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Verdurette
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Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école Empty Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école

par Verdurette Jeu 2 Mar - 20:16
Une famille des Bizots (dans ma cambrousse, vers le Creusot) a fini par obtenir gain de cause : leur fils était harcelé depuis trois ans (insultes, coups), il n'en pas pas parlé tout de suite mais cette année il allait vraiment très mal, a même évoqué des idées suicidaires, et sa famille a fini par le retirer de l'école pour le protéger mais n'a pas lâché l'affaire : elle a refusé qu'on le change d'école et a tenu bon pour que ce soit le harceleur qui parte. L'Education nationale a fini par céder.
Ce qui est hallucinant, c'est que suite à la plainte de la famille, la justice avait commencé par déclarer l'affaire sans suite, simplement en raison de l'âge des élèves concernés. Là aussi la famille a tenu bon. C'est curieux à quel point tout a évolué quand ils ont contacté la presse.

https://www.lepoint.fr/societe/harcelement-scolaire-un-eleve-mis-en-cause-contraint-de-changer-d-ecole-02-03-2023-2510632_23.php#11

La conclusion est un chef d’œuvre d'hypocrisie quand on sait à quel point il a fallu insister pour que ce soit le harceleur et non le harcelé qui soit changé d'école, il est précisé que dans sa grande bonté, la famille du harceleur (qui assurait que tout n'était qu'affabulations du harcelé) a accepté ce changement d'école.

Je suis bien contente pour l'enfant concerné. J'espère qu'il va enfin se reconstruire dans la sérénité et qu'il ne retrouvera pas son bourreau au collège l'année prochaine.

lene75
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par lene75 Jeu 2 Mar - 20:35
J'espère que ça va faire jurisprudence. Le changement d'école est en effet la double peine pour l'enfant harcelé.

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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
Reine Margot
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par Reine Margot Jeu 2 Mar - 20:37
comme toujours c'est la publicité dans les médias qui fait bouger les choses...

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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
Verdurette
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par Verdurette Jeu 2 Mar - 20:42
J'ai oublié d'insérer la conclusion de l'article que j'évoque dans mon premier message :
Le Point a écrit:« Le rectorat de l'académie de Dijon et l'ensemble de ses personnels très mobilisés dans la lutte contre le harcèlement scolaire souhaitent que l'école des Bizots puisse retrouver un climat serein et que les deux élèves concernés puissent poursuivre leur scolarité dans des conditions apaisées », a poursuivi l'académie dans son communiqué relayé par nos confrères.
Phylia
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par Phylia Jeu 2 Mar - 20:57
Bien contente aussi ! C'est quand même malheureux, mais la menace médiatique, ça fonctionne... C'est triste, mais c'est quand même une bonne nouvelle !
Parce que dernièrement, entre assassinat, lettre de menace, tabassage, c'est vraiment à désespérer du genre humain...
Bravo à cette famille et bonne reprise de scolarité à cet élève, en espérant qu'il parviendra à tourner la page ! sunny
scot69
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par scot69 Jeu 2 Mar - 21:12
C'est un de mes potes qui va l'avoir dans sa classe... il est ravi!
Jenny
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par Jenny Jeu 2 Mar - 21:42
lene75 a écrit:J'espère que ça va faire jurisprudence. Le changement d'école est en effet la double peine pour l'enfant harcelé.

Tout dépend des cas. J'avais tendance à être d'accord, sauf que dans la pratique... je me suis bien aperçue que c'était souvent plus compliqué que cela.
Si le harcèlement est large, il est difficile de faire autrement d'autant que l'exclusion des meneurs peut être houleuse. Il m'est arrivé d'intervenir en tant que PP en faveur d'un changement d'école de l'élève harcelé (parce que ça aurait recommencé sans aucun doute vu le climat de classe malgré des exclusions définitives prononcées). Après des semaines de négociations, elle a eu un établissement calme, plus près de chez elle, de meilleur niveau. Cette élève y a sans doute gagné des conditions d'étude plus apaisées. Elle s'est en tout insérée sans difficulté dans son établissement, elle trouvait juste le niveau un peu rude.
Et je me souviens aussi d'un cas dans une autre de mes classes où ça aurait très mal fini, on a été obligé de faire entrer l'élève harcelée à des heures différentes des sonneries, de lui donner du travail dans le bureau du CPE en attendant une nouvelle affectation. Après 4 exclusions définitives, le parquet saisi, une majorité des élèves du niveau la jugeaient responsable de ce qui s'était passé. Et vu la nature du harcèlement, la scolariser ailleurs était aussi indispensable pour sa sécurité vis à vis de l'extérieur. Je ne suis pas sûre que les parents aient pu rester dans le quartier... pale

