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Elberta
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classe - Comment économiser son énergie en classe ? - Page 2 Empty Re: Comment économiser son énergie en classe ?

par Elberta Sam 25 Sep 2021 - 8:18
Austrucheerrante a écrit:Ce que veut dire lene (j'imagine, enfin en tout cas c'est comme ça que je le comprends), c'est qu'il y a un équilibre à trouver entre la nécessité de tenir la classe et donc de lâcher du lest/faire des concessions/aller dans le sens des élèves pour s'économiser, et garder un haut niveau d'exigence disciplinaire quant aux savoirs qu'on transmet (ce qu'on pourrait appeler la conscience professionnelle... d'un autre côté, vu comment nous sommes traités, la conscience, bon...).


Plus anecdotique, et peut-être amusant, je me fatigue aussi beaucoup moins depuis que j'ai abandonné le vidéoprojecteur pour écrire au tableau : les élèves suivent mon rythme, et sont moins tentés de bavarder pendant que les plus lents finissent - et j'arrive en cours la tête plus vide, sans avoir eu besoin de me souvenir de ce que j'ai écrit.
Merci pour ces précisions. 

Je relève ce que tu dis à propos du vidéoprojecteur parce que je fais le même constat. J'ai voulu essayer et vraiment je n'y arrive pas. Je trouve aussi qu'écrire au tableau donne un rythme, et les élèves rechignent moins quand on écrit aussi. Et puis, suivant l'heure, l'état de la classe, on peut ajouter ou supprimer. La projection est trop rigide. En fait ça me stresse classe - Comment économiser son énergie en classe ? - Page 2 2790680366
Clecle78
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par Clecle78 Sam 25 Sep 2021 - 8:22
Moi après avoir travaillé en îlot toutes les années 90 j'ai abandonné suite à plusieurs mutations et je pratique la plupart du temps le cours magistral dialogué. C'est ce qui me convient actuellement le mieux. J'écris au tableau. J'avoue que l'informatique me pèse de plus en plus et que l'aspect matériel est vraiment trop chronophage. Je fais l'appel avec mon smartphone et ça me suffit.
berzeko
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par berzeko Sam 25 Sep 2021 - 8:32
je fais pas mal de magistral et quand je demande 3 pauvres paragraphes j'ai le droit à des "pfouuu" "c'est trop long !". En vrai ils aimeraient ne jamais écrire et faire que de l'oral / travail en groupe, mais c'est juste impossible soyons honnête. Même si je donne des exercices je dois passer pour expliquer et vérifier donc toujours épuisant. Selon les classes je peux être totalement épuisé à la fin aussi.
berzeko
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par berzeko Sam 25 Sep 2021 - 8:39
Ascagne a écrit:
lene75 a écrit:J'ai du mal avec toutes les pédagogies actives, les mises en exercice des élèves, etc., parce qu'à la fin, quand même, on récupère des élèves qui ne tiennent pas la route, en fin de course, en terminale, on voit quand même la différence avec les élèves qui ont eu des cours plus exigeants.
La question que je me pose perpétuellement en ce qui concerne les nouvelles méthodes pédagogiques : où s'arrête la prise en compte légitime de la psychologie des élèves, où commence la complaisance envers cette même psychologie ? Je ne parle pas ici des bavardages, de l'impolitesse, bien sûr, mais du reste. Quand je tombe sur certains textes de pédagogie, je suis perplexe : je veux bien croire qu'un cours organisé autour de peu d'activités, s'étalant donc sur la durée de la séance, ça ennuie des collégiens, et qu'on veuille dynamiser les choses. Très bien - et ce sont des collégiens. Maintenant, ça me trouble de voir qu'on considère normal qu'il faille absolument varier les activités aussi en seconde, en première, précisément à des âges où l'idée devrait être d'endurcir l'endurance d'attention des adolescents, entre autres. Bien sûr, je n'oublie pas qu'ils ont des journées de cours chargées, et qu'ils doivent déjà passer d'une matière à l'autre.
Il faut que les élèves soient toujours actifs : en effet, ils s'ennuient lorsqu'ils doivent seulement écouter. Mais du coup, qu'est-ce qui se passe lorsqu'ils devront, eh bien, écouter, lorsqu'ils seront plus grands ? Dans la vie professionnelle, à la fac, ou dans telle conférence/dans tel débat sur des enjeux essentiels pour l'avenir de la société ?
Il faut "intéresser les élèves". Très bien. Mais si c'est toujours à l'enseignant de rivaliser d'ingéniosité pour captiver les élèves, il ne faut pas s'étonner qu'ils aient peu de capacité, plus tard, à se confronter aux tâches peu intéressantes par nature qu'on leur demandera de remplir. De même, toujours partir de l'"intérêt" de l'élève pour tel ou tel sujet, je comprends ça pour les plus jeunes, mais ça me semble trop complaisant par rapport, par exemple, à des élèves de la série générale en fin de lycée. Quant à la question de la motivation, à force de se mettre dans la peau de l'élève pour la penser, on créée une drôle de situation car l'institution utilise tout de même encore des devoirs, des examens, qui ne sont pas fondés sur la même sorte de motivation.
Désolé pour le HS et les ratiocinations discutables. Vous aurez sans doute détecté que je suis perplexe face au métier lui-même (autant cette troisième année en lycée commence mieux que les autres, autant je me sens de plus en plus mal dans ce métier). Je suis trop mauvais pédagogue pour vouloir continuer à l'exercer longtemps (soit je trouve en poste en fac, soit je fais autre chose). Mais j'ai quand même ces inquiétudes.

