Article sur le dernier étudiant en lettres classiques de la fac de Limoges

Article terrible sur la disparition d'une filière. Je vous laisse le lire. 

http://www.leparisien.fr/societe/hugo-29-ans-etudiant-en-lettres-classiques-et-espece-rare-30-05-2019-8082897.php

Hugo Blanchet, alias Hugo Orodru sur les réseaux sociaux, est le dernier étudiant de lettres classiques de la fac de Limoges. Il finit son doctorat dans un département universitaire fantôme. Au Parisien, il raconte son quotidien.

(...)

 Il n’y a plus de postes dans les universités en France en lettres classiques, et il n’y aura bientôt plus de grec ni de latin, enrage-t-il. Aujourd’hui, les plus grands spécialistes mondiaux de langue latine sont aux États-Unis

La description de la bibliothèque abandonnée...

En revanche, il dit n'importe quoi sur les États-Unis. On les prend, on les retourne et on les fume quand on veut.

DesolationRow a écrit:En revanche, il dit n'importe quoi sur les États-Unis. On les prend, on les retourne et on les fume quand on veut.

Cette affirmation m'a un peu surpris également mais je ne maîtrise pas le sujet.

Crois-moi sur parole.

Je te fais confiance. 

Mais pour les postes : est-ce que justement les États-Unis ce ne serait pas une possibilité ? Parce qu'en France, on ne recrute pas à tour de bras dans son domaine.

On ne recrute pas non plus là-bas à tour de bras, et souvent des profils très expérimentés, d'après ce que j'observe. Mais je connais aussi des cas de jeunes chercheurs qui ont trouvé un poste outre-Atlantique, en effet. De toute manière, on ne risque rien à candidater, et comme c'est vraiment la lose en France...

Je ne me prononcerai pas sur les USA. Mais en France, la disparition totale des LC est écrite. La destruction massive des heures dans le second degré a laminé les langues anciennes, et le discours interne à l'EN est hostile aux Humanités ( de moins en moins de professeurs  ayant bénéficié de la culture humaniste, une idéologie pratique et managériale dans la formation,  l'administration... ).  Or les étudiants savent que désormais, il n'y a plus beaucoup d'autres débouchés que l'EN. Donc, sachant cela,  ils ne s'y engagent plus, et il faut le dire, à juste titre. Donc, avec l'effet de retardement lié à la durée des formations, il vaut mieux ne pas penser à la situation dans  environ cinq ans.
Le grec et le latin, c'est terminé dans le système scolaire. Ca sera pour les autodidactes curieux, et ça passera par des associations ou quelques anciens enseignants passeront le flambeau, quasi cursores lampada tradunt .. . Le monde marchand a réussi a en finir avec plusieurs siècles d'Humanisme. Bientôt les textes classiques qui en découlent, la philo, l'histoire...

A vrai dire, je ne suis pas tout à fait d'accord. On forme encore aujourd'hui des latinistes et des hellénistes qui n'ont rien à envier à ceux d'il y a trente ans (ou plus d'ailleurs) ; ils sont moins nombreux, mais c'est normal étant donné que les débouchés dans la recherche diminuent. Je ne suis pas extrêmement inquiet pour la survie du latin et du grec comme discipline universitaire ultra-élitiste ; en revanche, les LC dans le secondaire vont disparaître, très probablement.

L'article cité a écrit:Devenir étudiant en langues anciennes est un choix de vie résolument alternatif, quasiment punk.

J'adore

DesolationRow a écrit:En revanche, il dit n'importe quoi sur les États-Unis. On les prend, on les retourne et on les fume quand on veut.

C'est généralement vrai dans l'ensemble des sciences humaines. En philo c'est discuté, mais je le pense. Et en psychanalyse, c'est avec une main dans le dos éventuellement. Ils suivent péniblement. Leur psychiatrie, mieux financée que la nôtre, ressemble du coup à celle du tiers-monde (ou c'est l'inverse, enfin c'est pareil). Je suis aussi heureux d'apprendre qu'on les bat régulièrement en maths. Bravo à vous !

