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olive27400
Niveau 7

INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par olive27400 Lun 17 Juil 2023 - 12:38
Sharplyobjective a écrit:
Ichkit a écrit:Bonjour à tous,



Lauréate du CAPES externe d'allemand, je suis affectée dans l'Académie de Bordeaux.
L'académie est très grande et vu mon rang, je crains d'être affectée dans un établissement très loin de l'INSPE et je n'ai pas le permis.

Je suis déjà titulaire d'un M2 d'une autre matière et j'ai passé le concours grâce à ce diplôme.

Si les temps de trajets sont vraiment exorbitants (par exemple plus de 2 ou 3h), y a-t-il des possibilités de suivre les enseignements de l'INSPE en distanciel?


Merci par avance !

Hello ! Je suis (presque) dans ton cas : contractuelle depuis 3 ans en "lettres-anglais" (lycée pro), j'ai eu le CAPES cette année.

Je pensais, comme tous les contractuels, être affectée d'office dans mon académie (Bordeaux), à 18h. SAUF QUE... !

Il se trouve que "Lettres-Anglais" et "Anglais" ne sont pas des matières "connexes" et que donc, je ne peux ni être affectée d'office, ni être à 18h, car mon expérience n'est pas considérée comme "significative".

Je dispose malgré tout d'énormément de points (mariage, enfant, ancienneté AED + contractuelle, points de rang) et j'espère que cela suffira pour rester sur Bordeaux. Réponse dans 5 jours.

Ça aurait pu s'arrêter là, mais ça aurait été trop simple !

Il se trouve que cette année, tous les postes "stagiaire 9h" vont visiblement être regroupés en Gironde, à 2h minimum de chez moi. Ce qui donne donc : 2h de route aller + 2h retour le lundi, mardi, mercredi (pour les fameuses 9h devant heures devant élèves) ET même temps de trajet pour l'INSPE le jeudi et vendredi (aussi en Gironde)...

Le pompon, c'est que je sais qu'un poste stagiaire 18h est disponible à 10 min en vélo de chez moi... À savoir qu'il s'agit d'un département ultra déficitaire, où personne ne veut aller et que ce poste fera peut-être partie des non pourvus qui finira probablement par être proposé à un contractuel. En gros, si je veux avoir une chance de l'obtenir, il me suffit de renoncer au CAPES et de rester contractuelle. Là, on voudra bien me le donner, sans aucun problème. On marche sur la tête...

Bref, je suis démoralisée... J'étais tellement fière d'avoir réussi, pleine de passion, d'énergie... J'avais commencé à faire l'ébauche de plein de séquences, acheter des ouvrages, du matériel, à préparer des affiches pour ma classe... Mais très clairement, la perspective de passer le plus clair de mon temps dans les transports, de rentrer pile poil pour mettre mon fils au lit et repartir le lendemain matin avant même qu'il soit réveillé, ça a annihilé toute envie. Sans parler du gouffre financier que ça représente.

Nous venons de déménager dans ce département après l'achat d'un bien immobilier. Mon fils de 6 ans doit faire le deuil de son ancienne maison, son école, ses habitudes, ses copains... Et maintenant, sa maman va devoir être absente la semaine et ne rentrer que les weekend. Je me sens coupable. J'ai l'impression d'être en train de sacager non seulement ma vie de famille, mais aussi la scolarité de mon fils. Et tout ça pour essayer de sauver celle des enfants des autres, un comble !

Ça aurait si simple de me donner ce poste à 18h ou au moins de proposer des formations en visio... On nous bassine avec la bienveillance, mais l'EN n'en a aucune pour ses enseignants. Et je ne parle même pas de l'impact écologique qui pourrait être tellement amoindri ! C'est une honte de faire faire autant de kilomètres à ses employés alors qu'il serait tout à fait possible de faire autrement. Honnêtement, je trouve ça grave et irresponsable.

L'interne et le 3e concours étaient censés permettre à des gens ayant une vie de famille et/ou un parcours professionnel atypique d'avoir accès à cette profession, mais finalement, ce n'est que de la poudre aux yeux : la plupart des lauréats sont forcés de renoncer quand ils réalisent que, même en retournant le problème dans tous les sens, ce n'est pas viable, pas vivable. Pas sans sacrifices qui peuvent avoir des effets désastreux, tant sur la santé physique que mentale.

Je me sens tellement méprisée et en colère, avant même d'avoir commencé. J'ai l'impression que ces 3 années d'enseignement sont piétinées par cette obligation de formation à l'INSPE... Je trouve ça très chouette que des AED, des AESH ou des gens du privé puissent tenter leur chance et réussir. Mais en revanche, je trouve aussi ça terriblement injuste d'être considérée de la même façon en ayant 3 ans d'ancienneté dans l'enseignement.

Quand on me confiait des Section Euro, des Terminales, des BTS des élèves à besoins particuliers, le tout pour un salaire de misère, mon absence de Master ou le fait que je jongle entre "Anglais" et "Lettres-Anglais", tout ça, ça ne posait de problème à personne. Il aura fallu que j'ai le concours pour qu'on décrète que, finalement, je n'étais qu'une sombre bouse qu'il fallait ab-so-lu-ment former. Il était temps de s'en rendre compte !

Et me former à quoi, au juste ? À la laïcité ? Je travaille depuis des années dans des établissements où la laïcité est une problématique sensible... La formation, que j'ai reçue sur le terrain est, je pense, beaucoup plus ancrée dans le réel que les powerpoints édulcorés qu'on va me servir à l'INSPE. À la différenciation ? Je rappelle que je viens de lycée pro et que certains de mes élèves, en échec scolaire (souvent à cause de troubles dys non ou récemment diagnostiqués ET/OU handicap) ne savent ni lire ni écrire (oui, vraiment). Là encore, merci l'INSPE, mais je ne vous ai pas attendu pour trouver une solution et m'adapter. Et enfin, à l'égalité fille/garçon ? Je suis une femme qui subit, au quotidien et depuis 32 ans, les discriminations d'une société patriarcale : vraiment, ai-je besoin de rajouter quoi que ce soit ? C'est une vaste blague. Une vaste blague qui me fait rire, mais bien jaune.

