Agrégation interne LM 2019

Bonjour à tous,

Je vois que le stress commence à se faire sentir chez vous aussi. Avez-vous bossé de votre côté la question de l'ambiguïté des pièces marivaudiennes ? Pour la DI, à quel point tout est orchestré ? Trivelin et Lisette feignent-ils des attitudes ou sont-ils sincères ? Par exemple, quid de l'amour de Trivelin pour Flaminia : fake ou pas ? Les menaces du prince à l'égard de Lisette qui médit sur Silvia : feintes ou pas ? Vous avez eu quelque chose là-dessus dans vos cours ou pas ?

Pour ce qui est de la dissert, j'ai procédé de la manière suivante:
-analyse super détaillée du sujet: je le découpais en petits tronçons: phrases, ou même propositions. Je faisais une mini ET sur chaque, et notais tout ce qui me venait à l'esprit.
-je relevais aussi les liens logiques entre ces phrases/ propositions
Souvent, ce qui arrivait, c'est qu'un mot me semblait particulièrement essentiel, ou une idée. Ici, ce qui m'a frappée c'est que ce sujet ressemblait vraiment beaucoup à une vision très académique de la tragédie, comme une définition. Or, chez Racine, ce n'est pas si simple, surtout pas dans Esther et Athalie. J'ai aussi immédiatement pensé à Aristote: placere, docere, movere.
De là, j'ai démarré en première partie en illustrant point par point la citation. Puis j'ai montré en quoi les pièces de Racine divergent aussi de ces principes, pour finir par énoncer l'idée selon laquelle Racine redéfinit la tragédie dans ces pièces de la fin de sa vie. Rien de bien original, donc.
Je vais voir si je peux aussi vous proposer mon intro, mais je ne suis pas sûre que j'arrive à mettre le doc en ligne (et celle de Poupoutch est bien meilleure!).

ernya a écrit:Bonjour à tous,

Je vois que le stress commence à se faire sentir chez vous aussi. Avez-vous bossé  de votre côté la question de l'ambiguïté des pièces marivaudiennes ? Pour la DI, à quel point tout est orchestré ? Trivelin et Lisette feignent-ils des attitudes ou sont-ils sincères ? Par exemple, quid de l'amour de Trivelin pour Flaminia : fake ou pas ? Les menaces du prince à l'égard de Lisette qui médit sur Silvia : feintes ou pas ? Vous avez eu quelque chose là-dessus dans vos cours ou pas ?

Le critique Henri Coulet parle d'une "architecture mobile de mensonges" pour La Double Inconstance. Pour lui, tout est faux, même si (et c'est là le génie de Marivaux), on n'assiste pas à toutes les scènes où Flaminia orchestre la machine.

Merci Sei. Sais-tu si quelqu'un dit le contraire ? Que Flaminia mène toutes les opérations mais qu'elle ne maîtrise pas toutes les réactions des autres (prince, Lisette, Trivelin) et que son génie est justement de rebondir quoi qu'il arrive sur leurs erreurs ?
Parce que si tout est aussi bien orchestré, le plan foireux de la Lisette coquette qui doit séduire Arlequin n'a plus grand sens. Pourquoi montrer aussi une seule scène de répétition ? Pourquoi ne la voit-on pas "former" Trivelin ?

ernya a écrit:Bonjour à tous,

Je vois que le stress commence à se faire sentir chez vous aussi. Avez-vous bossé  de votre côté la question de l'ambiguïté des pièces marivaudiennes ? Pour la DI, à quel point tout est orchestré ? Trivelin et Lisette feignent-ils des attitudes ou sont-ils sincères ? Par exemple, quid de l'amour de Trivelin pour Flaminia : fake ou pas ? Les menaces du prince à l'égard de Lisette qui médit sur Silvia : feintes ou pas ? Vous avez eu quelque chose là-dessus dans vos cours ou pas ?

Benoît Barut note que ces hors-scènes (très nombreux) sont "une sorte de pôle magnétique de l'intérêt justement parce qu'il est dérobé, dissimulé". Donc on ne sait jamais si les personnages mentent ou pas, c'est rendu à notre imagination, à nous de combler les trous.

ernya a écrit:Merci Sei. Sais-tu si quelqu'un dit le contraire ? Que Flaminia mène toutes les opérations mais qu'elle ne maîtrise pas toutes les réactions des autres (prince, Lisette, Trivelin) et que son génie est justement de rebondir quoi qu'il arrive sur leurs erreurs ?
Parce que si tout est aussi bien orchestré, le plan foireux de la Lisette coquette qui doit séduire Arlequin n'a plus grand sens. Pourquoi montrer aussi une seule scène de répétition ? Pourquoi ne la voit-on pas "former" Trivelin ?

