Philosopher en maternelle

C'est bien sûr dans le Café péda. et un film en salle en 2010 :

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/philosophie/Pages/2010/114_AlaUne.aspx



Et je parie qu'on aura droit à la bêtise dégoulinant de bons sentiments qui réduit la philosophie à la capacité à s'émerveiller et à poser des questions ; les deux piliers fondamentaux, à savoir la rationalité et l'abstraction/conceptualisation, on peut les mettre à la poubelle.

Y a plein de trucs sur la philo : http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/philosophie/Pages/114_Sommaire.aspx

Zetes gâtés !

Ce serait fait surtout par des gens non formés en philo, de toute façon. Mais sinon, est-ce que si les enfants faisaient de la philo à partir des petites classes, cela leur ouvrirait l'esprit et les préparerait un peu pour l'aborder de façon sérieuse ensuite ? Non ? Même pas ?

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Hum...

L'argument est réversible.

Après tout, on pourrait bien dire que ça fait partie de la manière tout à fait calculée avec laquelle on casse l'enseignement de qualité, pour créer une école à plusieurs vitesses (des cours de nuls pour le peuple, du cours de qualité pour l'élite, loin, loin).

En effet, déjà on fait faire de la philosophie par des profs qui n'ont pas de formation dans cette discipline...

De plus, on enseigne à des enfants qui n'ont pas encore de moyens d'être intellectuellement autonomes, de se distancier par la critique et par le concept du monde qui les entoure...

En pratique, cela revient à leur faire des cours de propagande, sans qu'ils aient les moyens intellectuels de s'opposer à ce qui leur est enseigné (ce qui est tout de même la condition sine qua non du questionnement philosophique)

Et enfin, cela a pour effet de saper l'image et la réputation de la philosophie, discipline qui forme (logiquement) à la liberté, et qui devient maintenant un rouage de l'État...

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Pour reprendre ce que vous écrivez, Escape:

Y'a-t-il encore des cours de qualité pour l'élite, tout au moins dans l'enseignement secondaire? J'en doute quand je vois le contenu de l'opuscule de l'option mathématique de Terminale S.
( Et quelle élite ? )
Après, on peut se poser la question de ce qu'est un cours "de qualité" mais là n'est pas mon propos. On partira du principe que nous sommes d'accord sur l'essence du cours de qualité.

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On peut en douter, en effet.

Admettons qu'il n'y a plus de cours de qualité...

Mais même en ce cas, on distingue entre les écoles où l'enseignant est dépassé par une ribambelle d'élèves qui se foutent du cours comme de l'an Quarante, et ceux où, pour une raison ou une autre (enseignement privé ?) le cours se fait, et peut même, en pratique, se démarquer des directives de la Sottise Officielle --- ce qui revient en pratique à ce que quelques privilégiés bénéficient d'un meilleur enseignement que les autres.

* Cela dit, là n'était pas l'essentiel de mon propos * : je voulais avant tout mettre en avant le fait que l'enseignement de la philo pour les mômes, --- tout sympatoche qu'il soit ---, a surtout pour effet de destituer la philosophie de son socle de rigueur.

C'est le début d'une offensive politique qui vise à créer des sous-citoyens aux ordres.

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Il y a clairement un risque :
1) de faire croire que Dédé au café du commerce est philosophe sans le savoir et que finalement, faire de la philo, c'est juste raconter des conneries ;
2) d'endoctrinement. Risque qui est d'ailleurs déjà présent, dans une moindre mesure, en terminale, ce qui suppose de ne pas faire enseigner la philo à n'importe qui qu'on aura trouvé à l'ANPE sans réelles qualifications. D'ailleurs, c'est drôle, il ne m'est arrivé qu'une seule fois qu'un élève pointe ce risque d'influence (sur lui-même) : dans un de ces fameux lycée d'élite où on peut encore se permettre de ne pas faire cours comme ailleurs.

Ce que je constate, c'est qu'on essaie autant qu'on peut de faire des élèves sages et conformistes, pétris de bons sentiments. Le résultat, c'est qu'on obtient des élèves dissipés (échec de ce côté-là ) mais effectivement pétris de bons sentiments.

Tout ça me fait penser que la prochaine fois que je demanderai à des STG quels sont leurs préjugés sur la philo et qu'ils me répondront : "C'est dur", au lieu de dédramatiser, je me réjouirai et leur dirai qu'ils ont tout compris.

Et surtout, on ivente un peu l'eau chaude.

En maternelle, ça fait un siècle et demi qu'on préconise des "causeries familières" sur les sujets abordés en cours de journée, histoire d'élargir un peu la perspective. Simplement, on n'attend pas des minots de distinguer le sens des mots, ni d'avoir un discours autonome sur des sujets aussi abstraits. Pas sûr que JJRousseau y retrouverait ses petits (en fait, je suis sûr du contraire).