Bref, tout ça pour dire (désolée, j'étais partie pour un message court, mais j'avais besoin de vider mon sac) : j'ai grandement besoin d'être rassurée quant à cette année de stage qui me terrifie et me démotive avant même de l'avoir entamée.

Pourrais-tu me raconter comment s'est finalement déroulée ton année ? As-tu tenu le coup ? As-tu pu rester sur Bordeaux après ta titularisation ?

Merci d'avance.

Marine

Bonjour Marine

Félicitations pour ton CAPES.

Je comprends ton désarroi face à cette situation mais un peu de distance ne ferait pas de mal, notamment dans tes propos.
Quand tu revendiques qu'on tienne compte de tes 3 ans d'ancienneté, tu sais bien que professeur titulaire comme toi mettent des années à avoir un poste, à retourner près de chez eux.
On pourrait aussi dire que tu connaissais la maison avant d'y entrer et pourtant tu as fait le choix d'acheter un bien sans savoir où tu serais. Et après, il faudrait que tout s'adapte pour toi. C'est compliqué. Combien de jeunes ou moins jeunes profs sont envoyés loin de chez eux ?
Je comprends l'énervement quand on sait qu'un poste est libre à proximité mais peut-être qu'il intéresse d'autres personnes que toi. La présence des syndicats lors des CAPA permettait parfois d'améliorer les situations et permet de s'assurer la régularité de la mutation.

Mais si on revient au post, que l'INSPE s'améliore, fasse du téléenseignement ou des lieux de formation de proximité dans les académies qui sont toujours plus grandes, je souscris et espère que tu pourras éviter ces déplacements inutiles.
Jenny
Jenny
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INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 12:42
Sharplyobjective a écrit: À savoir qu'il s'agit d'un département ultra déficitaire, où personne ne veut aller et que ce poste fera peut-être partie des non pourvus qui finira probablement par être proposé à un contractuel. En gros, si je veux avoir une chance de l'obtenir, il me suffit de renoncer au CAPES et de rester contractuelle. Là, on voudra bien me le donner, sans aucun problème. On marche sur la tête...

Le noeud du problème est là... De plus en plus, les contractuels passent avant les titulaires. En tant que titulaire, il ne te suffira pas de demander un poste, même s'il est libre.

Bon courage. Mais effectivement, un poste près de chez soi, ce n'est pas simple à obtenir, surtout au bout de 3 ans d'ancienneté.
paloma75
paloma75
Niveau 2

INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par paloma75 Lun 17 Juil 2023 - 13:43
olive27400 a écrit:
Sharplyobjective a écrit:
Ichkit a écrit:Bonjour à tous,



Lauréate du CAPES externe d'allemand, je suis affectée dans l'Académie de Bordeaux.
L'académie est très grande et vu mon rang, je crains d'être affectée dans un établissement très loin de l'INSPE et je n'ai pas le permis.

Je suis déjà titulaire d'un M2 d'une autre matière et j'ai passé le concours grâce à ce diplôme.

Si les temps de trajets sont vraiment exorbitants (par exemple plus de 2 ou 3h), y a-t-il des possibilités de suivre les enseignements de l'INSPE en distanciel?


Merci par avance !

Hello ! Je suis (presque) dans ton cas : contractuelle depuis 3 ans en "lettres-anglais" (lycée pro), j'ai eu le CAPES cette année.

Je pensais, comme tous les contractuels, être affectée d'office dans mon académie (Bordeaux), à 18h. SAUF QUE... !

Il se trouve que "Lettres-Anglais" et "Anglais" ne sont pas des matières "connexes" et que donc, je ne peux ni être affectée d'office, ni être à 18h, car mon expérience n'est pas considérée comme "significative".

Je dispose malgré tout d'énormément de points (mariage, enfant, ancienneté AED + contractuelle, points de rang) et j'espère que cela suffira pour rester sur Bordeaux. Réponse dans 5 jours.

Ça aurait pu s'arrêter là, mais ça aurait été trop simple !

Il se trouve que cette année, tous les postes "stagiaire 9h" vont visiblement être regroupés en Gironde, à 2h minimum de chez moi. Ce qui donne donc : 2h de route aller + 2h retour le lundi, mardi, mercredi (pour les fameuses 9h devant heures devant élèves) ET même temps de trajet pour l'INSPE le jeudi et vendredi (aussi en Gironde)...

Le pompon, c'est que je sais qu'un poste stagiaire 18h est disponible à 10 min en vélo de chez moi... À savoir qu'il s'agit d'un département ultra déficitaire, où personne ne veut aller et que ce poste fera peut-être partie des non pourvus qui finira probablement par être proposé à un contractuel. En gros, si je veux avoir une chance de l'obtenir, il me suffit de renoncer au CAPES et de rester contractuelle. Là, on voudra bien me le donner, sans aucun problème. On marche sur la tête...

Bref, je suis démoralisée... J'étais tellement fière d'avoir réussi, pleine de passion, d'énergie... J'avais commencé à faire l'ébauche de plein de séquences, acheter des ouvrages, du matériel, à préparer des affiches pour ma classe... Mais très clairement, la perspective de passer le plus clair de mon temps dans les transports, de rentrer pile poil pour mettre mon fils au lit et repartir le lendemain matin avant même qu'il soit réveillé, ça a annihilé toute envie. Sans parler du gouffre financier que ça représente.

