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Ramanujan974
Érudit

"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Ramanujan974 Mar 15 Oct 2019 - 5:23
sansara a écrit:Quelle tristesse de lire vos messages, Trompettemarine et UnePassante. "Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 1547453357
Et comme je vous comprends... Moi aussi, je suis à bout.

Je suis en LC mais j'ai 3 classes de français sur 4. Toutes mes classes, y compris mon groupe de grec où on m'annonçait des effectifs faibles pour pouvoir me reposer, sont à 35 élèves. Pour un peu, j'aurais pu au moins toucher la prime pour effectifs pléthoriques, mais finalement non. Quelle ironie.

Depuis la rentrée, j'ai calculé que j'avais déjà corrigé près de 1000 copies (oui, j'évalue beaucoup, je sais). Quand je dis que je n'ai pas eu de week-end (rien que le dernier week-end, j'ai passé près de 18h à corriger, sur 3 jours), mes collègues me disent que je n'ai qu'à moins ramasser de copies. Pas faux. Eux sont très fiers de me dire qu'ils ne touchent pas à leurs affaires de cours entre le vendredi 14h et le lundi 8h. Mais ce genre de discours, ça n'aide pas vraiment, si ce n'est à se sentir encore plus nulle.

Je suis découragée. J'ai prévu de me reconvertir à l'été 2020, mais je n'ai même pas encore trouvé le temps de me renseigner pour savoir quoi mettre dans ma lettre de demande de dispo. Je ne sais pas où je vivrai en septembre prochain, ni si je trouverai un boulot rapidement. Je n'ai que quelques semaines de cours d'avance, ensuite je n'ai rien. Je dois aussi prendre soin d'une élève suicidaire qui a décidé de venir se confier à moi depuis l'an dernier, et qui m'attend à la fin des cours pour venir me parler, ou qui m'envoie des mails désespérés le soir. J'ai aussi des soucis persos : un mariage prévu dans 6 mois, pour lequel je dois tout gérer ou presque, et un père très âgé, malade et dépressif. Je n'en peux plus de cette accumulation. Je ne sais pas comment je vais tenir cette année. J'ai peur de faire un burn-out. Peur aussi parce que je sais que je ne serai pas remplacée, et je ne veux pas faire ça aux élèves.

J'ai l'impression que le monde tourne trop vite, que les journées sont trop courtes, que je n'ai le temps de rien. Dès que je me pose 5 minutes j'ai envie de pleurer tant les tâches qui m'attendent me paraissent irréalisables. La nuit, je n'arrive pas à dormir, alors que je suis épuisée : mon cerveau refuse de s'arrêter, je pense sans cesse à telle urgence que j'ai oubliée de traiter, à tel cours qui n'est pas prêt, à tel parent à qui je dois répondre au plus vite. Les vacances approchent mais je ne pourrai même pas en profiter : je vais passer une semaine en rdv pour l'organisation de mon mariage, et tout le reste sera consacré à préparer des cours qui me permettent de tenir jusqu'à Noël. Je compte les minutes en classe, les heures de cours, les semaines jusqu'aux vacances. Tout le temps. Et je sature. J'ai besoin de souffler. Vraiment.

J'ai graissé les 3 points qui me font bondir dans ton message.
Il y a un moment où il faut arrêter de donner le bâton pour se faire battre.
Soit tu te considères en mission divine pour sauver l'humanité, et tu arrêtes de te plaindre, parce que tu le veux bien.
Soit tu te dis qu'il y a d'autres choses LARGEMENT plus importantes dans ta vie, ce qui semble être le cas (ton mariage, ton père mal en point) et tu agis en conséquence : 2 évaluations par classe par trimestre, bye-bye la suicidaire et RDV chez le médecin pour suspicion de burn-out.
Mais il faut faire un choix et l'assumer. Et le plus tôt sera le mieux.
Verdurette
Verdurette
Modérateur

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par Verdurette Mar 15 Oct 2019 - 6:37
J'ai presque honte de poster tellement je trouve ma situation moins difficile. Je dois être honnête, cette année s'annonce moins dure que la précédente, j'ai 19 élèves le matin, 21 l'après-midi , 8 CP, 11 GS, et 2 MS de tout début d'année à temps partiel, pas de "gros cas"... mais je les trouve bruyants, agités, (est-ce l'âge?), piles électriques... Ils ont 5/6 ans, je sais, donc c'est normal, c'est souvent gratifiant (ils chantent volontiers, par exemple, alors que mes CM de l'année dernière y mettaient beaucoup de mauvaises volonté, les garçons notamment disant qu'ils n'étaient pas "gay"... et c'est réconfortant d'avoir des enfants plus jeunes donc un peu moins "blasés") mais c'est tout de même épuisant, surtout en ce moment où mon ATSEM (remarquable) est en arrêt.

