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Mélane
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"La gauche gagnerait à écouter Polony, Brighelli et Mazeron" - Page 3 Empty Re: "La gauche gagnerait à écouter Polony, Brighelli et Mazeron"

par Mélane Jeu 23 Déc 2010 - 14:25
Excellentissime ! yesyes
John
John
Médiateur

"La gauche gagnerait à écouter Polony, Brighelli et Mazeron" - Page 3 Empty Re: "La gauche gagnerait à écouter Polony, Brighelli et Mazeron"

par John Jeu 23 Déc 2010 - 14:47
J'aime bien les écrits de Jean-François Croz. Ils me font rire :

http://www.sauv.net/af.php?p=montesq

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frankenstein
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par frankenstein Jeu 23 Déc 2010 - 15:05
John a écrit:J'aime bien les écrits de Jean-François Croz. Ils me font rire :

http://www.sauv.net/af.php?p=montesq
yesyes Tiens, je ne l'avais pas lu celui-là !

Ils se disent ennemis jurés de l’oppression et du fanatisme, mais ils ne cessent de réclamer aux ministres et aux évêques des lettres de cachet ou des bulles d’excommunication contre ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils ne prisent rien tant que le commerce des grands auteurs, mais défendent furieusement que l’on enseigne leurs oeuvres, au motif que la prose des gazetiers et des montreurs de lanterne magique doit suffire aux appétits spirituels du menu peuple. Ils font profession de haïr les élites, mais on les voit chez les puissants gueuser sans cesse emplois, charges et bénéfices. Ils nient l’existence du Savoir, mais ils ont élaboré un dogme fort sévère qu’ils affublent du nom de Science de l’Éducation. Ils reprochent aux précepteurs de ne pas se faire entendre de leurs élèves, mais ils ne communiquent que par un idiome plus étrange que celui des Hurons et des Topinamboux. Ils soutiennent que les élèves passent trop de temps à l’école, mais trouveraient fort bon que les précepteurs y vécussent nuit et jour en reclus, après avoir fait encore voeu de célibat et de chasteté. En revanche, et bien qu’ils fassent parade de sentiments populaires, ils font peu de cas de la vertu de pauvreté, ni pour les précepteurs, ni surtout pour eux-mêmes. Car ils conçoivent l’école comme le Grand Bazar d’Ispahan, où l’on ferait fortune en vendant la culture, le bon goût et l’esprit à ceux qui n’en ont pas.

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Aurore
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par Aurore Lun 27 Déc 2010 - 11:23
Y@nn a écrit:Aurore, puisque je suis pris en flagrant délit d'ignorance, je t'en prie, éblouis-moi et apprends-moi ce que je ne sais pas : quelles sont ces références pédagogiques qui viennent du "pays du communautarisme" ?
Et puisque Montaigne n'est plus là pour se défendre (c'est souvent le problème avec les morts), prends sa défense et dis-moi en quoi ma "récupération" (j'aurais dit ma lecture, ma citation) est abusive ?

Pour le premier point Yann, va voir dans Lolita pour commencer (ex. le passage avec la directrice de l'école). Le texte est assez ancien pour prendre conscience de l'enracinement considérable de ces dérives outre-Atlantique.
Vois aussi dans La Crise de la culture d'Arendt. Petit détail : la philosophe n'avait pas pas encore eu la joie de constater la contamination ultérieure du continent européen par cette idéologie...
Concernant Montaigne : prendre de la hauteur par rapport à des savoirs assimilés (dans son cas, une culture humaniste considérable) signifie tout, sauf remettre ces savoirs en question avant-même que d'en prendre connaissance. Ceci à l'intention des tenants béats de la "tête bien faite", quitte à ce qu'elle demeure à jamais vide...
Y@nn
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par Y@nn Lun 27 Déc 2010 - 12:12
Aurore a écrit:Concernant Montaigne : prendre de la hauteur par rapport à des savoirs assimilés (dans son cas, une culture humaniste considérable) signifie tout, sauf remettre ces savoirs en question avant-même que d'en prendre connaissance. Ceci à l'intention des tenants béats de la "tête bien faite", quitte à ce qu'elle demeure à jamais vide...

Qui prétend le contraire ? Et une tête bien faite pourrait-elle l'être si elle était vide ?

Quant à Lolita, je l'ai lu et vu il y a bien longtemps ! Tu parles du livre, c'est ça ? Je ne l'ai pas sous la main pour le moment. Mes souvenirs sont anciens, serait-ce exagérer de demander la page ?
Aurore
Aurore
Esprit éclairé

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par Aurore Lun 27 Déc 2010 - 12:46
Y@nn a écrit:

Qui prétend le contraire ?
Les tenants du socle minimal pour tous, Dubet en tête.


