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bellaciao
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Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 Empty Re: Comment expliquez-vous les modes verbaux ?

par bellaciao Lun 25 Avr 2011 - 17:59
Cripure a écrit:
Celeborn a écrit:Chez nous, on s'est mis d'accord avec mes collègues et on joue les rebelles : le conditionnel est resté un mode.
D'accord. Donc, il y a choix possible. Eh bien, je commence à comprendre la raison d'une belle profusion de zéros pointés en seconde... Oups Very Happy

En même temps, vous n'évaluez plus la grammaire en seconde, non ?
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User5899
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par User5899 Lun 25 Avr 2011 - 19:04
bellaciao a écrit:
Cripure a écrit:
Celeborn a écrit:Chez nous, on s'est mis d'accord avec mes collègues et on joue les rebelles : le conditionnel est resté un mode.
D'accord. Donc, il y a choix possible. Eh bien, je commence à comprendre la raison d'une belle profusion de zéros pointés en seconde... Oups Very Happy

En même temps, vous n'évaluez plus la grammaire en seconde, non ?
En principe, non, en effet. Mais depuis deux ou trois ans, les études de textes (qui reposent sur l'analyse des faits de langue) sont tellement farcies d'aberrations quant à la description de la langue que mes collègues et moi avons décidé de reprendre quelques bases. Et en fait, nous nous heurtons à des points que nous pensions basiques (il se trouve que nous sommes 6 profs âgés de 40 à 64 ans n'ayant jamais enseigné en collège de notre vie), mais qui sont soit non sus, soit sus avec une terminologie que nous ne soupçonnions même pas (ex. les déterminants, que je découvre via internet depuis peu). Quant au conditionnel temps, je vais leur raconter ma trouvaille dès la rentrée, on va bien rigoler. C'est vrai que "conditionnel de l'indicatif", dans une copie de bac, pour moi, c'est le gros trait rouge barrant et le point d'exclamation en marge. Une nouvelle aberration de l'EN : le changement dans la nomenclature grammaticale. Pour quel résultat ? Ah c'est vrai, dans l'EN, on se fiche du résultat.
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par Schéhérazade Lun 25 Avr 2011 - 19:31
Cripure a écrit:
bellaciao a écrit:
Cripure a écrit:
Celeborn a écrit:Chez nous, on s'est mis d'accord avec mes collègues et on joue les rebelles : le conditionnel est resté un mode.
D'accord. Donc, il y a choix possible. Eh bien, je commence à comprendre la raison d'une belle profusion de zéros pointés en seconde... Oups Very Happy

En même temps, vous n'évaluez plus la grammaire en seconde, non ?
En principe, non, en effet. Mais depuis deux ou trois ans, les études de textes (qui reposent sur l'analyse des faits de langue) sont tellement farcies d'aberrations quant à la description de la langue que mes collègues et moi avons décidé de reprendre quelques bases. Et en fait, nous nous heurtons à des points que nous pensions basiques (il se trouve que nous sommes 6 profs âgés de 40 à 64 ans n'ayant jamais enseigné en collège de notre vie), mais qui sont soit non sus, soit sus avec une terminologie que nous ne soupçonnions même pas (ex. les déterminants, que je découvre via internet depuis peu). Quant au conditionnel temps, je vais leur raconter ma trouvaille dès la rentrée, on va bien rigoler. C'est vrai que "conditionnel de l'indicatif", dans une copie de bac, pour moi, c'est le gros trait rouge barrant et le point d'exclamation en marge. Une nouvelle aberration de l'EN : le changement dans la nomenclature grammaticale. Pour quel résultat ? Ah c'est vrai, dans l'EN, on se fiche du résultat.

Interro de 3è sur la syntaxe du subjonctif avec la consigne suivante: employez le mode adéquat dans les phrases suivantes et justifiez votre choix. Réponse d' un élève (et même pas le pire, loin de là): ce verbe est au "subjonctif de l' indicatif" parce que...Imaginez mon profond désespoir! Après deux heures consacrées au problème, qui me permettaient de revoir relatives, complétives, indépendantes, circonstancielles...le tout dans une très bonne classe (le genre de classe où il est encore possible de faire ce genre de cours).
Mon manuel de 5è distingue le "conditionnel simple" et "le conditionnel composé" en lieu et place du conditionnel présent et du conditionnel passé. J'avoue rétablir les appellations de conditionnel présent et passé, et traiter le conditionnel comme un mode, sinon, les élèves ne comprennent vraiment pas pourquoi il y a deux temps distincts. De toute façon, les emplois du conditionnels sont très difficiles à enseigner. Je consacre une séance à l' emploi comme futur dans le passé, une autre aux valeurs modales.
Ah et j' adore: "avec vous, c' est compliqué, pourquoi vous dites pas comme madame untel que complétive c' est quand il y a un verbe devant "que"?" humhum
Nuits
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par Nuits Lun 25 Avr 2011 - 19:48
Cripure a écrit:
bellaciao a écrit:
Cripure a écrit:
Celeborn a écrit:Chez nous, on s'est mis d'accord avec mes collègues et on joue les rebelles : le conditionnel est resté un mode.
D'accord. Donc, il y a choix possible. Eh bien, je commence à comprendre la raison d'une belle profusion de zéros pointés en seconde... Oups Very Happy

En même temps, vous n'évaluez plus la grammaire en seconde, non ?
En principe, non, en effet. Mais depuis deux ou trois ans, les études de textes (qui reposent sur l'analyse des faits de langue) sont tellement farcies d'aberrations quant à la description de la langue que mes collègues et moi avons décidé de reprendre quelques bases. Et en fait, nous nous heurtons à des points que nous pensions basiques (il se trouve que nous sommes 6 profs âgés de 40 à 64 ans n'ayant jamais enseigné en collège de notre vie), mais qui sont soit non sus, soit sus avec une terminologie que nous ne soupçonnions même pas (ex. les déterminants, que je découvre via internet depuis peu). Quant au conditionnel temps, je vais leur raconter ma trouvaille dès la rentrée, on va bien rigoler. C'est vrai que "conditionnel de l'indicatif", dans une copie de bac, pour moi, c'est le gros trait rouge barrant et le point d'exclamation en marge. Une nouvelle aberration de l'EN : le changement dans la nomenclature grammaticale. Pour quel résultat ? Ah c'est vrai, dans l'EN, on se fiche du résultat.