Nous venons de déménager dans ce département après l'achat d'un bien immobilier. Mon fils de 6 ans doit faire le deuil de son ancienne maison, son école, ses habitudes, ses copains... Et maintenant, sa maman va devoir être absente la semaine et ne rentrer que les weekend. Je me sens coupable. J'ai l'impression d'être en train de sacager non seulement ma vie de famille, mais aussi la scolarité de mon fils. Et tout ça pour essayer de sauver celle des enfants des autres, un comble !

Ça aurait si simple de me donner ce poste à 18h ou au moins de proposer des formations en visio... On nous bassine avec la bienveillance, mais l'EN n'en a aucune pour ses enseignants. Et je ne parle même pas de l'impact écologique qui pourrait être tellement amoindri ! C'est une honte de faire faire autant de kilomètres à ses employés alors qu'il serait tout à fait possible de faire autrement. Honnêtement, je trouve ça grave et irresponsable.

L'interne et le 3e concours étaient censés permettre à des gens ayant une vie de famille et/ou un parcours professionnel atypique d'avoir accès à cette profession, mais finalement, ce n'est que de la poudre aux yeux : la plupart des lauréats sont forcés de renoncer quand ils réalisent que, même en retournant le problème dans tous les sens, ce n'est pas viable, pas vivable. Pas sans sacrifices qui peuvent avoir des effets désastreux, tant sur la santé physique que mentale.

Je me sens tellement méprisée et en colère, avant même d'avoir commencé. J'ai l'impression que ces 3 années d'enseignement sont piétinées par cette obligation de formation à l'INSPE... Je trouve ça très chouette que des AED, des AESH ou des gens du privé puissent tenter leur chance et réussir. Mais en revanche, je trouve aussi ça terriblement injuste d'être considérée de la même façon en ayant 3 ans d'ancienneté dans l'enseignement.

Quand on me confiait des Section Euro, des Terminales, des BTS des élèves à besoins particuliers, le tout pour un salaire de misère, mon absence de Master ou le fait que je jongle entre "Anglais" et "Lettres-Anglais", tout ça, ça ne posait de problème à personne. Il aura fallu que j'ai le concours pour qu'on décrète que, finalement, je n'étais qu'une sombre bouse qu'il fallait ab-so-lu-ment former. Il était temps de s'en rendre compte !

Et me former à quoi, au juste ? À la laïcité ? Je travaille depuis des années dans des établissements où la laïcité est une problématique sensible... La formation, que j'ai reçue sur le terrain est, je pense, beaucoup plus ancrée dans le réel que les powerpoints édulcorés qu'on va me servir à l'INSPE. À la différenciation ? Je rappelle que je viens de lycée pro et que certains de mes élèves, en échec scolaire (souvent à cause de troubles dys non ou récemment diagnostiqués ET/OU handicap) ne savent ni lire ni écrire (oui, vraiment). Là encore, merci l'INSPE, mais je ne vous ai pas attendu pour trouver une solution et m'adapter. Et enfin, à l'égalité fille/garçon ? Je suis une femme qui subit, au quotidien et depuis 32 ans, les discriminations d'une société patriarcale : vraiment, ai-je besoin de rajouter quoi que ce soit ? C'est une vaste blague. Une vaste blague qui me fait rire, mais bien jaune.

Bref, tout ça pour dire (désolée, j'étais partie pour un message court, mais j'avais besoin de vider mon sac) : j'ai grandement besoin d'être rassurée quant à cette année de stage qui me terrifie et me démotive avant même de l'avoir entamée.

Pourrais-tu me raconter comment s'est finalement déroulée ton année ? As-tu tenu le coup ? As-tu pu rester sur Bordeaux après ta titularisation ?

Merci d'avance.

Marine

Bonjour Marine

Félicitations pour ton CAPES.

Je comprends ton désarroi face à cette situation mais un peu de distance ne ferait pas de mal, notamment dans tes propos.
Quand tu revendiques qu'on tienne compte de tes 3 ans d'ancienneté, tu sais bien que professeur titulaire comme toi mettent des années à avoir un poste, à retourner près de chez eux.
On pourrait aussi dire que tu connaissais la maison avant d'y entrer et pourtant tu as fait le choix d'acheter un bien sans savoir où tu serais. Et après, il faudrait que tout s'adapte pour toi. C'est compliqué. Combien de jeunes ou moins jeunes profs sont envoyés loin de chez eux ?
Je comprends l'énervement quand on sait qu'un poste est libre à proximité mais peut-être qu'il intéresse d'autres personnes que toi.  La présence des syndicats lors des CAPA permettait parfois d'améliorer les situations et permet de s'assurer la régularité de la mutation.

Mais si on revient au post, que l'INSPE s'améliore, fasse du téléenseignement ou des lieux de formation de proximité dans les académies qui sont toujours plus grandes, je souscris et espère que tu pourras éviter ces déplacements inutiles.

Merci pour ce message olive, tu ne sais pas à quel point cela me fait du bien que quelqu'un l'ait écrit.
Matteo
Matteo
Niveau 10

INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par Matteo Lun 17 Juil 2023 - 13:56
Il y a une bonification très significative pour les anciens contractuels qui fait qu'il n'est pas du tout aberrant d'espérer rester chez soi même si bien sur il y a toujours une part de chance. Ce qui est aberrant c'est la non-reconnaissance de l'équivalence lettres-anglais et anglais et c'est entièrement du fait du ministère.
epekeina.tes.ousias
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Modérateur

INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par epekeina.tes.ousias Lun 17 Juil 2023 - 13:56
N.B. Les lauréats des concours de recrutement d'enseignants sont, durant leur première année, en stage (conformément aux règles générales de la fonction publique). Les rectorats ont la responsabilité d'assurer leur formation, dont une partie est confiée/imposée aux INSPE (lesquelles ne courent pas après vu le manque général de moyens dans les universités) : sous la forme d'un DU financé par ledit rectorat, dont le “cahier des charges” est largement imposé, de même que l'inscription des fonctionnaires stagiaires qui ne dépend pas de l'INSPE. Cette formation est une obligation de service faite aux fonctionnaires stagiaires et c'est pourquoi les rectorats exigent la signature d'une feuille de présence. En d'autres termes, si la présence est indispensable et s'il n'y a pas d'enseignement à distance, cela tient à une obligation institutionnelle qui vient de l'EN — et non d'un caprice des INSPE. À quoi j'ajoute qu'à regarder la réforme qui sera sans doute imposée l'année prochaine (et mise en œuvre, dit-on, pour la rentrée 2025), cela ne risque pas de changer.

