Petit déjeuner gratuit en REP

Le côté "pour les REP et les pauvres" me semble encore un élément de communication montrant que le gouvernement a une politique sociale (mais oui, mais oui…). Comme le nombre de REP baisse, c'est facile d'annoncer ça sans s'inquiéter trop pour le budget.

En revanche, penser un temps de petit-déjeuner à l'école, ça ne me semble pas une mauvaise idée pour de multiples raisons évoquées plus haut. J'en ajouterai deux : cela crée du lien entre les élèves et beaucoup d'élèves ne déjeunent pas non pas parce qu'ils sont pauvres mais parce qu'à la maison, le matin, c'est la course pour de nombreux parents qui doivent accompagner leurs enfants puis rejoindre le boulot et ne pas être en retard. Souvent, les élèves ont le ventre vide à cause du rythme de vie débile que notre société impose.

Maintenant, comme les agents sont de moins en moins nombreux et que la cantine est de plus en plus gérée par des entreprises privées, ce genre de communication me met en rage. Ce n'est que du vent.

Oui, comment imaginer qu'un petit déj gratuit et un repas de cantine à un euro pourront être d'une qualité décente ?

Elaïna a écrit:
De plus ça me démoralise un peu de voir l'Etat prendre en charge un truc qui, ma foi, me paraît être normalement le boulot des parents... c'est comme la cantine gratuite ou à un euro... Normalement nourrir son mioche en payant une cantine ou le petit déj, c'est la base non ?

Il y a 2 choses différentes : apprendre à son enfant qu'il doit manger le matin s'il a faim, oui, c'est le boulot des parents. En théorie, le nourrir aussi. En pratique et sans être dans un milieu particulièrement défavorisé, j'ai des élèves qui ne mangent pas à la cantine parce que cela coûte trop cher à leur famille. Une de mes terminales se nourrit de riz, qu'elle cuit le soir, emmène dans un Tupperware, et mange froid. Un de mes STMG de l'an dernier avait 1€ à dépenser le midi, qui passait la plupart du temps dans un paquet de chips 1er prix. Que ce soit parce que les familles n'ont vraiment pas les moyens ou parce qu'elles font mal leur boulot de parents, moi, je préfère avoir des élèves qui ont repris de l'énergie, de préférence correctement. J'imagine les cours d'EPS avec 200g de chips dans le ventre...
Maintenant, je suis pour davantage de justice sociale plutôt que pour ce type d'aide ponctuelle, car je crois que le problème c'est que des familles n'aient pas les moyens (financiers et/ou intellectuels) d'apprendre à leurs enfants à se nourrir, ce qui est de leur ressort. Ce ne sont certes pas ces mesures cosmétiques qui vont changer radicalement les choses au niveau de la société, mais ça aidera peut être quelques élèves.

Il me semble que chez nous le tarif le moins cher pour la cantine c'est moins de 2 euros. Lycée.

2 euros le repas, ça ne peut pas être bien sur tous les plans...
Chez nous c'est correct mais c'est plus cher. A mon niveau, je paye 5,20 le repas (curieusement, je préfère souvent apporter mon repas...).

Poupoutch, je te suis sur toute la ligne.

"C'est Blanquer donc c'est mal," c'est tout de même un peu réducteur.

J'ai du mal avec le gratuit, parce que gratuit signifie aujourd'hui sans valeur : on peut se servir et jeter.  Que ce soit pour l'aide aux devoirs, pour le petit déjeuner, il faudrait demander une somme très minime, mais symbolique, qui montre que cela a de la valeur, et un coût pour la société. 

Le fait qu'un repas soit acheté un euro par une famille ne signifie pas qu'il n'a pas une valeur supérieure, mais le différentiel est pris en charge, dans le public, par les différentes collectivités territoriales.  Je suis bien persuadée que les repas cuisinés  sur place avec des produits frais locaux sont à la fois meilleurs et moins chers que les cochonneries industrielles servies en liaison froide, où on paye surtout de quoi engraisser les sociétés qui les préparent, mais cela prendra longtemps d'y revenir partout, surtout avec l'obsession des allergies et des intoxications.

Enfin, le côté "réservé aux REP" me gêne, je l'ai déjà dit, d'autant qu'il y a de nombreuses écoles qui, pour ne pas être labellisées REP, sont dans la situation d'une REP voire d'une REP +, mais le maire ne veut pas faire désordre, donc on a les problèmes sans les aides (ni les primes !!) . J'ai connu cela dans ma précédente ville très bourgeoise, et encore aujourd'hui dans ma nouvelle ville sinistrée, l'école pourrait largement être une REP, mais non ...

