abandon de poste

Hello à tous,

Petit retour sur tout cela un an plus tard...

* Première année de doctorat bien effectuée au Québec : mais j'ai échoué à tous les concours de bourse là-bas, malgré plusieurs articles publiés dans de bonnes revues face à des candidats n'ayant rien publié, des lettres de soutien excellentes, etc... Bref.

* Décision de rentrer en France et d'abandonner ma thèse : tout s'accumule contre moi pour espérer un jour avoir un poste en université. Il faut savoir l'admettre à un moment donné, parvenu à 29 ans.

* Ma dispo est renouvelée pour l'année en cours, car j'ai décidé de passer le concours de conservateur de bibliothèques qui me tente bien. Par contre il faut bien trouver à se financer : cours particuliers + job de veilleur de nuit dans un hôtel le w-e... Oui, super.

* Mais ma situation financière devient vraiment précaire, et le déclassement, contrairement à ce que je pouvais héroïquement prétendre, commence à me peser... J'en suis à envisager de demander une réintégration anticipée, pour retrouver un salaire décent et arrêter ces jobs pourris d'ici l'obtention éventuelle du concours. Mais les souvenirs de mon année de dépression remontent... et je ne vois pas pourquoi ça se passerait mieux cette année, surtout qu'en cas de réintégration anticipée je me récupèrerais des postes difficiles ici ou là.
Sinon je me paierais bien une TCC, parce que je sais que j'en aurais grandement besoin, mais je n'en ai pas les moyens.

Bref : loin des perspectives assez optimistes que j'avais il y a un an, c'est un peu la cata générale, bien que c'eût été prévisible. Maintenant j'attends quelques temps avant d'envisager cette demande de réintégration, les pour et les contre ne sont pas encore pesés.

Tonio Kröger a écrit:Après le second refus du rectorat, j'ai envoyé ma lettre de démission, en précisant bien que je ne respecterais pas le préavis (donc abandon de poste) puisque je partais directement au Canada.

Que vois-je hier dans mes mails : "votre demande de disponibilité est accordée".

C'est quand même fichtrement typisch-révélateur de la façon de faire des rectorats.

Tonio Kröger a écrit: * Première année de doctorat bien effectuée au Québec : mais j'ai échoué à tous les concours de bourse là-bas, malgré plusieurs articles publiés dans de bonnes revues face à des candidats n'ayant rien publié, des lettres de soutien excellentes, etc... Bref.

* Décision de rentrer en France et d'abandonner ma thèse : tout s'accumule contre moi pour espérer un jour avoir un poste en université. Il faut savoir l'admettre à un moment donné, parvenu à 29 ans.

Par curiosité (et si tu veux répondre à ça), que dit ton directeur de cette situation?

PauvreYorick a écrit:
Par curiosité (et si tu veux répondre à ça), que dit ton directeur de cette situation?

Bof, rien du tout ! Ceux qui devaient être mes directeurs au Canada m'ont dit que j'aurais des chances dans un an, pour le prochain concours de bourse, etc... et celui qui m'a beaucoup soutenu en France, qui m'a fait une lettre (enfin, une de plus, après les deux concours que j'ai ratés ici) pour ces bourses canadiennes, n'a rien répondu à mon message qui lui notifiait mon abandon de la thèse voire de la philo.

Je n'en suis pas étonné, il est peut-être aussi lassé de mes déboires.

Mmmh. Très pénible comme situation.

Bah, maintenant je regarde ailleurs et je laisse tout ça derrière moi sans trop de regrets. J'essaie juste de trouver un moyen décent de financement jusqu'à ce que j'ai un nouveau concours.

Oui, Le Québec est souvent perçu comme un eldorado par les français, ça l'a peut être été il y a quelques temps. Mais le vent a un peu tourné et les français en surnombre ont commencé à lasser certains. Les permis de séjour sont devenus plus difficiles à obtenir ou à être prolongé. Le Québec n'a pas la panacée à tous les problèmes que peuvent rencontrer les français dans leurs études ou sur le marché de l'emploi. Les réussites existent encore, par contre les échecs sont bien plus cuisants et difficiles à rattraper qu'en France...

C'était mon deuxième séjour là-bas, donc j'avais déjà les yeux décillés sur la réalité de cette province. Les possibilités sont réelles, mais évidemment que tout le monde ne peut pas être satisfait...

Oui, c'est ce que je dis en substance. Il y a des choses positives là-bas mais beaucoup arrivant en même temps avec les mêmes espoirs, tout le monde ne peut être satisfaits. Bref, on ne parle que du bonheur et des sucess stories des français à l'étranger mais peu des déconvenues...

:| C'est moche de perdre l'espoir et la motivation, quand on en a encore l'envie.

Tu n'as pas moyen de poursuivre ta thèse en France, tout en étant prof dans le secondaire (ou bibliothécaire, ou autre chose) ?

Pour les financements, il n'y a rien de possible avec pôle emploi ? (franchement, je n'y connais rien, surtout pour quelqu'un qui est en dispo) Avec je ne sais quel service de ton rectorat ?

Quand on est dans le public, et qu'en plus on fait une thèse non-valorisable économiquement, c'est rien de chez rien !

