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RogerMartin
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documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 Empty Re: documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve"

par RogerMartin Ven 21 Juil 2023 - 11:01
ben2510 a écrit:Il manque combien de postes de MC en France ?
50000, à la louche ?
Je n'ai pas fait le calcul pour mon UFR, mais un collègue de ma fac l'a fait pour la géographie, il lui manque plus de 25 ou 30 postes juste pour couvrir les heures de cours. Ces postes pourraient ne pas être tous des postes de MCF : les postes d'ATER en SHS permettent de financer les thèses, qui durent plus longtemps souvent que les trois ans de contrat doctoral. Mais évidemment, le surcoût par rapport à des HC payées royalement 42 euros de l'heure... Certaines facs font le choix de contractualiser l'ensemble de leur personnel administratif, pour recruter uniquement des enseignants chercheurs sur la dotation de l'Etat, mais ce n'est pas une solution.
somac
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par somac Ven 21 Juil 2023 - 11:17
Je trouve le titre du documentaire un peu trompeur. C'est surtout : Devenir Maître de Conférence, un parcours du combattant.
Car être professeur à la Fac, c'est bien plus varié, il y a les MCF, les PRCE, les PRAG, les ATER, les vacataires, les contractuels... Certains de ces postes sont certes liés au statut de MCF mais pas tous et pas tout le temps.
Et puis on ne voyait quasiment rien de l'enseignement, à part quelques bouts de cours et quelques remarques. C'est normal puisqu'elle est doctorante et souhaite devenir MCF. Mais être professeur à la Fac, ce n'est pas ça pour tout le monde, très loin de là !
Et je ne vois pas très bien à quel public il est destiné, à part les personnes dans la même situation que Clémence et les enseignants (de Fac). Sinon c'est trop abstrait, je trouve.


Dernière édition par somac le Ven 21 Juil 2023 - 15:18, édité 2 fois
RogerMartin
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par RogerMartin Ven 21 Juil 2023 - 11:18
maikreeeesse a écrit:Bah oui, la plupart du temps McF est le passage obligé parce qu'il y a peu d'élus. Combien de collègues McF de mon conjoint essaie d'avoir le poste de professeur qui s'ouvre tous les 4/5 ans pour échapper à leurs conditions (traitement, pouvoir au niveau de la fac et de la formation...)? Tous y rêvent. Mais la recherche en prend un coup. Les meilleurs essaient d'aller à l'étranger (enfin d'y rester), d'autres essaient de monter une équipe, ou un labo. La compétition étant rude, même 192 h peuvent jouer. Maintenant mes propos peuvent ne pas plaire, mais il faut aussi entendre ce qui se dit dans beaucoup de labos. Et la fin de ton message n'est pas fidèle à ce que j'ai di. A un moment lorsque l'enseignement et la recherche de haut niveau ne sont plus compatibles, les meilleurs en recherche essaient de s'y consacrer entièrement, les moins bons ou ceux  qui préfèrent l'enseignement cherchent à s'y diriger complètement, et c'est normal, non ?
Il faut m'expliquer comment on a moins de cours en étant PR que MCF, j'ai l'impression qu'en sciences en particulier ça ne change pas grand chose quand je vois les services des collègues, et d'autre part si on a un peu d'honnêteté collective une fois PR on se prend pas mal d'administratif en plus par rapport aux collègues de rang B.
C'est surtout qu'il y a deux types de charges administratives. Celles (position élue dans certains conseils, fonction aux relations internationales, responsable de mentions prestigieuses avec une poignée d'étudiant.e.s, d'axes de recherche ou d'instituts avec pognon à la clé qui part en contrats doctoraux ou post docs c'est à dire sans boulot pour faire faire les paiements mais qui permet de se goinfrer ou de renvoyer des ascenseurs, etc.) qui peuvent servir ta carrière perso et les gros trucs bien gluants (Parcoursup et autres joyeusetés, cf. la liste d'Ergo) qu'il faut bien faire et qu'on file à ceux qui veulent bien mettre les mains dans le cambouis, mais dont on sait que la charge mentale associée est démesurée par rapport à la petite ligne du CV, et la rentabilité personnelle (micro-gain en terme de progression de carrière, aucun gain pour la recherche) complètement nulle.
Ces charges merdiques retombent souvent sur les mêmes et trop souvent (ma matière est féminisée mais pas autant que ça) sur des femmes, d'autant que le placard à collègues capables n'est pas forcément super garni, sachant que quand tu diriges une UFR tu apprends vite qu'il y a deux catégories de collègues, ceux à qui tu files une responsabilité administrative et qui s'en occupent, ceux qui te réclament des responsabilités (ben oui, il faut des lignes dans le CV pour réclamer la hors classe ou les primes) et qui ne foutent rien, ne cessent de te solliciter, et laissent une terre brûlée à leur départ de ladite responsabilité.
Je n'ai pas assez de réseau pour regarder le documentaire  documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 437980826

