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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par sifi Jeu 29 Sep 2016 - 8:20
Bonjour!
j'ai besoin de vos lumières.
J'ai passé 15 jours avec mes deux 4èmes à travailler sur les temps du récit au passé: passé simple, imparfait, plus-que-parfait, passé antérieur. Nous y avons passé des heures. Nous avons fait des exercices, répété, répété, répété. J'ai fait parler chaque élève, plusieurs fois.
L'évaluation est une catastrophe.
Ce n'est pas la conjugaison qui pêche tant que ça, mais les valeurs: j'ai des élèves qui confondent allégrement tout, énormément de monde qui n'est pas capable de me donner l'infinitif de "il fut" (faire, donc), ne parlons pas de celui de "elle avait porté"... J'ai même un élève (sérieux) qui mélange infinitif et terminaison, temps et valeur (du type le verbe est à l'imparfait et sa valeur est plus-que-parfait).

J'ai sans doute fait une erreur en mettant les 4 temps ensemble (sachant qu'ils l'ont vu en 5ème et en 6ème pour les temps simples!), je voulais leur montrer que c'est un système qui fonctionne ensemble. Ce qui me choque aussi, c'est qu'il y a encore 2/3 ans, sur le même type d'évaluation, les 3/4 des élèves avaient des notes entre 8 et 10 (sur 10) , et justement ces petits contrôles de grammaire permettaient de bien remonter les moyennes. Maintenant, les contrôles de grammaire les coulent. Tout ce que j'ai demandé dans l'éval, on l'a vu en cours (uniquement des questions du type "quel est l'infinitif de ce verbe? quel est son temps? Expliquez sa valeur").

Bref...
La question est, qu'est-ce que je fais maintenant? J'ai le sentiment en corrigeant les copies que le cours n'a pas été appris rigoureusement (simplement lu, sans doute), et surtout qu'ils ne cherchent pas. J'ai l'impression qu'ils tentent un truc un peu au hasard...

Je pense éventuellement proposer une séance de remédiation à partir d'exercices différenciés (en commençant par "je donne l'infinitif du verbe"), et un deuxième contrôle sur 10, dont j'additionnerai la note avec celui-ci? Qu'en dites-vous?

Je précise (pour ceux qui diront que ce que je fais est trop dur) que je suis dans un collège tranquille, qui a la réputation d'être le meilleur de la région, avec des élèves globalement plutôt favorisés. Le niveau d'exigence a toujours été élevé, et ce type d'exercice n'a jamais posé problème par le passé.


Dernière édition par Equipe de modération le Jeu 29 Sep 2016 - 8:34, édité 1 fois (Raison : Typographie dans le titre)
egomet
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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par egomet Jeu 29 Sep 2016 - 8:45
As-tu essayé de faire apprendre par coeur le tableau complet d'un seul verbe, histoire qu'ils associent clairement une forme et un temps? Je constate que les élèves font de mauvaises associations, souvent sur la base d'indices très faibles (-ai, c'est aussi bien le futur que le passé). Quand on étudie les valeurs des temps au collège, ça peut être la source de beaucoup de confusions, si on leur dit qu'un présent peut servir de passé ou qu'on évoque l'étrangeté d'un futur dans le passé.

Le verbe faire est intéressant à cet égard, car il est sans ambiguïtés. Chaque forme correspond à un seul temps, ce qui est rarement le cas pour les autres verbes. Autre avantage, tout le monde le connait en fait. Les élèves doivent juste apprendre à reconnaître des formes qu'ils utilisent déjà. Tu leur expliques que ça servira ensuite à trouver celles qu'ils ne connaissent pas encore. Ils sauront dans quelles lignes du Bescherelle ils devront chercher.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par User21929 Jeu 29 Sep 2016 - 9:35
sifi a écrit:Bonjour!
j'ai besoin de vos lumières.
J'ai passé 15 jours avec mes deux 4èmes à travailler sur les temps du récit au passé: passé simple, imparfait, plus-que-parfait, passé antérieur. Nous y avons passé des heures. Nous avons fait des exercices, répété, répété, répété. J'ai fait parler chaque élève, plusieurs fois.
L'évaluation est une catastrophe.
Ce n'est pas la conjugaison qui pêche tant que ça, mais les valeurs: j'ai des élèves qui confondent allégrement tout, énormément de monde qui n'est pas capable de me donner l'infinitif de "il fut" (faire, donc), ne parlons pas de celui de "elle avait porté"... J'ai même un élève (sérieux) qui mélange infinitif et terminaison, temps et valeur (du type le verbe est à l'imparfait et sa valeur est plus-que-parfait).

