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GuillaumeB
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Etude chapitre 2, partie 2 Madame Bovary Empty Etude chapitre 2, partie 2 Madame Bovary

par GuillaumeB Jeu 10 Déc 2015 - 14:55
Bonjour, Bonsoir les gens,

Je souhaiterais savoir si le fait de travailler sur les connecteurs logiques dans un texte pouvait entrer dans l'objet d'étude "le personnage de roman du XVIIeme à nos jours" ? Car dans la fameuse argumentation de Homais dans laquelle - avec toute sa culture - il vante presque ridiculement à Charles tous les bienfaits du village ils sont utilisés de manière soutenue.

J'avais l'idée de construire une analyse en étudiant donc les connecteurs pour montrer à quel point ils peuvent tourner en ridicule un discours qui pourtant se voudrait sérieux puisqu'il explique un petit peu les atouts du village de Yonville à Charles : ça se rapprocherait du "convaincre" puisqu'il utilise des arguments sur la raison mais que je ressens comme ridicules par exemple "l'exercice de la médecine n'est pas fort pénible en nos contrées ; car l'état de nos routes permet l'usage du cabriolet, et, généralement, l'on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés."

J'avais pensé comme autre piste d'étude toujours en rapport avec les connecteurs mais qui se rapproche plus de l'objet d'étude sur le personnage. Je voulais montrer comment à travers le texte, l'auteur construit un personnage qui est de son temps (par rapport à l'expansion de la médecine et autres sciences parallèles à l'époque ) et qui donc a une explosion de savoirs qu'il mélange. Dans le texte il fait plus de l'étalement de savoir qu'une vraie discussion sur le village (ce qui participe du ridicule).

Je ne sais pas ce que vous en pensez, j'ai imaginé que ce point de grammaire était plutôt pas mal dans ce texte.

Voici le texte choisi :

Du reste, disait l'apothicaire, l'exercice de la médecine n'est pas fort pénible en nos contrées ; car l'état de nos routes permet l'usage du cabriolet, et, généralement, l'on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés. Nous avons, sous le rapport médical, à part les cas ordinaires d'entérite, bronchite, affections bilieuses, etc., de temps à autre quelques fièvres intermittentes à la moisson, mais, en somme, peu de choses graves, rien de spécial à noter, si ce n'est beaucoup d'humeurs froides, et qui tiennent sans doute aux déplorables conditions hygiéniques de nos logements de paysan. Ah ! vous trouverez bien des préjugés à combattre, monsieur Bovary; bien des entêtements de la routine, où se heurteront quotidiennement tous les efforts de votre science; car on a recours encore aux neuvaines, aux reliques, au curé, plutôt que de venir naturellement chez le médecin ou chez le pharmacien. Le climat, pourtant, n'est point, à vrai dire, mauvais, et même nous comptons dans la commune quelques nonagénaires. Le thermomètre (j'en ai fait les observations) descend en hiver jusqu'à quatre degrés, et, dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades tout au plus, ce qui nous donne vingt-quatre Réaumur au maximum, ou autrement cinquante-quatre Fahrenheit (mesure anglaise), pas davantage ! - et, en effet, nous sommes abrités des vents du nord par la forêt d'Argueil d'une part, des vents d'ouest par la côte Saint-Jean de l'autre, et cette chaleur, cependant, qui à cause de la vapeur d'eau dégagée par la rivière et la présence considérable de bestiaux dans les prairies, lesquels exhalent, comme vous savez, beaucoup d'ammoniaque, c'est-à-dire azote, hydrogène et oxygène (non, azote et hydrogène seulement), et qui, pompant à elle l'humus de la terre, confondant toutes ces émanations différentes, les réunissant en un faisceau, pour ainsi dire, et se combinant de soi-même avec l'électricité répandue dans l'atmosphère, lorsqu'il y en a, pourrait à la longue, comme dans les pays tropicaux, engendrer des miasmes insalubres ; – cette chaleur, dis-je, se trouve justement tempérée du côté où elle vient, ou plutôt d'où elle viendrait, c'est-à-dire du côté sud, par les vents de sud-est, lesquels, s'étant rafraîchis d'eux-mêmes en passant sur la Seine, nous arrivent quelquefois tout d'un coup, comme des brises de Russie !
Flaubert, Madame Bovary, II, 2

