Le gout de l'effort

Bonjour,

Je suis confrontée cette année à une classe assez difficile, en REP (CM1).

Ces élèves n'ont aucun gout de l'effort, et sont incapables de fournir le moindre effort pour surmonter une difficulté. TOUT est problématique : pour le français, les maths, je veux bien entendre qu'ils soient en difficulté ou qu'ils éprouvent des difficultés à se mettre au travail.

En lecture, ils ont choisi le livre qu'ils souhaitaient étudier, laaaaaargement accessible à leur niveau : ils n'arrivent pas à le lire, il faut que je fasse "à leur place" (que je lise à voix haute). Même les "bons" se sentent en situation d'échec (alors qu'ils ont une fluidité de lecture tout à fait satisfaisante, mais d'emblée, c'est "non je n'y arrive pas").
La géométrie ? Je montre au tableau et j'ai 22 mains levées avant même d'avoir fini ma phrase "J'y arrrive paaaaaaas" (pour tracer une droite ! prendre une équerre !)

Mais même les arts plastiques ou la musique posent problème ! Le dessin de poésie : pffff je sais pas dessiner. je montre un tuto ? Pffff j'y arrive pas. Apprendre une chanson : pfff trop dur.

On fait un projet de carte pop-up pour les fêtes de fin d'année : TOUT est trop difficile ! Je leur demande de dessiner : trop dur. Je les aide, et leur demande de colorier (colorier !!!!!) : encore trop dur ! Ils n'essaient même pas ! Un  élève a carrément pris la feuille, l'a chiffonnée et mise à la poubelle aussitôt ! Même mes bons élèves m'ont laissé une feuille blanche au bout d'une heure d'essai ... en CM1 quoi !!!!! Pour une carte !!!!

Même le sport ! On fait hand en ce moment, en salle avec une super intervenante : Pffff je peux arrêter ? Pfff j'ai pas envie ... Pffff j'ai mal à la main ...  

Je les aide, je les guide, je différencie, je valorise, j'essaie de trouver des choses sympa : rien n'aboutit ... Ils passent leur temps à se plaindre et sont incapables d'essayer. Ne serais-ce qu'essayer ! Ils préfèrent crier au scandale, se plaindre, critiquer, faire le bazar en classe ... Je n'ai aucun levier avec eux, je suis en échec sur tous les plans, de la lecture au maths, du dessin au sport, ... Tout est problématique !

Leur comportement est aussi assez révélateur : ils passent leur temps à me demander des détails sur nos projets (on fait sport aujourd'hui ?), mais n'écoutent pas ma réponse ... et me redemandent 10 min plus tard ... Toute la journée, sans cesse, c'est épuisant ! Je répète 10-20 fois par jour si nous faisons sport, ou une sortie, ou maths après la récré ! Deux d'entre eux n'attendent même pas ma réponse avant de tourner les talons : ils me posent une question et s'en vont    Ou encore, ils viennent me voir, mais ont oublié pourquoi en arrivant devant moi : ils me regardent avec un sourire béat et me disent "ahhhh j'me souviens pluuuuus" . De vrais poissons rouges : aucune mémoire immédiate, aucune mémoire sur le long terme.

Je les porte à longueur de journée, c'est épuisant !

Et pour couronner le tout, je suis inspectée cette année ! Des idées pour remonter la pente ?  

Hélas, c'est une tendance générale. Peut-être être plus sévère... Ah tu n'arrives pas à colorier et bien je vais te donner un autre travail, par exemple copier un texte...ou alors, tu n'as pas compris, je vais prendre 5 minutes à la recre, je t'expliquerai à ce moment là.

A force, ils vont peut être réfléchir à deux fois...

J'ai eu le problème, il y a peu. J'ai engagé un petit projet d'action solidaire.... Il fallait écrire une petite carte de Noël et la fabriquer, cartes qui vont être redistribuées à des sdf ou dans un epahd. Deux élèves ne voulaient pas le faire, car ils n'avaient pas envie. J'ai répondu avec un grand sourire qu'ils en avaient tout à fait le droit mais que j'avais peur qu'ils s'ennuient et j'ai donc sorti des manuels d'orthographe pour leur donner des exercices. Et bien finalement ils ont retrouvé leur enthousiasme.

A mon avis, ils ont trouvé le système pour ne pas faire. Il faut leur démontrer que faire ce qui est demandé est finalement plus intéressant que l'autre option et donc trouver une autre option bien plus pénible.

Je ne suis pas professeur des écoles, mais j'ai un fils en CM2 et un peu d'expérience de l'enseignement. Je pense qu'effectivement plus tu guides, plus tu demandes de leur avis, plus tu proposes autre chose, moins eux ils en font. Peut-être effectivement, il faut être un peu plus exigeante, sévère et les laisser aller au bout de ce qu'ils font.

