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- AbraxasDoyen
J'ai donc entre autres une classe de prépas réservée aux "bons élèves" des trois lycées ZEP de Marseille. Boursiers, fauchés, braves petits. Effectifs très limités, exprès (cette année, 14 élèves…). Pas mal de gosses d'origines diverses (à Marseille, hein…). Bref, de la discrimination positive à peu près intelligente (les concours, ils les passent, on ne leur en fait pas cadeau, on n'est pas chez Descoings : l'idée, c'est de leur permettre de récupérer le niveau qu'ils auraient pu avoir s'ils avaient fait leur scolarité dans un milieu "normal", dans un lycée "normal"…)
Ils préparent sous notre houlette, à marches forcées, les IEP et une école de commerce de très bon niveau (dans les 6 / 7 ème au classement national) qui s'appelle Euromed (http://www.euromed-marseille.com/).
Mardi, une brave petite, milieu de classe, des capacités, boulotte effacée, me dit :" M'sieur, il faudrait que je vous voie…"
Bien. Je consacre donc à écouter ses (probables) jérémiades le temps que j'aurais dû passer avec elle en khôlle.
"Ben voilà (Se tortille sur sa chaise…). Je crois que je ne vais pas le passer, le concours d'Euromed…
- Pardon ?!!!???
- Ben… (Se tortille davantage). Je me suis renseignée… Si je l'ai, je serai obligée de partir en stages, à l'étranger… À Londres la première année… Et…
- Et ?
- Et mon copain, il ne veut pas…
J'ai eu envie de lui tordre le cou. Je me suis retenu.
- Que fait-il, lui ?
- Il est en deuxième année de psycho, à Aix…
(Bon sang ! Psycho ! Le refuge, depuis dix ans, de tous les indécis prétentieux… Nous avons en France le tiers des étudiants en psycho européens ! Psycho ? Psychose !)
J'ai donc patiemment expliqué (larmes, kleenex — j'ai toujours des kleenex quand je donne des khôlles) que s'il tenait vraiment à elle, il la pousserait, au contraire… Qu'elle avait de vraies chances…
- Et qu'envisagez-vous de faire, si vous ne le passez pas ?
- Heu… Il m'a suggéré un BTS de gestion des poids lourds (si ! Je n'invente pas !)
J'ai (encore plus patiemment) expliqué que nombre d'hommes ne supportaient pas l'idée que leur nana gagne plus qu'eux… Qu'elle avait intérêt à le larguer, et tout de suite…
- Mais je l'aiaiaiaimeuh ! C'est lui — c'est le premier !
(Je vous jure que c'est une confidence que je n'avais pas sollicitée !)
- Ah ? Et il est à Aix toute la semaine et vous à Marseille ?
- Oui — mais il est fidèle, il me l'a dit… On se fréquente depuis deux ans…
- Oui, fidèle, bien sûr… Mais il ne vous a âs dit qu'il ne vous quittera pas dans six mois — quand il aura obtenu de vous que vous sabotiez votre vie…
- Heu…
- Et vos parents ? Vous leur en avez parlé ?
- Non !!! Déjà qu'ils ne l'aiment pas ! Et puis… Ils m'ont fait donner des cours d'anglais en plus toute l'année…
De petites gens — elle me l'avait confié précédemment. Ils se sont saignés pour leur fille — je le lui ai fait remarquer, autant essayer de la culpabiliser. Comme je lui ai fait remarquer que la nation avait investie sur elle, cette année, trois fois plus que pour un étudiant lambda. Et que dans cette classe, si elle abandonnait, elle aurait pris la place d'une autre qui, elle ou lui, aurait pu réussir…
Tout ce que j'ai obtenu, c'est la promesse (que vaut-elle ? La prochaine fois qu'il la sautera, il lui extorquera une promesse contraire) qu'elle allait quand même le passer, ce concours, parce qu'il valait mieux réfléchir une fois qu'on a gravi la montagne que quand on est au pied. Et qu'alors, si elle voulait démissionner, grand bien lui ferait…
Mais le passer avec ce genre de pression… psychologique…
Voilà. Ces gosses manquent d'ambition au départ (la plupart ne savaient pas que les prépas existaient, leurs profs de Terminale leur répétaient "Ce n'est pas fait pour vous", et ce ne sont pas les COP qui les auraient poussés dan cette voie). On fait de son mieux pour leur en insuffler (j'ai travaillé sur Bel-Ami, le Père Goriot, Topaze et Tartuffe — il y a une certaine constante dans la ligne d'inspiration, n'est-ce pas…-, et le premier petit con qui les fait reluire, par pure malice, par complexe, par crétinisme, arrive à les faire retomber dans l'ornière originelle…
Il y a des jours comme ça…
Et ne me dites pas que je n'ai pas le droit de me mettre en travers d'une grande histoire d'amour. Je ne suis pas d'humeur !
