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- Ruben715Je viens de m'inscrire !
Bonjour,
Nous sommes en juin et je viens de finir ma première année en tant qu’enseignant d’histoire-géographie. Pour remettre un peu de contexte, après avoir obtenu un master en droit, j’ai finalement décidé de me diriger vers l’enseignement. J’ai été suppléant dans deux écoles privées cette année (deux mi-temps de dix heures hebdomadaires) et j’ai passé mon CAPES-CAFEP pour la deuxième fois ayant été une nouvelle fois admissible. En espérant que les oraux à la fin du mois se déroulent au mieux.
La raison de cette publication est une réflexion que j’ai eue. J’ai passé une très belle année, certes éprouvante avec des élèves pour le moins agités, mais aussi avec beaucoup de réussites, d’expérience acquise, d’amitiés forgées et de culture personnelle perfectionnée. Néanmoins, en cette fin d’année scolaire, un certain nombre d’élèves se sont permis des commentaires me concernant et concernant mon choix de métier. Il y a certains d’entre eux que j’aimerais partager avec vous.
Tour d’abord, je tiens à préciser que dans mon entourage de jeunes adultes, j’ai eu plutôt des retours positifs quant à ce choix de carrière, malgré des réticences sur le salaire et la difficulté à gérer une classe. Il y a eu ensuite les réflexions des élèves. La semaine dernière, j’ai présenté aux Secondes une vidéo qui exposait une liste de tous les dirigeants de la France de Clovis à Emmanuel Macron. Une des filles m’a vu passionnée par les dirigeants qui se succédaient et elle m’a interrompu en disant mot pour mot : « Monsieur, je comprends pas comment vous pouvez aimer un truc aussi nul ! En plus, vous êtes quelqu’un d’intelligent, pourquoi vous avez voulu faire prof ? Je sais pas moi, vous auriez pu être avocat et gagner plein d’argent ! Pour moi, prof, c’est un métier qu’on fait quand on n’a pas le choix. Ça a la même valeur qu’éboueur à mes yeux ».
J’ai été sous le choc et je ne savais pas quoi répondre si ce n’est expliquer les raisons de mon choix. Ça m’a fait prendre conscience que certains élèves considèrent les professeurs en face d’eux comme des bons à rien. Un autre élève, un garçon en cinquième, m’a dit aujourd’hui : « Monsieur, vous êtes jeune, pourquoi vous vous embêtez à nous faire cours ? » (sous-entendu : on est des enfants on se rend compte qu’on aura plus de plus de plaisir en étant adultes alors pourquoi retourner à l’école, lieu de contraintes). Je lui ai demandé ce qu’il voulait dire par là. Il m’a dit qu’un prof est payé une misère pour passer son temps avec des enfants agités. De plus, ses parents lui ont dit que j’avais raté mes études de droit, donc je suis devenu professeur parce que je n’avais rien trouvé d’autre. Si même les parents s’y mettent…
Bref, je savais que le métier n’était plus vu de la même manière depuis quelques décennies. Mais je n’imaginais pas que la réputation des professeurs était aussi basse, surtout de la part des élèves pour lesquels nous sommes censés être des modèles. C’est vrai que je ne gagne pas très bien ma vie en tant qu’enseignant, c’est vrai que c’est un métier difficile. Mais je gardais quand même une certaine assurance en me disant que professeur est un beau métier tout à fait honorable. Mais si les parents, et même leurs enfants, me considèrent comme un moins que rien, comme un « éboueur » comme disait l’autre fille (je ne dénigre absolument pas le métier d’éboueur, juste pour préciser), comme un raté du système alors que j’avais tout réussi avant de me lancer et que j’aurais pu envisager une brillante carrière dans le droit, c’est difficile à avaler.
Je n’attends pas vraiment de réponse à cette publication. Peut-être du soutien, et des histoires similaires expliquant comment vous êtes passés au-dessus de tout ça. J’avais juste besoin d’en parler en dehors de mon cercle social proche et avoir du recul là-dessus.
Sur ce, passez une bonne fin d’année scolaire et d’excellentes vacances d’été !
Nous sommes en juin et je viens de finir ma première année en tant qu’enseignant d’histoire-géographie. Pour remettre un peu de contexte, après avoir obtenu un master en droit, j’ai finalement décidé de me diriger vers l’enseignement. J’ai été suppléant dans deux écoles privées cette année (deux mi-temps de dix heures hebdomadaires) et j’ai passé mon CAPES-CAFEP pour la deuxième fois ayant été une nouvelle fois admissible. En espérant que les oraux à la fin du mois se déroulent au mieux.