J'ai sans doute fait une erreur en mettant les 4 temps ensemble (sachant qu'ils l'ont vu en 5ème et en 6ème pour les temps simples!), je voulais leur montrer que c'est un système qui fonctionne ensemble. Ce qui me choque aussi, c'est qu'il y a encore 2/3 ans, sur le même type d'évaluation, les 3/4 des élèves avaient des notes entre 8 et 10 (sur 10) , et justement ces petits contrôles de grammaire permettaient de bien remonter les moyennes. Maintenant, les contrôles de grammaire les coulent. Tout ce que j'ai demandé dans l'éval, on l'a vu en cours (uniquement des questions du type "quel est l'infinitif de ce verbe? quel est son temps? Expliquez sa valeur").

Bref...
La question est, qu'est-ce que je fais maintenant? J'ai le sentiment en corrigeant les copies que le cours n'a pas été appris rigoureusement (simplement lu, sans doute), et surtout qu'ils ne cherchent pas. J'ai l'impression qu'ils tentent un truc un peu au hasard...

Je pense éventuellement proposer une séance de remédiation à partir d'exercices différenciés (en commençant par "je donne l'infinitif du verbe"), et un deuxième contrôle sur 10, dont j'additionnerai la note avec celui-ci? Qu'en dites-vous?

Je précise (pour ceux qui diront que ce que je fais est trop dur) que je suis dans un collège tranquille, qui a la réputation d'être le meilleur de la région, avec des élèves globalement plutôt favorisés. Le niveau d'exigence a toujours été élevé, et ce type d'exercice n'a jamais posé problème par le passé.

On constate la même chose, ce qui était simple hier ne l'est plus aujourd'hui heu

Mékoikicépacé !?

Je suis désespéré de devoir passer toujours plus de temps d'année en année. C'est usant.
Rabelais
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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par Rabelais Jeu 29 Sep 2016 - 10:48
De même...en très peu d'années, un fossé s'est creusé.
Dans la compréhension, la mise au travail, les capacités et la volonté d'apprendre .
Je garderais la note en changeant le coef prévu et ferais, comme toi, beaucoup de remédiation.( les temps les uns après les autres...et moins de litterature ..Sniff)

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par Anarore Jeu 29 Sep 2016 - 10:50
Je viens de faire le même genre d'évaluation, et constat identique : ce n'est pas assez appris, ou répété malgré les heures passées dessus. J'ai décidé de faire comme en anglais : un verbe complet par semaine aux principaux temps de l'indicatif à apprendre par coeur, et toute les semaines petite interro sur ce verbe.

Pour ton évaluation : soit tu fais une remédiation et tu remontes les notes après avoir vérifié le travail de chacun, soit tu laisses tel quel (mais en variant peut-être le coeff), soit tu ne la compte pas et tu en refais une après remédiation.

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"En dépit de tout ce qu'on peut vous raconter, les mots et les idées peuvent changer le monde." - Le Cercle des Poètes Disparus

"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce? Un serment fait d'un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui se veut confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d'un peu se respirer le coeur, et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!" - Cyrano de Bergerac
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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par egomet Jeu 29 Sep 2016 - 12:50
Pour l'évaluation ratée, tu peux attribuer un bonus pour la correction. Par exemple, tu ajoutes 2 ou 3 points selon la qualité de la correction. Tu peux exiger une réécriture complète des réponses.

Tant pis pour ceux qui ne le font pas. Pas de bras, pas de chocolat!

C'est un système qui demande pas mal de travail pour le professeur, mais qui peut s'appliquer même quand l'évaluation est réussie. Je l'ai pratiqué avec succès pour les rédactions. 1er jet, 2e jet, je note le progrès, quels que soient le niveau de départ et le niveau atteint. Ça permet de récompenser le travail sans trop regarder la performance.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par clélia Jeu 29 Sep 2016 - 17:06
Beaucoup d'élèves n'apprennent pas, tout simplement. Au mieux, ils lisent deux fois le cours et c'est fait. Je donne aux 5e des tests de conjugaison très simples. Ils savent quels verbes préparer. Eh bien, les résultats sont très moyens. Je leur ai dit que les résultats n'étaient pas suffisants et je leur ai expliqué comment travailler : réciter les verbes sur un brouillon, comparer avec le bescherelle, recopier les formes pour lesquelles on s'est trompé, recommencer le lendemain, etc. A leur tête, j'ai compris que la plupart ne prépare pas grand chose...

