Ma stagiaire parle du "Vocabulaire du récit": connaissez-vous cette expression ?

miss sophie a écrit:Je pense qu'elle reprend juste les intitulés qu'on trouve dans les nouveaux programmes :

En 6e :

Domaines lexicaux
- vocabulaire des émotions ;
- vocabulaire des religions (croyances et pratiques religieuses dans
l’Antiquité) ;
- vocabulaire des genres littéraires (conte, récit).

En 5e:

Domaines lexicaux
- vocabulaire des sensations ;
- vocabulaire des valeurs (références à une société ou à une période
découverte à travers les œuvres étudiées en classe) ;
- vocabulaire des genres littéraires (roman, comédie).

Voici un cours de français d'une de mes petite-filles en cinquième.
Marguerite Cours de français en cinquième. (Première partie)

"Depuis des décennies, nous, professeurs de français et de littérature, sommes trahis par les linguistes et par les lexicographes."

J’ai tapé intégralement ce texte, qui rassemble deux cours de français d'une petite-fille de douze ans.

Les séquences.

Français en cinquième (Cours des 20 et 21 octobre)

Les principales fonctions du discours.

I) Généralités.
Lors de l’acte d’énonciation, l’émetteur a toujours une intention. Chaque énoncé a une fonction dominante : raconter, décrire, expliquer, ou argumenter (chercher à convaincre.)

II) Le discours narratif.
A) Objectifs.
L’émetteur l’emploie pour :
1) à l’oral :
Raconter des événements survenus à lui ou à quelqu’un d’autre.

2) à l’écrit :
rédiger des romans, nouvelles, contes, récits (historiques, biographiques, autobiographiques.)

B) Indices grammaticaux.

1) Indices de personne (l’émetteur).
a) 1ère pers.du sing. ou pluriel (je, nous)
- ouvrage des récits autobiographiques
- ou lorsque le narrateur est un narrateur fictif, un personnage du livre.
b) 3ème pers. Du sing. ou du pluriel (il, elle, ils, elles) dans la plupart des romans, quand le récit est directement écrit par l’auteur, sans intervention d’un narrateur.

2) Le temps des verbes :
a) présent : le présent d’actualité.
b) passé : passé simple (ou passé composé)

3) Des repères nombreux dans l’espace et le temps :
a) L’espace - adverbes de lieu : ici, là.
- GN.C circon. de lieu (« dans une clairière », « de chez moi »,)
b) Le temps - adverbes de temps : maintenant, hier, plus tard.
- GN.C circ. de temps : « Un certain jour d’automne », « de bonne heure », « à deux heures ».


III) Le discours descriptif.
A) Objectifs.
L’émetteur veut que le récepteur puisse se représenter, imaginer un lieu, objet, personnage.
On le trouve :
1) à l’oral dans les récits, contes.
2) A l’écrit : manuels scolaires, guides touristiques, notices (de montage, d’utilisation), articles de journaux.

B) Les indices grammaticaux.

1) Indices de personnes : 3ème personne sing.ou pluriel.
2) Temps des verbes.
a) Présent : le présent.
b) Passé : imparfait.
3) Quelques repères dans le temps et dans l’espace.
4) De nombreuses expansions du GN

2ème partie.

a ) L’adjectif épithète : les terrains arides
b) C de N (complément du nom) : les murs de boue
c) La prop.subordonnée relative : le chien qui court est malade.


IV) Le discours explicatif.
A) Objectifs.
Le narrateur veut faire comprendre quelque chose au récepteur.
1) A l’oral : cours d’un professeur, explication d’un vendeur.
2) A l’écrit : dans les manuels scolaires, les notices.

B) Les indices grammaticaux.
1) Personnes : 3ème personne
2) Temps présent de vérité générale.
3) Les mots outils servent à marquer les étapes de l’explication.

Les étapes de l’explication.
1) Conjonctions de coordination : car, donc.
2) Adverbes : en effet, pourtant.
3) Conjonction de subordination : parce que, puisque, ainsi, c’est pourquoi.


V) Le discours argumentatif.
A) L’adjectif.
L’émetteur veut persuader, convaincre le récepteur par tous les moyens.

1) A l’oral : conversation, débat, publicité.
2) A l’écrit : dialogue de théâtre, de roman ; publicité, articles de journaux.


B) Les indices grammaticaux.
On retrouve les outils, les indices des trois premiers discours.

Une grande variabilité.

1) De personne (1ère, 2ème, 3ème)
2) De temps (passé, présent, futur.)
3) De mode (indicatif, impératif, condit. subj.)

Une abondance de mots outils (les mêmes que dans le discours explicatif)

(Il s'agit d'un travail sur trois pages de la chèvre de Monsieur Seguin, seul texte étudié...depuis la rentrée!)