Ils préparent sous notre houlette, à marches forcées, les IEP et une école de commerce de très bon niveau (dans les 6 / 7 ème au classement national) qui s'appelle Euromed (http://www.euromed-marseille.com/).
Mardi, une brave petite, milieu de classe, des capacités, boulotte effacée, me dit :" M'sieur, il faudrait que je vous voie…"
Bien. Je consacre donc à écouter ses (probables) jérémiades le temps que j'aurais dû passer avec elle en khôlle.
"Ben voilà (Se tortille sur sa chaise…). Je crois que je ne vais pas le passer, le concours d'Euromed…
- Pardon ?!!!???
- Ben… (Se tortille davantage). Je me suis renseignée… Si je l'ai, je serai obligée de partir en stages, à l'étranger… À Londres la première année… Et…
- Et ?
- Et mon copain, il ne veut pas…
J'ai eu envie de lui tordre le cou. Je me suis retenu.
- Que fait-il, lui ?
- Il est en deuxième année de psycho, à Aix…
(Bon sang ! Psycho ! Le refuge, depuis dix ans, de tous les indécis prétentieux… Nous avons en France le tiers des étudiants en psycho européens ! Psycho ? Psychose !)
J'ai donc patiemment expliqué (larmes, kleenex — j'ai toujours des kleenex quand je donne des khôlles) que s'il tenait vraiment à elle, il la pousserait, au contraire… Qu'elle avait de vraies chances…
- Et qu'envisagez-vous de faire, si vous ne le passez pas ?
- Heu… Il m'a suggéré un BTS de gestion des poids lourds (si ! Je n'invente pas !)
J'ai (encore plus patiemment) expliqué que nombre d'hommes ne supportaient pas l'idée que leur nana gagne plus qu'eux… Qu'elle avait intérêt à le larguer, et tout de suite…
- Mais je l'aiaiaiaimeuh ! C'est lui — c'est le premier !
(Je vous jure que c'est une confidence que je n'avais pas sollicitée !)
- Ah ? Et il est à Aix toute la semaine et vous à Marseille ?
- Oui — mais il est fidèle, il me l'a dit… On se fréquente depuis deux ans…
- Oui, fidèle, bien sûr… Mais il ne vous a âs dit qu'il ne vous quittera pas dans six mois — quand il aura obtenu de vous que vous sabotiez votre vie…
- Heu…
- Et vos parents ? Vous leur en avez parlé ?
