Un collègue à Orange se serait suicidé dans son lycée

Vous avez raison, il y a sans doute un âge critique. Mais ce n'est pas la faute de l'âge, c'est surtout un contexte et je suis d'accord avec les posts précédents.
Je suis partie à 62 ans avec moins de sous, mais j'étais au bout du bout, malgré un état de santé par ailleurs satisfaisant.
Avant 2020, je voyais une psychologue 2 fois par an, je déposait mon fardeau, elle me donnait des clés et je repartais. L'année 2020 a été éprouvante pour moi ( pas que moi, mais moi j'avais déjà l'âge canon) et comme j'avais l'âge, je suis partie.
Moins de sous, mais loin de ce panier de crabes. Attention, j'ai conservé de bonnes relations avec beaucoup de collègues. Le panier de crabes, c'est l'institution, au sens large. Et depuis, les suites du covid, je les écoute et c'est pire...
Le forum m'a aussi aidé car, au- delà de mon lep, je voyais les mêmes problèmes ailleurs, parfois un peu moins, parfois un peu plus.
Je l'ai déjà écrit ici, 40 ans de métier et des conditions de travail qui se dégradent, surtout depuis 15 ans. J'avais le sentiment d'être devenue un robot, une exécutante entre injonctions, décisions ruisselantes sans considération, sans reconnaissance ( de nos supérieurs), etc.
Bon courage.

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Courage Thiery. J'ai actuellement 59 ans et j'étais dans un état d'épuisement moral et physique important il y a 5 ans suite au harcèlement de collègues jaloux, aux diverses réformes et à des décennies de travail depuis l'âge de 20 ans. J'ai eu la chance de muter deux fois depuis. Nouvelle région, nouveaux collègues sympas, nouveaux élèves. Même si c'était épuisant avec 1 année à distance à cause du COVID ça m'a  permis de rebondir. Peut être peux tu réfléchir à un changement de ce type pour affronter ta fin de carrière plus sereinement ? J'ajoute que moi aussi j'ai renoncé à toute responsabilité au lycée hormis les projets qui m'intéressent autour du latin et du théâtre. Idem pour les stages, je ne fais que des formations culturelles, toujours passionnantes. Le temps gagné est vraiment précieux. Sans ça je crois bien que je ne tiendrais pas le coup.

Même parcours. J'ai obtenu ma mut à 3 ans de la retraite pour un établissement sympa dans ma région d'origine.
Les 6 premiers mois ont été difficiles ( masques pour tout le monde,impossible de mettre des visages sur des noms), mais ensuite, tout est devenu simple.
Je me suis désengagée de tout, sauf de la charge de PP (mais plus en 3e).
Je sèche réunions bidon,je ne suis plus au CA, je ne fais plus de projets.
Je me contente de faire cours et de m'occuper de mes élèves .
Moyennant quoi,j'arrive assez tranquille à la retraite, bien décidée à  ne pas donner ne serait-ce qu'une heure de plus à l'institution que j exècre.

Je me trompe ou notre ministre n'a pas eu le moindre mot pour notre collègue ?

Pas un mot à ma connaissance, en effet.

Un suicide c'est moins important qu'un risque de grève le jour du bac, n'est-ce pas, et puis après tout le collègue avait des problèmes personnels qui ne concernent pas notre ministre... Bref, à vomir.

mimi a écrit:Même parcours. J'ai obtenu ma mut à 3 ans de la retraite pour un établissement sympa dans ma région d'origine.
Les 6 premiers mois ont été difficiles ( masques pour tout le monde,impossible de mettre des visages sur des noms), mais ensuite, tout est devenu simple.
Je me suis désengagée de tout, sauf de la charge de PP (mais plus en 3e).
Je sèche réunions bidon,je ne suis plus au CA, je ne fais plus de projets.
Je me contente de faire cours et de m'occuper de mes élèves .
Moyennant quoi,j'arrive assez tranquille à la retraite, bien décidée à  ne pas donner ne serait-ce qu'une heure de plus à l'institution que j exècre.

C'est la martingale, en effet. Tout miser sur des cours de qualité, ce qui fait que les élèves nous en sont reconnaissants et sont très sympas, surtout si on est fermes avec eux. Aucun stage, aucun projet sauf si on a envie.

Être " contraint" de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail,. Je ne trouve pas les mots pour dire ma pensée. Cela me fait penser à ce qui s'est passé chez Orange il y a plusieurs années.
Mais je ne m'étonne pas du mutisme du ministre. Ce serait un autre, ce serait pareil.
C'est une attitude globale. Quand tout va bien, c'est pour le boss. Quand ça va moins bien, voire mal c'est de la faute du menu fretin. Ici, un enseignant qui ne gère pas ses émotions, qui n'a pas le cuir assez épais, etc. donc de sa faute. ( ce n'est évidemment pas ma pensée. Le début de mon propos le dit).
En tout cas un homme courageux, car il en faut du courage pour quitter ceux qu'on aime. Un homme désespéré aussi et peu importe les causes de ce désespoir, c'est la conséquence qui m'accable.