Kihya a écrit:Bonjour,

Je suis confrontée cette année à une classe assez difficile, en REP (CM1).

Ces élèves n'ont aucun gout de l'effort, et sont incapables de fournir le moindre effort pour surmonter une difficulté. TOUT est problématique : pour le français, les maths, je veux bien entendre qu'ils soient en difficulté ou qu'ils éprouvent des difficultés à se mettre au travail.

En lecture, ils ont choisi le livre qu'ils souhaitaient étudier, laaaaaargement accessible à leur niveau : ils n'arrivent pas à le lire, il faut que je fasse "à leur place" (que je lise à voix haute). Même les "bons" se sentent en situation d'échec (alors qu'ils ont une fluidité de lecture tout à fait satisfaisante, mais d'emblée, c'est "non je n'y arrive pas").
La géométrie ? Je montre au tableau et j'ai 22 mains levées avant même d'avoir fini ma phrase "J'y arrrive paaaaaaas" (pour tracer une droite ! prendre une équerre !)

Mais même les arts plastiques ou la musique posent problème ! Le dessin de poésie : pffff je sais pas dessiner. je montre un tuto ? Pffff j'y arrive pas. Apprendre une chanson : pfff trop dur.

On fait un projet de carte pop-up pour les fêtes de fin d'année : TOUT est trop difficile ! Je leur demande de dessiner : trop dur. Je les aide, et leur demande de colorier (colorier !!!!!) : encore trop dur ! Ils n'essaient même pas ! Un  élève a carrément pris la feuille, l'a chiffonnée et mise à la poubelle aussitôt ! Même mes bons élèves m'ont laissé une feuille blanche au bout d'une heure d'essai ... en CM1 quoi !!!!! Pour une carte !!!!

Même le sport ! On fait hand en ce moment, en salle avec une super intervenante : Pffff je peux arrêter ? Pfff j'ai pas envie ... Pffff j'ai mal à la main ...  

Je les aide, je les guide, je différencie, je valorise, j'essaie de trouver des choses sympa : rien n'aboutit ... Ils passent leur temps à se plaindre et sont incapables d'essayer. Ne serais-ce qu'essayer ! Ils préfèrent crier au scandale, se plaindre, critiquer, faire le bazar en classe ... Je n'ai aucun levier avec eux, je suis en échec sur tous les plans, de la lecture au maths, du dessin au sport, ... Tout est problématique !

Leur comportement est aussi assez révélateur : ils passent leur temps à me demander des détails sur nos projets (on fait sport aujourd'hui ?), mais n'écoutent pas ma réponse ... et me redemandent 10 min plus tard ... Toute la journée, sans cesse, c'est épuisant ! Je répète 10-20 fois par jour si nous faisons sport, ou une sortie, ou maths après la récré ! Deux d'entre eux n'attendent même pas ma réponse avant de tourner les talons : ils me posent une question et s'en vont    Ou encore, ils viennent me voir, mais ont oublié pourquoi en arrivant devant moi : ils me regardent avec un sourire béat et me disent "ahhhh j'me souviens pluuuuus"   . De vrais poissons rouges : aucune mémoire immédiate, aucune mémoire sur le long terme.

Je les porte à longueur de journée, c'est épuisant !

Et pour couronner le tout, je suis inspectée cette année ! Des idées pour remonter la pente ?  

C'est en effet une tendance générale.
Surtout ne pas se plier en 4 pour leur faciliter la tâche.
Expliquer clairement la consigne, la méthode, faire reformuler, dire que tous sont capables et AU BOULOT !
Celui qui râle ou ne fait pas (de son mieux) sera puni. Point barre.

Bonjour,

Je tiens à dire que nous avons EXACTEMENT le même souci au lycée. Ils attendent bêtement que je corrige ou leur donne la réponse, pour après me la servir comme si c'était eux qui l'avaient trouvé ... c'est ça ou alors je n'avance jamais. Même pour des documents importants pour un stage je dois tout faire à leur place. Des assistés complet. Je suis sidéré comme jamais, mais peu étonné de voir que ça démarre au primaire vous devez vous arracher les cheveux. Nous voyons ce que deviendra la société dans 8-10 ans et je peux vous dire que j'en frémis d'avance

Pour savoir faire, il faut faire.

Prends peut-être un temps ces quatre matins pour mettre les choses au clair :
- c'est normal de ne pas réussir tout de suite
- c'est normal de devoir consacrer du temps, voire recommencer, avant de réussir
- c'est impoli de ne pas écouter les explications, encore plus impoli de ne pas écouter la réponse à une question qu'on t'a posée. De ce fait, les élèves qui ne seront pas capables de répéter / reformuler ce que tu viens de leur dire seront punis.
- si tu as une super intervenante pour le hand, elle peut commencer sa prochaine séance en leur racontant à quel point elle a dû s'entraîner pour arriver à son niveau.

