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Pierre_au_carré
Guide spirituel

Profs au bord de la crise de nerfs… - Page 2 Empty Re: Profs au bord de la crise de nerfs…

par Pierre_au_carré Dim 10 Mai - 23:16
Carabas a écrit:Parle-t-on des professeurs souffrant de schizophrénie? Parlant d'eux-mêmes à la 3e personne? Razz

Non, c'est l'alaindelonite, c'est encore plus grave !! :lol:

Ce qui m'inquiète, c'est le medecin de la verrière qui dit que "les personnes étaient déjà fragiles".
On ne pourrait pas être prof en étant fragile ? Peut-il définir la personne non-fragile qui pourra être prof ?

Je dirais plutôt que la fragilité, on la remarque quand elle arrive... (sauf effectivement problème génétique ou psychologique grave)
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Abraxas
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par Abraxas Lun 11 Mai - 6:14
Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".

Quant à l'"alaindelonite" dont parle Pierre a carré… Je me suis toujours demandé si le dédoublement de personnalité (on disait comme ça, au XIXème siècle…) est psychose, névrose ou perversion… Dans le premier cas, on s'efforcerait de compenser, en dédoublant, un Moi vécu comme insuffisant. Dans le second cas, ce serait sa mort que l'on verrait en face (voir Musset, la Nuit de décembre, ou Poe, William Wilson, entre autres). Et dans le dernier cas, ce serait un sentiment de sur-puissance — le sentiment d'en avoir deux, si vous voyez ce que je veux dire, mon cher… :malmaisbien:
Pierre_au_carré
Pierre_au_carré
Guide spirituel

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par Pierre_au_carré Lun 11 Mai - 10:31
Abraxas a écrit:Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".

Pour certains... Tout simplement dans mon cas, j'aimais enseigner les maths... Et je le fais encore en ayant quitté les bancs de l'école.
Je pense que cette explication n'est pas entièrement satisfaisante.

Quant à l'"alaindelonite" dont parle Pierre a carré… Je me suis toujours demandé si le dédoublement de personnalité (on disait comme ça, au XIXème siècle…) est psychose, névrose ou perversion… Dans le premier cas, on s'efforcerait de compenser, en dédoublant, un Moi vécu comme insuffisant. Dans le second cas, ce serait sa mort que l'on verrait en face (voir Musset, la Nuit de décembre, ou Poe, William Wilson, entre autres). Et dans le dernier cas, ce serait un sentiment de sur-puissance — le sentiment d'en avoir deux, si vous voyez ce que je veux dire, mon cher… :malmaisbien:

Je ne vous comparais pas Alain Delon, hein... Je voyais bien l'humour de la phrase. Profs au bord de la crise de nerfs… - Page 2 2252222100
Herrelis
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par Herrelis Lun 11 Mai - 15:27
Abraxas a écrit:Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".

Et quand ils ont passé un certain temps loin des bancs de l'école avant de devenir profs pour X raisons, c'est aussi une volonté de rester ado et de se protéger du monde extérieur? Razz Bon j'avoue que pour certains collègues je me dis non pas qu'ils ont voulu rester coincer à l'adolescence mais plus qu'ils sont un peu dépassés par le fait de ne jamais avoir quitté l'école en quelque sorte...

Bref, excellent article. J'aurais tendance à dire comme Daphnée, moi au bout de 7 ans j'en ai vu des vertes et des pas mûres et je ne me remets plus en question à tout bout de champ. Seuls les évènements graves m'interpellent vraiment, me bouffent des fois. Il y a des jours où j'ai du mal à y aller franchement, mais bon Dwarf me botte les fesses si j'y vais pas... j'ai la possibilité de pouvoir "encaisser" dans une certaine mesure, mais quelqu'un de seul, d'isolé dans et hors l'établissement à sûrement plus de mal. Et quand on voit ce qu'on entend sur les profs (rien que ce matin à la radio sur la semaine de quatre jours en primaire : "de quoi ils se plaignent les profs? Ils ont deux mois pour les préparer leurs cours!") ça n'aide pas. Après une personne "fragile" c'est souvent quelqu'un qui n'a pas grand chose à quoi se raccrocher et pour qui le travail va être un poids supplémentaire je pense. Le forum est une bonne catharsis dans ce sens, il oblige à ne pas être isolé, même si c'est par écran interposé. ^^