Pour être brève et ne pas entrer dans la polémique , je vous conseille, par exemple, la lecture de La grammaire méthodique du français (1ère édition en 1994, très récent en effet...), 672 pages, 15 euros. Tant de profs (de moins de 40 ans à vous lire) ont pleuré (ou jubilé !) sur cet incontournable des concours... Après, si vous n'aimez pas les "digests" comme l'on dit, plongez-vous donc dans les ouvrages de la bibliographie, ou poussez simplement la porte d'une B.U.

Vous y trouverez plein d'hilarantes trouvailles à raconter à vos collègues dès la rentrée. Parmi les auteurs, il y a M. Riegel, un jeunot né en 1940, J.C Pellat et R. Rioul. Si vous ne trouvez pas de document "grâce à internet" pour vous informer sur ces drôles, ignares en linguistique, je suis à votre disposition...

Personnellement, ce qui me fait bien "rigoler", ce sont les enseignants si prompts à se moquer, mais qui ne cherchent pas à renouveler leurs connaissances, à savoir où en est l'état de la recherche dans leur domaine disciplinaire. Plus encore ceux qui considèrent, non sans sarcasme et mépris, tout ce qui diffère de ce qu'ils ont appris comme un imbécilité sans nom...


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C'est dans l'intérêt de l'enfant. Very Happy
V.Marchais
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Empereur

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par V.Marchais Lun 25 Avr 2011 - 21:03
Le problème n'est pas tant de "renouveler les connaissances" de l'enseignant que d'arriver à en transmettre, quelque peu cohérentes et organisées, aux élèves. Certains débats sont très intéressants à un niveau universitaire et deviennent catastrophiques transposés brutalement à l'école. La question, c'est de savoir ce qu'on a gagné à bousculer ainsi une grammaire traditionnelle qui avait ses limites, certes (mais quel système n'en a pas ?) mais aussi sa cohérence. A-t-on mis au point quelque chose de plus clair ? plus logique ? plus facilement appréhendable par les élèves ? Il semble bien que non. On patauge dans la confusion la plus totale, y compris chez les enseignants. Et ce n'est pas une simple question de génération, avec quelques vieux cons qui refuseraient d'évoluer. Celeborn n'a pas 30 ans, si ma mémoire est bonne, et il a expliqué pourquoi ses collègues et lui refusaient d'appliquer la classification en modes de la RPR. D'autres appliquent scrupuleusement les IO. D'autres encore tentent de tenir un délicat milieu entre les deux attitudes et voilà le conditionnel à la fois temps et mode. Objectivement, c'est le bordel, et ça ne peut guère être favorable aux élèves.
A mon sens, pas tellement de quoi "rigoler", mais d'une certaine manière, mieux vaut en rire - et je comprends la distance critique de Cripure vis-à-vis de toutes ces recherches universitaires parachutées du jour au lendemain dans l'EN. On devrait faire preuve d'un peu plus de prudence avant de remettre en cause un système qui, bon an mal an, a fonctionné pour des générations entières.
Schéhérazade
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par Schéhérazade Lun 25 Avr 2011 - 21:19
V.Marchais a écrit:Le problème n'est pas tant de "renouveler les connaissances" de l'enseignant que d'arriver à en transmettre, quelque peu cohérentes et organisées, aux élèves. Certains débats sont très intéressants à un niveau universitaire et deviennent catastrophiques transposés brutalement à l'école. La question, c'est de savoir ce qu'on a gagné à bousculer ainsi une grammaire traditionnelle qui avait ses limites, certes (mais quel système n'en a pas ?) mais aussi sa cohérence. A-t-on mis au point quelque chose de plus clair ? plus logique ? plus facilement appréhendable par les élèves ? Il semble bien que non. On patauge dans la confusion la plus totale, y compris chez les enseignants. Et ce n'est pas une simple question de génération, avec quelques vieux cons qui refuseraient d'évoluer. Celeborn n'a pas 30 ans, si ma mémoire est bonne, et il a expliqué pourquoi ses collègues et lui refusaient d'appliquer la classification en modes de la RPR. D'autres appliquent scrupuleusement les IO. D'autres encore tentent de tenir un délicat milieu entre les deux attitudes et voilà le conditionnel à la fois temps et mode. Objectivement, c'est le bordel, et ça ne peut guère être favorable aux élèves.
A mon sens, pas tellement de quoi "rigoler", mais d'une certaine manière, mieux vaut en rire - et je comprends la distance critique de Cripure vis-à-vis de toutes ces recherches universitaires parachutées du jour au lendemain dans l'EN. On devrait faire preuve d'un peu plus de prudence avant de remettre en cause un système qui, bon an mal an, a fonctionné pour des générations entières.

Je suis d' accord avec vous...et je connais la RPR, j' ai passé les concours il y a peu...je me sens dans la plus grande perplexité pour ce qui est d' un enseignement efficace de la grammaire. Je saisis l' occasion pour vous féliciter de vos manuels, votre progression de grammaire m' a bien aidée, notamment en 5è, même si votre manuel n' a pas été choisi par l' équipe, je m' appuie sur lui.
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User5899
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par User5899 Lun 25 Avr 2011 - 22:02
Schéhérazade a écrit:"avec vous, c' est compliqué, pourquoi vous dites pas comme madame untel que complétive c' est quand il y a un verbe devant "que"?" Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 46471
affraid
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par User5899 Lun 25 Avr 2011 - 22:06
Nuits a écrit:Pour être brève et ne pas entrer dans la polémique , je vous conseille, par exemple, la lecture de La grammaire méthodique du français (1ère édition en 1994, très récent en effet...), 672 pages, 15 euros. Tant de profs (de moins de 40 ans à vous lire) ont pleuré (ou jubilé !) sur cet incontournable des concours... Après, si vous n'aimez pas les "digests" comme l'on dit, plongez-vous donc dans les ouvrages de la bibliographie, ou poussez simplement la porte d'une B.U.

Vous y trouverez plein d'hilarantes trouvailles à raconter à vos collègues dès la rentrée. Parmi les auteurs, il y a M. Riegel, un jeunot né en 1940, J.C Pellat et R. Rioul. Si vous ne trouvez pas de document "grâce à internet" pour vous informer sur ces drôles, ignares en linguistique, je suis à votre disposition...

