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Gallia
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Niveau 9

Généraliser une expérimentation en neurosciences à un niveau scolaire... Empty Généraliser une expérimentation en neurosciences à un niveau scolaire...

par Gallia Lun 30 Mai 2022 - 19:37
Bonjour à tous,

Suite à une expérimentation en neurosciences menée cette année par des collègues volontaires sur une seule classe, il est question de généraliser des méthodes de travail liées aux neurosciences à toutes les 6° à la rentrée prochaine. Aussi, je m'interroge et avoue que je commence à en avoir assez de voir ma liberté pédagogique être rognée peu à peu.
Ainsi, est-ce légal ou peut-on imposer ces méthodes ou ai-je le droit de refuser... ?
Merci...

Gallia

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Pointàlaligne
Pointàlaligne
Expert

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par Pointàlaligne Mar 31 Mai 2022 - 7:03
Bonjour,
se voir imposer des méthodes de travail, quelles qu'elles soient... c'est bien sûr contraire à la liberté pédagogique qui est au cœur du métier. Elle est inscrite dans le Code de l'Education. C'est ce qu'il va falloir marteler, dans les réunions qui t'attendent en fin d'année et au CA (y sièges-tu ? Les représentants des enseignants y sont-ils conscients des enjeux ?)
Tout va être affaire de rapport de forces. Si tu es seule, tu vas t'épuiser...
Je te conseille de te tourner vers ton syndicat (ou de te syndiquer) afin d'être soutenue, et de vous regrouper, entre collègues attachés à la liberté pédagogique (la vôtre et celle des autres - car ceux qui veulent utiliser ces méthodes de travail doivent pouvoir le faire aussi) afin de la faire respecter.
Bon courage à toi.
Elyas
Elyas
Esprit sacré

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par Elyas Mar 31 Mai 2022 - 7:53
Gallia a écrit:Bonjour à tous,

Suite à une expérimentation en neurosciences menée cette année par des collègues volontaires sur une seule classe, il est question de généraliser des méthodes de travail liées aux neurosciences à toutes les 6° à la rentrée prochaine. Aussi, je m'interroge et avoue que je commence à en avoir assez de voir ma liberté pédagogique être rognée peu à peu.
Ainsi, est-ce légal ou peut-on imposer ces méthodes ou ai-je le droit de refuser... ?
Merci...

Gallia

C'est légal uniquement si cela est voté pour être inscrit dans le projet d'établissement. Après, tu as ta liberté pédagogique pour choisir les outils de ce type de processus (à moins que cela soit blindé dans le projet d'établissement mais là, c'est rare). De même, tu peux refuser à être professeur de 6e.

J'émets l'hypothèse que ça n'est pas inscrit dans le projet d'établissement si les gens commencent à en parler uniquement maintenant. De même, comme d'habitude, les gens sont dingues de lancer ce type de projets fin mai pour septembre alors que ça demande cinq à six mois de préparation (former les gens, construire le consensus sur les outils, organiser les outils etc). Bref, encore des gens qui ne savent pas ce qu'est l'élaboration d'un travail pédagogique en équipe.
*Ombre*
*Ombre*
Grand sage