A bientôt.
Isidoria
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par Isidoria Jeu 10 Déc 2015 - 15:30
Pour moi, ça pourrait tout à fait entrer dans le cadre de l'étude du personnage de roman. Pour montrer le ridicule d'Homais (éventuellement faire lire la dernière phrase du roman en parallèle, ce pourrait être intéressant).
Après, en Première, on fait des lectures analytiques, donc ce pourrait être un des points travaillés pour la construction de la LA.
Toutefois, tout dépend de la séquence: s'agit-il d'une OI ou d'un GT? S'il s'agit d'un GT, quel en est l'objet?
NLM76
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par NLM76 Jeu 10 Déc 2015 - 17:53
Oui ! en plus, cela permettrait de montrer que les "connecteurs" sont une fadaise inventée pour les conslecteurs... il n'y a qu'un imbécile comme Homais pour penser qu'ils permettent de construire un texte.

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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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par ysabel Jeu 10 Déc 2015 - 18:26
nlm76 a écrit:Oui ! en plus, cela permettrait de montrer que les "connecteurs" sont une fadaise inventée pour les conslecteurs... il n'y a qu'un imbécile comme Homais pour penser qu'ils permettent de construire un texte.

ou Pangloss ! :lol:

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par Orlanda Jeu 10 Déc 2015 - 19:24
Mais Homais est le nouveau Pangloss!

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par User5899 Jeu 10 Déc 2015 - 20:51
Je ne parlerais pas de connecteurs, pour ma part. "Mots de liaison" est déjà bien assez laid.

Sinon, les vraies "connexions" se font ailleurs et sans "connecteurs", justement, dans ce chapitre. C'est le contrepoint entre les conversations de Emma/Léon d'une part et Homais/Charles d'autre part qui en fait le comique. Surtout si on contextualise et qu'on fait lire, comme "complément", le chapitre 1 avec la description apocalyptique d'Yonville-l'Abbaye Razz
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par NLM76 Jeu 10 Déc 2015 - 22:37
Et puis la description de l'érotique pied d'Emma, vu par Léon... au-dessus du gigot qui rôtit ! Ça c'est de la connexion !

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par User5899 Jeu 10 Déc 2015 - 22:39
nlm76 a écrit:Et puis la description de l'érotique pied d'Emma, vu par Léon... au-dessus du gigot qui rôtit ! Ça c'est de la connexion !
Ce livre est merveilleux.
Audrey
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par Audrey Jeu 10 Déc 2015 - 23:36
Je vais poser une question con, sans doute, n'enseignant plus en lycée depuis 12 ans, après seulement une année en tant que stagiaire en seconde... mais euh, on doit étudier un point de grammaire dans une LA en lycée?
J'ai jamais fait ça, moi, dans une LA en lycée...
Même en collège, alors que les merveilleuses "séquences" nous y invitent, je ne le fais pas...mais on doit vraiment le faire en lycée? heu

Qu'un élément grammatical alimente une LA, ok, mais qu'il en semble le point central, je sais pas... ça ressemble quand même drôlement à une réduction du sens du texte, non?
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User5899
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par User5899 Ven 11 Déc 2015 - 0:16
Audrey a écrit:Je vais poser une question con, sans doute, n'enseignant plus en lycée depuis 12 ans, après seulement une année en tant que stagiaire en seconde... mais euh, on doit étudier un point de grammaire dans une LA en lycée?
J'ai jamais fait ça, moi, dans une LA en lycée...
Même en collège, alors que les merveilleuses "séquences" nous y invitent, je ne le fais pas...mais on doit vraiment le faire en lycée? heu

Qu'un élément grammatical alimente une LA, ok, mais qu'il en semble le point central, je sais pas... ça ressemble quand même drôlement à une réduction du sens du texte, non?
A proprement parler, ce n'est pas un point de grammaire, au fond. Et puis, on est bien d'accord, tu le dis toi-même, un texte, ce sont des mots et des phrases. Comment aborder le passage du logicien dans Rhinocéros ou le dialogue dans La Cantatrice chauve sans, justement, l'art de la logique ? Comment aborder le monologue de Lucky sans revoir la construction standard, passablement malmenée, d'une phrase complexe (tout l'énervement que procure la tirade est dû à l'absence de principale à chaque fois qu'on l'attend) ? Etc. Bien sûr qu'on ne peut pas se borner à un élément dans une étude de texte. Mais dans l'absolu, et pour retourner la question, de quel élément est-on en droit de se priver ?

GuillaumeB devrait aussi aller regarder dans Bouvard et Pécuchet, à mon avis Razz
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