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par Ascagne Ven 21 Juil 2023 - 11:58
Je n'ai pas tout regardé, peut-être parce que ça me crispait un peu... Je suis d'accord avec ce qui a été dit au début du fil, par @Iridiane et @Taillevent, puis aujourd'hui par @somac, notamment. Ce documentaire existe, c'est bien. Il ne peut pas faire le tour de tous les sujets en jeu, même s'il en aborde un certain nombre : cela permet quand même d'entrevoir qu'il y a des problèmes dans le système. Cependant, il ne montre pas tout à fait la situation de ceux qui abandonnent leur vocation et n'évoque le secondaire que dans une ou deux discussions, si mon souvenir est bon. Ce serait plus percutant de faire le montage des réactions de docteurs, d'année en année, face aux résultats négatifs des campagnes de recrutement, sur Galaxie... documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 2790680366
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par Iridiane Ven 21 Juil 2023 - 12:11
somac a écrit:Je trouve le titre du documentaire un peu trompeur. C'est surtout : Devenir Maître de Conférence, un parcours du combattant.
Car être professeur à la Fac, c'est bien plus varié, il y a les MCF, les PRCE, les PRAG, les ATER, les vacataires, les contractuels... Certains de ces postes sont certes liés au statut de MCF mais pas tous et pas tout le temps.
Et puis on ne voyait quasiment rien de l'enseignement, à part quelques bouts de cours et quelques remarques. C'est normal puisqu'elle est doctorante et sera (sans doute) MCF. Mais être professeur à la Fac, ce n'est pas ça pour tout le monde, très loin de là !
Et je ne vois pas très bien à quel public il est destiné, à part les personnes dans la même situation que Clémence et les enseignants (de Fac). Sinon c'est trop abstrait, je trouve.

Là je me permets d’apporter un bémol : la réalité des choses, c’est que la jeune fille montrée dans le doc NE sera sans doute PAS MCF. Non pas que je ne l’en crois pas capable car je ne connais pas son dossier mais c’est tout simplement statistique : une toute petite minorité de jeunes docteurs deviennent MCF et souvent au bout de 3,5,10 ans. Pour parler de mon cas personnel, j’avais agreg + doctorat + 3 ATER avec de grosses charges de cours (agreg notamment) + un post doc + énormément de publications et j’ai fini par avoir un poste au bout de 3 ans de campagne, ce qui est… court. Par contre, à moi, ça m’a paru très long : des tonnes de dossiers à faire tous les ans (dont le dossier CNRS particulièrement lourd), une quinzaine d’auditions (CNRS et McF) en 3 ans, parfois des expériences particulièrement humiliantes avec des membres de COS parfois odieux (ça n’est pas la règle, mais ça arrive), l’absence presque totale de vie pendant 3 ans, les pleurs en continu pendant tout le mois de mai après la série de coups de fil fatidiques annonçant que « c’est non ». Si je n’avais pas eu de poste cette année, je ne sais pas si j’aurais eu la force morale et physique de continuer, très sincèrement. J’étais épuisée et à bout de force. Et si je dis tout cela, ce n’est pas du tout pour me vanter ou me faire plaindre, c’est juste pour qu’on se rende compte, parce que malgré tout je fais partie des gens qui ont eu de la chance, beaucoup de chance, et néanmoins j’ai beaucoup souffert. D’autres souffrent bien plus… et pour la plupart, tous ces efforts ne débouchent sur… rien, parfois même pas une audition pendant plusieurs années. Et vraiment, si ce documentaire m’a laissée sur ma faim, c’est parce qu’il ne montre pas ça. On a l’impression que, bon, clémence et consorts se font un peu bizuter avant d’avoir un vrai poste, il suffit de serrer les dents et d’être patient. Mais non, la vérité c’est qu’il y a 90% de chances que clémence (et tous les gens comme elle hein, ce n’est vraiment pas contre elle!!) n’aient JAMAIS de poste où soient obligés d’abandonner.
Et donc là où je suis tout à fait d’accord avec Somac et Ascagne et d’autres, c’est que le documentaire n’est pas vraiment utile pour ceux qui connaissent le système (on n’apprend rien et tout au plus peut-on se reconnaître dans les galères des personnages montrés) ni pour le grand public qui n’arrivera absolument pas à saisir les enjeux de ce qui se joue dans l’ESR, aussi bien pour les titulaires que pour ceux qui restent à la porte…
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par epekeina.tes.ousias Ven 21 Juil 2023 - 12:59
Quand on pense qu'on pourrait fort bien les recruter sous un autre statut — mais qui serait véritable un statut (mettons enseignants-docteurs, mettons sur quelque chose comme 288 heures de cours et un tiers recherche, avec obligation d'accrocher leur poste à un laboratoire d'accueil), on se dit que c'est un gâchis monumental. Même si je sais que beaucoup seraient opposés à ce genre d'idées.

