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Halybel
Érudit

Assassinat de Samuel Paty : et maintenant ? - Page 22 Empty Re: Assassinat de Samuel Paty : et maintenant ?

par Halybel Ven 11 Déc 2020, 08:56
Euphémia a écrit:
Pontorson50 a écrit:
Euphémia a écrit:
Mais la faillite, elle est là, justement ! Dans quel monde de Bisounours, dans quel déni ces gens vivaient-ils pour ne pas se douter que notre collègue était en danger à partir du moment où il avait été jeté en pâture sur les réseaux sociaux ? Et les Renseignements territoriaux parvenant à la conclusion que la situation est apaisée, on est au-delà de l'impéritie !

Le rapport montre que personne non plus dans l'établissement n'a imaginé l'assassinat, tu dois donc en conclure que tout le monde dans cette affaire a été bisounours? Nul dans ce collège ni au rectorat n'a sonné l'alarme contre un risque de meurtre prémédité. Il y avait deux précédents, jamais au niveau d'un collège, et je me demande d'ailleurs qui connaissait ces deux premiers meurtres de profs. Dans le monde qui est le nôtre, la proportion entre le nombre d'avanies diffusées par les réseaux sociaux sur les enseignants et les meurtres effectifs sur ces enseignants explique que les renseignements territoriaux aient sous-estimé. Qu'avait-on comme précédents comparables? Aucun.
Ben oui. Après tout ce qui s'est passé ces dernières années, il faut vraiment être dans le déni pour ne pas se douter qu'une personne, quelle qu'elle soit, qui subit sur les réseaux sociaux une fatwa la nommant et la localisant est en danger de mort.

Le problème vient de la loi. Pour connaître quelqu'un de haut placé dans la protection policière. Il me racontait qu'ils identifient des gens potentiellement dangereux mais qu'ils n'ont pas les moyens de les suivre... Qu'ils font un travail colossal pour au final très peu de suivi derrière (tiens ça me rappelle une autre profession). Au final c'est une question de moyen, si Samuel n'a pas bénéficié d'une protection c'est que l'état ne met pas les moyens pour rendre cela possible. C'est horrible de se dire que l'état se dit y a des chances que rien n'arrive donc ne faisons rien mais c'est la triste réalité.

Quand à cette phrase de @pontorson
tu dois donc en conclure que tout le monde dans cette affaire a été bisounours?
Ce n'est pas à des profs d'imaginer cela c'est inimaginable et heureusement. Par contre, les instances au dessus c'est leur boulot d'anticiper et de prévoir. Donc oui les instances ont failli.
epekeina.tes.ousias
epekeina.tes.ousias
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Assassinat de Samuel Paty : et maintenant ? - Page 22 Empty Re: Assassinat de Samuel Paty : et maintenant ?

par epekeina.tes.ousias Ven 11 Déc 2020, 09:38
Ce qui me choque, également, c’est que le premier incident a été renseigné dans l’application “Faits établissements” en le classant en gravité maximale, en indiquant “groupe d’élèves” dans “victimes signalées” et… dans “auteur présumé”: “personnel de l’établissement”…
Et c’est cette première — fausse — perception qui a été maintenue jusqu’à la fin. Cette erreur d’appréciation est l’une des causes et un dysfonctionnement majeur.

Certes, les possibilités de mesures de sécurité sont limitées et, en réalité, difficile à obtenir (sauf quand l’acte est engagé), certes, il est probable que personne n’a imaginé que ça conduirait à un assassinat. Certes.

Et, après y avoir réfléchi, je pense que l’appréciation du “référent laïcité” relève de l’erreur à l’état pur — et que citer Ferry, comme il semble l’avoir fait, c’est n’avoir pas compris le sens du texte.

- S.Paty faisait un cours sur la liberté d’expression, à partir de la question ou du dilemme, être Charlie ou ne pas être Charlie. Il devait donc parler des caricatures, de leur sens politique, ayant valu un procès à Charlie Hebdo et de celles régulièrement publiées par la suite: sans quoi l’attentat de janvier 2015 est incompréhensible. Autre terme de l’alternative: passer sous silence cet attentat et ne parler de la liberté d’expression que comme une jolie théorie nullement remise en question.

