Le Monde : Maryline Baumard prend position contre Benoît Hamon, contre la "dictée syndicale", et pour la jounée de pré-rentrée en août.

gauvain31 a écrit:

Cripure a écrit:

gauvain31 a écrit:

C'est une plaisanterie? Certains de tes collègues ne connaissent pas Jean Gabin??

Pour beaucoup de jeunes collègues, ce qui s'est passé avant leur naissance n'existe pas.

Je suis alors profondément triste pour eux, et triste d'avoir devant nos enfants ce genre de personne... en même temps je ne devrais être à moitié étonné. J'avais dans un jeu télé une jeune institutrice qui ignorait ce qu'était l'appel du 18 juin....

Il suffit de voir les programmes de littérature, histoire et géographie de primaire. Les élèves deviennent "historiens" , font des "cahiers d'écrivain"... tout tourne autour d'études de documents. Quand j'ai débuté, on racontait l'Histoire : la fabrication du feu, les tournois de chevalerie, les machines de Léonard de Vinci... Maintenant on peut enseigner l'histoire ou la géo en n'en sachant à peine plus que les élèves.

forrester1 a écrit:
C'est un peu le cas pour moi. On me regarde avec des yeux ronds que je dis que je regarde des films avec Gabin ("qui?") en noir et blanc voire même en VO ("c'est débile!") ...et je n'ai que 40 ans....

Ce n'est pas vraiment pareil, mais cela me fait penser à mon fils quand il faisait sa crise d'ado. Je voulais absolument revoir les Diaboliques (le vrai, celui de Clouzot) et mon fils de râler qu'un film en noir et blanc était forcément nul. Etant dans mon droit d'adulte (j'avais la télécommande       ) je l'ai laissé piailler, et au générique de fin, j'ai eu droit à un "ouahh, c'était génial, trop bien le film".
On peut comprendre ce comportement de quelqu'un de 13 ans, beaucoup moins d'un adulte.

On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Ah bon ? Pourtant, des études très sérieuses ( menées par de vieux chercheurs) ont montré de façon indubitable que les cerveaux des occidentaux de moins de 25 ans sont  moins massifs et possèdent un cortex moins circonvolué que ceux de leurs prédécesseurs. J'ajoute que des coupes histologiques de cerveaux de jeunes volontaires montrent clairement une atrophie neurale. La cause n'en est pour l'instant pas encore clairement identifiée, bien que les spécialistes cacochymes mentionnés ci-haut explorent plusieurs pistes possibles. Mais en toute rigueur, on ne peut à ce stade de leurs études incriminer qui que ce soit ni quoi que ce soit. Colossal !

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Tout à fait ! Mais il semble que ce soit ce type de candidats qu'on écarte actuellement du CRPE.

coindeparadis a écrit:

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Tout à fait ! Mais il semble que ce soit ce type de candidats qu'on écarte actuellement du CRPE.

Quand on manque de candidats, on ne peut pas écarter sur un tel critère. Je ne connais pas les jury du premier degré mais quand même.

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Bien sûr, et heureusement. Vous aurez noté que je n'ai employé que des partitifs au sens large ("de nombreux", "des") : je suis confronté, avec d'autres, à une jeune bêtise à front de taureau, mais heureusement, j'en connais beaucoup d'autres qui sont déjà des collègues remarquables, tant par leurs connaissances que leur souci de comprendre, d'adapter ce qu'ils savent à la réalité, d'observer sans juger les pratiques des autres avant de décider la leur ; bref, des collègues jeunes que nous verrons partir avec tristesse vers leurs affectations de titulaires.
Ca allait sans dire, mais apparemment, ça va mieux en le disant et je vous comprends. Mes propos et quelques autres sont plus des ras-le-bol devant des attitudes... heu... disons regrettables.

Finrod a écrit:

coindeparadis a écrit:

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Tout à fait ! Mais il semble que ce soit ce type de candidats qu'on écarte actuellement du CRPE.

Quand on manque de candidats, on ne peut pas écarter sur un tel critère.  Je ne connais pas les jury du premier degré mais quand même.