Synthèses RASED où l'on "prend note" mais ne propose rien (pas le temps), évaluations (passations, entrée des résultats, rencontre des parents), APC (comment faire le moment de lecture, avec les parents aussi, le lundi soir après la classe), appeler l'assistante sociale pour les AEMO, crouler sous les propositions de "journée de ci", "concours de ça", sorties, projets de toutes sortes... Malgré des méthodes en béton armé, (Maths GS et CP du GRIP, D l'écoute des sons à la lecture, Léo et Léa...) j'ai l'impression de ne rien faire bien et de courir après le temps.

Et j'angoisse parfois en me disant qu'il faut que je "tienne" encore 9 années scolaires si je ne veux pas partir avec la retraite que Macron considère comme la "retraite moyenne" des enseignants, et qui sera la mienne si je pars à 62 ans (je le reconnais, j'ai été à mi-temps pour m'occuper de mon aînée sourde, et j'ai pris un congé parental pour la 3ème. Je paye ces "luxes"... ) Donc devant les élèves jusqu'à 67 ans, date de la fin de mon crédit immobilier, en espérant avoir pu financer les études et le permis de ma plus jeune fille qui n'est qu'en 2ème année d'études supérieures. 27 ans d'ancienneté, et un salaire qui me laisse 487 euros une fois toutes les charges incompressibles payées (crédit, eau, chauffage, électricité, téléphone, loyer et frais de la demoiselle qui est très raisonnable), pour les dépenses alimentaires, entretien, vestimentaires. Vacances et sorties, à oublier.

Cela m'empêche parfois de dormir.
Sylvain de Saint-Sylvain
Sylvain de Saint-Sylvain
Grand sage

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par Sylvain de Saint-Sylvain Mar 15 Oct 2019 - 6:38
Sansara, ce que tu décris est très inquiétant. Essaye de lâcher du lest. Évalue moins, recycle des cours, utilise le manuel. Et s'il te faut voir un médecin, va voir un médecin. Tes élèves se remettront de deux semaines sans cours.
Derborence
Derborence
Modérateur

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par Derborence Mar 15 Oct 2019 - 6:42
Je rejoins Sylvain.
Prends soin de toi, Sansara, vraiment. Je t'embrasse.

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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois

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Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
pseudo-intello
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Sage

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par pseudo-intello Mar 15 Oct 2019 - 7:15
Sansara, dans ce que tu décris, il y a une part de subi, et une part de choisi. Les classes à 35, ça, c'est du subi.

Mais le nombre d'évaluations, le fait de ne pas t'arrêter coûte que coûte, ça, c'est du choisi, et tu peux décider de modifier tes pratiques ou d'harmoniser ta philosophie pour l'instant presque sacrificielle au montant de ta fiche de paie, par exemple. En plus, ton travail a de la valeur, alors ne te mets pas au SMIC horaire ! Pour l'élève suicidaire, va voir l'infirmière et/ou le CPE, en expliquant la situation, et en insistant sur le fait qu'il faut prendre le relais, car tu n'e splus capable (et il faut qu'ils soient au courant, ne serait-ce que pour le cas où tu serais arrêtée).

Mieux vaut être absente 15 jours maintenant s'il le faut ; des burn-outs, ça peut être une absence d'un an.

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Orlanda
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"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Orlanda Mar 15 Oct 2019 - 8:46
Sansara, je n’ai pas été très loin de l’état dans lequel tu te trouves, par perfectionnisme, par fierté aussi. Je m’efforçais de donner de la valeur ajoutée à ce métier, quand plus personne n’en exige, quand beaucoup de collègues s’économisent. Je crois que je voulais justifier par là le fait qu’on m’ait recrutée, moi, et pas une autre, à un certain degré de qualification. Alors j’ai tapé des cours bien trop léchés que 10% d’élèves lisaient, corrigé bien trop de copies, en les tartinant de remarques détaillées, sans amélioration nette. Je les ai gavés: de références, de tableaux, de beaux films...Certains m’en remercient encore, mais combien s’en moquaient? Je me suis investie bien trop pour certains élèves, qui à moi aussi, venaient se confier, et c’était un sac lourd.
L’inspecteur m’a l’an passé reproché de travailler beaucoup trop, et de ne pas assez m’adapter au niveau de mes élèves. Moi, je croyais juste bien faire mon travail. C’est ce que j’attendais de mes professeurs, à l'époque. J’ai eu envie de l’insulter.
Je suis vaccinée, désormais, car tout ce travail s’est évaporé sans gain pour moi, si ce n’est du dégoût et de la fatigue. Comme toi, j’ai des parents qui vieillissent et qui vivent loin, un conjoint qui frôle lui aussi, dans le privé, le surmenage, car il veut une promotion pour me permettre de prendre un congé tant je le peine parfois, des travaux en cours, et des envies de reconversion, mais rien de précis: il me faut des forces, je ne peux pas donner tout mon sang à l’EN, surtout pas avec la tête qu’elle a aujourd’hui.
Passer des moitiés de nuit à corriger de mauvaises copies - en lettres, c’est une catabase, les copies...-, je ne le ferai donc plus jamais.
J’ai encore plus de peine en constatant que ma lassitude est si courante.
Mais qu’est-ce qu’ils nous font?