Pour moi elle reprend la main à ce moment-là comme une démonstration que la séduction ne s'apprend pas, ni même la manipulation : on sait le faire ou pas. Lisette la coquette, ne le sait pas!

Non, je n'ai pas lu l'inverse, mais je n'ai pas tout lu, loin de là. Peut-être que quelqu'un aura d'autres références.
Tu poses de vraies questions, je n'ai pas de réponses directes. Il y a toujours un doute, à cause de ce hors-champ.

Pour Lisette, elle échoue lamentablement à jouer le naturel (d'ailleurs, par la suite, elle jouera un rôle de coquette, ce qui lui conviendra mieux) : Flaminia va nous donner une leçon, et on peut d'autant plus tomber dans le panneau qu'il nous manque les scènes où elle fait la dramaturge.

En tout cas, là où Flaminia foire, c'est quand elle tombe amoureuse d'Arlequin (une femme de la cour, une vraie rouée, choisit un rustre qui ne jure que par la boustifaille, c'est bizarre !). C'est assez étrange et elle se fait prendre à son propre piège. D'ailleurs, dans les trois pièces au programme, les orchestrateurs se prennent plus ou moins les pieds dans le tapis.

Il y a cette phrase dans l'Atlande à propose de Lisette : "au lieu de se faire artificiellement naturelle, elle reste naturellement artificielle".
J'ai fini mon plan de dissert'. Je vais repasser en écoutant Marivaux. Je trouverai ainsi des exemples à analyser. Et demain je rédige ! Je ne lis pas les introductions que vous avez proposées car je sais d'avance que je vais me dire que je ne serai jamais capable d'en faire autant. Faire l'autruche est devenu mon mantra !

Bonne soirée,

Sei a écrit:Non, je n'ai pas lu l'inverse, mais je n'ai pas tout lu, loin de là. Peut-être que quelqu'un aura d'autres références.
Tu poses de vraies questions, je n'ai pas de réponses directes. Il y a toujours un doute, à cause de ce hors-champ.

Pour Lisette, elle échoue lamentablement à jouer le naturel (d'ailleurs, par la suite, elle jouera un rôle de coquette, ce qui lui conviendra mieux) : Flaminia va nous donner une leçon, et on peut d'autant plus tomber dans le panneau qu'il nous manque les scènes où elle fait la dramaturge.

En tout cas, là où Flaminia foire, c'est quand elle tombe amoureuse d'Arlequin (une femme de la cour, une vraie rouée, choisit un rustre qui ne jure que par la boustifaille, c'est bizarre !). C'est assez étrange et elle se fait prendre à son propre piège. D'ailleurs, dans les trois pièces au programme, les orchestrateurs se prennent plus ou moins les pieds dans le tapis.

Elle et Lisette ne sont que la fille d'un domestique du Prince au départ, ne voit-elle pas en Arlequin un compagnon habile de mauvais tours ? Un frisson nouveau pour une femme lassée des hommes de la cour?

Sisyphe a écrit:Il y a cette phrase dans l'Atlande à propose de Lisette : "au lieu de se faire artificiellement naturelle, elle reste naturellement artificielle".
J'ai fini mon plan de dissert'. Je vais repasser en écoutant Marivaux. Je trouverai ainsi des exemples à analyser. Et demain je rédige ! Je ne lis pas les introductions que vous avez proposées car je sais d'avance que je vais me dire que je ne serai jamais capable d'en faire autant. Faire l'autruche est devenu mon mantra !

Bonne soirée,

Comme ça, ça me fait penser à un texte du Spectateur français... Clic (désolée pour la référence !)

Merci Poupoutch ! C'est trop cool !! (je voulais dire merci pour les intro).
Oui, Sei, j'ai dû le lire et ne pas comprendre. Merci quand même.
Bisous

Merci pour ce lien éclairant!

Poupoutch, ce texte est dans l'appareil critique d'une des pièces au programme ! Tu tapes dans le mille.

Dites, vous savez comment faire pour s'enregistrer et pouvoir ensuite écouter sur un baladeur ? Mon MP3 ne lit pas mes enregistrements...

Je n'ai pas un grand mérite : je suis spécialiste de théâtre et Marivaux (la vie de Marianne) était au programme de l'agreg 2015,que j'avais préparée à Sevigné...