Quand j'ai une classe vraiment pénible, au collège, et que je veux que la consigne soit bien entendue par tout le monde, je demande clairement (pas trop souvent, car j'ai surtout des 4e et ils trouveraient infantilisant sue j'automatise le procédé) que tout le monde me regarde, pose au besoin son stylo ou le reste, et écoute bien ce que je vais dire, car je ne répéterai pas (variante : si tu dois répéter, l'élève qui aura besoin que tu répètes sera puni).

pseudo-intello a écrit:Pour savoir faire, il faut faire.

Prends peut-être un temps ces quatre matins pour mettre les choses au clair :
- c'est normal de ne pas réussir tout de suite
- c'est normal de devoir consacrer du temps, voire recommencer, avant de réussir
- c'est impoli de ne pas écouter les explications, encore plus impoli de ne pas écouter la réponse à une question qu'on t'a posée. De ce fait, les élèves qui ne seront pas capables de répéter / reformuler ce que tu viens de leur dire seront punis.
- si tu as une super intervenante pour le hand, elle peut commencer sa prochaine séance en leur racontant à quel point elle a dû s'entraîner pour arriver à son niveau.

Quand j'ai une classe vraiment pénible, au collège, et que je veux que la consigne soit bien entendue par tout le monde, je demande clairement (pas trop souvent, car j'ai surtout des 4e et ils trouveraient infantilisant sue j'automatise le procédé) que tout le monde me regarde, pose au besoin son stylo ou le reste, et écoute bien ce que je vais dire, car je ne répéterai pas (variante : si tu dois répéter, l'élève qui aura besoin que tu répètes sera puni).

edukalor a écrit:Bonjour,

Je tiens à dire que nous avons EXACTEMENT le même souci au lycée. Ils attendent bêtement que je corrige ou leur donne la réponse, pour après me la servir comme si c'était eux qui l'avaient trouvé ... c'est ça ou alors je n'avance jamais. Même pour des documents importants pour un stage je dois tout faire à leur place. Des assistés complet. Je suis sidéré comme jamais, mais peu étonné de voir que ça démarre au primaire vous devez vous arracher les cheveux. Nous voyons ce que deviendra la société dans 8-10 ans et je peux vous dire que j'en frémis d'avance

C'est en effet grave pour certains...
Mais parfois, on a des moments de grâce avec des élèves qui font 10 fois plus que demandé et qui sont super motivés dans votre matière.
Et je dois dire que cela me peine de devoir freiner ces élèves parce que d'autres ont un baobab dans la main.

Voilà, on en est tous au même point.
Ils veulent tout, tout de suite, que l'activité ne dure pas longtemps.

J'ai donné hier un travail de comparaison de sites internet à des 3e. Il fallait écrire dans un tableau nom du site, qui écrit sur ce site, la page est-elle datée, intéressante pour notre sujet, etc....
Au bout d'une heure j'ai ramassé le travail... Et bien à l'exception de 2 élèves qui ont fait le travail mais de façon très peu soignée, les autres 2 cases complétées "Wikipedia" "tout le monde peut écrire"... Et c'est tout.

Du coup pour les groupes suivants, au lieu de laisser chaque élève devant un ordinateur, j'ai projeté chaque page et j'ai interrogé tel et tel élève qui devait chercher la réponse.

Et je leur ai annoncé une interrogation sur ce qu'on avait fait. Il y aura une note qui comptera dans la moyenne d'anglais vu que c'est un projet en collaboration avec le prof d'anglais (Je suis documentaliste).

Punir peut fonctionner mais aussi récompenser ceux qui font des efforts.

menerve a écrit:Voilà, on en est tous au même point.
Ils veulent tout, tout de suite, que l'activité ne dure pas longtemps.

J'ai donné hier un travail de comparaison de sites internet à des 3e. Il fallait écrire dans un tableau nom du site, qui écrit sur ce site, la page est-elle datée, intéressante pour notre sujet, etc....
Au bout d'une heure j'ai ramassé le travail... Et bien à l'exception de 2 élèves qui ont fait le travail mais de façon très peu soignée, les autres 2 cases complétées "Wikipedia" "tout le monde peut écrire"... Et c'est tout.

On dirait mes terminales technos lors d'une séance de recherche documentaire au CDI... Un seul levier : annoncer que la fiche d'activité sera ramassée et notée si le travail n'est pas accompli sérieusement. Hormis deux cas désespérés, ils l'ont faite. Encore a-t-il fallu passer constamment d'un groupe à l'autre pour les relancer et les débloquer (ouvrir un nouvel onglet dans un moteur de recherche revenait à escalader une montagne, pour certains).
J'ajouterais : ne pas trop se prendre la tête. Arrivés à 17, 18 voire 19 ans, si nos apprenants regimbent à la moindre difficulté, c'est trop tard.