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par Ascagne Ven 21 Juil 2023 - 13:07
Tout à fait, @Iridiane : le "sans doute" de @somac me gênait sur ce point. Non, rien ne dit qu'on obtienne un poste de MCF, même en remplissant toutes les cases. Il y a des sacrifices à faire, mais peut-être "pour rien" par rapport à une évolution professionnelle conduisant à un poste. Au bout d'un moment et à un certain âge ce n'est même plus une question de volonté, c'est une question de possibilité, aussi - et le fonctionnement de la "concurrence" fait que plus on s'écarte du monde universitaire, des publications, des activités, moins on peut viser quoi que ce soit. Je le vois avec des collègues qui ont quelques années de plus que moi et qui ont plus ou moins lâché l'affaire et qui enseignent dans le secondaire : eh bien il y a les contraintes du travail, les décisions du côté de la vie familiale, par exemple.
J'ai vu que sur les réseaux sociaux, les messages de beaucoup de doctorants et de jeunes docteurs sont devenus beaucoup plus amers en l'espace d'un ou deux ans, dans pas mal de discipline des SHS. Entre le moment où j'ai voulu entreprendre mon doctorat et aujourd'hui, il y a eu, je crois, une baisse d'un peu plus de 40% du nombre total de postes de MCF mis au concours.
Pour ma part, je suis de moins en moins sûr d'avoir la carrure pour prétendre à un poste de MCF vu la situation du recrutement : paradoxalement, c'est au moment où j'ai obtenu mes qualifications dans trois sections que je me suis senti le moins légitime. Je ne sais pas si je pourrais me sentir à l'aise à un poste de PRAG : j'aime enseigner en licence, mais le faire sans dégager du temps pour la recherche, ce n'est pas forcément génial. Quant à avoir une charge de cours universitaire mal payée pour avoir un pied à la fac pendant que je suis dans le secondaire, eh bien, bizarrement, ça me tente de moins en moins...
@epekeina.tes.ousias : Parfois quand je discute avec des collègues docteurs agrégés, on se dit qu'un statut hybride bizarre... eh bien, pourquoi pas, au point où on en est, mais bon. documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 2790680366
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par epekeina.tes.ousias Ven 21 Juil 2023 - 13:16
De toute façon, c'est une pure rêvasserie de ma part. Si je considère le double mouvement de massification (des effectifs) et de désinvestissement (en postes, en locaux) qui vient frapper les universités (inégalement, je sais, mais tout de même), je me dis qu'on ne prend pas du tout ce chemin. Pour le présent, le mélange de manque de moyens, de multiplication des différents statuts ou non-statuts, de coupes dans les budgets (cf. les crédits des labos qui ne sont plus récurrents) me paraît produire des effets très délétères — un peu comme, il y a environ 40 ans la massification du secondaire.

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par somac Ven 21 Juil 2023 - 15:21
Iridiane a écrit:
somac a écrit:Je trouve le titre du documentaire un peu trompeur. C'est surtout : Devenir Maître de Conférence, un parcours du combattant.
Car être professeur à la Fac, c'est bien plus varié, il y a les MCF, les PRCE, les PRAG, les ATER, les vacataires, les contractuels... Certains de ces postes sont certes liés au statut de MCF mais pas tous et pas tout le temps.
Et puis on ne voyait quasiment rien de l'enseignement, à part quelques bouts de cours et quelques remarques. C'est normal puisqu'elle est doctorante et sera (sans doute) MCF. Mais être professeur à la Fac, ce n'est pas ça pour tout le monde, très loin de là !
Et je ne vois pas très bien à quel public il est destiné, à part les personnes dans la même situation que Clémence et les enseignants (de Fac). Sinon c'est trop abstrait, je trouve.