Personnellement, ce qui me fait bien "rigoler", ce sont les enseignants si prompts à se moquer, mais qui ne cherchent pas à renouveler leurs connaissances, à savoir où en est l'état de la recherche dans leur domaine disciplinaire. Plus encore ceux qui considèrent, non sans sarcasme et mépris, tout ce qui diffère de ce qu'ils ont appris comme un imbécilité sans nom...
Heureusement que vous n'entrez pas dans la polémique.
J'ai eu l'agreg en 87, à 22 ans, et je conçois ma vie autrement que comme une reconquête du vocabulaire technique minimum. Ce que vous décrivez n'est pas un renouvellement des connaissances, c'est une perte de temps à apprendre un nouvel étiquetage qui se révèlera caduc demain. Ou pas.
Au lieu de renouveler mes connaissances, je préfère essayer de les étendre. Ars longa, uita breuis.
Bon. Et pour demeurer poli, j'en resterai là. Vous avez vu ? Sans "s".
mimilou
mimilou
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par mimilou Mar 26 Avr 2011 - 10:43
Cripure a écrit:
Schéhérazade a écrit:"avec vous, c' est compliqué, pourquoi vous dites pas comme madame untel que complétive c' est quand il y a un verbe devant "que"?" Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 46471
affraid

Je me permets de réagir, ayant lu le sujet depuis le début.
Je suis T1, ai été formée en grammaire à la fac par un grammairien plutôt connu qui révolutionnait la grammaire, mais qui au final nous a plus embrouillés qu'autre chose. Je me retrouve devant d'énormes difficultés pour enseigner la grammaire au collège (du moins la grammaire de phrase et ses nombreuses subordonnées), d'une part parce que je n'ai pas eu une formation suffisante, que ce soit théorique ou pédagogique (c'est un autre débat), mais d'autre part, surtout, parce que les collégiens sont très faibles, en grammaire, en compréhension, en tout.
Mes 3èmes ne savent pas repérer un GN COD, alors comment leur expliquer qu'une complétive complète un verbe, est COD, quand ils ne savent pas trouver un COD sous la simple forme d'un nom ? Alors oui, je passe moi aussi par la phrase, caricaturale et parfois fausse, certes, de "devant le "que" de la complétive il y a verbe, devant le "que" de la relative il y a un nom (je répète que je sais que cela peut être faux, cependant dans les exemples que je leur propose, c'est le cas). Après cette phase, oui, je reviens aux fonctions des subordonnées, et je leur indique que la règle donnée n'est pas toujours vraie.
Mais ils sont perdus, totalement perdus. Peut-être parce que je m'y prends mal, oui, mais aussi parce qu'ils n'ont plus les bases solides de grammaire que l'on avait avant. Alors il faut bien s'adapter.
Désolée, j'ai déviée ; le sujet n'était pas tout à fait ça.
Vudici
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par Vudici Mar 26 Avr 2011 - 11:23
Je peux encore en rajouter une couche, si vous voulez... Ce qui était commun aux différents pays francophones ne l'est plus: ce que vous (comme moi quand j'étais gamine) appelez COD doit s'appeler GCD faisant partie d'un GV en Belgique.
Supeeer! Comme frontaliers, on a des gamins qui passent d'un système scolaire à l'autre...et font de magnifiques soupes.

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Front de Libération des Lichens Injustement Massacrés
V.Marchais
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par V.Marchais Mar 26 Avr 2011 - 12:24
mimilou a écrit:
Je me permets de réagir, ayant lu le sujet depuis le début.
Je suis T1, ai été formée en grammaire à la fac par un grammairien plutôt connu qui révolutionnait la grammaire, mais qui au final nous a plus embrouillés qu'autre chose. Je me retrouve devant d'énormes difficultés pour enseigner la grammaire au collège (du moins la grammaire de phrase et ses nombreuses subordonnées), d'une part parce que je n'ai pas eu une formation suffisante, que ce soit théorique ou pédagogique (c'est un autre débat), mais d'autre part, surtout, parce que les collégiens sont très faibles, en grammaire, en compréhension, en tout.
Mes 3èmes ne savent pas repérer un GN COD, alors comment leur expliquer qu'une complétive complète un verbe, est COD, quand ils ne savent pas trouver un COD sous la simple forme d'un nom ? Alors oui, je passe moi aussi par la phrase, caricaturale et parfois fausse, certes, de "devant le "que" de la complétive il y a verbe, devant le "que" de la relative il y a un nom (je répète que je sais que cela peut être faux, cependant dans les exemples que je leur propose, c'est le cas). Après cette phase, oui, je reviens aux fonctions des subordonnées, et je leur indique que la règle donnée n'est pas toujours vraie.
Mais ils sont perdus, totalement perdus. Peut-être parce que je m'y prends mal, oui, mais aussi parce qu'ils n'ont plus les bases solides de grammaire que l'on avait avant. Alors il faut bien s'adapter.

Mimilou, si cela peut te rassurer, je me reconnais entièrement dans le message que tu viens d'écrire : en sortant de la fac, je me suis sentie extrêmement mal formée en grammaire et démunie face aux difficultés de mes élèves. Je suis pourtant la même personne dont Shéhérazade vient de dire que les progressions en grammaire l'ont aidée face à ses propres élèves. Comme quoi, cette difficulté que tu éprouves, que j'ai éprouvée, est surmontable. Entre ces deux points, que s'est-il passé pour moi ? Dix ans, beaucoup de travail, de recherche, et l'aide de collègues solides et généreux. Sur ce dernier point, j'essaie d'être à leur hauteur et de rendre à mon tour ce qu'ils m'ont donné.

Tu as raison, Mimilou : faire de l'analyse avec des élèves qui n'ont toujours pas appris à repérer avec aisance les fonctions de base, en particulier sujet et CO, c'est l'enfer. C'est pourquoi il est important de reprendre ces notions, si nécessaire, même en 3e. Le problème est qu'elle sont en général très mal expliquées - en fait, elles ne sont pas expliquées du tout, le CO étant défini par des critères purement distributionnels : on peut supprimer ou non, déplacer ou non le groupe analysé, etc. C'est une catastrophe qui empêche de comprendre véritablement ce qu'est un CO, notion qu'on ne peut appréhender qu'en lien avec la construction du verbe et le concept de transitivité. Ainsi, contrairement à ce que ce vocabulaire peut laisser penser, c'est très facile. Je ne voudrais pas avoir l'air prétentieuse, mais j'arrive très bien à expliquer la notion de CO. Même mes élèves très faibles arrivent à s'y retrouver, parce que je travaille à partir de la construction du verbe, ce qui simplifie énormément les choses. Je ne veux pas trop faire dévier ce fil, mais si tu veux plus de détails, ou même des cours et exercices sur le sujet, n'hésite pas à me contacter en privé : je te les communiquerai de bon coeur. Je sais trop ce que c'est que de galérer avec l'impression qu'on n'en sortira jamais.

