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Leclochard
Empereur

Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Leclochard Ven 29 Avr 2016, 08:38
Dimka a écrit:Pourtant, il arrive que des bénévoles fassent parfois un travail similaire à celui d’un salarié, dans de nombreux domaines (y compris dans ce qui touche à l’éducation), et il y a même des gens qui changent de statut tout en exerçant la même fonction.

Je ne crois pas que les choses soient si manichéennes, entre travail et loisir, entre nécessité aliénante et épanouissement. Puis on peut avoir envie de faire des choses qui ne sont possibles que professionnellement (genre, je veux faire le con dans une ambulance, je peux le faire bénévolement, semi-professionnellement ou professionnellement avec des associations de secourisme ou les pompiers. Par contre, je veux faire le con dans une ambulance à un plus haut niveau, faut faire médecine et être salarié, c’est pas possible d’être médecin bénévole dans un samu).

Puis je ne sais pas s’il y a une règle générale, les choses s’appliquent peut-être différemment selon les individus. Certains vont plus s’épanouir en exerçant un métier, d’autres non. Ça dépend de ce que l’on a à faire à côté de son boulot, ça dépend du boulot. Je ne suis pas sûr qu’on se donnerait à fond dans certaines choses, dans l’étude par exemple, s’il n’y avait pas la nécessité d’avoir un salaire, ou des délais à tenir. Évidemment, c’est un peu décevant, ça ne colle pas avec les idéaux, mais pourquoi pas, chez certains individus ?

Pour le loto qui a été évoqué plus haut, je trouve que l’argument est également biaisé : 100% des gagnants du loto peuvent éventuellement être représentatifs des joueurs du loto, mais pas de la population. Par définition, les gens qui ne jouent pas au loto n’essayent même pas de changer leur vie par l’apport d’une grosse somme d’argent. Puis bon, les gagnants du loto… les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon ont quand même l’air de dire que gagner au loto, c’est une perturbation suffisamment radicale pour être emmerdante.

Le problème quand tu gagnes au loto, c'est que tu te coupes de ton entourage (jalousie, préoccupations différentes etc), sans immédiatement être admis dans le milieu qui correspond à ton nouveau de vie. Pour ceux que le sujet intéressent, les Pinçon-Charlot ont sorti une BD qui le raconte très bien. Il faut du temps pour apprivoiser la richesse, éventuellement ne pas culpabiliser mais ce n'est pas l'enfer non plus ! Soyons clairs : ça ne fait pas disparaître non plus tous les soucis.

Concernant le bénévolat et l'emploi salarié:  Tu as raison de dire qu'on peut exercer des activités très proches avec des statuts différents. C'est une comparaison éclairante car elle permet de comprendre les différences entre un loisir et un métier. Tout vient d'abord du statut: le bénévole est libre. Il ne signe pas de contrat. Il ne vit pas de son activité. On ne peut pas lui reprocher de n'être pas professionnel. En somme, son amateurisme le protège -jusqu'à un certain point, bien sûr - de la pression professionnelle. C'est cette différence qui fait qu'une activité sympa peut devenir aliénante, quand on change de statut. Pour mieux comprendre les choses, comparons l'activité ménagère qui consiste à préparer le repas familial et le travail d'un chef cuisinier. Dans les deux cas, on prépare des plats et on en tire une satisfaction. Pourtant, on sent tous qu'on n'est pas dans le même univers: la difficulté et la pénibilité liées à la précision et à la répétition sont bien plus élevées et dures quand on se trouve dans un restaurant, ce qui peut l'emporter sur le plaisir.  
Enseigner, c'est une magnifique activité. Pourtant, tu vois, dans les conditions actuelles, je déconseillerais à un jeune étudiant de se lancer dans le métier. Tu connais beaucoup de collègues qui souhaitent que leur enfant devienne professeur ?
Carnyx
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Neoprof expérimenté

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par Carnyx Ven 29 Avr 2016, 09:07
Il faudrait permettre la pratique privée comme pour les médecins à l'hôpital : le matin : garderie publique, l'après-midi, un professeur enseignerait à des élèves volontaires qui paieraient ! Very Happy Very Happy


_________________
Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
Lefteris
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Esprit sacré

Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Lefteris Ven 29 Avr 2016, 09:20
On oublie dans la discussion ceux qui avaient un métier et désormais n'ont plus qu'un travail, avec la disparition de leur matière ou sa dénaturation ...Comment aller au travail avec un état d'esprit autre qu'alimentaire quand on fait des choses qui ne nous intéressent pas ? Le professeur qui "sauve" son poste en faisant du primaire, du soutien ? celui qui doit changer de discipline ? les professeurs de LC ?
Et ceux dont les conditions d'exercice sont telles que de toute manière , leur présence n'a plus grand chose à voir avec leur métier, qu'ils pourraient aimer. Ou ceux dont les conditions matérielles sont si exécrables (éloignement, postes partagés, difficultés financières, etc.) que ça occupe tout leur esprit et mange toute leur énergie.

