Votre témoignage en tant que contractuel(le) - Enseignement secondaire

Bonjour à tous !  

Mon projet pour devenir enseignante en secondaire (français) s'affine de plus en plus et je pense désormais à ma stratégie pour démissionner dans quelques mois de mon emploi actuel. Je vais pouvoir m'inscrire au CNED pour réviser le 3ème concours du CAFEP le 13 juin et ai déjà commencé à relire plusieurs classiques pour m'avancer. Cependant, je dois rester réaliste et avoir un plan B si j'échoue la 1ère fois... Ce plan B serait de démarrer l'année suivante en tant que contractuelle (pour pouvoir le repasser l'année suivante).

Voici mes questions :

- En démarrant en tant que contractuelle, mon salaire s'élèverait dans les 1430 net lors de la 1ère année, est-ce bien ça ? (j'ai un bac+3 - licence lettres modernes). Peut-on prétendre à une prime d'activité ou autre pour s'en sortir un peu mieux ?

- Peut-on exiger d'être à temps complet et non à temps partiel avec le statut de contractuel ?

- Avec ce statut, peut-on postuler/choisir les collèges et lycées où l'on souhaite enseigner ?

- Pensez-vous qu'il soit "jouable" de réviser le concours la 1ère année d'enseignement ou la charge de travail est trop dense pour pouvoir le retenter ? Certains ont évoqué un cercle vicieux...


Merci pour vos réponses !

Un contractuel n’exige rien: ni établissement, ni quotité horaire. Il va là où on a besoin de lui, si on a besoin de lui.

Lorsqu’on débute dans l’enseignement, la charge de travail est écrasante et il ne faut pas sous-estimer la fatigue physique non plus. Préparer le concours en plus me paraît compliqué.

Attention : le métier de professeur de lettres / français est un de ceux qui est le plus exigeant en terme de masse de travail, notamment lorsqu'on est en lycée (il suffit de lire les témoignages des collègues de la matière, épuisés de septembre à juillet). Par ailleurs, comme le dit Provence, le statut de contractuel est idéal pour se faire une idée du métier mais attention aux doux rêves :
- non un contractuel ne choisit pas son lieu d'enseignement
- non un contractuel ne choisit pas sa quotité horaire : souvent ceux qui sont à temps partiel ou qui au contraire sont à + de 20h ne le sont pas par choix
- non un contractuel ne choisit pas entre collège et lycée, il peut même être sur les deux
- oui un contractuel en lettres peut aussi être affecté en lycée pro, donc bon courage car il y a aussi le programme d'histoire-géo à préparer / maîtriser
- non, aucun cours n'est fourni "clé en mains" aux contractuels (ni aux profs titulaires d'ailleurs): souvent les collègues sympas filent un ou deux cours pour aider à démarrer mais le reste des cours ce sera à toi de les créer
- non à priori tu n'auras aucune ou très peu de formation : ni sur comment faire cours, ni sur comment évaluer et corriger, ni sur comment remplir les bulletins, ni sur comment gérer la classe, ni sur comment utiliser Pronote ou réparer la photocopieuse, etc. Tu recevras juste de l'aide de collègues bien gentils quand ils en auront le temps...
Pour la prime d'activité je ne suis pas sûre car cela dépend de ta situation personnelle...
Voilà, ce n'est pas pour te décourager : être contractuelle est le meilleur moyen de découvrir le "vrai" d'enseignant, mais ce ne sera vraiment pas facile...

En plus de la charge de travail, qui est vraiment colossale quand on prépare ses cours pour la première fois, la fatigue physique est aussi à prendre en compte comme le dit Provence. Enseigner est vraiment très fatigant, du coup il ne sera pas forcément facile de trouver l’énergie de travailler en plus le soir. Beaucoup d’enseignants de lettres (mais pas qu’eux) ont par exemple du mal à lire pour le plaisir en dehors des vacances, par manque de temps. Par contre, si tu en as la possibilité, il est certain qu’être contractuelle avant de s’engager à passer les concours (et de démissionner) est un bon moyen de t’assurer que c’est un métier qui te conviendra.

Merci pour tous vos retours !

Je ne me suis peut-être pas assez bien exprimée sur le statut de contractuelle => je souhaiterais être suppléante (donc dans le privé) dans le cas où j'échouerais au CAFEP. Est-ce que contrairement au public, on a davantage le choix d'un point de vue géographique ?

Si on se voit proposer uniquement des temps partiels, la différence de revenu doit être énorme ! Comment peut-on s'assurer d'avoir un revenu régulier dans ce cas ? En donnant des cours particuliers par exemple sur le côté ?