clélia a écrit:je ne prépare rien à projeter mais ils sont tellement lents pour écrire que j'ai toujours un moment pour me poser
Je trouve mes élèves encore plus lents pour écrire qu'avant (il y a trois et quatre ans).
Je n'avais vraiment pas cette impression de lenteur quand j'étais lycéen en seconde ou première (j'ai passé mon bac en 2007), et je parle d'une seconde au niveau faible. Là, il y a peut-être des raisons conjoncturelles (les cours de l'année de crise par exemple). Il y a aussi le fait qu'ils écrivent mal. Lenteur + mauvaise écriture = calamité biblique. Du coup, recours aux solutions d'évitement, qui renvoient le problème à plus tard. Étant donné le règne des claviers et des écrans tactiles, "ce n'est pas si grave", pourrait-on dire, peut-être : c'est un peu douteux.

pailleauquebec a écrit:Un autre moment qui me permet un peu de me reposer en classe c'est d'avoir un temps de recherche en autonomie où les élèves travaillent en silence pendant une dizaine de minutes.
Dix minutes de travail en silence ?
Chanceux ! Wink
Je dois me réimprimer mes fiches pour la gestion de classe (être sûr de noter quand un élève a commis tel impair, afin de mieux suivre les petits écarts qui en s'accumulant sont gênants - les gros écarts n'étant évidemment pas oubliables, encore moins dans la classe dont je suis PP).

Pas mieux. La formations d'enseignant nous dit "si l'élève s'ennuie c'est votre faute il faut innover", mais jamais on ne s'interroge sur la capacité de concentration qui va devenir de plus en plus exigeante au fil de leur vie.
Ananké
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par Ananké Sam 25 Sep 2021 - 9:06
Je rejoins les préoccupations autour de la capacité d'attention des élèves. Leur attitude générale m'interroge : au-delà du bavardage tout à fait normal (on discute aussi en réunion), mes terminales sont pour une bonne part de gros bébés. Je n'arrive pas à faire la part des choses (années covid, le temps qui passe qui fait que chaque année l'écart d'âge se creuse entre eux et moi - je n'enseigne que depuis peu) mais le temps qu'il faut pour découper/coller un poly, les questions pour savoir où on écrit telle chose (sur le cahier ?), ou les élèves qui, en plein dans une explication assez complexe, lèvent la main pour demander qqch d'absolument hors sujet (le devoir c'est pour quand, ah mais ça c'est ma colle (véridique !), j'ai eu combien aux questions orales), sans parler du besoin de répéter au moins 6 fois la même chose (chacun étant à son rythme - je leur dis alors que c'est un cours, pas un cours particulier pour chacun d'entre eux), c'est inquiétant. Ils sont totalement immatures et le fait qu'on les couve trop, parents et institution, y est pour beaucoup je pense.

Tout ça pour dire qu'à un moment, en toutes proportions gardées, et pour notre santé physique et mentale, il faut aussi pratiquer un peu le "marche ou crève" : voilà le cours, si qqch n'est pas compris ils ont tjrs la possibilité de poser des questions, mais non tout ne peut pas être ludique, marrant, etc. Et si c'est difficile c'est peut-être bon signe aussi. Le faire c'est aussi, de notre côté, lâcher un peu de lest et un peu de cours dicté (puisque la prise de notes est de l'ordre du fantasme) avec un silence de mort et des devoirs en classe où ils mettent en œuvre la méthode "trop compliquée" c'est bien pour eux et pour nous. Ils repartent souvent de mon cours en ayant mal à la main ("On écrit trop!" Laissez moi rire).
Mehitabel
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par Mehitabel Sam 25 Sep 2021 - 9:19
berzeko a écrit:
Ascagne a écrit:
lene75 a écrit:J'ai du mal avec toutes les pédagogies actives, les mises en exercice des élèves, etc., parce qu'à la fin, quand même, on récupère des élèves qui ne tiennent pas la route, en fin de course, en terminale, on voit quand même la différence avec les élèves qui ont eu des cours plus exigeants.
La question que je me pose perpétuellement en ce qui concerne les nouvelles méthodes pédagogiques : où s'arrête la prise en compte légitime de la psychologie des élèves, où commence la complaisance envers cette même psychologie ? Je ne parle pas ici des bavardages, de l'impolitesse, bien sûr, mais du reste. Quand je tombe sur certains textes de pédagogie, je suis perplexe : je veux bien croire qu'un cours organisé autour de peu d'activités, s'étalant donc sur la durée de la séance, ça ennuie des collégiens, et qu'on veuille dynamiser les choses. Très bien - et ce sont des collégiens. Maintenant, ça me trouble de voir qu'on considère normal qu'il faille absolument varier les activités aussi en seconde, en première, précisément à des âges où l'idée devrait être d'endurcir l'endurance d'attention des adolescents, entre autres. Bien sûr, je n'oublie pas qu'ils ont des journées de cours chargées, et qu'ils doivent déjà passer d'une matière à l'autre.
Il faut que les élèves soient toujours actifs : en effet, ils s'ennuient lorsqu'ils doivent seulement écouter. Mais du coup, qu'est-ce qui se passe lorsqu'ils devront, eh bien, écouter, lorsqu'ils seront plus grands ? Dans la vie professionnelle, à la fac, ou dans telle conférence/dans tel débat sur des enjeux essentiels pour l'avenir de la société ?
Il faut "intéresser les élèves". Très bien. Mais si c'est toujours à l'enseignant de rivaliser d'ingéniosité pour captiver les élèves, il ne faut pas s'étonner qu'ils aient peu de capacité, plus tard, à se confronter aux tâches peu intéressantes par nature qu'on leur demandera de remplir. De même, toujours partir de l'"intérêt" de l'élève pour tel ou tel sujet, je comprends ça pour les plus jeunes, mais ça me semble trop complaisant par rapport, par exemple, à des élèves de la série générale en fin de lycée. Quant à la question de la motivation, à force de se mettre dans la peau de l'élève pour la penser, on créée une drôle de situation car l'institution utilise tout de même encore des devoirs, des examens, qui ne sont pas fondés sur la même sorte de motivation.
Désolé pour le HS et les ratiocinations discutables. Vous aurez sans doute détecté que je suis perplexe face au métier lui-même (autant cette troisième année en lycée commence mieux que les autres, autant je me sens de plus en plus mal dans ce métier). Je suis trop mauvais pédagogue pour vouloir continuer à l'exercer longtemps (soit je trouve en poste en fac, soit je fais autre chose). Mais j'ai quand même ces inquiétudes.