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par *Ombre* Mar 31 Mai 2022 - 8:37
Bonjour, Gallia,
Je souscris aux propos qui t'ont été tenus plus hauts.
Et pourtant, j'ai moi-même fait partie d'un groupe de professeurs volontaires pour un tel projet l'an dernier, dont les conclusions ont été très encourageantes, même si, bien évidemment, nos tâtonnements de débutants n'ont pas fait de miracles dès la première année.
Je te dis cela, parce que cet argument, tu vas l'entendre : vos collègues sont très contents, les résultats sont manifestes...
En fait, tant mieux si les collègues sont contents, mais cela ne change rien.
1°) Oui, la liberté pédagogique est un bien précieux, et aucun professeur sensé ne peut se réjouir qu'elle soit foulée aux pieds, fût-ce pour imposer quelque chose en quoi il croit - ce qui est d'ailleurs le meilleur moyen de rendre cette chose foireuse.
2°) On ne peut méconnaître le contexte qui permet la réussite de tels projets : le fait que ce soient des professeurs volontaires, parce qu'ils ont déjà réfléchi à la question, lu, essayé quelques trucs par-ci, par-là, parce qu'ils ont l'envie d'aller plus loin et se sont dotés d'un minimum d'outils pour cela, qu'ils se sentent la motivation et la disponibilité nécessaire. Impose la même chose à des collègues pas au courant, pas motivés, qui n'ont pas le temps : comment peut-on sérieusement espérer obtenir les mêmes résultats ? Notre métier, ce n'est pas juste une série de "process" qu'il n'y aurait qu'à reproduire, c'est de l'artisanat sur mesure et de l'humain.
3°) Donc si vraiment on voulait généraliser l'expérimentation (de quoi s'agit-il exactement ? Les trucs en vogue, c'est les apprentissages et la lecture, mais je parie sur le premier point, le second étant trop pointu et disciplinaire), il faudrait commencer par former tout le monde sur le sujet. Ce serait un minimum. Mais là encore se pose la question du volontariat, sans quoi on en revient aux points 1 et 2.
4°) Je ferai observer pour l'avoir vécu que ce type de projet est extrêmement fatigant. Le collègue avec lequel j'ai mené ce travail l'an dernier et moi-même, alors même que nous étions contents de ces premiers résultats, avons tous deux souhaité faire une pause d'un an avant de remettre ça, parce qu'il y a tout à créer, beaucoup d'heures sup à assumer, et que nous étions encouragés, certes, mais aussi lessivés, en fin d'année. Et ce sera pire si vous n'avez même pas le bagage théorique que nous avions pour créer nos contenus.
5°) Je ne sais pas en quoi consiste votre projet (je dis votre, mais je parle de l'établissement, j'ai bien compris que ce n'était pas le tien) mais il y a fort à parier qu'il demandera effectivement un investissement supplémentaire devant élèves. Mon collègue et moi prenions à tour de rôle les élèves sur l'heure de vie de classe, toutes les semaines, en plus du travail réalisé dans nos propres cours. Mais cela avait été réfléchi, formalisé, et la rémunération en HSE prévue par la direction. Une question à poser : quelle rémunération prévoit-on pour le travail supplémentaire que l'on vous assigne ? Vous n'êtes pas des bénévoles, mais des salariés.

Bref, on vous prépare la pire façon qui soit de mener un projet, celle qui mène tout droit au ratage garanti, pour toutes les raisons évoquées précédemment. Met cela en avant.
Si le travail des collègues est vraiment si positif, que les collègues en question continuent, développent des outils, fassent preuve de pédagogie, suscitent l'adhésion - et leur travail diffusera naturellement, sans qu'il soit nécessaire d'imposer quoi que ce soit.

J'espère que tu ne seras pas seule à refuser une injonction stérile dans la forme qui est la sienne.
beaverforever
beaverforever
Neoprof expérimenté

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par beaverforever Mar 31 Mai 2022 - 8:55
Je suis troublé par la formulation "expérience en neuroscience". On a l'impression que des élèves ont été mis dans des IRM pour étudier le fonctionnement de leur cerveau. Cela arrive parfois, mais je doute qu'on puisse le faire pour toutes les classes de 6e d'un établissement et cela demande un partenariat avec un laboratoire de recherche universitaire. Si les collègues utilisent ce lexique pour dire qu'ils ont changé certaines pratiques d'apprentissage en utilisant la psychologie cognitive, ils survendent largement le dispositif. Si c'est ta formulation, peut-être que tu as une réticence sur ce projet.

Mon opinion est que beaucoup d'enseignants négligent les théories de l'apprentissage et l'apport de la psychologie cognitive (qui est une discipline plus pertinente que la neurologie pour l'éducation). Et c'est bien dommage, car une utilisation pertinente de ces connaissances et de ces pratiques (connaissances essentielles, apprentissage par questionnement, apprentissage espacé, mesure de la vitesse de progression, mesure de l'apprentissage...) améliore fortement l'apprentissage et la qualité de vie au travail des enseignants et des élèves. Donc, si tu as des collègues formés sur ces questions, c'est sans doute intéressant de jeter un coup d'œil à leurs propositions.