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danses
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"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par danses Mar 15 Oct 2019 - 8:53
+1... C'est difficile de lâcher prise cependant, tant notre éducation/éthique/conscience a conditionnés certain(e)s d'entre nous à l'abnégation. Je suis par ailleurs effarée par le ton alarmiste et alarmant de certains messages, depuis cette rentrée en particulier. Humainement, c'est catastrophique.
Celadon
Celadon
Demi-dieu

"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Celadon Mar 15 Oct 2019 - 9:18
Je suis moi aussi atterrée par ce que je lis ici. Il me semble que ce qui a hâté cette désolation, c'est la certitude dorénavant actée que l'avenir est plombé pour ceux qui servent cette institution. Quand on retire tout espoir d'amélioration des conditions d'exercice d'un métier qu'on aime, quand on gèle les salaires tout en ponctionnant davantage donc qu'on appauvrit la qualité de vie, quand on s'ingénie à mépriser ceux qui se donnent à fond dans leur métier parce qu'ils prennent à coeur l'avenir des élèves qu'on leur confie, quand on enlève brutalement, sans ménagement, de façon inique et cynique ô combien, la perspective d'une retraite correcte après autant d'années de travail, eh bien on accélère la désespérance. C'est elle que je vois à l'oeuvre -destructrice- dans tous ces posts de collègues que je lis ici depuis longtemps pour beaucoup d'entre eux, qui me sont familiers et amicaux.
Je ne suis plus concernée directement par cette situation infernale mais je comprends et compatis infiniment. Lâchez prise, faites-vous aider si vous ne pouvez pas le faire tout seuls (je sais, ça peut devenir une drogue...), portez votre attention sur autre chose, donnez de votre temps ainsi libéré ailleurs, à ceux qui vous entourent, aidez autrement, bref, cessez de colmater des brèches devenues ingérables et de culpabiliser parce que vous n'y parvenez pas. Reprenez-vous, donnez un autre sens à votre vie, parce que vous allez droit dans le mur.
Je suis émue aux larmes à vous lire et je ne suis pas sûre que vous soyez bien conscients de ce que vous écrivez. C'est terrible. S'il vous plaît, ressaisissez-vous ! "Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 1547453357 fleurs
maldoror1
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"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par maldoror1 Mar 15 Oct 2019 - 10:03
@ Sansara, Une passante, Trompette Marine et à ceux qui souffrent ici : il ne faut pas continuer comme ça, allez voir un médecin... Comme le dit Celadon, vous ne pouvez rien au délitement organisé. Rien ne doit passer avant la santé, physique et morale. Vraiment, vraiment, vraiment, prenez soin de vous...  fleurs fleurs fleurs sunny sunny sunny

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Elberta
Elberta
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"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Elberta Mar 15 Oct 2019 - 10:29
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

Secrétaire administratif.

J'ai eu trois métiers à l'éducation nationale: secrétaire administratif, professeur des écoles et professeur de français.
J'envisage très sérieusement de repasser le concours de SASU (pas celui d'attaché à cause de la formation d'un an loin de sa famille). A l'époque, je n'avais pas aimé ce métier. Aujourd'hui je saurais m'en satisfaire, au moins je ne passerai pas mes journées dans le bruit, à faire de la discipline et à m'épuiser pour essayer de faire travailler trois élèves sur vingt-cinq.

Prenez tous soin de vous
Cassius
Cassius
Niveau 6

"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Cassius Mar 15 Oct 2019 - 10:39
CarmenLR a écrit:Pour information, "Pour un fonctionnaire, la possibilité de convenir d'une rupture conventionnelle sera possible à partir du 1er janvier 2020 jusqu'au 31 décembre 2025."

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31094

 "Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 558662839 Donc démissionner c'est mieux que trouver un meilleur emploi dans la fonction publique? L'échec à un ou plusieurs concours est dur à encaisser et crée de l'amertume parfois. Il aurait sans doute été mieux de rabaisser ses ambitions, entrer en B dans l'administration qui intéressait pour ensuite passer le A. L'attitude qui consiste dénigrer la dite administration avec pour seul argument "l'herbe n'est pas plus verte ailleurs" est minable. Ressortir le même "argument" dès qu'on aborde le sujet de la reconversion indique juste que consulter un psy aidera surement.

Elberta a écrit:
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

Secrétaire administratif.

