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mathmax
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comment -1717 - [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière - Page 5 Empty Re: [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière

par mathmax Dim 19 Fév 2023 - 17:25
Deux remarques. Pour la CFDT c’est encore pire, je crois que Berger était partisan d’une augmentation du nombre d’annuités nécessaires. En ce qui concerne la décote, elle n’est que de 3,6% pour les allemands qu’on nous cite souvent en exemple, et ils peuvent partir avec décote à 63 ans, bien que leur âge légal soit de 67 ans. Il est donc parfaitement mensonger de comparer cer âge avec les 64 ans prévus par la réforme Macron puisqu’il est question d’interdire, sauf cas particuliers, tout départ avant cet âge.
Clecle78
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comment -1717 - [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière - Page 5 Empty Re: [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière

par Clecle78 Dim 19 Fév 2023 - 17:38
Je crois que c'est pareil en Italie. Les comparaisons sont très trompeuses. Par contre les allemands sont en train de revenir sur les départs anticipés parce que ça a trop de succès ... J'ai entendu ça à la radio l'autre jour.
Pontorson50
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comment -1717 - [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière - Page 5 Empty Re: [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière

par Pontorson50 Dim 19 Fév 2023 - 17:44
Baldred a écrit:
Pontorson50 a écrit:
Baldred a écrit:D'ailleurs quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi le taux de la décote n'est semble-t-il jamais discuté ?
Lors de la réforme qui nous a fait perdre les 37,5, la grève "tout ou rien" nous a conduit à rejoindre logiquement le régime général au nom de l'égalité avec le privé ( mais en gardant les 6 derniers mois). J'ai fait la grève mais regretté que la négociation ne porte jamais sur les montants de la décote, en particulier pour prendre en compte la pénibilité de certains métiers, et du nôtre.
Nos années d'études nous conduisent sans doute pour une majorité à ne pas partir avant 64 ans ( simple impression de ma part, je n'ai pas de chiffres) et pour beaucoup en "sacrifiant" le taux plein ( honnêtement je n'ai jamais pensé l'avoir). Serait-il impossible de négocier plutôt sur la décote ?
 C'est impossible, pour la même raison que nous n'avons vu aucune personnalité syndicale ou politique de gauche, en situation de le faire, revenir sur la mère de la réforme faisant des retraités une charge (1993, Balladur crée la décote) : la culture ouvriériste des syndicats considère que les études sont une caractéristique majeure de la bourgeoisie. Derrière leurs apparences de modernistes, Berger et la CFDT sont en fait très archaïques de ce point de vue.
Nous ne pouvons bien entendu pas évoquer ni la décote ni les années de cotisation en plus pour les travailleurs ayant étudié entre autres : le seul bon retraité, pour nos syndicats et nos politiques, est celui qui a souffert physiquement au travail et a travaillé tôt.

C'est bien pourquoi le report de l'âge est le casus belli unitaire et seulement lui : il spolie moins les "bourgeois" que la décote, car de toutes façons, nous le lisons bien ici, la plupart des ex-étudiants n'auront pas une retraite pleine avant 64 ans, et nous sommes déjà nombreux à avoir signalé que nous n'avons une retraite complète qu'à 67 ans, je suis du club aussi (prof à 25 ans plus une année de dispo).
Mais c'est aussi pour cela que Martinez n'accorde aucune importance à cette décote. Cela ne concerne que les bourgeois ayant eu la chance de faire des études. Ce postulat est un des très rares points communs entre des syndicats courant derrière l'unité d'action des Trente Glorieuses, celles où il suffisait de se partager les bénéfices de la croissance.

Cette vision des études marqueur de richesse est partagée par l'actuel gouvernement comme par une bonne part de son opposition. Pas étonnant que la tentative de Borne de sortir du conflit ait été d'échanger 64 ans contre une cotisation plus longue : ce troc tapait essentiellement sur les profs et les ex étudiants non cadres, de plus en plus nombreux. Les cadres sups, eux, peuvent parfaitement avoir une décote, peu leur importe on l'a dit c'est la valeur absolue de la retraite qui importe à partir d'une certaine somme. Mais moins de professeurs âgés qui ont perdu près de 1000 euros par mois sur la paie à partir de laquelle est calculée leur pension : la décote devient périlleuse, elle l'était moins en 1993, début de décrochage des traitements de la hausse des prix ou des salaires.