Pour les subordonnées, il y aurait beaucoup à dire.
Pour commencer, je te conseille vivement de renoncer à la notion de complétive qui mélange nature et fonction et de t'en tenir à des repères très simples :
Une proposition subordonnée est une proposition qui commence par un mot subordonnant (valable pour tout le collège depuis la suppression des programmes des infinitives et des participiales). Par ailleurs, une proposition subordonnée complète une autre proposition : elle a donc une
fonction dans la phrase.

La nature d'une proposition subordonnée dépend de la nature du mot subordonnant qui l'introduit : une proposition subordonnée introduite par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel...) est une subordonnée relative.
une proposition subordonnée introduite par une conjonction de sub (que, quand, comme, si, puisque, parce que, lorsque et autres locutions en que), une conjonctive.
une proposition subordonnée introduite par un mot interrogatif est une proposition subordonnée interrogative (indirecte).

La fonction d'une subordonnée est relativement facile à déterminer quand on connaît sa nature :
- la relative est TOUJOURS complément de l'antécédent ;
- une conjonctive introduite par QUE est généralement COD ou COI, parfois sujet ou attribut du sujet (au collège, il est bon de se limiter à ces cas) ;
- les autres conjonctives sont TOUJOURS compl. circ.
- les interrogatives sont toujours COD d'un verbe comme demander, savoir, etc.

Tu vois que, comme ça, ça circonscrit bien les choses et ça impose une méthode.

Je comprends ton désir d'aller à l'essentiel et de simplifier avec des élèves faibles. Mais le coup de que après un verbe est sujet à caution. Il faut savoir distinguer relatives et conjonctives introduites par que. Alors je te donne un truc très simple :
Que pronom relatif est un pronom qui remplace un nom dans la subordonnée : si on le supprime, la subordonnée est incomplète. Ex : J'aime beaucoup la jupe que tu as achetée. > Tu as acheté est incomplet.
Une conjonction n'a aucune fonction dans la proposition, elle ne sert qu'à relier. Si on la supprime, la subordonnée reste complète. Ex : Je voudrais que tu m'achètes cette robe. > Tu m'achètes cette robe est complet.
Donc, pour distinguer que relatif et que conjonction, il suffit de lire la subordonnée sans que et de voir si ça fait un énoncé complet. Si oui, c'est une PSC, si non, c'est une PSR.

Allez, courage à toi et dis-toi bien que, dans ce métier, si on en a la volonté, on progresse un peu chaque année.
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

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par V.Marchais Mar 26 Avr 2011 - 12:52
Schéhérazade a écrit:
Je suis d' accord avec vous...et je connais la RPR, j' ai passé les concours il y a peu...je me sens dans la plus grande perplexité pour ce qui est d' un enseignement efficace de la grammaire. Je saisis l' occasion pour vous féliciter de vos manuels, votre progression de grammaire m' a bien aidée, notamment en 5è, même si votre manuel n' a pas été choisi par l' équipe, je m' appuie sur lui.

Merci Schéhérazade. Ça fait vraiment plaisir. Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 87238
Aëmiel
Aëmiel
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par Aëmiel Mar 26 Avr 2011 - 12:53
Pour les modes verbaux, pour le début, je donne des exemples très simples au présent, issus de tous les modes (chez nous aussi, on a gardé le conditionnel mode, et on glisse en 3è qu'il a aussi une valeur temporelle).
- tu pars en vacances
- pars en vacances !
- tu partirais bien en vacances
- je souhaite que tu partes en vacances
- partir en vacances
Et on observe les différences de sens, on observe que tout est au présent qu'un mode ne sert donc pas à placer dans le temps.

Je ne sais pas si c'est grammaticalement valable, mais ils comprennent.
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User5899
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par User5899 Mar 26 Avr 2011 - 13:09
sérafina a écrit:Pour les modes verbaux, pour le début, je donne des exemples très simples au présent, issus de tous les modes (chez nous aussi, on a gardé le conditionnel mode, et on glisse en 3è qu'il a aussi une valeur temporelle).
- tu pars en vacances
- pars en vacances !
- tu partirais bien en vacances
- je souhaite que tu partes en vacances
- partir en vacances
Et on observe les différences de sens, on observe que tout est au présent qu'un mode ne sert donc pas à placer dans le temps.

Je ne sais pas si c'est grammaticalement valable, mais ils comprennent.
Oui, et je pense que ça suffit amplement jusqu'à l'agrégation exclue. Combien d'erreurs de sens seraient évitées si ce minimum était bien su ! car n'oubliez pas : les programmes du lycée, c'est littérature du XVIe au XIXe à 90%!!
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

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par V.Marchais Mar 26 Avr 2011 - 13:17
sérafina a écrit:Pour les modes verbaux, pour le début, je donne des exemples très simples au présent, issus de tous les modes (chez nous aussi, on a gardé le conditionnel mode, et on glisse en 3è qu'il a aussi une valeur temporelle).
- tu pars en vacances
- pars en vacances !
- tu partirais bien en vacances
- je souhaite que tu partes en vacances
- partir en vacances
Et on observe les différences de sens, on observe que tout est au présent qu'un mode ne sert donc pas à placer dans le temps.

Je ne sais pas si c'est grammaticalement valable, mais ils comprennent.

J'en pense que, grammaticalement, c'est le meilleur moyen d'illustrer ces définitions simples que Provence et moi évoquions, voire de les établir avec les élèves.
miss terious
miss terious
Doyen

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par miss terious Mar 26 Avr 2011 - 14:06
V.Marchais a écrit:
Je comprends ton désir d'aller à l'essentiel et de simplifier avec des élèves faibles. Mais le coup de que après un verbe est sujet à caution. Il faut savoir distinguer relatives et conjonctives introduites par que. Alors je te donne un truc très simple :
Que pronom relatif est un pronom qui remplace un nom dans la subordonnée : si on le supprime, la subordonnée est incomplète. Ex : J'aime beaucoup la jupe que tu as achetée. > Tu as acheté est incomplet.
Une conjonction n'a aucune fonction dans la proposition, elle ne sert qu'à relier. Si on la supprime, la subordonnée reste complète. Ex : Je voudrais que tu m'achètes cette robe. > Tu m'achètes cette robe est complet.
Donc, pour distinguer que relatif et que conjonction, il suffit de lire la subordonnée sans que et de voir si ça fait un énoncé complet. Si oui, c'est une PSC, si non, c'est une PSR.