_________________
Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
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par egomet Jeu 29 Sep 2016 - 21:11
clélia a écrit:Beaucoup d'élèves n'apprennent pas, tout simplement. Au mieux, ils lisent deux fois le cours et c'est fait. Je donne aux 5e des tests de conjugaison très simples. Ils savent quels verbes préparer. Eh bien, les résultats sont très moyens. Je leur ai dit que les résultats n'étaient pas suffisants et je leur ai expliqué comment travailler : réciter les verbes sur un brouillon, comparer avec le bescherelle, recopier les formes pour lesquelles on s'est trompé, recommencer le lendemain, etc. A leur tête, j'ai compris que la plupart ne prépare pas grand chose...

Là, ça pose le problème plus général des incitations. Avec les passges automatiques, les systèmes d'évaluation tordus et "bienveillants", il devient difficile de pousser les élèves au travail, surtout sur des sujets un peu austères comme les conjugaisons.
Malheureusement, nous avons peu de prises sur cette question, qui relève avant tout de la politique.
Nous ne pouvons qu'essayer d'améliorer nos cours.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par sifi Ven 30 Sep 2016 - 5:03
En un sens, vous me rassurez car je vois que c'est pareil partout...
mais...
c'est extrêmement inquiétant! Qu'est-ce qui arrive à cette génération? J'en parlais aussi avec des collègues qui me disaient qu'ils les trouvent extrêmement focalisés sur les jeux vidéos, sur internet, etc... toutes leurs conversations, leurs centres d'intérêt tournent autour de cela.
J'ai aussi l'impression que c'est une sorte de génération du "zapping": on passe rapidement d'une chose à une autre, on n'approfondit rien, et le pire c'est que la réforme du collège va dans ce sens, avec les séquences courtes, focalisées sur un ou deux points pas plus...

Après, merci pour vos bons conseils. Comme ce contrôle était sur 10, je vais faire une séance de remédiation, puis un autre contrôle sur 10 que j'additionnerai à celui-là. Cela permettra aux plus volontaires de se rattraper. Ceci dit, je vais perdre beaucoup de temps (pris sur la littérature Rolling Eyes) moi qui voulais terminer ma séquence avant les vacances, je crois que c'est foutu...
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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par sifi Ven 30 Sep 2016 - 5:06
egomet a écrit:
clélia a écrit:Beaucoup d'élèves n'apprennent pas, tout simplement. Au mieux, ils lisent deux fois le cours et c'est fait. Je donne aux 5e des tests de conjugaison très simples. Ils savent quels verbes préparer. Eh bien, les résultats sont très moyens. Je leur ai dit que les résultats n'étaient pas suffisants et je leur ai expliqué comment travailler : réciter les verbes sur un brouillon, comparer avec le bescherelle, recopier les formes pour lesquelles on s'est trompé, recommencer le lendemain, etc. A leur tête, j'ai compris que la plupart ne prépare pas grand chose...

Là,  ça pose le problème plus général des incitations. Avec les passges automatiques, les systèmes d'évaluation tordus et "bienveillants", il devient difficile de pousser les élèves au travail, surtout sur des sujets un peu austères comme les conjugaisons.
Malheureusement,  nous avons peu de prises sur cette question, qui relève avant tout de la politique.
Nous ne pouvons qu'essayer d'améliorer nos cours.