Un contractuel du privé est moins payé (1707 bruts pour le privé, 1779 bruts pour le public), il a les mêmes obligations et "choisit" également où il s'inscrit. On peut d'ailleurs être sur les listings des deux sans problème et passer de l'un à l'autre, selon les besoins (d'une année sur l'autre, pas plusieurs fois par an...).

Vu la demande, ça m'étonnerait fortement que tu ne trouves pas ton bonheur sur Paris ou proche banlieue. Y compris à plein temps. Attention, les contractuels sont un peu taillables et corvéables à merci dans le privé. Les CDE agissent encore comme s'il y avait 20 candidats qui se pressent pour prendre ta place et se permettent donc des choses pas très sympa parfois, du style te donner toutes les classes à examen (en français : HLP en terminale, français en première, voire culture gé en BTS, voire du pro en prime), pendant que certains collègues, titulaires, anciens dans l'établissement, ont des classes avec moins d'enjeux (mais pas forcément plus simples, et puis c'est bien leur droit d'aimer les 6e ou les 4e après tout). Inscris-toi auprès de la DDEC qui t'intéresse et il est probable que fin juin, une fois les stagiaires et néo-tit placés, tu sois contactée pour un plein temps à la rentrée. Si tu veux être sûre, élargis à Créteil/Versailles. Et tu peux aussi t'inscrire en parallèle sur l'interface des suppléants du public. Et choisir ensuite.

Ah merci pour ce retour, c'est très interessant ! Bon, hé bien raison de plus pour bosser encore plus à fond ce 3ème concours !!

C'est une bonne nouvelle alors si l'on peut choisir a minima géographiquement, car avec l'addition de "on ne choisit pas où on va" + risque de temps partiel, je sortais le drapeau rouge ^^

Ouch, alors cela fait bien dans les 1400€ net max par mois et encore, sans les impôts :-/ Comment savoir de combien je serais prélevée ? Je ne veux pas passer pour celle qui compte à ce point, mais comme il s'agit d'une reconversion, j'ai un crédit calculé sur mon ancien salaire donc malheureusement je ne peux pas descendre en dessous de 1400€, ce qui est déjà super juste pour moi.

Là je crois que ça va être 3ème concours, et si ça ne passe pas, tant pis pour l'enseignement malheureusement.

Pauline a écrit:Ah merci pour ce retour, c'est très interessant ! Bon, hé bien raison de plus pour bosser encore plus à fond ce 3ème concours !!

C'est une bonne nouvelle alors si l'on peut choisir a minima géographiquement, car avec l'addition de "on ne choisit pas où on va" + risque de temps partiel, je sortais le drapeau rouge ^^

Ouch, alors cela fait bien dans les 1400€ net max par mois et encore, sans les impôts :-/ Comment savoir de combien je serais prélevée ? Je ne veux pas passer pour celle qui compte à ce point, mais comme il s'agit d'une reconversion, j'ai un crédit calculé sur mon ancien salaire donc malheureusement je ne peux pas descendre en dessous de 1400€, ce qui est déjà super juste pour moi.

Là je crois que ça va être 3ème concours, et si ça ne passe pas, tant pis pour l'enseignement malheureusement.

A 1400 l’impot sur le revenu est nul ou anecdotique (autour de 1%) sans autre revenu dans le foyer, normalement. Tu devrais également bénéficier de la prime d’activité

Simulateur : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R2740

Pour simuler les autres droits : https://www.mesdroitssociaux.gouv.fr/accueil/

Il n'y a pas de mal à passer pour celle qui compte. Nous n'avons pas fait vœu de pauvreté et il faut bien payer les factures.

Pauline a écrit:Si on se voit proposer uniquement des temps partiels, la différence de revenu doit être énorme ! Comment peut-on s'assurer d'avoir un revenu régulier dans ce cas ? En donnant des cours particuliers par exemple sur le côté ?

Si tu as un temps incomplet avec une quotité inférieure à 70% (environ 12h et demi de cours par semaine) les règles pour cumuler une autre activité sont beaucoup plus souples.
Par contre si tu es entre 70% et 80% ça pique: tu n'as ni sur-rémunération ni cumul facilité…

Les besoins sont (très) importants en région parisienne dans le privé.

En théorie, il faut passer par la DDEC.
En théorie, tu peux être en temps partiel.
En pratique, on manque d'enseignants dans le public et dans le privé. Dans le privé, il y a beaucoup plus de flexibilité pour le choix de l'établissement qu'il ne faut pas hésiter de contacter directement.

