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Sage

Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par neo Mer 26 Déc 2012 - 20:51
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Collectif Sauver les lettres
Communiqué de presse du 19 décembre 2012

" Projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l'école " : rebâtir sans fondations ?

Après avoir pris connaissance du " Projet de loi [...] pour la refondation de l'école ", le collectif Sauver les lettres relève qu'il diffère peu du " Rapport pour la refondation de l'école " dont il est issu, et n'en corrige pas les défauts (cf notre communiqué " Refondons l'Ecole de la République : un rapport inquiétant " : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ), voire les accroît.

Certes, le projet reconnaît une fois de plus les chiffres catastrophiques de l'échec scolaire dans le primaire et le secondaire, et son lien accru avec les inégalités culturelles (confirmés par le récent rapport 2012 du HCE). Certes, il cherche à y remédier en annonçant des mesures positives en primaire : l'allongement de la semaine et le renforcement de l'apprentissage mathématique par « la résolution de problèmes », et pour le secondaire en redéfinissant timidement le « socle de compétences et de connaissances » par l'ajout de la « culture ». De même, le retour envisagé à une certaine « sectorisation » pourrait favoriser l'égalité entre établissements et limiter les effets de ghetto.

Mais ces inflexions à la marge, pas plus que la « programmation » annoncée, ne remontent aux causes mêmes du désastre actuel, et le projet de loi se réduit soit à une rhétorique, soit à une fuite en avant dans une « innovation » dont la validité pédagogique n'est pas établie.

Ainsi, « l’expression orale et écrite » est définie comme « fai(sant) partie » des « instruments fondamentaux de la connaissance », mais le rétablissement des horaires antérieurs de français dans le primaire et le premier cycle n'est jamais évoqué, alors que l'on sait pertinemment que la qualité des apprentissages est fonction du temps laissé aux élèves pour les acquérir et les assimiler. Ce temps manquant dans les apprentissages élémentaires est reporté par le projet à des horaires extérieurs de RASED ou de remédiation en collège, alors que les difficultés créées sont déjà ancrées, et que l'inégalité sociale a déjà joué à plein.

Ainsi « le numérique », pièce maîtresse du projet de loi, est présenté comme la panacée censée résoudre toutes les difficultés actuelles, alors que l’efficacité de cet outil est fonction des connaissances antérieures et des capacités de discernement de l’usager internaute, et que les dotations sont laissées aux régions, avec toutes les inégalités de ressources qui en découlent.

Ainsi, alors que l'on sait que l'échec en second cycle et à l'université est dû à un déficit de connaissances disciplinaires, les propositions pour le lycée programment une fuite en avant dans une recrudescence de l'interdisciplinarité, avec « des pratiques pédagogiques innovantes (travaux personnels encadrés en terminale, projets interdisciplinaires) ». En 2004 déjà pourtant, le ministère reconnaissait que « 95% des TPE » s'étaient reconvertis en « bachotage », et beaucoup de sujets de TPE se revendent... sur internet. De même, dans la même page, le projet reconnaît que « l’accompagnement personnalisé ne donne pas tous les résultats escomptés », mais veut le renforcer comme « pratique innovante »...

Ce projet rompt donc peu avec les réformes du gouvernement précédent : le collège reste défini par un « socle » qui nivelle au lieu d'élever, et les préconisations européennes qui visent à « l'employabilité » comme horizon du système éducatif sont renforcées par le projet : dès la classe de 6ème devra figurer « une première connaissance du marché du travail ».

Il se dispense également d'une analyse sérieuse des difficultés et des inégalités scolaires. En proclamant que « l’adjonction de moyens supplémentaires sans modification des pratiques n’aurait que peu d’effet sur les résultats de notre système éducatif », il nie l'effet délétère des baisses horaires d'enseignement des matières, la hausse constante des effectifs de classe qui nuisent aux élèves les plus fragiles, et le consumérisme scolaire engendré par les inégalités, en moyens et en options, d'établissements dérégulés par l'autonomie.

Enfin il ne renoue pas avec les finalités émancipatrices des esprits que l'on pourrait attendre d'un pouvoir de gauche. L’instruction, qui pourtant conditionne le recul critique et fournit à chaque élève de quoi construire sa liberté, ne figure pas dans le projet de loi, qui cherche au contraire à normaliser en s’alignant sur les directives de l'OCDE : « développer un esprit européen et un sentiment d’appartenance partagé à la communauté politique que constitue l’Union européenne ». Il modifie donc en profondeur les finalités de l'école.