Ergo a écrit:Christine Renon avait 58 ans, Pierre Jacque 55, Jean Willot 57. Ce collègue avait 58 ans.

Les chiffres du ministère pour 2018-2019 expliquent que les tranches d'âges les plus touchées sont les 45-54 ans et les 55-64 ans, autrement dit des collègues en milieu/fin de carrière.
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/reforme-du-college/58-suicides-recenses-au-sein-de-l-education-nationale-sur-l-annee-scolaire-2018-2019_3691349.html

Ras le bol de que cela ne soit pas pris en compte, même si nous avons hélas aussi des exemples dans d'autres tranches d'âge: c'est un métier usant qui fonctionne majoritairement dans des conditions dégradées et qui continuent de se dégrader. C'est documenté, année après année, dénoncé année après année et malgré l'absence d'armes de service qui faciliteraient le passage à l'acte, ces chiffres sont loin d'être négligeables. Mais la presse isole ici une phrase issue d'un témoignage de lycéen pour un renvoi vers l'individu. Remarquez, c'est pratique, ça évite au rectorat de le faire pour une fois.
Circulez.

En effet j'ai eu un coup de mou (grosse colère contre l'EN) vers 45 ans. En ce moment à 55 ans avec la réforme des retraites... Bah c'est dur à encaisser ! Je n'ai pas de désespoir au point d'en arriver à attenter à ma vie mais il suffit d'une grosse baisse de moral pour plonger.
Car si la règle existait encore comme quand je suis rentré dans la maison, la CPA serait pour dans deux ans et demi, et non pas huit pour la retraite !
Mais ce ne sont que des problèmes personnels...

J'ai toujours une pensée triste et émue pour les proches du collègue.

maldoror1 a écrit:Je me trompe ou notre ministre n'a pas eu le moindre mot pour notre collègue ?

Danska a écrit:Pas un mot à ma connaissance, en effet.

Un suicide c'est moins important qu'un risque de grève le jour du bac, n'est-ce pas, et puis après tout le collègue avait des problèmes personnels qui ne concernent pas notre ministre... Bref, à vomir.

Aucun mot, pas un.. Rien.

Lorsqu'on nous a demandé d'effectuer, fort justement, une minute de silence pour notre collègue assassinée dans sa salle de classe, j'ai demandé à mon CDE si nous avions eu la moindre minute pour Christine Renon et pour les autres. Je n'ai eu obtenu aucune réponse.

IL n'est pas bon d'aller vers une quelconque polémique, juste de penser à notre collègue, à sa famille.
J'ai beaucoup de peine... encore... encore une fois.

C’est très triste. Difficile de croire qu’un geste aussi symbolique et profondément bouleversant ne soit pas une conséquence d’une souffrance au travail, et d’une ultime volonté d’alerter sur le malaise qui ronge l’EN.
Des pensées pour ses proches, ses collègues, et ses élèves.

Charles-Maurice a écrit:
C'est la martingale, en effet. Tout miser sur des cours de qualité, ce qui fait que les élèves nous en sont reconnaissants et sont très sympas, surtout si on est fermes avec eux. Aucun stage, aucun projet sauf si on a envie.

Je ne crois pas que ce fil soit le lieu pour ce genre d'opinion, surtout assénée ainsi comme une vérité générale. C'est particulièrement hasardeux, d'autant que nous ne savons rien de ce que pensait notre collègue disparu à ce sujet. Un peu de retenue ?

Courage à ses proches et notamment à ses deux garçons, élèves dans ce même lycée. Quelle horreur ç'a dû être d'apprendre la nouvelle ainsi...

Mon dieu, je découvre que ses fils sont dans l'établissement, quelle horreur, quelle tristesse.

Tout pareil, quelle horreur.

Ergo, merci pour ton message, éclairant et effrayant.

Pensées pour eux, c'est vraiment terrible.

Selon un article du Café pédagogique, la famille a décidé de porter plainte pour le suicide de ce collègue de sciences physiques.  Force et soutien à cette famille endeuillée.

Sophiathena a écrit:Selon un article du Café pédagogique, la famille a décidé de porter plainte pour le suicide de ce collègue de sciences physiques.  Force et soutien à cette famille endeuillée.

En effet, force à cette famille. L'institution est rarement tendre dans ces cas là.