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John
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Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais. Empty Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais.

par John Mar 28 Oct 2014 - 22:07
Nous n’ignorons pas que la menace d’une crue de la Seine est bien réelle et que le Louvre (et les autres musées, qu’il ne faut pas oublier, ne disposeront que de 72 h pour y faire face). Comme Jean-Luc Martinez nous l’a rappelé, il faut 8600 m2 de réserves dont le Louvre ne dispose pas sur place.

Mais cela fait maintenant plus de dix ans que l’on a pris conscience du risque et que, pourtant, rien de concret n’a été fait. Jean-Luc Martinez hérite à cet égard d’une situation dont il ne peut pas être tenu pour responsable. Après bien des atermoiements, une « solution » à Cergy avait été choisie, finalement abandonnée par Aurélie Filippetti. Or – nous avions enquêté sur ce sujet, sans finalement rien publier car le projet avait déjà du plomb dans l’aile – ce grand centre de conservation, à cet endroit, était déjà une grossière erreur : trop coûteux, peu facilement accessible et, surtout, hypertrophié : il n’était plus question de faire de simples réserves, mais d’y ajouter un centre de restauration et des espaces d’exposition…

Bref, une décennie plus tard, la direction du Louvre et le ministère de la Culture ont été incapables de donner une réponse crédible à l’équation suivante : comment protéger les œuvres en réserve tout en les rendant accessibles aux chercheurs extérieurs et aux conservateurs du Louvre, et en ne les mettant pas en danger par des déplacements trop fréquents ? Jean-Luc Martinez est très sensible à cette question de l’accessibilité des œuvres et il a sans doute raison lorsqu’il affirme qu’actuellement la situation est très mauvaise, les réserves étant dispersées entre plusieurs localisations et, pour certaines d’entre elles, inaccessibles aux chercheurs. Mais depuis quand solutionne-t-on une organisation temporaire défectueuse par une autre pérenne qui ne l’est pas moins. Rappelons tout de même qu’aucun musée au monde ne conserve ses réserves à 200 km, ce qui entraînera des déplacements continuels d’œuvres puisque Jean-Luc Martinez nous a confirmé que ce seront bien toutes les collections du Louvre conservées en réserve (à l’exception bien sûr des dessins) qui seront envoyées à Lens, soit pas moins de 250 000 œuvres ! Ainsi, en dehors de petites réserves tampons dont on ne connaît pas encore les modalités, toute modification de l’accrochage impliquera que les œuvres décrochées du musée retourneront à Lens pour être remplacées par d’autres en provenance de ces réserves. À cette objection il rétorque – faisant sienne la réponse spécieuse d’Henri Loyrette – que « Lens, c’est nous », sous-entendant ainsi qu’il n’y aura pas vraiment de transport puisque les œuvres quitteront le Louvre pour rejoindre le Louvre !

La question des chercheurs étrangers ou provinciaux qui seront obligés de se rendre à Lens, est également balayée d’un revers de la main puisque « Il n’y aura que deux lieux : les salles permanentes et le centre de conservation. Pour le chercheur ce sera une amélioration ». Une amélioration peut-être, en partie, par rapport à l’existant, mais certainement pas à long terme en pérennisant un partage en deux du Louvre entre Paris et Lens.

Ce projet de réserves à Liévin est discutable au moins sur deux autres points. D’abord, qu’a-t-on besoin une nouvelle fois de lancer un concours international incluant des stars comme Richard Rogers ? Il ne s’agit que de créer un bâtiment technique qui ne nécessite pas un de ces grands gestes architecturaux comme on les affectionne, forcément beaucoup plus coûteux et dont on sait que les devis initiaux ont une tendance systématique à déraper fortement ?

Par ailleurs, faire participer la région Nord-Pas-de-Calais au financement nous semble une grave erreur. On préférera sourire devant la répartition : le Louvre mettra 51% des 60 millions nécessaires, et la région 49%, comme s’il s’agissait de la création d’une filiale sur laquelle on voudrait garder la majorité ! Mais il ne faut pas s’y tromper : si le Louvre pourrait un jour se passer de Lens, il ne le pourra pas de ces réserves qu’il aura payées à moitié. En s’associant ainsi avec Daniel Percheron dont on sait qu’il n’aime rien tant que la culture spectacle, le Louvre se livre pieds et poings liés. Nul ne peut penser que le président du Conseil régional (ou son successeur) se contentera de payer la moitié d’un bâtiment technique. Lorsque l’on sait que son plus grand rêve est de faire venir la Joconde à Lens, comment peut-on penser une seconde qu’il se satisfera de payer et de laisser faire ? C’est en réalité à une véritable OPA sur le Louvre que nous assistons.
http://www.latribunedelart.com/les-reserves-du-louvre-a-lievin-lens-font-polemique-au-sein-meme-du-musee

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Shajar
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Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais. Empty Re: Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais.

par Shajar Mer 29 Oct 2014 - 8:09
C'est ridicule et honteux !
Plus on avance dans les propositions liées à la crue centennale, et plus on marche sur la tête !

Déjà parce que quand on travaille au Louvre, on a besoin souvent de descendre en réserve, ce n'est pas un lieu sacré où personne ne se rend. Au contraire, on y va souvent, une, deux, trois fois par semaine. Il faut pouvoir consulter les oeuvres, mais aussi faire des visites de sécurité régulière, et encadrer le ménage (un conservateur ou un scientifique doit être présent à chaque fois qu'on fait le ménage dans les réserves, soit à peu près une fois par semaine). Comment peuvent faire les personnels, si à chaque fois, il faut qu'il prennent le train plusieurs heures ? En plus, les coûts vont être faramineux pour le musée.
Par ailleurs, les objets de réserve sont largement utilisés dans les accrochages permanents : oeuvres fragiles qui tournent régulièrement, comme les textiles ou les papiers, changements d'accrochages lors de déplacement d'oeuvres à l'étranger... Mettre les réserves loin du musée, c'est obliger ces oeuvres délicates à prendre davantage de risques, et ce, plus souvent. C'est aussi un coût énorme, car on ne fait pas voyager une oeuvre d'art comme un banal voyageur SNCF, et il faut, là encore, un scientifique (souvent deux, un scientifique et un régisseur) pour superviser les choses.

Enfin, l'idée d'un grand geste architectural est absurde. On sait comment les architectes prennent en compte les besoins de conservation (suffit de voir les écoulements dans les réserves de l'IMA, merci Jean Nouvel ! Quant au Quai Branly, n'en parlons pas !!!). Donc ça va coûter une fortune juste pour un geste médiatique et inefficace au possible.

Donnez des fonds de fonctionnement aux musées, faites un peu confiance aux conservateurs, et arrêtez de les utiliser à des fins promotionnelles, quoi !
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