Je trouve aussi qu'il y a un souci de suivi au niveau des parents. De mon temps Échec généralisé à l'éval : que faire ?  2289946511 ma mère me laissait travailler seule, mais a toujours veillé à ce que j'approfondisse, m'a donné des astuces quand je ne savais pas comment faire. C'est elle, finalement, qui m'a montré comment approfondir. Actuellement, j'ai l'impression que beaucoup de parents laissent leurs gamins se débrouiller de A à Z, sont souvent au travail (sans reproche de ma part!!) et les gamins sont beaucoup plus livrés à eux-mêmes.
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par egomet Ven 30 Sep 2016 - 6:28
sifi a écrit:En un sens, vous me rassurez car je vois que c'est pareil partout...
mais...
c'est extrêmement inquiétant! Qu'est-ce qui arrive à cette génération? J'en parlais aussi avec des collègues qui me disaient qu'ils les trouvent extrêmement focalisés sur les jeux vidéos, sur internet, etc... toutes leurs conversations, leurs centres d'intérêt tournent autour de cela.
J'ai aussi l'impression que c'est une sorte de génération du "zapping": on passe rapidement d'une chose à une autre, on n'approfondit rien, et le pire c'est que la réforme du collège va dans ce sens, avec les séquences courtes, focalisées sur un ou deux points pas plus...

Les incitations envoyées par le système scolaire sont quand même déterminantes. Les excuses sociologiques et technologiques sont un peu faciles. On prend les enfants très jeunes, on les prend sur une très grosse proportion de leur temps éveillé. De plus, les familles d'aujourd'hui ont toutes peu ou prou une culture scolaire. L'école dispose d'un pouvoir énorme. C'est bien pour ça que les politiciens aiment se pencher à son chevet.

En revanche, les erreurs du ministère se transforment naturellement en phénomènes de société. La contrepartie du monopole public...

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par egomet Ven 30 Sep 2016 - 6:46
sifi a écrit:
egomet a écrit:
clélia a écrit:Beaucoup d'élèves n'apprennent pas, tout simplement. Au mieux, ils lisent deux fois le cours et c'est fait. Je donne aux 5e des tests de conjugaison très simples. Ils savent quels verbes préparer. Eh bien, les résultats sont très moyens. Je leur ai dit que les résultats n'étaient pas suffisants et je leur ai expliqué comment travailler : réciter les verbes sur un brouillon, comparer avec le bescherelle, recopier les formes pour lesquelles on s'est trompé, recommencer le lendemain, etc. A leur tête, j'ai compris que la plupart ne prépare pas grand chose...

Là,  ça pose le problème plus général des incitations. Avec les passages automatiques, les systèmes d'évaluation tordus et "bienveillants", il devient difficile de pousser les élèves au travail, surtout sur des sujets un peu austères comme les conjugaisons.
Malheureusement,  nous avons peu de prises sur cette question, qui relève avant tout de la politique.
Nous ne pouvons qu'essayer d'améliorer nos cours.

Je trouve aussi qu'il y a un souci de suivi au niveau des parents. De mon temps Échec généralisé à l'éval : que faire ?  2289946511 ma mère me laissait travailler seule, mais a toujours veillé à ce que j'approfondisse, m'a donné des astuces quand je ne savais pas comment faire. C'est elle, finalement, qui m'a montré comment approfondir. Actuellement, j'ai l'impression que beaucoup de parents laissent leurs gamins se débrouiller de A à Z, sont souvent au travail (sans reproche de ma part!!) et les gamins sont beaucoup plus livrés à eux-mêmes.

Les parents sont plus instruits qu'autrefois. Et je veux croire qu'ils aiment autant leurs enfants.
Mais il y a plus de divorces, plus de familles monoparentales. Le retour du travail féminin était sans doute désirable, mais il se paie en termes d'éducation. Les choix de société sont difficiles et ont des conséquences (inattendues?) qu'il faut bien assumer. Dans le même ordre d'idées, la réduction de la taille des familles réduit la transmission des gestes éducatifs d'une génération à l'autre. On ne voit plus les parents éduquer un petit frère ou un neveu. On recherche de la documentation pour des choses aussi simples que changer une couche.

Un autre problème, qui se pose pour tout éducateur, y compris les professeurs, c'est le regard d'autrui. Trop de gens disent aux uns et aux autres comment éduquer, si bien qu'on ne se sent jamais totalement légitime pour le faire. Il y a aussi beaucoup d'encouragements à s'en remettre à des professionnels à la première difficulté (psy, orthophoniste, éducateur spécialisé, nourrice agréée etc.) de sorte qu'on peut se sentir dépassé par l'acte éducatif.

