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Zazk
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Arrêt du latin en fin de cinquième - Page 3 Empty Re: Arrêt du latin en fin de cinquième

par Zazk Dim 19 Mai 2013 - 12:00
Je ne jette pas la pierre à mon CDE actuel qui fait ce qu'il peut mais a certainement des contraintes et des pressions extérieures. Mes cours ne sont pas systématiquement en dernière heure ou sur l'heure du midi (même si ça arrive, évidemment !) Il fait tout pour organiser les sorties ou manifestations qui pourraient favoriser le choix de l'option. Mais nous sommes en pleine campagne et loin de toute grande ville, et il favorise aussi toutes les options qui peuvent sortir les élèves de leur isolement: option sportive, option euro, sorties diverses qui sont a priori plus attractives que celles que je peux proposer toute seule ! Ce qui m'agace, c'est qu'on a recréé avec l'euro ce qu'on reprochait au latin : un certain élitisme ; or, avec latin, tout le monde est à égalité : seul le travail intellectuel de chacun joue... alors qu'avec une langue vivante comme l'anglais, ceux qui ont les moyens de voyager ou de faire des stages à l'étranger sont tout de même bien privilégiés...
Ce qui me paraît surprenant, c'est que les Anglais et les Allemands semblent accorder beaucoup plus d'importance à l'enseignement du latin que nous-mêmes : notre langue est tout de même constituée à plus de 80 % de mots d'origine latine ou grecque !
Lefteris
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par Lefteris Dim 19 Mai 2013 - 12:02
iphigénie a écrit: en seconde le petit rigolo qui fait tout pour se faire virer est viré mais avec obligation d'aller en études surveillée pendant tous les cours de latin, histoire de peaufiner le reste de son travail scolaire.(puisqu'en général l'alibi est justement "de pouvoir mieux travailler ailleurs" :diable: En général, ça calme les ardeurs...)
Nous l'avons fait l'an dernier en 3ème, l'élève, qui brisait le cours à peine entré, il était impossible de placer un mot, a passé l'année en étude avec du travail . Ca a calmé les autres.

Zazk a écrit:C'est bien ce que je compte faire si ces élèves me sont imposés en 3e et qu'ils continuent à perturber les cours. Ils ont une sale influence sur les autres... Le problème est que le collège est petit avec beaucoup d'élèves (presque le double de ce qui était prévu à l'origine), qu'il n'y a pas forcément de salle pour les isoler... Je souhaiterais vraiment qu'ils puissent abandonner l'option, mais je ne veux pas crééer une fuite des élèves. Je me sens vraiment prisonnière du système. (Mais je lutte ! Arrêt du latin en fin de cinquième - Page 3 964035751 )

Je suis dans la même situation. On peut en "faire " arrêter quelques uns, en présentant ça comme une décision collégiale. Si c'st au choix de l'élève, plein d'élèves arrêtent , par principe, même des bons. J'ai vu le cas il y a quelques années, 55 inscrits en 5ème, 25 en 4ème, et j'avais quand même des pénibles, parce que les parents les avaient obligés, mais certains "bons" étaient quand même dans l'optique "trois heures de moins par semaine, ouf!".
LadyC a écrit:Cela s'explique par le fait que le regard sur le latin a changé (scoop :lol: ) : c'est élitiste et ça ne sert à rien, maintenir l'option est une aumône que l'on fait aux vieux croûtons (ou jeune croûtons) qui s'y obstinent ; alors que l'euro, c'est beau, c'est prestigieux, c'est moderne, ça va former des jeunes cadres dynamiques.
Je suis tombée il y a quelque temps (en cherchant des textes justement) sur un forum de parents. Heureusement, un certain nombre "défendaient" les profs contre les gamins capricieux qui traitaient l'option comme un loisir et un dû, mais un ou deux tenaient le discours "ces profs de latin devraient être trop heureux d'avoir des élèves, et tout faire pour les conserver ; c'est à eux de rendre l'option attrayante et ludique, sinon il ne faut pas s'étonner que les élèves s'ennuient et mettent le bazar". No

Malheureusement, le CDE imprime son état d'esprit à l'établissement sur ce point, puisque tout dépend de son bon vouloir, vu le flou des textes. C'est scandaleux.
Il faut être cynique . C'est mon cas pour le grec. J'ai "fait" ouvrir l'option qui n'existait pas en faisant de l'ECLA, ce qui permet de prendre avec une seule heure de plus les latinistes + les hellénistes + ceux qui veulent suivre les deux. L'année suivante , ça a marché, 15 hellénistes inscrits en option grec, ça a duré trois ans. Puis le creux de la vague , des recrutements pires dans mon collège (certains soubresauts ayant poussé les parents à contourner le secteur), pas assez de candidats, donc fermeture (cette année).
Or j'ai une 4ème infecte, avec quelques très bons élèves pourtant qui voudraient et pourraient faire grec. Mais il y a deux enfants de parents FCPE aussi infects que leurs petites merveilles qu'ils défendent becs et ongles (surtout l'un, qui a essayé de me faire un coup dans le dos) et des élèves qui ne veulent rien faire en latin et voudraient du grec pour quitter le latin.