- Non !!! Déjà qu'ils ne l'aiment pas ! Et puis… Ils m'ont fait donner des cours d'anglais en plus toute l'année…
De petites gens — elle me l'avait confié précédemment. Ils se sont saignés pour leur fille — je le lui ai fait remarquer, autant essayer de la culpabiliser. Comme je lui ai fait remarquer que la nation avait investie sur elle, cette année, trois fois plus que pour un étudiant lambda. Et que dans cette classe, si elle abandonnait, elle aurait pris la place d'une autre qui, elle ou lui, aurait pu réussir…
Tout ce que j'ai obtenu, c'est la promesse (que vaut-elle ? La prochaine fois qu'il la sautera, il lui extorquera une promesse contraire) qu'elle allait quand même le passer, ce concours, parce qu'il valait mieux réfléchir une fois qu'on a gravi la montagne que quand on est au pied. Et qu'alors, si elle voulait démissionner, grand bien lui ferait…
Mais le passer avec ce genre de pression… psychologique…
Voilà. Ces gosses manquent d'ambition au départ (la plupart ne savaient pas que les prépas existaient, leurs profs de Terminale leur répétaient "Ce n'est pas fait pour vous", et ce ne sont pas les COP qui les auraient poussés dan cette voie). On fait de son mieux pour leur en insuffler (j'ai travaillé sur Bel-Ami, le Père Goriot, Topaze et Tartuffe — il y a une certaine constante dans la ligne d'inspiration, n'est-ce pas…-, et le premier petit con qui les fait reluire, par pure malice, par complexe, par crétinisme, arrive à les faire retomber dans l'ornière originelle…
Il y a des jours comme ça…
Et ne me dites pas que je n'ai pas le droit de me mettre en travers d'une grande histoire d'amour. Je ne suis pas d'humeur !
- Invité24Vénérable
tu as bien fait.
tu aurais même pu y aller plus fort encore non? tout ce que tu évoques dans ton dernier paragraphe, tu le lui as dit?
tu aurais même pu y aller plus fort encore non? tout ce que tu évoques dans ton dernier paragraphe, tu le lui as dit?
- lulucastagnetteEmpereur
Abraxas, n'avez-vous pas honte de vous mettre en travers d'une grande histoire d'amour ??
Sérieusement, j'aurais bien eu envie également de lui botter le cul, à cette jeune écervelée. Le BTS "gestion des poids lourds", je ne savais même pas que ça existait !!
Le pire, c'est que, comme vous dites, il va réussir à la convaincre...
Sérieusement, j'aurais bien eu envie également de lui botter le cul, à cette jeune écervelée. Le BTS "gestion des poids lourds", je ne savais même pas que ça existait !!
Le pire, c'est que, comme vous dites, il va réussir à la convaincre...
- roxanneOracle
J'ai une petite cousine , très bonne élève , des ambitions , voulait partir à l'étranger , voyager ...et puis elle rencontre , un petit gars en boîte qui fait son apprentissage maçon (c'est bien ) ..Deux ans après , elle est casée ,a sa petite maison , a abandonné les études longues , passé un vague BTS , pas de boulots ...
Et le paradoxe de tout ça c'est que son petit frère , lui pas doué pour les études a rencontré une jeune coréenne ( sa mère accueillait des étudiants ) , et depuis s'est pris de passion pour l'Asie , a appris le coréen et le chinois ( !!) , a fait son stage de BTS au Japon ! et contre toute attente , a bien plus d'opportunités que sa soeur ...Peut-on échapper à sa condition ?
Et le paradoxe de tout ça c'est que son petit frère , lui pas doué pour les études a rencontré une jeune coréenne ( sa mère accueillait des étudiants ) , et depuis s'est pris de passion pour l'Asie , a appris le coréen et le chinois ( !!) , a fait son stage de BTS au Japon ! et contre toute attente , a bien plus d'opportunités que sa soeur ...Peut-on échapper à sa condition ?
- CherCollègueBanni
Abraxas a écrit:
Mardi, une brave petite, milieu de classe, des capacités, boulotte effacée, me dit :" M'sieur, il faudrait que je vous voie…"
Bien. Je consacre donc à écouter ses (probables) jérémiades le temps que j'aurais dû passer avec elle en khôlle.
Quoi ?! ... Vous contrevenez donc à la circulaire 76-121 du 24/03/76 RLR 524-0 ! Je suis outré !
https://www.neoprofs.org/l-enseignement-au-quotidien-f1/garder-les-eleves-apres-les-cours-que-dit-la-loi-t18017.htm
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"Vous me comprendrez après la prochaine guerre des nations" Nietzsche.