Je vois assez peu de négligence ou de démission finalement. Beaucoup de chevauchements de responsabilité en revanche.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par RogerMartin Ven 30 Sep 2016 - 7:13
En tant que parent, je constate que je suis souvent contrainte d'expliquer -- c'était très souvent le cas au primaire, parfois systématique certaines années -- et que parfois j'ai été bien forcée de me substituer à l'enseignant (en particulier pour l'apprentissage de la lecture, de la grammaire, de l'orthographe, voire de techniques opératoires comme la soustraction). Ni mes parents ni ceux de mon mari n'ont jamais eu à mettre le nez dans nos devoirs à la maison, pas parce que nous sommes des génies, mais parce qu'il y avait le temps de faire plus de choses en classe. Jamais mes parents n'ont eu à m'expliquer une règle de grammaire ou d'orthographe, je les apprenais et les notais en classe.
Le peu de vrais moyens horaires et matériels donnés aux PE, la réforme du collège et ses EPI, tout cela ne peut qu'augmenter les inégalités sociales face à l'école.
Hélas, je pense qu'il n'y a pas grand-chose à faire au niveau du collège en classe entière, sauf à refaire de la lecture, de l'écriture comme si les élèves étaient en CP -- on sait bien que les programmes n'en laissent pas le temps, et qu'il y a des élèves qui eux n'ont pas besoin de redoubler le primaire.
Mais le salut est proche : les facs achètent toutes les logiciels de certification Voltaire : les étudiants vont enfin apprendre à 20 ans, mal, à grand peine et grands frais, ce qu'ils auraient pu savoir à dix ans.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par egomet Ven 30 Sep 2016 - 7:31
RogerMartin a écrit:En tant que parent, je constate que je suis souvent contrainte d'expliquer -- c'était très souvent le cas au primaire, parfois systématique certaines années -- et que parfois j'ai été bien forcée de me substituer à l'enseignant (en particulier pour l'apprentissage de la lecture, de la grammaire, de l'orthographe, voire de techniques opératoires comme la soustraction). Ni mes parents ni ceux de mon mari n'ont jamais eu à mettre le nez dans nos devoirs à la maison, pas parce que nous sommes des génies, mais parce qu'il y avait le temps de faire plus de choses en classe. Jamais mes parents n'ont eu à m'expliquer une règle de grammaire ou d'orthographe, je les apprenais et les notais en classe.
Le peu de vrais moyens horaires et matériels donnés aux PE, la réforme du collège et ses EPI, tout cela ne peut qu'augmenter les inégalités sociales face à l'école.

Et pourtant le temps passé à l'école ne cesse d'augmenter. Cherchez l'erreur.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par neomath Ven 30 Sep 2016 - 7:41
egomet a écrit:
clélia a écrit:Beaucoup d'élèves n'apprennent pas, tout simplement. Au mieux, ils lisent deux fois le cours et c'est fait. Je donne aux 5e des tests de conjugaison très simples. Ils savent quels verbes préparer. Eh bien, les résultats sont très moyens. Je leur ai dit que les résultats n'étaient pas suffisants et je leur ai expliqué comment travailler : réciter les verbes sur un brouillon, comparer avec le bescherelle, recopier les formes pour lesquelles on s'est trompé, recommencer le lendemain, etc. A leur tête, j'ai compris que la plupart ne prépare pas grand chose...

Là,  ça pose le problème plus général des incitations. Avec les passges automatiques, les systèmes d'évaluation tordus et "bienveillants", il devient difficile de pousser les élèves au travail, surtout sur des sujets un peu austères comme les conjugaisons.
Malheureusement,  nous avons peu de prises sur cette question, qui relève avant tout de la politique.
Nous ne pouvons qu'essayer d'améliorer nos cours.
C'est le cœur du problème.
Nos élèves sont, depuis la petite section de maternelle, sur un tapis roulant qui les mènera quoi qu'il arrive en terminale à 17 ans.
Comment voulez vous dans ces conditions que des gamins apprennent des trucs aussi chi...t que les conjugaisons ou les tables de multiplication ?