Edit : ha ouais... j'avais donc bien entendu... j'y ai pas cru sur le moment, me suis dit que cette brave cru... dame pouvait pas être aussi naïve... mais si on dirait bien... :shock:


Dernière édition par Herrelis le Mar 12 Mai - 18:04, édité 1 fois

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par Kate Lun 11 Mai - 17:03
Herrelis a écrit:
Abraxas a écrit:Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".

Et quand ils ont passé un certain temps loin des bancs de l'école avant de devenir profs pour X raisons, c'est aussi une volonté de rester ado et de se protéger du monde extérieur? Razz Bon j'avoue que pour certains collègues je me dis non pas qu'ils ont voulu rester coincer à l'adolescence mais plus qu'ils sont un peu dépassés par le fait de ne jamais avoir quitté l'école en quelque sorte...

Bref, excellent article. J'aurais tendance à dire comme Daphnée, moi au bout de 7 ans j'en ai vu des vertes et des pas mûres et je ne me remets plus en question à tout bout de champ. Seuls les évènements graves m'interpellent vraiment, me bouffent des fois. Il y a des jours où j'ai du mal à y aller franchement, mais bon Dwarf me botte les fesses si j'y vais pas... j'ai la possibilité de pouvoir "encaisser" dans une certaine mesure, mais quelqu'un de seul, d'isolé dans et hors l'établissement à sûrement plus de mal. Et quand on voit ce qu'on entend sur les profs (rien que ce matin à la radio sur la semaine de quatre jours en primaire : "de quoi ils se plaignent les profs? Ils ont deux mois pour les préparer leurs cours!") ça n'aide pas. Après une personne "fragile" c'est souvent quelqu'un qui n'a pas grand chose à quoi se raccrocher et pour qui le travail va être un poids supplémentaire je pense. Le forum est une bonne catharsis dans ce sens, il oblige à ne pas être isolé, même si c'est par écran interposé. ^^

On a dû écouter la même radio, ce matin! Petite rectification...
"de quoi ils se plaignent les profs? Ils ont QUATRE mois pour les préparer leurs cours!" pale pale pale pale

Je ne sais pas si cet auditeur aurait pu supporter une heure journée avec ma classe "la plus calme" (quand tous les élèves hurlent bavardent pendant le cours!!!) woohoo


Dernière édition par kate le Lun 11 Mai - 17:16, édité 1 fois
Artémis
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par Artémis Lun 11 Mai - 17:10
Malheureusement, ce n'est que la vérité... Chez moi, collège assez tranquille : 3 collègues en dépression...
doublecasquette
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Enchanteur

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par doublecasquette Lun 11 Mai - 17:16
Abraxas a écrit:Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".


Sans généraliser, ça joue certainement un rôle, notamment chez certaines petites jeunes filles très bonnes élèves et très studieuses, un peu timides, qui réussissent fort bien en milieu scolaire et sont désemparées ailleurs.
Question: comment s'en sortent les professeurs qui ont grandi dans la rue au pied des tours d'une cité dortoir ou dans les faubourgs d'une grande ville?
J'en connais deux et il semblerait qu'ils n'aient jamais eu d'élèves excessivement difficiles .
Mermoz
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Fidèle du forum