Courage aux PE qui ont vraiment la tâche ingrate avec la génération montante...

edukalor a écrit:Bonjour,

Je tiens à dire que nous avons EXACTEMENT le même souci au lycée. Ils attendent bêtement que je corrige ou leur donne la réponse, pour après me la servir comme si c'était eux qui l'avaient trouvé ... c'est ça ou alors je n'avance jamais. Même pour des documents importants pour un stage je dois tout faire à leur place. Des assistés complet. Je suis sidéré comme jamais, mais peu étonné de voir que ça démarre au primaire vous devez vous arracher les cheveux. Nous voyons ce que deviendra la société dans 8-10 ans et je peux vous dire que j'en frémis d'avance

Même problème avec la Tle dont je suis PP et après ils viennent se plaindre des collègues. Même en EPS, un quart de la classe a moins de 6 ou non noté. La philo n'est pas en contrôle continu donc 6 ne font pas les évaluations (y compris un excellent élève). J'ai dû rappeler hier qu'un tiers temps reposait sur un dossier médical ET que c'était trop tard pour demander un renouvellement et que non, le rôle du PP ne consistait pas à "les défendre" (Et ils viennent de milieux favorisés, ce n'est pas propre à l'éducation prioritaire).

pseudo-intello a écrit:Pour savoir faire, il faut faire.

Prends peut-être un temps ces quatre matins pour mettre les choses au clair :
- c'est normal de ne pas réussir tout de suite
- c'est normal de devoir consacrer du temps, voire recommencer, avant de réussir
- c'est impoli de ne pas écouter les explications, encore plus impoli de ne pas écouter la réponse à une question qu'on t'a posée. De ce fait, les élèves qui ne seront pas capables de répéter / reformuler ce que tu viens de leur dire seront punis.
- si tu as une super intervenante pour le hand, elle peut commencer sa prochaine séance en leur racontant à quel point elle a dû s'entraîner pour arriver à son niveau.

Quand j'ai une classe vraiment pénible, au collège, et que je veux que la consigne soit bien entendue par tout le monde, je demande clairement (pas trop souvent, car j'ai surtout des 4e et ils trouveraient infantilisant sue j'automatise le procédé) que tout le monde me regarde, pose au besoin son stylo ou le reste, et écoute bien ce que je vais dire, car je ne répéterai pas (variante : si tu dois répéter, l'élève qui aura besoin que tu répètes sera puni).

Si je dois punir ceux qui n'ont pas compris / écouté je vais passer mon temps à ça ...

edukalor a écrit:

pseudo-intello a écrit:Pour savoir faire, il faut faire.

Prends peut-être un temps ces quatre matins pour mettre les choses au clair :
- c'est normal de ne pas réussir tout de suite
- c'est normal de devoir consacrer du temps, voire recommencer, avant de réussir
- c'est impoli de ne pas écouter les explications, encore plus impoli de ne pas écouter la réponse à une question qu'on t'a posée. De ce fait, les élèves qui ne seront pas capables de répéter / reformuler ce que tu viens de leur dire seront punis.
- si tu as une super intervenante pour le hand, elle peut commencer sa prochaine séance en leur racontant à quel point elle a dû s'entraîner pour arriver à son niveau.

Quand j'ai une classe vraiment pénible, au collège, et que je veux que la consigne soit bien entendue par tout le monde, je demande clairement (pas trop souvent, car j'ai surtout des 4e et ils trouveraient infantilisant sue j'automatise le procédé) que tout le monde me regarde, pose au besoin son stylo ou le reste, et écoute bien ce que je vais dire, car je ne répéterai pas (variante : si tu dois répéter, l'élève qui aura besoin que tu répètes sera puni).

Si je dois punir ceux qui n'ont pas compris / écouté je vais passer mon temps à ça ...

Peut-être que ce sera le cas dans un premier temps, mais avec une punition bien pénible dis-toi que ça ne durera pas longtemps et qu'ensuite tu auras la paix pour l'année (sauf cas désespérés).

Kihya a écrit:Bonjour,

Je suis confrontée cette année à une classe assez difficile, en REP (CM1).

Ces élèves n'ont aucun gout de l'effort, et sont incapables de fournir le moindre effort pour surmonter une difficulté. TOUT est problématique : pour le français, les maths, je veux bien entendre qu'ils soient en difficulté ou qu'ils éprouvent des difficultés à se mettre au travail.