clélia a écrit:je ne prépare rien à projeter mais ils sont tellement lents pour écrire que j'ai toujours un moment pour me poser
Je trouve mes élèves encore plus lents pour écrire qu'avant (il y a trois et quatre ans).
Je n'avais vraiment pas cette impression de lenteur quand j'étais lycéen en seconde ou première (j'ai passé mon bac en 2007), et je parle d'une seconde au niveau faible. Là, il y a peut-être des raisons conjoncturelles (les cours de l'année de crise par exemple). Il y a aussi le fait qu'ils écrivent mal. Lenteur + mauvaise écriture = calamité biblique. Du coup, recours aux solutions d'évitement, qui renvoient le problème à plus tard. Étant donné le règne des claviers et des écrans tactiles, "ce n'est pas si grave", pourrait-on dire, peut-être : c'est un peu douteux.

pailleauquebec a écrit:Un autre moment qui me permet un peu de me reposer en classe c'est d'avoir un temps de recherche en autonomie où les élèves travaillent en silence pendant une dizaine de minutes.
Dix minutes de travail en silence ?
Chanceux ! Wink
Je dois me réimprimer mes fiches pour la gestion de classe (être sûr de noter quand un élève a commis tel impair, afin de mieux suivre les petits écarts qui en s'accumulant sont gênants - les gros écarts n'étant évidemment pas oubliables, encore moins dans la classe dont je suis PP).

Pas mieux. La formations d'enseignant nous dit "si l'élève s'ennuie c'est votre faute il faut innover", mais jamais on ne s'interroge sur la capacité de concentration qui va devenir de plus en plus exigeante au fil de leur vie.

Je crois que tout est dit précisément là. Mais cela m'interroge aussi en tant que mère. C'est une lutte quotidienne pour que mes filles écoutent mais surtout entendent les plus petites consignes du quotidien. Elles font toujours des raccourcis, des ponts entre les mots pour arriver à une conclusion erronée. Nous n'avons pas la télévision, elles n'ont pas d'écran. Pourtant, elles manquent de concentration, surtout mon aînée (8 ans tout de même) qui a du mal à se concentrer sur une tâche, à écouter une phrase jusqu'au bout, elle n'écoute pas pour écouter, elle écoute pour répondre.
Et nos élèves, dans l'écoute des consignes font exactement de même, on n'a pas fini d'expliquer qu'ils ont déjà une question, question qui n'a pas lieu d'être puisqu'en général on va en donner la réponse dans la fin de la consigne.
Ramenés à l'échelle de nos élèves, ces raccourcis posent problèmes, puisqu'ils complètent leurs "absences" par des choses fausses, inventées. Ils ont entendu un bout d'un truc mixé avec le bout d'un autre.
Fin du HS. Pour revenir au sujet, je crois précisément que le bruit appelle le bruit et idem pour le silence. Et que oui à un moment donné, ils sont là pour apprendre à écouter, à se concentrer, à se focaliser sur une tâche bien précise et aussi, chose inouïe pour cette génération : à se taire.
La multiplication des "activités" (rapportées sur une journée de cours de 6h de cours, ça en fait) ne permet pas justement cette concentration, cette application nécessaire à l'apprentissage. Je ne fais jamais de travail de groupes, ni d'îlots. Je ne cherche pas à les amuser ou les distraire, j'ai la prétention de penser que la littérature se suffit à elle-même pour être intéressante et je crois profondément que ceux que cela n'intéresse pas (je veux dire jamais jamais, par aucun texte) ne seront réellement intéressés ... par rien, et que cela ne vaut vraiment pas le coup de drainer mon énergie pour eux. Faire du magistral et du frontal est nettement moins fatigant pour moi que de me tracasser à créer des choses artificielles dont je ne suis pas convaincue.
lene75
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Prophète

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par lene75 Sam 25 Sep 2021 - 9:36
Austrucheerrante a écrit:Ce que veut dire lene (j'imagine, enfin en tout cas c'est comme ça que je le comprends), c'est qu'il y a un équilibre à trouver entre la nécessité de tenir la classe et donc de lâcher du lest/faire des concessions/aller dans le sens des élèves pour s'économiser, et garder un haut niveau d'exigence disciplinaire quant aux savoirs qu'on transmet (ce qu'on pourrait appeler la conscience professionnelle... d'un autre côté, vu comment nous sommes traités, la conscience, bon...).

(...)

(et je suis toujours un peu agacé, soit dit en passant, de lire ou d'entendre qu'écouter et essayer de comprendre un cours n'est pas être actif).

Pour ce qui est en gras, je partage pleinement cet agacement, à tel point que maintenant je n'hésite plus à marquer "participation active au cours" à des élèves qui n'ouvrent pas la bouche mais dont je vois bien qu'il sont hyper concentrés et réfléchissent, et inversement je me garde bien de le mettre à des élèves qui participent à tort et à travers sans prendre le temps de réfléchir. Les premiers sont souvent très étonnés (et les collègues aussi) : je leur explique donc ce que signifie être actif en cours.

