Grand oral

Poupoutch a écrit:Voilà. A un moment, quand les formations sont vraiment indigentes et que ce soit en présentiel ou à distance, j'assume assez bien de me casser.
Avec cette fichue réforme, j'ai tellement de formations alak sur mes heures de cours que je suis parfois obligée de refuser les formations auxquelles je me suis moi-même inscrite au PAF ou des formations syndicales qui pourtant, elles, m'intéressent et m'apprennent des choses.
Je n'ai jamais autant subi de formations que cette année, à croire que la visio les motive à les multiplier. Quelle plaie ! Si encore ils nous faisaient des formations utiles...

A Créteil, zéro formation. Et pourtant on en aurait besoin (ou alors des conférences, certes utiles, mais le samedi).

mamieprof a écrit:Formation lundi et suite au mois de mars. Des collègues l'ont faite et c'est pas du tout ce qu'on souhaite apparemment...

On va nous apprendre à bouger, à analyser notre posture, notre gestuelle bref que du non verbal pour vérifier qu'on est capable de bien se tenir debout
Et en mars on verra si on arrive à parler en public

On cherche pas à être embauché ni à passer une audition pour la Comédie Française...




Au fait c'est quoi notre fonction ?    Prof !  Donc on a déjà le bac, on sait parler et se tenir correctement...

Faudrait pas plutôt former les élèves ?

J'ai eu une formation de ce type avant les vacances. Officiellement l'intitulé était "nouveaux programmes d'HLP". Finalement, on a voulu nous apprendre les bonnes postures pour le GO.

Jeu de rôle, posture... BAFA. On y est.

Du lourd !:

C'est un des slides de la formation faite par des collègues fort sympathiques heureusement.

... je n'ai pas de mots

J'ai déjà eu l'escape game avec animateur déguisé en Yoda et les collègues tout frétillants sur les questions star wars, mais ça, non...

En prime, une ponctuation approximative et une hésitation fautive entre impératif et infinitif... Sympathiques peut-être mais pas capables d'écrire 10 lignes sans erreur.

j'organisais ce genre de jeux quand mes enfants étaient petits!

mamieprof a écrit:

Du lourd !:

C'est un des slides de la formation faite par des collègues fort sympathiques heureusement.

Ça doit être un exercice pour les élèves de HLP qui choisiraient de traiter la question: "peut-on adopter le point de vue d’un animal?"
Après avoir adopté le point de vue du flamant rose, ils demanderaient au jury de faire l’autruche.

Tivinou a écrit:

mamieprof a écrit:

Du lourd !:

C'est un des slides de la formation faite par des collègues fort sympathiques heureusement.

Ça doit être un exercice pour les élèves de HLP qui choisiraient de traiter la question: "peut-on adopter le point de vue d’un animal?"
Après avoir adopté le point de vue du flamant rose, ils demanderaient au jury de faire l’autruche.

Nous, on nous l'a fait faire !!! On avait tous l'air bien cons le pied en l'air et les yeux fermés, avec injonction de le faire avec nos 35 élèves pour bien les préparer. Je n'ose raconter le reste.

Mais les collègues acceptent ? Au bout d'un moment ça va, on n'est pas des paillassons ! Si on ne veut pas partir, ce que je peux comprendre, on peut au moins se mettre dans un coin avec des copies à corriger et laisser ceux que ça amuse faire les zouaves...

En fait, on n'a pas été très sages...
Le comble est que certains ont trouvé ça très bien.
La moitié des participants qui n'avait pas de cours l'après-midi est rentrée chez elle.

@trompettemarine on était au même stage? L'après-midi étant consacrée à des choses plus sérieuses, beaucoup de ceux qui ont participé au ludique ne sont plus revenus; nous n'étions plus qu'une poignée.
On ne nous a pas demandé de faire le flamant rose mais d'autres choses: se passer une balle imaginaire, truc et bidule. Nous sommes quelques collègues à n'avoir pas joué. L'IPR, lui, s'est bien amusé.
@Danska Les collègues acceptent pour diverses raisons:
- le formateur est un collègue et il n'y peut rien, lui, si c'est hors-sujet : on lui a donné la consigne d'une formation, il remplit la consigne (chez nous, le collègue assure habituellement des formations sur la pratique de l'oral). On ne va pas lui faire de la peine.
- pour une fois qu'on s'amuse un peu, qu'on n'est pas en train d'écouter le blabla de l'IPR en toute verticalité.
- on n'assume pas de dire non.

C'est une formation belge ? Vu qu'il faut faire le flamand rose ...

C'est affligeant sur toute la ligne.