- le message de la une de Charlie qui fait l’objet d’un procès dénonçait les extrémistes qui prétendent aimer le prophète Mahommet qui, lui, s’en désespère: dans cette une il y a un contenu qui se réfère à des événements, dont des attentats terroristes (car il y en a eu avant 2006)

- Pour parler de ces caricatures, il est impossible d’éviter de les montrer — ce qui peut effectivement choquer: ce n’est pas le seul cas dans ce genre, les profs de lettres, les profs d’histoire de l’art, de SVT, de sport, etc. etc. savent que ce cas peut se présenter

- S.Paty a proposé aux élèves qui le désirait — et dûment mis au courant du thème: car à quoi bon sinon — de sortir (au premier cours) ou de détourner la tête (au second cours) — et de sortir accompagnés par l’AESH (il n’y a donc pas de rupture du devoir de vigilance constante)

- il est vrai que certains s’en sont sentis froissés: même si les témoignages diffèrent à ce propos, et que le plus grand nombre, y compris un père d’élève n’y ont pas vu malice

- mais il est non moins vrai que S.Paty n’a pas eu du tout l’intention de froisser quiconque: mais bien au contraire l’intention contraire. C’est donc absolument stupide de l’accuser d’avoir froissé “sans le vouloir”! La question est: peut-on froisser quelqu’un sans avoir eu l’intention de froisser? Et la réponse montre l’absurdité de la question: il suffit que quelqu’un dise que “si, si, moi, je me suis senti froissé, donc il y a “offense”. Ce qui signifie que la réalité de l’offense ne dépend alors, pour être établie, que d’une personne

- Ferry dans sa lettre aux instituteurs donne une règle de discours:
Au moment de proposer à vos élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire; si non, parlez hardiment

Il importe de souligner que l’interlocuteur imaginaire doit être a) un honnête homme et b) de bonne foi.
La première mère de famille qui est venue se plaindre l’a fait probablement sur le fond d’une histoire rapportée: après explication elle a visiblement compris qu’il y avait un malentendu. Elle était une honnête femme et de bonne foi. Les malentendus, ça existe. Je doute infiniment que le père de l’élève et le militant propagandiste et extrémiste qui l’accompagnait, qui ont ensuite monté une cabale contre S.Paty en l’accusant de racisme, de ségrégation, etc. aient été de bonne foi, et même qu’ils aient été honnêtes!
Et donc aller citer Ferry pour dire qu’il ne faut jamais “froisser” quiconque, que tel ou tel “s’est senti froissé”, ergo: un prof a commis la “maladresse de froisser” (et l’assassinat, lui, il joue quel rôle? celui d’une réplique?) — c’est un sophisme à l’état pur (et je reste poli).
Il est tout à fait évident qu’il ne suffit pas de se sentir froissé pour qu’il y ait un acte à incriminer quelque part. Il faut de plus qu’il y ait:
- soit la volonté délibérée d’offenser, d’insulter, de témoigner du mépris: il est tout à fait évident que le comportement de notre collègue a été à l’extrême opposé d’une telle intention;
- soit un acte irréfléchi et qui aurait pu être évité ou que l’on peut regretter a posteriori; or, il est visible que tel n’est pas le cas: non seulement notre collègue a dûment réfléchi au contenu de ses cours, non seulement il a pris soin de ne pas contraindre ses élèves à examiner des documents dont il savait que le contenu pouvait les choquer, mais il leur a laissé le choix de décider si, oui ou non, ils voulaient examiner ce contenu; il a donc ménagé et les sentiments et la liberté de ses élèves.

Il est impossible de froisser quelqu’un dans de pareilles conditions et la perception de l’incident a donc consisté en cette confusion très commune à notre époque: si quelqu’un se sent froissé, c’est qu’il y a un froisseur quelque part et, puisqu’il n’y a pas de froissage sans froisseur, c’est le froisseur qui est coupable. Or, c’est là justement l’argument fallacieux dont se servent les propagandistes et les extrémistes pour attaquer l’éducation publique, les institutions publiques et l’État de droit en France (comme ailleurs). Y céder, c’est adopter leur point de vue.

