Bavardages généralisés en classe

Il ne faut jamais les autoriser à parler tant que l'autorité n'est pas un acquis définitif. Sinon, ils s'engouffrent dans n'importe quelle brèche, dans n'importe quelle situation.
Une fois que ton autorité est devenue incontestable, un seul regard appuyé suffit, ( dans les classes normales, s'entend.)

Dicter en baissant la voix ? C'est ce que j'ai fini par faire avec les Secondes de l'enfer.
Faire dicter une réponse juste à un de leurs camarades qui est passé au tableau fonctionne plutôt bien (et ça fait entraînement à l'oral en prime, j'en profite pour travailler aussi la forme avec eux). J'ai cependant repris des activités, mais avec des phases dictées pour faire retomber le bruit. Au début de l'année, impossible de faire un exo en classe, ils papotaient tous avec les 3/4 qui ne fichaient rien.

Flo44 a écrit:Bonjour,
Je viens de relire TOUT le fil, c'était long !
J'ai un peu progressé sur la gestion de classe, mais il y a un point sur lequel je n'ai toujours rien de satisfaisant : comment reprendre la parole quand ils parlent.
Je précise : lorsque les élèves collent leur feuille, je les autorise à parler. Il y a évidemment le cas du travail en groupes (groupes de 2 ou 4 pour moi), qu'il faut bien interrompre à un moment pour corriger ou passer à autre chose.
Et là ça coince : les faire s'arrêter prend des plombes, il y en a toujours un qui continue, du coup d'autres recommencent, et c'est le mouvement perpétuel !
J'ai testé : STOP ! mais c'est stressant je trouve. J'ai testé trois petits coups avec la brosse au tableau et "votre attention s'il vous plaît, on fait le bilan / la correction / le cours). J'ai testé de dire : "on s'arrête" (avec une voix normale), puis je compte silencieusement jusqu'à 3 avec mes doigts et je prends les carnets de ceux qui parlent encore.
Mais aucune de ces "techniques" ne me satisfait. Quand je vois les cours des collègues, ils disent gentiement "on s'arrête" ou une phrase de ce genre, et comme par magie tout le monde écoute. Mais moi ça ne marche pas, je ne pige pas le "truc" qui fait que ça marche pour eux et pas pour moi.
Je voudrais surtout trouver un moyen "incitatif" avant le moyen "répressif" (le carnet) ... parfois le bruit est si fort qu'ils ne m'entendent même pas, et je refuse de crier (l'expérience m'a prouvé qu'il fallait d'ailleurs éviter à tout prix de crier, en tout cas pas plus d'1 ou 2 fois par an pour que ça ait vraiment de l'impact cette fois-là).
Merci pour vos idées et astuces.

Essaie d'inverser la situation: le "comment reprendre la parole quand ils parlent" devrait en ton for intérieur devenir " comment faire en sorte de leur faire comprendre que c'est moi qui distribue la parole"?
Bien entendu, comme dit plus haut, ça ne fonctionne qu'avec des élèves pas trop récalcitrants.
Si c'est une classe pas trop dure, l'adage " Dire ce que l'on fait, faire ce que l'on dit" fonctionne très bien: tu fais un effet d'annonce pour chaque activité, en partant du principe que tout ce que tu proposes dans ta classe est une activité. Leur dire "Je vous laisse X minutes pour coller vos feuilles mais je ne veux aucun bruit parce que..., sinon je mettrai un mot dans le carnet et vous aurez un travail supplémentaire à faire" ( par exemple) peut être efficace.
Tu dois être persuadée du bien-fondé de ta demande, proférée d'un ton sans appel c'est encore mieux.
Tu es maître dans ta classe, c'est toi qui décides et si tu décides qu'un cours se déroule dans le silence de A à Z, tu es dans ton droit ( je dis ça mais à ce stade de l'année je me bats encore pour des déplacements intempestifs en classe ou des échanges de matériel qui me rendent folle, mais disons que l'idéal des consignes qu'on leur donne ne doit jamais être loin dans notre cerveau, en exigeant beaucoup on obtient peu, alors il vaut mieux exiger sous peine de se sentir vite débordé!!)
Tu minutes les petites actions ( découpages, collages...), tu dis aux élèves dans quelles conditions tu veux que ces actions aient lieu, tu ne loupes aucun élève qui essaierait de passer outre, et éventuellement s'ils ont tenu compte de la consigne, tu les récompenses à la fin de l'heure par un petit rituel du style une devinette, ou la lecture d'une courte fable ( ils aiment bien les histoires), en leur disant que puisqu'ils n'ont pas perdu de temps à discuter, ils ont de l'avance dans le cours, c'est très bien. Tu termines ainsi sur une note positive qui permet d'entrer dans un cercle vertueux.
Je répète que ceci peut rester un vœu pieux avec certaines classes hyper rudes, dans lesquelles la discipline s'apparente davantage à un sport de combat qu'à un échange courtois ( et à ce moment là on entre dans une autre dimension dans laquelle ces conseils de bon sens sont inapplicables et il faut hélas chercher d'autres stratégies énergivores)
Bon courage en tout cas!