Encore de la com...

Cléopatra2 a écrit:Il me semble que chez nous le tarif le moins cher pour la cantine c'est moins de 2 euros. Lycée.

3 € chez nous, mais les repas sont de qualité (légumes bio pour les crudités, au moins un plat fait maison par jour, beaucoup de produits locaux et de petits producteurs, circuit court...). Cela reste trop pour certaines familles et elles ne demandent pas toujours l'aide du fonds social.

Verdurette a écrit:Poupoutch, je te suis sur toute la ligne.

"C'est Blanquer donc c'est mal," c'est tout de même un peu réducteur.

J'ai du mal avec le gratuit, parce que gratuit signifie aujourd'hui sans valeur : on peut se servir et jeter.  Que ce soit pour l'aide aux devoirs, pour le petit déjeuner, il faudrait demander une somme très minime, mais symbolique, qui montre que cela a de la valeur, et un coût pour la société. 

Le fait qu'un repas soit acheté un euro par une famille ne signifie pas qu'il n'a pas une valeur supérieure, mais le différentiel est pris en charge, dans le public, par les différentes collectivités territoriales.  Je suis bien persuadée que les repas cuisinés  sur place avec des produits frais locaux sont à la fois meilleurs et moins chers que les cochonneries industrielles servies en liaison froide, où on paye surtout de quoi engraisser les sociétés qui les préparent, mais cela prendra longtemps d'y revenir partout, surtout avec l'obsession des allergies et des intoxications.

On mesure mal à quel point les règles de la restauration collective sont contraignantes et le personnel insuffisant pour pouvoir cuisiner vraiment. C'est fort dommage, car cela créerait de l'emploi en même temps que ça améliorerait les habitudes alimentaires des élèves et réduirait le gâchis. A ce titre, mon établissement fait figure d'exception (et c'est sans doute lié à la présence d'un internat et à la volonté des chefs de cuisine).

Je te rejoins, Verdurette, sur la question des REP, mais, pour me faire encore l'avocat du Diable, j'avais cru comprendre que c'étaient elles qui étaient visées pour uen expérimentation avant une possible généralisation (qui '' aura probablement jamais lieu, on le sait, m'enfin...)

C'est bien cela, Poupoutch, c'est réservé aux REP et REP+, sur la base du volontariat toutefois.
Je n'ai pas vu que ce soit un préalable à une généralisation, mais je n'ai peut-être pas tout entendu.

ma question va sans doute être très bête mais comment peut-on être aussi pauvre qu'on ne peut pas proposer un petit-déjeuner à son enfant ? Un petit-déjeuner c'est moins d'un euro... comment est-ce possible d'être à ce point dans la difficulté alors qu'il existe des aides (dont on ne peut pas dire qu'elles soient indigentes) ?

Il suffit que l'argent des aides ait déjà été dépensé.

La pauvreté existe. Même si on ne meurt plus de faim en France depuis Louis XV, la difficulté d'approvisionnement existe toujours. Mais à la pauvreté économique il faut aussi ajouter pauvreté intellectuelle. Les gens ont des ressources faibles, mais à cela s'ajoute l'incapacité à gérer un budget, donc des CB qui ne passent pas dès le 15 du mois donc pas de courses. Et puis il y a l'incapacité à s'occuper correctement d'un enfant. Eh oui, dans certaines familles, on est incapable de gérer un repas correct, juste parce qu'on n'a pas l'outillage mental pour le faire (ça suppose de gérer des horaires, un frigo, un enfant qui veut des bonbons alors que ça n'est pas un petit déj correct, etc).

Peut-être qu'il y a aussi de ceux qui lèvent l'enfant au dernier moment, l'habillent et le débarrassent à l'école. Dans ces conditions, les enfants ne doivent guère avoir le temps de se nourrir et la conscience d'en avoir besoin.

EU1 a écrit:ma question va sans doute être très bête

Évitez de poser les questions qui fâchent de bonnes âmes pourraient s'en effaroucher.

Elaïna a écrit: Mais à la pauvreté économique il faut aussi ajouter pauvreté intellectuelle. Les gens ont des ressources faibles, mais à cela s'ajoute l'incapacité à gérer un budget, donc des CB qui ne passent pas dès le 15 du mois donc pas de courses.

Et c'est donc à l'Etat, l'ensemble des foyers imposables, de remplir le puits sans fond.