Allez, courage à toi et dis-toi bien que, dans ce métier, si on en a la volonté, on progresse un peu chaque année.

Merci pour cette astuce, bien plus simple que celle que je donne à mes élèves.
Jusqu'ici, je leur disais d'essayer de transformer les deux prop. de la phrase complexe en deux phrases simples.
Par ex. J'aime la robe que tu as achetée vs J'aime que tu achètes des robes
-> J'aime la robe. Tu as achetée la robe // J'aime. Tu achète des robes.
Je leur ai bien expliqué (et je crois que, ça y est, c'est rentré) qu'un pronom remplace un nom. Ils voient que dans le premier cas, le mot "que" est devenu "robe" qui se répète alors dans les deux phrases et peuvent conclure que c'est un pronom relatif, alors que dans le deuxième cas, il n'y a pas de répétition donc le "que" est la conj.
Bref, c'était quand même compliqué. Je vais adopter ta technique !

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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 Coc210  
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mimilou
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par mimilou Mar 26 Avr 2011 - 15:12
V.Marchais a écrit:
Mimilou, si cela peut te rassurer, je me reconnais entièrement dans le message que tu viens d'écrire : en sortant de la fac, je me suis sentie extrêmement mal formée en grammaire et démunie face aux difficultés de mes élèves. Je suis pourtant la même personne dont Shéhérazade vient de dire que les progressions en grammaire l'ont aidée face à ses propres élèves. Comme quoi, cette difficulté que tu éprouves, que j'ai éprouvée, est surmontable. Entre ces deux points, que s'est-il passé pour moi ? Dix ans, beaucoup de travail, de recherche, et l'aide de collègues solides et généreux. Sur ce dernier point, j'essaie d'être à leur hauteur et de rendre à mon tour ce qu'ils m'ont donné. Et merci effectivement de prendre le temps de me répondre si longuement !

Je ne voudrais pas avoir l'air prétentieuse, mais j'arrive très bien à expliquer la notion de CO. Même mes élèves très faibles arrivent à s'y retrouver, parce que je travaille à partir de la construction du verbe, ce qui simplifie énormément les choses. Je ne veux pas trop faire dévier ce fil, mais si tu veux plus de détails, ou même des cours et exercices sur le sujet, n'hésite pas à me contacter en privé : je te les communiquerai de bon coeur. Je sais trop ce que c'est que de galérer avec l'impression qu'on n'en sortira jamais. Ca m'intéresse effectivement, ne serait-ce que pour mes 5èmes aussi, avec qui je révise ça. J'avoue que, parfois, quand je fais ce cours, je perçois qu'ils ne comprennent pas bien pourquoi on travaille la-dessus. Moi aussi il m'arrive de penser que faire de la grammaire pour faire de la grammaire est peu inutile en soi, mais j'ai du mal à relier certains cours de langue précis à la lecture ou l'écriture, et du coup à leur faire comprendre l'importance de savoir reconnaître un COD. Les miens sont très faibles, chaque base serait à revoir. Mais je dévie du sujet là !

Pour les subordonnées, il y aurait beaucoup à dire.
Pour commencer, je te conseille vivement de renoncer à la notion de complétive qui mélange nature et fonction et de t'en tenir à des repères très simples :
Une proposition subordonnée est une proposition qui commence par un mot subordonnant (valable pour tout le collège depuis la suppression des programmes des infinitives et des participiales). Par ailleurs, une proposition subordonnée complète une autre proposition : elle a donc une
fonction dans la phrase.

La nature d'une proposition subordonnée dépend de la nature du mot subordonnant qui l'introduit : une proposition subordonnée introduite par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel...) est une subordonnée relative.
une proposition subordonnée introduite par une conjonction de sub (que, quand, comme, si, puisque, parce que, lorsque et autres locutions en que), une conjonctive.
une proposition subordonnée introduite par un mot interrogatif est une proposition subordonnée interrogative (indirecte).

La fonction d'une subordonnée est relativement facile à déterminer quand on connaît sa nature :
- la relative est TOUJOURS complément de l'antécédent ;
- une conjonctive introduite par QUE est généralement COD ou COI, parfois sujet ou attribut du sujet (au collège, il est bon de se limiter à ces cas) ;
- les autres conjonctives sont TOUJOURS compl. circ.
- les interrogatives sont toujours COD d'un verbe comme demander, savoir, etc.

Tu vois que, comme ça, ça circonscrit bien les choses et ça impose une méthode. C'est bien comme ça que je m'y suis prise au départ, seulement, même avec un tableau distribué, dans lequel je répertoriais les mots subordonnants et les classais, ils ne savent pas différencier un pronom relatif d'une conjonction de sub. C'est là que je coince : beaucoup de choses à revoir qu'ils oublient d'une année sur l'autre. J'avoue que ce cours a été difficile.

Je comprends ton désir d'aller à l'essentiel et de simplifier avec des élèves faibles. Mais le coup de que après un verbe est sujet à caution. Il faut savoir distinguer relatives et conjonctives introduites par que. Alors je te donne un truc très simple :
Que pronom relatif est un pronom qui remplace un nom dans la subordonnée : si on le supprime, la subordonnée est incomplète. Ex : J'aime beaucoup la jupe que tu as achetée. > Tu as acheté est incomplet.
Une conjonction n'a aucune fonction dans la proposition, elle ne sert qu'à relier. Si on la supprime, la subordonnée reste complète. Ex : Je voudrais que tu m'achètes cette robe. > Tu m'achètes cette robe est complet.
Donc, pour distinguer que relatif et que conjonction, il suffit de lire la subordonnée sans que et de voir si ça fait un énoncé complet. Si oui, c'est une PSC, si non, c'est une PSR. Merci pour l'idée, il est vrai que cela doit paraître beaucoup plus clair pour eux.

Allez, courage à toi et dis-toi bien que, dans ce métier, si on en a la volonté, on progresse un peu chaque année.
V.Marchais
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Empereur

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par V.Marchais Mar 26 Avr 2011 - 15:28
mimilou a écrit: J'avoue que, parfois, quand je fais ce cours, je perçois qu'ils ne comprennent pas bien pourquoi on travaille la-dessus. Moi aussi il m'arrive de penser que faire de la grammaire pour faire de la grammaire est peu inutile en soi, mais j'ai du mal à relier certains cours de langue précis à la lecture ou l'écriture, et du coup à leur faire comprendre l'importance de savoir reconnaître un COD.

