Conseils de classe en 2de : aaargh!

Les conseils de classe de 2de sont devenus une pantalonnade.

Autrement dit, on pourrait rester à la maison, nous qui sommes les seuls à connaître les zaprenans sur le plan scolaire. Notre avis ne sert généralement à rien, tout ce qui compte c'est un passage franc et massif dans toutes les sections de 1re. L'URSS n'est pas morte : ses stats vivent encore.
C'est la « promotion sociale » vue par les pédagos-gestionnaires.

(Mais dans le lycée de centre-ville, avec 11-12 en 2de, "on" conseille une réorientation !).

Est-ce pareil chez vous ?

Paratge a écrit:Les conseils de classe de 2de sont devenus une pantalonnade.

Autrement dit, on pourrait rester à la maison, nous qui sommes les seuls à connaître les zaprenans sur le plan scolaire. Notre avis ne sert généralement à rien, tout ce qui compte c'est un passage franc et massif dans toutes les sections de 1re. L'URSS n'est pas morte : ses stats vivent encore.
C'est la « promotion sociale » vue par les pédagos-gestionnaires.

(Mais dans le lycée de centre-ville, avec 11-12 en 2de, "on" conseille une réorientation !).

Est-ce pareil chez vous ?

C'est marrant, tes conseils de 2nde ressemblent furieusement à mes CC de 3ème. J'attends que les parents soient officiellement seuls décisionnaires pour consacrer à ce genre de mascarade le temps qu'elle mérite!

Pantalonnade ici aussi, mais dans un lycée de centre-ville.  

Oui, une mascarade... puisque notre avis n'est plus que consultatif depuis bien longtemps. Nous ne pouvons plus nous opposer au passage d'un élève trop faible pour suivre dans la classe supérieure. La décision de faire passer un élève ou non appartient au chef d'établissement.

Dans mon lycée de centre-ville, "passent" souvent des élèves qui ne font guère d'autre effort que celui de "passer" et dont la moyenne est faible (euh.. pardon : "juste", l'euphémisme étant de rigueur, bien sûr).

En début d'année de 1ère, je me renseigne toujours sur les modes de passage. Aux conseils de classe, quand le proviseur (ou son adjoint) feint de s'étonner de l'échec programmé d'un élève (ou quand, comme cela s'est vu, notre pédagogie est contestée et que l'on nous demande de la remettre en cause) je m'empresse de rappeler que le conseil de classe du troisième trimestre était défavorable à une telle orientation. En général, il passe vite au "cas" suivant...  :lol: 

« Cette élève a un bon “bloc littéraire”, malgré tout ».

Je regarde : la fille est d'origine anglaise, sa seule bonne note est en LV1 anglais, français : 9,5, HG : 8,5, LV2 : 8, SES 10.

C'est la 4e dimension !

Vu que notre cheffe arrivée en 2012 a fait (logiquement...) de la remontée du taux de réussite au bac une priorité (on s'est retrouvé pour le bac 2013 avant-dernier du département, alors même que notre taux commençait à remonter par rapport à 2012), on est quand même un peu ressorti de cette logique. La dernière année avec l'ancien chef, les conseils de 2nde étaient expédiés en moins d'une demi-heure et il fallait vraiment qu'un élève soit plus ou moins en décrochage pour ne pas passer en 1ère. Depuis 2 ans, on tient beaucoup plus compte de nos avis même si forcément il reste des cas litigieux quand on est pas d'accord entre nous.
En fait, la pantalonnade se situerait plutôt en conseil de 1ère : les élèves savent très bien que le passage en Terminale est de droit donc pour certains élèves de 1L par exemple, l'année de 1ère rime avec année plus ou moins sabbatique et on se traîne ainsi plusieurs poids morts.

Je suis sortie hier déprimée du CC de la seconde dont je suis PP. Je collabore à un système de pure gestion des flux vers le "haut" et nous évacuons les dossiers catastrophiques vers le techno (le redoublement est proscrit dans mon étab.) Du coup nous avons un des pires taux de réussite en STMG du département (pour des raisons sociologiques aussi).
Comme je "gère" la section euro avec échange, préparation B1, échanges de longue durée je suis plus ou moins obligée d'être PP de seconde (enfin surtout parce que personne d'autre dans l'équipe d'allemand n'a envie de le faire). mais je me sens un rouage obligé de fonctionner pour faire tourner le système et je trouve ça très désagréable. Je serais curieuse d'avoir un suivi sur la réussite de nos élèves après le bac.

florestan a écrit: Je collabore à un système de pure gestion des flux vers le "haut" et nous évacuons les dossiers catastrophiques vers le techno (le redoublement est proscrit dans mon étab.) Du coup nous avons un des pires taux de réussite en STMG du département (pour des raisons sociologiques aussi).

