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carlita75
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Sens d'une phrase dans un texte de Freud Empty Sens d'une phrase dans un texte de Freud

par carlita75 Dim 16 Aoû 2015 - 7:06
Bonjour,
J'ai un doute sur le sens d'une phrase dans un texte de Freud (que j'ai donné). La phrase n'est pas très importante, c'est une transition mais son détail me rend perplexe. Voici le texte :

Des chercheurs, qui ne refusent pas de reconnaître les faits psychanalytiques, mais ne veulent pas admettre l'inconscient, se tirent d'affaire à l'aide du fait incontesté que la conscience aussi - en tant que phénomène - présente une large échelle de gradation dans l'intensité ou la clarté. De même qu'il y a des processus qui sont conscients d'une façon très vive, très aiguë et très saisissable, de même l'expérience vécue nous en présente d'autres qui ne sont conscients que d'une façon faible et même à peine discernable ; et les plus faiblement conscients d'entre eux seraient précisément ceux pour lesquels la psychanalyse prétend employer le terme impropre d'inconscient. Ces processus seraient néanmoins conscients eux aussi ou "dans la conscience", et pourraient être rendus pleinement et fortement conscients si on leur accordait une attention suffisante.

Pour autant que des arguments puissent avoir une influence sur la décision dans une telle question qui dépend ou bien d'une convention ou bien de facteurs affectifs, on peut ajouter ici les remarques suivantes : la référence à une échelle de clarté dans le fait d'être conscient n'a rien de contraignant et n'a pas plus de force démonstrative que les propositions de ce genre : il y a tant de degrés d'éclairement depuis la lumière la plus vive et aveuglante jusqu'à la faible lueur que, par conséquent, il n'y a absolument pas d'obscurité. [...] En outre, en subsumant l'imperceptible sous le conscient (1), on n'aboutit qu'à porter atteinte à la seule et unique certitude immédiate qui soit dans le psychique. Une conscience dont on ne sait rien, cela me paraît beaucoup plus absurde qu'un psychique inconscient.

FREUD, Le Moi et le ça.

La phrase est celle de transition. Grosso-modo il s'agit d'une précaution oratoire : "pour autant" que "des arguments" aient ici une "influence sur la décision". Ce qui me turlupine c'est la suite "qui dépend ou bien d'une convention ou bien de facteurs affectifs". Est-ce à dire que la reconnaissance de l'existence de l'inconscient serait le fruit d'une convention ou de facteurs affectifs ? Ca me semble contradictoire avec la pensée de Freud...

Si vous avez des explications, je suis preneur.
Merci.



Ruthven
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Sens d'une phrase dans un texte de Freud Empty Re: Sens d'une phrase dans un texte de Freud

par Ruthven Dim 16 Aoû 2015 - 9:25
carlita75 a écrit:Bonjour,
J'ai un doute sur le sens d'une phrase dans un texte de Freud (que j'ai donné). La phrase n'est pas très importante, c'est une transition mais son détail me rend perplexe. Voici le texte :

Des chercheurs, qui ne refusent pas de reconnaître les faits psychanalytiques, mais ne veulent pas admettre l'inconscient, se tirent d'affaire à l'aide du fait incontesté que la conscience aussi - en tant que phénomène - présente une large échelle de gradation dans l'intensité ou la clarté. De même qu'il y a des processus qui sont conscients d'une façon très vive, très aiguë et très saisissable, de même l'expérience vécue nous en présente d'autres qui ne sont conscients que d'une façon faible et même à peine discernable ; et les plus faiblement conscients d'entre eux seraient précisément ceux pour lesquels la psychanalyse prétend employer le terme impropre d'inconscient. Ces processus seraient néanmoins conscients eux aussi ou "dans la conscience", et pourraient être rendus pleinement et fortement conscients si on leur accordait une attention suffisante.