Aphrodissia a écrit:@trompettemarine on était au même stage? L'après-midi étant consacrée à des choses plus sérieuses, beaucoup de ceux qui ont participé au ludique ne sont plus revenus; nous n'étions plus qu'une poignée.
On ne nous a pas demandé de faire le flamant rose mais d'autres choses: se passer une balle imaginaire, truc et bidule. Nous sommes quelques collègues à n'avoir pas joué. L'IPR, lui, s'est bien amusé.
@Danska Les collègues acceptent pour diverses raisons:
- le formateur est un collègue et il n'y peut rien, lui, si c'est hors-sujet : on lui a donné la consigne d'une formation, il remplit la consigne (chez nous, le collègue assure habituellement des formations sur la pratique de l'oral). On ne va pas lui faire de la peine.
- pour une fois qu'on s'amuse un peu, qu'on n'est pas en train d'écouter le blabla de l'IPR en toute verticalité.
- on n'assume pas de dire non.

Oui, tu as raison et je le sais bien - pression sociale, pas facile de dire non quand on est le seul à le faire, etc. - mais ça m'énerve tellement de voir qu'on perd du temps ou des heures de cours pour des imbécillités de ce genre !

@Aphrodissia, non. Nous, c'était l'après-midi. Le matin, c'était théorique (avec erreurs, schtroumpfs, petits bonhommes, fautes d'orthographe, des fautes de syntaxe à l'oral à faire crever un jury de capes ou d'agreg. ). J'ai réagi au début : on ne peut tout de même pas dire aux élèves des contre-vérités en ne parvenant même pas à comprendre le nouveau demi-dieu Cyril Delhay.
Pourquoi je suis restée et ai fait l'idiote ? J'avais normalement cours toute la journée. On devait signer au début, au milieu et à la fin. Je l'aurais eu doublement mauvaise de perdre une journée de salaire.
Il n'y avait pas d'ipr. Car là, il aurait eu à répondre. Les ipr semblent être personnes vulnérables chez nous : on ne les voit plus.
Le prochain stage transdisciplinaire, je prends les devants pour donner mes cours.
Pour les formateurs, je suis partagée. Je suis restée polie (sauf quand ils disaient des choses fausses : ils ignoraient la différence entre le logos, l'ethos et le pathos.)
On a créé des caffistes censés tout enseigner. Ils sont appelés pour faire des formations ineptes sur le pouce.
Soit, mais 10 ans à être formateur, c'est la possibilité d'accéder à la classe exceptionnelle.
Alors oui, je pense que je serai beaucoup moins tendre la prochaine fois ou que je me sauverai quitte à perdre une journée de salaire.
Les seules bonnes formations que j'ai suivies étaient disciplinaires avec des universitaires spécialistes d'un auteur.
Ces formations sont juste là pour dire : ça y est les profs, i sont formés !
Bêtise et médiocrité pour former les professeurs.
Le pire, c'est que ces jeunes formateurs sont convaincus !
J'ai eu effectivement droit à : "Arrête, tu sais, ils sont gentils quand même, et ce sont des collègues."  Bonjour le niveau de ces nouveaux collègues qui se sont certainement montrés "éducables"  aux billevesées.
Il est grand temps de quitter le lycée ou le navire de l'EN si on est jeune.

trompettemarine a écrit:
Il n'y avait pas d'ipr. Car là, il aurait eu à répondre. Les ipr semblent être personnes vulnérables chez nous : on ne les voit plus.
Le prochain stage transdisciplinaire, je prends les devants pour donner mes cours.
Pour les formateurs, je suis partagée. Je suis restée polie (sauf quand ils disaient des choses fausses : ils ignoraient la différence entre le logos, l'ethos et le pathos.)
On a créé des caffistes censés tout enseigner. Ils sont appelés pour faire des formations ineptes sur le pouce.
Soit, mais 10 ans à être formateur, c'est la possibilité d'accéder à la classe exceptionnelle.
Alors oui, je pense que je serai beaucoup moins tendre la prochaine fois ou que je me sauverai quitte à perdre une journée de salaire.
Les seules bonnes formations que j'ai suivies étaient disciplinaires avec des universitaires spécialistes d'un auteur).
Ces formations sont juste là pour dire : ça y est les profs, i sont formés !
Bêtise et médiocrité pour former les professeurs.
Le pire, c'est que ces jeunes formateurs sont convaincus !
J'ai eu effectivement droit à : "Arrête, tu sais, ils sont gentils quand même, et ce sont des collègues."  Bonjour le niveau de ces nouveaux collègues qui se sont certainement montrés "éducables"  aux billevesées.
Il est grand temps de quitter le lycée ou le navire de l'EN si on est jeune.

Je suis d'accord avec cette analyse. La formation -indépendamment de ce qu'elle peut contenir dans l'absolu d'intéressant- est inepte parce que la commande est inepte et qu'elle arrive dans le mauvais contexte. On ne demande pas à être formé au théâtre ou à l'oral, ce qui ne se ferait de toute façon pas en deux jours : on veut savoir ce qu'on va dire concrètement à des élèves de terminales qui passent une épreuve du bac dans quelques mois et comment on va les préparer alors qu'on aura déjà du mal à être prêt pour l'épreuve de mars. Mais le ministère pourra toujours nous renvoyer à la débrouille sous prétexte que nous auront eu "une formation", et je n'arrive pas à être complètement indulgent avec les collègues formateurs qui se prêtent à la mascarade, surtout lorsqu'elle est pour eux l'occasion de se mettre en valeur.

