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Spengler
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Audience au CSP s'agissant des programmes de philosophie en terminale - Page 2 Empty Re: Audience au CSP s'agissant des programmes de philosophie en terminale

par Spengler Dim 7 Avr - 11:52
Décidément rien n’est bon dans cette réforme .Je constate d’ailleurs qu’ici  et là des résistances  s’organisent en prévoyant le boycott de la première épreuve du bac en juin .
Voici un prgramme que nos prétendus experts sans concertation nous imposent qui ignorent des notions. aussi essentielles afin de comprendre la condition humaine que la conscience , le travail , le bonheur voire le devoir . Deux thèmes peuvent se recouper comme la religion et Dieu , ou liberté et responsabilité .
Quand aux spécialités leur existence est en elle même surprenante .La vocation d’un enseignement de philosophie au lycée est d’etre généraliste ou une initiation , la spécialisation ne peut provenir que d’un choix universitaire .Quand au contenu il est je l’ai déjà dit abscons , illisible ,hors sol .
Nous sommes renvoyés à la vieille question léniniste : que faire ? Ne comptons que sur nous mêmes .Il ne suffit pas de s’en tenir aux dénonciations théoriques et de demander ,plutôt de quémander comme l’Appep , des aménagements ou des corrections mais d’organiser le combat .
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philospirit
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Audience au CSP s'agissant des programmes de philosophie en terminale - Page 2 Empty Re: Audience au CSP s'agissant des programmes de philosophie en terminale

par philospirit Lun 8 Avr - 9:47
Je suis quand même un peu étonné du manque de réactions face à cette ébauche de programme -que j'ai aussi constaté de la part de mes collègues de l'académie-, au motif si j'ai bien compris du "ça aurait pu être pire" (ce qui est vrai). Ce n'est qu'une ébauche certes, mais il ne devrait quand même pas y avoir de changements considérables à mon avis -et ce n'est pas la consultation en mai/juin qui devrait changer grand chose.

Je suis tout à fait d'accord pour dire que le programme des élèves es ST est beaucoup trop lourd. En effet, je note que puisqu'ils ont deux fois moins d'heures de cours, ils devraient logiquement avoir deux fois moins de notions, soit 8. Et évidemment ce calcul est à relativiser puisque nous allons beaucoup moins vite, ou plus lentement avec eux. Donc, 5/6 notions seraient largement suffisant.

Concernant le programme des SG. Il y a en effet beaucoup de choses à dire. D'abord, j'ai l'impression que certains se disent que, au fond, peu importe les notions proposées, seul compte leur traitement philosophique. Et en effet, à peu près tout peut sans doute être interrogé philosophiquement -on pensera à Parménide expliquant à Socrate que le poil, la boue et l’ordure peuvent devenir des objets non méprisables de la réflexion philosophique « lorsque la philosophie s’est (…) emparée de nous ». Et on répondra que certes il est toujours possible de « tordre » le programme et de traiter une notion en en utilisant d’autres qui ont disparu du programme proposé. Mais :
a) jusqu’à quand aurons-nous la possibilité de traiter les notions comme bon nous semble ? Bien sûr, nul traitement ne sera imposé, à court terme du moins. Mais je rejoins la remarque de lene75 : si les sujets de bac sont davantage déterminés, ils nous conduiront naturellement à traiter les notions selon la perspective donnée. Et si l’accent est de plus en plus porté sur les compétences, pardon sur les « gestes philosophiques », alors nous serons amenés à multiplier les exercices -ce qui sera certes plus efficace (avec toutes les conséquences que cette rationalité technique entraîne), mais nous laissera moins de latitude.
b) le choix des notions implique nécessairement une hiérarchie entre elles puisque leur nombre est limité et qu'il faut bien un critère de "sélection". Qu’est-ce qui est fondamental ? Sur quoi doivent nécessairement réfléchir les élèves en terminale ? Sur quoi ne peut-on pas faire l’impasse ? On ne peut pas faire comme si c’était une question secondaire. Dire que la philosophie n’a pas à dire aux élèves ce qu’ils ont à penser, on est d’accord, (et encore : idéalement oui, mais dans les faits non, puisque 1. nous exerçons dans un cadre institutionnel avec ses valeurs et ses orientations qu’il sera manifestement de plus en plus difficile d’interroger 2. nous avons nous-mêmes des partis pris 3. nous sommes nous-mêmes l’objet de déterminations inconscientes justement (psychologiques et sociales notamment) -qui ne sont plus interrogées (Freud et Marx/Bourdieu)). Il serait illusoire et quelque peu prétentieux de prétendre penser de manière parfaitement objective), mais il n’empêche que la détermination des champs et notions oriente tout de même la réflexion selon des directions que l’on est en droit d’interroger.