Le seul autre terme de l’alternative aurait été: de ne pas parler du tout de Charlie Hebdo ni d’ailleurs de quelque sujet polémique ou susceptible d’être polémique que ce soit (à terme: il ne reste que des sujets du type: à quelle heure les fleurs poussent-elles? la hauteur des montagnes est-elle fixe? — et encore!), donc de ne pas faire cours sur la liberté d’expression, et même, de ne donner aucun enseignement moral et civique, sauf à imaginer qu’il n’existe là aucune notion susceptible de faire débat. À quoi j’ajoute, pour faire bonne mesure, que ce que l’on sait du cours de S.Paty, le fait de mettre en avant une situation dilemme, de réfléchir aux controverses d’opinion publique et à la presse, etc., tout indique qu’il se situait intégralement et exclusivement dans un cadre de programme normal et attendu. Si certaines personnes “s’en sentent froissées”, c’est donc le programme qui en est la cause!


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Cath
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par Cath Ven 11 Déc 2020, 11:08
veneration

Parfaitement bien démontré.
Dame Jouanne
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par Dame Jouanne Ven 11 Déc 2020, 11:56
Avez-vous vu "complément d'enquête : "Islamisme : la République a-t-elle fermé les yeux ? " , hier soir?
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par Celadon Ven 11 Déc 2020, 12:17
Non,j'ai tenté de m'accrocher à la série No man's land sur Arte (daesh) mais en vain. J'ai pourtant tenu jusqu'au bout de l'épisode, j'aurais dû prendre Complément d'enquête.
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par Delia Ven 11 Déc 2020, 13:49
Toute cette discussion me rappelle la chanson de Bob Dylan, traduite en français par Graeme Allwright : Qui  a tué Davy Moore ?

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par Clecle78 Ven 11 Déc 2020, 13:51
Superbe chanson au demeurant
Elaïna
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par Elaïna Ven 11 Déc 2020, 16:44
epekeina.tes.ousias a écrit:

- mais il est non moins vrai que S.Paty n’a pas eu du tout l’intention de froisser quiconque: mais bien au contraire l’intention contraire. C’est donc absolument stupide de l’accuser d’avoir froissé “sans le vouloir”! La question est: peut-on froisser quelqu’un sans avoir eu l’intention de froisser? Et la réponse montre l’absurdité de la question: il suffit que quelqu’un dise que “si, si, moi, je me suis senti froissé, donc il y a “offense”. Ce qui signifie que la réalité de l’offense ne dépend alors, pour être établie, que d’une personne

Je ne comprends pas cette interrogation (et tout ce que tu expliques par la suite sur les froissés et les froisseurs). Bien sûr qu'on peut froisser quelqu'un, voire le blesser, sans le vouloir, et cela indépendamment de toute question de "bonne" ou de "mauvaise" foi (sans mauvais jeu de mots). Tiens, au hasard : "ah, je vois que tu attends un heureux événement", à une femme qui a juste pris du poids à cause de ses traitements pour l'infertilité (ou juste pris du poids tout court). "Ah, ce gosse est mal élevé", dit bien fort dans une rame de train, à propos d'un enfant autiste. Etc, etc. Il y a des exemples à la pelle. Le fait d'être blessé n'a pas de rapport avec l'intention. Et ça va de la boulette pas méchante ("han, c'est trop moche la nouvelle déco dans l'entrée chez mamie, tu trouves pas ? Ah, c'est toi qui l'a offert ?"), à des blessures qui peuvent être lourdes. Tu n'es pas à même de juger du droit de l'autre à être blessé. Et oui, on peut être blessé à propos d'une question religieuse, ça peut nous paraître délirant, mais on n'a pas à distribuer les bons points.

Maintenant, à titre personnel et professionnel, je ne pense pas que la seule possibilité soit "montrer les caricatures" ou "parler de la pousse des fleurs". Il y a une grande variété de possibilités entre les deux (évoquer les caricatures de Charlie sans les montrer, par exemple, ce que je fais en ce qui me concerne, parce que je les trouve laides, vulgaires et superfétatoires).