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par Puck Ven 30 Sep 2016 - 7:44
Il y a néanmoins des réflexes qui ne se mettent pas en place avec le système "Voltaire". Cela fonctionne pour des étudiants ayant déjà le sens de là grammaire, si j'ose dire.
Un ami, PU de latin à Aix, me disait qu'ils ont une étudiante de L3, bosseuse et "méritante", qui n'arrive pas à comprendre/ingérer/ assimiler le système et le maniement des cas. Elle veut sa licence pour être institutrice (je suis désolée, j'adore ce mot et tout ce qu'il implique), elle ne l'aura pas encore cette année (3e tentative) et la mort dans l'âme, les professeurs lui conseillent une autre filière. Elle n'est pas idiote, elle découvre trop tard ce système et beaucoup de collègues du supérieur reconnaissent que l'apprentissage des LA à l'université se heurte à ce manque d'assouplissement de l'esprit devant la grammaire.
Ma jeune collègue de LM a dit à mes ex-6e que "ils sont aimés" étaient du passé composé. Ils ont été horrifiés. Je les retrouve en latin 4e (en horaire de complément donc 2h/semaine), ils sont au chapitre 4 des vieux Magnard et on va attaquer les déponents. Ils ne sont pas exceptionnels. C'était des gosses qui étaient prêts à bouffer de la grammaire. On avait terminé en 6e avec l'attribut du cod et la tournure passive pour bien vérifier s'il s'agissait de l'épithète ou de l'attribut. Les gosses sont les mêmes que nous qui avions des horaires forts (je suis de la génération latin en 6e). J'ai envie de pleurer de rage devant le massacre que l'on fait subir à nos élèves et/ou enfants. L'élitisme se renforce car les gosses qui seront accompagnés à la maison seront bien meilleurs que les autres. C'est une évidence.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par clélia Ven 30 Sep 2016 - 8:08
egomet a écrit:
Et pourtant le temps passé à l'école ne cesse d'augmenter. Cherchez l'erreur.

Oui, moi aussi, ça me donne envie de pleurer. On a quand même des jeunes (prenons les 3e) qui pour la plupart son venus s'asseoir pendant 10 ans tous les jours sur les bancs d'une classe et qui sont incapables d'écrire une page compréhensible et sans faute. Je suppose que c'est la même chose pour calculer un volume ou un pourcentage... Il y a bien un souci.

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par Iphigénie Ven 30 Sep 2016 - 8:14
Apparemment la seule réponse que le système trouve face à ce désastre c'est de travailler sur la notation: nous avons des médecins qui devant la fièvre cherchent à passer les valeurs du thermomètre de Farenheit en Celsius...
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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par sifi Ven 30 Sep 2016 - 9:24
egomet a écrit:

Les parents sont plus instruits qu'autrefois. Et je veux croire qu'ils aiment autant leurs enfants.
Mais il y a plus de divorces, plus de familles monoparentales. Le retour du travail féminin était sans doute désirable,  mais il se paie en termes d'éducation. Les choix de société sont difficiles et ont des conséquences (inattendues?)  qu'il faut bien assumer. Dans le même ordre d'idées,  la réduction de la taille des familles réduit la transmission des gestes éducatifs d'une génération à l'autre. On ne voit plus les parents éduquer un petit frère ou un neveu. On recherche de la documentation pour des choses aussi simples que changer une couche.

Un autre problème,  qui se pose pour tout éducateur,  y compris les professeurs, c'est le regard d'autrui. Trop de gens disent aux uns et aux autres comment éduquer,  si bien qu'on ne se sent jamais totalement légitime pour le faire. Il y a aussi beaucoup d'encouragements à s'en remettre à des professionnels à la première difficulté (psy, orthophoniste,  éducateur spécialisé,  nourrice agréée etc.)  de sorte qu'on peut se sentir dépassé par l'acte éducatif.

Je vois assez peu de négligence ou de démission finalement. Beaucoup de chevauchements de responsabilité en revanche.

