Venue de NVB à Creil (60) le samedi 30 mai - délégation reçue par un conseiller en communication

Ergo a écrit:Bien bien bien...Nous avons donc été reçus en délégation de huit personnes: quatre enseignants de lycées de secteur, trois enseignants de collège et une parente d'élève pendant un peu plus d'1h (45 min prévues mais ils ont écouté tout le monde). Nous étions reçus par une conseillère (prévu) et le directeur de cabinet du recteur et l'Inspectrice d'Académie de l'Oise (non prévus).

Je vous taperai les notes que j'ai prises (là, je vais me reposer, c'est fatigant, la langue de bois et c'est très frustrant, plein de choses qu'on n'a pas pu évoquer...) mais sachez d'ores et déjà qu'ils n'ont pas vraiment répondu à nos questions. Sauf pour dire que nous étions d'accord car nous voulions la réussite des élèves, que nous avions sûrement mal compris des choses, que les dotations globales n'allaient pas diminuer mais que de toute façon, ce n'était pas une question de moyens.

hypermnestre a écrit:

Condorcet a écrit:Félicitations, Ergo et Esméralda : votre engagement me réchauffe le coeur (ainsi que les interventions de Luigi et d'Olympias au Sénat).

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MERCI !

Compte-rendu de l'audience du samedi 30 mai

A l'occasion de la venue de Najat Vallaud-Belkacem pour les Journées de la Jeunesse à Creil, une délégation de huit personnes (trois enseignants de collège, quatre enseignants de lycées de secteur et une parente d'élève) a été reçue par une conseillère de NVB, le directeur de cabinet du Recteur et l'IA-DASEN de l'Oise pendant un peu plus d'une heure.

Les enseignants de collège évoquent l'impossibilité de maintenir les sections bilangues dans les établissements en 2016 si les écoles élémentaires ne font pas une autre langue que l'anglais dès la rentrée 2015. La ministre a évoqué le fait de changer la carte des langues pour permettre la pérennité des bilangues mais cela suppose de la changer en septembre prochain. Avec quels PE ? Quelles formations ?
En ajoutant la suppression des DP3 et la diminution des horaires de latin, c'est au minimum un demi-poste qui peut disparaître dans chaque établissement (à supposer que l'allemand se maintienne en LV2). Les 4 000 postes promis (pour 7100 collèges) équivalent à une dizaine d'heures par établissement.

L'interdisciplinaire est déjà pratiqué par des volontaires, avec des programmes convergents et des moyens supplémentaires pour mettre en place les projets. Avec la réforme, les moyens sont déduits des heures de cours, les enseignants vont travailler en fonction des emplois du temps et des alignements, sans être volontaires, donc ça ne fonctionnera pas. Par ailleurs, l'interdisciplinaire fonctionne pour les bons élèves qui ont l'esprit de synthèse et les connaissances nécessaires pour transférer.

Il est faux de dire qu'il n'y aura pas de diminution horaire : par ex, en français 6e, on passe de 5h + AP à 4h30 dont AP. Si des demi-heures sont re-basculées sur le cycle 4, ça ne fait que complexifier les emplois du temps.

En langues, moins de 3h par semaine n'est pas bénéfique.

Il y a également un problème de continuité des apprentissages : des élèves ayant commencé une option en 2015 ne pourront pas la poursuivre en 2016. Les élèves entrant en 4e en 2015 auront 3h de LV2 et uniquement 2h30 en 3e l'année suivante...

Il y a de très grandes inquiétudes pour la SEGPA : l'orientation se fera en fin de cycle 3 ? Que faire des élèves qui intégraient une 6e SEGPA à l'entrée en 6e ? Cela leur fera une année supplémentaire de souffrance à l'école. Que feront les enseignants qui enseignaient à cette 6e SEGPA ?

La réforme accentuera les inégalités entre élèves et entre établissements. Dans notre bassin, c'est la diversité des options qui permet une certaine mixité sociale (latin, CHAM...). On sait que les parents iront les chercher ailleurs s'ils ne peuvent pas les trouver ici. Cela contribuera à faire de Creil une ville ghetto avec des établissements ghetto et ce sont les élèves les plus en difficulté qui en pâtiront. La répartition horaire se fera en concurrence : si on veut maintenir du latin, ce sera au détriment de quelle autre discipline ? Quel chef d'établissement choisira cela ? Du coup, les établissements seront en concurrence les uns avec les autres.