Pour ma part, nombre de mes copains bacheliers sont partis sur le marché du travail parce qu'alors (1982), il n'était pas encore nécessaire de faire des études longues pour gagner correctement sa vie. Ils ont fait un choix rarement nécessaire, mais ils voulaient s'affirmer en se montrant capables de gagner de l'argent, et beaucoup me disaient que c'est par manque de courage qu'ils ne faisaient pas d'études. Prétendre comme tous les dirigeants de gauche comme de droite, Balladur inclus, que le travail précoce n'a été qu'une contrainte, présenter comme des spoliés par les cotisations des gens qui ont été tout simplement payés des années de plus que moi et la plupart de mes collègues et dont certains sont parvenus par promotion interne à des salaires bien mérités par ailleurs, cela commence à bien faire. Mes parents ont payé mes années d'étude, en me laissant chez eux et en me nourrissant, c'est cela la vérité. Ceux qui ont eu le mérite de travailler en étudiant ont rarement réussi à tout faire, en Histoire il fallait tout simplement du temps pour assimiler la masse des lectures, c'était l'essentiel du travail efficace à l'examen, et ce manque de temps de lecture était une cause massive d'échec des étudiants qui devaient travailler en même temps. 

La seule chose qui me mettait mal à l'aise c'est que oui, j'ai eu des gens dans les facs qui se laissaient vivre, prenaient une inscription pour la carte d'étudiant, point. Ceux-là nous ont très certainement fait du tort auprès des dirigeants syndicaux et politiques. Mais je fatigue qu'à chaque fois on s'appuie sur les profiteurs d'un système pour mettre en cause le système. On a droit à ça sur les impôts aussi, sur les arrêts de travail (et ça nous a valu le délai de carence, contre lequel aucun syndicat n'a jugé bon de lancer une grève massive alors que les trois-quarts au moins des absences de profs au travail ne sont désormais plus payées, et nous coûtent autant qu'une journée de grève - Ah la valeur travail!, vu le nombre de maux de gorges, de gastro, et de céphalées, typiquement pour 24 ou 48 heures, qu'on attrape dans ce métier public avec des salles pleines et des couloirs trop ou pas assez ventilés).

Le problème récent, c'est que la massification des études interdit de considérer a priori les étudiants comme des oisifs au pire et des veinards au mieux, rattrapant par la suite grâce à de meilleures paies, les années consacrées à se former gratuitement.  La déqualification a mené de nombreux diplômés bac + 3 ou plus à des salaires sans rapport avec les sacrifices de plusieurs années de paie au jeune âge. Pour cette génération là, c'est bien la décote et non l'âge de sortie qui est le souci s'ils veulent s'arrêter.  Les 64 ans ne sont pas pour eux l'essentiel, mais chacun a trop attendu le retour d'une unité syndicale pour ne pas se contenter de se satisfaire de ce seul refus de report de l'âge.

Sans un rattrapage massif des traitements des enseignants, la retraite les fuira avant 65 ans pour la plupart, sauf ceux disposant d'un conjoint fiable et argenté ou d'un héritage (de plus en plus tardif d'ailleurs). La décote associée à un décrochage de l'inflation est la pire des réformes contre la retraite dans ce métier. Comme beaucoup ici, j'ai du mal à conseiller désormais des études post bacs à des élèves...