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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Feuchtwanger
Niveau 9

Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Feuchtwanger Ven 29 Avr 2016, 09:37
Lefteris a écrit:On oublie dans la discussion ceux qui avaient un métier et désormais n'ont plus qu'un travail, avec la disparition de leur matière ou sa dénaturation ...Comment aller au travail avec un état d'esprit autre qu'alimentaire quand on fait des choses qui ne nous intéressent pas ? Le professeur qui "sauve" son poste en faisant du primaire, du soutien ? celui qui doit changer de discipline ? les professeurs de LC  ?
Et ceux dont les conditions d'exercice sont telles que de toute manière , leur présence n'a plus grand chose à voir avec leur métier, qu'ils pourraient aimer. Ou ceux dont les conditions matérielles sont si exécrables (éloignement, postes partagés, difficultés financières, etc.) que ça occupe tout leur esprit et mange toute leur énergie.

Exact! Pour ma part, mon métier est mon hobby. J'ai d'excellentes conditions de travail, une bonne rémunération et c'est très clairement une parenthèse enchantée dans le quotidien (alors que les travaux ménagers et l'éducation des enfants (que j'apprécie également) est mon véritable "travail" contraignant. Mes cours me servent de prétexte pour avoir le sentiment qu'emmagasiner des connaissances qui disparaîtront quand je serai dans la tombe a un sens  car elles me survivront dans l'âme de ceux et celles à qui je les aurais transmises.

Je suis conscient que ce n'est pas le cas de tous les professeurs pour les raisons que tu rappelles. Ici encore, ce ne sont pas eux qui en sont responsables, mais le système qui les emprisonne.

Néanmoins, il faut aussi voir ce que l'on entend par "alimentaire" et par travail. J'ai aussi toujours voulu m'engager politiquement et intellectuellement assez à contre-courant. Ici encore, le métier de professeur et ses revenus réguliers est nécessaire puisqu'il me permet d'avoir le matelas financier pour ne faire aucun compromis. Est-ce que cela veut dire qu'il est "alimentaire"? J'ai du mal à l'admettre puisque l'existence est un tout et que je sais que mes activités "non alimentaires" (engagement politique) sont permises par l'équilibre financier apporté par le métier. Le métier donne aussi une "surface sociale" qui favorise la crédibilité.

Je crois que le grand drame pour beaucoup de professeurs c'est que le système actuel les a dépossédés de cette conscience d'être une élite sociale. Le professorat est un "magistère" une "vocation" pour reprendre la vision qu'ont les Allemands de la "Beruf" au contraire du "travail". Afin de briser notre résistance, on a cherché à avilir notre magistère (financièrement, symboliquement, administrativement, etc...). D'où le développement des luttes horizontales, la culpabilisation permanente et le malaise généralisé.
Carnyx
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par Carnyx Ven 29 Avr 2016, 09:51
Lefteris a écrit:On oublie dans la discussion ceux qui avaient un métier et désormais n'ont plus qu'un travail, avec la disparition de leur matière ou sa dénaturation ...Comment aller au travail avec un état d'esprit autre qu'alimentaire quand on fait des choses qui ne nous intéressent pas ? Le professeur qui "sauve" son poste en faisant du primaire, du soutien ? celui qui doit changer de discipline ? les professeurs de LC  ?
Et ceux dont les conditions d'exercice sont telles que de toute manière , leur présence n'a plus grand chose à voir avec leur métier, qu'ils pourraient aimer. Ou ceux dont les conditions matérielles sont si exécrables (éloignement, postes partagés, difficultés financières, etc.) que ça occupe tout leur esprit et mange toute leur énergie.
Certains vont te répondre que tu exagères ou même que tu mens, et qu'après tout tu es bien malchanceux.Very Happy
Marque dommage ! comme disent les peids-noirs. affraid


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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
Lefteris
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par Lefteris Ven 29 Avr 2016, 11:07
Feuchtwanger a écrit:Mes cours me servent de prétexte pour avoir le sentiment qu'emmagasiner des connaissances qui disparaîtront quand je serai dans la tombe a un sens  car elles me survivront dans l'âme de ceux et celles à qui je les aurais transmises.

J'aimerais bien, autant que faire se peut, transmettre , mais j'avoue avoir très bien survécu en étudiant beaucoup (plus que maintenant) bien avant d'avoir l'idée d'être enseignant. Enrichissement personnel, qui d'ailleurs me fait saisir toute la valeur qu'aurait cette transmission, si elle n'était pas sciemment niée et détruite. Je me fais donc une raison, je n'enseignerai probablement plus jamais le grec par exemple, et sans doute  le latin. Je ne plaisante qu'à moitié quand je dis que nos derniers élèves sont sur ce forum.
Quant à l'ersatz de français "communicationnel"  et "sociétaliste" destiné à remplacer les programmes , pas la peine d'avoir d'être enseignant.