Qu'on se comprenne bien: je ne critique en rien les parents! Je suis moi-même maman d'élève, et je constate, comme toi, que je dois prendre en main toute une partie du travail de mes enfants. Il se trouve que ma fille est du genre "laborieuse": elle comprend très bien, mais il lui faut du temps, de la répétition, de la patience. Autant de choses que les enseignants n'ont plus.
Je sais pertinemment qu'une partie de mes élèves aurait besoin de faire plusieurs heures d'entraînement à la conjugaison, par exemple, simplement, je n'ai pas ces heures. Ou alors je ne fais plus que ça. Si la famille n'est pas à même, pour beaucoup de raisons parfaitement justifiées, d'aider leur enfant, ils ne s'en sortent pas seuls. Les solutions existent, on les connaît, mais le système actuel va complètement à l'encontre de cela.
Un enfant dont la famille n'est pas en capacité de le suivre ne pourra pas réussir dans un tel système.
Telenn-Ys
Telenn-Ys
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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par Telenn-Ys Dim 2 Oct 2016 - 14:20
Je ne sais pas si je peux dire que je suis rassurée mais je commençais sérieusement à me remettre en question après ma première évaluation de l'année sur la poésie. Malgré des fiches de révisions sur les notions importantes élaborées avec les élèves lors de l'AP pour préparer l'évaluation, rien à faire, beaucoup trop d'élèves confondent vers/strophes/rimes. Comment est-ce possible ? C'est du vocabulaire que nous avons utilisé presque tous les jours... L'échec est, chez moi aussi, généralisé pour cette première évaluation... Je remarque que les élèves qui ont le mieux réussi sont ceux qui sont les plus actifs en classe, ils ont obtenu de très bons résultats. Ce que je remarque également c'est que ceux qui mélangent tous les termes de vocabulaire sont également ceux qui écrivent des réponses parfois incompréhensibles : syntaxe abominable et orthographe phonétique. Le pire, c'est qu'ils regardent le plafond 15 à 20 min avant la fin de l'heure et m'affirment avoir relu leur travail ! Exemple d'un élève qui avait largement fini avant la fin de l'heure et qui écrit "strofe" alors qu'il est écrit "strophe" dans la question juste au-dessus. Il est en 5ème et il sait qu'il est dyslexique, pourquoi n'a-t-il pas utilisé tout le temps qu'il avait pour vérifier s'il avait bien recopié certains mots ? J'ai l'impression que de moins en moins d'élèves ont le goût du travail bien fait.

Nous avons fait beaucoup d'efforts avec mes collègues cette année pour mettre les élèves en action via des activités d'écriture ou des travaux en groupes dans la plupart de nos séances, malgré cela je trouve qu'il est devenu très difficile de capter leur attention. Ce n'est pas trop dans mon habitude de voir le verre à moitié vide mais cette première évaluation m'inquiète vraiment.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par ysabel Dim 2 Oct 2016 - 15:23
Telenn-Ys a écrit: beaucoup trop d'élèves confondent vers/strophes/rimes. Comment est-ce possible ?

Au lycée aussi... et beaucoup ne savent pas la différence entre vers et prose.
Cette semaine, je demandais aux secondes de chercher les types de vers dans une fable de La Fontaine, une élève m'appelle pour savoir si on prononce le e final à un mot, je lui demande si le mot suivant commence par une voyelle ou une consonne ; il lui a fallu un certain temps et réciter la liste des voyelles pour pouvoir répondre.

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Échec généralisé à l'éval : que faire ?  Empty Re: Échec généralisé à l'éval : que faire ?

par Olympias Dim 2 Oct 2016 - 17:45
RogerMartin a écrit:En tant que parent, je constate que je suis souvent contrainte d'expliquer -- c'était très souvent le cas au primaire, parfois systématique certaines années -- et que parfois j'ai été bien forcée de me substituer à l'enseignant (en particulier pour l'apprentissage de la lecture, de la grammaire, de l'orthographe, voire de techniques opératoires comme la soustraction). Ni mes parents ni ceux de mon mari n'ont jamais eu à mettre le nez dans nos devoirs à la maison, pas parce que nous sommes des génies, mais parce qu'il y avait le temps de faire plus de choses en classe. Jamais mes parents n'ont eu à m'expliquer une règle de grammaire ou d'orthographe, je les apprenais et les notais en classe.
Le peu de vrais moyens horaires et matériels donnés aux PE, la réforme du collège et ses EPI, tout cela ne peut qu'augmenter les inégalités sociales face à l'école.
Hélas, je pense qu'il n'y a pas grand-chose à faire au niveau du collège en classe entière, sauf à refaire de la lecture, de l'écriture comme si les élèves étaient en CP -- on sait bien que les programmes n'en laissent pas le temps, et qu'il y a des élèves qui eux n'ont pas besoin de redoubler le primaire.
Mais le salut est proche : les facs achètent toutes les logiciels de certification Voltaire : les étudiants vont enfin apprendre à 20 ans, mal, à grand peine et grands frais, ce qu'ils auraient pu savoir à dix ans.
Échec généralisé à l'éval : que faire ?  2252222100  Et les lycées s'y mettent aussi.  furieux
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