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par epekeina.tes.ousias Ven 11 Déc 2020, 17:10
Elaïna a écrit:
epekeina.tes.ousias a écrit:

- mais il est non moins vrai que S.Paty n’a pas eu du tout l’intention de froisser quiconque: mais bien au contraire l’intention contraire. C’est donc absolument stupide de l’accuser d’avoir froissé “sans le vouloir”! La question est: peut-on froisser quelqu’un sans avoir eu l’intention de froisser? Et la réponse montre l’absurdité de la question: il suffit que quelqu’un dise que “si, si, moi, je me suis senti froissé, donc il y a “offense”. Ce qui signifie que la réalité de l’offense ne dépend alors, pour être établie, que d’une personne

Je ne comprends pas cette interrogation (et tout ce que tu expliques par la suite sur les froissés et les froisseurs). Bien sûr qu'on peut froisser quelqu'un, voire le blesser, sans le vouloir, et cela indépendamment de toute question de "bonne" ou de "mauvaise" foi (sans mauvais jeu de mots). Tiens, au hasard : "ah, je vois que tu attends un heureux événement", à une femme qui a juste pris du poids à cause de ses traitements pour l'infertilité (ou juste pris du poids tout court). "Ah, ce gosse est mal élevé", dit bien fort dans une rame de train, à propos d'un enfant autiste. Etc, etc. Il y a des exemples à la pelle. Le fait d'être blessé n'a pas de rapport avec l'intention. Et ça va de la boulette pas méchante ("han, c'est trop moche la nouvelle déco dans l'entrée chez mamie, tu trouves pas ? Ah, c'est toi qui l'a offert ?"), à des blessures qui peuvent être lourdes. Tu n'es pas à même de juger du droit de l'autre à être blessé. Et oui, on peut être blessé à propos d'une question religieuse, ça peut nous paraître délirant, mais on n'a pas à distribuer les bons points.

Maintenant, à titre personnel et professionnel, je ne pense pas que la seule possibilité soit "montrer les caricatures" ou "parler de la pousse des fleurs". Il y a une grande variété de possibilités entre les deux (évoquer les caricatures de Charlie sans les montrer, par exemple, ce que je fais en ce qui me concerne, parce que je les trouve laides, vulgaires et superfétatoires).

J'emploie le mot “froisser”: parce qu'on le trouve dans le rapport de l'IG — et parce que le terme se trouve dans le passage de Ferry auquel le référent laïcité dont il est question dans ce rapport. Et, parce que ce texte parle bien de “bonne foi” et d'“honnêteté”, je me contente de signaler que, quand ce référent laïcité emploi ce texte, il commet un contre-sens…
D'autre part, j'ai clairement dit qu'il était possible de blesser quelqu'un ou de manquer de tact par inadvertance — et je ne doute nullement que cela arrive. En revanche, je doute fortement que ce soit le cas de S.Paty. Et je doute également énormément que le père de l'élève et l'activiste qui l'ont vilipendé et agressé sur les réseaux sociaux et autres puissent employer cet argument. Ceux-là me paraissent employer de façon très hypocrite l'argument du “je suis offensé” — pour conclure qu'étant les offensés, ils ont le choix des armes.

De plus, pour qu'il y ait offense, il faut (condition nécessaire) qu'il y ait un acte offensant; mais on peut se sentir offensé sans cela: la condition nécessaire n'est pas une condition suffisante. Non seulement parce qu'il existe des hypocrites, mais aussi parce qu'il arrive très souvent que se produise des malentendus — et ce, sans compter qu'il existe aussi ceux qui “prennent tout mal”, même lorsqu'il n'y a pas de mal.