Sinon, oui, pour le cours conceptuellement exigeant, c'est à peu près ce que je veux dire. Il y a des savoirs à acquérir, mais aussi du vocabulaire, des distinctions conceptuellles, des procédures de raisonnement, des habitudes d'analyse, etc. Je ne vois pas bien comment les élèves pourraient "construire" tous ces savoirs eux-mêmes, autrement dit les inventer à partir de rien ou de textes dont ils ne comprennent pas un traitre mot, sauf à leur faire des questionnaires extrêmement mâchés et terriblement chronophages. Si je les laisse écrire plus librement, il faudrait que je corrige individuellement chacune de leurs phrases : avec 35 élèves par classe, je ne vois pas comment c'est possible. Je le fais à l'oral, parce que le cours est du magistral dialogué, pas du magistral pur. Il est bien rare que je puisse répondre à une question d'élève, ou valider sa réponse, sans avoir besoin de la reformuler / de lui demander de la préciser, de l'expliciter, sans pointer les préjugés qui sont derrière ou les conséquences que sa remarque implique, sans lui dire que sa phrase comporte 3 éléments différents qu'il faut bien distinguer et développer chacun pour lui-même avant de pouvoir répondre. Pour faire ce travail, qui est bénéfique à tous, il faut que ses chers camarades soient disposés à bien vouloir mettre de côté leurs petits egos et à nous écouter pendant 5, 10, parfois 20 min. C'est pareil pour le cours, si j'ai un raisonnement suivi à leur présenter, qui peut pafois s'étendre sur une heure voire plus, il faut qu'ils m'écoutent jusqu'au bout, sans en manquer une étape, et qu'ils acceptent de ne m'interrompre qu'à la fin d'une étape. Combien de fois je leur dis : "Je finis ce que je suis en train d'expliquer et je vous réponds après" pour qu'ils baissent la main et continuent à noter. Et seulement quand c'est le bon moment, je prends tout le temps nécessaire pour leur répondre, mais bien souvent, ils me disent que j'ai donné la réponse entre temps : eh oui, ils ne savent pas attendre, il leur faut tout tout de suite. Ça génère de la frustration chez eux de devoir écouter.

Il me semble que dans ce processus d'apprentissage, la prise de notes est fondamentale. Donc en début d'année, je les laisse me regarder et à la fin du raisonnement, je leur dis : "Alors, qu'est-ce que vous notez ? Si vous avez compris ce que j'ai dit, vous devriez savoir quoi noter. La 2e étape sera de réussir à le faire pendant que je parle, et non après." À ce moment-là je reprends avec eux les liens logiques, le vocabulaire technique indispensable, la manière dont les idées s'enchaînent, on distingue arguments, exemples, etc., et comme depuis quelques années ils sont vraiment à la rue, je note au tableau en même temps que je fais ce travail avec eux à l'oral, en cachant plus ou moins involontairement ce que je suis en train de noter, et enfin je les laisse recopier ma prise de notes. Autrement dit je construis les choses avec eux devant eux pour leur montrer ce qu'ils doivent faire.

Et l'autre chose, comme le soulignait quelqu'un, c'est la rédaction : passer d'une réponse non justifiée d'une ligne à une question à une dissertation organisée de 6 pages.

Autant dire qu'avec tout ça, je vois dans leurs regards à quel point ils sont désespérés, et j'ai conscience que je vais rapidement en perdre, qui vont abandonner devant l'effort à fournir. C'est là qu'il faut jouer sur le fameux équilibre, faire un peu de démagogie et surtout, surtout, essayer de les valoriser et de les encourager dès que c'est possible. De transformer chaque réponse absconse en quelque chose qui se tient en leur faisant croire que l'idée vient d'eux. Et leur rappeler que oui, c'est très difficile, ce que je leur demande, que j'en ai conscience, mais qu'ils sont intelligents et que j'ai confiance en eux. Que moi non plus, à leur âge, je n'y arrivais pas. Que ce n'est pas de leur faute s'ils n'ont pas appris à faire ceci ou cela jusque-là. Et j'essaie de leur faire comprendre que ma considération pour eux est sans lien avec leurs résultats scolaires. Ma plus belle récompense a été cet élève à qui j'ai mis des mauvaises notes toute l'année, que j'ai embêté toute l'année et qui, après le bac, m'a écrit un mail pour me dire qu'il tenait à me remercier parce que j'étais le professeur qui avait le plus cru en lui... alors que c'est probablement avec moi qu'il avait la pire moyenne. Un autre m'avait dit que j'évais été la professeur la plus courageuse face à leur classe pas franchement facile, parce que je n'avais jamais abandonné mes exigences face à leur comportement.

En tout cas, ce que je constate, c'est que ce travail est grandement facilité quand ils ont en parallèle, ou ont eu l'année ou les années précédentes, des professeurs qui ont les mêmes exigences, et qu'il est compliqué quand ils ont été habitués à ne faire que ce qu'ils aiment et à zapper sans arrêt, à faire des travaux de groupe. Il m'arrive régulièrement d'avoir des élèves qui refusent d'essayer, avec qui ça peut être assez compliqué. Je constate aussi que nous arrivent du privé d'à-côté, qui a plutôt ces méthodes "traditionnelles", des élèves qui sont capable de très bien rédiger même quand ils sont à côté de la plaque, et qui, alors qu'ils ont des difficultés scolaires, rédigent mieux que les meilleurs et les plus intelligents de nos élèves. Il y a quand même quelque chose à interroger.

Bref, je partage totalement le questionnement d'Ascagne.