Chez nous aussi les séries techniques servent à faire passer ceux qui ne peuvent pas (pour l'instant, est-ce que ça va durer ?).
STMG est très à la mode mais les taux de réussite… 

On s'achemine vers la suppression quasi totale des redoublements... et vers la constitution de classes de 40 élèves. Très hétérogènes, cela va sans dire. A nous de "gérer"... "au niveau de", etc.  

J'ai l'impression de lire le remake de mes deux conseils de classe d'hier soir.
Avec chez moi en prime un chef qui gère tout ou presque en amont en direct avec les parents, donc tout est classé avant qu'on émette le moindre avis... Les catastrophes vont s'empiler mais c'est pas grave car les parents sont contents, les gamins ont rien fichu mais ont les fait passer car un redoublement ne leur serait pas profitable... et blablabla et dans un an on comptera les points et la mascarade recommencera!

L'idéologie du "le redoublement n'est pas profitable" est véhiculée par bien des collègues eux-mêmes. C'est parfois (souvent ?) vrai, d'ailleurs. :malmaisbien:
Ou l'on oublie de dire, cependant, que le passage ne l'est pas davantage, ou l'on croit au...  
Oui, même sans redoubler, il arrive de plus en plus souvent qu'ils décrochent leur bac. YEAH ! :lol: 
Et après ?...
   

Le bac est en effet le maillon suivant, il va falloir l'édulcorer encore !
Puis on le supprimera pour donner une attestation de scolarité à la place !
100 % d'inscrits, 100 % de reçus !

Je rappelle, pour les amoureux de la Finlande et de ses élèves en chaussettes et (prétendument) sans notes, qu'il y a un examen d'entrée à l'université…

surfeuse a écrit:L'idéologie du "le redoublement n'est pas profitable" est véhiculée par bien des collègues eux-mêmes. C'est parfois (souvent ?) vrai, d'ailleurs. :malmaisbien:
Ou l'on oublie de dire, cependant, que le passage ne l'est pas davantage, ou l'on croit au...  
Oui, même sans redoubler, il arrive de plus en plus souvent qu'ils décrochent leur bac. YEAH ! :lol: 
Et après ?...
   

Après, ce n'est pas grave. Ce qui compte pour eux c'est vivre au jour le jour !

Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant !

Et après ?
« Ce n'est pas mon problème » nous a dit le proviseur !  

Mes premiers conseils de classe en seconde (débutant en SES, je vais de voir m'y habituer^^)

Avis mitigé. Ici j'ai vraiment eu l'impression que tous ceux qui voulaient s'exprimer pouvaient le faire, au final la décision était le fruit d'une concertation et d'une consultation entre prof et vie scolaire, mais pour la plupart des cas litigieux "de toute façon en appel ça passera". Et moi aussi j'ai remarqué que STMG était la voie de garage, dommage pour les gamins, qui avec un bon dossier (comportement et travail) demandent cette filière, et qui auront au final un diplôme un peu dévalorisé...

Bon après les cas litigieux ne sont pas majoritaires, la plupart du temps c'est ok. Pour le reste le redoublement dois vraiment être modéré, perso je pense que ça doit se limiter au profil du "bosseur" mais qui a du mal, ou à un glandeur qui a toute les capacités mais qui a raté le choc et qui se réveille un peu tard...

Et après, je sais.

J'ai fait passer des oraux de rattrapage en L1 Lettres modernes, cette semaine. Je suis une polytraumatisée de la L1 et c'est la raison principale de ma présence sur ce forum (j'essaie de comprendre).

Bref, hier, rattrapage. J'étais prête mentalement au supplice : j'avais corrigé les copies de première session. L'étudiant arrive. Il ânonne vaguement une introduction (sans identification des mouvements, sans esquisse de problématique), il massacre la lecture des vers, il fait vaguement un truc qu'il appelle explication linéaire, se montre incapable de dire quoi que ce soit sur l'oeuvre, de situer l'extrait dans l'ensemble. Ce n'est pas comme si nous avions passé un semestre sur ce programme, n'est-ce pas.