Néanmoins, il faut aussi voir ce que l'on entend par "alimentaire" et par travail. J'ai aussi toujours voulu m'engager politiquement et intellectuellement assez à contre-courant. Ici encore, le métier de professeur et ses revenus réguliers est nécessaire puisqu'il me permet d'avoir le matelas financier pour ne faire aucun compromis. Est-ce que cela veut dire qu'il est "alimentaire"? J'ai du mal à l'admettre puisque l'existence est un tout et que je sais que mes activités "non alimentaires" (engagement politique) sont permises par l'équilibre financier apporté par le métier. Le métier donne aussi une "surface sociale" qui favorise la crédibilité.
Ca, c'est vrai , mais justement, le métier est un moyen, tel que tu le décris, pas un but.

Je crois que le grand drame pour beaucoup de professeurs c'est que le système actuel les a dépossédés de cette conscience d'être une élite sociale. Le professorat est un "magistère" une "vocation" pour reprendre la vision qu'ont les Allemands de la "Beruf" au contraire du "travail". Afin de briser notre résistance, on a cherché à avilir notre magistère (financièrement, symboliquement, administrativement, etc...). D'où le développement des luttes horizontales, la culpabilisation permanente et le malaise généralisé.
N'ayant pas été conditionné par le système, étant rentré tard,  reclassé par équivalence,  j'ai tout à fait conscience de faire partie des cadres -cadres sup , et je suis d'accor sur le terme de "magistère" (pas "vocation", quand même...) et je suis en effet étonné de la manière dont certains acceptent et utilisent sans sourciller la langage imposé par l'administration , qui en fait de de serviles exécutants, employés à autre chose que leur mission initiale, qui est de s'enrichir pour enrichir ses cours. les termes d'"équipe", de "projet" ont toujours sonné à mon oreille comme des incongruités,  et les termes "d'animation", "co-animation", très en vogue en ce moment  , comme des insultes.


Carnyx a écrit:Certains vont te répondre que tu exagères ou même que tu mens, et qu'après tout tu es bien malchanceux. Very Happy
Ils auraient du mal, car note bien que je cite des cas très divers, regardant et écoutant autour de moi. Pas un exemple unique , mais une multitude.  Je fais certes  partie de ceux dont on supprime le métier et qui ont un travail de plus en plus ennuyeux, mais pour le reste je n'ai pas de problèmes d'éloignement , ou financiers  (je bosse à moins de  10mn à pied, je rentre chez moi dans les "trous", et la réforme avec son cortège de tristes bouffonneries  va m'engager à en faire de moins en moins, à lâcher le champignon ...   Twisted Evil ), et j'ai aussi la possibilité de résister au chantage au poste pour les EPI par exemple. Mais j'ai bien conscience que tout le monde ne peut se permettre ça, raison pur laquelle d'ailleurs l'administration qui le sait pertinemment fonctionne en permanence à la menace , implicite voire explicite (cf. les props tenus en réunion de formation).
Le sort des stagiaires montre d'ailleurs le vrai visage du new public management tel qu'il serait pratiqué sur tous si tous les garde-fous tombaient.

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par Leclochard Ven 29 Avr 2016, 12:22
Feuchtwanger a écrit:
Lefteris a écrit:On oublie dans la discussion ceux qui avaient un métier et désormais n'ont plus qu'un travail, avec la disparition de leur matière ou sa dénaturation ...Comment aller au travail avec un état d'esprit autre qu'alimentaire quand on fait des choses qui ne nous intéressent pas ? Le professeur qui "sauve" son poste en faisant du primaire, du soutien ? celui qui doit changer de discipline ? les professeurs de LC  ?
Et ceux dont les conditions d'exercice sont telles que de toute manière , leur présence n'a plus grand chose à voir avec leur métier, qu'ils pourraient aimer. Ou ceux dont les conditions matérielles sont si exécrables (éloignement, postes partagés, difficultés financières, etc.) que ça occupe tout leur esprit et mange toute leur énergie.

Exact! Pour ma part, mon métier est mon hobby. J'ai d'excellentes conditions de travail, une bonne rémunération et c'est très clairement une parenthèse enchantée dans le quotidien (alors que les travaux ménagers et l'éducation des enfants (que j'apprécie également) est mon véritable "travail" contraignant. Mes cours me servent de prétexte pour avoir le sentiment qu'emmagasiner des connaissances qui disparaîtront quand je serai dans la tombe a un sens  car elles me survivront dans l'âme de ceux et celles à qui je les aurais transmises.

Je suis conscient que ce n'est pas le cas de tous les professeurs pour les raisons que tu rappelles. Ici encore, ce ne sont pas eux qui en sont responsables, mais le système qui les emprisonne.

Néanmoins, il faut aussi voir ce que l'on entend par "alimentaire" et par travail. J'ai aussi toujours voulu m'engager politiquement et intellectuellement assez à contre-courant. Ici encore, le métier de professeur et ses revenus réguliers est nécessaire puisqu'il me permet d'avoir le matelas financier pour ne faire aucun compromis. Est-ce que cela veut dire qu'il est "alimentaire"? J'ai du mal à l'admettre puisque l'existence est un tout et que je sais que mes activités "non alimentaires" (engagement politique) sont permises par l'équilibre financier apporté par le métier. Le métier donne aussi une "surface sociale" qui favorise la crédibilité.