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par Mermoz Lun 11 Mai - 17:20
Artémis a écrit:Malheureusement, ce n'est que la vérité... Chez moi, collège assez tranquille : 3 collègues en dépression...
Ce n'est pas les collèges les plus tranquilles qui sont forcément les plus protégés! J'en connais beaucoup qui, se faisant chahuter dans un de ces collèges, se disent "et dire que je ne suis pas en banlieue! Je suis vraiment pitoyable". Attention: je ne dis pas que c'est plus dur qu'en banlieue, bien sûr que non, mais finalement je crois qu'il est plus dur d'accpeter le fait qu'on soit bordélisé dans des structures normales, alors que certains collègues en banlieue relativisent parce qu'ils sont dans des établissements réputés difficiles (et heureusement qu'ilss relativisent). Une de mes meilleures amies a ainsi enseigné en banlieue pendant 3 ans: elle vient juste d'avoir un collège rural et n'en revenait pas au départ de se faire presque plus bordélisé dans ce nouveau collège. Maintenant, ça va bien mieux, mais j'ai vraiment eu peu pour elle car c'était bien plus dur à accepter!

_________________
De même que Louis Pasteur inventa la pasteurisation, c'est à Jean-Pierre Démoral que nous devons la démoralisation, et je dis bravo. Jean-Pierre Démoral commença humblement ses expériences sur sa logeuse, Mme Brouchard, qu'il démoralisa le 12 Septembre 1847.
Concierge : Y fait beau.
Démoral : Ca va pas durer.
Concierge : Je suis démoralisée.
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Invité31
Sage

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par Invité31 Lun 11 Mai - 17:43
doublecasquette a écrit:
Abraxas a écrit:Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".


Sans généraliser, ça joue certainement un rôle, notamment chez certaines petites jeunes filles très bonnes élèves et très studieuses, un peu timides, qui réussissent fort bien en milieu scolaire et sont désemparées ailleurs.
Question: comment s'en sortent les professeurs qui ont grandi dans la rue au pied des tours d'une cité dortoir ou dans les faubourgs d'une grande ville?
J'en connais deux et il semblerait qu'ils n'aient jamais eu d'élèves excessivement difficiles .

C'est mon cas aussi, j'ai grandi dans une cité ouvrière.
Du coup comme je bosse aussi en cité je ne suis pas vraiment dépaysée, même si mes parents étaient un tout petit mieux lottis que le simple ouvrier. Quelque part, je pense que je comprends souvent assez bien ce que ces gamins ressentent: moi aussi, à une époque, j'ai ressenti ce que certains ressentent.

Ca n'empêche pas de se faire em...... par quelques abrutis bien trempés, ou par une classe bien pourrie.
doublecasquette
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par doublecasquette Lun 11 Mai - 17:56
Lynette a écrit:
doublecasquette a écrit:
Abraxas a écrit:Ce n'est pas mon genre de défendre ce que disent les psychiatres, mais je vais tenter de parler de cette "fragilité"…
Dans l'ouvrage de Véronique Bouzou est rapportée cette opinion (d'un médecin, celui-là ou un autre) selon laquelle nombre d'enseignants ont choisi de ne pas quitter les bancs de l'école (en termes psy, ont choisi de ne pas grandir), vue comme un rempart contre l'extérieur ("un asile", disait Jean Zay sans bien réaliser ce qu'il disait). Bref, certain(e)s auraient choisi cette profession parce qu'elle leur permet de rester en adolescence — d'où leur désarroi lorsque l'extérieur, sous forme de violence, s'invite "entre les murs".


Sans généraliser, ça joue certainement un rôle, notamment chez certaines petites jeunes filles très bonnes élèves et très studieuses, un peu timides, qui réussissent fort bien en milieu scolaire et sont désemparées ailleurs.
Question: comment s'en sortent les professeurs qui ont grandi dans la rue au pied des tours d'une cité dortoir ou dans les faubourgs d'une grande ville?
J'en connais deux et il semblerait qu'ils n'aient jamais eu d'élèves excessivement difficiles .