J'ai eu trois métiers à l'éducation nationale: secrétaire administratif, professeur des écoles et professeur de français.
J'envisage très sérieusement de repasser le concours de SASU (pas celui d'attaché à cause de la formation d'un an loin de sa famille). A l'époque, je n'avais pas aimé ce métier. Aujourd'hui je saurais m'en satisfaire, au moins je ne passerai pas mes journées dans le bruit, à faire de la discipline et à m'épuiser pour essayer de faire travailler trois élèves sur vingt-cinq.

Prenez tous soin de vous

Tout est dit, si après ces propos on dit qu'il n'y a pas de problème c'est qu'on se moque du monde!


Dernière édition par Cassius le Dim 27 Oct 2019 - 4:23, édité 2 fois
Poupoutch
Poupoutch
Modérateur

"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Poupoutch Mar 15 Oct 2019 - 10:56
Zagara a écrit:Attention : connaissez les signes précurseurs des burn out et identifiez les à temps... Si vous avez de vraies pensées suicidaires, une fatigue dès le lever, une irritabilité permanente, il est urgent d'aller consulter (et de décrocher). Rien ne doit passer avant la santé.
Pour avoir été victime d'un burn-out, je ne peux que souscrire à ces propos.
Sansara, l'arrêt maladie, pour moi, c'est encore vraiment compliqué. Je bataille parfois contre médecins et psy pour ne pas en avoir. L'an dernier, j'ai fini par en prendre un, juste quelques jours, quand j'ai réussi à m'avouer que, si je roulais à 130 sur la route limitée à 110, ce n'était pas parce que j'aimais la vitesse, mais parce que j'espérais me planter dans un virage. J'en étais à attendre les collègues que je covoiturais 3 ou 4h au lycée juste pour ne pas être seule dans la voiture (ben oui, avec la responsabilité d'autres vies, j'étais bien plus prudente...). S'ajouter des contraintes, personnelles et professionnelles, peut d'autant plus facilement tourner au burn out que, dans l'EN, on ne reçoit que rarement la "récompense" de nos efforts.

Ceci étant, moi, cette année, ça va bien mieux. Je fais du sport, j'ai perdu du poids, je revis car je peux aller bosser en métro et je me suis éloignée de certains collègues toxiques. Même si le lycée est difficile, les élèves bruyants, je suis plutôt bien dans mon travail. Heureusement, ceci dit, que la moitié de mon service est en théâtre. Ça compense les heures de français pénibles. Et que mes élèves sont très attachants, et mes collègues dans l'ensemble agréables et soudés. Si je suis totalement honnête avec moi-même, cependant, je sais que si je supporte tout ça aujourd'hui, c'est parce que je suis passée par cette phase dépressive et que je sais à présent reconnaître quand je suis à bout et lâcher du lest. Et parce que cette expérience m'a appris à compartimenter et à ne pas laisser la carrière empiéter sur les autres aspects de ma vie. Mon bien-être, mon couplé, mes amis, c'est tout aussi important que mon boulot, et il m'arrive donc d'oublier copies et preparations pour m'octroyer un moment à moi (comme là : je vais aller à la piscine alors que j'ai encore plein de boulot, mais tant pis).
On n'y arrive pas sans aide, il faut que tu te fasses aider. Ce n'est qu'à ce prix que tu ne caméras pas tes espoirs de reconversion dans ta tentative de bien faire ton boulot malgré les bâtons que tu as dans les roues fleurs

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:
288 a écrit:
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Là je m'en veux de ne pas avoir été au bout de mon projet de reconversion, quand j'étais en arrêt maladie.
C’était quoi ?

Secrétaire administratif. Mais la difficulté d'y voir clair dans le détachement m'a progressivement fait abandonné cette piste. J'avais pris rendez-vous avec la personne qui s'occupe de la reconversion au rectorat, et quand elle m'a envoyé un long document à remplir où il fallait placer des mots-clés et les relier à d'autres mots clés, le tout écrit en comic sans ms, j'ai pensé que je perdrais mon temps avec une personne incapable de m'aider.

J'y pense à nouveau, en passant par le concours.

Je pourrais vivre pauvrement, je crois. Mais je vis à Paris et il me faut assez pour payer un loyer. Je n'envisage pas de vivre ailleurs parce que je n'ai pas de permis, parce que tous mes amis sont là et parce que j'ai du mal à m'en faire.

Orlanda a écrit:
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:J'ajoute ma libation de bile noire.
Là je m'en veux de ne pas avoir été au bout de mon projet de reconversion, quand j'étais en arrêt maladie. J'ai fini par penser qu'au fond j'aimais trop enseigner, qu'il me fallait simplement de bonnes conditions de travail. M'enfin non, c'est pas ça. Enfin, resterait à expérimenter le poste fixe, quand même.