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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
Baldred
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par Baldred Sam 25 Sep 2021 - 10:05
Mehitabel a écrit:
Fin du HS. Pour revenir au sujet, je crois précisément que le bruit appelle le bruit et idem pour le silence. Et que oui à un moment donné, ils sont là pour apprendre à écouter, à se concentrer, à se focaliser sur une tâche bien précise et aussi, chose inouïe pour cette génération : à se taire.
La multiplication des "activités" (rapportées sur une journée de cours de 6h de cours, ça en fait) ne permet pas justement cette concentration, cette application nécessaire à l'apprentissage. Je ne fais jamais de travail de groupes, ni d'îlots. Je ne cherche pas à les amuser ou les distraire, j'ai la prétention de penser que la littérature se suffit à elle-même pour être intéressante et je crois profondément que ceux que cela n'intéresse pas (je veux dire jamais jamais, par aucun texte) ne seront réellement intéressés ... par rien, et que cela ne vaut vraiment pas le coup de drainer mon énergie pour eux. Faire du magistral et du frontal est nettement moins fatigant pour moi que de me tracasser à créer des choses artificielles dont je ne suis pas convaincue.

Bonjour,
Pourquoi dire, si tu ne les a jamais pratiquées, que les différentes méthodes que tu simplifies en " travail de groupe" n'ont que le but d'amuser ou distraire? Mes élèves travaillent, beaucoup, certains s'en plaignent assez, et sont obligés de sortir de leur "torpeur" pédagogique, Quelles choses artificielles? Si la littérature se suffit à elle-même pour être intéressante, à quoi sert le prof?
Bucheton montre bien que la position frontale est celle qui entraîne le plus de passivité et le moindre rendement pédagogique de l'élève. Mais il reste le modèle dominant et permet en toute bonne fois de s'indigner de ce qu'il provoque chez beaucoup d'élèves : infantilisation, passivité, désintérêt...
Je crains que notre dévaluation professionnelle et la contrainte de devenir des gestionnaires de flux ne nous conduisent à nous réfugier dans des simplifications qui ne conduisent pas très loin.
Et je ne suis pas un "pédagogiste", mais un pédagogue spécialiste de sa matière oui, je le reconnais.
Et je reconnais aussi qu'étant au collège je ne sais pas comment je ferais au Lycée avec le nombre d'élèves et la préparation d'un bac fantoche,

Matteo
Matteo
Niveau 10

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par Matteo Sam 25 Sep 2021 - 10:23
C'est intéressant de voir les différences dans les représentations, je considère infiniment plus infantilisante la mise en groupe que le cours magistral. Même enfant je n'ai jamais réussi à prendre ça au sérieux. C'est maintenant que je suis enseignant je conçois que c'est un outil pédagogique efficace pour gérer une classe en entier mais quand je dois le subir c'est une profonde torture.
Baldred
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Expert spécialisé

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par Baldred Sam 25 Sep 2021 - 10:32
Matteo a écrit:C'est intéressant de voir les différences dans les représentations, je considère infiniment plus infantilisante la mise en groupe que le cours magistral. Même enfant je n'ai jamais réussi à prendre ça au sérieux. C'est maintenant que je suis enseignant je conçois que c'est un outil pédagogique efficace pour gérer une classe en entier mais quand je dois le subir c'est une profonde torture.
Bonjour,
J ignore ton âge, mais je pense que les travaux de groupe de ton enfance n'ont pas grand chose à voir avec ce qui peut se faire maintenant, tandis que le cours magistral lui...
En revanche je suis d'accord avec toi, les différences de représentations et leur confrontation sont très intéressantes, et peuvent conduire à être un très bon prof de biens des façons.
sinan
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par sinan Sam 25 Sep 2021 - 10:55
Je n'ai jamais compris ce haro sur le cours magistral
Pour moi c'est l'exercice le plus intelligent, le plus prenant et le plu exigent possible : écouter, saisir le raisonnement d'autrui, et en même temps parvenir à en noter le contenu. C'est capital de travailler très régulièrement cette capacité, qui combine mémoire, concentration, écriture, reformulation, analyse, dès la seconde, et pendant tout le lycée.
Matteo
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Niveau 10

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par Matteo Sam 25 Sep 2021 - 11:07
Oh non, j'ai bien connu la version actuelle.
Baldred
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Expert spécialisé

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par Baldred Sam 25 Sep 2021 - 11:19
Matteo a écrit:Oh non, j'ai bien connu la version actuelle.
Le temps passe trop vite... j'ai l'mpression que les ilots bonifiés, les classes inversées et le plan de travail datent d'hier...
Baldred
Baldred
Expert spécialisé

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par Baldred Sam 25 Sep 2021 - 11:31
sinan a écrit:Je n'ai jamais compris ce haro sur le cours magistral
Pour moi c'est l'exercice le plus intelligent, le plus prenant et le plu exigent possible : écouter, saisir le raisonnement d'autrui, et en même temps parvenir à en noter le contenu. C'est capital de travailler très régulièrement cette capacité, qui combine mémoire, concentration, écriture, reformulation, analyse, dès la seconde, et pendant tout le lycée.

Peut-être n'est-il pas toujours bien fait ?
Peut-être n'est-il pas adapté à tous les niveaux, ni adapté à tous les contenus, ni à tous les publics, ni à toutes les formations ?
Il s'agit moins je pense "d'attaquer" telle ou telle méthode que de concevoir qu'il en existe plusieurs et que le métier consiste sans doute aussi à les utiliser au bon moment.
Il y a dans Le Monde de ce jour un article intéressant sur les "transclasses" et ce qui est dit sur l'éducation recoupe un peu le thème abordé dans les derniers messages ( donc très loin du titre du fil  abi)
Ruthven
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par Ruthven Sam 25 Sep 2021 - 11:36
Baldred a écrit:
Peut-être n'est-il pas toujours bien fait ?
Peut-être n'est-il pas adapté à tous les niveaux, ni adapté à tous les contenus, ni à tous les publics, ni à toutes les formations ?
Il s'agit moins je pense "d'attaquer" telle ou telle méthode que de concevoir qu'il en existe plusieurs et que le métier consiste sans doute aussi à les utiliser au bon moment.