Sei, le mieux c'est d'installer VLC sur ton portable: ça lit à peu près tout.

Ca me fait penser à qqch qui m'a beaucoup servi l'an dernier: j'ai écouté énormément d'émissions de radio (France Culture) sur les auteurs, vers la fin. Quand je n'en pouvais plus, j'allais marcher, faire du sport, en écoutant les émissions. Je transformais les liens youtube en MP3 que je mettais sur mon téléphone, avec le casque, et j'emmenais ça partout.
C'était souvent passionnant, et pas fatiguant.

De mon côté, je lâche l'affaire pour cette année. Une accumulation de divers faits m'a rendue inopérante : nouveau travail de mon mari et personne pour m'aider dans le coin, si bien que la quasi totalité de mon temps libre était dédié à la gestion de ma fille en bas âge, bébé qui a fait ses dents et qui a fait sauter le peu d'heures de travail disponibles, travail à côté avec son lot de réunions/copies/etc que vous connaissez tous, toutes les tâches ménagères à assumer, un rendez-vous en urgence chez le médecin et autres impondérables, et, aussi, une préparation inexpérimentée et inefficace à souhait. A 15 jours des épreuves, je n'ai lu les œuvres qu'une fois, je n'ai pas fait un seul entraînement, je n'ai pas fini de travailler les cours de Beauvoir, Marivaux et Scarron. Je n'ai, en plus, rien lu à côté sur les œuvres. Je pense que je pourrais tout finir d'ici la fin mais quel intérêt ? Des notions en si grandes quantités apprises au dernier moment ne me resteraient pas en tête et une défaite cuisante au concours me démoraliserait plus qu'autre chose. D'ailleurs, je n'ai pratiquement jamais participé à ce fil, tant j'étais sans cesse en retard par rapport à la marche générale. Cette année n'aura au moins pas été inutile : j'ai appris de mes erreurs et je pourrai me préparer plus efficacement pour l'année prochaine. J'ai aussi accumulé des connaissances en travaillant sur les genres, les siècles et des auteurs critiques. On m'a informée que je pourrai a priori bénéficier du congé formation l'année prochaine (dans mon académie, les profs du privé l'obtiennent), ça changera grandement la donne.

Bonjour FiatLux

Je pense que tu devrais quand même y aller. Parce que ça fait un entraînement de plus déjà. Et parce que tu surestimes le niveau de préparation des autres. Moi par exemple, je suis en congé maternité et mon bébé est très demandeur. J'ai 4 autres enfants et l'aîné a 7 ans, ce qui te laisse imaginer le temps dont je dispose quand les 3 scolarisés rentrent à la maison. J'ai travaillé un peu pendant les siestes de la 4ème quand ma 5ème consentait à rester un peu dans son transat (j'ai d'ailleurs hyper musclé ma jambe droite pour la balancer dans l'espoir utopique de la faire arrêter de crier). Et il n'y a aucun lutin pour faire la lessive, le ménage, la cuisine.... Bref, le soir j'essayais encore de travailler mais la plupart du temps j'ai abandonné car je n'en pouvais plus des pleurs de nourrisson. J'ai le sentiment d'avoir passé ces derniers mois à essayer de travailler, pas à travailler.
A ta place, je choisirai de relire une des oeuvres, ta préférée. On ne sait jamais, tu pourrais avoir de la chance. Et puis ce n'est pas désagréable de composer sans trop d'enjeu.

Tous les agrégés ont tenté leur chance !

Bonne journée

Je suis d'accord avec ce message, au point où tu en es, va aux écrits. L'an dernier je n'ai pas lu les œuvres plusieurs fois, je n'en ai pas eu le temps, et j'ai fait ce que j'ai pu pour les cours, mais je n'ai pas pu tout bosser avant les écrits. A ce stade de l'année, je pensais vraiment y aller pour le fun, mais j'ai eu du bol. Essaie. Au pire ça te fera un entrainement et tu sauras quoi faire pour améliorer tes notes l'an prochain.
Courage.

FiatLux, génial pour le congé formation ! ! ! !

Je suis moi aussi tentée de te dire de te rendre quand même aux écrits. On ne sait jamais, et puis surtout, ça te fait prendre contact avec la composition en temps réel, c'est toujours ça de gagné pour l'année prochaine, notamment en ce qui concerne la didactique (et franchement, il est toujours possible de cartonner sans que l'on s'y attende !).