Ces fameuses séquences didactiques conduisent nos enfants à "l'inappétence scolaire", euphémisme utilisé par le "langage pédadingo", pour qualifier le rejet de ces enfants pour toute littérature.

Dans le livre de Michel Leroux, j'ai trouvé une comparaison, sur ce genre de procédure.
"Cela n'aurait aucun sens, disait Einstein, de décrire une symphonie de Beethoven comme des variations de pression ondulatoire."

Oui, j'avais lu le post où tu en parlais…
Mais je ne pense pas que ce soit ce que ma stagiaire a l'intention de faire, vu les quelques échanges que nous avons eus… mais j'en saurai plus demain, on se voit une heure pour parler de ses progressions et de ses premières séances.

Merci Abricotedapi ! Je vais tenter de faire au mieux...et ma stagiaire est très ouverte au dialogue sans rester figée sur les discours des formateurs, donc c'est un gros point positif !

Je pense également qu'elle reprend les intitulés des programmes...c'est en 6ème ou en 5ème? En 5ème je l'indique en point de lexique dans mon premier chapitre, et en réalité, ça se borne à faire une séance de rappel sur les termes en usage ( narrateur interne / externe, auteur, personnage...) se terminant par un exercice de vocabulaire où il faut utiliser des mots comme "narrer" ( histoire qu'ils en sachent l'orthographe) "décrire" et après, basta! C'est peut-être ce qu'elle a l'intention de faire...

Alors, bilan des courses après entretien de 45 minutes ce matin avec ma stagiaire… c'était effectivement le vocabulaire du type: "schéma narratif", "narrateur", "personnage"..

C'était un peu ce que je craignais, mais en moins grave: elle ne comptait pas en faire une séance, mais plutôt des rappels filés durant les séances, ce qui me semble judicieux notamment pour la confusion narrateur/auteur/ personnage… J'ai quand même tiqué sur le "schéma narratif". Ai-je commis une boulette en lui disant que c'était pas une définition à savoir, pas une connaissance théorique nécessaire à acquérir, mais plutôt une notion qui peut être intéressante en écriture en 6è pour rédiger un conte, comprendre comment ça marche, et pas l'alpha et l'oméga de l'étude d'un texte, surtout en 4è?

Elle a eu l'air surpris quand je lui ai dit que cela avait disparu des programmes, qu'elle n'avait quand même pas été absente si longtemps qu'un tel changement se soit produit pendant son report de stage… du coup, j'ai douté. Mais il semble bien que j'ai raison.

Pfff…
Y a des choses qui me chiffonnent. Bref.

Audrey a écrit:A J'ai quand même tiqué sur le "schéma narratif". Ai-je commis une boulette en lui disant que c'était pas une définition à savoir, pas une connaissance théorique nécessaire à acquérir, mais plutôt une notion qui peut être intéressante en écriture en 6è pour rédiger un conte, comprendre comment ça marche, et pas l'alpha et l'oméga de l'étude d'un texte, surtout en 4è?

Elle a eu l'air surpris quand je lui ai dit que cela avait disparu des programmes, qu'elle n'avait quand même pas été absente si longtemps qu'un tel changement se soit produit pendant son report de stage… du coup, j'ai douté. Mais il semble bien que j'ai raison.

Pfff…
Y a des choses qui me chiffonnent. Bref.

C'est comme cela que je le vois aussi. Je ne pense pas que tu aies commis une boulette, non ! Je pense que le principal, c'est qu'elle trouve le juste milieu entre utiliser du jargon "dans le vent" et l'utiliser pour l'appliquer effectivement au texte étudié.

Audrey a écrit:
Pfff…
Y a des choses qui me chiffonnent. Bref.

Il n'y a pas de quoi être chiffonnée, il est évident qu'elle n'aura pas toujours les mêmes idées que toi, puisqu'elle débute. Faut bien qu'elle teste et découvre. Si toi tu lui dis ce que tu penses, mais sans lui mettre la pression sur la manière de faire, c'est déjà bien (en tout cas, c'est ce que j'attendrais d'un tuteur).

Non non, ce qui chiffonne, c'est pas cette histoire de vocabulaire mais d'autres choses que je n'évoque pas là. Je précise aussi qu'elle est fausse débutante puisque contractuelle pendant quelques années…En tout cas, on discute bien, et je ne pense pas lui mettre la pression, au contraire même, et c'est ptêt même un peu le souci...

Ah d'accord. J'espère que tout ira bien.

Je suis certaine que ça ira car elle est soucieuse de progresser… mais c'est quand même pas facile d'être tuteur… être présent sans étouffer mais en étant tout de même assez cadrant quand certaines choses ne vont pas…C'est pas évident. Et je passe mon temps à me remettre en cause, à douter de mes connaissances ou pratiques…. comme d'hab ceci dit, mais en pire! ;-)