quelle est la différence entre l'expérience sensible et la perception ?

Bonjour,

Une petite question : dans "sensation, expérience sensible et perception", comment distingueriez-vous l'expérience sensible de la perception ? C'est pour donner une première définition des termes. Merci.

Prune

En biologie on différencie sensation et perception selon s'il y a un intégration de l'information par le cerveau (reconnaissance). La sensation permet de détecter quelque chose, on parle de perception quand ce quelque chose est identifié. La sensation intervient dans les aires primaires d'un fonction (exemple la somesthesie, la vision) et la perception suit ensuite dans les aire secondaire (s'il y a un problème entre les aires primaires et secondaire, on perd la perception mais on garde la sensation, s'il y a un problème avant l'aire primaire, on perd sensation et perception)
Exemple avec le touché d'un objet dans un sac, on sent l'objet puis on perçoit sa forme, sa texture, tout ça en quelques millisecondes.

Je suis curieux de voir la définition donnée en philosophie

De quoi faire chauffer la machine cognitive des pédagos! :lol:  Certains vont adorer ! :lol: 
Bon, pas spécialiste, je dirais qu'une perception, humainement parlant lol (pas si bête puisque pour un animal on ne différencie pas :lol:  ), requiert de la mémoire + un concept (= intelligence ...si l'on sait la définir) :lol: ). Si certains sont capables de déterminer exactement les zones cérébrales sollicitées, bah, tant mieux, ça peut faire taire les bavards.

...mais ma question, c'est la différence entre expérience sensible et perception...

Elena, je ne vois pas le rapport avec les pédagos, là, on parle de distinction notionnelle, donc juste et fondamentalement de "pensée"  :| 

Prune, je pense que la réponse de MrCailloux répond à ta question, non ?
L'expérience sensible, c'est le fait de recevoir un signal par les sens, la perception c'est une fois que le cerveau a identifié le signal, non ?

Cf le TLF :
- Sensation : PSYCHOL., PHYSIOL. Phénomène par lequel une stimulation physiologique (externe ou interne) provoque, chez un être vivant et conscient, une réaction spécifique produisant une perception;

- Perception : PHILOS., PSYCHOL. Opération psychologique complexe par laquelle l'esprit, en organisant les données sensorielles, se forme une représentation des objets extérieurs et prend connaissance du réel.

Que dit le Lalande ?

Hello,

Prune a écrit:dans "sensation, expérience sensible et perception", comment distingueriez-vous l'expérience sensible de la perception ? C'est pour donner une première définition des termes.

je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. Il n'y a pas une définition de ces différents termes, et, comme pour 99,99% des termes, il n'y en a pas de définition du tout, si ce n'est dans des contextes précis (cf. le post de MrCailloux par exemple).

On peut élaborer un peu sémantiquement et dire qu'on réserve ordinairement le terme de perception à des contextes où il y a identification d'un objet (l'«objet», en ce sens, pouvant être une qualité: on peut parler de percevoir une odeur), alors que l'expression d'«expérience sensible» est à peu près inévitablement plus générique, une douleur au ventre (exemple typique de «sensation» au sens courant) pouvant par exemple rentrer là-dessous (alors qu'on ne dira pas, naturellement, qu'on perçoit une douleur à son propre ventre). Mais ces précisions sémantiques ne sont pas, Dieu merci, des définitions au sens strict, et ne se donnent pas pour telles.

PauvreYorick a écrit:Hello,

Prune a écrit:dans "sensation, expérience sensible et perception", comment distingueriez-vous l'expérience sensible de la perception ? C'est pour donner une première définition des termes.

je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. Il n'y a pas une définition de ces différents termes, et, comme pour 99,99% des termes, il n'y en a pas de définition du tout, si ce n'est dans des contextes précis (cf. le post de MrCailloux par exemple).

On peut élaborer un peu sémantiquement et dire qu'on réserve ordinairement le terme de perception à des contextes où il y a identification d'un objet (l'«objet», en ce sens, pouvant être une qualité: on peut parler de percevoir une odeur), alors que l'expression d'«expérience sensible» est à peu près inévitablement plus générique, une douleur au ventre (exemple typique de «sensation» au sens courant) pouvant par exemple rentrer là-dessous (alors qu'on ne dira pas, naturellement, qu'on perçoit une douleur à son propre ventre). Mais ces précisions sémantiques ne sont pas, Dieu merci, des définitions au sens strict, et ne se donnent pas pour telles.