Là je me permets d’apporter un bémol : la réalité des choses, c’est que la jeune fille montrée dans le doc NE sera sans doute PAS MCF. Non pas que je ne l’en crois pas capable car je ne connais pas son dossier mais c’est tout simplement statistique : une toute petite minorité de jeunes docteurs deviennent MCF et souvent au bout de 3,5,10 ans. Pour parler de mon cas personnel, j’avais agreg + doctorat + 3 ATER avec de grosses charges de cours (agreg notamment) + un post doc + énormément de publications et j’ai fini par avoir un poste au bout de 3 ans de campagne, ce qui est… court. Par contre, à moi, ça m’a paru très long : des tonnes de dossiers à faire tous les ans (dont le dossier CNRS particulièrement lourd), une quinzaine d’auditions (CNRS et McF) en 3 ans, parfois des expériences particulièrement humiliantes avec des membres de COS parfois odieux (ça n’est pas la règle, mais ça arrive), l’absence presque totale de vie pendant 3 ans, les pleurs en continu pendant tout le mois de mai après la série de coups de fil fatidiques annonçant que « c’est non ». Si je n’avais pas eu de poste cette année, je ne sais pas si j’aurais eu la force morale et physique de continuer, très sincèrement. J’étais épuisée et à bout de force. Et si je dis tout cela, ce n’est pas du tout pour me vanter ou me faire plaindre, c’est juste pour qu’on se rende compte, parce que malgré tout je fais partie des gens qui ont eu de la chance, beaucoup de chance, et néanmoins j’ai beaucoup souffert. D’autres souffrent bien plus… et pour la plupart, tous ces efforts ne débouchent sur… rien, parfois même pas une audition pendant plusieurs années. Et vraiment, si ce documentaire m’a laissée sur ma faim, c’est parce qu’il ne montre pas ça. On a l’impression que, bon, clémence et consorts se font un peu bizuter avant d’avoir un vrai poste, il suffit de serrer les dents et d’être patient. Mais non, la vérité c’est qu’il y a 90% de chances que clémence (et tous les gens comme elle hein, ce n’est vraiment pas contre elle!!) n’aient JAMAIS de poste où soient obligés d’abandonner.
Et donc là où je suis tout à fait d’accord avec Somac et Ascagne et d’autres, c’est que le documentaire n’est pas vraiment utile pour ceux qui connaissent le système (on n’apprend rien et tout au plus peut-on se reconnaître dans les galères des personnages montrés) ni pour le grand public qui n’arrivera absolument pas à saisir les enjeux de ce qui se joue dans l’ESR, aussi bien pour les titulaires que pour ceux qui restent à la porte…

J'ai modifié Wink "souhaite devenir MCF"
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par Taillevent Ven 21 Juil 2023 - 17:20
@Iridiane @e-Wanderer Merci pour vos réponses, c'est très éclairant. Les gens à qui j'en avais parlé (dans des branches peu concerné par le lien avec des cultures étrangères) avaient clairement ce type d'espoir, en tenant parfois un discours consistant à dire qu'il était plus facile de passer de l'étranger à Paris que de province à Paris. Ça illustre pas mal à quel point chacun à sa perception de ce qui peut aider à avancer sa carrière et construit des stratégies en fonction de cela, même sans que ça ne corresponde toujours à une réalité.

e-Wanderer a écrit:Il ne faut pas croire non plus que les critères soient très différents à Paris ou en province.
En absolu non, mais je m'interroge de l'étranger sur une influence des perceptions locales. Est-ce que les universités parisiennes ne seraient pas perçues comme "plus désirables" (quoique ça signifie), créant plus de concurrence ?
DesolationRow
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par DesolationRow Ven 21 Juil 2023 - 18:03
En fait, je pense que c'est l'expression "passer de la province à Paris" qui n'a pas beaucoup de sens : il y a très peu de mutations (je parle en lettres), donc une fois que tu es MCF quelque part, tu as de très fortes chances d'y rester jusqu'à une éventuelle élection comme PU - et là, à Paris comme en province, la concurrence est rude.
e-Wanderer
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par e-Wanderer Sam 22 Juil 2023 - 8:36
epekeina.tes.ousias a écrit:Quand on pense qu'on pourrait fort bien les recruter sous un autre statut — mais qui serait véritable un statut (mettons enseignants-docteurs, mettons sur quelque chose comme 288 heures de cours et un tiers recherche, avec obligation d'accrocher leur poste à un laboratoire d'accueil), on se dit que c'est un gâchis monumental. Même si je sais que beaucoup seraient opposés à ce genre d'idées.
Si on fait ça, ça diminuera encore plus le nombre de postes de MCF, c'est d'ailleurs dans ce but que le ministère a créé le statut de PRAG. Il faut bien comprendre que la recherche, le ministère s'en fiche pas mal : ce qu'il veut, c'est mettre le moins de sous possible sur la table. S'il pouvait remplacer les MCF par des contrats renouvelables (sur prozzzzzets !), il n'hésiterait pas. Mais heureusement cette idée provoque une levée massive de boucliers.

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par epekeina.tes.ousias Sam 22 Juil 2023 - 8:50
Ah mais je n'ai aucun doute que, si l'actuel gouvernement pouvait remplacer tous les EC par des vacataires, les labos par des cafétérias (privées) et la recherche par des clubs d'inclusion, il n'hésiterait pas un instant. J'en suis d'ailleurs à me dire qu'à force d'obstination et de passages en force ils finiront par y arriver…

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par Taillevent Sam 22 Juil 2023 - 9:37
DesolationRow a écrit:En fait, je pense que c'est l'expression "passer de la province à Paris" qui n'a pas beaucoup de sens : il y a très peu de mutations (je parle en lettres), donc une fois que tu es MCF quelque part, tu as de très fortes chances d'y rester jusqu'à une éventuelle élection comme PU - et là, à Paris comme en province, la concurrence est rude.
Je me dis que c'est peut-être bien pour ça qu'ils tentaient le passage par l'étranger : dans ce cas ça n'était plus une mutation mais une nouvelle postulation (enfin je suppose, je ne sais pas trop comment ça se passe dans ce cas). D'autant plus que dans au moins un des cas dont je me rappelle, le poste convoité était un poste de professeur, ce qui doit faire plutôt bien dans le CV.