Merci pour cette réponse détaillée, c'est donc une position purement idéologique de ne pas négocier la décote et non technique comme je le supposais ?
Je comprends pour la CGT, mais pourquoi nos syndicats maison ( oui je sais, c'est large) n'en parlent pas non plus?
Quoique détaillé mon propos est simplificateur, je ne nie pas des aspects techniques, mais ils s'ajoutent aux vieux mythes.
S'agissant de nos collègues qui acceptent la responsabilité syndicale (parce que ce n'est pas du tout facile, même si je critique), en vrac quelques explications possibles :
-Tangleding martèle à juste titre que la plupart des enseignants n'ont pas montré une capacité à se jeter dans des revendications catégorielles ; la culpabilisation d'être fonctionnaire et d'avoir des vacances, la dimension sacerdotale du métier forte pour certains d'entre nous (ça m'est arrivé aussi) n'aident pas. Au contraire l'interpro, la recherche de l'accord avec les non profs, a une fonction de légitimation.
-La politisation à gauche de la profession (les syndicats n'en sont que le reflet) favorise l'unité d'action interpro à des fins politiques au sens large. Il est permis de penser que le souci d'alternance politique et de toute unité d'action la favorisant mette parfois sous éteignoir des revendications purement catégorielles. Surtout encore une fois si les troupes elles-mêmes sont réticentes à répondre aux appels catégoriels.
-Une certaine croyance que la gauche et les syndicats interpro de culture politisée nous sont historiquement favorables puisque nous sommes de gauche aussi, a pu jouer. Malgré, pour les salaires et les retraites, une expérience calamiteuse depuis 1997, l'idée que prendre le pouvoir politique à la droite suffise à obtenir satisfaction corporatiste pour les enseignants persiste parfois. Mais cela devient difficile à croire.
-Les échecs répétés de nombreux élèves, le nivellement par le bas que nous ne parvenons pas à éviter, nous fragilisent pour revendiquer pour nous, notre sort : face aux prouesses techniques dans bien des métiers, nous avons du mal à trouver un appui justifiant qu'on s'intéresse à nous les professionnels en échec. Nous avons sans doute honte de ce que l'école devient, et même si nous avons bien conscience que ce n'est pas d'abord notre fait, c'est difficile à faire passer en peu de temps à l'extérieur y compris à des camarades interpro.
Tout ça a conduit à privilégier des actions intégrant le sacerdoce (l'intérêt des élèves par la création massive de postes ou la lutte contre leur réduction), l'interpro (pour déculpabiliser de faire le plus beau des métiers), et par dessus tout l'unité d'action. Qui conduit à ne pas militer pour les choses qui froissent nos alliés, et en particulier la prise en compte des études ou notre rattrapage salarial si on nous demande de marcher pour les retraites alors que le lien devrait être évident.

Mais le silence de l'interpro et des politiques de gauche sur notre absence totale de 13° mois, de chèques vacances et restaurant et en général de prestations de comités d'entreprise, des inégalités concernant les annuités pour enfants, des délais de carence pris en charge dans bien des entreprises, de nos heures sups sous payées et non surpayées, enfin notre retard invraisemblable sur la hausse en euros constants, même faible, des salariés du privé sur 25 ans, tout cela ne fait l'objet apparemment d'aucune demande publique (je n'ose parler de négociations) de la part de nos syndicats quand il s'agit de nous demander de marcher pour l'interpro, tout cela commence à devenir anormalement masochiste de mon point de vue. Quand on en est à trois décennies ou plus à s'entendre qualifier de privilégiés ou à compter nos revendications financières comme de peu d'importance y compris par des gens de gauche non profs, cela ne donne pas un moral d'acier au travail ni dans les luttes. Et ça amplifie les autres causes de fatigue au travail décrites ici.
Balthazaard
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comment -1717 - [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière - Page 5 Empty Re: [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière

par Balthazaard Dim 19 Fév 2023 - 18:43
Pontorson50 a écrit:
quattro a écrit:
Pontorson50 a écrit:

Comme beaucoup ici, j'ai du mal à conseiller désormais des études post bacs à des élèves...

Pourtant un master obtenu 5-6 ans après le bac (vers 23-24 ans ) permet de prendre sa retraite actuellement à  66- 67 ans au taux plein
1)Actuellement. En effet ; vu le rythme des réformes depuis 1993, cela ne rassure guère en dessous de 55 ans...
2)J'ai cru comprendre qu'une large majorité de profs sur ce forum et ailleurs ne souhaitaient pas du tout aller aux 64 ans de l'actuel projet, je doute que ce soit les mêmes qui souhaitent aller à 66/67 ans.
3) En 1982, on appelait "études longues" bac +3 ou 4, les DESS qui tenaient lieu des actuels masters étaient rares. J'admets qu'un étudiant de ma génération qui réussit toutes ses années d'études passait certifié à 22 ans et agrégé à 23, mais avoir tous ses exams et tous ses concours du premier coup était loin d'être le cas dominant, plus les hésitations (j'ai attendu 25 ans parce que j'ai mené deux fers au feu hésitant sur quel métier choisir, ce qui m'a pris deux ans de plus). Que les masterisés aient en moyenne 23/24 ans, possible, qu'une large majorité d'entre eux aient cet âge, à voir.