Pour autant que des arguments puissent avoir une influence sur la décision dans une telle question qui dépend ou bien d'une convention ou bien de facteurs affectifs, on peut ajouter ici les remarques suivantes : la référence à une échelle de clarté dans le fait d'être conscient n'a rien de contraignant et n'a pas plus de force démonstrative que les propositions de ce genre : il y a tant de degrés d'éclairement depuis la lumière la plus vive et aveuglante jusqu'à la faible lueur que, par conséquent, il n'y a absolument pas d'obscurité. [...] En outre, en subsumant l'imperceptible sous le conscient (1), on n'aboutit qu'à porter atteinte à la seule et unique certitude immédiate qui soit dans le psychique. Une conscience dont on ne sait rien, cela me paraît beaucoup plus absurde qu'un psychique inconscient.

FREUD, Le Moi et le ça.

La phrase est celle de transition. Grosso-modo il s'agit d'une précaution oratoire : "pour autant" que "des arguments" aient ici une "influence sur la décision". Ce qui me turlupine c'est la suite "qui dépend ou bien d'une convention ou bien de facteurs affectifs". Est-ce à dire que la reconnaissance de l'existence de l'inconscient serait le fruit d'une convention ou de facteurs affectifs ? Ca me semble contradictoire avec la pensée de Freud...

Si vous avez des explications, je suis preneur.
Merci.




Il s'adresse à ceux qui objectent à l'hypothèse de l'inconscient l'idée qu'il n'y a que des degrés de conscience ; comment trancher entre les deux hypothèses ? La décision peut être influencée par deux éléments, le premier est un élément de langage qui repose sur une identification conventionnelle entre le conscient et le psychique (cf. Métapsychologie, p.58 en Folio); si l'on dit par convention que tout ce qui est psychique est conscient, le problème est tranché sans examen; le deuxième est l'élément affectif qui justifie le refus de l'inconscient, le choix de la thèse est enraciné dans une motivation affective indépendante de la vérité de la thèse elle-même (le refus de l'inconscient comme expression d'un désir de maîtrise/transparence etc ...). Bref, la "décision" entre les deux thèses fait intervenir des facteurs autres que la raison ou l'argumentation ; il y a une dissymétrie entre ceux qui "décident" qu'il n'y a pas d'inconscient (pris dans un jeu de langage ou un jeu affectif) et ceux qui "décident" qu'il y a un inconscient (qui ont su dépasser ces éléments externes à la vérité de la thèse, mais qui en dernier lieu la corroborent).

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carlita75
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Sens d'une phrase dans un texte de Freud Empty Re: Sens d'une phrase dans un texte de Freud

par carlita75 Dim 16 Aoû 2015 - 9:38
C'est plus clair pour moi et ça enrichit encore ce texte. Merci beaucoup.
Du coup je lirais bien le passage de Métapsychologie en question. Aurais-tu un bout de phrase à me donner pour que je retrouve le passage dans une version numérique ?
Ruthven
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Sens d'une phrase dans un texte de Freud Empty Re: Sens d'une phrase dans un texte de Freud

par Ruthven Dim 16 Aoû 2015 - 9:46
C'est dans l'article "L'inconscient" dans Métapsychologie (si tu as un lien pour récupérer une version numérique, je suis preneur) :

"Nous nous heurtons alors à l'objection selon laquelle ces souvenirs latents ne devraient plus être qualifiés de psychiques mais correspondraient aux restes de processus somatiques, dont le psychique pourrait resurgir. Il n'est pas difficile de rétorquer qu'au contraire le souvenir latent est, indubitablement, le reste d'un processus psychique. Mais il importe davantage de bien se rendre compte que l'objection repose sur l'assimilation non exprimée, mais posée d'emblée, entre le conscient et le psychique. Cette assimilation est ou bien une petitio principii qui ne permet plus de se demander si tout psychique doit aussi être conscient, ou bien une affaire de convention, de terminologie. Sous cette dernière forme, elle est naturellement comme toute convention, irréfutable. La question demeure néanmoins ouverte de savoir si elle se révèle suffisamment utilisable pour que l'on doive s'y rallier."
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