La refondation de l'école, pour retrouver le chemin de l'instruction, doit passer par une insistance sur les savoirs, sur la culture qui les relie, et sur des programmes revus avec la juste ambition de corriger, par la maîtrise progressive de solides connaissances et de savoir-faire efficaces, les inégalités culturelles croissantes qui minent notre société. Le collectif Sauver les lettres demande donc que ce projet soit sensiblement amélioré avant d’être soumis au Parlement.

Collectif Sauver les lettres

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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par Luigi_B Mer 26 Déc 2012 - 22:28
Je confirme pour les TPE avec - entre autres - mes deux amis Oodoc et Oboulo :

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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par Igniatius Mer 26 Déc 2012 - 23:07
Luigi_B a écrit:Je confirme pour les TPE avec - entre autres - mes deux amis Oodoc et Oboulo :

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Ah ah, génial !

Fais gaffe : si tu fais un billet là-dessus sur ton blog, Laurent Fillion va riposter aussi sec en t'expliquant qu'on peut aussi acheter sur internet des livres avec des connaissances dedans. Et il en tirera comme conclusion qu'il faut cesser d'enseigner des connaissances.

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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par Luigi_B Mer 26 Déc 2012 - 23:32
:lol!:

Pour les TPE chez Oodoc et Oboulo, une idée de slogan : "Avec nous vos travaux seront certes moins personnels mais beaucoup plus encadrés !"

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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par doublecasquette Jeu 27 Déc 2012 - 10:08
Personne ne leur a dit à Sauver les Lettres que c'était 4,5 jours de classe rognés ? Nous resterons à 24 heures, peut-être même moins, les copains ! Pas moyen donc d'augmenter les horaires de Français sans rogner sur ce qui n'existe déjà presque plus.

Et personne ne leur a dit non plus que la "résolution de problèmes" occupait déjà le devant de la scène des vœux pieux (avec les sciences) depuis au moins 2002 et que ce que les conseilleurs de nos décideurs entendent par ce terme, c'est "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème des nombres" (tout comme en sciences, cela signifie "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème du développement durable et de la physique qui en jette) ?
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User5899
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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par User5899 Jeu 27 Déc 2012 - 11:11
Igniatius a écrit:
Luigi_B a écrit:Je confirme pour les TPE avec - entre autres - mes deux amis Oodoc et Oboulo :

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Ah ah, génial !

Fais gaffe : si tu fais un billet là-dessus sur ton blog, Laurent Fillion va riposter aussi sec en t'expliquant qu'on peut aussi acheter sur internet des livres avec des connaissances dedans. Et il en tirera comme conclusion qu'il faut cesser d'enseigner des connaissances.
Mais c'est qui ce Laurent Fillion ? Chaque fois que son nom apparaît ici, il est lié à une connerie ! C'est un concept ? Une image de synthèse ? Un gaz ?
Luigi_B
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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par Luigi_B Jeu 27 Déc 2012 - 11:44
C'est un parodiste célèbre, dont les talents restent encore trop cachés, malheureusement.

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phi
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Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par phi Jeu 27 Déc 2012 - 12:03
doublecasquette a écrit:Personne ne leur a dit à Sauver les Lettres que c'était 4,5 jours de classe rognés ? Nous resterons à 24 heures, peut-être même moins, les copains ! Pas moyen donc d'augmenter les horaires de Français sans rogner sur ce qui n'existe déjà presque plus.

Et personne ne leur a dit non plus que la "résolution de problèmes" occupait déjà le devant de la scène des vœux pieux (avec les sciences) depuis au moins 2002 et que ce que les conseilleurs de nos décideurs entendent par ce terme, c'est "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème des nombres" (tout comme en sciences, cela signifie "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème du développement durable et de la physique qui en jette) ?

