Tutoyer ou vouvoyer les élèves ?

Pourquoi donc?

Pourquoi en EPS?
Pour le côté "professionnel", je ne suis effectivement pas sûr, ça dépend de la façon de voir de chacun. Moi je vois les élèves et étudiants comme les usagers d'un service public. Et comme ça m'emmerderait d'être tutoyé par le chauffeur de bus, par mon contrôleur des impôts ou un flic, je vouvoie.

C'est vrai que ça passe mieux en EPS le vouvoiement.
"Bouge toi, feignasse", ça sonne mieux que "bougez vous feignasse. "

Balthamos a écrit:C'est vrai que ça passe mieux en EPS le vouvoiement.
"Bouge toi, feignasse", ça sonne mieux que "bougez vous feignasse. "

Je m’appétais à la faire (mais avec : bouge ton gros c*l, feignasse). :lol:

Botchan a écrit:Pourquoi donc?

le contact est différent je pense. Je ne sais pas comment l'expliquer mais on leur parle souvent, on leur pose des questions personnelles sur eux, leurs goûts etc pendant les premières années d'enseignement... ils formulent souvent des avis personnels etc... je ne sais pas, il y a une plus grande proximité je pense...dans le fond et dans la forme aussi (les élèves se déplacent etc)... le contexte général fait qu'il me semble plus approprié de les tutoyer, de toute façon c'est naturel...

Et puis c'est culturel aussi. En Espagne les profs tutoient leurs élèves et vice-versa donc on applique cela naturellement... enfin pour ma part

Moi je suis documentaliste, en collège et je tutoie mes élèves, quel que soit leur niveau.
Par contre, quand j'étais en lycée pro, je me suis pliée aux habitudes de ma collègue d'alors et vouvoyais les élèves, pour les mettre dans le bain du monde professionnel, puisque dans ce milieu, on les considère déjà comme adultes.

Botchan a écrit:L'argument "professionnel" ne me convainc pas non plus, je ne vois pas trop le rapport. Nos élèves sont encore des mineurs, des enfants, les conventions veulent qu'il est acceptable qu'un adulte tutoie des enfants et soit vouvoyé par eux...

Acceptable mais pas obligatoire.
Le problème se pose au lycée où il deviennent souvent majeurs avant le bac (même si mentalement..., mais c'est un autre débat)
Je me souviens avoir trouvé étrange que ma prof de français me voussoie en 6e, cela me paraît aujourd'hui plus défendable.
Ce n'est pas une question de professionnalisme, surtout une mise à distance et une possibilité de faire monter le ton de façon plus digne en cas de problème. J'aurais peur de devenir trop familier avec un élève que j'engueule si je le tutoyais, le voussoiement me rend plus cassant, ça donne un côté plus officiel, en tout cas je m'y sens à l'aise et c'est l'essentiel. Ça fait partie de la comédie de la classe.

Je tutoie la poignée d'anciens élèves dont j'ai des nouvelles de temps en temps, ils font de même et ça ne me gêne pas, il n'y a plus de lien d'autorité entre nous.

Je tutoie les élèves et quand ils dérapent, ils se prennent un voussoiement dans la figure qui les fige sur place, sentant bien que quelque chose a changé et que ce n'est pas bon du tout.

leskhal a écrit:

Botchan a écrit:L'argument "professionnel" ne me convainc pas non plus, je ne vois pas trop le rapport. Nos élèves sont encore des mineurs, des enfants, les conventions veulent qu'il est acceptable qu'un adulte tutoie des enfants et soit vouvoyé par eux...

Acceptable mais pas obligatoire.
Le problème se pose au lycée où il deviennent souvent majeurs avant le bac (même si mentalement..., mais c'est un autre débat)
Je me souviens avoir trouvé étrange que ma prof de français me voussoie en 6e, cela me paraît aujourd'hui plus défendable.
Ce n'est pas une question de professionnalisme, surtout une mise à distance et une possibilité de faire monter le ton de façon plus digne en cas de problème. J'aurais peur de devenir trop familier avec un élève que j'engueule si je le tutoyais, le voussoiement me rend plus cassant, ça donne un côté plus officiel, en tout cas je m'y sens à l'aise et c'est l'essentiel. Ça fait partie de la comédie de la classe.

Je tutoie la poignée d'anciens élèves dont j'ai des nouvelles de temps en temps, ils font de même et ça ne me gêne pas, il n'y a plus de lien d'autorité entre nous.

C''était le sens de ma question de départ: pas "pour ou contre le vouvoiement", mais "puis-je changer mon fusil d'épaule étant donné que je ne suis pas aussi à l'aise que je l'aurais pensé dans le vouvoiement?".

Je m'explique sur un truc (et bien entendu, cela n'engage que moi)

Quand je parle de professionnel, c'est une façon pour moi de valoriser les élèves (et l'adoption de cette posture m'a permis de mieux gérer ma classe). J'essaye de créer une logique avec eux: vous êtes en filière PROFESSIONNELLE, j'attends donc une attitude PROFESSIONNELLE et je mets donc en place ce qui va avec (vouvoiement, je les appelle monsieur/madame, je leur serre la main en début de cours...) Je suis beaucoup plus à l'aise comme ça et eux le ressentent.

Attention, je ne dis pas que c'est un moyen universel, chacun voit comment il est à l'aise!

Oui bien sûr, chacun enseigne avec sa personnalité et ses convictions. Je suis surpris que tu serres la main aux élèves par exemple, j'ai toujours pensé (mais je ne sais pas d'où ça vient) qu'un professeur ne serrait pas la main des ses élèves, mais si je croise un ancien élève, je leur serre la main...