J’espère évidemment que ça ira pour le petit Maël et ici, un seul camarade a l’air concerné. Et dans ce cas, c’est évidemment au harceler de partir.
lene75
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par lene75 Jeu 2 Mar - 22:27
C'est bien ça qui est terrible, oui, à l'extérieur non plus les harceleurs ne risquent pas grand chose, raison pour laquelle il n'est pas rare qu'on conseille aux victimes de ne pas porter plainte, pour éviter les représailles sur toute la famille, qui conduisent souvent à des déménagements avec tout ce que ça implique. La victime quitte l'établissement sans porter plainte pour éviter les représailles. Le harceleur s'en choisit une autre et il finit sa scolarité tranquillement en ayant détruit plusieurs de ses camarades dans l'intervalle. C'est ce qui s'est passé avec la petite frappe qui avait harcelé mon neveu en 6e : mon neveu est parti dans le privé, la seule solution proposée par son établissement étant qu'il parte, le harceleur s'est choisi d'autres victimes, tout le monde le savait, ce qui n'a l’a pas empêché d'aller sans encombre jusqu'en fin de troisième. C'est bien que la peur change de camp et qu'on arrête de rendre les victimes responsables de leur harcèlement.
Ajonc35
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par Ajonc35 Jeu 2 Mar - 22:40
scot69 a écrit:C'est un de mes potes qui va l'avoir dans sa classe... il est ravi!
Tu parles du haprceleur?
Verdurette
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par Verdurette Ven 3 Mar - 4:44
Nous sommes en mars du CM2. Quoi qu'il arrive les élèves quitteront l'école pour le collège dans quatre mois.
On peut espérer
1/ que le harceleur comprendra que son comportement est sanctionné, qu'il ne peut agir ainsi en tout impunité
2/ qu'il n'aura plus son public familier
3/ que ce public familier resté à l'école comprendra où est le bon droit
4/ que le harceleur et le harcelé bénéficieront tous deux d'une aide appropriée, car les deux, sans nul doute, vont mal. Notamment on devra sans doute apprendre au harcelé à réagir efficacement soit à d'autres manœuvres d'intimidation, soit à des propos hélas possibles du style "t'es qu'une balance".

Oui je sais ça fait beaucoup d'espoirs risquant d'être déçus.


maldoror1
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par maldoror1 Ven 3 Mar - 5:18
Verdurette a écrit:Une famille des Bizots (dans ma cambrousse, vers le Creusot) a fini par obtenir gain de cause : leur fils était harcelé depuis trois ans (insultes, coups), il n'en pas pas parlé tout de suite mais cette année il allait vraiment très mal, a même évoqué des idées suicidaires, et sa famille a fini par le retirer de l'école pour le protéger mais n'a pas lâché l'affaire : elle a refusé qu'on le change d'école et a tenu bon pour que ce soit le harceleur qui parte. L'Education nationale a fini par céder.
Ce qui est hallucinant, c'est que suite à la plainte de la famille, la justice avait commencé par déclarer l'affaire sans suite, simplement en raison de l'âge des élèves concernés. Là aussi la famille a tenu bon. C'est curieux à quel point tout a évolué quand ils ont contacté la presse.

https://www.lepoint.fr/societe/harcelement-scolaire-un-eleve-mis-en-cause-contraint-de-changer-d-ecole-02-03-2023-2510632_23.php#11

La conclusion est un chef d’œuvre d'hypocrisie  quand on sait à quel point il a fallu insister pour que ce soit le harceleur et non le harcelé qui soit changé d'école, il est précisé que dans sa grande bonté, la famille du harceleur (qui assurait que tout n'était qu'affabulations du harcelé) a accepté ce changement d'école.

Je suis bien contente pour l'enfant concerné. J'espère qu'il va enfin se reconstruire dans la sérénité et qu'il ne retrouvera pas son bourreau au collège l'année prochaine.


[Merci de ne donner aucune information personnelle sur le fil — au besoin, citer qu'une source établie peut être fait.]
En effet, c'est sidérant qu'il faille alerter les journalistes pour obtenir une réaction quelconque. Et le ministre, il est où ???