Je précise "autoconstruction par petits groupes en ateliers de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème des nombres"

(d'ailleurs je ne rejette pas ces activités par principe, mais c'est la seule modalité qu'on propose aux débutants pour "faire faire" les sciences et la résolution de problèmes Suspect)
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Mareuil
Neoprof expérimenté

Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par Mareuil Jeu 27 Déc 2012 - 13:02
doublecasquette a écrit:Personne ne leur a dit à Sauver les Lettres que c'était 4,5 jours de classe rognés ? Nous resterons à 24 heures, peut-être même moins, les copains ! Pas moyen donc d'augmenter les horaires de Français sans rogner sur ce qui n'existe déjà presque plus.

Et personne ne leur a dit non plus que la "résolution de problèmes" occupait déjà le devant de la scène des vœux pieux (avec les sciences) depuis au moins 2002 et que ce que les conseilleurs de nos décideurs entendent par ce terme, c'est "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème des nombres" (tout comme en sciences, cela signifie "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème du développement durable et de la physique qui en jette) ?

D'ailleurs personne ne leur a dit non plus que SLECC existe.
Paratge
Paratge
Neoprof expérimenté

Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?  Empty Re: Communiqué du collectif Sauver les lettres : rebâtir sans fondations ?

par Paratge Jeu 27 Déc 2012 - 13:23
doublecasquette a écrit:

Et personne ne leur a dit non plus que la "résolution de problèmes" occupait déjà le devant de la scène des vœux pieux (avec les sciences) depuis au moins 2002 et que ce que les conseilleurs de nos décideurs entendent par ce terme, c'est "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème des nombres" (tout comme en sciences, cela signifie "autoconstruction de procédures toutes plus ou moins empiriques autour du thème du développement durable et de la physique qui en jette) ?

Encore une lubie pédagole dont on a depuis longtemps démontré les limites ! No
« Et dans ce nouvel effort, l’école répète une des vieilles erreurs dont je suis désolé de dire qu’elle fut originellement le fait de John Dewey. Dewey est souvent rendu responsable de toutes les erreurs et folies de la soi-disant « école progressiste » des années 1920. Ce blâme total est injuste. Il n’a jamais voulu que le travail scolaire soit identique au jeu ; il ne subordonnait pas l’intellect à des attitudes morales et il ne se faisait pas le chantre du programme à la carte. Un seul point de son programme et de sa philosophie était faux. C’était sa croyance que toute pensée est résolution de problème. Dans son petit livre influent Comment nous pensons, il décrivait les cinq étapes par lesquelles l’esprit résout un problème. Le penseur rencontre une difficulté, la définit, fait une hypothèse, rassemble des faits et vérifie ou réfute l’hypothèse. Mais ce modèle ne s’applique même pas à la façon dont les solutions scientifiques sont trouvées, mais seulement à la façon dont elles sont mises par écrit. Un bon nombre de scientifiques et de mathématiciens nous ont raconté comment ils se battent avec les problèmes ; leurs manières ne sont pas les mêmes et elles suivent rarement les pas de Dewey comme un soldat qui défile. Assez souvent c’est l’inconscient qui fait surgir une solution après qu’on a dormi sur le problème.
Ce qui est encore plus important, c’est que la plus grande partie de la pensée ne traite pas de problèmes. Nous avons tous pris l’habitude d’appeler tous les buts ou toute difficulté un problème au point que certaines personnes, en entendant « Merci » ne répondent plus « De rien » mais « Pas de problème ». Un problème est une difficulté définissable, il tombe dans certaines limites et la bonne réponse s’en débarrasse. Mais la difficulté – pas le problème – la difficulté de gagner sa vie, de trouver un partenaire, de garder un ami qui a une disposition jalouse, acariâtre, ne peuvent pas être traitées de la même manière – il n’y a pas de solution. Cela appelle l’improvisation sans fin, certains diraient la « créativité ». Nous arrivons donc à la conclusion que l’esprit à son meilleur ne pense pas comme le scientifique imaginaire de Dewey mais comme un artiste. L’art est atteint non pas par la résolution de problèmes mais par l’invention, par l’essai et l’erreur et par des compromis entre les objectifs souhaités, tout comme le bon gouvernement. Nous pouvons ainsi jauger combien est éloignée du sens pratique l’opinion suivante laquelle si nous enseignions la résolution de problèmes ou la pensée critique, nous équiperions les jeunes esprits pour se débrouiller avec toutes les situations difficiles de la vie. »
Jacques Barzun
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