Je crois que le grand drame pour beaucoup de professeurs c'est que le système actuel les a dépossédés de cette conscience d'être une élite sociale. Le professorat est un "magistère" une "vocation" pour reprendre la vision qu'ont les Allemands de la "Beruf" au contraire du "travail". Afin de briser notre résistance, on a cherché à avilir notre magistère (financièrement, symboliquement, administrativement, etc...). D'où le développement des luttes horizontales, la culpabilisation permanente et le malaise généralisé.

J'ai comme l'idée que tu es agrégé car pour un certifié, le matelas financier, sans conjoint aisé ou aide familiale (héritage par ex), c'est un mirage les quinze premières années, à moins de faire des heures supp à gogo, ce qui consomme du temps, de l'énergie et rend l'engagement dont tu parles plus difficile. On tourne en rond.

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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
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par Leclochard Ven 29 Avr 2016, 12:25
Lefteris a écrit:On oublie dans la discussion ceux qui avaient un métier et désormais n'ont plus qu'un travail, avec la disparition de leur matière ou sa dénaturation ...Comment aller au travail avec un état d'esprit autre qu'alimentaire quand on fait des choses qui ne nous intéressent pas ? Le professeur qui "sauve" son poste en faisant du primaire, du soutien ? celui qui doit changer de discipline ? les professeurs de LC  ?
Et ceux dont les conditions d'exercice sont telles que de toute manière , leur présence n'a plus grand chose à voir avec leur métier, qu'ils pourraient aimer. Ou ceux dont les conditions matérielles sont si exécrables (éloignement, postes partagés, difficultés financières, etc.) que ça occupe tout leur esprit et mange toute leur énergie.

Une collègue d'allemand très proche de la retraite, devra faire cours en primaire à la rentrée prochaine pour sauver son poste. Que la réforme conduise à ce genre de situation est une aberration scandaleuse.

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par Feuchtwanger Ven 29 Avr 2016, 12:42
Leclochard a écrit:

J'ai comme l'idée que tu es agrégé car pour un certifié, le matelas financier, sans conjoint aisé ou aide familiale (héritage par ex), c'est un mirage les quinze premières années, à moins de faire des heures supp à gogo, ce qui consomme du temps, de l'énergie et rend l'engagement dont tu parles plus difficile. On tourne en rond.

C'est pire encore, je suis à l'étranger avec moultes primes.
Néanmoins, cela ne m'empêche pas d'observer également à l'étranger que beaucoup de professeurs ont été déshabitués à se considérer comme des "maîtres" et non comme des exécutants.
Je crois que malheureusement le problème n'est pas uniquement financier (même s'il y contribue): quand dans une société on nous apprend depuis le berceau qu'on ne vaut rien, on finit par l'intégrer profondément et c'est ce qui amène à mon avis en bout de course à se demander si on exerce un "métier","alimentaire".
Balthazaard
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Balthazaard Ven 29 Avr 2016, 12:43
Lefteris a écrit:
Feuchtwanger a écrit:Mes cours me servent de prétexte pour avoir le sentiment qu'emmagasiner des connaissances qui disparaîtront quand je serai dans la tombe a un sens  car elles me survivront dans l'âme de ceux et celles à qui je les aurais transmises.

J'aimerais bien, autant que faire se peut, transmettre , mais j'avoue avoir très bien survécu en étudiant beaucoup (plus que maintenant) bien avant d'avoir l'idée d'être enseignant. Enrichissement personnel, qui d'ailleurs me fait saisir toute la valeur qu'aurait cette transmission, si elle n'était pas sciemment niée et détruite. Je me fais donc une raison, je n'enseignerai probablement plus jamais le grec par exemple, et sans doute  le latin. Je ne plaisante qu'à moitié quand je dis que nos derniers élèves sont sur ce forum.
Quant à l'ersatz de français "communicationnel"  et "sociétaliste" destiné à remplacer les programmes , pas la peine d'avoir d'être enseignant.



Néanmoins, il faut aussi voir ce que l'on entend par "alimentaire" et par travail. J'ai aussi toujours voulu m'engager politiquement et intellectuellement assez à contre-courant. Ici encore, le métier de professeur et ses revenus réguliers est nécessaire puisqu'il me permet d'avoir le matelas financier pour ne faire aucun compromis. Est-ce que cela veut dire qu'il est "alimentaire"? J'ai du mal à l'admettre puisque l'existence est un tout et que je sais que mes activités "non alimentaires" (engagement politique) sont permises par l'équilibre financier apporté par le métier. Le métier donne aussi une "surface sociale" qui favorise la crédibilité.
Ca, c'est vrai , mais justement, le métier est un moyen, tel que tu le décris, pas un but.