Je ne voudrais surtout pas te décevoir, mais...ça ne change pas tant de choses, le poste fixe: on pourrit en pot.
Moi aussi, je voudrais enseigner, tout simplement. Tout l’horreur froide du système actuel, celui qui fait que des collègues se tuent, c’est de faire croire que ce que nous sommes contraints de faire actuellement, ce numéro de guignol impuissant, ou pire, pour certains, de berger martyr, c’est de l’enseignement.  C’est ma huitième rentrée, dans le même lycée tranquille, paraît-il, et ce que je fais au quotidien n’a déjà plus rien à voir. Et je ne parle même pas du mépris social, je ne le supporte plus.
Une passante, je te comprends très bien. Sauf pour les étages du lycée: hors de question de finir si tôt dans un endroit aussi moche!

Je me doute bien qu'un poste fixe ne résoudrait pas le problème. Je suis encore un peu dans le déni, je crois : l'inconnu m'effraie (je n'ai jamais eu d'autre travail) et je me persuade qu'avec ceci et cela ça irait. Une heure de cours agréable suffit parfois à me réanimer pour quelques jours. Mais l'odeur de moisi revient fatalement et très vite.

Quand j'ai des idées noires, ce n'est pas tellement lié à l'école qu'au fait que je ne vois vraiment pas ce que je peux devenir en dehors d'elle. Je me sens quand même assez bon à rien, dès que je ne m'envisage plus comme un sécréteur d'exercices de grammaire et d'analyses de texte Razz
Sylvain, je vis avec un ex prof reconverti en secrétaire administratif. Tu peux me MP si tu veux.
J'ai moi aussi fait ce boulot durant mes trop longues études. Et je peux t'assurer que tu sauras parfaitement faire.

_________________
Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.

"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
Iphigénie
Iphigénie
Prophète