Tout à fait d'accord avec ton premier long message.
Là vous en parlez un peu comme d'un choix entre fromage ou dessert sur une carte de resto....hélas ce n'est pas tout à fait cela, pas aussi théorique, vous ferez ce que vous pourrez, chaque année est plus difficile que la précédente, le "plus" étant par lui même croissant...


Dernière édition par Balthazaard le Dim 19 Fév 2023 - 18:46, édité 1 fois
Jenny
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comment -1717 - [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière - Page 5 Empty Re: [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière

par Jenny Dim 19 Fév 2023 - 18:45
Déjà 64 ans me semblent beaucoup alors que je serai au taux plein à 67 ans.
Effectivement, je compte partir avec une décote, tant pis.
Prezbo
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comment -1717 - [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière - Page 5 Empty Re: [20 minutes] Réforme des retraites : comment les profs vivent leur fin de carrière

par Prezbo Dim 19 Fév 2023 - 18:47
Balthazaard a écrit:
Là vous en parlez un peu comme d'un choix entre fromage ou dessert sur une carte de resto....

Fromage avec portion réduite, ou dessert moyennant un supplément.

En fait, les études longues ne deviendront intéressantes que si elles donnent la garantie de déboucher sur un emploi à haut revenu permettant d'épargner fortement.
Balthazaard
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par Balthazaard Dim 19 Fév 2023 - 18:49
mathmax a écrit:Deux remarques. Pour la CFDT c’est encore pire, je crois que Berger était partisan d’une augmentation du nombre d’annuités nécessaires. En ce qui concerne la décote, elle n’est que de 3,6% pour les allemands qu’on nous cite souvent en exemple, et ils peuvent partir avec décote à 63 ans, bien que leur âge légal soit de 67 ans. Il est donc parfaitement mensonger de comparer cer âge avec les 64 ans prévus par la réforme Macron puisqu’il est question d’interdire, sauf cas particuliers, tout départ avant cet âge.

2% aux Pays Bas....
Balthazaard
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par Balthazaard Dim 19 Fév 2023 - 18:55
Je pense être le plus vieux de mon lycée...peu le savent et je ne le crie pas sur les toits, mais je ne ne m'en cache pas du tout et j'en use et abuse si besoin est...pas de fierté. Je me demande franchement ce que deviendra l'EN avec des profs proches de 67 ans car il y a pas mal de collègues titulaires proches de la quarantaine. Comment gèrera t-on les désordres physiques inévitables qui toucheront cette population?
Maroussia
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par Maroussia Dim 19 Fév 2023 - 19:07
J'envie ceux et celles d'entre vous qui ont le choix, de partir avec décote, de prendre un temps partiel , etc.
Je n'ai que mon salaire, encore un enfant à charge financièrement et un parent partiellement à charge financièrement dont je devrai probablement bientôt cofinancer l' EHPAD (montant mensuel de l'EHPAD supérieure à sa retraite d'agrégée)
Pontorson50
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par Pontorson50 Dim 19 Fév 2023 - 20:01
Balthazaard a écrit:
Pontorson50 a écrit:
quattro a écrit:
Pontorson50 a écrit:

Comme beaucoup ici, j'ai du mal à conseiller désormais des études post bacs à des élèves...

Pourtant un master obtenu 5-6 ans après le bac (vers 23-24 ans ) permet de prendre sa retraite actuellement à  66- 67 ans au taux plein
1)Actuellement. En effet ; vu le rythme des réformes depuis 1993, cela ne rassure guère en dessous de 55 ans...
2)J'ai cru comprendre qu'une large majorité de profs sur ce forum et ailleurs ne souhaitaient pas du tout aller aux 64 ans de l'actuel projet, je doute que ce soit les mêmes qui souhaitent aller à 66/67 ans.
3) En 1982, on appelait "études longues" bac +3 ou 4, les DESS qui tenaient lieu des actuels masters étaient rares. J'admets qu'un étudiant de ma génération qui réussit toutes ses années d'études passait certifié à 22 ans et agrégé à 23, mais avoir tous ses exams et tous ses concours du premier coup était loin d'être le cas dominant, plus les hésitations (j'ai attendu 25 ans parce que j'ai mené deux fers au feu hésitant sur quel métier choisir, ce qui m'a pris deux ans de plus). Que les masterisés aient en moyenne 23/24 ans, possible, qu'une large majorité d'entre eux aient cet âge, à voir.