Dernière édition par Taillevent le Sam 22 Juil 2023 - 9:38, édité 1 fois
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par Ergo Sam 22 Juil 2023 - 9:38
Le documentaire, par exemple, n’a pas besoin de préciser que les profs précaires, toutes échelles de précarité confondues, représentent plus de la moitié des profs de fac. Que plus de la moitié des cours dans nos universités françaises sont assurés par elles et par eux. Le documentariste a trouvé qu’il était préférable de se concentrer sur le parcours spécifique de Clémence : c’est vrai qu’elle est plutôt hypnotique, Clémence. On la suit dans son quotidien et on se demande bien ce qui a pu lui passer par la tête… Elle accepte tout ça pour faire une thèse… Et faire une thèse pour quoi, au fait ? Pour espérer un jour avoir l’immense chance de devenir une prof titulaire ?
https://lundi.am/Les-profs-precaires-de-la-fac-selon-Arte

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par Iridiane Sam 22 Juil 2023 - 9:46
(Édit : je réponds à Taillevent)

Mais dans ce cas, tout dépend évidemment de la discipline et du poste (cf mon dernier post) mais de façon générale, le candidat sera plutôt désavantagé s’il n’a pas sur son CV des enseignements et des tâches administratives caractéristiques du système français. Au reste, vu le nombre dérisoire de postes (que ce soit MCF ou PU), la tension sur les postes à paris ou en province est la même - sauf peut être dans certains endroits très peu accessibles. Il n’y a vraiment pas de différence entre paris et la province comme le rappelait DR : certes beaucoup de gens ont sans doute davantage envie d’aller à Paris (prestige des universités, localisation, vie culturelle etc) mais ils postulent quand même en province, n’ayant pas le choix. Et finalement ils prennent le poste où l’on veut bien d’eux.
Souvent, un poste à l’étranger est plutôt la garantie d’y rester. Je connais plusieurs cas de personnes qui, soit n’ont jamais eu d’audition (cas d’une personne partie aux États Unis) soit ont mis respectivement 6 ou 7 ans à avoir un poste (deux personnes parties au Japon) alors que leurs dossiers étaient excellents, et des dossiers « moins bons » (même si très bons aussi) leur sont passés devant. Cela leur a même été explicitement reproché : mais qui nous dit que vous ne préférez pas rester au Japon ?
Même chose, dans une moindre mesure, pour la Suisse, ou pas mal de français (en tout cas en lettres) arrivent à choper des postes de maître assistant à Lausanne notamment. Le contrat est de 4 ans (ou 5? J’ai un doute) et pendant toute la durée du contrat, ils se font si souvent refouler dans les auditions au motif qu’ils ont qqch ailleurs. C’est arrivé à une amie qui a fini par avoir son poste de MCF à la toute fin de son contrat à Lausanne (elle était auditionnée partout mais jamais recrutée).
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par Taillevent Sam 22 Juil 2023 - 9:52
@Iridiane Merci pour le complément d'information, c'est intéressant.
(Concernant le cas de Lausanne, relevons quand même que, s'il y a passablement de Français parmi les assistants, ils peinent en général à monter plus haut. C'est en partie liée à un fonctionnement un peu clanique mais aussi parfois à ce même manque de maîtrise du fonctionnement "local" que tu mentionnais précédemment à propos de la France.)
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par Iridiane Sam 22 Juil 2023 - 9:54
Taillevent a écrit: @Iridiane Merci pour le complément d'information, c'est intéressant.
(Concernant le cas de Lausanne, relevons quand même que, s'il y a passablement de Français parmi les assistants, ils peinent en général à monter plus haut. C'est en partie liée à un fonctionnement un peu clanique mais aussi parfois à ce même manque de maîtrise du fonctionnement "local" que tu mentionnais précédemment à propos de la France.)