Je crois que le grand drame pour beaucoup de professeurs c'est que le système actuel les a dépossédés de cette conscience d'être une élite sociale. Le professorat est un "magistère" une "vocation" pour reprendre la vision qu'ont les Allemands de la "Beruf" au contraire du "travail". Afin de briser notre résistance, on a cherché à avilir notre magistère (financièrement, symboliquement, administrativement, etc...). D'où le développement des luttes horizontales, la culpabilisation permanente et le malaise généralisé.
N'ayant pas été conditionné par le système, étant rentré tard,  reclassé par équivalence,  j'ai tout à fait conscience de faire partie des cadres -cadres sup , et je suis d'accor sur le terme de "magistère" (pas "vocation", quand même...) et je suis en effet étonné de la manière dont certains acceptent et utilisent sans sourciller la langage imposé par l'administration , qui en fait de de serviles exécutants, employés à autre chose que leur mission initiale, qui est de s'enrichir pour enrichir ses cours. les termes d'"équipe", de "projet" ont toujours sonné à mon oreille comme des incongruités,  et les termes "d'animation", "co-animation", très en vogue en ce moment  , comme des insultes.


Carnyx a écrit:Certains vont te répondre que tu exagères ou même que tu mens, et qu'après tout tu es bien malchanceux. Very Happy
Ils auraient du mal, car note bien que je cite des cas très divers, regardant et écoutant autour de moi. Pas un exemple unique , mais une multitude.  Je fais certes  partie de ceux dont on supprime le métier et qui ont un travail de plus en plus ennuyeux, mais pour le reste je n'ai pas de problèmes d'éloignement , ou financiers  (je bosse à moins de  10mn à pied, je rentre chez moi dans les "trous", et la réforme avec son cortège de tristes bouffonneries  va m'engager à en faire de moins en moins, à lâcher le champignon ...   Twisted Evil ), et j'ai aussi la possibilité de résister au chantage au poste pour les EPI par exemple.  Mais j'ai bien conscience que tout le monde ne peut se permettre ça,  raison pur laquelle d'ailleurs l'administration qui le sait pertinemment fonctionne en permanence à la menace , implicite voire explicite (cf. les props tenus en réunion de formation).
Le sort des stagiaires montre d'ailleurs le vrai visage du new public management tel qu'il serait pratiqué sur tous si tous les garde-fous tombaient.

Amener "l'autre" à adopter sa terminologie est une méthode dialectique bien connue....pour ma part il n'y a que... cours, profs, élèves, direction...avec cela j'arrive à traiter tous mes problèmes
Carnyx
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Carnyx Ven 29 Avr 2016, 13:05
Balthazaard a écrit:
Amener "l'autre" à adopter sa terminologie est une méthode dialectique bien connue....pour ma part il n'y a que... cours, profs, élèves, direction...avec cela j'arrive à traiter tous mes problèmes
L'ingénierie sociale commence aussi par le changement de langue, quand on voit pulluler les "leviers", "pilotage", "tâches complexes" et autres billevesées et coquecigrues ! Very Happy

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par Leclochard Ven 29 Avr 2016, 13:26
Feuchtwanger a écrit:
Leclochard a écrit:

J'ai comme l'idée que tu es agrégé car pour un certifié, le matelas financier, sans conjoint aisé ou aide familiale (héritage par ex), c'est un mirage les quinze premières années, à moins de faire des heures supp à gogo, ce qui consomme du temps, de l'énergie et rend l'engagement dont tu parles plus difficile. On tourne en rond.

C'est pire encore, je suis à l'étranger avec moultes primes.
Néanmoins, cela ne m'empêche pas d'observer également à l'étranger que beaucoup de professeurs ont été déshabitués à se considérer comme des "maîtres" et non comme des exécutants.
Je crois que malheureusement le problème n'est pas uniquement financier (même s'il y contribue): quand dans une société on nous apprend depuis le berceau qu'on ne vaut rien, on finit par l'intégrer profondément et c'est ce qui amène à mon avis en bout de course à se demander si on exerce un "métier","alimentaire".


Qu'on ne vaut rien ou plutôt qu'on est des "privilégiés". Le salaire, le traitement, c'est une forme de reconnaissance sociale. Avec une évolution qui ne suit pas l'inflation, on nous fait comprendre que nous ne sommes plus une priorité. Sans doute qu'on a intériorisé également un certain discours négatif. Il n'en demeure pas moins que le métier a perdu son prestige.

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InvitéCa
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par InvitéCa Ven 29 Avr 2016, 15:03
Ryuzaki a écrit:
Lefteris a écrit:
Ne sont "jugés" que les gens dont  les lubies ont des répercussions sur les autres. La plupart des professeurs s'en tapent le coquillard de ce que pense et fait le voisin. Mais ceux qui sont montrés du doigt ici sont les super-héros qui "impliquent" (mot managérial très à la mode) dans leurs projets, qui distillent une ambiance délétère dans les établissements , surveillent les autres  et bavassent,  qui ont parfois  une telle idée d'eux-mêmes qu'ils se sont fait adouber "formateurs" et se permettent d'expliquer ce qu'il faut faire ou ne pas faire dans un cours (je ne parle pas des formateurs disciplinaires, hein, ont peut avoir de la légitimité dans sa matière) et au passage permettent au système de broyage , comme la réforme, de fonctionner.
La seule chose souhaitée, c'est que ces gens restent dans leur coin,  et qu'ils laissent respirer les autres.Il ne leur sera fait aucun mal...
C'est possible, et j'aimerais y croire, mais je ressens sur ces dernières pages un mépris de plus en plus ouvertement affiché pour ceux qui disent aimer leur travail/le travail (traités à demi-mot de naïfs, d'esclaves ou d'hypocrites (puisqu'ils oublieraient vite leurs idées s'ils gagnaient au loto)). J'aimerais me tromper néanmoins.