Pour le moment je suis complètement paumé. Je me suis tout de même rendu compte que j'aurais beaucoup de mal à faire une thèse telles qu'elles sont exigées aujourd'hui (être très spécialisé, passer des années à retourner un petit problème, faire une biblio "scientifique", etc...), je sens que je ne suis pas fait pour ça. Je fais de la philosophie un peu "en artiste", en laissant ma pensée vagabonder sur des problèmes qui me préoccupent à un moment t, j'en tire un article si possible, et je passe à autre chose. La cohérence de ma réflexion vient seulement après, quand je fais le bilan de ce que j'ai écrit, et je m'ennuierais très vite à devoir passer des années sur un petit corpus de textes. J'en ai pris mon parti désormais.

D'autre part, pour ceux qui ont suivi mes déboires, je me sens incapable de retourner dans le secondaire même si mes difficultés financières me titillent... J'ai bien trop le sentiment que ce métier est devenu impossible quand on fait le bilan de tout ce qui s'accumule contre la position de professeur (numérique, crise de l'autorité et de la culture, niveau des élèves, discipline...), et mon hypersensibilité/forte anxiété m'empêchent de faire abstraction de tout ça.

Si je réussis le concours de conservateur je tenterai peut-être un jour de poursuivre librement mon activité de recherche et d'écriture, mais en attendant le plus urgent est de retrouver un métier.

Je suis désolée de lire ces mauvaises nouvelles et j'espère que tu vas réussir à trouver une solution .

Merci.

Retourner dans le secondaire après un échec ne me paraît pas une bonne idée. L'EN peut vraiment broyer un individu. Il vaut sans doute mieux tourner la page et t'accrocher au concours de conservateur, même si ce n'est pas le plus facile. Il y aussi le concours de bibliothécaire. Ce n'est peut-être pas palpitant, mais ça permet d'échapper à la précarité.Tu peux aussi donner des cours particuliers en les préparant.

Bon courage, Tonio, pour le concours de conservateur .

Merci DesolationRow !

Faustine : aïe, je venais justement de me briefer intérieurement pour entamer un travail sur moi afin de pouvoir reprendre le chemin du lycée cette année, avant le concours... Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Oui, une énorme partie de moi, jusque dans mes cellules, frémit à l'idée d'y retourner. Et une autre partie, plus petite mais avec un potentiel de croissance, se dit qu'en travaillant sur mon propre passé (phobie scolaire, peur des autres, regard que je porte sur les jeunes d'aujourd'hui, manière de faire cours) reprendre à temps partiel pourrait être faisable.

Je suis pris dans un énorme conflit interne, vraiment pas facile... surtout que les fins de mois à -1000 euros, les chèques refusés, les CB bloquées à la caisse du supermarché, ça fait réfléchir. Et d'un autre côté le souvenir de cette affreuse année en arrêt maladie malgré des classes qui n'étaient pas si terribles (très loin de là !).

Je ne sais pas.

L'idée étant de reprendre uniquement jusqu'à avoir un autre concours.

Quand a lieu le concours ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de revenir dans le secondaire. Pourquoi t'acharner ? Tu seras peut-être plus épanoui ailleurs. Parfois il vaut mieux tourner définitivement la page.

Conservateur comme bibliothécaire sont deux concours très difficiles, plus sélectifs que l'agrégation (selon les matières). Je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus simple pour retomber sur ses pieds.

De fait, j'ai préparé un temps des étudiants au concours de conservateur, le niveau était assez haut.

faustine62 a écrit:Quand a lieu le concours ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de revenir dans le secondaire. Pourquoi t'acharner ? Tu seras peut-être plus épanoui ailleurs. Parfois il vaut mieux tourner définitivement la page.

Ce serait seulement pour me financer. Je bosse déjà à côté depuis cet été mais je ne gagne presque rien et c'est décérébrant.

VicomteDeValmont a écrit:Conservateur comme bibliothécaire sont deux concours très difficiles, plus sélectifs que l'agrégation (selon les matières). Je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus simple pour retomber sur ses pieds.

Oui, quand j'ai eu l'agreg c'était 43 postes et au concours de conservateur il y en avait 16 à l'externe l'an dernier. Mais après il faut voir quel est le niveau des étudiants (j'ai lu les "meilleures copies" de culture G de l'écrit des années d'avant, ça m'a paru franchement faisable au regard de ce qu'on fait à l'agreg). Je suis également inscrit à la formation dispensée par Mediat deux jours complets par semaine.

DesolationRow a écrit:De fait, j'ai préparé un temps des étudiants au concours de conservateur, le niveau était assez haut.

A moins que tu n'aies fait l'école des Chartes auquel cas tu as un passe-droit inique.

Tonio Kröger a écrit:

VicomteDeValmont a écrit:Conservateur comme bibliothécaire sont deux concours très difficiles, plus sélectifs que l'agrégation (selon les matières). Je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus simple pour retomber sur ses pieds.

Oui, quand j'ai eu l'agreg c'était 43 postes et au concours de conservateur il y en avait 16 à l'externe l'an dernier. Mais après il faut voir quel est le niveau des étudiants (j'ai lu les "meilleures copies" de culture G de l'écrit des années d'avant, ça m'a paru franchement faisable au regard de ce qu'on fait à l'agreg). Je suis également inscrit à la formation dispensée par Mediat deux jours complets par semaine.

Pour les stats:

Plein de courage à toi.

Je ne sais pas pour la philo mais en histoire, selon les sujets de thèse, tu peux parfois bénéficier d'un soutien financier d'une association ou d'un groupe d'intérêt. As-tu cherché dans cette direction ?

Et des stats plus détaillées sur l'origine des candidats:

Merci pour les stats (je vois 3 enseignants admis) ! Hérodoute, non en philo je n'ai jamais entendu parler de cela... Mais je suis vraiment passé à autre chose désormais, je m'y fais !