En lecture, ils ont choisi le livre qu'ils souhaitaient étudier, laaaaaargement accessible à leur niveau : ils n'arrivent pas à le lire, il faut que je fasse "à leur place" (que je lise à voix haute). Même les "bons" se sentent en situation d'échec (alors qu'ils ont une fluidité de lecture tout à fait satisfaisante, mais d'emblée, c'est "non je n'y arrive pas").
Je pense que parfois, imposer permet de se positionner en tant qu'enseignant et de les mettre au travail.
La géométrie ? Je montre au tableau et j'ai 22 mains levées avant même d'avoir fini ma phrase "J'y arrrive paaaaaaas" (pour tracer une droite ! prendre une équerre !)
Même chose ici. Ils n'essaient même pas. Et ils savent que quand il disent qu'ils ne savent pas/n'y arrivent pas, ils ne se font pas gronder. Donc ils le tentent.

Mais même les arts plastiques ou la musique posent problème ! Le dessin de poésie : pffff je sais pas dessiner. je montre un tuto ? Pffff j'y arrive pas. Apprendre une chanson : pfff trop dur.

On fait un projet de carte pop-up pour les fêtes de fin d'année : TOUT est trop difficile ! Je leur demande de dessiner : trop dur. Je les aide, et leur demande de colorier (colorier !!!!!) : encore trop dur ! Ils n'essaient même pas ! Un  élève a carrément pris la feuille, l'a chiffonnée et mise à la poubelle aussitôt ! Même mes bons élèves m'ont laissé une feuille blanche au bout d'une heure d'essai ... en CM1 quoi !!!!! Pour une carte !!!!
Alors là, il le fait à la récré. Clairement, ça faut pas laisser passer.

Même le sport ! On fait hand en ce moment, en salle avec une super intervenante : Pffff je peux arrêter ? Pfff j'ai pas envie ... Pffff j'ai mal à la main ...  

Je les aide, je les guide, je différencie, je valorise, j'essaie de trouver des choses sympa : rien n'aboutit ... Ils passent leur temps à se plaindre et sont incapables d'essayer. Ne serais-ce qu'essayer ! Ils préfèrent crier au scandale, se plaindre, critiquer, faire le bazar en classe ... Je n'ai aucun levier avec eux, je suis en échec sur tous les plans, de la lecture au maths, du dessin au sport, ... Tout est problématique !

Leur comportement est aussi assez révélateur : ils passent leur temps à me demander des détails sur nos projets (on fait sport aujourd'hui ?), mais n'écoutent pas ma réponse ... et me redemandent 10 min plus tard ... Toute la journée, sans cesse, c'est épuisant ! Je répète 10-20 fois par jour si nous faisons sport, ou une sortie, ou maths après la récré ! Deux d'entre eux n'attendent même pas ma réponse avant de tourner les talons : ils me posent une question et s'en vont    Ou encore, ils viennent me voir, mais ont oublié pourquoi en arrivant devant moi : ils me regardent avec un sourire béat et me disent "ahhhh j'me souviens pluuuuus"   . De vrais poissons rouges : aucune mémoire immédiate, aucune mémoire sur le long terme.
J'affiche le programme de la journée dans la classe, je le présente le matin, puis je ne réponds plus aux questions (sauf de mon petit autiste, que ça rassure de me poser des questions).
S'ils n'écoutent pas ce que tu leur dis, ne répète pas. D'ailleurs, je fais ainsi pour les consignes. J'observe qui écoute quand j'explique. Ceux qui n'écoutent pas n'auront pas d'autre explication. Plus délicat pour ceux (nombreux) qui ont l'air d'écouter mais sont en fait absents psychiquement.
Pour le côté poisson rouge, franchement, je pense qu'on a une génération totalement décérébrée par les écrans, empêchés de penser. En plus, en REP (je connais…), on a pas mal de gamins avec des situations familiales qui les empêchent de penser, de réfléchir, de se souvenir… C'est une question de survie pour eux.

Je les porte à longueur de journée, c'est épuisant !

Et pour couronner le tout, je suis inspectée cette année ! Des idées pour remonter la pente ?  

Courage, c'est compliqué. On connaît tous ces problèmes. Les collègues anciens sont ravis de quitter le Titanic et sont très inquiets des générations à venir.
J'espère que mes réponses ne sont pas trop "donneuses de leçons". Je dis comment je procède, ce qui fonctionne la plupart du temps ici. Après, j'ai aussi eu des classes infectes, avec qui rien ne fonctionnait. Ni carotte ni bâton, aucun intérêt, rien. L'année est longue dans ce cas là…