La raison de cette publication est une réflexion que j’ai eue. J’ai passé une très belle année, certes éprouvante avec des élèves pour le moins agités, mais aussi avec beaucoup de réussites, d’expérience acquise, d’amitiés forgées et de culture personnelle perfectionnée. Néanmoins, en cette fin d’année scolaire, un certain nombre d’élèves se sont permis des commentaires me concernant et concernant mon choix de métier. Il y a certains d’entre eux que j’aimerais partager avec vous.
Tour d’abord, je tiens à préciser que dans mon entourage de jeunes adultes, j’ai eu plutôt des retours positifs quant à ce choix de carrière, malgré des réticences sur le salaire et la difficulté à gérer une classe. Il y a eu ensuite les réflexions des élèves. La semaine dernière, j’ai présenté aux Secondes une vidéo qui exposait une liste de tous les dirigeants de la France de Clovis à Emmanuel Macron. Une des filles m’a vu passionnée par les dirigeants qui se succédaient et elle m’a interrompu en disant mot pour mot : « Monsieur, je comprends pas comment vous pouvez aimer un truc aussi nul ! En plus, vous êtes quelqu’un d’intelligent, pourquoi vous avez voulu faire prof ? Je sais pas moi, vous auriez pu être avocat et gagner plein d’argent ! Pour moi, prof, c’est un métier qu’on fait quand on n’a pas le choix. Ça a la même valeur qu’éboueur à mes yeux ».
J’ai été sous le choc et je ne savais pas quoi répondre si ce n’est expliquer les raisons de mon choix. Ça m’a fait prendre conscience que certains élèves considèrent les professeurs en face d’eux comme des bons à rien. Un autre élève, un garçon en cinquième, m’a dit aujourd’hui : « Monsieur, vous êtes jeune, pourquoi vous vous embêtez à nous faire cours ? » (sous-entendu : on est des enfants on se rend compte qu’on aura plus de plus de plaisir en étant adultes alors pourquoi retourner à l’école, lieu de contraintes). Je lui ai demandé ce qu’il voulait dire par là. Il m’a dit qu’un prof est payé une misère pour passer son temps avec des enfants agités. De plus, ses parents lui ont dit que j’avais raté mes études de droit, donc je suis devenu professeur parce que je n’avais rien trouvé d’autre. Si même les parents s’y mettent…
Bref, je savais que le métier n’était plus vu de la même manière depuis quelques décennies. Mais je n’imaginais pas que la réputation des professeurs était aussi basse, surtout de la part des élèves pour lesquels nous sommes censés être des modèles. C’est vrai que je ne gagne pas très bien ma vie en tant qu’enseignant, c’est vrai que c’est un métier difficile. Mais je gardais quand même une certaine assurance en me disant que professeur est un beau métier tout à fait honorable. Mais si les parents, et même leurs enfants, me considèrent comme un moins que rien, comme un « éboueur » comme disait l’autre fille (je ne dénigre absolument pas le métier d’éboueur, juste pour préciser), comme un raté du système alors que j’avais tout réussi avant de me lancer et que j’aurais pu envisager une brillante carrière dans le droit, c’est difficile à avaler.
Je n’attends pas vraiment de réponse à cette publication. Peut-être du soutien, et des histoires similaires expliquant comment vous êtes passés au-dessus de tout ça. J’avais juste besoin d’en parler en dehors de mon cercle social proche et avoir du recul là-dessus.
Sur ce, passez une bonne fin d’année scolaire et d’excellentes vacances d’été !
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Il n'y aurait pas une part de provocation dans les questions de tes élèves?
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
- CasparProphète
Aperçu par hasard a écrit:Il n'y aurait pas une part de provocation dans les questions de tes élèves?
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
J'éviterais de dire ça, même sur le ton de l'ironie, ça pourrait être mal interprété.
Il s'agit effectivement de provocations des élèves mais elles reflètent bien la piètre opinion qu'a de nous de la société.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Caspar a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Il n'y aurait pas une part de provocation dans les questions de tes élèves?
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
J'éviterais de dire ça, même sur le ton de l'ironie, ça pourrait être mal interprété.
Il s'agit effectivement de provocations des élèves mais elles reflètent bien la piètre opinion qu'a de nous de la société.