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INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par lene75 Lun 17 Juil 2023 - 14:27
Il y a quand même un sérieux problème à l'EN. Quand on a 32 ans, un conjoint, un enfant, et plusieurs années d'expérience professionnelle, c'est un peu normal d'être installé dans la vie et de ne plus vouloir / pouvoir bouger (je suppose que le conjoint a lui aussi un travail dont il ne peut pas changer en un claquement de doigts et pour seulement une année scolaire avant d'atterrir ailleurs). C'est vrai que ceux qui sont titulaires depuis des années peuvent être encore plus mal lotis, mais ce n'est pas une justification, au contraire, ça fait partie du problème.

Marine, tu parles de société patriarcale et de leçons que donne l'EN sur l'égalité filles / garçons, tu as tout à fait raison. La mobilité professionnelle forcée, en particulier dès qu'on veut évoluer professionnellement, en est un reste : c'est viable quand madame et les enfants suivent monsieur, ça ne l'est plus quand les deux membres du couple sont à égalité et qu'on se soucie de l'intérêt de l'enfant. Ou plus précisément, ça oblige à revenir au modèle "classique", et c'est comme ça que les femmes évoluent moins professionnellement que les hommes. Je te rejoins aussi complètement sur l'incohérence de l'EN censée se soucier du bien-être des enfants mais qui ne tient aucun compte des enfants de ses agents. Je vois mal comment on peut reprocher aux parents d'élèves de ne pas assez s'occuper de leurs enfants quand l'institution même qui formule ce reproche empêche ses agents de s'occuper des leurs.

Bref, ça ne fera rien avancer, mais je comprends tout à fait ton coup de gueule, et je crois que pour recruter, l'EN va devoir évoluer, surtout maintenant avec la concurrence du télétravail pour les bac+5.
Prezbo
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INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par Prezbo Lun 17 Juil 2023 - 14:38
Il y a aussi un problème simple : créer des berceaux de stagiaires loin des INSPE, c'est de la maltraitance, tout simplement. Je connais peu de structures qui comme L'EN recrutent des personnels à bac+5 sans se soucier de leurs conditions concrètes d'entrée dans le métier, comme si celle-ci devait obligatoirement être un bizutage. L'année de stage est notoirement éprouvante, inutile d'en rajouter avec des contraintes impossibles. Le manque d'attractivité actuelle des concours devrait être une occasion d'y réfléchir. (Spoiler : cela n'arrivera pas, elle sera juste un prétexte à augmenter la proportion de contractuels.)

Je ne sais pas quelle serait la solution, passer une partie de la formation à distance (ce qui correspond par ailleurs aux évolutions du monde du travail actuel) ou réfléchir à l'implantation des berceaux (mais cela désavantagerait les établissements isolés), mais comme d'habitude on préférera rester dans un statu-quo toxique.
epekeina.tes.ousias
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INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par epekeina.tes.ousias Lun 17 Juil 2023 - 14:39
lene75 a écrit:Bref, ça ne fera rien avancer, mais je comprends tout à fait ton coup de gueule, et je crois que pour recruter l'EN va devoir évoluer, surtout maintenant avec la concurrence du télétravail pour les bac+5.

Il se dit — depuis un peu plus d'un an et demi, et de façon très nette depuis 2 ou 3 mois — que cela passera pas : la création de licences menant à l'enseignement, un concours de recrutement placé à l'issue de la L3, suivi de deux années sous le statut de stagiaire (il faudra adapter la loi) rémunéré dans des masters probablement “professionnalisant” et par alternance, et titularisation à l'issue dudit master.

Avantage : les deux années post L3 seront rémunérées et compteront dans la durée de la carrière. Très explicitement, il s'agit de remédier à la crise des recrutements, qui est aussi un effet des précédentes réformes (concours à l'issue du M2 = 1 an de moins dans la rémunération et la carrière + réforme des retraites). Inconvénient : les stagiaires, durant les deux années d'un master qui sera probablement fortement contraint par “l'État employeur” dans ses contenus et ses horaires, seront à cheval sur le lieu de formation (au mieux l'un des sites départementaux de l'INSPE intégrée à une université, sinon le site “central”, càd sur le campus de d'U.).

L'inscription côté formation se fera probablement (pari par expérience) sur un certain nombre de critères prenant en compte les situations (familiales, de santé), mais sachant que les universités n'ont pas les moyens d'avoir des sites partout ni de les multiplier… L'implantation, côté stages, sera décidée par l'EN (on n'a, pour l'instant aucune idée des quotités exactes, mais il est probable qu'elles seront élevées de ce côté). Sur le point de la distance entre stage et formation, cela ne risque guère de changer vu l'état des besoins en heures d'enseignement dans l'EN.

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Jenny
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par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 14:43
lene75 a écrit:Il y a quand même un sérieux problème à l'EN. Quand on a 32 ans, un conjoint, un enfant, et plusieurs années d'expérience professionnelle, c'est un peu normal d'être installé dans la vie et de ne plus vouloir / pouvoir bouger (je suppose que le conjoint a lui aussi un travail dont il ne peut pas changer en un claquement de doigts et pour seulement une année scolaire avant d'atterrir ailleurs). C'est vrai que ceux qui sont titulaires depuis des années peuvent être encore plus mal lotis, mais ce n'est pas une justification, au contraire, ça fait partie du problème.