De plus, les programmes ne seront pas continus pour les élèves qui déménagent à cause de la logique de cycle et du fait que la décision de traiter tel point du programme à tel moment du cycle et tel autre plus tard sera locale. Il y aura de grosses disparités, particulièrement pour nos élèves, souvent issus de familles monoparentales qui déménagent souvent.

Par ailleurs, la réintroduction de l'EIST est également source d'inquiétude. Qui fera les SPC ? De plus, 1/2h de SPC disparaît en 3e.

Non-réponses apportées

La conseillère indique en préambule qu'ils mesurent notre implication et que nous avons leurs encouragements. Ils se déplacent beaucoup sur le terrain. La réforme évolue sur des moments de calage, elle est fondée sur ce qui fonctionne sur le terrain et relève de l'autonomie du Conseil Pédagogique. [Le directeur de cabinet du Recteur a quand même tenté de dire que le CP était une instance démocratique – on lui a rappelé que ses membres n'étaient pas élus...]

Pour le latin et le grec, la réforme améliore son enseignement car elle se fonde davantage sur la culture. Or, ce qui reste aux élèves, ce n'est pas les déclinaisons mais la culture, ce qui est une bonne chose.

Pour les langues, la réforme améliore ce qui existe puisque dorénavant tous les élèves commenceront une LV2 dès la 5e. C'est plus égalitaire car on connaît bien le public des classes européennes : c'est un public aisé, le seul qui puisse suivre ces options étant donné le coût d'un voyage scolaire.

L'interdisciplinarité ne profite pas qu'aux bons élèves, sauf si les enseignants ne font pas sens. La réforme représente un changement de paradigme mais sa mise en œuvre est une question de calage. Par exemple, ce n'est pas un problème de mutualiser les options en réseau de lycées.

En tant que fonctionnaire, il faut accepter de s'efforcer que la réforme donne le meilleur. Concevoir le contenu des EPI, les répartir en conseil pédagogique fait partie du métier d'enseignant.

Nous avons confiance en vous. Ce serait mieux que vous ayez confiance en nous mais ça va venir. Si d'un côté ou de l'autre la confiance faiblit, ça se répercute sur les élèves.

L'IA-DASEN ajoute que l'Académie de Versailles propose déjà la LV2 en 5e et que ça fonctionne très bien.

Elle indique également que nous sommes d'accord sur le fond : faire réussir les élèves et assurer une mixité sociale et scolaire. Mais nous sommes dans des contraintes budgétaires très importantes et il faut trouver des modalités de mise en œuvre de ce qui marche sur le terrain. La réforme s'est construite en observant ce qui marche sur le terrain, notamment l'interdisciplinarité.

Par ailleurs, ce n'est pas une question de moyens. Ce n'est pas en ayant des moyens supplémentaires qu'on apprend mieux.

Le directeur de cabinet du Recteur, quant à lui, fait beaucoup d'apartés pour dire que les membres de la délégation se trompent. Il est proviseur de formation et conteste l'idée que l'autonomie soit égale à la dérèglementation. Un CDE est avant tout un représentant de l'Etat.
L'Académie a consenti un très gros effort en maintenant 659h dans les établissements qui relèvent de l'Education Prioritaire pour les bassins très en difficulté et les enseignants font un boulot formidable.

Spoiler:

Ergo a écrit::lol!:

Ah oui, oui, réutilisez ! N'hésitez pas, s'il y a des choses qui manquent...je vais l'afficher aussi en sdp et peut-être en faire un autre à côté sur les problèmes locaux.

