Des formations obligatoires en dehors du temps scolaire ?

Je sais que ce sujet a déjà été abordé ici https://www.neoprofs.org/t122968p50-jean-michel-blanquer-je-suis-pret-a-amender-mon-projet-de-loi-sur-lecole#4698038 par quelques Néos, mais il me semblait important de lui donner un peu plus de visibilité : comme l'EN ne charge pas suffisamment la mule, il est maintenant question de privilégier la formation "en dehors des obligations de service d'enseignement" et de ne pas nécessairement la rémunérer... Quant au "L’offre de formation continue est adaptée aux besoins des enseignants",   !

Article 14 bis (nouveau)


L’article L. 912‑1‑2 du code de l’éducation est ainsi rédigé :


« Art. L. 912‑1‑2. – La formation continue est obligatoire pour chaque enseignant.


« La formation continue s’accomplit en priorité en dehors des obligations de service d’enseignement. Elle peut donner lieu à une indemnisation.


« L’offre de formation continue est adaptée aux besoins des enseignants. Elle participe à leur développement professionnel et personnel et peut donner lieu à l’attribution d’une certification ou d’un diplôme. »

Source : http://www.senat.fr/petite-loi-ameli/2018-2019/474.html

https://twitter.com/stylos_les/status/1130743833082421248
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/05/20052019Article636939321018068885.aspx

A titre de comparaison, un salarié peut refuser une formation hors temps de travail et cela ne constitue ni une faute, ni un motif de licenciement :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3013

J'en ai parlé aux collègues ce matin, pensant soulever une émeute. Réponses : "mais non, c'est impossible...", "tu crois vraiment que ça passera ? ", "Sois sérieux, ce ne sera jamais mis en oeuvre", etc. Bref, mille et une raison de ne pas bouger, encore et toujours.

Et ça se terminera en obligation de service supplémentaire offerte à l'employeur, tout comme la journée de "solidarité" ("solidarité"... Ils manquent pas d'air de dévoyer de si belles ambitions.) Depuis Raffarin, on doit 7 heures gratuitement, on fait 7 heures en journée portes ouvertes, en surveillance parce que pas assez d'AED étant donné que les AED sont payés au lance-pierres, etc.

Oui parce que comme tout le monde considère qu'on ne fiche rien en dehors de nos cours, bah nous coller des formations hors temps d'enseignement, ça nous fait toujours faire moins d'heures que dans le privé, hein, c'est pas comme si quand on allait en formation (de préférence très loin) ça faisait exploser notre temps de travail qui dépasse déjà largement 35h hebdo.

lene75 a écrit:Oui parce que comme tout le monde considère qu'on ne fiche rien en dehors de nos cours, bah nous coller des formations hors temps d'enseignement, ça nous fait toujours faire moins d'heures que dans le privé, hein, c'est pas comme si quand on allait en formation (de préférence très loin) ça faisait exploser notre temps de travail qui dépasse déjà largement 35h hebdo.

Confirmé par le sénat, qui ne souhaite pas nous faire passer à 35h (on se demande bien pourquoi !)

Le diable est dans les détails : le Sénat a aggravé le  projet de loi par un mot apparemment anodin, mais d'un flou calculé,  permettant soit de tomber à bras raccourcis sur les enseignants selon des critères arbitraires, soit de leur imposer du travail gratuit. En effet, à côté d '"exemplarité", terme déjà plus que flou puisque les fonctionnaires respectent déjà les lois et règlements,  a été ajouté " engagement", terme que je fustigeais récemment -de manière prémonitoire- dans les tics du langage managérial, sur un autre fil.

Amendement a écrit:"... la relation entre l’élève et l’enseignant est une relation d’autorité, confortée par l’engagement et l’exemplarité des personnels de l’éducation nationale"

.