Tout à fait d'accord avec ton premier long message.
Là vous en parlez un peu comme d'un choix entre fromage ou dessert sur une carte de resto....hélas ce n'est pas tout à fait cela, pas aussi théorique, vous ferez ce que vous pourrez, chaque année est plus difficile que la précédente, le "plus" étant par lui même croissant..


Moi je ne sais absolument pas ce que je vais faire, je n'ai comme beaucoup aucune idée de la façon dont je ressentirai le travail à la prochaine rentrée, encore moins la moindre idée de mon état physique à venir dans les 5 ans. J'admire ceux qui parviennent déjà à se projeter. Je prends note des avertissements que toi et d'autres me donnent, c'est important.

Pour le moment je vis mon âge avec la satisfaction de celui qui se sent physiquement en forme (y compris pour profiter des vacances là où je vis, dans la région que je voulais, avec un revenu un peu plus élevé qu'avant depuis la hors-classe, sans devoir attendre la retraite comme dans d'autres professions pour  récupérer, souffler un peu), et dans un établissement aux conditions privilégiées (élèves plus socialisés que ce que je lis par ailleurs, collège avec des collègues archi sympas, ayant depuis 2018 ma salle pour la première fois de ma carrière, tout ça compte beaucoup). Je n'ai plus d'enfant mineur, une étudiante à charge de 22 ans, donc pas de deuxième journée le soir en rentrant, c'est très important. Ma mère reste indépendante matériellement et médicalement à 83 ans et j'ai une fratrie qui peut m'aider à veiller au grain. Tout cela enlève de la fatigue à mon âge y compris au boulot j'en ai bien conscience.

J'atteins aussi un moment dans ma carrière où je crains un peu moins le rapport avec la hiérarchie, je serai en septembre 2024 quasi à l'échelon terminal de la hors classe, et je n'intégrerai certainement pas la classe exceptionnelle, point. Je sens aussi l'indulgence dans des imperfections fort anciennes que l'on commence à attribuer gentiment à mon âge : mon incapacité à retenir rapidement les noms des élèves ce n'est pas nouveau, mais on commence à m'en vouloir moins! bref pour le moment je ne vois que l'avantage de la prise de bouteille. Pour le moment...

 L'an prochain je vais devoir, décrue nataliste oblige, faire un complément de service, et même peut-être avec paradoxalement 21 heures au total, ça va être un bon test sous contrainte de ma résistance à l'âge.

 Familialement je suis sensible à ceux qui ont vu la maladie voire la mort frapper bien vite autour d'eux, j'ai un peu l'expérience inverse : mon père (mort à 80 ans d'une maladie très brutale que rien ne le prédisposait à subir au contraire, cela m'a marqué sur le côté imprévisible des choses) a été jeté de la Faculté à 68 ans, tenir un amphi à cet âge ne lui posait aucune difficulté, aurait-il accepté d'être à 4 pattes en maternelle à 60 ans rien n'est moins sûr. Nos conditions de travail sont profondément inégalitaires même entre enseignants, et ces inégalités s'aggravent avec l'âge.

Cela ne m'empêche pas de rester profondément hostile à toute réforme retardant les retraites depuis celle de 1993, simplement parce qu'elles partagent un présupposé, à savoir que les retraités sont une charge avant toute chose, or je pense que c'est indémontrable compte tenu de toutes les aides que procurent une masse des retraités aux associations aux familles et au tourisme (hébergement/restauration entre autres) qui ne font jamais l'objet du début d'un chiffrage public en regard des prestations versées aux retraités. Il importe de laisser assez tôt aux vieux (je n'ai pas peur de ce mot, je suis toujours surpris de choquer des élèves quand je me présente en septembre comme tel, ils le considèrent massivement comme un terme grossier et ça c'est un indicateur alarmant) le choix de servir la société par le travail payé ou par d'autres biais sans attendre justement qu'ils ne puissent devenir qu'une charge.
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par Balthazaard Dim 19 Fév 2023 - 20:47
J'irai plus loin que toi dans ta conclusion, je suis choqué que l'on puisse considérer un retraité comme une "charge", il a servi la société, pas plus qu'un enfant il n'est une "charge"....Ou alors oui, les "charges" de la société sont ceux qui naissent avec une cuillère en or dans la bouche et passent leur vie à profiter de leur rente de naissance. Il sont sans doute peu nombreux mais curieusement exercent une fascination sur beaucoup de nos gouvernants.
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par Isis39 Dim 19 Fév 2023 - 21:06
J’ai entendu un économiste expliquer que les retraités participent au fonctionnement de la société. Notamment par leur implication dans des associations et dans la garde des petits enfants.
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par Fesseur Pro Dim 19 Fév 2023 - 21:07
Ainsi que dans des aides financières ( quand c'est possible ) pour leurs enfants.