Tout dépend de qui le dit et dans quel contexte. J'utilise beaucoup l'humour, et dire des énormités pour mettre en mettre d'autres en évidence est une technique qui fonctionne bien d'après mon expérience. Mais il faut que les élèves aient une certaine maturité. Je ne l'aurais pas fait en collège, c'est sûr.
Après, la provocation de quelques élèves ne reflète peut-être pas le point de vue majoritaire.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Et puis ce sont des élèves de cinquième... Leurs leçons de vie et de stratégie d'orientation professionnelle ont une valeur limitée.
Mais, bon, l'ignorance n'a jamais un frein au jugement.
Mais, bon, l'ignorance n'a jamais un frein au jugement.
- CzarNiveau 9
Je n'ai jamais eu de questionnement aussi frontal (en même temps c'est probablement que je ne suis pas très intelligent, je ne pouvais pas faire autre chose )
Dans les établissements catholiques privilégiés où j'ai enseigné, l'enseignement ne fait pas rêver. Quelques très rares élèves motivés pour enseigner. On a également plusieurs collègues qui étaient auparavant élèves dans l'établissement (l’avantage des mutations dans l'enseignement catholique, on a assez vite l'établissement que l'on souhaite).
Les jeunes collègues que je vois arriver sont souvent là par vocation. Ce qui est d’ailleurs assez révélateur, c'est qu'un ancien bon élève qui était bien avancé dans son parcours pour passer les concours est finalement entré au séminaire.
Dans les établissements catholiques privilégiés où j'ai enseigné, l'enseignement ne fait pas rêver. Quelques très rares élèves motivés pour enseigner. On a également plusieurs collègues qui étaient auparavant élèves dans l'établissement (l’avantage des mutations dans l'enseignement catholique, on a assez vite l'établissement que l'on souhaite).
Les jeunes collègues que je vois arriver sont souvent là par vocation. Ce qui est d’ailleurs assez révélateur, c'est qu'un ancien bon élève qui était bien avancé dans son parcours pour passer les concours est finalement entré au séminaire.
- CasparProphète
Aperçu par hasard a écrit:Caspar a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Il n'y aurait pas une part de provocation dans les questions de tes élèves?
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
J'éviterais de dire ça, même sur le ton de l'ironie, ça pourrait être mal interprété.
Il s'agit effectivement de provocations des élèves mais elles reflètent bien la piètre opinion qu'a de nous de la société.
Tout dépend de qui le dit et dans quel contexte. J'utilise beaucoup l'humour, et dire des énormités pour mettre en mettre d'autres en évidence est une technique qui fonctionne bien d'après mon expérience. Mais il faut que les élèves aient une certaine maturité. Je ne l'aurais pas fait en collège, c'est sûr.
Après, la provocation de quelques élèves ne reflète peut-être pas le point de vue majoritaire.
Moi aussi, mais là c'est un terrain glissant à mon avis.
Pour moi, la majorité des gens méprisent et/ou jalousent les professeurs, mais je n'ai pas fait d'étude sociologique là-dessus évidemment, c'est juste mon impression.
Quand quelque chose ne va pas dans la société, ça vient de l'école. Exemple récent: le député Karl Olive (oui, c'est bien son nom) disait dans l'émission C ce soir "C'est affreux, les élèves arrivent à 18 ans dans un bureau de vote et ils ne savent même pas comment ça marche, ils sont perdus, que fait l'école ?" Ce n'est pas comme s'il y avait des cours d'EMC, des élections de délégués de classe etc
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Mes élèves ne m'ont jamais posé de telles questions, en dix ans. Mais leur point de vue (en fait, celui de leurs parents) affleure de loin en loin. Trois choses reviennent, rarement ensemble : j'ai énormément de temps libre, je suis mal payé, je fais un métier pénible parce que les élèves le sont. Plus rarement, un élève dit que je fais un métier essentiel (que je suis, disons, pour résumer, un gardien de la culture, quelque chose comme ça). Il y a aussi des élèves impressionnés par le nombre de choses que je sais, mais j'ai l'impression qu'ils ne font pas le lien avec le fait d'être professeur.
- MitcindyNiveau 10
Ruben715 a écrit:Bonjour,
De plus, ses parents lui ont dit que j’avais raté mes études de droit, donc je suis devenu professeur parce que je n’avais rien trouvé d’autre. Si même les parents s’y mettent…
Cela, malheureusement, je l'ai entendu aussi de la part de membres de la famille mais pas pour n'importe quel professeur.