Donc je dis qu'il n'y aura pas de grec l'an prochain, qu'on arrête de parler de ça, et que ça m'est complètement égal (et c'est vrai, dans ces conditions) , je ne suis pas un marchand qui vend quelque chose. Que le niveau 5ème actuel a des chances de voir du grec (c'est vrai en plus...) . Et je dis à qui veut l'entendre que je ne ferai pas d'ECLA : c'est un projet personnel, un service personnel , un cadeau (beaucoup de boulot), et qu'il est hors de question que je fasse ce cadeau à des personnes qui ne le méritent pas.
Rendons les langues anciennes rares et chères, et inaccessibles, comme dit-on l'avait fait Parmentier pour les pommes de terre.
Et je préfère ne plus enseigner le latin que voir un certain type d'élève.


Dernière édition par Lefteris le Dim 19 Mai 2013 - 12:09, édité 1 fois

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

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par Iphigénie Dim 19 Mai 2013 - 12:08
Tu as tout à fait raison, et je ne suis pas loin de penser que les "défenseurs " de la discipline qui prônent depuis des années la séduction ludique contre l'austérité grammaticale ont joué le jeu de nos actuels adversaires.
Maintenant au point où on en est arrivé, je crois qu'il n'y a plus d'avenir sauf rendre le latin obligatoire en initiation d'abord et dans les filières où la culture générale est une composante essentielle. Mais ça c'est pas demain la veille et de toutes façons on n'aura vite plus les enseignants formés suffisants pour cela. Sad
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par Aemilia Dim 19 Mai 2013 - 12:13
LadyC a écrit: (ou jeune croûtons)

mdr

Outre le fait que je suis absolument d'accord avec ce que tu dis, cette expression me plaît beaucoup Smile (dit la fille qui, à 18 ans, ne loupait question pour un champion pour rien au monde, et qui aujourd'hui s'amuse à faire des présentation PREZI en ligne sur la louve romaine...)

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par Lefteris Dim 19 Mai 2013 - 12:17
iphigénie a écrit:Tu as tout à fait raison, et je ne suis pas loin de penser que les "défenseurs " de la discipline qui prônent depuis des années la séduction ludique contre l'austérité grammaticale ont joué le jeu de nos actuels adversaires.
Maintenant au point où on en est arrivé, je crois qu'il n'y a plus d'avenir sauf rendre le latin obligatoire en initiation d'abord et dans les filières où la culture générale est une composante essentielle. Mais ça c'est pas demain la veille et de toutes façons on n'aura vite plus les enseignants formés suffisants pour cela. Sad

Oui, je suis d'accord , plusieurs pistes parmi elles-ci pourraient sauver le latin :
- le rendre obligatoire au collège sur un certain nombre de niveaux
- le rendre obligatoire au lycée en L
- rendre obligatoire une option au collège, et parmi celles-ci le latin , pour que les chéris n'aient pas l'impression de "faire des heures supp".
- affecter le latin d'un très gros bonus au brevet et dans l'affectation au lycée.

Il faudrait une volonté politique, qui ne se contenterait pas de déclarations d'intention , mais considèrerait sincèrement que l'apport culturel du latin est inestimable, que ce soit pour la connaissance de la langue , la rigueur, la réflexion sur l'Histoire, les institutions.
En prenant le problème à bras le corps tout de suite , on pourrait peut-être rétablir, dans 5 ou 6 ans , la filière classique, retrouver des étudiants et donc des enseignants. Dans l'immobilisme actuel, c'est la disparition quasi totale qui est à prévoir.


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par Zazk Dim 19 Mai 2013 - 12:21
[quote="Lefteris Dans l'immobilisme actuel, c'est la disparition quasi totale qui est à prévoir.[/quote]
Mais n'est-ce pas justement ce qui est prévu ?
Pour nos "têtes pensantes", cette option qui permet de réfléchir et d'acquérir une certaine culture, voire un certain recul sur la société actuelle, n'est-elle pas dangereuse ? Il est plus facile de régenter des moutons que des gens intelligents. Twisted Evil
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par Lefteris Dim 19 Mai 2013 - 12:32
Zazk a écrit:"
Lefteris Dans l'immobilisme actuel, c'est la disparition quasi totale qui est à prévoir
Mais n'est-ce pas justement ce qui est prévu ?
Pour nos "têtes pensantes", cette option qui permet de réfléchir et d'acquérir une certaine culture, voire un certain recul sur la société actuelle, n'est-elle pas dangereuse ? Il est plus facile de régenter des moutons que des gens intelligents. Twisted Evil

Il y a peut-être cette part de cynisme,mais aussi tout simplement une ignorance de ce qu'on ne connaît pas, et aussi des vues gestionnaires à court terme . Et plus ça ira, moins il y aura d'anciens latinistes, moins il y aura de défenseurs du latin.
Le sommet était atteint dans le dernier gouvernement composés de Trimalcions marchands de shampoing, d'assurances, de "managers", réfutant idéologiquement tout ce qui n'est pas "utile", et donc toute dépense.

Autrement, il est évident que le latin est la matière la plus complète et qui devrait élever le plus en collège, où l'on reste partout au ras des pâquerettes, par la force des choses. No
Quand je demande à mes élèves de réfléchir sur la constitution politique, sur les guerres civiles , même en "civilisation", avec des textes traduits, sans un mot de latin, que je leur donne un extrait de Montesquieu en écho , que je leur fait découvrir qu'une démocratie n'est pas toujours une république et vice-versa, j'ai parfaitement conscience de leur donner un aliment supérieur. Certains élèves très murs aussi , d'ailleurs ; mais hélas, trop peu. Paucitas nobilitat me dira-t-on ... Rolling Eyes

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