Ah oui tout à fait, en général ils reviennent en France après leur contrat de MA (qu’ils aient réussi ou non à avoir un poste en France).
Ceci dit c’est pareil pour les étrangers (et notamment les suisses qui sont nombreux à postuler en France pour des postes MCF): ils se font très souvent refouler car pas titulaires d’un concours (l’agreg en l’occurrence) et pas au fait des particularités françaises. C’est arrivé à deux candidats venus de suisse qui postulaient sur les mêmes postes que moi cette année. L’une s’est entendu conseiller de passer l’agreg au plus vite.
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par Iridiane Sam 22 Juil 2023 - 10:02
Ergo a écrit:
Le documentaire, par exemple, n’a pas besoin de préciser que les profs précaires, toutes échelles de précarité confondues, représentent plus de la moitié des profs de fac. Que plus de la moitié des cours dans nos universités françaises sont assurés par elles et par eux. Le documentariste a trouvé qu’il était préférable de se concentrer sur le parcours spécifique de Clémence : c’est vrai qu’elle est plutôt hypnotique, Clémence. On la suit dans son quotidien et on se demande bien ce qui a pu lui passer par la tête… Elle accepte tout ça pour faire une thèse… Et faire une thèse pour quoi, au fait ? Pour espérer un jour avoir l’immense chance de devenir une prof titulaire ?
https://lundi.am/Les-profs-precaires-de-la-fac-selon-Arte

Je suis assez d’accord avec les propos de l’article, que je viens de lire, même si je n’aurais sans doute pas été aussi virulente.
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par epekeina.tes.ousias Sam 22 Juil 2023 - 10:04
Ergo a écrit:
Le documentaire, par exemple, n’a pas besoin de préciser que les profs précaires, toutes échelles de précarité confondues, représentent plus de la moitié des profs de fac. Que plus de la moitié des cours dans nos universités françaises sont assurés par elles et par eux. Le documentariste a trouvé qu’il était préférable de se concentrer sur le parcours spécifique de Clémence : c’est vrai qu’elle est plutôt hypnotique, Clémence. On la suit dans son quotidien et on se demande bien ce qui a pu lui passer par la tête… Elle accepte tout ça pour faire une thèse… Et faire une thèse pour quoi, au fait ? Pour espérer un jour avoir l’immense chance de devenir une prof titulaire ?
https://lundi.am/Les-profs-precaires-de-la-fac-selon-Arte

Le volume de Références et Statistiques de la DEPP sortie en 2022 (p.301) donne une indication des différents types d'effectifs (colonne de droite = total) :

documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 Depp_e10

Et l'évolution suivante pour les recrutements :

documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 Depp_r11

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documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve" - Page 3 Empty Re: documentaire arte "Profs de fac, la vocation à l'épreuve"

par shakespeare28 Dim 23 Juil 2023 - 12:14
J'ai regardé ce documentaire, que j'ai trouvé intéressant et instructif bien qu'incomplet. J'ai lu également toutes vos réactions, elles aussi toutes intéressantes. Tout cela confirme ce que je ressentais depuis quelque temps. Je n'ai donc qu'un constat à faire : mais que je suis bien finalement dans le secondaire Smile ! Je voulais devenir maître de conf', ça n'a pas marché pour diverses raisons, et bien finalement aucun regret. La vie fait bien les choses en fin de compte.

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par Ha@_x Dim 23 Juil 2023 - 15:25
J'ai regardé ce documentaire particulièrement déprimant. Je rejoins nombre de vos critiques et constats.
Sur la petite vingtaine de docteurs (SHS uniquement) que je connais, une seule a obtenu un poste (équivalent) de MCF....aux Etats-Unis...

Et non ce documentaire ne dit pas, beaucoup de choses ! Rolling Eyes Il me semble que dans certaines disciplines, même avec les parcours les plus excellents (du type agreg' + ENS en plus de la thèse, plus les publications et tout le reste ), obtenir un poste de titulaire à l'université est loin d'être une évidence.

Spoiler:

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par Ascagne Dim 23 Juil 2023 - 23:57
Iridiane a écrit:Je suis assez d’accord avec les propos de l’article, que je viens de lire, même si je n’aurais sans doute pas été aussi virulente.
Quand l'article parle d'Arte comme d'une chaine bourgeoise, comment dire... Quand ce genre de petits trucs s'accumulent, typiquement, à part quand on vient d'un milieu de gauche, on décroche de la lecture, je trouve (ce genre de tendance est de plus en plus fréquent, notamment dans les générations montantes, mais ça rend l'affaire encore moins audible pour des lecteurs qui ne sont pas du sérail et même en son sein : je sens vraiment ça en Lettres-SH-Arts).

Concernant la direction de département, ça me remet en tête ce qui s'était passé dans mon petit département de lettres dans la fac où j'ai fini mes années d'ATER. Comme c'était une petite structure, tout était peut-être rendu plus sensible et palpable que dans un département et une UFR de plus grande taille. Cela avait été... instructif, mais je plaignais les titulaires : c'était sacrificiel d'accepter une telle tâche. La conséquence de l'absence d'un seul collègue administratif ou d'un poste en tout cas permettait aussi de voir très clairement comment le système tenait à un fil grâce à un surinvestissement des personnels, mais bon, on en a déjà parlé ailleurs sur le forum.