J'avais un professeur de math particulièrement sadique et cette personne pour me consoler, m'a dit "il est frustré parce qu'il a raté math sup/math spé et n'a pu faire ses études d'ingénieur. Il se défoule sur vous". Ce qui change, c'est que je n'aurais jamais osé le dire au prof en question. De nos jours, certains élèves osent tout.
- M le MauditNiveau 9
Les brèves de comptoir... En ce qui me concerne je n'ai jamais non plus eu ce genre de remarques en 30 ans de métier. C'est néanmoins un formidable moyen de débusquer les représentations de certains milieux sur ce métier. Qui peut s'en étonner ? La question de l'utilité sociale est depuis longtemps évincée, la culture une valeur devenue très relative. La vulgarité et la pauvreté intellectuelle cohabitent chez certains avec un niveau de fortune incroyable et ça c'est désormais la "vraie" valeur. D'ailleurs, dans ce que disent ces élèves, est-ce qu'il n'y aurait pas un peu de vérité quelque part. Cela reste des paroles d'enfants et donc à relativiser mais elles révèlent quelque chose c'est évident.
Nous le payerons tôt ou tard...
Nous le payerons tôt ou tard...
- JennyMédiateur
Public un peu particulier, non ?
Les élèves me posent parfois des questions sur mes études et sont étonnés que j’ai fait autant d’études. Des remarques comme celles que tu cites, c’est très rare (et ça vient plutôt d’un public très favorisé qui attache peu d’importance à l’école et aux études).
Pour la comparaison avec un éboueur, ça sent la provocation…
Les élèves me posent parfois des questions sur mes études et sont étonnés que j’ai fait autant d’études. Des remarques comme celles que tu cites, c’est très rare (et ça vient plutôt d’un public très favorisé qui attache peu d’importance à l’école et aux études).
Pour la comparaison avec un éboueur, ça sent la provocation…
- lene75Prophète
J'ai des remarques de ce genre, qui dans mon cas ne sont pas du tout de la provocation, et pas de la part d'élèves spécialement privilégiés. Je me souviens d'un élève, il y a déjà quelques années, qui était venu me voir à la fin du cours pour me dire : "Madame, j'ai vu votre CV sur internet... mais en fait, avec un CV pareil... vous auriez pu faire beaucoup mieux que prof... comme ça se fait que vous ayez atterri à [nom de mon lycée]." Élève que j'ai rencontré l'année suivante et qui m'a dit qu'il avait eu en terminale un super prof de philo (c'était bizarre dit comme ça : j'ai mis un peu de temps à tilter qu'il parlait de moi !). On peut donc difficilement le soupçonner d'avoir voulu faire de la provocation. J'en ai eu d'autres, mais je ne note pas à chaque fois. Le dernier en date, en rebondissant sur une conversation sur mon choix d'être prof : "Parce que vous auriez pu faire autre chose que prof ?" Les autres lui signifient qu'il abuse de dire un truc pareil. Et lui de répondre, l'air vraiment candide : "Bah je sais pas, moi !" Sinon, ce qui ressort souvent aussi, c'est qu'ils sont persuadés que les meilleurs profs sont dans les meilleurs établissements et les moins bons dans les moins bons établissements (le leur, donc, traduction : ils pensent que les profs qu'ils ont en face d'eux sont nuls pour avoir été affectés là).
Mais la perle, c'est quand même une ancienne proviseure, en plein conseil de classe de TL, découvrant que tous les profs qui étaient là avaient fait des prépas prestigieuses : "Tout ça pour finir prof !"
Mais la perle, c'est quand même une ancienne proviseure, en plein conseil de classe de TL, découvrant que tous les profs qui étaient là avaient fait des prépas prestigieuses : "Tout ça pour finir prof !"
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Lowpow29Fidèle du forum
Ma perle était un parent d'élève de SEGPA, en rdv avec son fil particulièrement pénible, qui essayait de le motiver pour réussir à décrocher un bac pro après la SEGPA, ce qui n'allait pas être de la tarte (et le père lui-même n'avait pas de diplôme et avait une vie spéciale on va dire), bref le père lui à son fils : "Regarde Mme Lowpow, elle aussi, elle a eu son bac pro hein!"
Et moi de hocher la tête genre oui oui bien sûr !
Dans sa tête c'était le plus haut diplôme qui existe.