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" Le monde a commencé sans l'homme et finira sans lui". Lévi-Strauss
olive27400
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par olive27400 Ven 3 Mar - 5:38
Verdurette a écrit:Nous sommes en mars du CM2. Quoi qu'il arrive les élèves quitteront l'école pour le collège dans quatre mois.
On peut espérer
1/ que le harceleur comprendra que son comportement est sanctionné, qu'il ne peut agir ainsi en tout impunité
2/ qu'il n'aura plus son public familier
3/ que ce public familier resté à l'école comprendra où est le bon droit
4/ que le harceleur et le harcelé bénéficieront tous deux d'une aide appropriée, car les deux, sans nul doute, vont mal. Notamment on devra sans doute apprendre au harcelé à réagir efficacement soit à d'autres manœuvres d'intimidation, soit à des propos hélas possibles du style "t'es qu'une balance".  

Oui je sais ça fait beaucoup d'espoirs risquant d'être déçus.





Vu la rapidité et le flou de l'information, je ne pense pas que le changement d'école soit une sanction. Je pense plus que ce sont les parents du harceleur suite à la plainte qui ont eux décidé de changer le harceleur d'école.
Car il me semble que si c'est une sanction, il faut du contradictoire et qu'elle soit acceptée par la famille. Sinon il faut un conseil de discipline (contestable en justice d'ailleurs) ce qui est rare en primaire il me semble.

De plus, je vous trouve bien optimiste sur l'empathie supposée des autres élèves. Si le harceleur était populaire, il y a de grandes chances que les autres reprochent au harcelé ce départ et prennent le relais.
Maju
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Habitué du forum

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par Maju Ven 3 Mar - 5:44
J'espère que l'enfant harcelé pourra retrouver de la serenité à l'école. Je regrette qu'une fois de plus, en France, le traitement du harcèlement se focalise uniquement sur les sanctions et la question de "Qui doit partir ?". Un travail de fond sur l'ensemble du groupe concerné permettrait pourtant, dans beaucoup de cas, de garder tout le monde dans une situation assainie.
J'édite pour rebondir sur la fin du message d'Olive: c'est bien pour ça qu'il faut qu'un travail soit engagé avec la classe, et qu'on ne se focalise pas seulement sur la victime et son harceleur.
Jenny
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Médiateur

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par Jenny Ven 3 Mar - 6:19
olive27400 a écrit:De plus, je vous trouve bien optimiste sur l'empathie supposée des autres élèves. Si le harceleur était populaire, il y a de grandes chances que les autres reprochent au harcelé ce départ et prennent le relais.

C’était bien le sens de mon post quand je disais que laisser l’élève harcelé sur place était rarement possible. pale
Cassandrine
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par Cassandrine Ven 3 Mar - 7:27
Je suis peut-être naïve et je me suis laissée endormir par les reportages à la télévision mais j'ai cru comprendre que dans cette affaire le rectorat était bloqué aussi par une loi : en gros, il faut l'accord des parents du harceleur pour le changer d'école (surtout si il n'y a pas d'autre école dans la même commune). D'après les reportages, la famille du harceleur avait refusé le changement d'école jusqu'à la médiatisation de l'affaire.

D'autre part, certains intervenants très désagréables remettaient en cause le travail des PE face au harcèlement en général. Pour eux, les PE devaient réussir à tout empêcher car ce ne sont que des gamins de 10 ans ou moins. Sauf que dans les faits, c'est beaucoup moins simple, on ne peut pas bloquer la parole d'un enfant (impossible de le bâillonner) donc si il a envie d'insulter, il va finir par le faire. Du coup, je me pose la question plus générale sur les punitions possible à l'école primaire . Quelles punitions et quelles conséquences si les parents les contestent?

Exemple: en collège, les parents peuvent contester une heure de retenue (je ne dis pas qu'elles sont toutes efficaces) et peuvent malheureusement venir chercher leur enfant pour qu'il ne fasse pas son heure de retenue.
lene75
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Prophète

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par lene75 Ven 3 Mar - 7:35
Laisser le harceleur sur place sans rien faire et ne sanctionner que le harcelé par un changement d'établissement (qui est la sanction prononcée pour les fautes les plus graves), c'est laisser la situation perdurer avec d'autres. Il a gagné une fois, pourquoi s’arrêterait-il ensi bon chemin ? Il n'est pas difficile de trouver d'autres victimes, parce que, contrairement à ce qu'on pense souvent, ce n'est pas l'élève harcelé qui est responsable du harcèlement. La victime est interchangeable.

