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Aurore
Esprit éclairé

C'est Balzac qu'on assassine - Page 7 Empty Re: C'est Balzac qu'on assassine

par Aurore Dim 5 Déc 2010 - 12:14
thierry75 a écrit:On est très loin du sujet initial. Honoré de Balzac, c'est deux lycées en un : un des pires lycées de paris (s'y retrouvent les élèves refusés ailleurs, aucune sélection, on prend tout) et un excellent bahut (sections de prestige...). Cohabitent dans cet immense espace entre les maréchaux et le périph des populations fort différentes...
et... ?
Le tout est de savoir s'ils cohabitent au sein des mêmes classes ou pas. Là se trouve le nœud du problème, si j'ai bien suivi... :lol:
John
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Médiateur

C'est Balzac qu'on assassine - Page 7 Empty Re: C'est Balzac qu'on assassine

par John Dim 5 Déc 2010 - 12:18
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C'est Balzac qu'on assassine - Page 7 Empty Re: C'est Balzac qu'on assassine

par Edgar Mer 23 Mar 2011 - 10:27
Beaucoup, presque tout a été dit sur ce fil.

Je connais ce lycée de réputation car il y a 25/30 ans, lorsque j'étais moi-même élève du lycée Carnot dans le même arrondissement, Balzac était déjà considéré comme la poubelle de l'arrondissement, à tort ou à raison. Les choses ne semblent pas changer. J'imagine juste que le niveau d'un lycée poubelle d' il y a 25 ans serait presque moyen aux normes actuelles. Difficile de vérifier...

A lire tout le monde, et à entendre ce qui se dit couramment au sujet de ces questions de mixité, il semble ressortir qu'il y a un point de départ très différent dans l'idée du rôle que l'on se fait de l'école en général et de l'école publique en particulier. Tout le monde a une part de raison dans sa vision, le problème étant que les points de vue idéologiques strictes ne tiennent pas 10 minutes face à la réalité de la société en 2011.

Il y a ceux qui considèrent que l'école est avant tout là pour former des esprits et que la qualité de l'enseignement et du travail des élèves est primordiale dans la formation des générations qui seront demain le coeur et le cerveau de la société. De la qualité de cette formation des individus dépend la qualité de la société dans laquelle nous vivrons.

Il y a ceux qui considèrent que l'école est avant tout un lieu de socialisation, d'expérimentation sociale, et que la connaissance disciplinaire ainsi que le niveau de l'enseignement qui y est dispensé est secondaire car les élèves pourront toujours plus tard rattraper ce qu'ils n'auront pas vu; ce qu'ils auront gagné sur le plan social est supérieur à des connaissances qui attisent l'esprit de compétition, qui sont de toutes façons soumises à un système de normes bourgeoises injustes, et qui font apparaître des différences entre les gens que l'école était là pour gommer selon eux.

Je pense que l'école, notamment publique, est là pour apprendre, et apprendre à se socialiser. Néanmoins la différence est une réalité naturelle, c'est presque une condition de la vie. La nier ou la gommer à tout prix est une forme d'entêtement borné.

Le problème est que l'on finit par faire de la socialisation à marches forcées pour les élèves qui n'ont pas le choix de l'école dans laquelle ils iront, et sont donc pénalisés par le fait que l'on n'arrive plus à travailler correctement dans ces établissements, compte-tenu de la proportion effarante d'élèves qui sont ascolaires, trop faibles pour suivre et décrochent, ou dont le niveau ralentit les élèves qui pourraient être tirés bien plus haut qu'ils ne le sont, mais s'ennuient à mourir et finissent pas régresser.

Le principe du mélange dans les classes est sain et efficace, à condition de respecter des proportions très précises, et qu'il existe encore dans les écoles des règles de droit et des sanctions qui soient appliquées en cas de manquement aux règles. De nombreuses écoles sont dépassées. Nous n'arrivons plus à gérer au quotidien les incivilités, l'insolence, l'absence totale de travail,et il plane un sentiment d'impunité justifié qui nous rend impuissants et ridicules.

Alors oui, on peut dire que l'école publique a manqué à ses devoirs, on peut le dire; est-ce-vrai ? Est-ce totalement vrai ? Il faut voir ce que sont certains élèves dans des collèges difficiles. Et ce ne sont pas uniquement des créations de l'école publique, il ne faut pas exagérer. Il y a des conditions liées à l'éducation qui sont très marquantes, et que l'école n'avait pas à régler, ou réglait avec plus de fermeté car elle en avait les moyens.

Aujourd'hui, le mot "mixité" fait peur car il est très lourdement connoté. Je n'ai pas besoin de vous détailler les images qui viennent aux yeux de la majorité des personnes (professeurs inclus) lorsque l'on parle de cela. Il y a encore une ou deux génération en arrière, "classes populaires" ne signifiait pas nécessairement impolitesse, désordre, violence, agressivité, vulgarité. Aujourd'hui, quand on parle de mixité, c'est idées viennent, avec d'autres. Et ce ne sont pas que des vues de l'esprit.

J'ai tendance aujourd'hui à penser que les personnes des milieux moins favorisés ou populaires (je ne sais pas quelle est l'expression officielle aujourd'hui, sachant que "populaire" n'a pour moi rien de péjoratif au contraire) qui font les efforts importants et nécessaires pour donner une éducation pertinente à leurs enfants, et qui souhaitent que l'école leur permette d'acquérir le bagage qu'ils méritent, ont le droit à ce que l'école le leur apporte, et qu'ils ne soient pas systématiquement les uniques cobayes d'expériences de socialisation ou de mixité qui se traduisent par des cours qui n'en sont pas, des professeurs épuisés, démotivés et agressifs avec eux, et un bagage en fin de scolarité qui est une parodie dramatique et honteuse de ce que les élèves qui ont eu la chance d'aller dans de vraies écoles ont reçu.
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