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par Enna Dim 19 Fév 2023 - 21:08
Ben, pas besoin d'être économiste pour dire ça 🤣. C'est évident,je trouve,non?
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par Enna Dim 19 Fév 2023 - 21:09
J'irai même jusqu'à dire que la société fonctionne cahin caha aussi grâce à eux.

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par Sphinx Dim 19 Fév 2023 - 21:23
Je ne trouve pas que ce soit un si bon argument que de vouloir chercher une "utilité" ou une "fonction" aux retraités. Même s'ils n'apportent plus rien (façon de parler) à la société, ils ont apporté quelque chose par le passé, c'est la seule chose qui devrait compter. Au contraire, je trouve la pente un peu glissante.

Ma mère est une retraitée très active qui s'investit dans plusieurs associations d'aide aux personnes démunies, et je l'admire beaucoup ; mon père est un solitaire qui n'aimerait rien tant que vivre dans les bois sans voir personne (il n'a pas de petits-enfants, mais s'il en avait je ne pense pas que je lui ferais tellement plaisir en les lui confiant), il n'est dans aucune association, et après une carrière de prof entière à s'occuper des enfants des autres, c'est son droit le plus strict.

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"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."


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par Enna Dim 19 Fév 2023 - 21:29
Chacun est libre bien sûr et je ne porte aucun justement de valeur, évidemment 😉.S'investir ds une association n'est pas une obligation et oui,tout le monde n'a pas des petits-enfants,
. Cela reste un schéma classique à mon avis.

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par Balthazaard Dim 19 Fév 2023 - 21:42
Sphinx a écrit:Je ne trouve pas que ce soit un si bon argument que de vouloir chercher une "utilité" ou une "fonction" aux retraités. Même s'ils n'apportent plus rien (façon de parler) à la société, ils ont apporté quelque chose par le passé, c'est la seule chose qui devrait compter. Au contraire, je trouve la pente un peu glissante.

Ma mère est une retraitée très active qui s'investit dans plusieurs associations d'aide aux personnes démunies, et je l'admire beaucoup ; mon père est un solitaire qui n'aimerait rien tant que vivre dans les bois sans voir personne (il n'a pas de petits-enfants, mais s'il en avait je ne pense pas que je lui ferais tellement plaisir en les lui confiant), il n'est dans aucune association, et après une carrière de prof entière à s'occuper des enfants des autres, c'est son droit le plus strict.

100% d'accord avec toi
Pontorson50
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par Pontorson50 Dim 19 Fév 2023 - 22:00
Balthazaard a écrit:
Sphinx a écrit:Je ne trouve pas que ce soit un si bon argument que de vouloir chercher une "utilité" ou une "fonction" aux retraités. Même s'ils n'apportent plus rien (façon de parler) à la société, ils ont apporté quelque chose par le passé, c'est la seule chose qui devrait compter. Au contraire, je trouve la pente un peu glissante.

Ma mère est une retraitée très active qui s'investit dans plusieurs associations d'aide aux personnes démunies, et je l'admire beaucoup ; mon père est un solitaire qui n'aimerait rien tant que vivre dans les bois sans voir personne (il n'a pas de petits-enfants, mais s'il en avait je ne pense pas que je lui ferais tellement plaisir en les lui confiant), il n'est dans aucune association, et après une carrière de prof entière à s'occuper des enfants des autres, c'est son droit le plus strict.