Je crois qu'il sera compliqué d'ajouter des trucs comme celui-ci, ou autre contraire de les refuser de manière argumentée, tant qu'on n'aura pas mis à plat ce que les enseignants sont censés faire de leurs heures hors cours.

On ne pourra pas être sérieux sans évaluer proprement les différentes missions (préparation, évaluation, auto-formation, communication, concertation...), le temps qu'elles représentent sur une semaine... mais aussi le temps qu'elles représentent sur une année. Parce que le gros hic, quand on rentre dans cette mesure, c'est que le résultat est à mettre en relation avec les 1607h du statut des fonctionnaires, et aussitôt on réactive le débat sur l'annualisation.

Quels arguments peuvent être opposés à "yaka mettre ces journées de formation sur les petites vacances" ?

"J'ai aquaponey", ça ne suffit pas ?

Fires of Pompeii a écrit:"J'ai aquaponey", ça ne suffit pas ?

On a dit "engagement" !

pogonophile a écrit:Je crois qu'il sera compliqué d'ajouter des trucs comme celui-ci, ou autre contraire de les refuser de manière argumentée, tant qu'on n'aura pas mis à plat ce que les enseignants sont censés faire de leurs heures hors cours.

On ne pourra pas être sérieux sans évaluer proprement les différentes missions (préparation, évaluation, auto-formation, communication, concertation...), le temps qu'elles représentent sur une semaine... mais aussi le temps qu'elles représentent sur une année. Parce que le gros hic, quand on rentre dans cette mesure, c'est que le résultat est à mettre en relation avec les 1607h du statut des fonctionnaires, et aussitôt on réactive le débat sur l'annualisation.

Quels arguments peuvent être opposés à "yaka mettre ces journées de formation sur les petites vacances" ?

La pénibilité du travail d'enseignant en 2019 ?

pogonophile a écrit:

Fires of Pompeii a écrit:"J'ai aquaponey", ça ne suffit pas ?

On a dit "engagement" !

Ah, je rectifie. J'exécute un repérage en milieu aquatique sur une monture équine afin de transposer cela en un savoir transmissible lors d'une séance pédagogique."

gauvain31 a écrit:

pogonophile a écrit:Je crois qu'il sera compliqué d'ajouter des trucs comme celui-ci, ou autre contraire de les refuser de manière argumentée, tant qu'on n'aura pas mis à plat ce que les enseignants sont censés faire de leurs heures hors cours.

On ne pourra pas être sérieux sans évaluer proprement les différentes missions (préparation, évaluation, auto-formation, communication, concertation...), le temps qu'elles représentent sur une semaine... mais aussi le temps qu'elles représentent sur une année. Parce que le gros hic, quand on rentre dans cette mesure, c'est que le résultat est à mettre en relation avec les 1607h du statut des fonctionnaires, et aussitôt on réactive le débat sur l'annualisation.

Quels arguments peuvent être opposés à "yaka mettre ces journées de formation sur les petites vacances" ?

La pénibilité du travail d'enseignant en 2019 ?

Je trouve que c'est un excellent argument, qui devrait suffire.

L'aquaponey est une discipline exigeante qui demande un engagement de chaque instant !

Le travail enseignant a été estimé à 40h par semaine environ. Donc mettre les formations sur les vacances, c'est ajouter à ces 40h, non ?

1607:36 ça fait 44,6 par semaine. La plupart des profs n'en sont pas loin. Quand j'étais à temps plein de prof de lettres, je les dépassais largement (c'est d'ailleurs pour ça que je ne peux plus me permettre de faire un temps plein, super pour le budget).
Non mais sérieusement ils vont pas un peu nous lâcher la grappe? Qui vont-ils trouver pour exercer ce boulot? Il faudrait être dingue (ou vraiment très très naïf ou très très nul) pour s'engager dans cette carrière aujourd'hui!