Flo44 a écrit:Bonjour,
Quand je vois les cours des collègues, ils disent gentiement "on s'arrête" ou une phrase de ce genre, et comme par magie tout le monde écoute.

Ben moi c'est quelque chose qui ne m'est jamais arrivé. Je dois manquer de magie ....
Plus sérieusement, une fois que les élèves sont partis en discussion générale il est toujours difficile de reprendre la parole. Donc soit on s'organise pour que cela n'arrive pas soit on assume d'avoir à faire du bruit pour obtenir leur attention.  Personnellement j'aime bien le grand coup de règle sur le bureau, mais c'est au goût de chacun.

Disons qu'il faut éviter d'en arriver à ce point, parce que c'est plus dur à récupérer et plus dur à sanctionner. Il faut repérer quand ça commence et limiter les temps morts.

Jenny a écrit:Disons qu'il faut éviter d'en arriver à ce point, parce que c'est plus dur à récupérer et plus dur à sanctionner. Il faut repérer quand ça commence et limiter les temps morts.

Dans la mesure où je tiens à les faire travailler à plusieurs (et il y a forcément du bruit), et où je ne me vois pas leur interdire de se parler au moment de coller ( il y en a toujours un bon tiers qui n'a pas de colle...) cela veut dire qu'il faut que je trouve un moyen de limiter le bruit, à défaut de l'éliminer complètement...

Obtenir le silence absolu en classe pendant toute l'heure et pendant toute l'année est impossible, à moins d'être hyper sévère et de terroriser la classe.
En revanche, il y a des moments où j'exige le silence absolu: c'est au début pendant le rituel de classe et quand je fais l'appel, pendant que j'explique une notion, pendant qu'un élève prend la parole, pendant les contrôles et pendant qu'un élève est évalué à l'oral. Pendant les exercices, ils peuvent chuchoter. J'ai instauré une note de participation coefficient 2 et le comportement est inclus dedans.
Le truc je pense, c'est vraiment de ne rien laisser passer en cas de désobéissance à cette règle. C'est extrêmement usant mais ça marche à peu près dans les classes dites "normales".
Le conseil donné plus haut "c'est au professeur de distribuer la parole" est excellent. Par définition, un élève doit se taire tant qu'on ne lui a pas donné l'autorisation de parler.

Le bon tiers qui n'a pas de colle,ça ne va pas,@Flo44.
Il est rarissime que tous les élèves aient l'intégralité de leurs affaires, mais le tube de colle, qui est commun à nombre de matières doit être aussi banal que le stylo ou le cahier.
Par ailleurs, autant je comprends qu'on laisse un peu discuter si on est en îlot ou en travail en binôme, autant, je ne vois pas pourquoi on admettrait du bavardage sur les temps de" travaux manuels".
Les reconcentrer derrière ,surtout quand ils commencent à échanger les objets me paraît difficile.

Il y a des classes que je sais pouvoir faire travailler en ilots dans un calme relatif et il y a des classes que je sais ne pas pouvoir être capables de travailler en groupes et en ilots sans que cela soit le bazar.  Pour ces dernières classes il n'y a pas de travail en commun, c'est tout. C'est la même chose pour les sorties scolaires.  Si la classe s'y prête, il y a sorties scolaires, si je sais qu'ils ne sont pas capables de se tenir, il n'y a pas (c'est le cas des mes actuelles terminales, jamais une sortie en trois années).

Si vraiment le moment "je te passe ma colle" pose un souci et bien il faut le régler. Pochette, trieur, porte vu pour tout le monde et il n'y a plus de problème de collage.

Mais le problème semble être autre que le moment de "je te passe ma colle". En cette période de l'année le souci ne sera pas réglé, il faudra attendre la rentrée.

Je plussoie. L'échange de matériel entre élèves est énervant. Ils ne s'en rendent pas compte !
La dernière fois, j'ai collé un élève qui avait lancé un blanco à son camarade du rang d'à côté. Stupeur de l'élève, évidemment !
Un élève a été puni aussi car il m'avait demandé l'autorisation de prêter sa gomme à un camarade. J'ai refusé et il l'a fait quand même...