Par contre, imposer ces pratiques me semble contre productif. Il faut lire et méditer sur ce sujet avant de se lancer. Si les principes sont simples, la mise en pratique impose de repenser ses cours et de faire un certain nombre d'erreurs avant de trouver le bon réglage. Ce n'est pas un ensemble de recettes que l'on peut rajouter à un cours déjà tout fait, c'est la mécanique de l'apprentissage qu'il faut revoir. Donc je rejoins la remarque d'Elyas, imposer ça en juin pour septembre, c'est une ineptie, un déni du travail des enseignants.

Par ailleurs, il existe souvent des cas de "professeurs expérimentés" (comprendre des vieux de la vieille qui ont développé leur ensemble de trucs et astuces pour enseigner, avec un positionnement du type "sévère mais juste") qui se "contentent" de mettre fermement les élèves au travail, dont il est très difficile de faire changer les pratiques. Bien souvent, quand on mesure, on voit que leurs élèves progressent vite (forcément, ils travaillent), peut-être un peu moins vite qu'avec des pratiques encore plus optimisées, mais c'est déjà une performance professionnelle admirable. C'est typiquement le type de profil sur lesquels imposer des changements de pratiques est contre-productif.
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par Gallia Mar 31 Mai 2022 - 12:18
Bonjour et merci pour vos réponses argumentées.

Ma formulation du sujet était maladroite ("expérimentation"), disons plutôt "expérience du groupe neuroscience" comme il est écrit dans le mail reçu et la présentation du projet par les collègues à l'origine de sa mise en place ainsi que par quelques volontaires.

Je ne suis pas contre le principe de tester de nouvelles méthodes d'apprentissage mais, et vous l'avez très bien dit dans vos messages, le caractère imposé me gêne et je sens que je vais être une des rares à refuser... : je vous rejoins sur le fait que cela ne peut marcher que si on y adhère et en a envie. L'échéance m'interpelle également et, étant donné que je suis dans un établissement où on a déjà énormément de réunions, de problèmes de climat scolaire et où nous faisons beaucoup de choses bénévolement (donc, je doute fort qu'il soit question d'HSE pour ce projet), j'ai encore l'impression qu'on veut nous rajouter un élément en plus alors que la priorité me semble d'abord ailleurs.

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Généraliser une expérimentation en neurosciences à un niveau scolaire... Empty Re: Généraliser une expérimentation en neurosciences à un niveau scolaire...

par Kea Mar 31 Mai 2022 - 20:34
Mon collège a "expérimenté l’expérience" lancée en fin d’année pour la rentrée suivante. Il s’agissait d’un projet basé sur les neurosciences et lancé par un groupe de collègues motivés et formés (auto-formation et formation institutionnelle). Projet présenté en juillet, veille des vacances. Le sujet a fait débat, mais bon, seuls les volontaires seraient concernés, donc c’est passé...

Dans un premier temps, cela a bien fonctionné. Tous les participants étaient volontaires. L’année suivante, le dispositif a été étendu en 5e. J’ai constaté des effets positifs sur les élèves que j’ai eus dans mes classes ensuite.

Quand le projet d’établissement a été retravaillé, ce dispositif neurosciences y a été intégré.

Puis l'équipe a changé. Des collègues motivés sont partis, parce qu’ils ont eu leur mutation ou parce qu’ils étaient contractuels ; certains initiateurs ont souhaité quitter le dispositif. Ils ont été remplacés par des collègues auxquels le projet a été imposé. Certains n’avaient pas d’appétence pour le dispositif et/ou pas de "sentiment de compétence" et/ou pas suffisamment de temps disponible pour se former et/ou se considéraient de passage donc ne souhaitaient pas s’y investir ; les collègues qui ont observé le projet depuis ses débuts n’ont pas souhaité rejoindre l’équipe (manque de conviction, d’envie, de temps...). Le projet s’est donc mis à reposer uniquement sur quelques uns (les initiateurs), qui s’y sont épuisés et ont décidé d’y mettre fin, avec amertume car ils espéraient fédérer l’équipe.
L’équipe en est sortie abîmée (jusqu’à des demandes de mutation).
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Généraliser une expérimentation en neurosciences à un niveau scolaire... Empty Re: Généraliser une expérimentation en neurosciences à un niveau scolaire...

par Gallia Mer 5 Oct 2022 - 15:59
Merci pour vos retours (avec beaucoup de retard, je m'en excuse...).

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