Quant à Lolita, je l'ai lu et vu il y a bien longtemps ! Tu parles du livre, c'est ça ? Je ne l'ai pas sous la main pour le moment. Mes souvenirs sont anciens, serait-ce exagérer de demander la page ?
Je ne l'ai pas sous la main non plus, mais il s'agit de l'entretien de Humbert Humbert avec Mrs. Pratt.
Reine Margot
Reine Margot
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par Reine Margot Lun 27 Déc 2010 - 14:04
La scène se passe dans un établissement, où la stagiaire Angélique reçoit la visite-conseil de deux formateurs, dont l'un est lui-même stagiaire pour devenir formateur IUFM


Scène 5
Monsieur Diafoirus, pédagogue renommé, formateur à l'IUFM et conseiller du ministre
Thomas Diafoirus, apprenti chercheur en sciences de l'éducation, formateur IUFM stagiaire
Argan, chef d'établissement,
Angélique, stagiaire,
Cléante, Toinette, stagiaires.

Argan, mettant la main à sa cravate.

L'Inspecteur d'Académie, Monsieur Purgon, m'a défendu de trop faire de conseils de discipline. Vous êtes du métier : vous savez les conséquences.

Monsieur Diafoirus

Nous sommes dans toutes nos visites pour porter secours aux stagiaires, et non pour leur porter de l'incommodité.

Ils parlent tous deux en même temps, s'interrompant et confondant.

Argan

Je reçois, monsieur…

Monsieur Diafoirus

Nous venons ici, monsieur…

Argan

Avec beaucoup de joie…

Monsieur Diafoirus

Monsieur Diafoirus et moi…

Argan

L'honneur que vous me faites…

Monsieur Diafoirus

Vous témoigner, monsieur…

Argan

Et j'aurais souhaité…

Monsieur Diafoirus

Le ravissement où nous sommes…

Argan

De pouvoir aller chez vous…

Monsieur Diafoirus

De la grâce que vous nous faites…

Argan

Pour vous en assurer.

Monsieur Diafoirus

De vouloir bien nous recevoir…

Argan

Mais vous savez, monsieur…

Monsieur Diafoirus

Dans l'honneur, monsieur…

Argan

Ce que c'est qu'un pauvre stagiaire à 18h…

Monsieur Diafoirus

De notre collaboration…

Argan

Qui ne peut faire autre chose…

Monsieur Diafoirus

Et vous assurer…

Argan

Que de vous dire ici…

Monsieur Diafoirus

Que dans les choses qui dépendront de notre métier…

Argan

Qu'il cherchera toutes les occasions…

Monsieur Diafoirus

De même qu'en toute autre…

Argan

De vous faire connaître, monsieur…

Monsieur Diafoirus

Nous serons toujours prêts, monsieur…

Argan

Qu'il est tout à votre service.

Monsieur Diafoirus

A vous témoigner notre zèle. Il se retourne vers son stagiaire et lui dit. Allons, Thomas, avancez. Faites vos compliments.

Thomas Diafoirus est un grand benêt nouvellement sorti des écoles, qui fait toutes choses de mauvaise grâce et à contretemps.

N'est-ce pas par le chef d'établissement qu'il convient de commencer.

Monsieur Diafoirus

Oui.

Thomas Diafoirus

Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir et révérer en vous un second supérieur hiérarchique, mais un second supérieur auquel j'ose dire que je me trouve plus redevable qu'au premier. Le premier m'a formé ; mais vous me titulariserez. Il m'a reçu par nécessité ; mais vous m'avez accepté par grâce. Ce que je tiens de lui est un ouvrage de ses cours à l'IUFM ; mais ce que je tiens de vous est un ouvrage de votre volonté ; et, d'autant plus que les facultés spirituelles sont au-dessus des corporelles, d'autant plus je vous dois, et d'autant plus je tiens précieuse cette future formation, dont je viens aujourd'hui vous rendre, par avance, les très humbles et très respectueux hommages.

Toinette

Vivent les IUFM d'où l'on sort si habile homme !

Thomas Diafoirus

Cela a-t-il bien été, monsieur ?

Monsieur Diafoirus

Optime.

Argan, à Angélique.

Allons, saluez monsieur.

Thomas Diafoirus

Baiserai-je ?

Monsieur Diafoirus

Oui, oui.

Thomas Diafoirus, à Angélique.

Madame, c'est avec justice que le ciel vous a concédé le poste de Chef de Division, puisque l'on…

Argan

Ce n'est pas à la Chef de division, c'est la stagiaire à qui vous parlez.

Thomas Diafoirus

Où donc est-elle ?

Argan

Elle va venir.

Thomas Diafoirus

Attendrai-je, monsieur, qu'elle soit venue ?

Monsieur Diafoirus

Faites toujours le bilan de l'inspection de mademoiselle.

Thomas Diafoirus

Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux lorsqu'elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé d'un doux transport à la présentation de votre séquence et, comme les naturalistes remarquent que la fleur nommée héliotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi les activités de votre séance tournent-elles vers le même objectif, ainsi que vers son pôle unique. Souffrez donc, mademoiselle, que j'appende aujourd'hui à l'autel de la pégagogie l'offrande de cete titularisation qui ne respire et n'ambitionne autre gloire que de mettre toute sa vie l'élève au centre des savoirs.

Toinette, en le raillant.