Aiôn a écrit:

L'article cité a écrit:Devenir étudiant en langues anciennes est un choix de vie résolument alternatif, quasiment punk.

J'adore

Mais terriblement vrai; c'est à contre-courant des visées utilitaristes qui touchent l'esprit de toutes les réformes aussi de l'EN.

Cela me fait penser beaucoup à la paléontologie en Géosciences, mais en moins dramatique que les Lettres Classiques

Je vais arriver en punk demain matin !!

Peut-on faire des dons pour financer des départements universitaires ? J'ai des finances limitées mais cela me semble plus utile que d'autres causes plus populaires.

Nicétas a écrit:Je vais arriver en punk demain matin !!

Yeaaaaah NO FUTURE

La bibliothèque avec les tasses de café et les copies corrigées, reliques d'une discipline morte, m'a donné envie de pleurer.

Moi aussi. Franchement ils auraient pu faire un effort et ne pas laisser les tasses.

Si au moins l'article peut amener des élèves à voir son compte cui-cui: https://twitter.com/Hugorodru

Oh merci pour le lien !

Aiôn a écrit:Peut-on faire des dons pour financer des départements universitaires ? J'ai des finances limitées mais cela me semble plus utile que d'autres causes plus populaires.

Pour les départements, je l'ignore. On peut tout à fait faire du mécénat pour des équipes de recherche, cependant, ce qui est loin d'être inutile... Mais cela ne change pas la situation dans le secondaire, qui est triste. Cela étant, une mère d'élève (pas du tout de mon lycée, mais d'un établissement privé) m'a appris que sa fille, future hypokhâgneuse, était dans une classe d'une trentaine de latinistes en terminale ! En revanche, dans le public...

Je compatis avec Hugo Blanchet.

Lefteris a écrit:Le grec et le latin, c'est terminé dans le système scolaire. Ca sera pour les autodidactes curieux, et ça passera par des associations ou quelques anciens enseignants passeront le flambeau, quasi cursores lampada tradunt .. . Le monde marchand a réussi a en finir avec plusieurs siècles d'Humanisme. Bientôt les textes classiques qui en découlent, la philo, l'histoire...

Ne soit pas si négatif Lefteris.
Déjà à mon époque les profs d’hellénistique et d'épigraphie grecque ne trouvaient que 5 à 6 étudiants pour garnir leurs masters. Beaucoup d'étudiants ex-latinistes ou hellénistes abandonnent latin et grec pour faire de l'histoire moderne , sans compter les cohortes de contemporanéistes qui vont faire du journalisme, alors ceux-là
On trouvera toujours quelques passions, et il faudra s'appuyer dessus...Alors oui sur le fond je suis d'accord, mais point de dépression....

Eh ! Dans mon REP+ pourri de banlieue nord, on a 25 inscrits (en 5e) à l'option latin l'an prochain !!! C'est pas beau ?

gauvain31 a écrit:Cela me fait penser beaucoup à la paléontologie en Géosciences, mais en moins dramatique que les Lettres Classiques

D'un autre côté il me semble qu'un certain nombre de grandes multinationales s'intéressent nettement plus aux géosciences qu'aux lettres classiques. Même si parmi ce que les dinosaures nous ont laissé les fossiles ne sont pas ce qu'elles cherchent le plus .

@Ha@_x : C'est très bien. Mais continueront-ils au lycée ?

Ascagne a écrit:@Ha@_x : C'est très bien. Mais continueront-ils au lycée ?

Bonne question, surtout vu la réforme actuelle.

En 3e ils sont plus de 40 latinistes (ceux qui sortent dans.....15 jours), vont-ils continuer rien n'est moins sûr.
On se console comme on peut. Je ne suis pas prof de LC, mais je me dit toujours que quelques heures de latin dans leur scolarité, ça ne peut pas leur faire de mal...

Quelle tristesse.
J'ai croisé il y a un an ou deux un jeune homme qui venait de renoncer aux études de lettres classiques et bifurquait vers l'histoire : il allait se retrouver seul étudiant de sa fac (en Lorraine il me semble) en licence, ses trois autres condisciples ayant laissé tomber, et a préféré changer de voie.