Baldred a écrit:
Bucheton montre bien que la position frontale est celle qui entraîne le plus de passivité et le moindre rendement pédagogique de l'élève. Mais il reste le modèle dominant et permet en toute bonne fois de s'indigner de ce qu'il provoque chez beaucoup d'élèves : infantilisation, passivité, désintérêt...

Ce qui vaut pour les activités de groupe devrait valoir aussi pour le magistral ! abi
Baldred
Baldred
Expert spécialisé

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par Baldred Sam 25 Sep 2021 - 11:40
Ruthven a écrit:
Baldred a écrit:
Peut-être n'est-il pas toujours bien fait ?
Peut-être n'est-il pas adapté à tous les niveaux, ni adapté à tous les contenus, ni à tous les publics, ni à toutes les formations ?
Il s'agit moins je pense "d'attaquer" telle ou telle méthode que de concevoir qu'il en existe plusieurs et que le métier consiste sans doute aussi à les utiliser au bon moment.

Baldred a écrit:
Bucheton montre bien que la position frontale est celle qui entraîne le plus de passivité et le moindre rendement pédagogique de l'élève. Mais il reste le modèle dominant et permet en toute bonne fois de s'indigner de ce qu'il provoque chez beaucoup d'élèves : infantilisation, passivité, désintérêt...

Ce qui vaut pour les activités de groupe devrait valoir aussi pour le magistral ! abi

Absolument, les détenteurs de La solution sont également pénibles
Ha@_x
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Esprit éclairé

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par Ha@_x Sam 25 Sep 2021 - 11:43
Surtout que s'il y avait une solution, ça se saurait... classe - Comment économiser son énergie en classe ? - Page 2 248604097

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classe - Comment économiser son énergie en classe ? - Page 2 Empty Re: Comment économiser son énergie en classe ?

par Mehitabel Sam 25 Sep 2021 - 12:02
Baldred a écrit:
Mehitabel a écrit:
Fin du HS. Pour revenir au sujet, je crois précisément que le bruit appelle le bruit et idem pour le silence. Et que oui à un moment donné, ils sont là pour apprendre à écouter, à se concentrer, à se focaliser sur une tâche bien précise et aussi, chose inouïe pour cette génération : à se taire.
La multiplication des "activités" (rapportées sur une journée de cours de 6h de cours, ça en fait) ne permet pas justement cette concentration, cette application nécessaire à l'apprentissage. Je ne fais jamais de travail de groupes, ni d'îlots. Je ne cherche pas à les amuser ou les distraire, j'ai la prétention de penser que la littérature se suffit à elle-même pour être intéressante et je crois profondément que ceux que cela n'intéresse pas (je veux dire jamais jamais, par aucun texte) ne seront réellement intéressés ... par rien, et que cela ne vaut vraiment pas le coup de drainer mon énergie pour eux. Faire du magistral et du frontal est nettement moins fatigant pour moi que de me tracasser à créer des choses artificielles dont je ne suis pas convaincue.

Bonjour,
Pourquoi dire, si tu ne les a jamais pratiquées, que les différentes méthodes que tu simplifies en " travail de groupe" n'ont que le but d'amuser ou distraire?  Mes élèves travaillent, beaucoup, certains s'en plaignent assez, et sont obligés de sortir de leur "torpeur" pédagogique, Quelles choses artificielles? Si la littérature se suffit à elle-même pour être intéressante, à quoi sert le prof?
Bucheton montre bien que la position frontale est celle qui entraîne le plus de passivité et le moindre rendement pédagogique de l'élève. Mais il reste le modèle dominant et permet en toute bonne fois de s'indigner de ce qu'il provoque chez beaucoup d'élèves : infantilisation, passivité, désintérêt...
Je crains que notre dévaluation professionnelle et la contrainte de devenir des gestionnaires de flux ne nous conduisent à nous réfugier dans des simplifications qui ne conduisent pas très loin.
Et je ne suis pas un "pédagogiste", mais un pédagogue spécialiste de sa matière oui, je le reconnais.
Et je reconnais aussi qu'étant au collège je ne sais pas comment je ferais au Lycée avec le nombre d'élèves et la préparation d'un bac fantoche,


C'est parce que je les ai pratiquées très longtemps que je suis revenue de ces pratiques. C'est parce que j'ai déployé des projets tablettes et du tout numérique, des TBI, et que j'en ai fait un usage quotidien, que j'en suis revenue.

A quoi sert un prof ? A transmettre ce que que nos élèves ne peuvent pas avoir seuls, d'eux-mêmes : la littérature, la pratique d'une langue juste et corrigée, l'apprentissage de la concentration et de la tâche.