Je crois qu'il nous faut nous débarrasser de certains discours répétés en boucle à l'IUFM, qui ont fini par nous faire perdre le sens de ce que nous enseignons - mais j'admets que c'est difficile. On nous a seriné que la grammaire n'est pas une fin en soi, qu'elle était au service de l'écriture, au point de faire peser un soupçon d'illégitimité sur la leçon de grammaire, récemment réhabilitée. Mais s'il est vrai que nous n'avons pas vocation à former des grammairiens - que nous ne sommes pas nous-mêmes - on a par trop oublié que la grammaire, c'est aussi l'entrée dans la pensée conceptuelle et logique (voir sa place dans la Grèce antique) et qu'elle permet une représentation de la langue dont on ne peut faire l'économie si on prétend corriger, voire enrichir l'expression, ou sensibiliser aux effets de style. Si la grammaire permet un jour de mieux comprendre ou mieux écrire, c'est parce qu'on l'a prise au sérieux, qu'on l'a enseignée comme une discipline à part entière, nécessaire, et non pas abordée comme un vague "outil de langue" exigeant d'être immédiatement dépassé.
Tout ça pour dire que tu n'as pas à te faire une obligation de relier tous tes cours de langue à la lecture ou à l'écriture. Même Katherine Weinland admet que, pour l'étude des fonctions, ça n'a pas beaucoup de sens. Et pourtant cette étude est absolument nécessaire. Quand tu fais une leçon de langue, ton seul objectif, ce doit être d'être la plus limpide possible pour l'explication de la notion étudiée. Que cela passe ou non par le lien avec la lecture et l'écriture est complètement accessoire.
Quant aux élèves, nous n'avons pas à recueillir leur assentiment avant de leur enseigner quelque chose. Une vision utilitariste de l'enseignement conduirait vite à ne plus enseigner grand chose, et surtout pas la littérature. Par contre, quand tu organises tes leçons de façon à permettre la compréhension de chaque notion, en prenant le temps pour cela, que tu en assures la fixation en mémoire par de perpétuels réinvestissements garantis par une progression réfléchie et que tes élèves se voient progresser, constatent que "ah mais en fait c'est facile" et commencent à accumuler les bonnes notes, ils sont fiers, tout simplement, et ne se posent même plus la question de savoir "à quoi ça sert tout ça" : ils ont progressé dans leur intelligence de la langue et du monde et cette légitimité leur suffit - car c'est la seule qui vaille.
Schéhérazade
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par Schéhérazade Mar 26 Avr 2011 - 15:36
mimilou a écrit:
Cripure a écrit:
Schéhérazade a écrit:"avec vous, c' est compliqué, pourquoi vous dites pas comme madame untel que complétive c' est quand il y a un verbe devant "que"?" Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 46471
affraid

Je me permets de réagir, ayant lu le sujet depuis le début.
Je suis T1, ai été formée en grammaire à la fac par un grammairien plutôt connu qui révolutionnait la grammaire, mais qui au final nous a plus embrouillés qu'autre chose. Je me retrouve devant d'énormes difficultés pour enseigner la grammaire au collège (du moins la grammaire de phrase et ses nombreuses subordonnées), d'une part parce que je n'ai pas eu une formation suffisante, que ce soit théorique ou pédagogique (c'est un autre débat), mais d'autre part, surtout, parce que les collégiens sont très faibles, en grammaire, en compréhension, en tout.
Mes 3èmes ne savent pas repérer un GN COD, alors comment leur expliquer qu'une complétive complète un verbe, est COD, quand ils ne savent pas trouver un COD sous la simple forme d'un nom ? Alors oui, je passe moi aussi par la phrase, caricaturale et parfois fausse, certes, de "devant le "que" de la complétive il y a verbe, devant le "que" de la relative il y a un nom (je répète que je sais que cela peut être faux, cependant dans les exemples que je leur propose, c'est le cas). Après cette phase, oui, je reviens aux fonctions des subordonnées, et je leur indique que la règle donnée n'est pas toujours vraie.
Mais ils sont perdus, totalement perdus. Peut-être parce que je m'y prends mal, oui, mais aussi parce qu'ils n'ont plus les bases solides de grammaire que l'on avait avant. Alors il faut bien s'adapter.
Désolée, j'ai déviée ; le sujet n'était pas tout à fait ça.

Mon propos n' était pas d' incriminer la collègue. On fait tous ce qu' on peut, on est tous plus ou moins démunis. Il n' en reste pas moins que les élèves pâtissent de notre désarroi, en plus du reste. On peut se sentir contraint à ce genre de simplification, je le comprends bien. Mais comme nous ne les faisons pas tous de concert, cela ajoute au flou dans lequel nagent les élèves.
Schéhérazade
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par Schéhérazade Mar 26 Avr 2011 - 15:40
V.Marchais a écrit:
mimilou a écrit:[ J'avoue que, parfois, quand je fais ce cours, je perçois qu'ils ne comprennent pas bien pourquoi on travaille la-dessus. Moi aussi il m'arrive de penser que faire de la grammaire pour faire de la grammaire est peu inutile en soi, mais j'ai du mal à relier certains cours de langue précis à la lecture ou l'écriture, et du coup à leur faire comprendre l'importance de savoir reconnaître un COD. [/color]