Vu la pénurie, tu peux directement contacter les établissements qui t’intéressent avec Cv + lettre de motivation, tu seras rapidement contacté. C'est ce que j'avais fait il y a quelques années pour mon année de titularisation: on m'a proposé un poste via la DDEC, et un autre établissement auquel j'avais postulé directement (+ proche de chez moi et plus agréable avait également un poste disponible. La directrice de ce dernier établissement s'est finalement arrangée avec la DDEC et j'ai pu y aller.

Ne pas hésiter à proposer ta candidature à plusieurs établissements et choisir l'offre la plus intéressante de ton point de vue.

Si tu es en plus en capacité d'enseigner le latin et le grec n'hésites pas à le signaler.

Attention aux niveaux que l'on te propose, entre la théorie du moins de juin et l'emploi du temps de septembre, il peut y avoir un gouffre.
Des CDE qui ne profitent ça existe comme le souligne EdithW qui de part ses responsabilités dans l'enseignement privé à une vue globale de la situation. Vu le manque de professeurs, je trouve personnellement que dans mon coin de région parisienne c'est de moins en moins vrai, mais ce que je vois n'est pas forcement représentatif.

Merci pour tous vos retours ! Je ne pensais pas qu’il était possible de contacter directement les établissements. Ça me redonne la motivation que j’avais perdue et si effectivement on est plus pas du tout / peu imposés sur la paie, ça change la donne également. Il faudra voir aussi selon mon conjoint qui gagne beaucoup plus que moi, comme nous sommes mariés j’imagine qu’il y aura des chose à ajuster auprès des impôts.

Bon, je vais faire de mon mieux pour passer mon cafep d’abord et si je ne l’obtiens pas, je tenterai en contractuelle. Je verrai pour éventuellement faire une pause de mon métier actuel, j’ai toujours enchaîné sans pause et j’aimerais avoir le temps de me poser au moins un mois.

Merci à tous !

Pauline a écrit:Merci pour tous vos retours ! Je ne pensais pas qu’il était possible de contacter directement les établissements. Ça me redonne la motivation que j’avais perdue et si effectivement on est plus pas du tout / peu imposés sur la paie, ça change la donne également.  Il faudra voir aussi selon mon conjoint qui gagne beaucoup plus que moi, comme nous sommes mariés j’imagine qu’il y aura des chose à ajuster auprès des impôts.

Je ne crois pas que tu puisses ajuster grand chose au niveau des impôts.
De toute façon si ton hypothétique paye au smic se retrouve imposée à un taux marginal conséquent, c'est que vous faites des économies d'impôts conséquentes par rapport au cas où vous seriez imposés séparément.

l me semble que le salaire d'un prof contractuel varie en fonction du diplôme qu'il a.
1779 brut dans le public n'est pas un salaire forément représentatif.
Il faudrait des témoignages de contractuels qui gagnent plus que ça.

C'est effectivement le cas dans certaines académies et (il me semble) dans le public. Quand j'étais contractuelle à Versailles, comme j'étais déjà totulaire d'un M2, je gagnais légèrement plus qu'un contractuel ayant une licence par exemple. Regarde sur le lien suivant https://www.cgteduc-versailles.fr/non-titulaires/grille-de-remuneration-des-contractuels/ (il me semble cependant que la règle a changé depuis l'époque où j'avais été recrutée).

J’ai pu avoir une réponse partielle du SAAR si cela peut aussi en aider d’autres :
« Votre rémunération peut varier en fonction de votre situation, mais voilà, à titre d’exemple uniquement, un niveau de rémunération au 1er septembre 2022 : Premier degré & second degré : 1 635,42€ brut mensuel pour un temps complet (MA1, indice 349). »

Donc 1255 net… impossible pour moi de tenir financièrement avec cette somme.

Dans le privé ? C'est bas en effet, mais ça m'étonne à peine car j'ai une amie qui a été PE contractuelle dans le privé et je crois qu'elle gagnait à peine plus. Pour tenir, elle me confiait qu'elle mangeait peu... Pour le 2aire on peut (dans le public en tous les cas) rajouter l'ISOE (qui va être revalorisée) et les éventuelles HSA/HSE, primes PP et autres. Après il faut savoir qu'un prof débutant ne gagne pas tant que cela de plus il me semble...

Ce tableau me semble assez complet: https://cgt-ep.reference-syndicale.fr/files/2022/07/2022_09_01_Grilles_SALAIRES_primes_Grenelle.pdf