Modifier cette habitude en cours d'année me semble délicat.
Mais c'est peut-être plus facile de passer du vous au tu.
Au pire, ils posent la question de ce changement et c'est réglé en 5 minutes en leur expliquant qu'on trouve cela plus naturel. Je ne crois pas qu'ils soient gênés par l'un ou l'autre, même si le tutoiement est plus naturel pour eux.

Le voussoiement permet le Monsieur ou Mademoiselle en cas de pépin, c'est plus difficile avec le tutoiement, à moins de se mettre à voussoyer.
Même avec le vous, je garde les prénoms pour les appeler, malgré la pléthore de doublons (5 Alexis dans une terminale cette année !). Je réserve le nom aux cas graves.

oui, je sais que ça surprend!


Quand j'étais élève au lycée, le directeur nous serrait la main chaque matin!

Botchan a écrit:Oui bien sûr, chacun enseigne avec sa personnalité et ses convictions. Je suis surpris que tu serres la main aux élèves par exemple, j'ai toujours pensé (mais je ne sais pas d'où ça vient) qu'un professeur ne serrait pas la main des ses élèves, mais si je croise un ancien élève, je leur serre la main...

D'une façon générale, je me suis aperçu que je ne touche jamais les élèves. Les rares contacts (couloirs encombrés devant la porte d'entrée, escaliers,...) sont fortuits. Ça fait partie pour moi de la zone de confort à respecter.
Et qui sait comment le moindre contact risque d'être interprété par les temps qui courent ?

mamieprof a écrit:Pour moi c'est le vouvoiement. Au lycée je ne supportais pas les profs qui tutoyaient alors qu'on les vouvoyaient.

Exactement.

Et vous faites la queue à la cantine ?

Tout dépend de la configuration de la cantine.

Chez nous, pas trop le choix sinon on va déranger tout le monde... mais on attend rarement plus de 3 4 minutes donc c'est supportable! lol

leskhal a écrit:
D'une façon générale, je me suis aperçu que je ne touche jamais les élèves. Les rares contacts (couloirs encombrés devant la porte d'entrée, escaliers,...) sont fortuits. Ça fait partie pour moi de la zone de confort à respecter.
Et qui sait comment le moindre contact risque d'être interprété par les temps qui courent ?

J'ai tapé sur l'épaule d'un aprenan pour lui montrer qu'il avait laissé tomber quelque chose.
Il a hurlé : « Touche-moi pas, toi ! »

scot69 a écrit:Tout dépend de la configuration de la cantine.

Chez nous, pas trop le choix sinon on va déranger tout le monde... mais on attend rarement plus de 3 4 minutes donc c'est supportable! lol

Nous on passe devant, je dois reconnaitre que ça génère une frustration certaine, plus que l'histoire du tutoiement. C'est un plaisir à chaque fois renouvelé!

Carnyx a écrit:

leskhal a écrit:
D'une façon générale, je me suis aperçu que je ne touche jamais les élèves. Les rares contacts (couloirs encombrés devant la porte d'entrée, escaliers,...) sont fortuits. Ça fait partie pour moi de la zone de confort à respecter.
Et qui sait comment le moindre contact risque d'être interprété par les temps qui courent ?

J'ai tapé sur l'épaule d'un aprenan pour lui montrer qu'il avait laissé tomber quelque chose.
Il a hurlé : « Touche-moi pas, toi ! »

J'ai essayé une fois de plus toucher les élèves, mais la justice m'a dit que c'est interdit.


Plus sérieusement, je fais tout pour éviter les contacts, je suis une personne sacrée comme Louis XIV. Tout contact avec moi est interdit et devient sacrilège.
Même si c'est dur parfois d'empêcher ma main de rejoindre leurs joues.

Heureusement que les adultes ont droit à quelques privilèges, un établissement scolaire n'est pas une démocratie de toute façon. edit: je parlais de la cantine bien sûr!

Tamerlan a écrit:Et vous faites la queue à la cantine ?

Euh... Oui. Sauf pour rendre les plateaux, mais je préferais attendre comme tout le monde. J'aime pas les passe-droits (mais c'est quoi le rapport avec le vouvoiement?)

Le rapport, si j'ai bien compris, c'est qu'il n'est pas illogique que les professeurs aient certains droits que les élèves n'ont pas (les tutoyer, ne pas faire la queue à la cantine...)

Marie Laetitia a écrit:

Tamerlan a écrit:Et vous faites la queue à la cantine ?

Euh... Oui. Sauf pour rendre les plateaux, mais je préferais attendre comme tout le monde. J'aime pas les passe-droits (mais c'est quoi le rapport avec le vouvoiement?)

Simplement le rappel de l’asymétrie dont nous parlions plus haut. Nous sommes des adultes avec un statut différent. Pourquoi par exemple doivent-ils se lever quand un adulte rentre dans la salle? Donc je ne considère pas ce genre d'inégalité comme choquant. Ça les embête peut-être et même sûrement mais c'est ainsi. Une expérience de socialisation secondaire en quelque sorte. Et je ne pense pas pour cette raison que nos souvenirs d'élèves soient une bonne chose pour déterminer notre conduite de prof.

Botchan a écrit:Le rapport, si j'ai bien compris, c'est qu'il n'est pas illogique que les professeurs aient certains droit que les élèves n'ont pas (les tutoyer, ne pas faire la queue à la cantine...)

C'est ça, pas des passe-droits mais plus de droits !

Vivement que les élèves me donnent des devoirs à faire à la maison, et m'évaluent, voire me demandent de me taire ou de me ranger avant d'entrer en classe.