[Cinquième] Recherche d'une mise en scène pour les Fourberies de Scapin

Je montre seulement quelques passages, ceux qui correspondent aux extraits étudiés. Pour le jeu, je choisis quelques extraits, et par groupes les élèves préparent la mise en scène. Pour moi c'est pas mal de préparation, pour eux aussi. Et apprendre le texte est parfois un vrai problème. Chaque année, j'ai pourtant de très bons groupes, qui font vraiment de gros efforts d'expression théâtrale. C'est chouette.

NLM76 a écrit:

Mehitabel a écrit:Je ne peux pas faire étudier une pièce de théâtre sans montrer une captation complète de la pièce en question, on passerait forcément à côté de quelque chose, un art du vivant. J'aime le Scapin de Torreton car il permet de montrer un autre aspect de Scapin, certes plus sombre, mais tout aussi intéressant. Je le mets en parallèle avec la mise de scène de Pierre Fox, cela permet de comparer, de montrer qu'à partir d'un même texte on peut donner des versions différentes d'un personnage.

J'ai le sentiment opposé : si on ne travaille pas à mettre en scène nous-mêmes la pièce, c'est là que nous passons à côté de l'art du vivant. Le texte lui-même est vivant, parce qu'il est interprétable. La captation n'est pas vivante : elle est du déjà-interprété. Pas du tout la même chose que le spectacle vivant, où il se passe quelque chose entre les acteurs et le public.
@Baldred : je n'ai pas bien compris ce que tu appelles "un axe de lecture".

Bonsoir,
J'ai utilisé ce mot pour ne pas relancer le débat d'un autre fil sur la "problématique". L'idée est qu'avec les 5e je ne fais pas un cours de fac qui vise à épuiser les sens d'un texte. Je choisis  donc une manière d'éclairer quelques aspects. Délivré du PPCR, je ne suis pas les thématiques obligées  que je trouve  sans intérêt (Scapin dans : Avec autrui : famille, amis réseau ... ) Et j'étudie donc Scapin comme du théâtre en proposant aux élèves d'étudier les liens entre la "fourberie" et l'art du comédien pour traiter de l'illusion théâtrale. Torreton joue très bien les "rôles" de Scapin, en particulier la scène du sac où à lui tout seul il joue une escouade de soldats mais aussi des animaux dans ce qui est explicitement une mise en abyme.  J'utilise l'improvisation, la préparation de courtes scènes jouées et un truc proposé par un formateur : le mannequin challenge, et donc extraits de la captation ( la pièce entière est maintenant grâce à ce fil sur leur espace numérique), et bien sûr LE TEXTE. Voilà ce que j'appelle un axe de lecture (et une expérimentation), pour simplifier.
Concernant la question d'oser, j'ose tout (c'est même à ça qu'on me reconnait...) depuis que j'ai joué la scène finale du naufrage du Titanic avec un classeur bleu, une feuille blanche et une trousse noire devant une classe médusée puis en délire.
Je touve insupportable les limites que l'institution me donne, et je ne tiens pas à m'en donner tout seul. Peu importe la manière dont on aborde l'œuvre, par le texte et/ou par le jeu, pourvu qu'elle nous convienne et qu'elle convienne au texte,  le seul réel guide et garde-fou.

Iphigénie a écrit:
J’ajoute que toutefois faire apprendre par cœur des passages ou des scènes me paraît une très bonne idée, mais a une échelle artisanale en somme .

Voilà. C'est exactement cela. A l'échelle artisanale. Les costumes sont bien sûr bienvenus, mais pas du tout indispensables; et tout le zoinzoin autour de l'expressivité, la spontanéité, etc, c'est très bien, mais pas indispensable non plus. On peut très bien prendre les textes, et explorer tranquillement quelques-unes de leurs potentialités quant à la mise en voix, à quelques postures, à quelques gestes. Il ne s'agit pas forcément de faire duthéâtre, il s'agit de vivre un peu les textes dans un bricolage artisanal et intelligent, que tout un chacun pourrait faire à la maison si l'envie lui en prenait.
Y a peu de danger ! Il s'agit d'essayer. Quand Torreton et la comédie française choisissent une certaine posture, ils courent le risque d'être loués par @Baldred, éreintés par @NLM76 ; mais si c'est un élève qui s'essaie dans cette direction ou dans la direction opposée, nous le louerons l'un et l'autre hautement ! Et de même pour nous, enseignants : nous proposons des lectures expressives, plus ou moins théâtralisées, fort discutables. Mais nous nous y engageons, et nous les faisons avec une certaine précision, de sorte qu'elle peuvent constituer une sorte de modèle pour les élèves : c'est déjà mieux, presque toujours, que ce qu'ils font eux. Ça les élève ; et les élèves sont là pour ça.

Intéressant débat, déjà qu'on cause analyse, ah ah (je sors).

Sans blaguer, j'aimerais faire jouer des scènes quand j'étudie le théâtre, mais le problème est le suivant :
- cours de français avec mes 5e : 28 élèves "obligés d'être là", 1 M. Tangleding, un programme annuel infaisable
- atelier théâtre que j'ai animé jadis sur l'accompagnement éducatif avec des 6e et 5e : 19 élèves volontaires, 1 M. Tangleding et 1 collègue prof doc, aucun programme à part jouer une version abrégée (aux ciseaux) du Malade imaginaire au terme de 6 mois avec 1h par semaine, et dans une salle de spectacle.

