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John
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Discussion du Projet de loi de Finances 2014 - Budget de l'enseignement scolaire : "La France est en échec" (Vincent Peillon) Empty Discussion du Projet de loi de Finances 2014 - Budget de l'enseignement scolaire : "La France est en échec" (Vincent Peillon)

par John Jeu 24 Oct 2013 - 23:26
Projet de loi de Finances 2014 - Budget de l'enseignement scolaire
Compte rendu de la réunion de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation

Quelques extraits des déclarations de Vincent Peillon :

Dans certains endroits, la mise en place des ESPE se passe remarquablement, et je regrette qu’on ne le montre pas suffisamment. Les nominations dans ces établissements se feront avec la ministre de l’enseignement supérieur du mois de novembre au mois de janvier. Mais il est vrai qu’il existe aussi des endroits où ces pratiques nouvelles rencontrent plus de difficultés.

Une autre nouveauté n’a pas été bien cernée : nous sommes entrés dans un dialogue avec les universités, dont les ESPE sont des composantes, afin de mettre en place un système d’accréditation, sur la base d’un certain nombre de recommandations et d’exigences que le ministère employeur pouvait faire valoir. Je remercie d’ailleurs le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui a compris, accepté et accompagné cette démarche, ainsi que la Conférence des présidents d’université, qui se réunit ce matin.

Nos exigences sont tout à fait nouvelles. Il y a tout d’abord des exigences disciplinaires. Nul ne pourra compter sur moi pour faire baisser le niveau d’exigence disciplinaire des professeurs dans notre pays, et tous ceux qui s’y risqueront feront un mauvais procès et seront démentis. La question de la transmission des savoirs est absolument centrale, et il faut respecter cet aspect du métier. Il y a également des exigences didactiques. Elles n’ont pas la place qu’elles devraient avoir dans notre pays, mais nous progressons depuis quelques années. Quant aux autres exigences, c’est tout ce que la nation demande à l’école : l’accompagnement des enfants en situation de handicap, la gestion des conflits, la psychologie cognitive pour mieux adapter les apprentissages – je pense au débat sur la maternelle –, l’égalité entre filles et garçons ou encore les questions de santé publique.

Nous professionnalisons ces écoles, nous leur donnons une identité, nous essayons d’y briser, comme beaucoup d’entre vous l’ont souhaité, cette césure entre l’école et le collège, si préjudiciable à l’apprentissage des élèves et à la mise en place du « socle » par lequel la loi de 2005 visait à rapprocher les professeurs des écoles et ceux du secondaire. Si je souhaite qu’il existe un socle commun pour tous les élèves de France, les ESPE permettront qu’il en existe également un pour les enseignants. La séparation que nous créons entre les élèves, nous la créons dès l’origine entre les adultes dans l’éducation nationale. Il faut regrouper par moments les professeurs du primaire et ceux du secondaire, mais également ceux qui se destinent aux métiers de l’éducation. Je veux rappeler que ces écoles s’appellent bien « écoles supérieures du professorat et de l’éducation », car le quatrième master prépare en effet aux métiers de l’éducation. [...]

S’agissant de la continuité scolaire, à la question sur le lien entre l’école et le collège, je réponds que c’est la grande affaire de la France. Nous faisons des lois… et puis nous ne les appliquons pas. Ce fut le cas de la loi sur les cycles en 1989, puis de celle sur le socle en 2005. L’interrogation, c’est l’esprit scientifique, et vous savez que ce que disait Bachelard de la formation de l’esprit scientifique : « une erreur rectifiée ». On doit donc commencer, ce que l’on ne sait pas faire dans le système français, non pas à accepter l’erreur, mais à être capables de l’analyser ensemble : tel est le sens de la refondation de l’école. Nous sommes confrontés à des faits issus d’un héritage séculaire, comme la journée de classe – à ce propos, le problème perturbant n’est pas la demi-journée, dont d’ailleurs personne ne parle alors qu’elle est fondamentale, mais la journée elle-même, et cette réforme ne s’inscrit pas dans une durée de quatre ans mais dans une perspective séculaire, les six heures par jour relevant d’une organisation du temps très ancienne. Dans le cadre de la continuité école-collège, nous mettons en place les conseils école-collège que j’ai évoqués. Là où il en existe déjà, notamment dans l’éducation prioritaire, ils fonctionnent très bien. De plus, dans la réforme du collège que nous allons mener, mais aussi dans l’éducation prioritaire, on donnera aux équipes pédagogiques le maximum de moyens pour organiser leur travail collectif. C’est cette année que ces conseils doivent se mettre en place. Vous les avez votés, ils doivent permettre d’avancer dans la continuité scolaire.