Lorsque tu dis que le fait de sentir blessé n'a pas de rapport avec l'intention, c'est donc inexact:
- lorsque le propos est intentionnellement blessant, l'interlocuteur se sentira blessé: et il s'agit alors d'une agression
- lorsque le propos est blessant par inadvertance, l'interlocuteur se sentira blessé: mais il ne s'agit pas d'une agression, mais d'un manque de tact plus ou moins grave
- lorsque le propos n'a rien de blessant, et que l'interlocuteur se sent blessé: soit il s'agit d'un malentendu, soit il s'agit d'un prétexte hypocrite ou irrationnellement employé
Je pense que notre collègue S.Paty n'entre ni dans le premier ni dans le second cas. Il entre peut-être dans le cas du malentendu (c'est ce qui semble ressortir de la première plainte dont parle le rapport de l'IG) — mais que, dans le second cas, il s'agit visiblement de tout autre chose — et de quelque chose qui n'a pas été compris ni reconnu, ni pendant les évènements, ni après.

Enfin, quant au dernier argument, je ne vois pas comment S.Paty aurait pu ne pas montrer un dessin politique, puisqu'il faut bien le voir pour l'interpréter et que, sans l'interpréter, il n'est guère possible de déterminer s'il relève de l'insulte ou de la diffamation, ou s'il relève de la liberté de communiquer des idées, des critiques, etc. À partir du moment où ces thèmes sont au programme et où la question de la liberté d'expression est (très visiblement) l'objet de polémiques parfois virulentes dans l'opinion publique:
- ou bien on évite tout ce qui est polémique entièrement et on ne parle de la liberté d'expression que quand elle est susceptible de ne poser aucun problème (donc je le redis: à moins de parler de choses comme la pousse des fleurs, je ne vois guère de quoi de quoi on traitera — et si la liberté d'expression ne pose aucun problème, à quoi bon en traiter?)
- ou bien on reconnaît le problème: à savoir qu'il pourra toujours y avoir des gens qui “se sentent offensés”, qu'ils prétendent l'être ou qu'ils le soient réellement, mais en ce cas, ce sont les enseignements eux-mêmes qui seront refusés: tel collègue parlant des religions polythéistes, anciennes ou contemporaines, pourra, à ce compte, être accusé de froisser ceux pour qui le polythéisme est blasphématoire (et je connais au moins un cas de ce type).

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par Derborence Sam 12 Déc 2020, 18:21
Le fil a été nettoyé de toutes les considérations sur l'Affaire Mila qui étaient ici hors-sujet.

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par Celadon Dim 13 Déc 2020, 15:44
https://www.lejdd.fr/Societe/Education/tribune-samuel-paty-apres-les-paroles-des-actes-4011977
Nous ne comprenons pas qu'un référent laïcité puisse écrire dans des courriels qu'un professeur d'histoire chevronné ne maîtrise pas les règles de la laïcité.
Nous ne comprenons pas que des versions tronquées de son cours, des versions erronées de ses propos aient pu être diffusées, salissant son travail et trahissant sa mémoire.
Lors de la cérémonie d'hommage à Samuel Paty, le chef de l'Etat a rappelé le soutien à tous les enseignants et la protection dont ils doivent bénéficier. Cela ne peut pas rester de vains mots. Le métier de professeur ne s'improvise pas. Enseigner dans la sérénité, travailler dans un climat de confiance, pouvoir transmettre à tous nos élèves les savoirs qu'ils feront fructifier, accompagner les plus fragiles d'entre eux, suppose qu'au-delà des discours, toute la hiérarchie de l'Education se tienne sans faille à leurs côtés. Il ne doit plus y avoir de fossé entre le discours ministériel et ce que chaque collègue expérimente dans sa vie professionnelle, quel que soit l'établissement. Plus jamais."
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par Condorcet Dim 13 Déc 2020, 17:01
Les mots c’est bien, les actes tangibles (telle qu’une grève massive à la rentrée de la Toussaint) cela aurait été mieux.
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par Celadon Mar 15 Déc 2020, 08:09
Je ne fais pas d'erreur en postant : c'est bien la rubrique "Et maintenant ?"
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/pyrenees-atlantiques-un-eleve-exclu-de-son-lycee-apres-avoir-approuve-la-decapitation-de-samuel-paty_4220311.html
Un élève du lycée Ramiro Arrué de Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques, a été définitivement exclu de l’établissement après avoir approuvé la décapitation de Samuel Paty, rapporte France Bleu Pays Basque. (...) L'élève renouvelle ses déclarations lors d'une première réunion avec le proviseur adjoint et le conseiller principal d’éducation. Un conseil de discipline est convoqué, la famille et l'élève sont entendus. Le lycée décide de l'exclusion définitive de l'élève. Depuis, une solution de scolarisation lui a été proposée dans un autre établissement.
C'est moi qui ai graissé la dernière phrase, qui répond à la question du titre du topic.
Voilà.
Mathador
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par Mathador Mar 15 Déc 2020, 10:09
Celadon a écrit:Je ne fais pas d'erreur en postant : c'est bien la rubrique "Et maintenant ?"
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/pyrenees-atlantiques-un-eleve-exclu-de-son-lycee-apres-avoir-approuve-la-decapitation-de-samuel-paty_4220311.html
Un élève du lycée Ramiro Arrué de Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques, a été définitivement exclu de l’établissement après avoir approuvé la décapitation de Samuel Paty, rapporte France Bleu Pays Basque. (...) L'élève renouvelle ses déclarations lors d'une première réunion avec le proviseur adjoint et le conseiller principal d’éducation. Un conseil de discipline est convoqué, la famille et l'élève sont entendus. Le lycée décide de l'exclusion définitive de l'élève. Depuis, une solution de scolarisation lui a été proposée dans un autre établissement.
C'est moi qui ai graissé la dernière phrase, qui répond à la question du titre du topic.
Voilà.
C'est imposé aux services rectoraux par l'article L122-2 du Code de l'éducation.