On a du reste exactement le même schéma avec les classes qui s'amusent à faire craquer les profs : c'est rarement un seul qui craque, ceux qui se succèdent pour le remplacer craquent les uns après les autres, mais on continue à dire que c'est de leur faute, qu'ils n'ont pas d'autorité, sont trop fragiles ou que sais-je.

Le harcèlement en primaire et au collège touche 10% des élèves, c'est en moyenne 3 élèves par classe ou encore 50 élèves dans un collège de 500, presque deux classes complètes, 7% pour le harcèlement sévère, et il y a même 20% des élèves, un élève sur 5 ! qui déclarent être plusieurs fois par mois victimes d'actes de harcèlement. On ne peut pas sérieusement penser résoudre le problème en déplaçant les quelques victimes qui osent parler ou qui vont le plus mal. Le cas évoqué plus haut d'une élève rapprochée de chez elle est rare. C'est possible à Paris où la densité d'établissements est grande. Hors des grandes métropoles, changer d'établissement c'est changer de ville et se retrouver socialement isolé.

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Iphigénie
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par Iphigénie Ven 3 Mar - 7:50
L’école -et l’administration- s’est dépossédée ( par idéal? Par faiblesse?…) de tout droit ( devoir?) de sanction immédiate et responsable au motif du respect des enfants et du devoir éducatif. Pour monter en avion on accepte la fouille au corps, on pourrait demander de faire juste de la pédagogie mais là faut pas rigoler on y risquerait gros: à l’école il est interdit à l’enseignant de jeter un œil au sac des gamins et il faut que les parents du harceleur accepte de changer leur enfant d’école … à force de marcher sur la tête ….
Ajonc35
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par Ajonc35 Ven 3 Mar - 7:50
Ma petite- fille a été harcelée par trois garçons. Une fille qui n'a aucun problème, ni physique, ni scolaire.
Elle a tout raconte assez vite à sa maman, qui a réagi aussitôt et l'école primaire a réglé le problème aussitôt. Le directeur absent, pour raison de sante, c'est une enseignante qui a fait office de...
Sa maman a aussi appelé les parents des garçons, des parents tombés des nues. Mais le conflit s'est réglé là aussi.
Ici, pas de réseaux sociaux en cause. Elle a aussi des copines qui ont témoigné auprès de la PE, et m'a petite- fille n'était pas seule ni isolée.
C'est encore douloureux  pour elle.
Les cas de harcèlements sont divers mais il est vrai que les enseignants, les directeurs ne sont pas assez formés. Ils ont parfois face à eux des parents absents, retords, procéduriers ( avocats à la clé) , ... des élèves manipulateurs, méchants, et une justice qui demande des preuves.
La seule solution pour les parents reste alors les médias.  C'est vrai pour la violence envers les enseignants aussi qu'elle que soit cette violence.
J'entends de plus en plus autour de moi l'expression "pas de vague" émanant de la bouche de non- enseignants.
En même temps, il y a quelques années, ma direction avec la cpe a mis en.place une enquête qui est tombée sur la tête des enseignants ( j'en ai déjà parlé ici). Après une enquête auprès des élèves ( enquête jugée mal construite, limite sur certains sujets, selon ceux qui ont encadré les élèves) il fallait que pendant une journée, on en discute autour de tables rondes et tout cela en interne ( sans professionnel extérieur du type psy) . Nous nous sommes mobilisés pour dire non à cette pseudo-formation, les plus mobilisés étant ceux qui avaient vu l'enquête en question.
Ce refus se faisait dans un cadre plus large . La direction supprimant ici et la des heures, des journées pour des trucs sans intérêt pour nos élèves, sans intérêt pour les enseignants et quand elles avaient un intérêt, cela débouchant sur rien ou si peu.
Donc ne pas associer les enseignants sur le sujet du harcèlement, avant, nous avaient hérissé le poil.
Je réédite car Iphigénie a posté depuis. Oui, il est difficile à l'Ecole de sanctionner et je suis d'accord avec ce qu'elle écrit.
Jenny
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par Jenny Ven 3 Mar - 8:23
lene75 a écrit:Laisser le harceleur sur place sans rien faire et ne sanctionner que le harcelé par un changement d'établissement (qui est la sanction prononcée pour les fautes les plus graves), c'est laisser la situation perdurer avec d'autres. Il a gagné une fois, pourquoi s’arrêterait-il ensi bon chemin ? Il n'est pas difficile de trouver d'autres victimes, parce que, contrairement à ce qu'on pense souvent, ce n'est pas l'élève harcelé qui est responsable du harcèlement. La victime est interchangeable.