Les exercices type flamant rose (encore que celui-ci, je ne l'ai jamais vu pratiquer ni pratiqué moi-même) peuvent avoir leur utilité s'ils sont inclus dans un vrai travail de la posture d'acteur, avec une vraie progression dans ce travail et si et seulement si ils sont pratiqués régulièrement.
Pour ce faire, il faut du temps et un espace adapté, deux choses dont tous les collègues manquent cruellement.
Si on avait 4 ans pour se former au grand oral, ce type de formation pourrait avoir un intérêt (et encore), mais à 3 mois d'une épreuve dont on n'a pas encore réussi à cerner les contours ou les modes d'organisation, proposer ce genre de formation, c'est une rustine sur une jambe de bois.
J'avoue osciller entre la tentation d'être indulgente envers les collègues qui acceptent de dispenser ces formations, parce que leur position ne doit pas être évidente, et ne pas avoir pitié d'eux, parce qu'ils acceptent ces formations pour booster leur carrière avec une naïveté confondante et qu'ils contribuent à entretenir l'idée qu'il existe des collègues pour adhérer à ces réformes ineptes.

Moi je refuse de me mentir et aussi de mentir aux élèves. Parce qu'ils ne seront pas évalués par des formateurs qui regarderont s'ils font bien le flamant rose ou s'ils respirent par le ventre. Ils le seront par vous, par moi, et nos exigences seront différentes. Et nous aurons raison. On pourra nous faire croire ce que l'on veut, nous savons bien qu'un discours ne se construit pas que sur sa mise en scène, mais avant tout sur la maîtrise de son contenu. Autrement dit c'est la réflexion et le savoir qui nous donnent les bases essentielles pour la maîtrise du discours. Faites réciter un texte à un élève qui ne le comprend pas. Même avec une très belle voix une très belle présence et un jeu parfait, il manquera toujours à sa prestation du sens. Sans le sens, on fait juste du bruit avec sa bouche.

Bien dit, Poupoutch !

« Pour faire un mauvais musicien il faut au moins 5 ans d'études, pour faire un mauvais acteur, 5 minutes suffisent » (Coluche, de mémoire).

Effectivement, prétendre qu'on va former aux techniques vocales/théâtrales en une journée de formation est une fumisterie.

Ce matin, plusieurs collègues étaient très satisfaits de la formation qui les a fait réfléchir à leurs pratiques concernant l'oral. Elle est pas belle la vie ?

D'autres exercices:

Et une fois qu'on a dégonflé le ballon on peut préparer efficacement les élèves au grand oral ? Quelle est la mise en pratique ensuite ?
Je trouve que des ateliers pour placer notre voix, ne pas fatiguer nos cordes vocales, seraient une vraie bénédiction ceci dit. Cela aurait dû être proposé à chacun en début de carrière.

Tivinou a écrit:Et une fois qu'on a dégonflé le ballon on peut préparer efficacement les élèves au grand oral ? Quelle est la mise en pratique ensuite ?
Je trouve que des ateliers pour placer notre voix, ne pas fatiguer nos cordes vocales, seraient une vraie bénédiction ceci dit. Cela aurait dû être proposé à chacun en début de carrière.

Un ballon qui se dégonfle, belle métaphore du grand oral (et globalement de toutes les réformes triennales qui doivent à chaque fois rénover de fond en comble l'éducation).

Tivinou a écrit:Et une fois qu'on a dégonflé le ballon on peut préparer efficacement les élèves au grand oral ? Quelle est la mise en pratique ensuite ?
Je trouve que des ateliers pour placer notre voix, ne pas fatiguer nos cordes vocales, seraient une vraie bénédiction ceci dit. Cela aurait dû être proposé à chacun en début de carrière.

Pas pu faire la suite...

Mon frigo était vide ! :

Poupoutch a écrit:
Moi je refuse de me mentir et aussi de mentir aux élèves. Parce qu'ils ne seront pas évalués par des formateurs qui regarderont s'ils font bien le flamant rose ou s'ils respirent par le ventre. Ils le seront par vous, par moi, et nos exigences seront différentes. Et nous aurons raison. On pourra nous faire croire ce que l'on veut, nous savons bien qu'un discours ne se construit pas que sur sa mise en scène, mais avant tout sur la maîtrise de son contenu. Autrement dit c'est la réflexion et le savoir qui nous donnent les bases essentielles pour la maîtrise du discours. Faites réciter un texte à un élève qui ne le comprend pas. Même avec une très belle voix une très belle présence et un jeu parfait, il manquera toujours à sa prestation du sens. Sans le sens, on fait juste du bruit avec sa bouche.

Exactement comme lorsque Najat Vallaud Belckacem lit un énoncé du bac de mathématiques sans en comprendre un mot. (Ce qu'elle avait fait  devant des caméras pour pouvoir ensuite justifier que "vous voyez, le niveau ne baisse pas !")

Ainsi que le montre bien la dernière étude Timss 2020 sur le niveau des élèves français en maths ... oui le niveau monte !