Et je ne parle pas de certains collègues qui pensent que pour être prof de musique il ne faut pas faire d'études x)
Mais oui en REP+ mes élèves me demandaient pourquoi j'étais prof alors que je pourrais "faire The Voice". Ou s'étonner en général que je puisse être là volontairement.
Et moi de hocher la tête genre oui oui bien sûr !
Dans sa tête c'était le plus haut diplôme qui existe.
Et je ne parle pas de certains collègues qui pensent que pour être prof de musique il ne faut pas faire d'études x)
Mais oui en REP+ mes élèves me demandaient pourquoi j'étais prof alors que je pourrais "faire The Voice". Ou s'étonner en général que je puisse être là volontairement.
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- liliepingouinÉrudit
Je crois que j'aurais répondu que la valeur d'un professeur et celle d'un éboueur sont en effet les mêmes : celles de métiers absolument essentiels à la vie d'une société humaine.
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- OcelotNiveau 7
liliepingouin a écrit:Je crois que j'aurais répondu que la valeur d'un professeur et celle d'un éboueur sont en effet les mêmes : celles de métiers absolument essentiels à la vie d'une société humaine.
Je pense que face à ce genre de remarque d'un(e) élève, j'aurais été beaucoup plus méchant. J'aurais certainement répondu que c'est le même métier, et que moi aussi je m'occupe parfois de certains déchets de la société.
- AscagneGrand sage
Il y a de plus en plus de repères qui ont été renversés en quelques décennies à peine dans ce domaine... Je pense aux illusions liées au monde des "influenceurs" et aux réseaux sociaux, par exemple.M le maudit a écrit:La vulgarité et la pauvreté intellectuelle cohabitent chez certains avec un niveau de fortune incroyable et ça c'est désormais la "vraie" valeur.
J'ai expérimenté plusieurs situations évoquées sur le fil, soit avec des élèves pas très bien intentionnés, soit avec des élèves qui avaient une forme de recul mais participaient à la pollution des séances, soit avec quelques élèves sympathiques relevant du cas présenté par @lene75. Dans ce dernier cas, c'est différent. Parfois certains élèves ont aussi perçu, lorsqu'ils savent qu'on a un parcours en recherche par exemple, qu'on voudrait être ailleurs, à l'université par exemple...
Les représentations renvoyées par les parents et le cercle familial sont en effet importantes dans ce cas.ruben715 a écrit:comme un raté du système alors que j’avais tout réussi avant de me lancer et que j’aurais pu envisager une brillante carrière dans le droit, c’est difficile à avaler.
Les parents d'élèves de mon premier lycée m'ont paru (ainsi qu'aux collègues) particulièrement durs de ce côté-là, notamment ceux qui semblaient appartenir à une classe moyenne montante mais moins diplômée que des enseignants. Cela se répercutait sur les élèves. Cela m'a beaucoup marqué. Je sens beaucoup moins cet aspect là où je suis actuellement, en revanche, les élèves ont "intégré" d'une certaine façon cette dévalorisation du métier.
Face à certains publics il y a une vraie imperméabilité, et lorsque leurs parents veillent au grain, ils confient avoir beaucoup de mal eux aussi. Il y a encore plus de forces qu'avant - dans les médias, sur les réseaux - pour ringardiser ce qu'incarnent les enseignants, sur tous les plans...ruben715 a écrit:surtout de la part des élèves pour lesquels nous sommes censés être des modèles.
- YiyhaalaNiveau 6
A la lycéenne, il fallait juste lui dire que sa comparaison tient bien et que profs et éboueurs sont essentiels pour le bien être de la société, en réduisant/éliminant les déchets...
_________________
Apart from the known and the unknown what else is there?
- tAoKHabitué du forum
Ruben715 a écrit: « Monsieur, je comprends pas comment vous pouvez aimer un truc aussi nul ! En plus, vous êtes quelqu’un d’intelligent, pourquoi vous avez voulu faire prof ? Je sais pas moi, vous auriez pu être avocat et gagner plein d’argent ! Pour moi, prof, c’est un métier qu’on fait quand on n’a pas le choix. Ça a la même valeur qu’éboueur à mes yeux ».
Réponse : "si j'avais été éboueur, je n'aurais jamais croisé une aussi grosse ordure que toi"
- Spoiler:
- *Hildegarde*Niveau 9
Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
*Hildegarde* a écrit:Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
Moi aussi. Non seulement ce n'est pas drôle, mais ça me semble monter d'un (très gros) cran dans le manque de respect. Ce qui au-delà des considérations morales serait en plus contre-productif, en jetant de l'huile sur le feu.