Cette continuité est indispensable, surtout pour les 15 à 25 % d’élèves qui ne réussissent pas. Notre système scolaire marche plutôt bien pour un grand nombre d’élèves – ne culpabilisons pas toujours –, mais il commence à très mal fonctionner pour une proportion de plus en plus importante de la population scolarisée – cette spécificité française, vous allez le voir, nous sera rappelée bientôt. C’est à ces élèves que nous devons nous adresser. Opposer la réussite des uns à celle des autres est une erreur. Les pays qui réussissent le mieux sont ceux qui font réussir tous ensemble et qui élèvent le niveau de chacun. On ne construit pas une élite efficace sur l’échec de 20 % à 25 % des élèves – au passage, je note que la nôtre est en train de baisser au regard des critères de performances d’excellence. C’est une idée totalement fausse de croire le contraire, aussi faux que de croire – même si c’est dans la représentation collective, y compris chez les parents – que la mixité sociale ou scolaire peut être un handicap à la réussite éducative. C’est l’inverse : le tri, c’est l’échec. Et la France est en échec. La mixité, l’éducation en commun, c’est la réussite. Voilà l’ambition que je porte, et je pense qu’elle l’est par tous les républicains. [...]

Yves Durand, et d’autres après lui, ont évoqué les écoles supérieures du professorat et de l’éducation, les ESPE. Un comité de suivi se met en place avec l’ensemble des acteurs, qui va permettre d’évaluer et de suivre le travail de ces écoles, en dehors des missions traditionnelles de l’inspection générale. J’ai demandé au recteur Filâtre de bien vouloir le présider : il associera, outre les personnalités qualifiées et les universités, les représentants des personnels et l’ensemble de ceux qui concourent à la vie des écoles supérieures du professorat et de l’éducation.

Dans cette affaire, nous mobilisons toutes les forces. Vous vous interrogez, à juste titre, sur la formation des chefs d’établissements. Globalement, nous avons à peu près conservé notre réseau des maîtres formateurs, même si les choses ne se sont pas améliorées. Mais il faut, bien entendu, les réinvestir dans les écoles. Étant donné, par ailleurs, les exigences et les objectifs, évoqués tout à l’heure, de formation intégrée, de formation en alternance et de professionnalisation accrue, nous avons besoin de mobiliser davantage de personnels.

Certaines écoles me disent avoir des difficultés dans des domaines particuliers : le numérique, la laïcité, ou encore l’accueil des enfants en situation de handicap. Nous jouons sur deux registres : d’abord, je mobilise des équipes nationales qui passeront le temps nécessaire – ce sont parfois des modules de neuf heures – car il faut une cohérence nationale : on ne va pas enseigner différemment ces questions dans un établissement et dans l’autre. Nous prendrons le temps nécessaire pour que ces écoles puissent former leur propre personnel. Avec la direction générale de l’enseignement scolaire et toutes les bonnes volontés, très nombreuses dans l’éducation nationale et ailleurs, nous sommes en train de mobiliser les réseaux, les personnels, les qualifications pour soutenir ceux qui sont le plus en difficulté, y compris sur les questions de santé scolaire – j’y travaillais hier.

Deuxièmement, je veux que l’on s’appuie davantage sur le numérique en formation continue. Comme vous le savez, nous avons lancé ce chantier cette année pour la formation des maîtres. Lors d’un récent déplacement à Grenoble, la directrice et les professeurs des écoles me disaient que cela marchait déjà. On met souvent les coûts en avant, ce qui est naturel, mais il faut considérer aussi l’efficacité pédagogique. On y a recouru dès cette rentrée pour la formation continue des professeurs des écoles, et je veux que l’on le développe encore.

Au-delà de ce comité de suivi, je vous incite d’ailleurs à venir voir vous-mêmes dans les établissements et au ministère comment les choses se passent : c’est nous aider que de venir ! Il ne s’agit pas de monter les uns contre les autres, mais au contraire d’être capable de partager des objectifs et de réfléchir ensemble à la formation continue à mettre en place. Cela concerne un million de fonctionnaires, dont 300 000 doivent être formés d’ici dix ans. Il nous faut également choisir au mieux les directeurs des ESPE, qui ont actuellement des administrateurs provisoires. Les trente personnes qui vont être désignés seront investies d’une responsabilité considérable.

La formation continue est peut-être ma préoccupation majeure. Lisez – ce sera, de toute manière, un agrément pour vous tous – le dernier livre d’Antoine Prost sur l’école. Il y est indiqué clairement que le problème essentiel qui se pose non seulement, bien sûr, au ministre, mais à l’ensemble de l’éducation nationale, c’est que des réformes sont faites, qui ne sont pas toutes sottes – je pense notamment aux cycles et au socle –, mais que les enseignants qui les mettent en œuvre ne sont jamais accompagnés dans cette tâche. Nous changeons les programmes, car c’est nécessaire, mais nous ne nous posons pas assez la question des moyens à consacrer pour accompagner les enseignants qui les mettront en œuvre. Il en est allé de même pour les cycles et pour le socle.
http://www.assemblee-nationale.fr/14/budget/plf2014/commissions_elargies/cr/C004.asp

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par e-Wanderer Ven 25 Oct 2013 - 1:25
"Nul ne pourra compter sur moi pour faire baisser le niveau d’exigence disciplinaire des professeurs dans notre pays".

Sur moi non plus. C'est bien pourquoi j'ai refusé de participer au jury du CAPES : il y a des compromissions auxquelles je ne suis pas prêt. J'ai lu certains noms sur la liste des admis l'an dernier, et il y a de quoi frémir si on a des enfants.
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