Par exemple, ce qu'a dit la parente d'élève (également instit) est à ajouter. J'ai bien ri devant ce dialogue:
Parente d'élève : les parents d'élèves sont inquiets aussi...
Conseillère : avec ce qu'ils ont entendu, c'est normal...
Parente : Non, ils sont inquiets parce qu'ils siègent en CA, en conseil d'école, parce qu'ils ont lu les projets. Ils sont inquiets pour les effectifs à l'école, pour la réforme du collège et pour les lycées qui sortent de l'Education Prioritaire alors que les enfants auront fait toute leur scolarité (école et collège) en EP. L'EP doit rester prioritaire. Nous avons des exigences pour nos enfants : nous souhaitons des options, des dédoublements...

Ergo a écrit:Bien bien bien...Nous avons donc été reçus en délégation de huit personnes: quatre enseignants de lycées de secteur, trois enseignants de collège et une parente d'élève pendant un peu plus d'1h (45 min prévues mais ils ont écouté tout le monde). Nous étions reçus par une conseillère (prévu) et le directeur de cabinet du recteur et la DASEN (non prévus).

Je vous taperai les notes que j'ai prises (là, je vais me reposer, c'est fatigant, la langue de bois et c'est très frustrant, plein de choses qu'on n'a pas pu évoquer...) mais sachez d'ores et déjà qu'ils n'ont pas vraiment répondu à nos questions. Sauf pour dire que nous étions d'accord car nous voulions la réussite des élèves, que nous avions sûrement mal compris des choses, que les dotations globales n'allaient pas diminuer mais que de toute façon, ce n'était pas une question de moyens.

Marie Laetitia a écrit: Vos arguments étaient excellents! Vous pouvez être fiers de vous! Même si vous n'avez pas pu tout dire, même si ça n'aura pas d'impact, vous avez rempli votre mission, infiniment mieux que tous ces serviteurs de la médiocrité...


Ce qui m'inquiète vraiment, c'est qu'entre l'incurie de ce gouvernement en matière d'économie, sa nuisance en matière d'éducation, j'ai de plus en plus de mal à envisager sereinement les années à venir. On coule et ce beau monde nous assure que tout va bien...

LadyC a écrit:Merci pour le compte-rendu.

C'est en effet déprimant, un tel étalage de langue de bois et de mépris des personnes de terrain. "On sait mieux que vous, vous êtes des imbéciles de ne pas voir que notre réforme est le Bien, acceptez notre guidance visionnaire et taisez-vous."

lotta a écrit:Bravo pour votre implication.
C'est désespérant tout de même, il n'y a aucune écoute de la part des conseillers du ministère. Ils se contentent de répéter ce que j'imagine être des "éléments de langage". Des porte-paroles, en fin de compte.

Marie Laetitia a écrit: Vos arguments étaient excellents! Vous pouvez être fiers de vous! Même si vous n'avez pas pu tout dire, même si ça n'aura pas d'impact, vous avez rempli votre mission, infiniment mieux que tous ces serviteurs de la médiocrité...


Ce qui m'inquiète vraiment, c'est qu'entre l'incurie de ce gouvernement en matière d'économie, sa nuisance en matière d'éducation, j'ai de plus en plus de mal à envisager sereinement les années à venir. On coule et ce beau monde nous assure que tout va bien...

Trinity a écrit:Le peu de monde était assez déprimant : le service de sécurité était presque plus nombreux que nous (policiers, RG).

Notons les points positifs : il faisait beau et j'ai vu Ergo et Esmeralda (@Ergo : j'étais la prof venue d'ailleurs accompagnée d'un nain vêtu de rouge).

Olympias a écrit:

Marie Laetitia a écrit: Vos arguments étaient excellents! Vous pouvez être fiers de vous! Même si vous n'avez pas pu tout dire, même si ça n'aura pas d'impact, vous avez rempli votre mission, infiniment mieux que tous ces serviteurs de la médiocrité...


Ce qui m'inquiète vraiment, c'est qu'entre l'incurie de ce gouvernement en matière d'économie, sa nuisance en matière d'éducation, j'ai de plus en plus de mal à envisager sereinement les années à venir. On coule et ce beau monde nous assure que tout va bien...

Oui, ça craint sévèrement. Et ce que propose le petit "républicain" énervé et plein de tics...pouah ! C'est beau la défense de la République quand on a foulé aux pieds les principes de 1945-47 (CNR, préambule constitution de la IVeme ...)