- MéluEmpereur
Ce n'est pas elle qu'il faut tuer ! C'est lui ! Et si possible l'obliger elle à le faire elle-même.
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"Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d'eux à notre tour ?"
[ Jane Austen ] - Extrait de Orgueil et préjugés
- aposiopèseNeoprof expérimenté
je comprends ta colère si sa décision n'est liée qu'à une amourette sans lendemain... Si elle a vraiment envie de faire une école de commerce alors, oui, qu'elle suive ses envies sans écouter son copain qui est peut-être jaloux de sa réussite. Toutefois, je ne sais pas si on peut vraiment lui "imposer" de suivre telle ou telle voie : je regrette moi-même amèrement d'avoir fait une classe prépa quand je vois à quel point mes amies qui ont terminé leurs études peu de temps après le bac sont plus heureuses que moi...
mes profs m'ont poussé à faire hypokhâgne et khâgne : deux ans pendant lesquels je me couchais systématiquement entre 1h et 3h du matin pour finir mes devoirs, me levais à 6h du matin et perdais 3h dans les transports en commun. Rebelote à la fac : mes profs m'ont poussé à passer l'agreg parce que "j'en avais les moyens" et ma famille parce que "ça faisait bien". Deux ans encore à dormir moins de 4h par nuit et à me bousiller la santé, pour un concours que je n'ai jamais vraiment désiré (moi, je voulais faire bibliothécaire, et surtout pas enseigner). Résultat : je déteste mon boulot qui est pour moi une véritable torture, je me lève tout les matins en me répétant que je préfèrerais être morte plutôt que de continuer dans cette voie, il ne se passe pas un jour sans que je regrette d'avoir fait des études de lettres. Et quand je vois sur Copain d'Avant toutes mes amies d'école primaire qui sont mères au foyer ou qui , après de courtes études, ont trouvé un petit boulot et ont déjà fondé une famille, j'avoue que je me maudis de ne pas avoir fait une formation qui aurait plus convenu à ma personnalité et à mon milieu social. Franchement, si je pouvais retourner dans le passé, il est évident que je m'orienterais plutôt vers un BTS, sans écouter les conseils de mes professeurs.
mes profs m'ont poussé à faire hypokhâgne et khâgne : deux ans pendant lesquels je me couchais systématiquement entre 1h et 3h du matin pour finir mes devoirs, me levais à 6h du matin et perdais 3h dans les transports en commun. Rebelote à la fac : mes profs m'ont poussé à passer l'agreg parce que "j'en avais les moyens" et ma famille parce que "ça faisait bien". Deux ans encore à dormir moins de 4h par nuit et à me bousiller la santé, pour un concours que je n'ai jamais vraiment désiré (moi, je voulais faire bibliothécaire, et surtout pas enseigner). Résultat : je déteste mon boulot qui est pour moi une véritable torture, je me lève tout les matins en me répétant que je préfèrerais être morte plutôt que de continuer dans cette voie, il ne se passe pas un jour sans que je regrette d'avoir fait des études de lettres. Et quand je vois sur Copain d'Avant toutes mes amies d'école primaire qui sont mères au foyer ou qui , après de courtes études, ont trouvé un petit boulot et ont déjà fondé une famille, j'avoue que je me maudis de ne pas avoir fait une formation qui aurait plus convenu à ma personnalité et à mon milieu social. Franchement, si je pouvais retourner dans le passé, il est évident que je m'orienterais plutôt vers un BTS, sans écouter les conseils de mes professeurs.
- papillonbleuEsprit éclairé
C'est triste, mais tellement fréquent... la culture du sacrifice.
- Invité24Vénérable
myfarenier a écrit:C'est triste, mais tellement fréquent... la culture du sacrifice.
non, le triomphe de la médiocrité.
- CherCollègueBanni
Eh bien... mieux vaut être aveugle que de lire certaines gloses ! Ce n'est plus la tentation de Venise, mes chers collègues... car avec vous, Venise a déjà sombré dans la vase, visiblement !