Bref, 19 / 2 = 9,5 élèves par adulte, contre 28 élèves par adulte (et en 6e si je prends les demi groupes, 14 élèves par adulte)

Rideaux.


Sur le fond, une mise en scène par les élèves, c'est une interprétation mais une explication de texte aussi.

D'ailleurs c'est ce que je trouve intéressant quand on cumule l'étude de textes (OI) et mise en scène (artisanale) car on peut alors faire comprendre qu'une interprétation sur scène doit procéder d'une interprétation du texte (donc s'appuyer sur une analyse).

Tangleding a écrit:
Sans blaguer, j'aimerais faire jouer des scènes quand j'étudie le théâtre, mais le problème est le suivant :
- cours de français avec mes 5e : 28 élèves "obligés d'être là", 1 M. Tangleding, un programme annuel infaisable

Ne le fais pas ...

Si tu as animé un atelier théâtre, c'est que tu aimes un peu ça. Pourquoi alors ne pas faire du théâtre dans une séquence théâtre ? Je connais peu de 5e qui ne mordent pas à l'impro. Ils étudieront 2 scènes de moins ? Et alors ? M.Tangleding  saura dire : permettez donc, pour un peu de temps, à votre pensée de sortir hors de ce monde pour en venir voir un autre tout nouveau que je ferai naître en sa présence dans les espaces imaginaires...

Et absolument d'accord sur la deuxième partie de ton message.

Oh bah de toute façon je le termine à la hache chaque année, hein, le programme.

Mais la pression est là, qui me coupe la chique.

Et du théâtre avec 28 lascars de 5e, pas envisageable. Avec 14 élèves de 6e, en plus une 6e vraiment cool cette année, ça peut être jouable, j'y pense.

Pour les 5e je vais voir, ça sera plutôt proposer 2 ou 3 scènes à jouer à des volontaires. Avec l'obligation d'apprendre le texte.

Mais je suis déjà violemment à la bourre sur mon plan de marche.

Tangleding a écrit:Oh bah de toute façon je le termine à la hache chaque année, hein, le programme.

Mais la pression est là, qui me coupe la chique.

Et du théâtre avec 28 lascars de 5e, pas envisageable. Avec 14 élèves de 6e, en plus une 6e vraiment cool cette année, ça peut être jouable, j'y pense.

Pour les 5e je vais voir, ça sera plutôt proposer 2 ou 3 scènes à jouer à des volontaires. Avec l'obligation d'apprendre le texte.

Mais je suis déjà violemment à la bourre sur mon plan de marche.

Regarde du côté du mannequin challenge, bonne rentabilité temps/travail, tout le monde immobile et silencieux tant que ça tourne ( le rêve), ils sont filmés (la gloire !) tu peux les torturer à l'infini sur l'intention de leur mannequin attitude ( ben si monsieur pour montrer qu'Octave est amoureux je me suis mis un décalco de coeur sur la joue, faut le cadrer hein?), tous les rôles se valent (Jean-guy veut jouer Zerbinette) et on peut intercaler les scenes jouées par les volontaires. Changement d'ambiance palpable apres le visionnage (Msieu, avec ça on va à Cannes !)

Je souhaite quand même aboutir à une mise en scène du texte, quel que soit le ratio "texte joué/oeuvre complète". L'idée de mélanger exercices sans texte et scènes jouées est intéressante. A creuser.

NLM76 a écrit:Oh purée ! Vous aimez le Scapin incarné par Torreton ? J'ai essayé de regarder le DVD de la Comédie française, et je n'ai pas pu aller au-delà des dix premières minutes. Scapin blasé et ennuyé... m'ennuie.
Quand je viens voir du Molière, je veux rire. C'est quand même terrible que l'esprit de sérieux arrive à nous gâter Molière...

Ça aussi c’est un débat intéressant : aujourd’hui on trouve me semble-t-il que le génie de Molière ( ou de son lecteur interprète)  est de révéler  le tragique sous le comique: pourtant je suis persuadée du contraire. ( la pire lecture - deja ancienne mais ça fait un moment que ça perdure, merci Musset…-du Tartuffe est celle de Depardieu dans son film: en gros on a Tartuffe en HP)…
Molière est viscéralement un acteur, et un acteur comique (  une vis comica) . Son génie me paraît au contraire de trouver le comique sous le tragique (parce qu’au fond qu’est-ce qui n’est pas tragique dans ce monde?) . On a un vrai problème en France avec la comédie …

Pour le contraste avec Torreton, les élèves aiment beaucoup cette interprétation, plus légère et drôle.

Suppléant, je commençe ces jours-ci Les Fourberies . La mise en scène de la compagnie Roumanoff m'apparaît plus sympathique

que la mise en scène avec Torreton. C'est celle ci que je projeterai.

Si vous avez des conseils pour commencer cette séquence en plus de la séance générale sur le vocabulaire

théâtral et la bio de Molière , je suis preneur . Merci beaucoup.

Prévoyez vous une séance de langue dans cette séquence, et quelles sont vos préférences, s'il vous plaît?

Merci

La captation de la mise en scène de Podalydès avec Benjamin Lavernhe en Scapin est pour moi la meilleure. Dispo sur YouTube en intégralité. Un bonheur!

Je confirme que la mise en scène de Podalydes est très bien. La mise en scène est inventive, les acteurs époustouflants et on perçoit clairement ce qu'une mise en scène apporte au texte de théâtre. En plus, elle plaît aux élèves !