On en est au même point en terminale, en effet. Hier, contrôle sur des documents distribués lors d'un cours précédent. J'ai parlé longuement de ce contrôle, des élèves m'ont posé des questions, donc on s'est bien étendu sur la question, le contrôle et les révisions sont indiqués dans Pronote. Eh ben j'en ai une qui débarque au moment du contrôle, pas au courant qu'il y avait un contrôle, qui n'a aucun souvenir d'avoir eu les documents sur lesquels il porte, qui ne sait pas me dire si elle a été absente lors des précédents cours durant lesquels je les ai distribués et durant lesquels on en a parlé (la réponse est non : elle n'était pas absente). C'est comme si elle n'avait pas été là. Et la peur de la note n'y fait rien, puisque là c'est pour un contrôle. Et encore, il a fallu que j'aille la voir pendant le contrôle pour lui dire d'essayer quand même, de réfléchir par elle-même, qu'elle ne prenait aucun risque et pouvait gagner quelques points, sinon elle n'aurait pas essayé. Pourtant, elle veut demander un BTS et a besoin d'un bon dossier. Mais non, rien n'y fait. C'est devenu courant ces dernières années, les élèves qui arrivent pour un contrôle dont on a amplement parlé et qui ne sont même pas au courant qu'il y a un contrôle de prévu. Je n'avais jamais vu ça auparavant. L'élève qui n'a pas bien écouté sur quoi portait le contrôle, à la limite, oui, mais l'élève qui ignore jusqu'à l'existence de ce contrôle dont tous les autres parlent autour de lui, c'est vraiment nouveau.

edukalor a écrit:

pseudo-intello a écrit:Pour savoir faire, il faut faire.

Prends peut-être un temps ces quatre matins pour mettre les choses au clair :
- c'est normal de ne pas réussir tout de suite
- c'est normal de devoir consacrer du temps, voire recommencer, avant de réussir
- c'est impoli de ne pas écouter les explications, encore plus impoli de ne pas écouter la réponse à une question qu'on t'a posée. De ce fait, les élèves qui ne seront pas capables de répéter / reformuler ce que tu viens de leur dire seront punis.
- si tu as une super intervenante pour le hand, elle peut commencer sa prochaine séance en leur racontant à quel point elle a dû s'entraîner pour arriver à son niveau.

Quand j'ai une classe vraiment pénible, au collège, et que je veux que la consigne soit bien entendue par tout le monde, je demande clairement (pas trop souvent, car j'ai surtout des 4e et ils trouveraient infantilisant sue j'automatise le procédé) que tout le monde me regarde, pose au besoin son stylo ou le reste, et écoute bien ce que je vais dire, car je ne répéterai pas (variante : si tu dois répéter, l'élève qui aura besoin que tu répètes sera puni).

Si je dois punir ceux qui n'ont pas compris / écouté je vais passer mon temps à ça ...

Pas forcément. Par exemple, tu leur as fait choisir le livre que vous étudiez. On pourrait imaginer que les punis soient exclus de ce genre de vote / décision. Il est peut-être, en effet, moins lourd d'un point de vue logistique d'imaginer quotidiennement des situations où les punis seront privés d'un petit plaisir, que de tenir un registre de ceux qui sont punis, ceux qui n'ont pas rendu leur punition, ceux dont les parents ont contesté la punition, etc.

pseudo-intello a écrit:

edukalor a écrit:

pseudo-intello a écrit:Pour savoir faire, il faut faire.

Prends peut-être un temps ces quatre matins pour mettre les choses au clair :
- c'est normal de ne pas réussir tout de suite
- c'est normal de devoir consacrer du temps, voire recommencer, avant de réussir
- c'est impoli de ne pas écouter les explications, encore plus impoli de ne pas écouter la réponse à une question qu'on t'a posée. De ce fait, les élèves qui ne seront pas capables de répéter / reformuler ce que tu viens de leur dire seront punis.
- si tu as une super intervenante pour le hand, elle peut commencer sa prochaine séance en leur racontant à quel point elle a dû s'entraîner pour arriver à son niveau.

Quand j'ai une classe vraiment pénible, au collège, et que je veux que la consigne soit bien entendue par tout le monde, je demande clairement (pas trop souvent, car j'ai surtout des 4e et ils trouveraient infantilisant sue j'automatise le procédé) que tout le monde me regarde, pose au besoin son stylo ou le reste, et écoute bien ce que je vais dire, car je ne répéterai pas (variante : si tu dois répéter, l'élève qui aura besoin que tu répètes sera puni).

Si je dois punir ceux qui n'ont pas compris / écouté je vais passer mon temps à ça ...

Pas forcément. Par exemple, tu leur as fait choisir le livre que vous étudiez. On pourrait imaginer que les punis soient exclus de ce genre de vote / décision. Il est peut-être, en effet, moins lourd d'un point de vue logistique d'imaginer quotidiennement des situations où les punis seront privés d'un petit plaisir, que de tenir un registre de ceux qui sont punis, ceux qui n'ont pas rendu leur punition, ceux dont les parents ont contesté la punition, etc.

Voilà exactement. Par exemple on peut imaginer une séance de calcul. Ceux qui ont fait des efforts font la fois d'après des maths sous forme de jeux, en autonomie (genre triomino des opérations ou autre), les autres refont des exercices traditionnels.

