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Caspar
Prophète

 - Nathalie Mons (CNESCO) «il faut de la mixité dans les classes mais pas avec des écarts scolaires trop importants.» - Page 4 Empty Re: Nathalie Mons (CNESCO) «il faut de la mixité dans les classes mais pas avec des écarts scolaires trop importants.»

par Caspar Mar 20 Oct - 19:59
J'arrive un peu tard mais est-ce qu'il ne serait pas plus claire de parler de mixité sociale. Au sens propre la mixité ça concerne le mélange de filles et de garçons non? (Question qui semble ridicule en France mais qui revient régulièrement sur le tapis aux USA où il existe encore des écoles privées non-mixtes, tout comme en Grande Bretagne d'ailleurs).
Moonchild
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Sage

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par Moonchild Mar 20 Oct - 20:11
Ronin a écrit:Pour rebondir sur cette conversation, jetez vous sur ce livre :

https://www.neoprofs.org/t83603p720-nos-dernieres-lectures-tome-4#3332329
Dans le descriptif des éditions du seuil, on peut lire ça :
Ce livre montre comment, au nom d’une conception savante et idéalisée de la « vraie lecture », les aspects pratiques et techniques de cet apprentissage fondamental ont progressivement été déniés et délégitimés.
Quand je repense au discours de notre inspection et des autres promoteurs des innovations pédagogiques qui n'ont eu de cesse de répéter que la technicité calculatoire était inutile tant qu'on faisait "raisonner" les élèves, j'ai l'impression qu'on pourrait parfaitement retranscrire cette phrase dans le cas des maths (au moins dans le secondaire, je connais moins bien ce qui se passe au primaire) : il s'est développé une conception savante et idéalisée de la « vraie activité mathématique », les aspects pratiques et techniques de cet apprentissage fondamental ont progressivement été déniés et délégitimés.

Elyas a écrit:Ensuite, la différenciation n'est un processus uniforme et univoque, il en existe des dizaines de formes. Et comme le dit la dame qui a donné lieu à ce fil, il ne faut pas que dans une classe les différences de niveau soit trop fort sinon ça tue tout. Pour les maths, je ne dirai rien, je ne m'y connais pas. Mais en lettres, HG et SVT, dire que la différenciation est du pipeau, c'est faux.
Elyas, connais-tu un prof de maths qui pratique la différenciation avec succès ?

Nous avons déjà eu cette discussion, mais d'après ce que j'ai compris en parlant avec mes collègues, il y a en histoire une méthodologie bien définie qui est applicable à l'étude de n'importe quel sujet. De plus, si on excepte les élèves vraiment illettrés, et si on prend le précaution d'écarter les sujets demandant trop de prérequis, on peut raisonnablement penser pouvoir faire travailler des élèves de niveaux différents sur les mêmes documents historiques en adaptant les attentes en fonction de leur niveau. Dans ces conditions, la différenciation peut sans doute fonctionner dans une certaine mesure et même parfois faire progresser certains élèves dans l'acquisition progressive de cette méthodologie, mais suffit-elle à remédier à l'ensemble des lacunes qui n'ont pas été précédemment prises en charge par une institution qui désormais pratique le passage systématique dans la classe supérieure quel que soit le niveau acquis ? Car c'est bien ce qui est suggéré par les réformateurs.

Maintenant, pour en revenir aux maths, il n'existe aucune méthodologie générale permettant de traiter n'importe quel sujet ; les méthodes employées pour résoudre un problème dépendent de la configuration rencontrée, ce qui demande d'avoir suffisamment étudié ces méthodes pour les avoir assimilées au point d'être capable de reconnaître les contextes dans lesquelles elles sont applicables - certains raisonnements fréquents devant même devenir de véritables réflexes.
En réalité, l'essentiel du raisonnement mathématique au niveau du secondaire repose sur des automatismes : c'est est non seulement un travail de compréhension mais aussi de mémoire des situations déjà rencontrées. Lorsqu'ils n'ont pas les automatismes nécessaires à un niveau donné, les élèves peuvent rester devant un exercice comme vous ou moi resterions devant un texte dont les trois-quarts des mots ont été effacés ; dans ce cas, la différenciation ne peut rien.

ycombe a écrit:Le problème pour moi est plus profond que ça. On a dans les classes de 4e/3e des élèves qui sont tellement en décalage avec le reste de la classe qu'on peut prédire leur orientation en LP sans se tromper. Pour ces élèves là, ce n'est pas de classe de niveau qu'il faudrait parler, mais d'un parcourt adapté en vue de préparer le LP. Ça nous permettrait de tirer les autres vers le haut, au lieu qu'ils soient tirés vers le bas pour cause de classes pourries par le niveau d'hétérogénéité.
Mais il faudrait pour ça renoncer à pratiquer le déni et accepter de reconnaître les différences de niveau lorsqu'elles sont avérées et qu'il est trop tard pour les combler.
Hermione0908
Hermione0908
Modérateur

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par Hermione0908 Mar 20 Oct - 20:54
Elyas a écrit:En consequence, rien ne peut fonctionner. Et si des collègues dans les mêmes conditions y arrivent, cela relève du miracle.

Tu l'as toi-même soulevé plusieurs fois, la formation à ce sujet est étique. Je n'ai eu qu'une vague évocation de pédagogies différentes à l'IUFM, et encore, on nous a cité des noms en gros, parmi lesquels Freinet par exemple.
Peut-être que si on avait, dès le départ, une solide formation à ce sujet, on serait moins effrayés par cette fameuse différenciation. Personnellement, j'aimerais vraiment m'y confronter plus, mais je ne sais pas par quel bout attaquer les choses. Mais depuis l'IUFM, j'ai eu des injonctions de différenciation, sans que jamais on me donne les moyens d'y parvenir vraiment, ou qu'on nous propose de solides bases théoriques dont nous aurions pu faire notre miel pour trouver notre façon de faire. Bon, je t'avoue aussi que 8 ans de vagabondage pédagogique entre le stage et les 7 années de tézédariat qui ont suivi n'ont pas aidé.

Ce que soulevait aussi l'un des membres sur ce fil (mes confuses, j'ai oublié qui c'était), c'est qu'effectivement, nos classes regroupent des élèves de niveaux dont l'écart est abyssal. En sixième, j'ai par exemple dans la même classe et pour prendre les deux extrêmes un élève qui devrait être scolarisé en ITEP, incapable de recopier au tableau, et à l'autre bout une excellent élève qui comprend tout, vite et bien, et s'exprime bien, à l'écrit et à l'oral, et lit bien (vaste tâche aussi ça en sixième de les faire lire correctement). En troisième pareil, j'ai un élève qui est passé à l'ancienneté, dont le dossier indique qu'en fin de CM2, il était je cite "inenvisageable" qu'il fasse un collège "normal" et dont l'orientation en SEGPA a été refusée par la famille. Et à deux tables d'écart, j'ai un élève que je pourrais commencer à préparer aux méthodes du commentaire et de la LA en lycée, oui, même là mi-octobre.
Comment gérer cet écart ? C'est une vraie question, pas une question piège, pas spécialement une question pour toi en particulier. Mais moi ça me mine aussi de voir que je ne suis pas capable de gérer cette hétérogénéité, j'ai l'impression de faillir à ce qu'on me demande, et de ne travailler que pour les bons élèves, à mon corps défendant.

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