Rendash a écrit:
En fait, non. Le canard s'en est pris plein le dos, de ma part en tout cas, précisément parce qu'il s'est posé en juge des pratiques des autres, ce qu'il n'a de toute évidence pas à faire :lol:

Soit. Pourtant, il m'arrive assez régulièrement de tomber ici ou là sur des messages parlant de tel ou tel collègue (qui passe des films, qui a des moyennes trop hautes, trop basses, qui fait ci ou ça) sans que ça provoque un tel tollé. Après, il faudrait peut-être distinguer "juger les pratiques des autres" et "parler des pratiques des autres", et discuter de la différence entre les deux.
liliepingouin a écrit:


Ceux qui vomissent leur métier ne le font pas par plaisir, c'est juste une réaction de défense. Quand on souffre dans l'exercice de sa profession, il est plus sain d'exprimer cette souffrance que de serrer les dents quitte à s'en rendre malade.

Les profs heureux n'ont pas à en prendre ombrage.
Je suis entièrement d'accord sur ça, et mon message ne se voulait pas une attaque envers ceux qui souffrent (et qui ont toute ma sympathie).


Je viens de regarder le fil des derniers jours et je te remercie, Ryuzaki. Franchement, je me sens moins seul. On pense la même chose mais tu as l'intelligence de les dire avec plus de diplomatie que moi (qui étais, c'est vrai, un peu bourrin dans certains posts), ce qui t'évite d'être lynché par des juges qui ne supportent pas qu'on juge.
Maintenant je me tire de cette discussion qui a bifurqué (et c'est tant mieux), sinon on va encore vouloir me casser les pattes !
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macassa
Niveau 7

Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Rester prof titulaire uniquement pour des raisons alimentaires, est-ce possible selon vous ?

par macassa Mer 02 Nov 2016, 11:53
Bonjour,

c'est sûrement le syndrome " veille de rentrée" mais j'ai le blues....pas envie de reprendre...mon métier m'intéresse de moins en moins.

Prof titulaire en lycée pro depuis 15 ans, ce métier me plaisait beaucoup au tout début, c'était un choix bien réfléchi, mais maintenant, force est de constater que mon poste consiste à " garder" des élèves de plus en plus faibles, de plus en plus bruyants, ils ne sont même pas motivés par leur formation et leur futur métier que certains ne pourront pas exercer vu leur profil...même les placer en stages devient  une mission impossible (j'en parle au post " lycée pro")

Quand j'y pense, je réalise que je ne donne presque plus de cours...En lycée pro, on est devenus des "animateurs" tout en réglant des problèmes de disciplines, sociaux...et les inspecteurs nous aident pas...selon eux, il faut être BIENVEILLANT, mettre les élèves en activités, ne plus les faire écrire....

Bref, j'ai 46 ans, je ne me vois pas du tout tenir 20 ans ainsi et finir ma carrière à l'éducation nationale, Je commence à regarder ailleurs et je postule pour des postes en détachement, je réfléchis également pour des mises en dispos avec l'idée de créer mon activité dans le privé voire démissionner.

Ma question : Est-il possible de continuer ce métier en envisageant que l'aspect " alimentaire" ( comme beaucoup, enfants à élever et crédit maison) ????


Dernière édition par henriette le Mer 02 Nov 2016, 15:00, édité 1 fois (Raison : syntaxe du titre)
celitian
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 27 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par celitian Mer 02 Nov 2016, 12:00
Et essayer de passer le CAPET ou l'agrégation, cela pourrait te permettre de trouver une nouvelle motivation.

Ou te diriger vers un poste dans l'intendance.

Je suis allée à la cellule reconversion de mon académie, j'en suis ressortie découragée car pas grand chose comme détachement dans les autres ministères.

Bon courage.
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par User21929 Mer 02 Nov 2016, 12:08
macassa a écrit:...

Ma question : Est-il possible de continuer ce métier en envisageant que l'aspect " alimentaire" ( comme beaucoup, enfants à élever et crédit maison) ????

C'est ce que je fais.