Le doc filmé en maternelle m'avait laissée un peu sceptique: il me semblait que philosopher finalement ça revenait à parler de tout ce qui n'est pas matériel , ce qui est non seulement réducteur mais aussi un peu prétentieux: prétendre qu'on fait de la philosophie quand on évoque l'amitié ou l'amour ou peu importe de son propre point de vue est vraiment un raccourci.

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On peut même aller plus loin et dire que << l'expression du ressenti >> est le contraire de la philosophie

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Le mot philosophie est sans doute bien peu approprié :shock:

cela dit, permettre à des maternelles de s'exprimer, verbaliser des choses, poser des questions, etc. est sans doute une démarche très intéressante du point de vue de l'oral et de l'éveil de la pensée, l'écoute et l'échange (en restant très modeste, ce sont des maternelles si j'ai bien compris, personne ne s'imagine qu'ils vont discerter sur Kant ou Spinoza)

Je ne vois pas trop de raison de taper sur cette "expérience" (en est-elle vraiment une à ce stade?) de discussion/ expression orale juste parce qu'elle s'est parée d'un mot ronflant. A moins qu'elle prenne trop de temps et que les journées se limitent à ça. Sinon, c'est sans doute une initiative très intéressante (à défaut d'en savoir plus).
Je ne me vois pas critiquer de façon sans appel une telle démarche de dialogue et d'échanges en maternelle sans savoir réellement de quoi il en retourne.
Qu'on critique le choix du mot "philosophie", ça, en revanche, aucun problème. Il est vraiment inadapté.

Et si déjà, avant de "philosopher" en maternelle, on essayait d'apprendre à argumenter, mettons, en cours moyen ? Apprendre à exposer un argument, à faire la différence entre un argument et un exemple... oh, ce sont des petites choses, mais ça serait bien utile, à mon sens.

Oui, oui, on est tous d'accord.
L'un exclut-il forcément l'autre ?
je ne sais pas, je m'interroge quand même avant de taper.

Ce n'est pas une question d'exclusion, c'est une question de charrue et de bœufs, encore une fois.

Je ne pense pas qu'on puisse parler de philosophie tant qu'on n'est pas à même de construire un argumentaire, même de manière sommaire.

Je pense qu'en maternelle c'est effectivement déjà un enjeu de parler de choses non concrètes, et qu'il est bien inutile de tenter de philosopher ! A moins qu'on n'appelle "philosopher" avoir une discussion sur la vie, auquel cas, oui, pourquoi pas ?

C'est exactement ce que je disais plus haut

C'est surtout le choix du mot philosophie qui fait débat, sans remettre forcément en cause la probable pertinence des discussions organisées par leur enseignant.

Donc, en gros, on réinvente le fil à couper le beurre, et on l'appelle "sabre laser"... ça fait plus fun.

Voilà :lol:

ce qui n'enlèverait rien à l'intérêt du fil à couper le beurre (même si personne n'en utilise jamais)

Si, ma crémière !


(bon, je ne lui achète jamais de beurre à la coupe, mais je vois des gens en acheter régulièrement).

Non, je ne suis pas DU TOUT spécialisée dans le déviage de fils.

C'est ça, tu dévies, tu deviens philosophe, fais attention

Ah, c'était ça, philosopher !


D'accoooooooooooooord !

Et moi qui croyais que c'était dur... pfffff... j'étais si fière de ma fille qui faisait de la philo trop bien, mais si c'est juste dire des conneries quand elles vous passent par la tête, moi aussi, je peux avoir 20/20 en philo quand je veux !

Compétences validée !

Heureux de t'avoir ouvert les yeux sur cette grande Vérité universelle

Rikki a écrit:A moins qu'on n'appelle "philosopher" avoir une discussion sur la vie, auquel cas, oui, pourquoi pas ?

Parce que cette appellation n'est pas innocente et qu'en même temps par ailleurs et de manière liée on détruit la philo là où elle est censée être enseignée, pour la remplacer petit à petit par l'ECJS et autres joyeusetés. Parce que les profs de philo devraient "descendre" en seconde faire de l'interdisciplinaire, puis en maternelle, parce que de toute manière leur matière n'est pas attrayante et qu'il va bien falloir réussir à la rendre "sexy" d'une manière ou d'une autre, en organisant des débats en cours, par exemple, "parce que la philosophie, ce sont avant tout des débats d'opinions" (propos de ma CDE).

C'est bien ce que je dis, c'est remplacer la philo par "dire tout ce qui vous passe par la tête".

Moins ennuyeux que Protagoras, non ?

Pour moi, discuter dans l'abstrait du sens de la vie en maternelle, c'est hors de portée des élèves.
Parler d'une histoire lue par le maître, d'un épisode de l'Histoire, d'une observation de la Nature, là, ouais, y a un contenu concret, on peut espérer arriver à quelque chose. Sinon, au mieux, ça va être une liste d'exemple ou la revue des clichés du jour.