On a du reste exactement le même schéma avec les classes qui s'amusent à faire craquer les profs : c'est rarement un seul qui craque, ceux qui se succèdent pour le remplacer craquent les uns après les autres, mais on continue à dire que c'est de leur faute, qu'ils n'ont pas d'autorité, sont trop fragiles ou que sais-je.

Le harcèlement en primaire et au collège touche 10% des élèves, c'est en moyenne 3 élèves par classe ou encore 50 élèves dans un collège de 500, presque deux classes complètes, 7% pour le harcèlement sévère, et il y a même 20% des élèves, un élève sur 5 ! qui déclarent être plusieurs fois par mois victimes d'actes de harcèlement. On ne peut pas sérieusement penser résoudre le problème en déplaçant les quelques victimes qui osent parler ou qui vont le plus mal. Le cas évoqué plus haut d'une élève rapprochée de chez elle est rare. C'est possible à Paris où la densité d'établissements est grande. Hors des grandes métropoles, changer d'établissement c'est changer de ville et se retrouver socialement isolé.

C'est surtout que l'élève avait été affectée à 1h20 de chez elle... au mieux, quand les transports fonctionnent bien. Particularité parisienne aussi...
Spoiler:
Dans les deux cas que je t'ai cité, les élèves impliqués ont bien été exclus définitivement, d'autres avec sursis. Rien à redire sur l'attitude de la direction, qui a été exemplaire dans les deux cas (et qui a explosé son quota de CD). Dans l'autre cas, nous n'avons pas attendu une plainte de la famille, le parquet a été saisi dans l'heure où j'ai découvert le harcèlement.
C'est juste que parfois, même quand on essaie de faire les choses au mieux, on ne peut pas faire autrement que de déplacer la victime. On peut aussi penser à l'histoire terrible de la jeune Shaïna...
lene75
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par lene75 Ven 3 Mar - 8:34
Agir vite est en effet souvent une solution. Ma fille quand elle est arrivée au CP dans une nouvelle école suite à notre déménagement a subi un début de harcèlement (oui, changer d'école est un déclencheur de harcèlement quand tous les autres se connaissent déjà) de la part d'une petite fille qui commençait à retourner toute la classe contre elle. Ça a duré quelques semaines le temps qu'elle crache le morceau de la raison de son mal-être et de son agressivité envers moi. J'ai immédiatement informé la PE... qui m'a répondu qu'elle ne pouvait pas intervenir dans les relations entre enfants, que par ailleurs elle n'avait rien remarqué, que la petite fille en question avait certes posé des problèmes en maternelle (ce que j'ignorais) mais qu'elle avait beaucoup progressé et qu'il ne fallait pas la stigmatiser. J'ai alors informé les parents de la petite fille, qui par chance ont immédiatement réagi. Le harcèlement s'est arrêté dès le lendemain et ma fille a passé une super scolarité avec plein de copines. Si on avait attendu que les "disputes de cour d'école" cessent d'elles-mêmes, comme le préconisait la maîtresse, on aurait probablement fini par se retrouver dans une situation telle que celle décrite par Jenny, parce qu'au moment où je suis intervenue, ce n'était plus seulement la petite fille qui s'en prenait à la mienne, plus seulement, étape suivante, les copines de cette petite fille, mais ça commençait déjà à s'étendre à toutes les filles de la classe, et la mienne commençait à intérioriser son rôle de victime, puisque j'ai découvert la situation quand elle m'a dit : "Maman, est-ce que c'est vrai que je suis méchante ?", phrase en apparence innocente qui m'a permis (parce qu'elle était encore petite) de lui faire dire le reste.