Je crois qu'il nous faut nous débarrasser de certains discours répétés en boucle à l'IUFM, qui ont fini par nous faire perdre le sens de ce que nous enseignons - mais j'admets que c'est difficile. On nous a seriné que la grammaire n'est pas une fin en soi, qu'elle était au service de l'écriture, au point de faire peser un soupçon d'illégitimité sur la leçon de grammaire, récemment réhabilitée. Mais s'il est vrai que nous n'avons pas vocation à former des grammairiens - que nous ne sommes pas nous-mêmes - on a par trop oublié que la grammaire, c'est aussi l'entrée dans la pensée conceptuelle et logique (voir sa place dans la Grèce antique) et qu'elle permet une représentation de la langue dont on ne peut faire l'économie si on prétend corriger, voire enrichir l'expression, ou sensibiliser aux effets de style. Si la grammaire permet un jour de mieux comprendre ou mieux écrire, c'est parce qu'on l'a prise au sérieux, qu'on l'a enseignée comme une discipline à part entière, nécessaire, et non pas abordée comme un vague "outil de langue" exigeant d'être immédiatement dépassé.
Tout ça pour dire que tu n'as pas à te faire une obligation de relier tous tes cours de langue à la lecture ou à l'écriture. Même Katherine Weinland admet que, pour l'étude des fonctions, ça n'a pas beaucoup de sens. Et pourtant cette étude est absolument nécessaire. Quand tu fais une leçon de langue, ton seul objectif, ce doit être d'être la plus limpide possible pour l'explication de la notion étudiée. Que cela passe ou non par le lien avec la lecture et l'écriture est complètement accessoire.
Quant aux élèves, nous n'avons pas à recueillir leur assentiment avant de leur enseigner quelque chose. Une vision utilitariste de l'enseignement conduirait vite à ne plus enseigner grand chose, et surtout pas la littérature. Par contre, quand tu organises tes leçons de façon à permettre la compréhension de chaque notion, en prenant le temps pour cela, que tu en assures la fixation en mémoire par de perpétuels réinvestissements garantis par une progression réfléchie et que tes élèves se voient progresser, constatent que "ah mais en fait c'est facile" et commencent à accumuler les bonnes notes, ils sont fiers, tout simplement, et ne se posent même plus la question de savoir "à quoi ça sert tout ça" : ils ont progressé dans leur intelligence de la langue et du monde et cette légitimité leur suffit - car c'est la seule qui vaille.
D' accord avec toi, encore une fois.:-)
Cela dit je justifie ainsi les cours de grammaire: distinguer COD et COI, par exemple, c' est essentiel pour faire correctement les accords (de PP par exemple).
Et puis si on ne leur enseigne pas la syntaxe, on ne peut tout simplement pas corriger leurs copies; comment expliquer ensuite que telle tournure est fautive, que c' est telle autre qui convient, sans analyse et sans règle?
V.Marchais
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Empereur

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par V.Marchais Mar 26 Avr 2011 - 15:55
mimilou a écrit: C'est bien comme ça que je m'y suis prise au départ, seulement, même avec un tableau distribué, dans lequel je répertoriais les mots subordonnants et les classais, ils ne savent pas différencier un pronom relatif d'une conjonction de sub. C'est là que je coince : beaucoup de choses à revoir qu'ils oublient d'une année sur l'autre. J'avoue que ce cours a été difficile.

Des cours laborieux, nous en connaissons tous, et c'est pas près de s'arrêter, mais c'est pas grave : on recommence.
C'est vrai que les élèves oublient beaucoup. Au moins deux raisons à cela.
1°) Ils n'apprennent pas (ou peu, ou mal), alors évidemment, pas de miracle.
2°) Le travail en séquence morcelle trop les notions grammaticales : on étudie une fois les expansions du nom dans une séquence (sur la description...) et ensuite, l'évaluation passée, on n'en parle plus pendant un an. Evidemment, entretemps, les élèves ont oublié.

Face à ce double constat, pas de recette miracle, mais quelques parades assez efficaces :
1°) Faire apprendre beaucoup de choses par coeur (y compris la liste des conjonctions de subordination et celle des pronoms relatifs) et faire beaucoup de contrôles de cours pour valoriser ceux qui apprennent ; parallèlement, punir ceux qui n'apprennent pas : listes à copier vingt fois, retenues pour refaire les exercices non faits... Répéter sans cesse, en début et en fin de cours, ce qu'il faut retenir : liste des mots variables, liste des mots invariables, listes mnémotechniques (à, dans, par, pour, en vers... etc.), liste des principales fonctions... Bref, instaurer un rabâchage tel que ça finisse de toute façon par rentrer ; verbaliser la démarche d'analyse à chaque exercice, dans le même but.
2°) Que l'on travaille ou non en séquences, créer sa progression grammaticale de manière à assurer en permanence le réinvestissement des notions étudiées, afin de ne pas laisser aux élèves le loisir d'oublier ce qu'on a fait. Exemple :
- On étudie les mots variables ;
- On étudie les mots invariables et on revoit les mots variables ;
- On étudie la fonction sujet et on analyse la nature des sujets rencontrés ;
- On étudie les compléments d'objet en lien avec la notion de sujet et on en remet une couche sur la nature des mots occupant ces fonctions ;
- On étudie l'attribut du sujet en relation et opposition avec le sujet d'une part et le CO d'autre part.
- etc.
Et deux fois par semaine, on fait de l'analyse grammaticale, au niveau où on en est, qui remobilise tout ce qui a été étudié et permet de développer les méthodes d'analyse.
A ce rythme, je t'assure que les élèves, même peu travailleurs, n'ont guère le temps d'oublier ce qu'on a étudié.
Bien sûr, il faudra recommencer l'an prochain, mais quand ce travail a été conduit pendant toute une année, ça revient beaucoup plus vite ensuite.

Par ailleurs, avec des cervelles de moineau, vas-y pas à pas. Une notion après l'autre. Surtout pas de chapitre sur "les subordonnées", les classes grammaticales, les fonctions autour du verbe ou les expansions du nom.
Pour la phrase complexe:
- définir la notion de proposition en commençant par séparer les propositions dans des cas très simples (juxtaposition ou coordination) ;
- faire apprendre par coeur aux élèves la liste des conjonctions de subordination et définir la conjonctive comme une proposition qui commence par une conjonction de subordination ; faire repérer ces conjonctions dans des phrases et délimiter les propositions qu'elles introduisent. Si tu ne fais que ça, au début, les élèves trouvent que c'est un jeu d'enfant.
Quand on en est là ("C'est trop facile, m'daaaaaaaaaaame !"), et seulement à ce moment-là, on avance :
- pareil comme avec les relatives. Liste des pronoms relatifs à connaître, on les repères dans des phrases, on délimite les relatives. Puis on distingue relatives et conjonctives avec des exercices du style : entourez en bleu les conjonctions de subordination, en vert les pronoms relatifs, puis délimitez entre crochets bleus les PSC et entre crochets verts les PSR. Sans que, au début. Puis avec que, avec le truc indiqué.

Quand les natures de subordonnées sont posées, on y revient en étudiant leur fonction. Pas à pas. Double avantage : tu ne perds pas les élèves dans une masse de connaissances indigeste, ils te font confiance parce qu'ils sortent toujours du cours avec l'impression que c'est facile ; tu réinvestis sans cesse ce que tu as vu, donc on oublie assez peu.