Je me retrouve à 100% dans ce que tu vis. Mais, à l'aube de mes 50 ans, je n'ai pas le courage financier de quitter ma paie. Avant j'avais 16H hebdomadaires pour ma spécialité, aujourd'hui j'ai 2H en première et 8 en terminale... Suis-je responsable ? Non ! Alors je suis devenu fonctionnaire, je fais ce que l'Etat attend de moi, je garde des jeunes et accessoirement je forme ceux qui le désirent.
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par User21929 Mer 02 Nov 2016, 12:14
celitian a écrit:Et essayer de passer le CAPET ou l'agrégation, cela pourrait te permettre de trouver une nouvelle motivation.
Un collègue l'a fait, il est quand même resté sur son poste de LP en attendant qu'un poste se libère en lycée... il est parti en retraite l'année dernière sans l'avoir obtenu :lol:

celitian a écrit:
Ou te diriger vers un poste dans l'intendance.
Tu vends du rêve Razz

celitian a écrit:
Je suis allée à la cellule reconversion de mon académie, j'en suis ressortie découragée car pas grand chose comme détachement dans les autres ministères.
Idem. J'ai bien aimé le conseil du DRH : "Prenez un peu de recule M Whypee. Il ne vous reste plus longtemps." ; 15 ans quand même !!!!

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par celitian Mer 02 Nov 2016, 12:22
C'est surprenant car après le CAPET ou l'agrégation , tu es stagiaire 1 an donc tu dois forcément être en lycée, bon c'est sur que les STMG cela ne vend pas du rêve non plus Very Happy , mais un poste en BTS/IUT un peu plus.

Après il faut bien identifier si ce sont les élèves que l'on ne supporte plus ou l'EN, moi, pas de chance c'est l'EN.

Prendre du recul pendant 15 ans, n'importe quoi, comme si c'était possible.
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par Pseudo Mer 02 Nov 2016, 12:44
macassa a écrit:

Ma question : Est-il possible de continuer ce métier en envisageant que l'aspect " alimentaire" ( comme beaucoup, enfants à élever et crédit maison) ????

C'est surement possible. Mais pourquoi s'infliger cela ?

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par neocdt Mer 02 Nov 2016, 12:53
Et le "concours" de DDFPT (ex chef de travaux) ? Tu restes dans le milieu de l'enseignement, mais plus directement devant élèves...

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par stench Mer 02 Nov 2016, 12:58
Je me demande si on se pose ces questions dans les autres métiers : qu'on aime ou pas son travail, je connais très peu de gens qui travailleraient si on ne les payait plus. C'est la différence avec un passe-temps, mon job me fait gagner ma vie, il est très rare que sa passion fasse gagner la vie. Donc pour moi oui, on peut enseigner pour des raisons alimentaires. J'imagine que 99% des professeurs le font pour ça en premier lieu.

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par Reine Margot Mer 02 Nov 2016, 13:32
Par expérience, je crois qu'il est possible de faire ce boulot pour gagner sa vie, mais pas sans un minimum de "vocation" et de motivation. Si tu n'as pas de passion pour tes cours, plus d'intérêt (même en travaillant sérieusement), les élèves le sentent et te le font sentir. Donc autant commencer à préparer sa reconversion, avant que ce boulot ne te "bouffe" littéralement.

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par macassa Mer 02 Nov 2016, 13:34
celitian a écrit:

Après il faut bien identifier si ce sont les élèves que l'on ne supporte plus ou l'EN, moi, pas de chance c'est l'EN.

Prendre du recul pendant 15 ans, n'importe quoi, comme si c'était possible.

je pense que c'est l'EN que je ne supporte plus...la filière pro n'est plus du tout adaptée aux exigences du monde du travail, les métiers ont complètement changé, la formation privée gagne de plus en plus de terrain bref ...on est "Has Been", complètement déconnecté de la réalité.

L'EN nous oblige à garder tous les élèves en classe, à former des jeunes qui n'ont ni le profil, ni le niveau pour le métier...c'est usant et déprimant !!

Passer l'agreg ou devenir chef des travaux...aucun intérêt...je me suis déjà renseigné
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par Pseudo Mer 02 Nov 2016, 13:59
stench a écrit:Je me demande si on se pose ces questions dans les autres métiers : qu'on aime ou pas son travail, je connais très peu de gens qui travailleraient si on ne les payait plus. C'est la différence avec un passe-temps, mon job me fait gagner ma vie, il est très rare que sa passion fasse gagner la vie. Donc pour moi oui, on peut enseigner pour des raisons alimentaires. J'imagine que 99% des professeurs le font pour ça en premier lieu.

Il y a au contraire énormément de gens qui se posent ces questions en dehors de l'éducation nationale ! Personne ne travaillerait sans être payé (ou alors ce n'est plus un travail), la question n'est pas là. Mais beaucoup de personnes s'interrogent sur le sens de ce qu'ils font, et tentent de faire des jobs qui leur correspondent lorsqu'ils se rendent compte que leur job les minent, ne provoque chez eux que désintérêt ou même les rend malade.
Et au contraire, on peut vivre d'une passion, ça existe, et heureusement. Cela dit on peut aussi faire un job qui nous plait et nous apporte plus qu'un salaire sans que ce soit à proprement parler une passion.