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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
Fesseur Pro
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par Fesseur Pro Mar 15 Déc 2020, 12:10
Ben oui.
Rien de neuf Celadon, c'est la loi.

_________________
Pourvu que ça dure... professeur
mafalda16
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par mafalda16 Mar 15 Déc 2020, 12:24
Que veux-tu qu’il se passe d’autre ? C’est la loi.

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"Si no luchas, al menos ten la decencia de respetar a quienes lo hacen", José Martí.
Celadon
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par Celadon Mar 15 Déc 2020, 13:14
Une loi, ça se change. Il est peut-être encore temps d'y penser.
Choubidouh
Choubidouh
Niveau 7

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par Choubidouh Mar 15 Déc 2020, 17:15
En même temps, exclure un enfant ou un ado du système scolaire... N'est pas le meilleur moyen qu'il dérape encore plus ?

Mettre en place des classes adaptées (type militaires) pour les cas désespérés ?
Celadon
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par Celadon Mar 15 Déc 2020, 18:40
Il est temps d'envisager autrement l'avenir de ces jeunes qui dérapent gravement après un évènement aussi tragique, en effet.
Moonchild
Moonchild
Sage

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par Moonchild Mar 15 Déc 2020, 19:43
mafalda16 a écrit:Que veux-tu qu’il se passe d’autre ? C’est la loi.

Oui, c'est la loi... mais ce n'est pas sans amertume que j'observe qu'il semble beaucoup plus facile à l'institution de trouver une solution de scolarisation pour un jeune qui a approuvé la décapitation d'un enseignant au nom d'une atteinte à sa religion que pour une gamine qui a publiquement critiqué cette même religion.

On va donc déplacer d'un établissement à un autre quelques élèves déjà enfermés dans une conception intransigeante de leur religion et, comme seule réponse, on va continuer à faire des gentils cours d'EMC de plus en plus édulcorés pour ne choquer personne.

Je crois qu'on devrait arrêter avec les bravades à propos de la laïcité, il faut accepter que c'est sa définition libérale qui dans les faits l'a emporté : la laïcité de 2020 c'est finalement plutôt tolérer l'intolérance des religieux et composer avec.
Guermantes729
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par Guermantes729 Mar 15 Déc 2020, 19:51
Moonchild a écrit:
mafalda16 a écrit:Que veux-tu qu’il se passe d’autre ? C’est la loi.

Oui, c'est la loi... mais ce n'est pas sans amertume que j'observe qu'il semble beaucoup plus facile à l'institution de trouver une solution de scolarisation pour un jeune qui a approuvé la décapitation d'un enseignant au nom d'une atteinte à sa religion que pour une gamine qui a publiquement critiqué cette même religion.