Voilà ce que c'est que d'étudier ! on apprend à dire de belles choses.

Argan

Eh ! que dites-vous de cela ?

Cléante

Que monsieur fait merveilles et que, s'il est aussi bon professeur qu'il est bon orateur, il y aura plaisir à être de ses élèves.

Toinette

Assurément. Ce sera quelque chose d'admirable, s'il fait d'aussi bons cours face aux élèves de zep qu'il fait de beaux discours.

Argan

Allons, vite, ma chaise, et des sièges à tout le monde. Mettez-vous là, mademoiselle. Vous voyez, monsieur, que tout le monde admire monsieur Diafoirus ; et je vous trouve bien heureux de vous voir un futur pédagogue comme cela.

Monsieur Diafoirus

Monsieur, ce n'est pas parce que je suis son formateur ; mais je puis dire que j'ai sujet d'être content de lui, et que tous ceux qui le voient, en parlent comme d'un garçon, qui n'a point de méchanceté. Il n'a jamais eu l'imagination bien vive, ni ce feu d'esprit qu'on remarque dans quelques-uns ; mais c'est par là que j'ai toujours bien auguré de sa didactique, qualité requise pour l'exercice de notre art. Lorsqu'il était étudiant, il n'a jamais été ce qu'on appelle intellignt et éveillé. On le voyait toujours doux, paisible et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l'on nomme estudiantins. On eut toutes les peines du monde à lui faire avoir sa maîtrise ; et il avait vingt-neuf ans, qu'il ne connaissait pas encore sa grammaire. Bon, disais-je en moi-même : les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits. On grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable ; mais les choses y sont conservées bien plus longtemps ; et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d'imagination, est la marque d'un bon jugement à venir. Lorsque je l'envoyai au master de sciences de l'éducation, il trouva de la peine ; mais il se raidissait contre les difficultés ; et ses régents se louaient toujours à moi de son assiduité et de son travail. Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à publier ses premiers ouvrages de pédagogie ; et je puis dire, sans vanité que, depuis deux ans qu'il est sur les bancs, il n'y a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les disputes sur la didactique de notre école. Il s'y est rendu redoutable ; et il ne s'y passe point d'acte où il n'aille argumenter à outrance pour l'élève au centre. Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion, et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. Mais, sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c'est qu'il s'attache aveuglément aux opinions de nos anciens, Mérieu et Dubet, et que jamais il n'a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la transmission des savoirs et autres opinions de même farine.

Thomas Diafoirus, tirant de sa poche une grande thèse roulée, qu'il présente à Angélique.

J'ai, contre les tenants de la transmission des savoirs, soutenu une thèse, qu'avec la permission de monsieur, j'ose présenter à mademoiselle, comme un cadeau que je lui dois des prémices de mon esprit, pour sa titularisation.

Angélique

Monsieur, c'est pour moi un meuble inutile, et je ne me connais pas à ces choses-là.

Toinette

Donnez, donnez. Elle est toujours bonne à prendre pour l'image : cela servira à parer notre chambre.

Thomas Diafoirus

Avec la permission aussi de monsieur, je vous invite à venir voir, l'un de ces jours, pour vous divertir, un cours à l'IUFM sur la pratique de la séquence transdisciplinaire, sur quoi je dois raisonner.

Toinette

Le divertissement sera agréable. Il y en a qui donnent la comédie à leurs maîtresses ; mais donner un cours de didactique est quelque chose de plus galant.

Monsieur Diafoirus

Au reste, pour ce qui est des qualités requises pour le maniement des TICE et le divertissement des élèves en classe, je vous assure que, selon les règles de nos docteurs, il est tel qu'on le peut souhaiter ; qu'il possède en un degré louable la compétence du fonctionnaire agissant de façon éthique et responsable , et qu'il est du tempérament qu'il faut pour produire des élèves bien conditionnés.

Argan

N'est-ce pas votre intention, monsieur, de le pousser au ministère, et d'y ménager pour lui une charge de conseiller pédagogique du ministre ?

Monsieur Diafoirus

A vous en parler franchement, notre métier auprès des grands ne m'a jamais paru agréable ; et j'ai toujours trouvé qu'il valait mieux pour nous autres demeurer à l'IUFM. L'IUFM est commode. Vous n'avez à répondre de vos actions à personne ; et, pourvu que l'on suive le courant des pratiques pédagogiques en vigueur, on ne se met point en peine de prendre des classes en charge. Mais ce qu'il y a de fâcheux auprès des grands, c'est que, quand ils ont leurs propres enfants à l'école, ils veulent absolument que leurs professeurs les instruisent.

Toinette

Cela est plaisant ! et ils sont bien impertinents de vouloir que, vous autres messieurs, vous les instruisiez. Vous n'êtes point à l'IUFM pour cela ; vous n'y êtes que pour recevoir vos pensions et leur ordonner des méthodes pédagogiques ; c'est à eux à apprendre s'ils peuvent.


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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
Y@nn
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par Y@nn Lun 27 Déc 2010 - 17:08
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