Autre école, autre enfant, l'an dernier dans l'école, énorme affaire de harcèlement. Encore une fois c'est l'enfant harcelé (les parents ont fait constater des coups et traces de strangulation) qui a été montré du doigt, la famille accusée par la directrice puis par le maire de nuire à la réputation et à la sérénité de la ville. Affaire classée par l’inspection d'académie, qui a conclu à l'absence de harcèlement : des violences répétées ne peuvent pas être qualifiées de harcèlement, surtout quand il y a plusieurs victimes (ce que l'enquête a permis de révéler). Et visiblement, des violences répétées, ça n'a pas d'importance. Exactement au même moment où soi-disant tout était fait dans l'école pour la lutte contre le harcèlement, on m'informe comme ça, un peu par hasard, que ça fait trois mois que ma fille passe toutes ses récrés seule à tourner toujours autour du même arbre, fait tellement insignifiant qu'on n'a pas jugé utile de m'en parler jusque-là. Quelques semaines plus tard, c'est une petite fille qui est venue me voir au square pour me dire qu'elle était inquiète pour ma fille parce qu’aujourd’hui elle avait pleuré toute seule dans son coin à la récré et que ce n'était pas la première fois. Qu'elle en avait informé les maîtresses mais qu'elles l'avaient envoyée balader en lui disant qu'elles n'y pouvaient rien. Ma fille étant handicapée, ça ne choque aucun adulte qu'elle soit mise de côté. Cette année c'est une autre petite fille, pas handicapée, bien intégrée, qui a fait un début de phobie scolaire parce qu'elle a été ostracisée. Le compte-rendu du conseil d'école conclut à un climat très serein dans l'école. Les enfants ont été amenés à s'exprimer en classe et tous ont dit que tout allait bien (vous avez déjà vu un gamin lever la main pour dire qu'il est harcelé ?), il faut donc que les parents se rassurent et cessent d’importuner les équipes avec ces histoires. La mère de la gamine a pris les choses en main en dehors de l'école (heureusement c'est une petite ville où tout le monde se connaît) : c'est aux parents à se débrouiller seuls à régler en dehors de l'école les problèmes qui commencent à l'école.

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Jenny
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par Jenny Ven 3 Mar - 9:04
Dans le secondaire, le fait que le harcèlement est aussi numérique rend les choses compliquées (et parfois moins visibles pour les adultes). Ce qui est sur Internet reste de toute manière. Il m’est arrivé de m’en rendre compte quand c’était déjà largement sur internet et qu’un élève me montre ce qu’il avait reçu et là il est déjà trop tard pour que l’élève puisse poursuivre une scolarité sereine sur place.
Matteo
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par Matteo Ven 3 Mar - 9:15
Cassandrine a écrit:Je suis peut-être naïve et je me suis laissée endormir par les reportages à la télévision mais j'ai cru comprendre que dans cette affaire le rectorat était bloqué aussi par une loi : en gros, il faut l'accord des parents du harceleur pour le changer d'école (surtout si il n'y a pas d'autre école dans la même commune).  D'après les reportages, la famille du harceleur avait refusé le changement d'école jusqu'à la médiatisation de l'affaire.

D'autre part, certains intervenants très désagréables remettaient en cause le travail des PE face au harcèlement en général. Pour eux, les PE devaient réussir à tout empêcher car ce ne sont que des gamins de 10 ans ou moins. Sauf que dans les faits, c'est beaucoup moins simple, on ne peut pas bloquer la parole d'un enfant (impossible de le bâillonner) donc si il a envie d'insulter, il va finir par le faire. Du coup, je me pose la question plus générale sur les punitions possible à l'école primaire . Quelles punitions et quelles conséquences si les parents les contestent?

Exemple: en collège, les parents peuvent contester une heure de retenue (je ne dis pas qu'elles sont toutes efficaces)  et peuvent malheureusement venir chercher leur enfant pour qu'il ne fasse pas son heure de retenue.
Le harcèlement scolaire est un crime qui peut être puni de 10 ans d'emprisonnement et 150000 euros d'amende. Qu'ils viennent chercher leur ange en maison d'arrêt. Sauf que comme le seul but de notre belle maison est de faire le moins de vagues possible, on se couche. Pour notre cuisine interne, un élève qui refuse l'autorité de l'EN : un bulletin à dormir dehors. Il n'y a que des solutions à partir du moment où l'on accepte de voir le problème.