Le barème est encore ce qui garantit le moins d'inégalités.
3 ans d'ancienneté, c'est peu. Quand au conjoint et aux enfants, ils sont pris en compte.

D'autre part, il faut attendre une affectation avant de râler. Tous les postes 9h dans le même département, j'ai un doute, ne serait-ce que parce qu'il va falloir trouver des tuteurs.
Autoriser les stagiaires à suivre certains cours en visio, pourquoi pas ? Tous les cours, ça ne me semble pas vraiment souhaitable, c'est bien aussi d'échanger avec les autres stagiaires et de ne pas être isolé devant son ordi.
Mettre systématiquement les stagiaires près de chez eux n'est pas possible. La mobilité fait partie aussi du statut. Sinon, on supprime le statut de fonctionnaire et on accepte que certains territoires soient désavantagés... Certes, les PE ne sont pas recrutés nationalement, mais ça pose encore plus de problème et n'évite pas la pénurie.
epekeina.tes.ousias
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INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par epekeina.tes.ousias Lun 17 Juil 2023 - 14:45
Prezbo a écrit:Il y a aussi un problème simple : créer des berceaux de stagiaires loin des INSPE, c'est de la maltraitance

C'est factuellement vrai. Il n'en reste pas moins que c'est encore plus bête que cela : ce ne sont pas des “créations”. Actuellement, l'EN repère les endroits où il y a des besoins et y implante des stagiaires, soit à plein temps (=détenteurs d'un MEEF), soit à mi-temps (=détenteurs d'un “autre” master) — quitte par ex. (dans le premier degré) à “regrouper” d'autorité deux mi-temps de titulaires sur la même classe pour dégager un plein temps, dans le premier cas. S'y ajoutent l'exigence de trouver un ou des tuteurs pas trop loin du lieu de stage et quelques autres contraintes. C'est l'ensemble de la gestion des postes dans l'Académie qui conditionne ce jeu de “chaises musicales”.


Dernière édition par epekeina.tes.ousias le Mar 18 Juil 2023 - 19:04, édité 1 fois

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par lene75 Lun 17 Juil 2023 - 15:01
Prezbo, je croyais aussi à l'augmentation des contractuels, et c'est peut-être ce qu’espérait le gouvernement, mais même ça ça ne fonctionne plus. Les académies comme la mienne, qui souffrent le plus du manque de titulaires, n'arrivent pas non plus à recruter de contractuels, même dans des disciplines, comme la mienne, qui ne sont pas (encore ?) déficitaires aux concours.

Édit : et donc je ne comprends pas ton argument, Jenny, puisque la situation actuelle génère une énorme inégalité territoriale. Ce n'est plus un secret pour personne que les académies de Versailles et de Créteil sont sinistrées aussi bien dans le secondaire à recrutement national que dans le primaire à recrutement local. Et j'imagine que c'est pareil plus localement dans d'autres académies. Quand il n'y a plus assez de recrutements pour pourvoir tous les postes, ça ne peut qu'augmenter les inégalités territoriales, et forcer les gens à avoir des conditions intenables ne fait qu'augmenter la crise du recrutement et les démissions... et donc les inégalités territoriales.
La question n'est pas seulement idéologique, elle est aussi purement pragmatique : il y a une crise majeure du recrutement, aussi bien de titulaires que de contractuels, plus sensible dans certaines académies que dans d'autres, qui mériterait que les choses soient remises à plat. Or la crainte de la mobilité forcée est quand même un argument qu'on retrouve régulièrement chez les gens qui renoncent à passer les concours, plus particulièrement encore pour les secondes carrières. C'est un frein énorme.
Jenny
Jenny
Médiateur

INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 15:05
Tu crois vraiment qu'avec un recrutement local, il y aurait moins de pénurie ?
Le concours garantit le même niveau partout. C'est aussi essentiel.
Comme je le disais, il suffit de regarder le CRPE pour voir ce que ça donnerait. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Le salaire joue aussi beaucoup (et sans doute beaucoup plus) dans les problèmes de recrutement. Arrêter de favoriser les contractuels sur les affectations serait déjà un bon point parce que ça dégrade les conditions d'exercice des TZR (et donc de nombreux collègues en début et en milieu de carrière) et ça ne laisserait pas penser qu'on peut avoir forcément un "poste à 10 min de chez soi" parce qu'on le demande. Ca ne fonctionne pas comme ça dans la FP. Par ailleurs, les mutations sur le territoire national ne concerne pas que les enseignants. Les raisons de la crise de recrutement sont à chercher ailleurs.
epekeina.tes.ousias
epekeina.tes.ousias
Modérateur

INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 Empty Re: INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ?

par epekeina.tes.ousias Lun 17 Juil 2023 - 15:13
Jenny a écrit:Tu crois vraiment qu'avec un recrutement local, il y aurait moins de pénurie ?
Le concours garantit le même niveau partout. C'est aussi essentiel.
Comme je le disais, il suffit de regarder le CRPE pour voir ce que ça donnerait. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Le salaire joue aussi beaucoup (et sans doute beaucoup plus) dans les problèmes de recrutement. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Pour le premier degré : le salaire (25% de moins, en moyenne en EQTP par rapport aux autres catégories A de la FP), l'augmentation du nombre d'élèves par classes (dans les zones peu denses et dans les zones “difficiles”), le manque criant de moyens pour réaliser l'inclusion scolaire (loi de 2005 + austérité budgétaire), les difficultés inhérentes aux postes qui échoient (massivement) aux entrants (2, 3 niveaux, etc., ce qui s'ajoute au paramètre précédent), les injonctions contradictoires (par ex. différencier, avec plus d'élèves et sans l'accompagnement suffisant), l'alourdissement (qui croît avec l'ancienneté) des charges (administratives) de travail et la perte d'autonomie au travail qui s'ensuit (ce que les entrants constatent chez leurs collègues plus anciens).