Je ne comprends pas que le sujet soit remplacé par la « métaphysique ». D’abord, comme il a été dit, ça me paraît une porte d’entrée à la philosophie bien difficile. Par ailleurs, je ne vois pas bien l’unité du champ. Si on part de la définition d’Aristote (science de l’être en tant qu’être), c’est évidemment bien trop large par rapport aux notions proposées. Si on prend la définition de Descartes comme fondement de la connaissance, ça peut marcher pour l’idée de Dieu et pour corps et esprit, mais je ne vois pas bien ce que le désir et l’existence et le temps viendraient faire ici. Si on prend la définition de Kant comme ce qui a pour objets inconnaissables l’âme, le monde et Dieu, je ne vois pas où le monde serait traité et comment pourraient s’inscrire dans une logique d’ensemble le désir et l’existence et le temps. Si en revanche on doit prendre le sens courant de métaphysique comme ce qui relève de l’abstrait, effectivement tout est englobé mais bon.. En gros, ce champ va nous demander bien des « pirouettes ».
L’idée de Dieu n’a à mon sens rien à faire ici. Certes, elle a fait l’objet de réflexions multiples -historiquement parlant-, et personnellement elle m’a longtemps passionné même si je me tourne aujourd’hui vers la spiritualité en général. Mais considère-t-on que l’interrogation sur l’idée de Dieu est essentielle aujourd’hui dans l’acquisition d’une culture commune ? Est-ce une notion essentielle ? Je note par ailleurs que toutes les autres notions ont un ancrage bien réel dans le monde d’aujourd’hui, est-ce le cas pour celle-ci ?… La religion est une notion bien plus importante et plus large, justement placée dans l’anthropologie. Et quels seront les sujets de bac ? Peut-on démontrer l’existence de Dieu ? Peut-on se passer de l’idée de Dieu ? Dieu est-il connaissable ? Dieu donne-t-il un sens à notre existence ?...
Enfin, c’est en effet tout le champ de la subjectivité qui disparaît. Ne doit-on plus chercher à se connaître ? Exit le « connais-toi toi-même » ? C’est une question secondaire, à la fois dans la philosophie, dans le monde d’aujourd’hui et chez nos élèves ? Je rejoins Aion quand elle déplore la disparition de l’inconscient.
Je proteste aussi contre la disparition du travail (place à l’emploi?), du bonheur, de l’orientation uniquement épistémologique du traitement de la technique, mais j’en ai déjà trop dit.

Je ne tiens pas non plus à faire mon râleur et à tout critiquer : le fait qu’il s’agisse toujours d’un programme de notions, la diminution de leur nombre, la réaffirmation de notre liberté pédagogique, la transformation de « matière et esprit » en « corps et esprit », l’introduction du concept scientifique, l’idée de limiter les interactions entre notions pour l’élaboration des sujets par exemple me réjouissent. J’ai conscience également qu’il ne pourra jamais y avoir consensus sur le choix des notions, chacun ayant ses choix et ses orientations. Mais il me semble malgré tout que l’on ne doit pas pour autant minorer l’importance du sujet, et qu’il y a des critiques « objectives » qui peuvent être envisagées.
Aspasie
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Audience au CSP s'agissant des programmes de philosophie en terminale - Page 2 Empty Re: Audience au CSP s'agissant des programmes de philosophie en terminale

par Aspasie Lun 8 Avr - 13:54
Je pense aussi que cette proposition mérite commentaires et analyses, ne serait-ce que parce que, lorsqu'il s'agira d'être consultés, le délai sera si court que si les idées n'ont pas été posées et confrontées avant, elles ne le seront jamais. Mais les informations que nous avons reçues sont fragmentaires... c'est gênant.