Ou alors ceux qui se sont bien comporte on le droit de choisir entre 3 ou 4 activités, ceux qui ont rechigné ne l'ont pas.

Ou ça peut être une récompense collective. Tu dis qu'ils apprécient quand tu lis à voix haute. Si vous travaillez efficacement, je vous lis une histoire.

Les petits concours marchent bien même chez les lycéens. Crée de l’émulation.

lene75 a écrit:On en est au même point en terminale, en effet. Hier, contrôle sur des documents distribués lors d'un cours précédent. J'ai parlé longuement de ce contrôle, des élèves m'ont posé des questions, donc on s'est bien étendu sur la question, le contrôle et les révisions sont indiqués dans Pronote. Eh ben j'en ai une qui débarque au moment du contrôle, pas au courant qu'il y avait un contrôle, qui n'a aucun souvenir d'avoir eu les documents sur lesquels il porte, qui ne sait pas me dire si elle a été absente lors des précédents cours durant lesquels je les ai distribués et durant lesquels on en a parlé (la réponse est non : elle n'était pas absente). C'est comme si elle n'avait pas été là. Et la peur de la note n'y fait rien, puisque là c'est pour un contrôle. Et encore, il a fallu que j'aille la voir pendant le contrôle pour lui dire d'essayer quand même, de réfléchir par elle-même, qu'elle ne prenait aucun risque et pouvait gagner quelques points, sinon elle n'aurait pas essayé. Pourtant, elle veut demander un BTS et a besoin d'un bon dossier. Mais non, rien n'y fait. C'est devenu courant ces dernières années, les élèves qui arrivent pour un contrôle dont on a amplement parlé et qui ne sont même pas au courant qu'il y a un contrôle de prévu. Je n'avais jamais vu ça auparavant. L'élève qui n'a pas bien écouté sur quoi portait le contrôle, à la limite, oui, mais l'élève qui ignore jusqu'à l'existence de ce contrôle dont tous les autres parlent autour de lui, c'est vraiment nouveau.

Peut-on supposer que s'il l'avait notée dans un agenda papier, l'information ne lui aurait pas échappé ? À condition d'avoir consulté le dit agenda la veille, bien sûr...

Oudemia a écrit:

lene75 a écrit:On en est au même point en terminale, en effet. Hier, contrôle sur des documents distribués lors d'un cours précédent. J'ai parlé longuement de ce contrôle, des élèves m'ont posé des questions, donc on s'est bien étendu sur la question, le contrôle et les révisions sont indiqués dans Pronote. Eh ben j'en ai une qui débarque au moment du contrôle, pas au courant qu'il y avait un contrôle, qui n'a aucun souvenir d'avoir eu les documents sur lesquels il porte, qui ne sait pas me dire si elle a été absente lors des précédents cours durant lesquels je les ai distribués et durant lesquels on en a parlé (la réponse est non : elle n'était pas absente). C'est comme si elle n'avait pas été là. Et la peur de la note n'y fait rien, puisque là c'est pour un contrôle. Et encore, il a fallu que j'aille la voir pendant le contrôle pour lui dire d'essayer quand même, de réfléchir par elle-même, qu'elle ne prenait aucun risque et pouvait gagner quelques points, sinon elle n'aurait pas essayé. Pourtant, elle veut demander un BTS et a besoin d'un bon dossier. Mais non, rien n'y fait. C'est devenu courant ces dernières années, les élèves qui arrivent pour un contrôle dont on a amplement parlé et qui ne sont même pas au courant qu'il y a un contrôle de prévu. Je n'avais jamais vu ça auparavant. L'élève qui n'a pas bien écouté sur quoi portait le contrôle, à la limite, oui, mais l'élève qui ignore jusqu'à l'existence de ce contrôle dont tous les autres parlent autour de lui, c'est vraiment nouveau.

Peut-on supposer que s'il l'avait notée dans un agenda papier, l'information ne lui aurait pas échappé ? À condition d'avoir consulté le dit agenda la veille, bien sûr...

J'en ai quelques uns qui me font le coup aussi... hein, y avait contrôle ???
Ce sont des élèves qui font du déni. Ils savent très bien qu'il y avait contrôle !!! Mais ils font tout pour l'éviter.
Le pire, c'est qu'ils croient eux-mêmes en leurs mensonges. C'est un déni total de la situation !

roxanne a écrit:Les petits concours marchent bien même chez les lycéens. Crée de l’émulation.

Oui, j'ai essayé des petits challenges / concours :

- une récompense s'ils finissent un mini questionnaire du rallye-lecture : aucun n'a essayé.
- une image s'ils obtiennent une bonne note en dictée (>90%) : elles finissent par terre en fin de journée.