La passivité et le désintérêt ne viennent pas de l'école : elles viennent d'une éducation basée sur le plaisir (immédiat si possible), la recherche de l'assouvissement permanent de leurs désirs, le refus de la frustration et de la patience. L'école peut intervenir pour rétablir un équilibre sur ces domaines, mais elle ne possède pas de baguette magique. Ce que les enfants n'apprennent pas (plus) chez eux, ils n'en feront probablement jamais l'acquisition. Le ravissement par exemple, la capacité à apprécier, à s'extasier. Et ce ne sont pas des activités de groupe, où très souvent, un travaille et les deux autres observent, qui pourraient remédier à cela. Enfin, chacun devrait pouvoir faire ce en quoi il croit, si les activités et les travaux de groupes sont le dada de certains, tout comme les compétences, et bien je n'ai rien à y redire à cela, là où cela devient un problème c'est quand on me l'impose, alors que justement je ne crois ni à l'un, ni à l'autre, de façon empirique, et non dogmatique.
Irulan
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par Irulan Sam 25 Sep 2021 - 13:12
Ok, merci pour vos messages, mais le fil portait initialement sur la nécessité de faire attention à ne pas se décharger trop vite de son énergie en classe. Mettons que vous ayez trois élèves potentiellement pénibles et un pratiquement ingérable (j'invente, bien sûr;). Comment faire pour ne pas se flinguer la santé à plus ou moins long terme ? Pour le moment, j'interroge beaucoup ces élèves pour les occuper, je fais preuve de patience et de douceur, pratique le retrait d'attention avec l'un, mets des heures de colle à l'autre (ce qui m'oblige à revenir au collège pour le surveiller, sans être payée évidemment), mets des mots et appelle les parents, appels qui me bouffent aussi du temps... pour un résultat fragile, puisque l'élève vraiment difficile hypersensible-hyperactif-dysgraphique-non diagnostiqué énerve les autres qui ne comprennent pas pourquoi lui n'a pas d'heure de colle.

Au final, cela renvoie à une gestion de classe efficace, permettant d'en garder sous le pied, et aussi à une gestion des à-côtés (appels, heures de colle, etc.). Quelle stratégie mettre en place ? J'ai par exemple une fiche de suivi des classes qui m’aide à gagner du temps et à avoir une vue d'ensemble.

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par Elberta Sam 25 Sep 2021 - 13:15
lene75 a écrit: Il m'arrive régulièrement d'avoir des élèves qui refusent d'essayer, avec qui ça peut être assez compliqué. Je constate aussi que nous arrivent du privé d'à-côté, qui a plutôt ces méthodes "traditionnelles", des élèves qui sont capable de très bien rédiger même quand ils sont à côté de la plaque, et qui, alors qu'ils ont des difficultés scolaires, rédigent mieux que les meilleurs et les plus intelligents de nos élèves. Il y a quand même quelque chose à interroger.

J'ai fait le même constat en corrigeant le brevet dans un collège privé cette année. Et oui, ça interroge.
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par clélia Sam 25 Sep 2021 - 13:53
Et le sujet porte sur le fait de s'économiser en classe. En ce qui me concerne, je trouve la pratique du plan de travail intéressante mais elle me demande beaucoup d'énergie (en classe mais aussi en préparation et en correction) et je ne me lancerai pas cette année avec mes 5e par exemple qui sont 29 par classe.

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par angelxxx Sam 25 Sep 2021 - 14:10
Je me suis lancé dans le plan de travail cette année avec mes troisièmes, bon, bah comme le reste, ils s'en foutent. Du coup c'est assez pénible à gérer, notamment les moments où ils peuvent travailler en groupe : il y a du bruit (raisonnable au final, comme si 25 personnes parlent dans une pièce assez petite) mais j'ai du mal à supporter ce bruit.
Je vais sûrement repasser en mode un peu plus frontal.

Pour l'économie, effectivement les PowerPoint aident beaucoup. J'imprime le cours avec pages numérotés et documents, il restent des encadrés où écrire le cours. Je ne m'enerve plus à expliquer aux élèves où écrire : sur mon PowerPoint il y a toujours marqué la page + le paragraphe, et graphiquement ça se ressemble fortement.

Avant j'essayais de faire un cours plus personnalisé : je me fatiguais pour rien, j'avais aussi beaucoup plus de gestion de classe et par conséquent je m'enervais plus souvent

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par Austrucheerrante Sam 25 Sep 2021 - 14:36
Ananké a écrit:Je rejoins les préoccupations autour de la capacité d'attention des élèves. Leur attitude générale m'interroge : au-delà du bavardage tout à fait normal (on discute aussi en réunion), mes terminales sont pour une bonne part de gros bébés. Je n'arrive pas à faire la part des choses (années covid, le temps qui passe qui fait que chaque année l'écart d'âge se creuse entre eux et moi - je n'enseigne que depuis peu) mais le temps qu'il faut pour découper/coller un poly, les questions pour savoir où on écrit telle chose (sur le cahier ?), ou les élèves qui, en plein dans une explication assez complexe, lèvent la main pour demander qqch d'absolument hors sujet (le devoir c'est pour quand, ah mais ça c'est ma colle (véridique !), j'ai eu combien aux questions orales), sans parler du besoin de répéter au moins 6 fois la même chose (chacun étant à son rythme - je leur dis alors que c'est un cours, pas un cours particulier pour chacun d'entre eux), c'est inquiétant. Ils sont totalement immatures et le fait qu'on les couve trop, parents et institution, y est pour beaucoup je pense.

Tout ça pour dire qu'à un moment, en toutes proportions gardées, et pour notre santé physique et mentale, il faut aussi pratiquer un peu le "marche ou crève" : voilà le cours, si qqch n'est pas compris ils ont tjrs la possibilité de poser des questions, mais non tout ne peut pas être ludique, marrant, etc. Et si c'est difficile c'est peut-être bon signe aussi. Le faire c'est aussi, de notre côté, lâcher un peu de lest et un peu de cours dicté (puisque la prise de notes est  de l'ordre du fantasme) avec un silence de mort et des devoirs en classe où ils mettent en œuvre la méthode "trop compliquée" c'est bien pour eux et pour nous. Ils repartent souvent de mon cours en ayant mal à la main ("On écrit trop!" Laissez moi rire).

