS parisien, que Mélenchon qualifie d’"avatars du gouvernement"?
La politique menée à Paris depuis 2001 n’est pas une politique d’austérité. L’investissement public a considérablement augmenté, le service public a été développé. Nous avons mené à Paris une politique de gauche, qui n’a rien à voir avec celle menée aujourd’hui par le PS au niveau national. C’est pourquoi nous pouvons faire alliance avec  le PS à Paris mais pas au niveau national. Contrairement à ce que dit le PG, ce ne sont pas des élections nationales mais municipales. D’ailleurs, quelque chose m’échappe dans le raisonnement du PG : comment peut-on dire qu’il est indigne de faire alliance avec le PS à Paris et proposer des alliances avec Europe Ecologie-Les Verts, qui est membre du gouvernement? Il y a là encore une contradiction que je ne m’explique pas.

Bertrand Gréco - Le Journal du Dimanche

Merci pour cette interview.