En fait RIEN ne les intéresse, rien ne les touche, rien ne les motive.
Leur seul objectif constant depuis le début de l'année c'est de tenter de me faire démissionner (ils ne s'en cachent pas, ils ont réussi avec leur enseignante de CE2 l'année dernière et tentent de réitérer l'exploit).

Même les punitions (temps de récré en moins, travail supplémentaire, sortie annulée, ...), tout glisse sur eux    Encore cette semaine l'un d'eux a oublié (!) qu'il n'était -pour une fois- pas privé de sport : il a pris de lui même une punition et l'a faite alors qu'il n'était plus puni ... (il n'avait donc pas pris ses affaires de sport et a préféré faire tranquilou sa punition)  
Un autre bordélisait la séance, je me fâche, il me répond : "pas de sortie ciné ? je m'en fiche, je n'ai pas envie d'y aller". il accepte la punition et recommence ses âneries je l'ai viré sans ménagement chez la directrice, il s'est calmé une heure et rebelote .

edukalor a écrit:Bonjour,

Je tiens à dire que nous avons EXACTEMENT le même souci au lycée. Ils attendent bêtement que je corrige ou leur donne la réponse, pour après me la servir comme si c'était eux qui l'avaient trouvé ... c'est ça ou alors je n'avance jamais. Même pour des documents importants pour un stage je dois tout faire à leur place. Des assistés complet. Je suis sidéré comme jamais, mais peu étonné de voir que ça démarre au primaire vous devez vous arracher les cheveux. Nous voyons ce que deviendra la société dans 8-10 ans et je peux vous dire que j'en frémis d'avance

Et on n'a pas encore vu arriver la cohorte de bébés biberonnes au covid avec des écrans et des visages masqués pour toute interaction dans la prime enfance...

On a le même problème sur le projet webradio avec les CAP, pour enregistrer y'a pas de souci ils adorent ça, mais pour faire les recherche et rédiger leur texte... C'est simple, il nous faut 3h pour aboutir à un texte de 5 lignes, en étant constamment sur leurs dos (souvenir ému des 5e de mon ancien club webradio qui, à la fin de l'année, produisaient des émissions d'une telle qualité que je n'aurais pas rechigné à les écouter sur mon temps libre comme un podcast classique. On en est loin...)
La "carotte" de l'enregistrement n'y fait rien, ceux qui en sont privés parce qu'ils n'ont rien écrit ou ont oublié leur texte (souvent pour la 2e ou 3e fois consécutive) râlent un peu mais ne se mettent pas au travail la fois d'après.
Et n'oublions pas les "Madame ça sert à rien", 'C'est nul" etc.... On leur a expliqué des dizaines de fois que c'était une manière détournée de bosser plein de trucs (recherche, rédaction, orthographe oral, montage audio...) mais non selon eux ça sert à rien.
On en est au point avec leur prof à se dire qu'on va plutôt faire de la remédiation grammaire/orthographe sur ces heures d'AP, ce sera pareil niveau motivation et ça nous fera moins de travail.
Si tes élèves sont du même genre (en plus petits, haha), peut être que tu vas devoir aboutir au même résultat : laisser tomber des activités funs au profit d'activités traditionnelles mais lors desquelles il est plus facile de les mettre au travail. A voir si ça améliore un peu la situation.

Kihya a écrit:

roxanne a écrit:Les petits concours marchent bien même chez les lycéens. Crée de l’émulation.

Oui, j'ai essayé des petits challenges / concours :

- une récompense s'ils finissent un mini questionnaire du rallye-lecture : aucun n'a essayé.
- une image s'ils obtiennent une bonne note en dictée (>90%) : elles finissent par terre en fin de journée.

En fait RIEN ne les intéresse, rien ne les touche, rien ne les motive.
Leur seul objectif constant depuis le début de l'année c'est de tenter de me faire démissionner (ils ne s'en cachent pas, ils ont réussi avec leur enseignante de CE2 l'année dernière et tentent de réitérer l'exploit).

Même les punitions (temps de récré en moins, travail supplémentaire, sortie annulée, ...), tout glisse sur eux    Encore cette semaine l'un d'eux a oublié (!) qu'il n'était -pour une fois- pas privé de sport : il a pris de lui même une punition et l'a faite alors qu'il n'était plus puni ... (il n'avait donc pas pris ses affaires de sport et a préféré faire tranquilou sa punition)  
Un autre bordélisait la séance, je me fâche, il me répond : "pas de sortie ciné ? je m'en fiche, je n'ai pas envie d'y aller". il accepte la punition et recommence ses âneries je l'ai viré sans ménagement chez la directrice, il s'est calmé une heure et rebelote .

Si jeunes... parfois, je me dis qu'il faudrait médiatiser ce genre de cas.

Spoiler:

Dois-je préciser que grammaire et calcul m'enchantaient ?