Vive le bon sauvage ! Les glands ! L'herbe fraîche !
Vive le bon sauvage ! Les glands ! L'herbe fraîche !
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"Vous me comprendrez après la prochaine guerre des nations" Nietzsche.
- papillonbleuEsprit éclairé
Moi, je regrette de m'être orientée vers l'enseignement, mais assurément pas d'avoir fait des études.Résultat : je déteste mon boulot qui est pour moi une véritable torture, je me lève tout les matins en me répétant que je préfèrerais être morte plutôt que de continuer dans cette voie, il ne se passe pas un jour sans que je regrette d'avoir fait des études de lettres. Et quand je vois sur Copain d'Avant toutes mes amies d'école primaire qui sont mères au foyer ou qui , après de courtes études, ont trouvé un petit boulot et ont déjà fondé une famille, j'avoue que je me maudis de ne pas avoir fait une formation qui aurait plus convenu à ma personnalité et à mon milieu social. Franchement, si je pouvais retourner dans le passé, il est évident que je m'orienterais plutôt vers un BTS, sans écouter les conseils de mes professeurs.
- Camélity JaneBanni
Tu as très bien fait, Abraxas, et je comprends que tu sois furieux. Tout ça pour ça...
Je t'avoue que j'ai souri en imaginant ta tête quand la miss t'a parlé du BTS de gestion des poids lourds... :lol:
Je t'avoue que j'ai souri en imaginant ta tête quand la miss t'a parlé du BTS de gestion des poids lourds... :lol:
- aposiopèseNeoprof expérimenté
myfarenier a écrit:
Moi, je regrette de m'être orientée vers l'enseignement, mais assurément pas d'avoir fait des études.
j'ai apprécié tout ce que j'ai appris au cours de mes études, mais quand je me dis qu'en contrepartie, je suis partie pour 42 ans de dressage de fauves, je me dis que j'aurais mieux fait de suivre des études m'offrant plus de débouchés et un métier que j'apprécie, quitte à reprendre ensuite des études de lettres à la fac pour le plaisir (si un jour j'arrive à quitter l'EN et à me garder du temps pour moi, j'aimerais faire des études de littérature anglaise, juste pour le plaisir). Parce que jlà, j'en arrive à un point tel que j'ai déjà envisagé de démissionner de l'EN pour faire des ménages...
Par contre, il est vrai que l'élève d'Abraxas semble être dans une prépa qui offre des débouchés intéressants (et plus variés qu'une fac de lettres) et là, nous sommes d'accord, il serait dommage qu'elle n'aille bout si sa conduite n'est dictée que par la volonté de faire plaisir à son copain.
- JohnMédiateur
Il y a une très bonne fac de psycho à Londres !
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- barègesÉrudit
" je le lui ai fait remarquer, autant essayer de la culpabiliser. Comme
je lui ai fait remarquer que la nation avait investie sur elle, cette
année, trois fois plus que pour un étudiant lambda. Et que dans cette
classe, si elle abandonnait, elle aurait pris la place d'une autre qui,
elle ou lui, aurait pu réussir…"
Mot pour mot (!), ce que m'ont dit successivement deux ou trois profs de prépa et le proviseur du lycée quand j'ai dit, vers la Toussaint de la première année, que je ne voulais pas rester.
Je ne sais pas trop quoi en penser maintenant. J'ai fait les deux ans à reculons, la fac dans la joie et la bonne humeur - grâce, notamment, à ces deux années diaboliques. Donc oui, on a bien fait de me contraindre à rester.
Comme cette gamine, j'ai dit que je ne voulais pas passer normale sup'. Pas pour une histoire de coeur: aller m'exiler à Paris avec un engagement pour dix ans, à l'époque, je ne voulais pas en entendre parler. Je me suis inscrite à ce concours quand on m'a dit que sans inscription, je n'aurais pas les équivalences à la fac.