Le harcèlement c'est pour moi un des symboles les plus graves de la faillite de l'institution. On le voit dans tous vos exemples.
Tangleding
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Grand Maître

Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école Empty Re: Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école

par Tangleding Ven 3 Mar - 9:16
Je trouve que ces récits, glaçants, montrent trois choses :
- les enseignants ne peuvent le plus souvent compter que sur eux-mêmes, l'institution étant le plus souvent defaillante
- les enseignants sont insuffisamment formés, voire pas du tout, or du fait du constat ci-dessus, il est vital que nous soyons formés sur les phénomènes de harcèlement et leur résorption.
- toute la chaîne hiérarchique est très souvent incompétente sur ce sujet et doit être formée urgemment.

Enfin le report au pénal n'est pas une solution satisfaisante étant donné le rythme de la justice. Il faut que les faits soient détectés et traités en interne très rapidement.

Le dispositif phare est lui-même une rustine insuffisante puisque cela repose sur quelques personnels et quelques élèves auxquels on fait porter une charge à mon avis bien lourde.

Le ministère refuse une fois de plus d'allouer les moyens au traitement efficace d'un problème pourtant parfaitement identifié.

Peut-être aussi devrions nous envisager davantage la chose sous l'angle du rapport de force collectif face à notre administration, faire des signalements au registre sst chaque fois que la réponse de la hiérarchie est défaillante, car cela engage alors sa responsabilité pénale et là du coup on aurait des réactions plus soucieuses des conséquences.

Normalement il y a un registre sst pour les personnels mais aussi pour les usagers.

Là encore c'est une procédure dont les parents et les élèves n'ont jamais communication, et qui n'est donc jamais mise en œuvre par eux.

Elle serait probablement aussi efficace dans les affaires de harcèlement que la publicité médiatique, étant donné que la responsabilité pénale de la hiérarchie est alors engagée.


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"Never complain, just fight." Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école 2490015017

Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Cassandrine
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Niveau 10

Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école Empty Re: Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école

par Cassandrine Ven 3 Mar - 9:23
Matteo a écrit:
Cassandrine a écrit:Je suis peut-être naïve et je me suis laissée endormir par les reportages à la télévision mais j'ai cru comprendre que dans cette affaire le rectorat était bloqué aussi par une loi : en gros, il faut l'accord des parents du harceleur pour le changer d'école (surtout si il n'y a pas d'autre école dans la même commune).  D'après les reportages, la famille du harceleur avait refusé le changement d'école jusqu'à la médiatisation de l'affaire.

D'autre part, certains intervenants très désagréables remettaient en cause le travail des PE face au harcèlement en général. Pour eux, les PE devaient réussir à tout empêcher car ce ne sont que des gamins de 10 ans ou moins. Sauf que dans les faits, c'est beaucoup moins simple, on ne peut pas bloquer la parole d'un enfant (impossible de le bâillonner) donc si il a envie d'insulter, il va finir par le faire. Du coup, je me pose la question plus générale sur les punitions possible à l'école primaire . Quelles punitions et quelles conséquences si les parents les contestent?

Exemple: en collège, les parents peuvent contester une heure de retenue (je ne dis pas qu'elles sont toutes efficaces)  et peuvent malheureusement venir chercher leur enfant pour qu'il ne fasse pas son heure de retenue.
Le harcèlement scolaire est un crime qui peut être puni de 10 ans d'emprisonnement et 150000 euros d'amende. Qu'ils viennent chercher leur ange en maison d'arrêt. Sauf que comme le seul but de notre belle maison est de faire le moins de vagues possible, on se couche. Pour notre cuisine interne, un élève qui refuse l'autorité de l'EN : un bulletin à dormir dehors. Il n'y a que des solutions à partir du moment où l'on accepte de voir le problème.

Le harcèlement c'est pour moi un des symboles les plus graves de la faillite de l'institution. On le voit dans tous vos exemples.

@Matteo,
C'est la sanction maximale prévue dans le Code pénal mais est-elle appliquée? J'en doute fort. Même pour les affaires fortement médiatisées , les sanctions données ont été très souvent insignifiantes ( quelques mois de prison avec sursis). Donc venir chercher le petit ange en maison d'arrêt...
Matteo
Matteo
Niveau 10

Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école Empty Re: Pour une fois, c'est le harceleur qu'on change d'école

par Matteo Ven 3 Mar - 9:29
Je le sais, mais je suis d'avis que si le discours était "le harcèlement est un crime et vous serez puni", les choses se passeraient beaucoup mieux qu'avec des ateliers aimez vous les uns les autres et être méchant c'est mal.
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