"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par Iphigénie Mar 15 Oct 2019 - 11:03
Orlanda a écrit:Sansara, je n’ai pas été très loin de l’état dans lequel tu te trouves, par perfectionnisme, par fierté aussi. Je m’efforçais de donner de la valeur ajoutée à ce métier, quand plus personne n’en exige, quand beaucoup de collègues s’économisent. Je crois que je voulais justifier par là le fait qu’on m’ait recrutée, moi, et pas une autre, à un certain degré de qualification. Alors j’ai tapé des cours bien trop léchés que 10% d’élèves lisaient, corrigé bien trop de copies, en les tartinant de remarques détaillées, sans amélioration nette. Je les ai gavés: de références, de tableaux, de beaux films...Certains m’en remercient encore, mais combien s’en moquaient? Je me suis investie bien trop pour certains élèves, qui à moi aussi, venaient se confier, et c’était un sac lourd.
L’inspecteur m’a l’an passé reproché de travailler beaucoup trop, et de ne pas assez m’adapter au niveau de mes élèves. Moi, je croyais juste bien faire mon travail. C’est ce que j’attendais de mes professeurs, à l'époque. J’ai eu envie de l’insulter.
Je suis vaccinée, désormais, car tout ce travail s’est évaporé sans gain pour moi, si ce n’est du dégoût et de la fatigue. Comme toi, j’ai des parents qui vieillissent et qui vivent loin, un conjoint qui frôle lui aussi, dans le privé, le surmenage, car il veut une promotion pour me permettre de prendre un congé tant je le peine parfois, des travaux en cours, et des envies de reconversion, mais rien de précis: il me faut des forces, je ne peux pas donner tout mon sang à l’EN, surtout pas avec la tête qu’elle a aujourd’hui.
Passer des moitiés de nuit à corriger de mauvaises copies - en lettres, c’est une catabase, les copies...-, je ne le ferai donc plus jamais.
J’ai encore plus de peine en constatant que ma lassitude est si courante.
Mais qu’est-ce qu’ils nous font?
Un nombre considérable de professeurs disent leur épuisement sur ce forum et c'est très alarmant!
Alors d'abord, priorité à votre santé: Sansara, arrête-toi quelques jours, c'est nécessaire!
Au-delà de tout ce que les autres ont bien dit, je crois qu'il est urgentissime aussi de déconstruire le discours prégnant depuis des années de "la réussite pour tous" qui a mis sur les épaules des professeurs tout le poids des échecs: non, je ne veux pas dire qu'il faut abandonner des élèves. Ce qu'il faut abandonner c'est cette conviction accablante que vous êtes responsables de tout, et qu'en conséquence aussi, il vous faut tout maîtriser (jusqu'aux confidences que les élèves viennent vous faire comme au psy: non, je ne suis pas psy. Tu me dis des choses que je prends en considération, mais tu te trompes d'interlocuteur, je peux te conseiller X ou Y, te réconforter à l'occasion, mais.).
Orlanda, je partage très souvent ce que tu dis mais pas là:
Je m’efforçais de donner de la valeur ajoutée à ce métier, quand plus personne n’en exige, quand beaucoup de collègues s’économisent.
Ce n'est pas le bon mot. Ils ne s'économisent pas (pour la plupart) ils ont la "bonne" économie". Si je peux me permettre de parler avec le recul (mais tout le monde autour de moi n'est pas en "recul", je vois bien les conceptions actuelles qui régissent le métier) je crois que le travail est véritablement miné par l'idée (l'idéologie") que le professeur doit tout programmer, tout baliser, tout préparer, sinon il est désinvolte.
Non.
D'abord parce que cela enlève tout le plaisir du "métier" d'élève: ce qu'on découvre par soi-même. Oui je sais, tous ne sont pas en état de le faire, il faut les y pousser un peu plus lourdement, mais pas forcément en s'imposant à soi une surcharge de travail. Certes certains ont besoin de plus d'attention, mais attention ne veut pas dire travailler à leur place, au contraire. "N'oubliez jamais que vous devez faire travailler les élèves et non vous-mêmes" était le très vieil et très sensé adage des EN d'instituteurs d'antan, et ces instituteurs n'étaient pas plus mal formés que maintenant, si j'ose la litote.
Le pédagogisme (dans le mauvais sens du terme) est une énorme hypocrisie politique: il s'agit de faire penser que la seule faute de l'inégalité incombe au professeur: on a un coupable, c'est magique, ça déresponsabilise tous les autres, hiérarchie, élèves, parents: ne vous étonnez pas du succès du concept! Very Happy
J'ai longtemps été frappée par une phrase des Mémoires d'Outre-Tombe où il constate que son éducation a fait de lui Chateaubriand, et de sa sœur une dépressive: ça laisse à l'individu élève sa part de personnalité, et de mystère. Peut-être aurait-il été de toute manière Chateaubriand d'ailleurs, et sa soeur dépressive: on ne manipule pas un tempérament, au mieux on l'aide à se contenir.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas du tout de pédagogie.
Il ne faut pas investir dans la partie pédagogique (les polycops, les interro, les schémas, les arbres et les machins) ce qui réside essentiellement dans le rapport individu à individu qu'on instaure avec l'élève: l'élève qui a confiance, qui se sent "pris en main" aura envie de s'investir. Et cette prise en main ne passe pas par Power Point, pas nécessairement en tout cas. Et sûrement pas par la dépression du professeur.
Essayez d'aller en classe (un jour où vous êtes en forme, sur un sujet bien maîtrisé)  sans avoir tapé votre cours, ni préparé à l'avance ( autrement qu'en vous disant "je vais leur montrer ça ou ça...) et vous verrez que le cours sera peut-être plus chouette encore que les cours tout balisés, vous serez plus disponibles pour entendre réellement les élèves, pour les guider sans la pression du but obligatoire que vous vous seriez imposé.
Parfois une simple anecdote inscrit mieux un fait dans l'esprit des élèves qu'un truc *compliquamment élaboré: les élèves retiennent très bien l'athéisme de Diderot quand ils savent que son fils est mort sur les fonts baptismaux, parce que son parrain (ou sa marraine, je ne sais plus) l'a malencontreusement fait tomber pendant la cérémonie de son baptême: ça n'aide pas à croire, M'dame!...Et c'est plus simple à comprendre que la Lettre sur les aveugles. Ce qui ne veut pas dire de ne pas la faire lire: mais au contraire, ça ouvre autant à la lecture que le cours théorique et savant sur les crises religieuses du XVIIIe. Ce à quoi l'élève qui le voudra ira s'intéresser, c'est sa part de chemin, pas la vôtre.
Bon voilà, ce sont les idées que m'inspirent vos témoignages d'épuisement, pardon si le ton vous paraît "la leçon du vieux bon qui n'a plus les classes à gérer, je crois suivre encore de très près (pour diverses occupations) ce qui se passe aujourd'hui, mais au pire, vous ne tiendrez pas compte de mon propos, au mieux, certains y trouveront peut-être un encouragement à vraiment lâcher du lest, comme le dit très bien SdSS plus haut, sans pour autant penser qu'il ne remplit pas ses obligations: je dirais même plus comme Dupondt: au contraire! c'est là que vous y répondrez le mieux!
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may68
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"Les profs sont-ils à bout ?" - Page 5 Empty Re: "Les profs sont-ils à bout ?"

par may68 Mar 15 Oct 2019 - 11:06
"Seulement" 18 élèves de Moyenne section (REP) mais 8 déjà signalés à la psy scolaire, le must étant celui qui hurle tous les matins pendant minimum 30 mn et qui mobilise 3 adultes à lui seul car il essaie de s'enfuir et essaye de nous frapper (même à 4 ans on peut avoir une force incroyable) ...
Sur les 8, 2 ont besoin d'AVS, un seul l'a déjà.
Globalement, des enfants avec une capacité d'attention quasi nulle 3 jours sur 4 ...
Epuisée, je suis. Mon corps me le dit : je suis malade pour la première fois depuis bien longtemps, pas au point d'être arrêtée (et puis le jour de carence ...) mais suffisamment pour me languir vendredi !