Concernant la forme même du programme, je déplore la mise en place des "domaines", notamment dans le but restrictif qui est le leur. On aura beau dire et faire, si les sujets du bac sont faits dans le "domaine" de la notion, alors nous pouvons dire adieu au traitement de la notion hors domaine. Je rejoints sur ce point Lene75 et philospirit : à plus ou moins court terme, nous nous concentrerons tous sur ce qui peut tomber.
Et cela a à mes yeux un effet que je crains, celui de nous porter à une sorte de tendance exhaustive : si l'on aborde la notion de religion dans le strict cadre de l'anthropologie (et pas dans celui de la politique ou de la morale, ni dans celui de la métaphysique ), alors les problèmes que l'on peut poser à partir de cette notion sont considérablement restreints. Il devient possible de les lister, et donc possible de donner aux élèves des plans types pour tout sujet. Si nous ne le faisons pas, par respect pour le geste de pensée, les parascolaires ne s'en priveront pas. Nos élèves réciteront et adapteront au lieu de réfléchir... Et quand bien même d'aucun dirait que c'est déjà ce qu'ils font, il me semble qu'il s'agit d'améliorer les choses, pas de retomber dans les mêmes pièges, plus massivement qui plus est.

Si vraiment l'on souhaite faire disparaître les champs sous le prétexte qu'ils alourdissent le programme, amenant des notions qui ne disent pas leur nom, alors supprimons-les. Mais les remplacer par des domaines ne me convient pas du tout.
D'ailleurs, je ne vois pas au nom de quoi l'on place le langage dans l'épistémologie et pas dans la métaphysique, dans  la morale et la politique ou dans l'anthropologie. Ce rangement par domaines est arbitraire et partant, abusif.

Je trouve aussi le programme de technologiques trop lourd. Mais alors que sacrifier ? Je choisirais de faire disparaître "l'Etat" (qu'on aborde en traitant "la justice" et "la liberté") et "nature et culture" (qu'on aborde à partir de" l'art", de la "religion", du "corps et l'esprit"). Mais c'est un choix éminemment subjectif et fort discutable...

Je suis en revanche plutôt satisfaite de certaines transformations : "le corps et l'esprit" par exemple, me convient bien. Tout comme "sciences et expérience" avec "étude d'un concept etc." A l'inverse, je ne comprends ni la disparition du" travail", ni celle d'"autrui", pas plus que je ne me satisfait de l'introduction de "l'idée de Dieu".

L'extension de la liste des repères est intéressante... à condition que cela s'arrête à un moment ! Je ne vois pas l'intérêt de "vrai/probable/incertain" puisque la notion de "vérité et raison" est au programme.

Pour ce qui est des auteurs, les indications sont pour l'instant si vagues, que je crains qu'on ne puisse en parler réellement.

Et puisque la question est ouverte pour l'épreuve de rattrapage, je me suis demandée ce que je pourrais proposer. L'étude du texte qui a fait l'objet de la lecture suivie est peu probante... la plupart du temps, les élèves sérieux ont appris, les autres pas. On oscille donc entre récitation et néant... pas de quoi évaluer l'élève. Le seul moment où cela est possible, c'est en fait durant l'entretien. Autant supprimer l'exposé alors et laisser 20mn à l'élève pour travailler et comprendre le texte, et ensuite, on passe aux questions en direct, ce sera plus efficace et plus authentique.
L'idée d'une question sur les notions au programme me semble encore pire : on évalue alors soit le cours du collègue, la manière dont il a traité la notion, soit la mémoire de l'élève, la manière dont il a retenu ce qui a été dit ; ou on évalue au fond un peu les deux. Pas convaincant.
Pourquoi pas une problématisation de "mot" ? 20mn pour construire la difficulté, le paradoxe d'un mot simple (enfance, mythe, loisir...) et l'exposer à partir de son analyse et d'un exemple emblématique. Ensuite, l'entretien ouvre le dialogue, un vrai dialogue... Bon, j'ai bien conscience que ce genre de proposition va faire bondir, mais je n'aime pas critiquer sans proposer en même temps...

Bref, il y a à dire et à "faire remonter" sur cette "proposition"... dont je ne suis pas certaine qu'elle mérite le titre de "proposition".
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