Méthodes de lecture : Jean-Paul Brighelli imagine la lettre de contrition de Najat Vallaud-Belkacem suite au livre "Réapprendre à lire".

Les 3 instits successives de CP de l'école de mes enfants tiennent le choc d'un B a ba pur (+ quelques mots outils, comme chez Mme Mado) + dictées quotidiennes (syllabes puis mots puis phrases) depuis 30 ans.
Au rythme d'une inspection tous les 3 ans, et du mouvement régulier des inspecteurs, elles ont du entendre "de tout".
Mais elles ont tenu bon.
Et nous les en remercions!
Pour autant que je sache, les enseignants qui récupèrent les élèves... aussi!

Goigoux a encore frappé :mal:
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/09/16092015Article635779830495127142.aspx

Madame Mado a écrit:

micaschiste a écrit:Merci JPB !
Quand j'ai vu les premières pages du livre de lecture de ma fille en CP, j'ai
Apparemment c'est un livre à départ global.
Pour chaque voyelle, des petites images avec le mot correspondant écrit en dessous, que ma fille est censée lire  :shock:  Un exemple  pour le son U, un écureuil, 3 jours après la rentrée. On voit deux U, on entend qu'un !!!! Qui a choisi cet exemple pour le son U ? Un tutu ? non, ce serait sûrement trop simple pour un enfant du XXIe siècle.
Bien évidemment en cachant le brave petit écureuil dessiné, ma fille est incapable de lire ce mot.
Inutile de dire que le soir, on fait du b-a, ba .

Il ne faut pas s'inquiéter trop vite non plus.
Même si le mot "écureuil" est, je le reconnais, assez mal choisi pour un début d'année, ça reste un "mot clé" auquel les enfants qui ont du mal à mémoriser les lettres et/ou les sons peuvent se raccrocher.
Exemple : on fait une dictée de voyelles, Machin ne sait plus écrire le "u", on lui dit que c'est le "u" de "écureuil"
Il y a, c'est certain, un affichage en classe avec l'image de l'écureuil et la lettre u écrite en gros au-dessus (ou au dessous, enfin, quelque part).
Il peut chercher visuellement la bestiole et trouver la graphie qui correspond plus facilement.
Il ne s'agit pas de déchiffrer le mot "écureuil" mais d'associer une image à une graphie pour la retenir.
Le mot global "écureuil" en lui-même n'a pas à être retenu.

Bien sûr, je ne connais pas la méthode utilisée par l'enseignant(e) de votre fille, mais je me permets cette petite intervention pour vous rassurer d'abord et aussi parce que les profs ont tendance à voir du" global" partout
"Maîcresse" de CP depuis ... fort longtemps, les seuls mots globaux que je tâche de faire retenir à mes élèves sont des mots "outils" tels que : un, une, le, la, les, des, avec, dans, pour, qui, que, elle...qu'il serait ennuyeux de de ne découvrir que lors de l'apprentissage d'un son tant ils sont fréquents dans les textes.

Désolée pour ce hors sujet qui me permettra cependant d'être plus claire lors de ma future réunion parents/profs pour essayer d'expliquer les choses aux parents affolés.

Les parents auront raison de "s'affoler", comme vous dites, de la façon dont vous présentez l'apprentissage de la lecture. Je suis un collègue, j'ai fait du CP, l'année dernière encore j'avais un CE1-CE2, et je peux témoigner des dégâts provoqués par votre conception globale de la lecture qui est celle de la quasi-totalité des collègues.
Vous regrettez que "les profs ont tendance à voir du" global" partout", mais c'est votre vision de la lecture qui est globaliste : vous croyez en l'existence d'une lecture globale, c'est-à-dire que vous pensez que les mots peuvent être lus comme des images. C'est cette vision globaliste, qui n'est qu'une croyance que le bon sens, l'observation et la science ont démontée depuis longtemps - au bout d'une semaine de CP, j'avais compris que la lecture globale n'était qu'une illusion - qui détermine l'esprit dans lequel vous enseignez la lecture.
Lorsque vous demandez aux élèves de reconnaître un, une, le, la, les, des, avec, dans, pour, qui, que, elle.., les fameux "mots-outils" emblèmes de l'enseignement de la lecture aujourd'hui, vous instillez une profonde confusion dans leur esprit en brisant toute cohérence d'apprentissage. Non seulement leur mémoire visuelle sera vite saturée, mais ils vont penser que pour lire un mot il n'y a pas besoin de connaître la nature des lettres qui le composent, à savoir la correspondance graphème-phonème, la combinaison des lettres entre elles et leur place dans le mot. Vous dites qu'il est légitime à un enfant de se référer au mot "écureuil" afin de retrouver la lettre u : mais comment voulez-vous qu'il comprenne quelque chose de cohérent à l'écriture-lecture quand on lui demande d'écrire une lettre présente dans un mot où le son produit par cette lettre est inexistant ?!
Avec ces" mot-outils" - mais il n'y a pas qu'eux : ça varie selon les maîtres mais en réalité il y'a bien d'autres mots ou phrases entières qu'on demande aux enfants de retenir - les enfants sont placés face à une double-contrainte. Ils développent alors une stratégie de la devinette qui détruit la confiance, mettant en échec les plus fragiles et ceux qui ne sont pas aidés à la maison.

Je viens de lire un article, dans la lignée de l'étude de Goigoux , qui explique qu'il faut faire des allers-retours entre approche analytique et synthétique, voire idéovisuelle pour développer les compétences cognitives de l'enfant et en faire un lecteur expert plus tard...

Spoiler:

C'est à dire qu'on explique qu'il faut mélanger les chemins le plus possible pour permettre à un enfant de 6 ans d'apprendre mieux. Il n' y a rien qui vous choque ??? Aller du simple au compliqué c'est ce qu'on enseigne partout sauf dans l'éducation nationale. J'ai travaillé en CFA. Les apprentis menuisiers, métalliers... n'expérimentaient pas 3 techniques en même temps. Ils commençaient par des tâches très simples, très répétitives jusqu'à automatiser des gestes , de sorte que lorsqu'ils passaient à des tâches complexes, leur attention n'était pas focalisée sur ces gestes mais sur des travaux bien plus élaborés.

coindeparadis a écrit:Je viens de lire un article, dans la lignée de l'étude de Goigoux , qui explique qu'il faut faire des allers-retours entre approche analytique et synthétique, voire idéovisuelle pour développer les compétences cognitives de l'enfant et en faire un lecteur expert plus tard...

Ce que dit cet article est effectivement faux, la lecture est toujours analytique. Le cerveau ne peut lire que s'il maîtrise parfaitement le code alphabétique de la langue. Tous les globalistes campent aujourd'hui sur une position défensive en soutenant une méthode "mixte" qui n'est qu'une vue de l'esprit. Les partisans des méthodes "mixtes" sont des globalistes qui veulent sauver la maison en faisant croire que le cerveau humain aurait la capacité de lire de deux façons : en décodant et en photographiant les mots. Ceci n'est qu'une invention : tous les humains, jeune lecteur en phase d'apprentissage ou lecteur adulte confirmé, lisent exactement de la même façon. Toutes les études médicales montrent que les meilleurs lecteurs sont ceux qui lisent « lettre à lettre » et utilisent le moins le contexte pour découvrir le sens des mots.

Un lecteur expert qui reste dans sa zone de confort peut ne pas en avoir conscience.
A 2 mots nouveaux par page, c'est transparent.

Laisserai-je entendre que ces sachants ne lisent que des supports qui ne leur apprennent rien de nouveau ou presque?