Je ne peux évidemment pas remonter sa note de première session.
Pour adoucir l'annonce, je lui demande comment il souhaite s'orienter, vers quel diplôme il se dirige. Là, j'ai failli tomber de ma chaise : il veut devenir professeur.
- "Professeur à quel niveau ?", que je dis, "Professeur des écoles ?" Parce que je vois souvent des étudiants très faibles prétendre devenir PE sous prétexte qu'ils aiment le contact avec les enfants et pensent que cela suffit.
Il me répond : "Non, non, professeur de français, en collège".
Blanc de ma part.
- "Heu, (je pèse mes mots et prends mon ton le plus diplomatique possible), vous savez qu'enseigner, c'est transmettre, il faut d'abord savoir pour transmettre ?" (Je reformule pour les besoins du drame mais en substance, c'était l'idée).
L'étudiant : "Vous pensez que mon niveau est trop faible ?"
Comment vous dire...

Je ne peux pas exclure que ce jeune homme, à titre personnel, ait une mauvaise appréciation de son propre niveau, ainsi qu'une appréhension fausse des exigences du Capes, alors qu'il sort du bac.
Je me demande toute de même si à force de faire passer, remonter les notes, etc., nous (institution, enseignants, élèves et étudiants) ne perdons pas totalement les repères qui permettent de distinguer un élève qui végète et un élève qui se forme (et sera susceptible à terme, de former la génération suivante). Les élèves eux-mêmes finissent par y perdre leur latin.

Le problème c'est aussi tous ces élèves qui arrivent en Seconde et qui ne savent pas écrire! Un certain nombre passent bien à l'oral, ne sont pas bêtes du tout mais la restitution écrite     
Ils viennent souvent de collèges zep et sont issus de milieux qui n'ont aucun contact avec l'écrit et je pense qu'en seconde c'est trop tard pour rattraper. Donc on en fait quoi de ces gamins?

Pour compléter la réponse à "Et après ?", je pourrais aussi dire un mot de certains candidats aux concours de l'enseignement.

Comme plus personne ne veut devenir enseignant, c'est ce ventre mou des classes, élèves pas trop indociles et contrariants, mais totalement dépourvus de vigueur intellectuelle, qui va se retrouver aux commandes de l'enseignement (pour une bonne quarantaine d'années, je vous le rappelle).

Français 7,5
HG 7
Espagnol 9
Anglais 8,5
Maths 3
SVT 4
Physique 6

Ce bulletin de troisième trimestre est le meilleur de l'année pour l'élève en question. Cette élève passe en... (roulement de tambour)... : 1reL !   

J'ai eu un fou rire avec ma voisine, on ne pouvait plus s'arrêter. Le CDE en a été très vexé.  :lol: 

Paddy a écrit:

Ce bulletin de troisième trimestre est le meilleur de l'année pour l'élève en question. Cette élève passe en... (roulement de tambour)... : 1re L !   

J'ai eu un fou rire avec ma voisine, on ne pouvait plus s'arrêter. Le CDE en a été très vexé.  :lol: 

Espérons qu'il s'en remettra !
Quant au bulletin, il a “un bon bloc littéraire”.    

C'est ce qu'a dit ma voisine.   

Paddy a écrit:Français 7,5
HG 7
Espagnol 9
Anglais 8,5
Maths 3
SVT 4
Physique 6

Ce bulletin de troisième trimestre est le meilleur de l'année pour l'élève en question. Cette élève passe en... (roulement de tambour)... : 1reL !   

J'ai eu un fou rire avec ma voisine, on ne pouvait plus s'arrêter. Le CDE en a été très vexé.  :lol: 

Ah ouais quand même! Donc il y a pire que chez moi (maigre consolation).
Et sinon on vous sert aussi le projet de l'élève à toutes les sauces chez vous?

Paratge a écrit:Et après ?
« Ce n'est pas mon problème » nous a dit le proviseur !  

demandez une annulation des conseils de classe, ou au moins une dispense

Je rêve ou la "pression institutionnelle" pour faire "passer" tout le monde a augmenté de manière exponentielle ces dernières années???

Nous, peu ou prou, ceux qui avaient au dessus de 10 en moyenne annuelle pouvaient passer en première générale. Sauf gros problèmes dans les matières à gros coefficient.

Et ceux qui avaient au moins 7,8-8 de moyenne annuelle pouvaient aller en série techno. Donc les gros branleurs qui avaient 6'50 au 3ème trimestre et qui avaient accroché un 9,5 aux 2 premiers passent en STMG, et bien sûr ce sont les plus chiants. Faut pas s'étonner des catas ensuite en terminale.