entrer/rentrer: comment expliquer la différence aux élèves?

+1, d'autant que le pauvre Ben est marseillais, et si je me souviens bien, on ne disait guère 'entrer' quand j'étais enfant, 'rentrer' est le verbe en usage (j'ai assez soupé de crayon gris, à papier et de bois pour comprendre que malgré nos illusions le français est pour beaucoup d'entre nous une langue partiellement étrangère )
Cela dit, Ben, les profs sont cruels, entre eux plus encore qu'avec leurs élèves, il est judicieux de ne pas tendre le bâton pour se faire battre .

@Ben : contrairement à ce que tu peux penser, nous aussi, on pense à ces gosses-là, qui ne comprennent rien.
La différence, c'est qu'on veut croire qu'ils finiront par comprendre quelque chose, et que ça vaut le coup de les sortir de leur 150 mots de vocabulaire courant.
Si nous, nous renonçons, toi, tu pourras tirer l'échelle.
Tu as peut-être été malheureux au collège, et rencontré des profs de français qui ne t'ont pas plu, c'est possible. Mais maintenant, c'est toi le prof. Il va falloir t'y faire - ou revenir à ton boulot initial.

Dandelion : les profs, des gens cruels ? Parle pour toi !

dandelion a écrit:+1, d'autant que le pauvre Ben est marseillais

Je suis un Parisien qui bosse à Marseille.

Je ne dis pas non plus que tous les profs de lettres sont des sadiques qui nous forcent à lire des livres à la chaîne. :livre:
D'ailleurs la seule prof de lettres qui a cru en moi, c'est la seule qui a réussit à me faire lire un livre entier.

Et heureusement que tout les profs de collèges ne renoncent pas ... D'ailleurs je pense qu'il faut avoir du courage pour enseigner en collège, beaucoup plus qu'en LP !

Ben13 a écrit:

dandelion a écrit:+1, d'autant que le pauvre Ben est marseillais

Je suis un Parisien qui bosse à Marseille.

Je ne dis pas non plus que tous les profs de lettres sont des sadiques qui nous forcent à lire des livres à la chaîne. :livre:
D'ailleurs la seule prof de lettres qui a cru en moi, c'est la seule qui a réussit à me faire lire un livre entier.

Et heureusement que tout les profs de collèges ne renoncent pas ... D'ailleurs je pense qu'il faut avoir du courage pour enseigner en collège, beaucoup plus qu'en LP !

Mais comment tu fais quand y a un match OM/Quatar PSG ?

On ne parle pas de ses convictions politiques, religieuses, sportives dans ma classe.

Et si ils s'aventurent sur ce terrain je sors mon fameux : "messieurs on s'égare, revenons au sujet !

Ah? Un estranger? Un qui vient du nord? Dans ce cas là aucune excuse (dire que j'ai défendu un Parigot, ... )
Nita, j'ai toujours mis un point d'honneur à expliquer à mes élèves que j'avais choisi ce métier pour exprimer mes instincts sadiques (mais moins les derniers temps compte-tenu de la disparition du second degré et de la judiciarisation croissante )

Cette histoire de "détail", c'est encore ce qui me ragace le plus. Je recomprends que Reben se retrouve sans doute le rec** entre deux chaises ici, mais refranchement, qui a déjà réessayé de redire à un prof de maths que le minuscule tiret vertical qui redifférencie le + du - est un détail ? Ou que l'orientation qui redifférencie le + du x est un détail ?

Pourquoi les matières scientifiques reseraient-elles rigoureuses et pas la nôtre ?
Reben revient l'air de redire qu'on l'a trop rerabroué et donc rerabaissé parce qu'il ne remaîtrise pas suffisamment les règles de sa langue, alors qu'en fait, en retrouvant inutile de repinailler, c'est notre matière qu'il rerabaisse, quand toutes les autres matières "repinaillent" sur... l'essentiel.

Du coup, j'en ai oublié de répondre à la question : pour faire comprendre la différence aux élèves, la première fois j'explique, la 2e fois j'agace (par exemple leurs prénoms prennent tous une lettre en plus, au début ou à la fin) et la 3e fois je sanctionne (à l'écrit, ça donne des points en moins).