Moi aussi je trouve ça décomplexant d'y aller sans enjeu, juste pour le plaisir d'aller voir un peu, de tâter le terrain... Et si tu obtiens une note correcte à l'une des épreuves, tu pourras la faire valoir dans une lettre de motivation pour une formation l'année prochaine, ce qui peut valoir le coup.

Oh, et si tu veux, je peux t'envoyer mes notes perso sur les oeuvres : c'est moins signifiant quand ce ne sont pas les nôtres, mais elles te permettront de te remémorer la trame et de choisir quelques citations puisque tu n'auras pas le temps de tout relire.
______

Sifi, merci beaucoup, mais je n'ai pas de smartphone. Je ne peux pas installer VLC sur mon MP3, n'est-ce pas ?

Aucune idée, Sei. Cherche sur internet, tu trouveras peut-être comment faire?

Je vais dans le même sens que les autres: va passer les épreuves. C'est une formidable expérience, qu'on ne peut pas imaginer avant de l'avoir vécue. On ne sait jamais, sur un malentendu... et si ça ne passe pas, ça te donnera un avantage pour l'an prochain.

Sei, si tu t'enregistres sur ton ordinateur, tu peux choisir le format du fichier, et il faut choisir un format que ton baladeur peut lire (mp3 ou wma en général) ou convertir ce fichier.

Je plussoie mes camarades. Je pense que c'est toujours ça de pris. Je n'ai fait qu'un entraînement de didactique en temps limité (et une dissertation sur Scarron que je n'ai absolument pas faite en temp limité, loin de là !). Cette épreuve blanche de didactique fut une vraie épreuve, je n'arrivais pas à mettre en phrases ce que je voulais dire, j'ai failli partir à plusieurs reprises et j'ai finalement rendu un devoir fini). Tout ça pour dire qu'un entraînement en temps limité me semble vraiment nécessaire et quoi de mieux que de le faire en conditions réelles ?
Perso, j'y vais moi aussi cette année pour voir, je n'ai lu aucun critique, j'ai juste appris les cours du PAF, j'ai lu les oeuvres deux fois et je ne maîtrise pas une dizaine de citations toutes oeuvres comprises. Ne parlons même pas de la didactique où je ne suis pas encore sûre de comprendre la méthode. Mais c'est pas grave, j'ai retrouvé un cerveau et j'irai à ces épreuves et puis on verra.
Allez Fiat Lux ! Courage ! Tente ces épreuves !

Merci pour votre aide. Je suis désolée, je suis une vraie quiche en informatique. J'ai cherché des solutions sur Internet, mais il n'y en a aucune qui a fonctionné.

Poupoutch, j'ai un Mac, j'ai l'impression que ça complique les choses. Je n'ai pas réussi à m'enregistrer sur le format MP3, seulement en .mov.

Tu dois pouvoir convertir dans iTunes (Lien)

que cela fait du bien de vous lire !!! Le moral baisse à l'approche du concours et le temps nous fait défaut!
Viens Fiat Lux ! et prends ta journée de révision la veille!!

Tu seras contente de l'avoir fait l'an prochain si cela ne passe pas cette année .
Je suis dans ta situation (ou presque) il n'y a que les pièces de théâtre qui ont fait l'objet d'une double lecture et c'est tout!
Je ne connais que des citations sur Beauvoir pour l'instant mais je me dis que j'ai mérité d'aller faire corriger mes copies pour savoir ce que je cela vaut ; je vais apprendre d'autres citations.
Je me demande quelles œuvres vont rester ? il me semble que le programme alterne 16e et 17e non?
J'ai du mal à me dire que Marivaux va tomber alors que Racine est tombé l'an dernier : ce"al ferait deux années de suite du théâtre et deux années de suite un corpus de textes ! qu'en dites-vous??

Fiatlux, il faut aller aux épreuves ! La première fois que j'ai tenté l'interne, je n'avais pas eu le temps de préparer et fait que lire les œuvres : la dissert était sur Musset, j'avais juste lu rapidement les pièces (je ne me souvenais même pas du nom de certains personnages !) et du coup je me suis concentrée sur la problématique ; j'ai rendu un devoir très court, sans exemples, mais bien structuré et j'ai eu 6. Pour la didactique je n'avais aucun entraînement, aucune idée de ce qu'il fallait faire, et j'ai eu 13. J'y suis allée sans pression et ça m'a fait un bon entraînement en temps limité. L'année d'après j'ai été reçue !