N'empêche, balancer à des gamins de 17, 18 ans, qui n'ont pas fait une vraie nuit depuis belle lurette et sont déjà au bord de l'effondrement, que s'ils démissionnent ils décevront tous les espoirs que leur parents ont mis en eux, avec en prime les attentes de la mère République qui leur a permis tout ça, et qu'ils ont pris pour la jeter aux horties une place que d'autres méritaient autant qu'eux, c'est très violent. Surtout sur des étudiants scolaires et républicains. Dix ans après, je me souviens encore de l'état dans lequel me mettaient ces remarques.
Et je rejoins Aposiopèse sur beaucoup de points.
La promotion républicaine ne se fait pas toujours dans l'harmonie, et là en 2010 elle n'amène plus à grand'chose.
je lui ai fait remarquer que la nation avait investie sur elle, cette
année, trois fois plus que pour un étudiant lambda. Et que dans cette
classe, si elle abandonnait, elle aurait pris la place d'une autre qui,
elle ou lui, aurait pu réussir…"
Mot pour mot (!), ce que m'ont dit successivement deux ou trois profs de prépa et le proviseur du lycée quand j'ai dit, vers la Toussaint de la première année, que je ne voulais pas rester.
Je ne sais pas trop quoi en penser maintenant. J'ai fait les deux ans à reculons, la fac dans la joie et la bonne humeur - grâce, notamment, à ces deux années diaboliques. Donc oui, on a bien fait de me contraindre à rester.
Comme cette gamine, j'ai dit que je ne voulais pas passer normale sup'. Pas pour une histoire de coeur: aller m'exiler à Paris avec un engagement pour dix ans, à l'époque, je ne voulais pas en entendre parler. Je me suis inscrite à ce concours quand on m'a dit que sans inscription, je n'aurais pas les équivalences à la fac.
N'empêche, balancer à des gamins de 17, 18 ans, qui n'ont pas fait une vraie nuit depuis belle lurette et sont déjà au bord de l'effondrement, que s'ils démissionnent ils décevront tous les espoirs que leur parents ont mis en eux, avec en prime les attentes de la mère République qui leur a permis tout ça, et qu'ils ont pris pour la jeter aux horties une place que d'autres méritaient autant qu'eux, c'est très violent. Surtout sur des étudiants scolaires et républicains. Dix ans après, je me souviens encore de l'état dans lequel me mettaient ces remarques.
Et je rejoins Aposiopèse sur beaucoup de points.
La promotion républicaine ne se fait pas toujours dans l'harmonie, et là en 2010 elle n'amène plus à grand'chose.
- CherCollègueBanni
Parce que jlà, j'en arrive à un point tel que j'ai déjà envisagé de démissionner de l'EN pour faire des ménages...
En fait, vous ne changeriez pas de tâche. Vous changeriez juste de point de vue sur la tâche.
Réfléchissez encore !
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"Vous me comprendrez après la prochaine guerre des nations" Nietzsche.
- papillonbleuEsprit éclairé
Tu es bien optimiste ! Qui te dit qu'on ne va pas bientôt exiger 60 ans de cotisations pour partir à la retraite ?je suis partie pour 42 ans de dressage de fauves
- roxanneOracle
Mais plus que de continuer ou d'arrêter la prépa , ou de présenter ou pas des concours , ce sont ses motivations qui sont inquiétantes .Si elle décide de tout laisser tomber parce qu'elle a très envie de faire un BTS , un CAP coiffure ou un apprentissage en boulangerie et que c'est son choix , c'est peut-être dommage , mais bon , pourquoi pas ..Mais arrêter , changer parce qu'un mec le lui a dit , merde , là ce n'est pas possible .
- barègesÉrudit
Bien d'accord.
C'est l'argumentaire du professeur qui m'avait marqué, j'ai cru entendre les miens, à 10 ans de distance...
C'est l'argumentaire du professeur qui m'avait marqué, j'ai cru entendre les miens, à 10 ans de distance...