Je pense, au-delà de la simple question de la fatigue du prof, que l'une des clés de la réussite d'une instruction en groupe (donc par exemple via l'école) est là : abandonner l'idée que le groupe (incarné par le ou les professeurs) va s'adapter à soi, et se forcer à s'adapter aux contraintes du groupe, et surtout de la structure formant icelui, à savoir le cours du professeur.

Sinon, pour revenir plus pragmatiquement au sujet (que j'ai moi-même contribué à détourner Embarassed ), quelques suggestions pratiques :

- se maintenir à niveau : je pense sincèrement que revoir des choses de sa matière, refaire des exercices ambitieux (et éventuellement infaisables par les élèves) est l'une des meilleures façons de gagner du temps en cours d'année et notamment en cours : moins de préparation, moins de nécessité de se concentrer en classe pour résoudre un problème (plus d'automatisme) et donc plus d'énergie pour gérer le reste.
- se faire confiance : sauf cas exceptionnel, on en sait infiniment plus que les élèves, et on maîtrise notre matière, en tout cas à un niveau largement satisfaisant pour le secondaire : donc, ne pas hésiter à préparer moins, improviser plus, à ne pas tout minuter, etc. Cela dit, je sais que certains tempéraments ont du mal avec cette façon de fonctionner.
- ne pas croire qu'on est en train de sauver le monde : l'instruction de nos élèves sera de toute façon bien flinguée, et nous n'en sommes à peu près pas responsables - ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas essayer de faire de son mieux pour y contribuer, mais dans la limite du raisonnable, et sans culpabiliser : si le cours n'est pas fini le jour j comme prévu, eh bien il sera fini le jour j + 1 ; si on n'a pas avancé assez pour donner les exercices prévus, eh bien on les donnera la prochaine fois ; etc.

Voilà, à chaud, quelques trucs qui me viennent à l'esprit, et qui ne concernent pas le plus épuisant, qui est bien entendu (selon moi) la gestion de classe ; j'ai la chance d'en avoir très peu à faire dans mon nouveau poste, et j'espère que ça durera ; à mon faible niveau d'expérience, je n'ai pas vraiment de conseil à donner, à part peut-être essayer en amont d'en avoir à faire le moins possible, en choisissant ses niveaux ou en mutant vers un établissement moins difficile... mais ce n'est évidemment pas toujours possible, et toujours aléatoire.
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par clélia Sam 25 Sep 2021 - 14:42
Pour tenir les très longues journées, il faut veiller à économiser son énergie en classe mais aussi entre les cours. Dans la mesure du possible, je ne prévois rien à faire le lundi pendant la récréation et la pause déjeuner : j'anticipe mes photocopies et je repousse les autres corvées si c'est possible, histoire de me garder de vraies coupures même très courtes.

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Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
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par eliam Sam 25 Sep 2021 - 14:42
Géseb a écrit:Ah oui, et lors d'une visite conseil on m'a conseillé aussi de proposer aux élèves de faire un petit dessin dans la marge, après la découverte du texte. J'avoue que je n'ai pas testé, étant avec des secondes, je me suis dit que le dessin n'était pas une bonne idée. Mais en collège ? Ça peut marcher... Et ça évite le "roman"
Sinon, selon ce que je fais travailler, je leur demande de surligner les mots du texte... Ils ont l'impression de moins écrire 😉
Je suis très étonnée du conseil donné. Après lecture du texte, les élèves doivent chercher des pistes d'analyse, ils doivent donc annoter souligner etc. La marge ne peut pas pas être envahie par un dessein. J'espère que ce n'est pas un ipr de lettres qui a donné ce conseil.
eliam
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par eliam Sam 25 Sep 2021 - 14:58
Ascagne a écrit:
lene75 a écrit:J'ai du mal avec toutes les pédagogies actives, les mises en exercice des élèves, etc., parce qu'à la fin, quand même, on récupère des élèves qui ne tiennent pas la route, en fin de course, en terminale, on voit quand même la différence avec les élèves qui ont eu des cours plus exigeants.
La question que je me pose perpétuellement en ce qui concerne les nouvelles méthodes pédagogiques : où s'arrête la prise en compte légitime de la psychologie des élèves, où commence la complaisance envers cette même psychologie ? Je ne parle pas ici des bavardages, de l'impolitesse, bien sûr, mais du reste. Quand je tombe sur certains textes de pédagogie, je suis perplexe : je veux bien croire qu'un cours organisé autour de peu d'activités, s'étalant donc sur la durée de la séance, ça ennuie des collégiens, et qu'on veuille dynamiser les choses. Très bien - et ce sont des collégiens. Maintenant, ça me trouble de voir qu'on considère normal qu'il faille absolument varier les activités aussi en seconde, en première, précisément à des âges où l'idée devrait être d'endurcir l'endurance d'attention des adolescents, entre autres. Bien sûr, je n'oublie pas qu'ils ont des journées de cours chargées, et qu'ils doivent déjà passer d'une matière à l'autre.
Il faut que les élèves soient toujours actifs : en effet, ils s'ennuient lorsqu'ils doivent seulement écouter. Mais du coup, qu'est-ce qui se passe lorsqu'ils devront, eh bien, écouter, lorsqu'ils seront plus grands ? Dans la vie professionnelle, à la fac, ou dans telle conférence/dans tel débat sur des enjeux essentiels pour l'avenir de la société ?
Il faut "intéresser les élèves". T
Je suis dans un lycée de niveau tout à fait correct sans plus et, d'expérience, ce qui intéresse les élèves, ce sont des cours de qualité même les classes un peu plus faible. Chaque fois que j'ai eu des problèmes avec une classe, c'est parce qu'elle était désagréable au départ, indépendamment de la qualité du cours ( désagréable quelle que soit la matière et l'enseignant), jamais à cause du cours lui-même.
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