Lier perception et identification, ok, mais dans ma question, je cherchais à distinguer 3 termes et en particulier l'expérience sensible des deux autres...
Peut-on distinguer (simplement, première approche avec les élèves) la sensation de l'expérience sensible : sensation de faim et expérience de la faim, c'est la même chose ? L'expérience par rapport à la sensation ajouerait-elle la mémoire des circonstances, le contexte...ça ne ma paraît pas évident.

Prune a écrit: Lier perception et identification, ok, mais dans ma question, je cherchais à distinguer 3 termes et en particulier l'expérience sensible des deux autres...

La précision suivante m'avait induit, sur ce point, en erreur:

Prune a écrit:...mais ma question, c'est la différence entre expérience sensible et perception...

ainsi que la formulation initiale, d'ailleurs:

Prune a écrit: dans "sensation, expérience sensible et perception", comment distingueriez-vous l'expérience sensible de la perception ?

Pour ce qui est de la nouvelle (forme de la même) question,

Prune a écrit: Peut-on distinguer (simplement, première approche avec les élèves) la sensation de l'expérience sensible : sensation de faim et expérience de la faim, c'est la même chose ? L'expérience par rapport à la sensation ajouerait-elle la mémoire des circonstances, le contexte...ça ne ma paraît pas évident.

À moi non plus ça ne me paraît pas évident. Mais contrairement à toi (apparemment), ça ne me pose aucune difficulté: c'est-à-dire que j'accepte sans sourciller le fait que les concepts en question sont vagues, autrement dit que leur signification précise, quand elle peut être fixée (pas toujours, donc), l'est avec une très haute sensibilité au contexte.

Sur l'exemple proposé («sensation de faim» vs. «expérience de la faim»), d'une part c'est une façon extrêmement courante (en philosophie du moins) de s'exprimer que de dire que cette sensation est un exemple d'expérience. (Mais c'est un sens hyper-générique du terme «expérience» qui n'apparaît guère qu'en philosophie.) Couramment, lorsqu'on parle de «l'expérience de la faim», on désigne par là quelque chose de plus étalé dans le temps et qui ne se réduit pas à une sensation, mais inclut (sans nécessairement s'y réduire) tout un ensemble de sensations liées: par exemple la fatigue liée à la faim, la sensation de faiblesse musculaire... cette liste n'est pas close, ni forcément clôturable; ses différents items ne forment pas autant de conditions nécessaires, bref la liste rappelle la manière dont les symptômes se lient pour former un syndrome.

En outre, l'expression «l'expérience de la faim» donne un sens emphatique à «faim» qui n'existe pas couramment dans «sensation de faim». Autrement dit, l'expérience de la faim, ce n'est pas (couramment, toujours) la petite fringale du milieu de l'après-midi, c'est ce qu'on vit au milieu d'une famine, c'est plusieurs jours sans manger.

Bien sûr, on peut aussi stipuler. («J'appelle expérience de x...» / «J'appelle perception de x...» / «J'appelle sensation de x...»). Mais c'est une opération très différente et qui n'a pas la même finalité.

Avec des élèves, je me contenterais de signaler que le terme de «sensation» désigne nécessairement une expérience qui a un caractère (relativement) ponctuel et simple, et une durée identifiable, alors que le terme d'«expérience», en cela plus générique, ne comporte pas ces restrictions, mais peut désigner des complexes de sensations, et ne se voit pas nécessairement associer une durée qui serait, en droit, mesurable.

(Ce qui complique évidemment les choses, c'est que le terme d'«expérience» a bien d'autres sens.)

Et le critère «identification d'un objet» n'est pas trop mauvais pour singulariser l'emploi du terme de «perception».

Merci, c'est très clair.
(..oui, la formulation de ma question prétait à confusion, c'était surtout l'expérience sensible par rapport aux autres termes mais là tu as répondu...)