Flo44 a écrit:

Jenny a écrit:Disons qu'il faut éviter d'en arriver à ce point, parce que c'est plus dur à récupérer et plus dur à sanctionner. Il faut repérer quand ça commence et limiter les temps morts.

Dans la mesure où je tiens à les faire travailler à plusieurs (et il y a forcément du bruit), et où je ne me vois pas leur interdire de se parler au moment de coller ( il y en a toujours un bon tiers qui n'a pas de colle...) cela veut dire qu'il faut que je trouve un moyen de limiter le bruit, à défaut de l'éliminer complètement...

Parfois, il faut y renoncer momentanément.
Pas de matériel pour un tiers de la classe, ce n'est pas acceptable.

Pour les fournitures, je n'ai pas le choix, c'est choisi en équipe, et on ne peut rien rajouter.
Pour la colle, si vous saviez le nombre d'élèves qui arrivent sans stylo ou sans crayon... Je ne peux pas passer mon temps à faire la police, on n'avancerait pas. Sans compter qu'il y a régulièrement des vols (dans les cartables, dans les classes...) et souvent celui qui serait puni ne serait pas le bon.
Par contre je suis intraitable sur la calculatrice et le compas, qui sont, eux, rarement oubliés (et jamais volés).

Les problèmes de matériel, c'est la plaie ! ça et les corrections de copies, je crois que c'est ce qui me gâche le plus le plaisir d'aller bosser... mais ça doit être pas grand chose comparé à ce que tu décris. Dès le 1er jour je leur fais lire mon règlement, je précise qu'il est interdit de prêter du matériel ou d'en emprunter. Ils ont toujours l'air d'halluciner, je dois être la seule à faire ça je sais pas ?? Et j'insiste alors sur la fin de la phrase "sans l'accord du professeur". Le fait de devoir me demander l'autorisation d'abord, ça freine un peu les dispersions dans tous les sens (parce qu'en plus, sur la totalité de ceux qui font circuler le matériel, il y en a un bonne proportion qui pourraient s'en passer : sans effaceur ou correcteur, tu peux très bien barrer, ça n'empêche pas de travailler ! et sur la totalité il y en a aussi une part énorme, je trouve, qui taxe du matériel par flemme de chercher dans leur sac, ça c'est le pire je crois ! ). J'ai de plus en plus de mal à supporter aussi les interventions (forcément en plein milieu du cours et sans attendre que ça ne dérange pas) pour me dire "madame vous avez pas de la colle ?" et toutes ses déclinaisons... ils considèrent normal que je leur fournisse ce qu'ils oublient, ça c'est niet !! Mais bon comme les collègues alentours ont d'énormes boîtes avec tout le matos nécessaire, c'est peine perdue, je lutte dans mon coin mais les élèves ont pris le pli dans les autres salles...


Concernant les bavardages (ou concertations) que tu as du mal à faire cesser pour reprendre la main, je te donne un truc qui marche plutôt bien (mais c'est comme tout : ça ne marche pas avec toutes les classes, ni tous les élèves, ni à tout moment, bref) : je demande le silence une 1ère fois, si presque tout le monde se tait, un regard noir vers les récalcitrants suffit (les autres se chargent de lui dire "eeeeh chuut, la prof te regarde !!"), en revanche si ça continue avec un bruit pénible et diffus, il ne faut pas rester sur des injonctions globales (personne ne se sent concerné), mais bien viser des élèves précis, j'écris au tableau une colonne à droite par exemple avec le titre "Punition :" puis le prénom d'un premier élève qui clairement n'a pas écouté mon ordre de se taire (tu as largement le choix, il ne faut pas culpabiliser le fait d'en cibler un plus qu'un autre, de toute façon ils y passeront tous s'ils n'ont pas compris que ça les concerne), le fait d'avoir son nom au tableau est un avertissement, tout d'un coup l'élève réalise qu'il y a un souci, je lui explique alors que s'il recommence j'entoure son nom et là ça veut qu'il y a sanction (punition pour le lendemain ou mot dans le carnet ou ... à toi de voir). Et je recommence avec chaque personne que je vois persister à bavarder. Quand les bavardages ont pris de l'ampleur je trouve c'est un truc qui marche plutôt bien, surtout dans les petites classes (6ème, 5ème). Bien sûr il faut aller jusqu'au bout et poser vraiment les sanctions annoncées. Parfois il faut même doubler la punition parce que même avec son nom entouré, il peut arriver que l'élève ne te prenne pas au sérieux (si c'est la 1ère fois que tu y a recours par exemple), tu peux alors marquer le coup en le faisant sortir son agenda et noter sa punition illico pour qu'il intègre que oui oui, c'est pour lui, c'est cadeau !
Après, ce qui me convient ne conviendra peut-être pas à un autre prof...