Iphigénie
Iphigénie
Prophète

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par Iphigénie Mar 15 Oct 2019 - 11:13
may68 a écrit:"Seulement" 18 élèves de Moyenne section (REP) mais 8 déjà signalés à la psy scolaire, le must étant celui qui hurle tous les matins pendant minimum 30 mn et qui mobilise 3 adultes à lui seul car il essaie de s'enfuir et essaye de nous frapper (même à 4 ans on peut avoir une force incroyable) ...
Sur les 8, 2 ont besoin d'AVS, un seul l'a déjà.
Globalement, des enfants avec une capacité d'attention quasi nulle 3 jours sur 4 ...
Epuisée, je suis. Mon corps me le dit : je suis malade pour la première fois depuis bien longtemps, pas au point d'être arrêtée (et puis le jour de carence ...) mais suffisamment pour me languir vendredi !

ça c'est un vrai gros problème qu'il faudrait vraiment mettre un jour sérieusement sur la table: intégration qu'il vous disait.
ça fait partie de cette conception de l'enseignant- "bouc-émissaire" pour tous et bien commode pour chacun...
trompettemarine
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par trompettemarine Mar 15 Oct 2019 - 11:20
Merci Céladon et Iphigénie, et tous les autres.
Poupoutch
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par Poupoutch Mar 15 Oct 2019 - 11:26
Iphigénie, je ne suis pas toujours d'accord avec toi, mais là, je le suis à 10000%.

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"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
BlackMail
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par BlackMail Mar 15 Oct 2019 - 11:32
Sansara, trompettemarine, unepassante : courage. Et je crois qu'en effet, quand ça ne va pas, voir un médecin devient indispensable.

De mon côté, je ne suis pas en lycée, pas de réforme indigente cette année. Pourtant, ça ne va pas non plus.
Je me suis inscrite à l'agrégation interne, nous ne sommes qu'en octobre et je me rends compte que je n'ai pas les épaules pour gérer le collège + la préparation de l'agrégation interne, les révisions... En dehors de toutes les erreurs de méthode que je relève pour cette année (je me suis mise trop tard au travail, de manière trop partielle), je croule sous le boulot.
Le collège est si énergivore et chronophage, les réunions se multiplient, les heures sont épuisantes avec 27 élèves parqués dans des préfabriqués et une classe de 6e-de-l'horreur où j'arrive à peine à faire cours. Je me sens nullissime à ne pas réussir à tout faire correctement. J'ai déjà été voir un médecin, qui m'a dit que concrètement ce que je faisais ressemblait vraiment à un burn-out mais qu'elle ne pouvait m'arrêter qu'une semaine, qu'il fallait contacter la médecine du travail dans ce genre de cas Rolling Eyes .
Elle m'a aussi dit que...
Spoiler:

Évidemment, nous faisons un achat immobilier avec mon conjoint et se mettre à temps partiel est tout simplement impossible. J'ai l'impression d'être dans l'impasse et j'ai très peur de la période à venir après les vacances, où j'aurai 9h de formation par semaine en plus de mes 20h au collège.
Entre les rendez-vous parents, les réunions à tout va, les heures de retenue des élèves à gérer, les relevés de punitions, les appels à passer, les préparations de cours, les copies à corriger, les révisions, les transports pour la formation, je me sens submergée. Et j'en ai pour plusieurs années, mon niveau actuel étant très loin du niveau attendu pour le concours, ce qui participe assez efficacement à mon syndrome de l'imposteur.

D'un autre côté, j'aime vraiment enseigner. Mais comment le faire efficacement dans ces conditions ?

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Spoiler:

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Zagara
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par Zagara Mar 15 Oct 2019 - 11:37
@BlackMail : Change de médecin, elle te dit n'importe quoi. Tout médecin peut prescrire une interruption de plus d'une semaine pour burn out, ce n'est pas la compétence exclusive de la médecine du travail (qui de toute façon, chez nous, est évanescente).
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par Iphigénie Mar 15 Oct 2019 - 11:41
Poupoutch a écrit:Iphigénie, je ne suis pas toujours d'accord avec toi, mais là, je le suis à 10000%.
Wink tant mieux, c'est qu'il me reste sûrement à apprendre!
Je viens de discuter avec mon mari qui a encore plus d'expérience que moi et qui m'a raconté dans la série" profs, travaillez pour nous" l'année où les députés ont voté le passage des études de 14 à 16 ans: personne ne s'était demandé où on allait placer les élèves qui venaient juste de terminer leur certificat d'études..."faites comme vous pouvez...." (comme quoi, il y a au moins un truc irréductible aux réformes dans l'EN, et pas forcément là où on le dit souvent....) Very Happy
Poupoutch
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Modérateur