- leyadeEsprit sacré
Quand on aime vraiment quelqu'un, on veut le mieux pour lui. Et à leur âge d'étudiants, que le crétin qui la sauté le premier s'arroge le droit de lui couper les ailes sous prétexte qu'elle est niaise, c'est dégueu.
- RuthvenGuide spirituel
roxanne a écrit:Mais plus que de continuer ou d'arrêter la prépa , ou de présenter ou pas des concours , ce sont ses motivations qui sont inquiétantes .Si elle décide de tout laisser tomber parce qu'elle a très envie de faire un BTS , un CAP coiffure ou un apprentissage en boulangerie et que c'est son choix , c'est peut-être dommage , mais bon , pourquoi pas ..Mais arrêter , changer parce qu'un mec le lui a dit , merde , là ce n'est pas possible .
Et même si c'est l'amour de sa vie, mais non je ne suis pas fleur bleue, il ne s'agit que de stages, donc du provisoire ... C'est peut-être de ce côté qu'il faut argumenter auprès de la jeune ingénue contre le "je t'aime trop, je ne veux pas que tu partes".
- LoraNeoprof expérimenté
Et ce sera une belle preuve d'amour s'il l'attend.
- AbraxasDoyen
Un point pour répondre à celles que l'idée même de prépas fait gerber, et qui pensent sans doute que la maintenance de Poids lourds, c'est mieux…
Le concours que prépare la donzelle l'amènera à devenir cadre sup gestion / marketing dans une boîte privée où elle gagnera trois fois votre salaire — au minimum. Pas prof de collège. Et huit fois celui de son psychologue…
C'est là que le bât blesse, si vous voulez mon avis. Il fait ce qu'il peut pour la maintenir sous lui — financièrement entre autres.
Quant à l'idée que ce soit une merveilleuse histoire d'amour, j'espère qu'elle n'est envisagée sérieusement par personne… Elle-même n'en est pas bien persuadée - sinon, elle ne m'aurait rien dit, non ?
Et quand bien même… Est-ce un argument pour priver une fille d'une opportunité de carrière ? La contraindre, à terme, à rester à la maison — parce que c'est ce qui se profile, dans ce milieu — son père est technicien de surface, sa mère est au foyer. C'est ça, le destin auquel nous nous efforçons de l'arracher.
Le concours que prépare la donzelle l'amènera à devenir cadre sup gestion / marketing dans une boîte privée où elle gagnera trois fois votre salaire — au minimum. Pas prof de collège. Et huit fois celui de son psychologue…
C'est là que le bât blesse, si vous voulez mon avis. Il fait ce qu'il peut pour la maintenir sous lui — financièrement entre autres.
Quant à l'idée que ce soit une merveilleuse histoire d'amour, j'espère qu'elle n'est envisagée sérieusement par personne… Elle-même n'en est pas bien persuadée - sinon, elle ne m'aurait rien dit, non ?
Et quand bien même… Est-ce un argument pour priver une fille d'une opportunité de carrière ? La contraindre, à terme, à rester à la maison — parce que c'est ce qui se profile, dans ce milieu — son père est technicien de surface, sa mère est au foyer. C'est ça, le destin auquel nous nous efforçons de l'arracher.
- liliepingouinÉrudit
Il faut les tuer tous les deux, comme ça ils vivront leur magnifique, belle, grande histoire d'amour dans l'éternité
Je n'y connais rien mais il ne doit pas y avoir des dizaines de filles dans les BTS gestion de poids lourds, il a pas peur qu'elle se fasse la malle avec un joli camionneur? un CAP esthétique serait plus sûr non?
edit provoc: il faut la pousser à rester avec son copain voyons, ça fera plus de cadres pochard pour nous!!
Je n'y connais rien mais il ne doit pas y avoir des dizaines de filles dans les BTS gestion de poids lourds, il a pas peur qu'elle se fasse la malle avec un joli camionneur? un CAP esthétique serait plus sûr non?
edit provoc: il faut la pousser à rester avec son copain voyons, ça fera plus de cadres pochard pour nous!!
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