C'est mon cas aussi, j'ai grandi dans une cité ouvrière.
Du coup comme je bosse aussi en cité je ne suis pas vraiment dépaysée, même si mes parents étaient un tout petit mieux lotis que le simple ouvrier. Quelque part, je pense que je comprends souvent assez bien ce que ces gamins ressentent: moi aussi, à une époque, j'ai ressenti ce que certains ressentent.

Ca n'empêche pas de se faire em...... par quelques abrutis bien trempés, ou par une classe bien pourrie.

Je ne pensais pas obligatoirement à la compréhension de leurs ressentis mais à une autorité naturelle, par habitude, et à de bonnes postures de dominant qui neutraliseraient une bonne partie des vélléïtés de chahut.
Reine Margot
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Demi-dieu

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par Reine Margot Lun 11 Mai - 17:56
Je me rends compte de plus en plus qu'il est effectivement parfois plus "dur" d'enseigner dans un collège à bonne réputation car on est censé n'avoir aucun problème. Or certains faits de société arrivent aussi en campagne: gosses livrés à eux-mêmes, en difficulté, manque d'intérêt pour le savoir...Pour avoir enseigné dans des collèges très divers c'est une différence d'"intensité" des problèmes généraux, et bien sur certains problèmes spécifiques dans certains endroits.

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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
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par doublecasquette Lun 11 Mai - 18:09
Les petits collèges ruraux sont devenus un cauchemar. Outre le fait avéré et pas nouveau que l'émulation intellectuelle y est au plus bas (quad, chasse, pêche ...), la délinquance s'y épanouit de plus en plus. Mes enfants en ont fréquenté un que le principal qualifiait de "ZEP Verte". L'ambiance y était déplorable.
Mermoz
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par Mermoz Lun 11 Mai - 18:33
marquisedemerteuil a écrit:Je me rends compte de plus en plus qu'il est effectivement parfois plus "dur" d'enseigner dans un collège à bonne réputation car on est censé n'avoir aucun problème. Or certains faits de société arrivent aussi en campagne: gosses livrés à eux-mêmes, en difficulté, manque d'intérêt pour le savoir...Pour avoir enseigné dans des collèges très divers c'est une différence d'"intensité" des problèmes généraux, et bien sur certains problèmes spécifiques dans certains endroits.
Oui, on a bcp de cas sociaux dans le rural. ce qui m'a amusée à chaque fois que j'arrivais dans un nouvel établissement, c'est que j'avais tjs les même propos des principaux: zone défavorisée, bcp de chômage etc je vois de plus beaucoup d'élèves venant de la banlieue en famille d'accueil (c'est fou le nombre de familles d'accueil!) Au niveau des savoirs et du travail c'est zéro et je rame dur car j'ose leur demander du travail! Du coup dans ces collèges des élèves qui sont bons deviennent d'excellents élèves aux moyennes ahurissantes... et qui se cassent la gueule dès qu'ils arrivent au lycée...
bref, ils ont pas la vie rose (chaque jours j'apprends des anecdotes pas gaies sur mes élèves), et pourtant, contrairement aux élèves de banlieue qui ont le même genre de problèmes, ils restent malgré tout tjs très gentils: tout ce qu'ils font c'est par désarroi et sans aucune once de méchanceté derrière...

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De même que Louis Pasteur inventa la pasteurisation, c'est à Jean-Pierre Démoral que nous devons la démoralisation, et je dis bravo. Jean-Pierre Démoral commença humblement ses expériences sur sa logeuse, Mme Brouchard, qu'il démoralisa le 12 Septembre 1847.
Concierge : Y fait beau.
Démoral : Ca va pas durer.
Concierge : Je suis démoralisée.
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par miss terious Lun 11 Mai - 19:16
doublecasquette a écrit:Les petits collèges ruraux sont devenus un cauchemar. Outre le fait avéré et pas nouveau que l'émulation intellectuelle y est au plus bas (quad, chasse, pêche ...), la délinquance s'y épanouit de plus en plus. Mes enfants en ont fréquenté un que le principal qualifiait de "ZEP Verte". L'ambiance y était déplorable.
Tu habites par chez moi ?
Je me souviens de ma première année ici (Beauce profonde). Un élève de 4ème me disait qu'il n'avait pas besoin de bosser en classe parce qu'il gagnait déjà son argent, étant rabatteur. Kezako, lui demandais-je alors ? "Ben, à la chasse, dans les battues. Je gagne 15 euros". Euh... Je ris ou je pleure ?
Et je ne vous raconte pas quand ils écrivent des poèmes ou des textes autobiographiques : soit c'est Cosette, soit c'est La Petite maison dans la prairie.