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par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 15:16
epekeina.tes.ousias a écrit:
Jenny a écrit:Tu crois vraiment qu'avec un recrutement local, il y aurait moins de pénurie ?
Le concours garantit le même niveau partout. C'est aussi essentiel.
Comme je le disais, il suffit de regarder le CRPE pour voir ce que ça donnerait. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Le salaire joue aussi beaucoup (et sans doute beaucoup plus) dans les problèmes de recrutement. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Pour le premier degré : le salaire (25% de moins, en moyenne en EQTP par rapport aux autres catégories A de la FP), l'augmentation du nombre d'élèves par classes (dans les zones peu denses et dans les zones “difficiles”), le manque criant de moyens pour réaliser l'inclusion scolaire (loi de 2005 + austérité budgétaire), les difficultés inhérentes aux postes qui échoient (massivement) aux entrants (2, 3 niveaux, etc., ce qui s'ajoute au paramètre précédent), les injonctions contradictoires (par ex. différencier, avec plus d'élèves et sans l'accompagnement suffisant), l'alourdissement (qui croît avec l'ancienneté) des charges (administratives) de travail et la perte d'autonomie au travail qui s'ensuit (ce que les entrants constatent chez leurs collègues plus anciens).

Merci de compléter à juste titre. Tu as raison d'évoquer tous ces facteurs qui me semblent essentiels.
epekeina.tes.ousias
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par epekeina.tes.ousias Lun 17 Juil 2023 - 15:30
Jenny a écrit:
epekeina.tes.ousias a écrit:
Jenny a écrit:Tu crois vraiment qu'avec un recrutement local, il y aurait moins de pénurie ?
Le concours garantit le même niveau partout. C'est aussi essentiel.
Comme je le disais, il suffit de regarder le CRPE pour voir ce que ça donnerait. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Le salaire joue aussi beaucoup (et sans doute beaucoup plus) dans les problèmes de recrutement. INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 1665347707

Pour le premier degré : le salaire (25% de moins, en moyenne en EQTP par rapport aux autres catégories A de la FP), l'augmentation du nombre d'élèves par classes (dans les zones peu denses et dans les zones “difficiles”), le manque criant de moyens pour réaliser l'inclusion scolaire (loi de 2005 + austérité budgétaire), les difficultés inhérentes aux postes qui échoient (massivement) aux entrants (2, 3 niveaux, etc., ce qui s'ajoute au paramètre précédent), les injonctions contradictoires (par ex. différencier, avec plus d'élèves et sans l'accompagnement suffisant), l'alourdissement (qui croît avec l'ancienneté) des charges (administratives) de travail et la perte d'autonomie au travail qui s'ensuit (ce que les entrants constatent chez leurs collègues plus anciens).

Merci de compléter à juste titre. Tu as raison d'évoquer tous ces facteurs qui me semblent essentiels.

Mais tu as raison : la faiblesse des rémunérations (et dans la durée longue) est l'élément déterminant. Il se trouve que les autres points viennent renforcer le point le plus répulsif*, à savoir être payé au lance-pierre. Quelque chose comme : “non seulement, ce n'est pas payé lourd, mais en plus…” Et les effets de “spirale” sont particulièrement délétères : par ex. qui dit manque de profs, dit augmentation de contractuels, donc déclin des rémunérations ou maintien de celles-ci à un bas niveau, plus difficultés croissantes à intégrer lesdits contractuels, parfois aux dépens des titulaires, etc. Ou encore : qui dit jeune prof ou “entrant” dit “poste de débutant” = postes difficiles, peu gratifiants, situés “en bas de l'échelle” non seulement du point de vue traitement, mais du point de vue satisfactions professionnels, avec peu d'espoir de “PPCR” positifs, souvent mal situés donc demandant de l'investissement en argent et en énergie, etc.

* Au point où l'on en est, dire “manque d'attractivité” alors que l'on voit le nombre de démissions et d'abandons augmenter, c'est un euphémisme coupable pour ne pas dire “répulsif”.

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par lene75 Lun 17 Juil 2023 - 15:34
Je te retourne l'argument, Jenny : comment expliquer qu'il n'y ait pas moins de pénurie localement avec un recrutement national pour le secondaire qu'avec un recrutement local pour le CRPE ? On pourrait répartir la pénurie en affectant plus de monde en extension dans les académies déficitaires et en générant ainsi artificiellement une pénurie dans les académies qui ne sont pas déficitaires, mais ça ne ferait qu’aggraver le problème en faisant fuir encore plus de monde.

Le concours ne garantit pas du tout un même niveau sur tout le territoire quand une proportion non négligeable des enseignants n'a pas le concours (et quand de nombreux élèves passent de longues périodes sans prof dans certaines matières). Je peux te dire que parmi les contractuels, on en voit des vertes et des pas mûres. Il y en a de très bien, qui prennent souvent leurs jambes à leur cou quand ils voient ce qui les attend, mais il y en a aussi de très folklo. Or quand on arrive à des proportions de 20% de contractuels comme dans mon établissement, et de 80% dans certaines disciplines, c'est loin d'être négligeable.

Il y a une combinaison de facteurs, dont le salaire fait partie, mais je suis persuadée qu'un alignement du salaire ne suffirait pas, les conditions de travail ne sont pas à négliger : à bac+5, quand on peut gagner trois fois plus en restant près de chez soi, avec parfois 4 jours sur 5 de télétravail et la possibilité de remote télétravail pendant les vacances scolaires, les gens ne réfléchissent pas un instant, mais à salaire égal ils y réfléchiraient quand même à deux fois avant de signer un chèque en blanc à l'EN pour les envoyer n'importe où dans n'importe quelles conditions sans aucune certitude pour l'avenir.