Si le gouvernement garde cette proposition du Sénat…

notre service est prévu de manière hebdomadaire donc il faudra bien payer en plus et si on n'y va pas ? ce ne pourra pas être "service non fait" puisque le service c'est le VS.
Et il faudra que les formations soient prévues, avec les dates, dès le début de l'année scolaire car quand on part en vacances, on ne réserve pas 3 jours avant de partir. Sans parler de tous les RDV médicaux ou autres que l'on prend justement durant les vacances...

S'ils nous font ce coup là, il faudrait que tout le monde boycotte (mais là, j'ai des doutes).

Je pense qu'ils devraient aussi prévoir des formations les dimanches et jours fériés tant qu'on y est…

Sur mes petites vacances, je récupère de la fatigue nerveuse et physique de la période écoulée. Si je ne le fais pas, je risque la surchauffe, le pétage de plomb, l'étripage de collègue(s), le burn-out, l'arrêt-maladie. Bref, je dysfonctionne et je creuse le trou de la sécu par la même occasion. La seule convocation à laquelle je veux bien me rendre sur mon temps libre, c'est à la médecine du travail, pour un bilan annuel où je viderai mon cartable sac à propos de nos actuelles conditions de travail. Mais si, vous savez bien, cet organisme auquel le privé a droit, et pas nous. Nous, on ne mérite pas.  Rien là-dessus chez Blanquer ? Etrange...

Cette notion de pénibilité est très floue, il faut pouvoir l'appuyer sur du concret.
Elle n'a pas marché pour d'autres, par exemple les personnels hospitaliers, comment pourrait-elle fonctionner ici ?

@Isis39
Evaluée à 40h par qui ? Est-ce convaincant pour les parlementaires ?
Et si tu multiplies par 36 semaines, tu ne montes qu'à 1440h, donc la porte est grande ouverte pour ajouter les 167h qui manquent en formation sur les petites vacances.

@musa
En admettant à peu près 45h de moyenne hebdomadaire, est-ce légal ?
Il me semble que le temps de travail annualisé, c'est un maximum de 44h sur trois semaines, à récupérer ensuite.

@danses
La légitimité des petites vacances pour récupérer, je ne la remets pas en question.
Dans une moindre mesure j'en bénéficie aussi, et je fais la même chose.
La question c'est : quels arguments employer ?
Parce que de l'extérieur, je ne pense pas que ce soit convaincant.

ysabel a écrit:Si le gouvernement garde cette proposition du Sénat…

notre service est prévu de manière hebdomadaire donc il faudra bien payer en plus et si on n'y va pas ? ce ne pourra pas être "service non fait" puisque le service c'est le VS.
Et il faudra que les formations soient prévues, avec les dates, dès le début de l'année scolaire car quand on part en vacances, on ne réserve pas 3 jours avant de partir. Sans parler de tous les RDV médicaux ou autres que l'on prend justement durant les vacances...

S'ils nous font ce coup là, il faudrait que tout le monde boycotte (mais là, j'ai des doutes).

Je pense qu'ils devraient aussi prévoir des formations les dimanches et jours fériés tant qu'on y est…

Ou que chacun amène ses enfants en formation comme cela les formateurs pourront tester leur théorie !

pogonophile a écrit:On ne pourra pas être sérieux sans évaluer proprement les différentes missions (préparation, évaluation, auto-formation, communication, concertation...), le temps qu'elles représentent sur une semaine... mais aussi le temps qu'elles représentent sur une année. Parce que le gros hic, quand on rentre dans cette mesure, c'est que le résultat est à mettre en relation avec les 1607h du statut des fonctionnaires, et aussitôt on réactive le débat sur l'annualisation.