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Abraxas
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par Abraxas Lun 11 Mai - 21:02
Le fait est qu'être né dans la rue, comme dit l'autre, ça aide, dans certaines classes.
Ça aide surtout à comprendre le milieu. Et on possède le langage — c'est plus simple de leur faire saisir que tout ce que nous voulons, c'est les affranchir des limites de leur langue de barbares… Leur en donner une autre…

Cela dit, se faire chahuter, j'en suis revenu.
Histoire.
J'étais en troisième, nous chahutions à mort (quand je dis "à mort", vous n'avez même pas idée : on plantait des fléchettes dans le tableau pendant qu'il y écrivait, comme les lanceurs de couteaux dans les cirques, et il n'osait plus bouger, cet homme, de peur de s'en prendre une) un prof d'histoire-géo, dans mon lycée de centre-ville (à l'époque, tous les lycées étaient en centre-ville, la carte scolaire s'appliquait en quartiers d'orange, ce qui n'est pas une mauvaise chose — mais passons…). Donc, voyous périphériques marseillais (la crème des "blousons noirs", comme on disait alors) et fils de commerçants.
Le malheureux avait une quarantaine d'années. IOl était chahuté par toutes ses classes, qui se donnaient le mot.
Moi comme les autres.
J'ai appris incidemment une dizaine d'années plus tard qu'il avait enseigné en Algérie, dans les années 50, qu'il était de gauche, sympathisant du FLN, et que sa femme et ses enfants avaient été égorgés par l'OAS.
Depuis, il n'était plus exactement le même… Un zombie. L'avatar d'un avatar.
C'est cruel, les gosses.
Il y a bien assez de raisons au sein de l'EN pour déprimer, quand on est un peu fragile — et c'est fou ce que ces gens et gentes qui aiment la littérature et les langues sont fragiles, et sensibles. Mais il y en a aussi à l'extérieur de l'Ecole — et qui vous collent à la peau.
sand
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Guide spirituel

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par sand Lun 11 Mai - 21:06
Quelle sale histoire ! Repartez sur le topic soutifs !
Kate
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par Kate Lun 11 Mai - 21:09
sand a écrit:Quelle sale histoire ! Repartez sur le topic soutifs !