En tout cas, ne te décourage pas parce que ça a été difficile une fois. On observe ce qui coince, on y remédie autant que possible, et on recommence. Courage !

et celle des pronoms relatifs
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 Empty Re: Comment expliquez-vous les modes verbaux ?

par V.Marchais Mar 26 Avr 2011 - 15:58
Schéhérazade a écrit:
Et puis si on ne leur enseigne pas la syntaxe, on ne peut tout simplement pas corriger leurs copies; comment expliquer ensuite que telle tournure est fautive, que c' est telle autre qui convient, sans analyse et sans règle?

Oui, c'est exactement ce que je veux dire quand j'affirme que, sans leçons de grammaire solides, on ne pourra jamais corriger l'expression. La grammaire "pour écrire" suppose que d'abord la grammaire soit.
Capessou
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Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 Empty Re: Comment expliquez-vous les modes verbaux ?

par Capessou Mar 26 Avr 2011 - 16:21
J'ai copié toute cette discussion ça dans un document word... notamment pour l'analyse des subordonnées !!! Simple et efficace !

Pour les modes, je fais aussi apprendre par coeur un tableau répertoriant les modes, temps, personnes, voix, ... Je les interroge sur ce tableau et en parallèle, on fait des analyses.
Tu verras : verbe voir, 2e pers du sing, du futur de l'indicatif, voix active.
De la 6e à la 3e.
En fait, depuis que j'enseigne (10 ans) je fais de plus en plus de "par coeur" et ça marche. Puis on complexifie les explications, la valeur des temps, des modes...

L'idéal serait un vrai travail d'équipe, pour que les différents professeurs de français d'un même collège utilise chaque année des méthodes identiques notamment en grammaire (si évidemment les résultats sont présents).
Je pense que nous avons un peu réussi à faire ça dans mon précédent collège.
De la cohérence, ça ne fait pas de mal.
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par User5899 Mar 26 Avr 2011 - 16:27
Capessou a écrit:En fait, depuis que j'enseigne (10 ans) je fais de plus en plus de "par coeur" et ça marche. Puis on complexifie les explications, la valeur des temps, des modes...
Bien sûr que ça marche ! A condition de réserver le par cœur au strict non négociable, au strict ultra nécessaire. Il n'y a rien de plus démotivant que de devoir sans cesse, pour comprendre, s'appuyer sur des points qui sont construits sur du sable fin et sec.
Pour un fainéant comme moi, je puis bien le dire, il y a prescription, le par cœur a été une bénédiction.
zabou
zabou
Fidèle du forum

Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 Empty Re: Comment expliquez-vous les modes verbaux ?

par zabou Mar 26 Avr 2011 - 22:01
La méthode que tu décris V.Marchais je la teste cette année pour la 1ère fois et je constate qu'elle fonctionne plutôt bien. Elle connaît quelques ratés mais les élèves progressent. Toutefois dernièrement je me suis interrogée sur ma démarche, je doute car:
1- j'ai l'impression d'être en retard sur ma progression grammaticale, par exemple, à ce stade de l'année je n'ai pas encore abordé la conjugaison. en revanche, j'ai travaillé sur le verbe: qu'est-ce qu'un verbe, combien il y a de tps/modes, concordance tps simples/tps composés.
2- J'ai l'impression de m'être plantée sur la manière dont j'ai abordé les expansions du nom. Dans une séquence j'ai abordé la notion de GN et l'accord dans le GN, puis dans une autre séquence j'ai travaillé sur comment enrichir le GN donc les expansions. C'est là que je pense m'y être mal prise car j'ai à la fois abordé nature et fonction. J'ai peur qu'il ne m'arrive la même chose avec la "conjugaison"....
Comment parviens-tu à faire de la lecture, ortho, gramm, conjugaison etc...à boucler le programme tout en essayant de faire un travail "cohérent et de tortue"? Mon propos n'est peut-être pas très clair, désolée...
mimilou
mimilou
Niveau 10

Comment expliquez-vous les modes verbaux ? - Page 2 Empty Re: Comment expliquez-vous les modes verbaux ?

par mimilou Mar 26 Avr 2011 - 22:23
V.Marchais a écrit:
Face à ce double constat, pas de recette miracle, mais quelques parades assez efficaces :
1°) Faire apprendre beaucoup de choses par coeur (y compris la liste des conjonctions de subordination et celle des pronoms relatifs) et faire beaucoup de contrôles de cours pour valoriser ceux qui apprennent ; parallèlement, punir ceux qui n'apprennent pas : listes à copier vingt fois, retenues pour refaire les exercices non faits... Répéter sans cesse, en début et en fin de cours, ce qu'il faut retenir : liste des mots variables, liste des mots invariables, listes mnémotechniques (à, dans, par, pour, en vers... etc.), liste des principales fonctions... Bref, instaurer un rabâchage tel que ça finisse de toute façon par rentrer ; verbaliser la démarche d'analyse à chaque exercice, dans le même but.
, je t'assure que les élèves, même peu travailleurs, n'ont guère le temps d'oublier ce qu'on a étudié.
Bien sûr, il faudra recommencer l'an prochain, mais quand ce travail a été conduit pendant toute une année, ça revient beaucoup plus vite ensuite.

Merci pour ces précieux conseils.
Je penserai pour l'année prochaine à réorganiser toutes mes progressions, à réinvestir chaque notion déjà vue. Là j'ai vraiment l'impression de voir une notion grammaticale (plus ou moins bien), de l'évaluer, faire écrire les élèves sur cette notion puis, la séquence achevée, de passer à autre chose sans vraiment y revenir. C'est non seulement frustrant, mais inutile à mon sens. Je tiens certainement ça de l'IUFM et de leur traitement de la grammaire, bien structuré par séquence et rattaché à un type de texte (comme si une notion=un type de texte). Pour mes 5èmes cette année, je finis l'année scolaire sur une idée d'inachèvement : je n'ai pas l'impression de les avoir fait progresser, de leur avoir fait les liens nécessaires entres toutes les notions vues.
Mais tu me donnes l'idée de finir l'année différemment : quitte à perdre du temps, je vais essayer de consacrer dix minutes en début de chaque heure, sur deux ou trois phrases à analyser, décortiquer, pour revoir tout ce qui est conjugaison, accords, fonctions simples.
J'ai passé l'année à me stresser car je n'avançais pas, j'avais peur de ne pas finir le programme, alors je n'ai pas pris le temps de faire ça assez tôt.
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