Parce qu'on veut des lauréats qui intègrent des injonctions de type : étudier autre chose que l'art contemporain en cycles 1 et 2, ce n'est pas bien, Pagnol, Dickens ou Swift c'est trop difficile, La musique créée par les élèves, c'est beaucoup mieux que Chopin et Mozart... Et j'ai eu des collègues qui n'avaient jamais entendu les noms de Rossini, London ou Degas.

Eh bien, j'ai rencontré une ancienne collègue, brillante et très engagée, qui m'a annoncé qu'elle venait de démissionner (9 ans d'ancienneté), à 32 ans !
« Je ne sers à rien, surtout pas aux élèves, tout est truqué. »

C'est triste !

Paratge a écrit:Eh bien, j'ai rencontré une ancienne collègue, brillante et très engagée, qui m'a annoncé qu'elle venait de démissionner (9 ans d'ancienneté), à 32 ans !
« Je ne sers à rien, surtout pas aux élèves, tout est truqué. »

Perso, c'est encore ce qui me pousse à rester :: un bon salaire et la certitude que quelles que puissent être désormais mes éventuelles erreurs, elles ne seront jamais pires que la bonne foi de certains et elles n'auront aucun impact.

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Pour être entré tard et avoir côtoyé de plus jeunes que moi, et par la suite des stagiaires, je confirme. Il y a de tout, dont des jeunes très attachés à leurs disciplines. Ce qui me semble , c'est que le niveau disciplinaire est en train de baisser bien plus brutalement , d'un seul coup quand je vois les fautes de français, les difficultés immenses à préparer des choses simplissimes, du fait de connaissances mal assurées. Ben oui, ils étaient au lycée il y a encore quelques années, et on était déjà aux secondes bordéliques et sans niveau, aux passages de classe en force...    Mais cela n'empêche pas certains d'avoir de la bonne volonté, d'aimer leur matière, et ils combleront sans doute leurs lacunes. D'autres ont gobé certains discours, soit par conviction, soit par intérêt, soit parce qu'on ne leur montre pas une autre voie.

Cripure a écrit:

Cha33 a écrit:On peut parfaitement être un jeune enseignant et honnir les compétences et autres travaux en îlots, vouloir consacrer les savoirs, perpétuer une culture en faisant découvrir aux élèves les grands textes, écouter Chopin et Verdi, s'émouvoir devant les ballets donnés au Mariinski, lire, lire et lire, employer un vocabulaire riche et varié. Non, la jeunesse n'équivaut pas nécessairement à la négation de la quête de l'excellence.

Bien sûr, et heureusement. Vous aurez noté que je n'ai employé que des partitifs au sens large ("de nombreux", "des") : je suis confronté, avec d'autres, à une jeune bêtise à front de taureau, mais heureusement, j'en connais beaucoup d'autres qui sont déjà des collègues remarquables, tant par leurs connaissances que leur souci de comprendre, d'adapter ce qu'ils savent à la réalité, d'observer sans juger les pratiques des autres avant de décider la leur ; bref, des collègues jeunes que nous verrons partir avec tristesse vers leurs affectations de titulaires.
Ca allait sans dire, mais apparemment, ça va mieux en le disant et je vous comprends. Mes propos et quelques autres sont plus des ras-le-bol devant des attitudes... heu... disons regrettables.

Ca va effectivement mieux en le disant, je suis toujours un peu sensible sur le sujet.  

D'ailleurs, je pense que beaucoup de jeunes profs (avec la masse de travail que l'on connait à nos débuts) saturent de ce gloubiboulga.

JEMS a écrit:D'ailleurs, je pense que beaucoup de jeunes profs (avec la masse de travail que l'on connait à nos débuts) saturent de ce gloubiboulga.

En ce qui me concerne, je fais abstraction du gloubiboulga. Ca me convient parfaitement. Je préfère me consacrer à l'essentiel : préparer des cours qui soient en adéquation avec les capacités de mes élèves. Cela me semble plus fructueux que de brasser du vent avec des concepts qui sont des non sens.