Un élève s'est offusqué un jour parce qu'il avait perdu les 5 points de la conjugaison de je ne sais plus quel verbe, pour un -s oublié à la 2e personne. "Mais madame, pour juste une lettre !". Il a passé le reste de l'heure avec un prénom de fille, puisqu'il suffisait d'ajouter "juste une lettre" à son prénom pour le féminiser. Et je l'ai beaucoup interrogé ce jour-là. Depuis, ça l'agace encore de perdre des points pour "juste une lettre", mais au moins il ne récrimine plus et même, il y pense, à sa lettre.

Si ça peut vous réconforter, collègues littéraires, je compte faux toutes les phrases en parfait anglais mais ne se terminant pas par un point...ça fait hurler les élèves ! Mais je considère que si nous n'y prêtons pas attention, qui le fera ? Les employeurs qui liront leurs CV. Et toc!

Entrer ? C'est quoi ? Dans mon coin de sud-ouest, il y a rentrer et... rerentrer. Et même pas, pour une fois, l'excuse d'avoir transposé le patois

Ah !
"Ah non, on n'en raura pas avant samedi, madame."
"Madame, ça a retoqué."

Ben13 a écrit:Je ne pensais pas que vous le prendriez aussi mal.

Je commence à comprendre pourquoi je n'ai jamais aimé les profs de lettres et réciproquement.

Tu sais, je me rappelle être passé en section maths du forum (quelle inconscience! :lol: ) et avoir lu un topic où les collègues de mathématiques se moquaient ouvertement de "l'ignorance crasse" de leurs élèves qui ne comprenaient pas que B8 racine de 76, mélangé à des carottes et des topinambours, donnait la tangente de la courbe du grand axe au carré de la période ... Je caricature, bien sûr, mais je me suis aventuré (ainsi que Seraphina) à dire en mode humour qu'on n'y comprenaient rien nous même, qu'on méritait un bonnet d'âne, car ça semblaient juste une autre langue pour nous (je précise que c'était un topic humoristique sur les "perles" des élèves). Suite à une réaction virulente, on a précisé que ça nous semblait juste dur de se moquer d'une telle "ignorance" sur des choses dont on ne se sert jamais dans la vie de tous les jours et qui semblait très différente d'une méconnaissance de la table de multiplication, ou d'une règle de calcul reposant sur la logique, par exemple.

Eh bien, on s'est fait ......... comment dire ... non, je ne préfère pas le dire.
Avec même des flots d'insultes en MP de la part d'un des collègues de maths (si si) :shock:
Je n'en conclus pas pour autant à "Je commence à comprendre pourquoi je n'ai jamais aimé les profs de maths et réciproquement".
D'autant qu'on utilise objectivement nettement moins les théorèmes de maths dans la vie qu'on utilise les règles de grammaire et d'orthographe en écrivant ou tout simplement en parlant.

La question n'est pas si simple:

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/rentrer/68273

"Synonyme de entrer" ça commence bien!

Heureusement l'académie veille:

http://www.academie-francaise.fr/entrer-rentrer

Il est certain que si on s'en remet au dictionnaire (Larousse ou Robert) actualisé, on n'en sort pas gagnant. Même l'affreux "impacter" y est entré (pardon, rentré), usage attesté depuis 1992 (mais depuis 1962 en chirurgie semble-t-il, d'après Robert).
Certes, la langue évolue. Elle est vivante, c'est bien. Mais au bout d'un moment, les mots n'ont plus de sens. Les mots qui en avaient un ne sont plus employés. Et on ne se comprend plus (quand mon mari me parle comme à ses collègues, je décroche avant la fin de la première phrase, un peu comme si je ne lui parlais qu'à travers des acronymes de l'éduc nat).

Le verbe "pénétrer" peut remplacer "entrer" ou "renter" ?

Je pénètre dans cette pièce inconnue.
J'entre dans cette pièce inconnue.
Je rentre dans cette pièce inconnue.

Spoiler:

Dalva a écrit:Ah !
"Ah non, on n'en raura pas avant samedi, madame."
"Madame, ça a retoqué."

Ah oui, en Lorraine
Vous avez reu du café ? Non ? Bah vous en raurez, vous zinquiétez pas

Je suis démasquée !

Ben13, moi, depuis que j'ai des 3e, je ne pénètre plus nulle part, ils ont l'esprit bien trop mal placé...