@Ha@_x : Comme agrégé je me dis que je peux gagner mieux ma vie dans le secondaire que si j'étais à la fac comme MCF en imaginant un service avec des heures sup contraintes et beaucoup d'administratif à gérer. Rolling Eyes Je préférerais sans doute être PRAG, mais la situation des PRAG n'est pas rose et ce serait sans doute plus de travail pour autant voire moins qu'en étant au lycée.
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par Mathador Lun 24 Juil 2023 - 1:18
Ascagne a écrit:
Iridiane a écrit:Je suis assez d’accord avec les propos de l’article, que je viens de lire, même si je n’aurais sans doute pas été aussi virulente.
Quand l'article parle d'Arte comme d'une chaine bourgeoise, comment dire... Quand ce genre de petits trucs s'accumulent, typiquement, à part quand on vient d'un milieu de gauche, on décroche de la lecture, je trouve (ce genre de tendance est de plus en plus fréquent, notamment dans les générations montantes, mais ça rend l'affaire encore moins audible pour des lecteurs qui ne sont pas du sérail et même en son sein : je sens vraiment ça en Lettres-SH-Arts).
D'un autre côté, l'autrice a fait l'effort d'écrire en français correct, ce qui est tout sauf systématique dans les milieux que tu évoques. Pour moi, Arte la chaîne bourgeoise, c'est un peu comme Macron de gauche dans certains commentaires du Figaro, ça donne de la saveur, du piquant au texte et ça permet de savoir de quel côté il est biaisé.

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par e-Wanderer Lun 24 Juil 2023 - 8:28
Ce texte est globalement juste mais il y a quelques petites choses à préciser ou à corriger.

– On peut être ATER pendant 4 ans (le texte dit "renouvelable une fois").

– Légalement, on ne peut employer comme vacataire qu'une personne qui a un emploi à côté. Les vacations sont conçues comme un complément de travail et de salaire, pas comme un emploi principal : typiquement, on confie un ou deux TD à un vacataire (2 à 4h / semaine), difficilement plus. Il est bien évident que c'est insuffisant pour vivre. C'est sans doute le statut de Clémence au début du reportage : un CDD de gardienne de musée + des heures de vacation. Ça l'intéresse davantage d'enseigner à la fac, donc le reportage inverse les choses en disant qu'elle travaille dans le musée pour compléter ses revenus, mais au plan légal, c'est l'inverse.

– Un poste LRU n'est pas rémunéré 800€, ou alors c'est un demi-LRU. Il y a trois options statutaires : soit 384h d'enseignement (donc un service de PRAG limité à un an) ; soit 192h d'enseignement et 192h d'administration (ce qui me semble complètement ubuesque, vu la faiblesse des décharges administratives !!!) ; soit 192 d'enseignement + 192 de recherche au service du labo (et non des recherches purement personnelles, notamment pour une thèse). On peut naturellement trichouiller en essayant de faire passer tout ou partie des recherches du doctorant pour un travail d'intérêt collectif, mais les textes sont clairs. Pour ma part, je me suis toujours fermement opposé au recrutement de LRU, considérant que c'est de l'exploitation. C'est moins vrai par exemple en Arts du Spectacle où il y a la possibilité de confier 384 h d'ateliers pratiques en petits groupes, sans copies à corriger (je sais que mes collègues utilisent cette possibilité sans trop se sentir coupables). En lettres ce serait de l'exploitation pure et simple de demander de préparer 384h de cours nouveaux, juste pour une année.

– le couplet sur le fait que les postes de direction soient confiés à des hommes, comme par hasard, est contradictoire avec l'idée que la direction de département soit une patate chaude. Pourquoi les collègues femmes, majoritaires dans la réunion, ne se précipitent-elles pas pour accepter ? C'est d'ailleurs, nous dit-on, une collègue qui finit par prendre la succession. Chez nous, rien de spécial à signaler : les responsabilités tournent, c'est tantôt un homme tantôt une femme qui dirige le département, l'UFR, l'UMR… Il y a tellement de responsabilités lourdes à partager que tout le monde est chef ou directeur de quelque chose d'important.

– sur l'attaque frontale contre le collègue "planqué", c'est effectivement d'une rare violence.
Je ne me prononcerai pas sur la situation (il se peut effectivement que le collègue soit effectivement un "planqué" : un MCF doit 192h d'enseignement et 192h de recherche : s'il ne fait pas d'administratif et qu'il ne fait pas non plus de recherche, il y a un problème car il ne remplit pas ses obligations. Mais l'auteur de l'article a raison de dire qu'il faudrait peut-être s'intéresser à l'état de santé de ce collègue, qui est peut-être en dépression, malade sans en avoir rien dit, en plein divorce ou que sais-je encore. On a aussi le droit, même si le contexte de la recherche sur prozeeeets rend cela de plus en plus suspect, d'avoir des chantiers au long cours qui ne correspondent pas au rythme standardisé attendu par le ministère depuis l'ère Pécresse (avant, on nous fichait la paix et ce n'était pas plus mal !). Imaginons un collègue qui se fixe pour but de faire une traduction et une édition critique de la Somme théologique de Thomas d'Aquin ou de la Poétique de Scaliger : ça ne va pas lui laisser le temps de publier beaucoup à côté, et on mettra un peu de temps avant de voir les premiers résultats !
Quoi qu'il en soit, le ton employé est inadmissible. Si on a des reproches aussi directs à formuler, a minima on ne le fait pas publiquement, ni avec des termes aussi crus. "Planqué", c'est une insulte. Je ne comprends pas non plus que les deux directeurs de département ne réagissent pas.