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roxanne
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par roxanne Lun 11 Mai - 21:24
C'est vrai que les gosses et ados ont toujours été cruels et que les gros chahuts ont toujours existé ...MAIS moi ce qui me géne aujourd'hui plus que le chahut que je ne connais pas c'est cette insolence quotidienne , ces discussions incessantes pour tout et rien , tout le temps ..il n'y a qu'à lire les messages ici : il est plus question de ça ...dernier exemple en date , pas plus tard que ce matin , dans une classe de 4° plutôt tranquille (quoique ..): lecture à voix haute , toujours mes volontaires qui se battent pour lire , donc je les interroge et puis je change de lecteur , fais lire un gamin qui croit malin de jouer les rebelles à deux balles ..."non , je ne lis pas , j'ai pas envie ..." il a pas cédé , donc mise à la porte avec de sa part le commentaire suivant : "de toute façon , les cours sont nuls " !!! donc rapport , ect ... tout ça pour 2 pages de lecture ( et c'est un bon lecteur , là n'est pas le problème ) ...il était 8h30 lundi matin , la semaine était partie ....je crois que c'est surtout ça qui est usant .....
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missfifi
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par missfifi Lun 11 Mai - 21:55
roxanne a écrit:C'est vrai que les gosses et ados ont toujours été cruels et que les gros chahuts ont toujours existé ...MAIS moi ce qui me géne aujourd'hui plus que le chahut que je ne connais pas c'est cette insolence quotidienne , ces discussions incessantes pour tout et rien , tout le temps ..il n'y a qu'à lire les messages ici : il est plus question de ça ...dernier exemple en date , pas plus tard que ce matin , dans une classe de 4° plutôt tranquille (quoique ..): lecture à voix haute , toujours mes volontaires qui se battent pour lire , donc je les interroge et puis je change de lecteur , fais lire un gamin qui croit malin de jouer les rebelles à deux balles ..."non , je ne lis pas , j'ai pas envie ..." il a pas cédé , donc mise à la porte avec de sa part le commentaire suivant : "de toute façon , les cours sont nuls " !!! donc rapport , ect ... tout ça pour 2 pages de lecture ( et c'est un bon lecteur , là n'est pas le problème ) ...il était 8h30 lundi matin , la semaine était partie ....je crois que c'est surtout ça qui est usant .....

Tout à fait d'accord: devoir lutter pour tous ces petits riens comme prendre un stylo, ouvrir son cahier, écrire 7 lignes sans faire de pause... furieux Quels bourreaux ces profs!
doublecasquette
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par doublecasquette Lun 11 Mai - 22:14
eaudere a écrit:
doublecasquette a écrit:Les petits collèges ruraux sont devenus un cauchemar. Outre le fait avéré et pas nouveau que l'émulation intellectuelle y est au plus bas (quad, chasse, pêche ...), la délinquance s'y épanouit de plus en plus. Mes enfants en ont fréquenté un que le principal qualifiait de "ZEP Verte". L'ambiance y était déplorable.
Tu habites par chez moi ?
Je me souviens de ma première année ici (Beauce profonde). Un élève de 4ème me disait qu'il n'avait pas besoin de bosser en classe parce qu'il gagnait déjà son argent, étant rabatteur. Kezako, lui demandais-je alors ? "Ben, à la chasse, dans les battues. Je gagne 15 euros". Euh... Je ris ou je pleure ?
Et je ne vous raconte pas quand ils écrivent des poèmes ou des textes autobiographiques : soit c'est Cosette, soit c'est La Petite maison dans la prairie.

C'est déjà ça ! Ils pourraient refuser d'écrire !
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par doublecasquette Lun 11 Mai - 22:25
Abraxas a écrit:C'est cruel, les gosses.
.
A un point !
J'ai encore des remords, trente cinq ans plus tard, de la façon dont nous avons traité notre malheureuse professeur de russe de Terminale. Fraîche émoulue de l'agrégation, elle arrivait pleine d'espoir face à ces Russe LV1 classe Terminale, le must !
Le seul défaut, c'est qu'elle était russe blanche, convaincue au fond de l'âme, et que nous sortions de trois ans d'enseignement par des trotskystes.
Deux mots en début d'année sur les avancées technologiques et politiques du règne de Nicolas II et le cours (huit élèves !) fut une émeute permanente.
Nous l'avons fait pleurer et n'en étions pas peu fiers. C'était Octobre 1917 dans nos petits cerveaux endoctrinés.
Pauvres petits cons que nous étions !
Pour vous consoler, nous n'avons jamais cessé de travailler pour autant, mais dans des conditions épouvantables.
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superheterodyne
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par superheterodyne Lun 11 Mai - 22:34
Pour vous consoler, nous n'avons jamais cessé de travailler pour autant, mais dans des conditions épouvantables.

Eh oui car comme dit mon avatar, l'illettré est un aveugle qu'attendent partout le malheur et l'échec Twisted Evil Twisted Evil

Des trotskystes profs de russe dans les années 70, ça devait être intéressant et changer des vieux stals Very Happy

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