Blog ''Enseigner au Japon''

Jaenelle, je vais essayer de répondre à tes questions :

"Eh bien, par exemple, comment 40 élèves peuvent rester calmes tout au long de l'heure de cours : il y en a forcément un qui, pendant l'heure, s'ennuie ; pourquoi ne s'agite-t-il pas ?

Parce que ça ne se fait pas. Celui qui s'ennuie fait semblant d'écouter car ils ont appris qu'on ne perturbe pas le cours. Les enseignants ont une grande influence sur les élèves et ce qu'ils disent est parole d'évangile. Ca ne me surprend pas car c'était la même chose dans mon lycée lors de mes études (catho, certes, et à 35 élèves, mais). Mais il y a des classes d'immatures aussi qui veulent parler. C'est rare mais par exemple la cuvée qui est en 3ème année maintenant, c'était des gratinés. La pire cuvée du style qu'on "en avait pas vu des comme ça depuis 20 ans", je cite un prof vétéran. Des bavards incorrigibles. Perso, je leur enlevais des points à chaque fois, ça les calmait, j'obtenais le silence, car ils ne voulaient pas avoir en dessous de la moyenne pour ne pas avoir à passer les rattrapages car ça leur prenait toutes leurs vacances et ils ne pouvaient pas faire leurs activités de club. Aussi, les profs de club mettent la pression sur les élèves pr qu'ils aient un bon comportement en classe : les élèves ne pourront pas participer aux tournois s'ils ont un mauvais comportement. Et aussi, on les soule avec la discipline, tout le temps, on les appelle si jamais ils se comportent mal et on parle avec eux, pendant des heures. Et comme on est une équipe, ils se font souler par leur prof de matière, leur prof principal, leur prof de club et si ça suffit pas, le CPE et le directeur. Pour éviter de se prendre la tête (les séances de seitoshidou peuvent durer DES HEURES !), ils préfèrent faie profil bas.

Finalement, comment le cadre scolaire conditionne-t-il les élèves au Japon, depuis la maternelle ?

Utilisation du groupe (ne pas être différent, ne pas nuire à l'image du groupe sinon la honte et la mise à l'écart, responsabilité collective etc.), éducation positive (on félicite toujours un comportement positif, sans le trouver normal dc ne nécessitant pas des félicitations), on ne focalise pas sur le mauvais comportement, on l'ignore (et on ignore l'élève ce qui contrarie son envie d'être reconnu), on ne punit pas les mauvais comportements comme en France, mais si ça devient chronique on prend le gamin en consultation de seito shidou pour qu'il réfléchisse à son comportement, son mode de pensée, sa gestion de la situation etc. En fait, on crée un environnement où il sera moins chiant pour lui de se conformer que de se rebeller.

Et ne parlons pas des élèves qui gèrent les clubs en quasi-autonomie (totalement hallucinant pour moi quand il s'agit de sport  ). Et s'ils sont autonomes, ou presque, que fais-tu toi, exactement, alors qu'en plus tu n'es pas spécialiste du domaine. Tu y réponds dans l'article, mais, concrètement, je ne vois pas quelle place (ou temps) cela prend dans ton quotidien.

Je fais rien en fait. Je vais juste voir de temps en temps. En ce moment, elles n'ont pas trop d'objectif donc elles ne s'entrainent pas beaucoup. Mais ce n'est pas à moi de dire qu'elles doivent s'entrainer, c'est à elles de trouver un objectif et de s'organiser. Je demande juste à la capitaine comment elle trouve l'état du club, l'implication des gens etc pour l'amener à se rendre compte de la situation et à agir en conséquence. La discipline doit être acquise par soi-même et ne pas venir d'en haut si possible.

D'autre part, j'ai l'impression (peut-être fausse) que ton quotidien de professeur est lui aussi très codifié (ou normé, si tu préfères) ; par exemple, ne dois-tu pas suivre une trame précise pour chaque heure de cours, utiliser des fiches toutes prêtes ou une progression précise ?

Ah non, pour ça, j'ai totale liberté pédagogique. Je dois normalement suivre un manuel mais je ne le fais pas (seulement 10-20% de mes cours, quand j'estime qu'il est utile). On me laisse tranquille car ma manière de faire est efficace et que les autres profs se rendent compte que les manuels ne sont pas adaptés pour progresser. D'ailleurs eux-mêmes commencent à s'en détacher. Quand je suis en binome avec un autre enseignant (2 classes mélangées et séparées), on s'arrange pour faire en gros la même chose, mais on a des styles différents et cette différence est reconnue dans mon lycée (j'ai été engagée pour ça après tout, car mon lycée cherche à évoluer).

Il faudrait que je relise tes fils sur l'école pour te faire part de tout ce qui m'est passé par la tête au fur et à mesure de leur lecture. Wink "

Fullmetalalchemist : merci pour ton avis, j'espère que la version papier te contentera ! J'ai corrigé les erreurs signalées par les lecteurs de la version ebook, rajouté des titres de chapitres comme suggéré etc. (d'ailleurs je vais mettre la version ebook à jour aussi).