On va donc déplacer d'un établissement à un autre quelques élèves déjà enfermés dans une conception intransigeante de leur religion et, comme seule réponse, on va continuer à faire des gentils cours d'EMC de plus en plus édulcorés pour ne choquer personne.

Je crois qu'on devrait arrêter avec les bravades à propos de la laïcité, il faut accepter que c'est sa définition libérale qui dans les faits l'a emporté : la laïcité de 2020 c'est finalement plutôt tolérer l'intolérance des religieux et composer avec.

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par Celadon Mar 15 Déc 2020, 20:01
Non, composer avec c'est leur laisser libre cours et ils n'attendent que ça.
Moonchild
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par Moonchild Mar 15 Déc 2020, 20:25
Celadon a écrit:Non, composer avec c'est leur laisser libre cours et ils n'attendent que ça.

Oui, mais malgré les déclarations lyriques qui suivent chaque attentat, c'est pourtant ce qui se passe en définitive.

Crois-tu vraiment qu'il y aura une réaction au sein de l'Education Nationale ? Si ce n'est pas le cas autant clarifier la situation et reconnaître publiquement la lâcheté de l'institution, que personne ne soit dupe.

Et plus généralement, il est désormais évident que l'Etat français n'est plus en mesure de garantir la sécurité de quiconque se risquerait à tenir publiquement des propos polémiques sur l'islam ou qui seraient perçus comme tels. C'est la froide réalité d'aujourd'hui : la parole sur ce sujet doit faire l'objet d'un strict auto-contrôle, sinon ce serait faire preuve à l'échelle individuelle d'une extrême imprudence. Notre société n'est plus armée pour affronter la violence latente que peuvent manifester à tout moment les musulmans radicaux donc, sur ce point, ils ont déjà gagné pour quelques décennies probablement. La logique est assez simple et malheureusement assez universelle : le conciliant finit par s'écraser face au colérique.
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par zigmag17 Mar 15 Déc 2020, 20:27
Je suis d'accord avec les propos précédents : déplacer des élèves qui présentent de tels profils, c'est déplacer le problème, en aucun cas le régler.
Et bon courage aux collègues qui devront travailler avec eux.
Si le système -scolaire et étatique- n'avait pas composé avec cette intolérance religieuse depuis si longtemps nous n'en serions pas là. Le mal est fait. Et force est de constater que l'assassinat de Samuel Paty n'a rien changé, en tout cas dans l'EN. C'est toujours la même rengaine: dernièrement un IPR a botté en touche (sans cacher son mécontentement) lorsque nous lui avons demandé ce qu'il en serait de nos cours désormais, s'il s'agissait d'être confronté à cette intolérance et à des propos extrémistes dans nos classes. Réponse: "Cellule d'écoute, Rectorat", le tout balayé d'un revers de la main et en deux mots.
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par maldoror1 Mar 15 Déc 2020, 20:31
zigmag17 a écrit:Je suis d'accord avec les propos précédents : déplacer des élèves qui présentent de tels profils, c'est déplacer le problème, en aucun cas le régler.
Et bon courage aux collègues qui devront travailler avec eux.
Si le système -scolaire et étatique- n'avait pas composé avec cette intolérance religieuse depuis si longtemps nous n'en serions pas là. Le mal est fait. Et force est de constater que l'assassinat de Samuel Paty n'a rien changé, en tout cas dans l'EN. C'est toujours la même rengaine: dernièrement un IPR a botté en touche (sans cacher son mécontentement) lorsque nous lui avons demandé ce qu'il en serait de nos cours désormais, s'il s'agissait d'être confronté à cette intolérance et à des propos extrémistes dans nos classes. Réponse: "Cellule d'écoute, Rectorat", le tout balayé d'un revers de la main et en deux mots.

J'imagine que les IPR sont totalement démunis et, comme d'habitude, refilent la patate chaude aux professeurs.

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par zigmag17 Mar 15 Déc 2020, 20:34
C'est ça Assassinat de Samuel Paty : et maintenant ? - Page 22 1482308650 : On ne change pas une méthode qui euh... gagne? Assassinat de Samuel Paty : et maintenant ? - Page 22 3795679266
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