- tAoKHabitué du forum
*Hildegarde* a écrit:Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
Un élève qui évoque le métier d'éboueur le fera avec une connotation négative, dans le seul but de provoquer l'enseignant et de le dénigrer. Tu auras du mal à me convaincre du contraire.
Je ne m'amuserais pas à rétorquer ce que j'ai dit dans mon message précédent à un élève de 6ème, mais je le ferais sans problème face à un lycéen. Entre les deux, je pourrais l'envisager selon l'élève que j'ai devant moi.
- *Hildegarde*Niveau 9
tAoK a écrit:*Hildegarde* a écrit:Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
Un élève qui évoque le métier d'éboueur le fera avec une connotation négative, dans le seul but de provoquer l'enseignant et de le dénigrer. Tu auras du mal à me convaincre du contraire.
Je ne m'amuserais pas à rétorquer ce que j'ai dit dans mon message précédent à un élève de 6ème, mais je le ferais sans problème face à un lycéen. Entre les deux, je pourrais l'envisager selon l'élève que j'ai devant moi.
Et donc, un élève provocateur qui dénigre ton métier, tu le méprises avec un terme à la limite de l'insulte (et la limite est très mince...)? Belle réaction de la part de celui qui, dans l'échange, est supposé être l'adulte qui sait gérer ses émotions. Non, définitivement, on ne peut pas traiter un élève d'ordure.
- Thierry75Niveau 10
Traiter quelqu'un d'ordure, comment dire...
_________________
Le moi est haïssable.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
@TAoK Je pense comme toi qu'il n'est pas bon pour l'enseignant de se laisser faire, et qu'un élève qui te dit ça il faut lui clouer le bec en le mordant un peu en retour... mais pas trop fort quand même, sinon ça n'a plus rien d'éducatif et ça peut même se retourner contre toi. Pour ça, je crois qu'il n'y a pas besoin d'en rajouter; il est possible de s'appuyer sur le rapprochement suggéré par l'élève, en lui faisant prendre conscience qu'il comporte un implicite qui est en réalité très peu flatteur pour les élèves eux-mêmes. Il suffit de poser la question: un enseignant s'occupe d'élèves, mais de quoi s'occupe un éboueur? C'était un peu l'idée de la réponse que je proposais plus haut, qui visait à souligner le parallélisme implicite (et d'ailleurs bancal) dans la question de l'élève: ramasser des déchets/instruire des élèves.
- A TuinVénérable
Caspar a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Caspar a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Il n'y aurait pas une part de provocation dans les questions de tes élèves?
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
J'éviterais de dire ça, même sur le ton de l'ironie, ça pourrait être mal interprété.
Il s'agit effectivement de provocations des élèves mais elles reflètent bien la piètre opinion qu'a de nous de la société.
Tout dépend de qui le dit et dans quel contexte. J'utilise beaucoup l'humour, et dire des énormités pour mettre en mettre d'autres en évidence est une technique qui fonctionne bien d'après mon expérience. Mais il faut que les élèves aient une certaine maturité. Je ne l'aurais pas fait en collège, c'est sûr.
Après, la provocation de quelques élèves ne reflète peut-être pas le point de vue majoritaire.
Moi aussi, mais là c'est un terrain glissant à mon avis.
Pour moi, la majorité des gens méprisent et/ou jalousent les professeurs, mais je n'ai pas fait d'étude sociologique là-dessus évidemment, c'est juste mon impression.
Quand quelque chose ne va pas dans la société, ça vient de l'école. Exemple récent: le député Karl Olive (oui, c'est bien son nom) disait dans l'émission C ce soir "C'est affreux, les élèves arrivent à 18 ans dans un bureau de vote et ils ne savent même pas comment ça marche, ils sont perdus, que fait l'école ?" Ce n'est pas comme s'il y avait des cours d'EMC, des élections de délégués de classe etc
Encore une fois, ce n'est pas non plus comme s'ils avaient des parents susceptibles de les amener avec eux un jour de vote, ou pour dépouiller.des.bulletins le soir.
Je n'ai pas.appris cela à l'école,.mais avec la famille dès l'enfance... Comme nombre d'entre nous à une époque où la société fonctionnait, et où les parents assuraient leur rôle de parent.
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