Au fait, si d'autres personnes ont des questions concernant l'éducation à la japonaise, dites-moi, j'essayerai de répondre (mais je ne connais pas tout, loin de là). Pour tout ce qui est chiffres, c'est pas trop mon domaine par contre... XD

Mon livre Intuitu Personae est enfin disponible en version papier ! C'est par ici !

Update!! Parlons un peu d'Iwate...

Ah, je savais que j'avais oublié de le mettre ici !

Les 20 premières pages de mon livre Intuitu Personae sont disponibles en lecture gratuitement sur monbestseller.com ! Si vous aimez la culture japonaise et vous intéressez à l'éducation à la japonaise, alors mon livre est fait pour vous !

Pour les lire, c'est par ici !

Update!!

Très intéressant!

Merci ! J'ai un article sur les clubs scolaires en préparation, mais je coince un peu dessus pour la structure donc ça prendra un peu de temps.

Conours ! Pour gagner un exemplaire papier de mon livre, et d'autres choses en direct du Japon encore ! C'est sur cette page !

Le concours prendra fin vendredi minuit, heure francaise ! Le gagnant/e sera tire-e au sort samedi 9 mai !

Le concours est fini, il y a une gagnante qui va bientôt recevoir son lot ! Merci à tous ceux qui ont participé ! ^o^

J'ai lu tout cela avec beaucoup d'intérêt (et je vais commander ton livre).

J'ai une question : j'ai cette année dans ma classe un petit franco-japonais (maman japonaise, papa français, enfant réellement bilingue) précoce, et ses difficultés d'intégration dans l'école et le scolaire sont telles que j'ai beaucoup discuté avec ces parents qui sont charmants. Leur fils est allé pendant les 15 jours des vacances d'avril dans l'école du village de ses grands-parents, il est rentré emballé ... alors que je vois bien qu'ici il s'ennuie à mourir.

Ses parents m'ont expliqué que si l'image que les occidentaux ont de l'école japonaise (très dure et exigeante) était assez juste à partir du collège, avant au contraire c'était une école qui "donnait envie d'apprendre", valorisait le savoir, avec beaucoup de musique (tout PE là-bas doit savoir jouer du piano m'ont-ils dit ? ), de travail sur la nature, beaucoup de liberté accordée aux élèves qui sont souvent sans surveillance et finalement bien plus responsables qu'ici où on pratique une surprotection constante mi-flicage mi-parapluie anti plaintes de familles, qui ne marche absolument pas.

J'ai écouté cela avec ravissement mais ça suppose un tel changement dans nos mœurs et nos habitudes que c'est inapplicable en France, non ?

Merci pour ton intérêt. ^^

Oui, l'école maternelle et l'école élémentaire japonaises sont extrêmement différentes. J'ai fait un stage dans les deux pays, dans les deux niveau et je peux te dire que les différences sont telles que je me demande comment le petit va pouvoir s'adapter. On dit beaucoup que l'école japonaise tue la créativité, et c'est vrai à partir du niveau collège comme le disent les parents, mais l'école primaire est excellente à mon avis. Et les parents ont raison : les enseignants d'école maternelle et élémentaire doivent tous savoir jouer du piano. Tu peux lire mon article sur mon stage en maternelle là bas.Le lien C'est court, mais ça donne les points importants que j'ai pu observer.

Pour la maternelle, je pense que ça serait applicable, mais il faudrait un changement de croyances de la part des enseignants et ça c'est pas gagné. J'ai aussi étudié ça : les "beliefs" proviennent de notre expérience, de notre environnement, de notre éducation/instruction et sont très difficiles à changer car elles font partie de l'identité d'un enseignant et il y a tout un process de remise en question à faire pour pouvoir en changer. Ce changement ne peut être fait que si la personne l'estime nécessaire (donc prendre conscience de ce besoin). Je suis en train de passer par ce process car j'enseigne dans un environnement qui me le demande, mais un enseignant qui enseigne dans un environnement qui ne le demande pas, pourquoi aurait-il le sentiment de devoir changer ? C'est là le point primordial.

Update!

Update!

Et nouveau concours !

Projet très intéressant mais beaucoup de travail en perspective!

C'est certain. ^^

Participation au concours envoyée ^^
Pour la maison, pfiou ! Quel boulot ! Je suis admirative : j'aurais été découragée d'emblée !
Il me tarde de voir les avancées (en espérant que tu les mettes sur ton blog)

Merci pour ta participation ! ^^ Oui, je les mettrai sur le blog, avec des photos bien sûr ! ^o^

Update!!

Update !! 4 raisons pour lesquelles les clubs scolaires existent au Japon

Je trouve ces chroniques très intéressantes, j'ai l'impression de découvrir un autre monde à chaque fois. Merci de nous les faire partager.

De rien ! Merci de les lire ! ^^

UPDATE!!

Les commentaires donnent envie de lire ton livre, je vais voir pendant les vacances.

Tu ne le regretteras pas ! Foi de hamster !