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par Poupoutch Mar 15 Oct 2019 - 11:45
Black mail, nous n'avons pas de médecine du travail, et un généraliste peut tout à fait faire un arrêt de plusieurs semaines. Ce discours sur les "épaules" acheve de me faire penser que cette toubi a de gros préjugés sur le boulot d'enseignant. Changes-en.
Si ça peut te redonner du baume au cœur, sache que, l'année où j'ai obtenu l'agreg, j'étais comme toi (engagée dans plein de choses au lycée, en charge de nouveaux niveaux, submergée par le boulot) et j'ai failli tout lâcher en octobre. Mais je me suis accrochée et, contre toute attente, je l'ai eue. Alors haut les cœurs. Bien sûr que tu as les épaules, il faut seulement que tu arrives à te reposer et à calmer tes inquiétudes. Courage !

Edit : Iphigénie, voilà bien la preuve que la situation actuelle n'est pas nouvelle mais le fait d'une forte accumulation...

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Cassius
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par Cassius Mar 15 Oct 2019 - 11:52
@Blackmail : Ce médecin a oublié son serment. Sache que ceux qui comprennent notre situation sont majoritaires donc n'hésite pas à en changer. De plus des jugements de valeur tels que ceux faisant allusion aux "épaules" sont indignes d'un thérapeute. Ta souffrance et légitime et tu as raison de vouloir la soigner. Bon courage!
Orlanda
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par Orlanda Mar 15 Oct 2019 - 11:54
Merci Iphigénie, pour ton beau message, qui n'a vraiment rien d'une leçon.
J'ai tort effectivement dans la phrase que tu soulignes, je m'en rends très bien compte maintenant.  
Je partage tout ce que tu écris sur la beauté des cours improvisés: ce sont ceux qui, précisément, me manquent le plus actuellement. Ils sont devenus, dans mon lycée et ma matière, impossibles. Les élèves que j'ai désormais en face de moi ne sont plus capables de l'attention nécessaire à ce partage. Avant de pouvoir prononcer ne serait-ce que le nom de Diderot, il m'aura fallu déjà faire taire tant de bouches, de ricanements, faire ouvrir tant de cahiers, percer un tel brouillard d'inertie et de mauvaise volonté que quand enfin l'écrivain, le texte, ce pour quoi je croyais être là, arrive sur le tapis, il  tombe comme un couperet ou une punition. Je ne sais plus faire avec des élèves qui me font sentir que l'être le moins à sa place dans le cours, c'est moi, avec mon Diderot mort, mes mots qui "nan mais ça se dit pas ça" et mes exigences qui les blessent ou les ennuient. L'anecdote, ce petit présent de pédagogue, n'a, en ce moment, même pas l'occasion fugace de surgir.
Ils ont l'impression de travailler quand ils recopient un Powerpoint blanchâtre et grésillant, ce à quoi ils ont bien souvent droit dans d'autres cours - pas tous, hein!-.  Les écrans et leurs contenus, à l'ergonomie si léchée et pensée pour sa facilité d'ingurgitation - des gens sont payés grassement pour y veiller -, les rendent incapables d'écouter une personne qui leur parle de quelque chose. Pire, cette année, les secondes me disent qu'ils ne me lisent pas au tableau. Une écriture manuelle d'adulte, cela devient du sanskrit pour eux. J'ai l'impression d'assister à l'extinction d'une espèce: l'élève. Cela m'inquiète, mais ne semble inquiéter que les professeurs, et encore pas tous, alors...


Dernière édition par Orlanda le Mar 15 Oct 2019 - 12:01, édité 1 fois

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par maldoror1 Mar 15 Oct 2019 - 11:56
Zagara a écrit:@BlackMail : Change de médecin, elle te dit n'importe quoi. Tout médecin peut prescrire une interruption de plus d'une semaine pour burn out, ce n'est pas la compétence exclusive de la médecine du travail (qui de toute façon, chez nous, est évanescente).
C'est clair, c'est n'importe quoi. Mon médecin m'a arrêtée un mois et demi l'an dernier, pour grosse dépression. Courage Blackmail !!!

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Elberta
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par Elberta Mar 15 Oct 2019 - 12:00
@Orlanda
J'aurais pu écrire ton message. Il est le reflet exact de ce que je vis quotidiennement.
lyp
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par lyp Mar 15 Oct 2019 - 12:00
Bien sûr qu'il faut demander un arrêt, et avant qu'il ne soit trop tard, un burn-out on en garde des séquelles.

C'est aussi important pour mettre notre employeur face à ses responsabilités (peu d'arrêt = tout va bien = je peux encore charger la barque).
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