Édit : les messages précédents m'ont devancée.
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par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 15:43
La pénurie est plus marquée dans le primaire, Lene, même dans l'académie de Versailles.
Quand je parle de salaire, il est évident que je ne parle pas de 100 euros d'augmentation, ni même de 500. Quand on travaille, on ne s'installe pas forcément là où on veut de toute manière et on ne peut pas toujours télétravailler.
Il me semble que d'autres secteurs de la FP sont moins marqué par la désaffectation des concours. Pourtant, quand on passe un concours des douanes par exemple, on a un lieu de formation unique sur toute la France et on ne travaille pas juste à côté.
Spoiler:

Bref, on s'éloigne mais il faut avoir conscience que rester sur place n'est pas évident. Je complète en précisant que les bonifications de séparation de conjoints sont conséquentes, mais souvent à l'échelle interacadémique.
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par Clecle78 Lun 17 Juil 2023 - 16:25
Je ne connais pas grand monde autour de moi qui peut télétravailler. C'est tout de même réservé à une frange assez mince de la population. Et même avec un bac plus 5 actuellement pas si simple de trouver du travail. Quant à la désaffection des concours elle touche aussi d'autres ministères dont celui où travaille mon mari. Ils en sont à surpayer les contractuels au détriment des titulaires qui sont dégoûtés et se barrent dès qu'ils peuvent. D'ailleurs pour un contrat court je conseillerais davantage un contrat au ministère de la Défense qu'un contrat de prof. Mais la déprime et la démotivation sont grandes aussi. Tout ce qui faisait cohésion est en train de disparaitre. Mais pour revenir à l'éducation nationale supprimer les concours nationaux serait catastrophique dans mon coin loin de tout où personne ne veut ni ne peut venir (pas de transports corrects et pas de logement à prix décent. Sans les tzr on ne tournerait pas)
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par lene75 Lun 17 Juil 2023 - 17:00
À l'EN on ne s'installe pas où on trouve un travail, parce qu'on sait qu'on n'est affecté que pour un an et qu'on peut être envoyé n'importe où l'année suivante. Et si on veut bouger pour une raison x ou y, on ne peut pas : même si on a assez de points pour avoir l'académie de chute, c'est complètement à l'aveugle. On peut se retrouver à l'autre bout de l'académie. Si on prend une disponibilité, on perd son poste et on repasse à la loterie au retour. Ça peut aussi arriver en cas de mesure de carte scolaire, on peut se retrouver n'importe où. Et si on démissionne, on ne change pas seulement de poste mais on doit carrément changer de branche parce qu'il n'y a qu'un employeur. Les bâtons que le rectorat met dans les roues des gens qui veulent démissionner sont d'ailleurs significatifs du niveau de désarroi dans lequel il se trouve. Quant aux secondes carrières, précisément, ceux qui sont installés quelque part n'ont pas envie de tout perdre pour se lancer dans l'aventure de l'EN.

Je pense qu'on ne peut pas se focaliser sur un seul facteur. Quand on a des contractuels qui disent hésiter à renoncer au concours pour des raisons d'affectation et qui témoignent que c'est un aspect qui a fait renoncer d’autres contractuels (et c'est aussi quelque chose que j'entends autour de moi, aussi bien chez les jeunes qui renoncent à se lancer dans le métier que, encore plus, chez des personnes qui envisagent des reconversions ou des contractuels qui jettent l'éponge), je crois qu'il faut les entendre. Ça concerne au moins une partie des gens qui renoncent au métier, ou disons que les compensations à cet inconvénient ne suffisent plus et peut-être aussi que l'exil dure plus longtemps.

Et en effet, les attentes des potentiels candidats et la concurrence du secteur privé ne sont pas forcément les mêmes partout, et donc les aspects rédhibitoires pas forcément les mêmes pour tout le monde, mais il y en a visiblement suffisamment pour faire fuir trop de monde. Le marché du travail s'est retourné, on commence à parler de plein emploi à court terme, il est particulièrement dynamique pour les diplômés en IDF (et certains télétravaillent pour des entreprises basées à l'étranger), où les problèmes de recrutement de l'EN sont particulièrement importants et les conditions d'exercice difficiles. Donc oui, l'EN doit trouver des solutions pour ces académies sinistrées qui sont des répulsifs pour tout le monde (les provinciaux ont peur d'y être envoyés), et pour toutes les zones sinistrées. La contrainte ne fonctionne plus. Elle vide les concours. Il faut trouver des mesures incitatives.

Mon neveu a bac + 3. Il a fait un IUT en alternance en banlieue parisienne. Il n'aimait pas du tout son entreprise. Depuis le collège il rêvait d'être prof de physique. Il a commencé les démarches pour s'inscrire en master MEEF en début d'année scolaire. Finalement il n'a pas eu le temps de finaliser son inscription : il a été recruté à côté de chez lui par une entreprise privée sur un poste qui lui plaît beaucoup. Il gagne plus qu'un prof (mais il est jeune et inconscient : ce n'était pas un critère déterminant pour lui, l'impossibilité de refuser une affectation n'importe où, en revanche, lui faisait très peur), quand il accepte un déplacement (je suppose que ça finirait mal s'il refusait tout le temps, mais on ne le convoque pas, on lui propose, et si un jour il a prévu autre chose il peut passer son tour, ça change un peu la donne), il est logé dans des hôtels somptueux aux frais de la princesse et son salaire est augmenté de 30%. Et il a des perspectives intéressantes d'évolution professionnelle. À bac+3. L'EN est très loin de pouvoir offrir ça même à des bac+5, à qui elle fait signer des chèques en blanc pour un avenir incertain. Si elle veut des gens de ce niveau, il faut qu'elle s'en donne les moyens, et le salaire n'y suffira pas. Il y a tout le reste, aussi.