– Ce n'est pas parce que les vacataires, les contrats doc ou les ATER ne sont pas invités aux réunions (ou à cette réunion) du département d'Histoire de l'Art de Rennes II que c'est la même chose pour toute les réunions, dans toutes les UFR et dans toutes les universités. Dans les deux universités où j'ai travaillé, tout le monde a toujours été convié aux AG de département. Il faudrait en savoir davantage : si c'est une réunion spécifique pour désigner le directeur de département, on peut concevoir que ça se joue entre titulaires, ce ne serait pas ultra-choquant (puisque de toute façon ce n'est pas un vacataire qui sera désigné !).

– il ne faut pas rejeter tout système d'emplois temporaires : c'est normal d'avoir des postes temporaires pour boucher le trou pendant un an suite à une mutation ou un départ à la retraite. Les contrats doctoraux sont également une bonne chose, pour commencer à enseigner dans le supérieur avec un horaire allégé. Ce qui n'est pas normal, c'est l'appel aussi MASSIF à des vacataires et la rémunération nettement insuffisante (sans parler des retards de paiement). Chez nous, on a tellement raboté les maquettes qu'on n'a plus besoin d'employer de vacataires (ce qui n'est pas bien terrible non plus).

Malgré ces remarques, je trouve le coup de gueule plutôt juste.

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par Iridiane Lun 24 Juil 2023 - 10:05
Ascagne a écrit:
Iridiane a écrit:Je suis assez d’accord avec les propos de l’article, que je viens de lire, même si je n’aurais sans doute pas été aussi virulente.
Quand l'article parle d'Arte comme d'une chaine bourgeoise, comment dire... Quand ce genre de petits trucs s'accumulent, typiquement, à part quand on vient d'un milieu de gauche, on décroche de la lecture, je trouve (ce genre de tendance est de plus en plus fréquent, notamment dans les générations montantes, mais ça rend l'affaire encore moins audible pour des lecteurs qui ne sont pas du sérail et même en son sein : je sens vraiment ça en Lettres-SH-Arts).

Concernant la direction de département, ça me remet en tête ce qui s'était passé dans mon petit département de lettres dans la fac où j'ai fini mes années d'ATER. Comme c'était une petite structure, tout était peut-être rendu plus sensible et palpable que dans un département et une UFR de plus grande taille. Cela avait été... instructif, mais je plaignais les titulaires : c'était sacrificiel d'accepter une telle tâche. La conséquence de l'absence d'un seul collègue administratif ou d'un poste en tout cas permettait aussi de voir très clairement comment le système tenait à un fil grâce à un surinvestissement des personnels, mais bon, on en a déjà parlé ailleurs sur le forum.

@Ha@_x : Comme agrégé je me dis que je peux gagner mieux ma vie dans le secondaire que si j'étais à la fac comme MCF en imaginant un service avec des heures sup contraintes et beaucoup d'administratif à gérer. Rolling Eyes Je préférerais sans doute être PRAG, mais la situation des PRAG n'est pas rose et ce serait sans doute plus de travail pour autant voire moins qu'en étant au lycée.

Oui moi aussi le baratin sur Arte chaîne bourgeoise m’a agacée, malheureusement on trouve cette tendance chez beaucoup de jeunes engagés dans le cursus universitaire (en tout cas en SHS), qui se prennent pour des révolutionnaires et crachent sur « la bourgeoisie » en invoquant Marx à tout va sans même savoir de quoi ils parlent et alors même que très souvent eux mêmes sont très loin de venir d’un milieu populaire… mais leur ego et leur narcissisme sont tels que quand il s’agit de balayer devant sa porte il n’y a plus personne… bref. Toujours est-il que, là où la personne n’a pas tout à fait tort, c’est sur le public de la chaîne, qui vise, si ce n’est des bourgeois, du moins une petite partie de la population et souvent pas la plus défavorisée.
Quant aux erreurs relevées par E-Wanderer, ce n’est pas étonnant encore une fois de la part d’un type de gens prétendument « politisés » qui ne s’embarrassent pas de rigueur… ceci étant dit, ça n’empêche pas de relever la pertinence de la critique de fond, à savoir que présenter des cas particuliers hors contexte empêche de comprendre que c’est tout le système qui est malade et, à l’horizon de cela, toute une frange du système public qui est détruite.
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