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par stench Mer 02 Nov 2016, 14:13
Pseudo a écrit:
stench a écrit:Je me demande si on se pose ces questions dans les autres métiers : qu'on aime ou pas son travail, je connais très peu de gens qui travailleraient si on ne les payait plus. C'est la différence avec un passe-temps, mon job me fait gagner ma vie, il est très rare que sa passion fasse gagner la vie. Donc pour moi oui, on peut enseigner pour des raisons alimentaires. J'imagine que 99% des professeurs le font pour ça en premier lieu.


Et au contraire, on peut vivre d'une passion, ça existe, et heureusement.

C'est ce que j'ai dit, et je maintiens que c'est rare. Dès que ça devient une obligation financière, le plaisir diminue.

Ma réflexion sur les autres jobs n'allait pas dans ce sens : je crois que dans une majorité de jobs on ne fait pas ça par plaisir. Si on peut trouver quelque chose de réjouissant, c'est mieux, c'est du bonus, et je pense au contraire que dans l'enseignement on a(ou on peut avoir) quelques raisons de se réjouir (transmission de valeurs, travail sur une matière ou une discipline qu'on aime, etc.) J'ai bossé dans la restauration, dans la grande distribution, dans l'industrie, et je n'ai jamais entendu l'un de mes collègues dire que son travail était épanouissant. Au contraire, c'était des remarques du genre "il faut bien bouffer". Or, personne ne se posait la question de changer de travail. Je me demande quelle est la proportion de travaux rémunérés vraiment épanouissants : je pense qu'ils ne sont pas majoritaires, malheureusement. De tous ceux que j'ai faits (plongeur, travailleur à la chaine, électricien, gestionnaire de stock, testeur en plateforme haute-tension, etc.) seul l'enseignement est plus ou moins épanouissant. Si je perdais cette motivation, je ne pense pas que je la trouverais ailleurs.

Maintenant, ça existe surement et heureux ceux qui prennent leur pied au boulot. Quitter un métier parce qu'on ne le supporte plus, bien entendu! Le quitter pour en trouver un autre hypothétiquement plus épanouissant, je serais plus prudent.

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par Lefteris Mer 02 Nov 2016, 14:14
macassa a écrit:Bonjour,

c'est sûrement le syndrome " veille de rentrée" mais j'ai le blues....pas envie de reprendre...mon métier m'intéresse de moins en moins.

Prof titulaire en lycée pro depuis 15 ans, ce métier me plaisait beaucoup au tout début, c'était un choix bien réfléchi, mais maintenant, force est de constater que mon poste consiste à " garder" des élèves de plus en plus faibles, de plus en plus bruyants, ils ne sont même pas motivés par leur formation et leur futur métier que certains ne pourront pas exercer vu leur profil...même les placer en stages devient  une mission impossible (j'en parle au post " lycée pro")

Quand j'y pense, je réalise que je ne donne presque plus de cours...En lycée pro, on est devenus des "animateurs" tout en réglant des problèmes de disciplines, sociaux...et les inspecteurs nous aident pas...selon eux, il faut être BIENVEILLANT, mettre les élèves en activités, ne plus les faire écrire....

Bref, j'ai 46 ans, je ne me vois pas du tout tenir 20 ans ainsi et finir ma carrière à l'éducation nationale, Je commence à regarder ailleurs et je postule pour des postes en détachement, je réfléchis également pour des mises en dispos avec l'idée de créer mon activité dans le privé voire démissionner.

Ma question : Est-il possible de continuer ce métier en envisageant que l'aspect " alimentaire" ( comme beaucoup, enfants à élever et crédit maison) ????
Je crois que c'est possible, c'est d'ailleurs mon cas et celui de la plupart des collègues, même s'il n'est pas de bon ton dans ce monde de langue de bois de le crier sur les toits. Pour ma part, la réforme a achevé chez moi toute motivation, tout intérêt pour un métier désormais totalement détruit (les LC ne se relèveront jamais), à quoi s'ajoute le mépris pour l'institution.  Mais s'il est facile de rentrer dans l'EN (je suis moi-même malencontreusement reconverti) , il est très difficile de partir surtout à un certain âge ( je suis en train d'en faire l''expérience) et sans  qualification négociable  et il faut tenir compte de ce paramètre. Hors de question de tout lâcher pour finir sous les ponts, le remède serait pire que le mal.
Mais dans ce cas, il faut se dire que c'est le lot commun de tous les salariés d'aller au boulot comme à une corvée, se réserver une vie privée, ne pas avoir tout centré sur son boulot, et alléger le plus possible les servitudes (ne pas être PP, ne pas faire de "projets", éviter les réunions, aller à l'essentiel pour faire des cours de qualité...).
Pour ma part, j'essaie de considérer la bouteille à moitié pleine plutôt qu'à moitié vide : j'ai certes un métier sans intérêt et de surcroît  piétiné, je supporte des pénibles, mais  je pense dès le matin au moment où je sortirai, je rentre chez moi dès que possible (domicile proche) , je fais du sport, j'ai une vie personnelle, je pense aux vacances où de toute manière je dois partir (famille éparpillé en province).

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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