L'annualisation et la prise en compte de tout le temps de travail des enseignants sont indépendants, contrairement à ce que laissent penser les médias et les politiciens qui voudraient nous faire rattraper les jours fériés ou paumés pour d'autres raisons.
Il suffirait de dire qu'une heure de cours vaut 2,5h de travail pour un certifié (3h pour un agrégé*), et qu'une heure d'EDT vaut 36 fois le tarif horaire, c'est-à-dire 90 ou 108 h. On y rajouterait un cadre national indiquant un forfait horaire pour la charge de PP, etc.
(ou appliquer le forfait jour, mais il faudrait alors beaucoup tergiverser pour justifier qu'un enseignant dispose d'une autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps, surtout dans les établissements atteints par la réunionite)
Bien sûr, le gouvernement ne voudra jamais, préférant largement payer des pets de lapin en HSA plutôt que des HS calculées selon le Code du travail.

* bien sûr, une révélation aussi voyante du différentiel de coût certifié/agrégé remettrait en question le fait de leur attribuer essentiellement les mêmes postes…

Argument inscrit dans la loi travail de 2016 : droit à la déconnexion, à prendre ici au sens (très) large.

Malavita a écrit: Ou que chacun amène ses enfants en formation comme cela les formateurs pourront tester leur théorie !

Euh... mais j'aime ma fille, moi !

pogonophile a écrit:Cette notion de pénibilité est très floue, il faut pouvoir l'appuyer sur du concret.
Elle n'a pas marché pour d'autres, par exemple les personnels hospitaliers, comment pourrait-elle fonctionner ici ?

@Isis39
Evaluée à 40h par qui ? Est-ce convaincant pour les parlementaires ?
Et si tu multiplies par 36 semaines, tu ne montes qu'à 1440h, donc la porte est grande ouverte pour ajouter les 167h qui manquent en formation sur les petites vacances.

Je me réfère à l'évaluation faite par le ministère de l'éducation nationale en 2002 (du coup c'est plus aujourd'hui). Et il ajoute à tes 36 semaines 20 jours de vacances travaillés.
Je ne retrouve plus le lien vers cette enquête (le ministère l'aurait-il fait disparaitre ?).

Pour moi justement, les petites vacances ce sont justement plus des récupérations (quand je fais plus de 44h) que des vacances. D'ailleurs, je travaille généralement une semaine sur les deux... Je ne sais pas ce qui est convaincant de l'extérieur mais c'est vraiment totalement stupide de vouloir faire rentrer tout le monde au chausse-pieds dans ces 1607h alors même qu'il est évident que le métier de prof est spécifique et qu'il connaît une crise sans précédent.
C'est à cause de la pénibilité et de la charge de travail qui s'alourdit de plus en plus que j'ai dû me mettre à temps partiel. Je perds près de la moitié de mon salaire alors que je suis persuadée que je pourrais faire un plein temps dans les mêmes conditions que celles où j'ai commencé ma carrière.
Mais je suis bien conne. Je devrais me remettre à temps plein, péter un plomb, creuser le trou de la Sécu et emmerder mon employeur pour qu'il me trouve un poste adapté. La seule chose qui me retienne c'est que le prix serait bien lourd à payer pour moi aussi.

Pogonophile a écrit:Evaluée à 40h par qui ? Est-ce convaincant pour les parlementaires ?
Et si tu multiplies par 36 semaines, tu ne montes qu'à 1440h, donc la porte est grande ouverte pour ajouter les 167h qui manquent en formation sur les petites vacances.

La durée de travail est à 35h ; on fait donc théoriquement 5h heures supp par semaine

36*5 = 180 h

Le compte y est : l'Etat nous devrait même 13h .... 13 HSE donnée en fin d'année (soit deux jours offerts) ; ça pourrait faire une petite prime en fin d'année  

Vu tout ce qu'on a perdu en terme de salaire depuis le gel du point d'indice... ils ne sont pas en mesure de nous imposer quoique ce soit

EDIT : Voici le lien vers le site de l'Education Nationale sur le temps de travail des enseignants :

https://www.education.gouv.fr/cid72848/les-enseignants-du-second-degre-public-declarent-travailler-plus-de-40-heures-par-semaine-en-moyenne.html