Édit : parmi les cadres ici, puisque c'est le niveau de recrutement qui devrait être celui de l'EN, je dirais qu'au moins 50% télétravaillent au moins un jour par semaine depuis le Covid (et souvent les couples s’arrangent pour se partager la semaine), et presque tous peuvent télétravailler exceptionnellement (grève de transports, enfant malade, maîtresse absente non remplacée, etc.).
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par Clecle78 Lun 17 Juil 2023 - 17:20
Effectivement mon fils ne veut pas passer le concours de peur d'être retenu prisonnier en région parisienne ou dans l'éducation nationale tout court. Il va certainement partir sur autre chose alors qu'il adore enseigner. Mais je ne vois pas trop de solution au problème. Peut-être un engagement limite à 5 ans dans la région de première affectation en plus d'une vraie revalorisation. Mais est-ce vraiment possible de promettre à chacun un poste dans la région de son choix ?
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par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 17:21
lene75 a écrit:Quand on a des contractuels qui disent hésiter à renoncer au concours pour des raisons d'affectation et qui témoignent que c'est un aspect qui a fait renoncer d’autres contractuels (et c'est aussi quelque chose que j'entends autour de moi, aussi bien chez les jeunes qui renoncent à se lancer dans le métier que, encore plus, chez des personnes qui envisagent des reconversions ou des contractuels qui jettent l'éponge), je crois qu'il faut les entendre. Ça concerne au moins une partie des gens qui renoncent au métier, ou disons que les compensations à cet inconvénient ne suffisent plus et peut-être aussi que l'exil dure plus longtemps.

Comment résoudre ce problème ? Les seules solutions que je vois sont pires que la situation actuelle... INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 999940070
On peut éventuellement fluidifier le mouvement (retour au mouvement à un tour ?), développer des compensations (aide au logement, vraie indemnité de résidence), mais je ne suis pas sûre que ça convaincrait les contractuels qui hésitent pour cette raison.

Clecle78 a écrit:Effectivement mon fils ne veut pas passer le concours de peur d'être retenu prisonnier en région parisienne ou dans l'éducation nationale tout court. Il va certainement partir sur autre chose alors qu'il adore enseigner. Mais je ne vois pas trop de solution au problème. Peut-être un engagement limite à 5 ans dans la région de première affectation en plus d'une vraie revalorisation. Mais est-ce vraiment possible de promettre à chacun un poste dans la région de son choix ?

Si on ne peut rester que 5 ans dans une académie, ce sera un vrai repoussoir !
Non, ce n'est pas possible. On abandonne l'idée d'un service public d'éducation dans ce cas.
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par Clecle78 Lun 17 Juil 2023 - 17:41
Jenny a écrit:
lene75 a écrit:Quand on a des contractuels qui disent hésiter à renoncer au concours pour des raisons d'affectation et qui témoignent que c'est un aspect qui a fait renoncer d’autres contractuels (et c'est aussi quelque chose que j'entends autour de moi, aussi bien chez les jeunes qui renoncent à se lancer dans le métier que, encore plus, chez des personnes qui envisagent des reconversions ou des contractuels qui jettent l'éponge), je crois qu'il faut les entendre. Ça concerne au moins une partie des gens qui renoncent au métier, ou disons que les compensations à cet inconvénient ne suffisent plus et peut-être aussi que l'exil dure plus longtemps.

Comment résoudre ce problème ? Les seules solutions que je vois sont pires que la situation actuelle... INSPE - Formation à distance ou dispense d'assiduité : possible ? - Page 2 999940070
On peut éventuellement fluidifier le mouvement (retour au mouvement à un tour ?), développer des compensations (aide au logement, vraie indemnité de résidence), mais je ne suis pas sûre que ça convaincrait les contractuels qui hésitent pour cette raison.

Clecle78 a écrit:Effectivement mon fils ne veut pas passer le concours de peur d'être retenu prisonnier en région parisienne ou dans l'éducation nationale tout court. Il va certainement partir sur autre chose alors qu'il adore enseigner. Mais je ne vois pas trop de solution au problème. Peut-être un engagement limite à 5 ans dans la région de première affectation en plus d'une vraie revalorisation. Mais est-ce vraiment possible de promettre à chacun un poste dans la région de son choix ?

Si on ne peut rester que 5 ans dans une académie, ce sera un vrai repoussoir !
Non, ce n'est pas possible. On abandonne l'idée d'un service public d'éducation dans ce cas.
Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.  Les stagiaires pourraient quitter l'académie de première affectation au bout de 5 ans pour l'académie de leur choix. Mais c'est juste une idée et je ne sais pas si ce serait possible.
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par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 17:45
S'il n'y a pas suffisamment de postes, ce n'est pas possible.
Et je pense pas que les "anciens" seraient d'accord.

Ou alors tu penses à 5 ans pour tous dans les académies les moins attractives, mais là, j'imagine le tollé... et pour certains académies très demandées, je ne suis pas sûre qu'il y ait assez de postes au bout des 5 ans.
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par Clecle78 Lun 17 Juil 2023 - 17:55
C'est le problème. En même temps on sait bien que même dans une académie très attractive il y a des coins délaissés. L'académie de Bordeaux donne une superprime de points à ceux qui restent 5 ans en Lot et Garonne. Je reste de toutes façons attachée au mouvement national car si on supprime ça c'est la mort du statut.
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par Jenny Lun 17 Juil 2023 - 18:03
Clecle78 a écrit:Je reste de toutes façons attachée au mouvement national car si on supprime ça c'est la mort du statut.

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par Cléopatra2 Lun 17 Juil 2023 - 18:34
Et il est quand même possible de vouloir s'installer dans une académie autre que son académie d'origine, ce qui est très difficile sans un mouvement national, on le voit avec les PE, bloqués.
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