100% d'accord avec toi
C'est pourtant un argument qui me semble non pertinent à double titre :
-la retraite actuelle postule que ceux qui sont payés et eux seuls ont apporté quelque chose à la société. Pas ma mère de cinq enfants au foyer par exemple, sans son mari elle n'aurait rien, là parce qu'il lui a été fidèle et a eu une bonne carrière elle a pour vivre une pension confortable de droit dérivé de prof d'université. Moi je pars du postulat que l'âge donne un droit à cesser de travailler, un droit de penser à soi uniquement, en étant payé pour cela (paradoxalement je rejoins un postulat de Sphinx), mais aussi bien pour ceux qui ont travaillé en étant payés que pour les autres.
-les gestionnaires sont indifférents en tant que gestionnaires à donner de l'argent à titre de récompense pour services rendus, or ce sont eux qui décident. Le discours tenu aux actifs est justement que les retraités sont inutiles économiquement quels que soient leurs immenses mérites passés, il faut donc contrer cet argument économique quand bien même moralement on trouverait une autre approche.


Il faut quand même bien se demander ce qui a pu se passer en 1993 pour que d'un coup les dirigeants trouvent déraisonnable de partir à 60 ans en retraite et surtout qu'il s'établisse un consensus un consensus gauche/droite sur ce point. Encore une fois personne dans les grands partis n'a jamais envisagé une minute de revenir sur la logique Balladur, et ce qui rend dramatique chaque réforme des retraites, c'est que les manifestants ont raison : on ne revient pas en arrière une fois la mesure votée, l'idée d'une alternance politique annulant la chose n'est plus même mentionnée. Ceux des enseignants de moins de 60 ans qui répugnent à partir à 64 ans sont encore moins angoissés que ceux de moins de 50 ans qui estiment à juste titre qu'ils risquent eux de partir bien plus tard, au motif de la saine gestion, un raisonnement sans fin. Démonter ce postulat de saine gestion, faire douter sur ce point, me semble urgent.
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par Enna Dim 19 Fév 2023 - 22:54
C'est impossible à cause de l'allongement de l'espérance de vie, non?

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par Jenny Dim 19 Fév 2023 - 23:09
On pourrait aussi augmenter les cotisations. Personnellement, je préférerais.
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par Mathador Dim 19 Fév 2023 - 23:15
Surtout si la réforme ne fait que reporter le trou des retraites sur celui de l'assurance-chômage et celui de l'assurance-maladie.
Et les 13 milliards d'euros, le gouvernement n'a aucun problème à les débloquer pour certaines choses, mais pour ne pas réformer les retraites ou pour payer convenablement les enseignants, ça devient subitement un montant excessif.

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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
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par e-Wanderer Lun 20 Fév 2023 - 0:41
Oui, je trouve assez sidérant que dans le discours médiatique, il soit établi comme postulat indiscutable que le financement des retraites doive être nécessairement à l'équilibre. L'hôpital, ça coûte ; l'école, ça coûte ; la défense nationale, ça coûte ; la police, ça coûte ; la justice, ça coûte : tout ça, c'est structurellement déficitaire et c'est parfaitement logique. On devrait pouvoir considérer qu'un acquis social aussi important que la retraite à 60 ans mérite également d'être protégé, même si ça coûte. Si on avait mis à simplifier le mille-feuille administratif de l'État, à traquer les gaspillages d'argent public, à simplifier les réglementations inutilement lourdes ou à lutter contre la fraude fiscale le quart de l'énergie qu'on déploie depuis quelques décennies à démolir la protection sociale, je suis certain qu'il ne manquerait pas d'argent !

Exemple:

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par Mathador Lun 20 Fév 2023 - 0:55
e-Wanderer a écrit:Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas, pour tout citoyen, un endroit unique où on puisse récupérer toutes les données d'un coup sous forme numérique ?
Parce que cela aurait une certaine odeur de SAFARI… et donc de chasse aux Français.

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par e-Wanderer Lun 20 Fév 2023 - 6:14
En attendant, à défaut de safari, on nous impose une sacrée pêche aux informations…

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par Eliette Lun 20 Fév 2023 - 8:56
Enna a écrit:C'est impossible à cause de l'allongement  de l'espérance de vie, non?

Le COR considère que, comme l'espérance de vie s'est allongée régulièrement depuis les années 70, ça va nécessairement continuer, au même rythme, dans les années à venir. Or les démographes ont plutôt tendance à constater un début de plateau, accentué certes par le Covid. Bref, on n'a de certitudes sur ce sujet que pour le passé.
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