Euh... tous ces GJ seraient donc des gens intellectuellement faibles qui ne savent pas gérer un budget rikiki qui les laisse démunis dès le 15 du mois ? J'ai quelque peine à le croire.

Comme certains, je m'inquiète de ce qu'on va donner à manger aux enfants. Comme si le repas ultra transformé de la cantine ne suffisait pas.....
Du jus en brique au secours. Des céréales au secours et du lait au secours.
Reste le fruit..... Si c'est bien un fruit entier et pas une compote....

C'est louable de faire manger les pauvres. Ça l'est moins de leur filer les rogatons de l'industrie agroalimentaire .

Au fait, ce matin mon fils a mangé un œuf brouillé, du pain complet , du concombre et des framboises....

Celadon a écrit:Euh... tous ces GJ seraient donc des gens intellectuellement faibles qui ne savent pas gérer un budget rikiki qui les laisse démunis dès le 15 du mois ? J'ai quelque peine à le croire.

Il ne me semble pas que les GJ aient été évoqués et encore moins dans leur ensemble.

Izambard a écrit:Au fait, ce matin mon fils a mangé un œuf brouillé, du pain complet , du concombre et des framboises....

Fort bien, et je suppose que vous souhaitez que le même menu soit proposé à tous, ce qui est louable.

Izambard a écrit:Comme certains, je m'inquiète de ce qu'on va donner à manger aux enfants. Comme si le repas ultra transformé de la cantine ne suffisait pas.....
Du jus en brique au secours. Des céréales au secours et du lait au secours.
Reste le fruit..... Si c'est bien un fruit entier et pas une compote....

C'est louable de faire manger les pauvres. Ça l'est moins de leur filer les rogatons de l'industrie agroalimentaire .

Au fait, ce matin mon fils a mangé un œuf brouillé, du pain complet , du concombre et des framboises....

Encore une fois, les enfants ne seront pas obligés de manger le petit dej' de l'école

Sinon, tu penses qu'il est composé de quoi le petit dej' à la va vite (quand il y en a un) de la majorité des enfants le matin? De concombre et de framboises ?

Je pars du principe que si l'école / l'état décidé de se mêler du petit déjeuner, la moindre des choses c'est de bien le faire. Un autre intervenant disait qu'on pouvait mieux faire , pour pas forcément plus cher : du pain complet qui ferait travailler un boulanger local / des fruits frais de saison achetés en circuit court / du beurre et ou du fromage, ça ne me semble pas être là mer à boire pour une commune.
Ça nourrit mieux qu'un paquet de Kellogg's et surtout ça eduque davantage, puisque c'est aussi, j'imagine , le but de la manœuvre.

Non ? C'est idiot ce que je dis ?

idiot non mais franchement aujourd'hui je trouve qu'on s'écoute vraiment beaucoup...
c'est peut-être lié au fait que je sois de la campagne mais cette boboïsation m'énerve...

Izambard a écrit: C'est idiot ce que je dis ?

Non, bien au contraire !

Dhaiphi a écrit:

Celadon a écrit:Euh... tous ces GJ seraient donc des gens intellectuellement faibles qui ne savent pas gérer un budget rikiki qui les laisse démunis dès le 15 du mois ? J'ai quelque peine à le croire.

Il ne me semble pas que les GJ aient été évoqués et encore moins dans leur ensemble.  

Izambard a écrit:Au fait, ce matin mon fils a mangé un œuf brouillé, du pain complet , du concombre et des framboises....

Fort bien, et je suppose que vous souhaitez que le même menu soit proposé à tous, ce qui est louable.  

Euh... j'ai fait un raccourci un peu rapide sans doute dû à la "pauvreté économique" évoquée.

Dhaiphi a écrit:

Elaïna a écrit: Mais à la pauvreté économique il faut aussi ajouter pauvreté intellectuelle. Les gens ont des ressources faibles, mais à cela s'ajoute l'incapacité à gérer un budget, donc des CB qui ne passent pas dès le 15 du mois donc pas de courses.

Et c'est donc à l'Etat, l'ensemble des foyers imposables, de remplir le puits sans fond.

Non mais des cours de gestion de budget ou de cuisine seraient peut-être utiles …

Il me semble que les éléments qui composeront ces petits déjeuners offerts seront directement issus du groupement d'industriels ayant brillament réussi cette action de lobbying:

Spoiler:

Source ici

Les éventuels "sans gluten" et autres vegans repasseront plus tard, donc... :lol: